14/12/2016
20:23:39
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Evènements de Novembre-Décembre 2013.

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La Lumière de la Liberté :

Le récit de la Révolution en Estalie.



"Ce que j'ai vu en un mois ? La couardise, la trahison et le mensonge. Que Dieu préserve notre peuple, il n'y a plus que Lui pour les empêcher de s'entretuer."

Piotry Husak.


Le contexte de l'Estalie pré-2012 : une monarchie libérale en crise larvée :

La démocratie parlementaire, gigantesque fraude aux apparats ornés d'or.
I HATE THEM ALL, SO MUCH.

Au début du XXIe siècle, le Royaume d'Estalie apparaissait aux yeux de ses partenaires internationaux comme un Etat stable, prospère et modérément conservateur. Monarchie parlementaire solidement établie depuis la Constitution de 1905, l'Estalie avait traversé le XXe siècle sans connaître ni dictature, ni révolution, ni occupation étrangère durable. Son architecture institutionnelle reposait sur un équilibre apparent entre les pouvoirs mais en réalité, le monarque jouissait de prérogatives plus étendues que dans la plupart des monarchies libérales eurysiennes. Bien qu'il n'intervienne presque jamais directement dans la gestion quotidienne du pays, le souverain conservait un droit de véto suspensif sur les lois adoptées par le Parlement ainsi que la capacité de nommer le Premier Ministre parmi les députés élus. La Constitution reconnaissait un parlement monocaméral, le Parlement, élu au suffrage universel tous les cinq ans. Dans les faits, le système électoral favorisait largement le Parti Libéral et les découpages électoraux étaient biaisés afin de verrouiller durablement la vie politique. Le choix d'un parlement monocaméral, conformé par référendum populaire lors de la réforme constitutionnelle de 1905, reflétait une volonté largement partagée d'éviter la duplication institutionnelle et les lenteurs bureaucratiques. Dans un pays dont la mémoire politique restait marquée par les blocages du bicamérisme en Kartalie (qui avait adopté un régime constitutionnel à deux chambres en 1861 qui avait ralenti le gouvernement kartalien durant la Grande Guerre d'Estalie), l'idée d'une représentation unique du peuple, forte et centralisée, paraissait moderne et plus démocratique. Ce rejet d'une seconde chambre, perçue comme un outil d'obstruction par les aristocrates ou les grands propriétaires fonciers, s'était imposé comme un symbole de la souveraineté populaire rationalisée, avec un souci d'efficacité législative et de responsabilité politique directe. Le compromis retenu était donc celui d'un régime à chambre unique, mais encadré par le pouvoir monarchique, garant théorique de la stabilité.

Depuis la mise en place de la Constitution de 1905, un parti s'était imposé comme le coeur du jeu politique estalien : le Parti Libéral. Issu d'une coalition de réformateurs modérés, d'anciens monarchistes progressistes et de centristes économiques, il parvenait à incarner à la fois la stabilité, la prospérité et l'ordre constitutionnel. Mais son hégémonie ne tenait pas seulement à sa ligne politique : elle reposait sur un ensemble de mécanismes structurels, juridiques et électoraux qui paralysaient toute alternative. D'abord, le mode de scrutin majoritaire à un tour dans des circonscriptions uninominales favorisait mécaniquement les grands partis établis, au détriment des formations minoritaires, même relativement populaires. Ensuite, l'accès à la campagne électorale était strictement encadré par une législation sur le financement politique qui imposait des seuils élevés de représentativité pour obtenir des subventions publiques ou du temps de parole médiatique. A partir des années 1970, on assistera par ailleurs à une large privatisation des médias qui appartiendront par la suite à des groupes proches du Parti Libéral, lesquels relayaient à longueur d'année les figures centristes les plus consensuelles tout en marginalisant les opposants. Enfin, les commissions électorales, sous couvert d'indépendance, appliquaient strictement des critères de "viabilité politique" qui rendaient presque impossible l'émergence de partis alternatifs en dehors des logiques déjà instituées. En Estalie, le Parti Libéral avait beau ne pas être seul au Parlement, il absorbait régulièrement ses concurrents les plus modérés et ostracisait les plus radicaux, réduits à une poignée de sièges ou à la clandestinité politique. Le débat public se réduisait donc à des variantes internes du libéralisme dominant, tantôt plus conservateur, tantôt plus social, mais sans jamais remettre en question le cadre fondamental : monarchie parlementaire, économie de marché, libéralisme constitutionnel. Cette situation, d'apparence pluraliste mais profondément verrouillée, nourrissait une frustration croissante chez une jeunesse qui se sentait exclue du jeu politique réel, et chez des classes populaires de plus en plus précarisées, sans débouché institutionnel pour faire entendre leur voix.

Socialement, l'Estalie bénéficiait encore au tournant du siècle d'une situation que beaucoup de pays, surtout en Eurysie de l'Est, lui enviaient. Le chômage structurel y demeurait faible, rarement au-dessus des 4,5%, et les périodes de récession ont étés particulièrement rares dans l'histoire économique estalienne au XXe siècle. La dette publique était longtemps restée sous contrôlée, fluctuante entre 45 et 65% du PIB selon les cycles et le pays affichait régulièrement des excédents budgétaires jusqu'à la fin des années 1990. Cette santé financière apparente reposait sur trois piliers : un système bancaire dynamique, une classe moyenne très large issue de l'expansion industrielle des années 1950-1980 et un secteur immobilier constamment soutenu par des politiques publiques d'accession à la propriété, considérée comme fondement du lien civique estalien. La majorité des ménages, même modestes, étaient propriétaires ou en voie de l'être, soutenus par des dispositifs de prêts bonifiés et une fiscalité orientée vers la valorisation patrimoniale. L'accès au logement individuel, surtout en périphérie urbaine, était vu comme un droit implicite et presque sacré. Les infrastructures publiques, bien que vieillissantes, restaient fonctionnelles et correctement entretenues. Mais derrière cette façade d'efficacité, l'appareil d'Etat souffrait d'un désengagement progressif entamé dès les années 1970. La vague de privatisations successives avait touché tous les secteurs : l'énergie, les télécommunications, les transports ferroviaires et même certaines composantes de l'éducation secondaire et supérieure. L'accès à ces services dépendait donc fortement du pouvoir d'achat individuel, et bien que la majorité de la population ait pu s'en accommoder pendant les décennies de croissance, la moindre défaillance du système économique exposait brutalement les plus fragiles.

Le système de santé en offrait l'exemple le plus emblématique : officiellement "mixte", il reposait dans les faits sur une logique quasi-marchande. Les établissements publics de santé, maintenus dans un état de sous-financement chronique, assuraient un service minimal et souvent médiocre, cantonné aux urgences et aux soins de base. Le reste, que ce soit les consultations spécialisées, les soins lourds ou la prescription de médicaments récents, étaient pris en charge par des assurances privées dont les tarifs grimpaient régulièrement. Plus de 65% des ménages recouraient à une complémentaire santé privée, condition quasi obligatoire pour accéder à un standard de soins jugé correct. La médecine devenait ainsi un marché concurrentiel, où le patient était un client et où la qualité des soins dépendait directement du portefeuille. Ce modèle était souvent vanté par les gouvernements libéraux estaliens successifs comme un gage de performance et de liberté de choix mais en pratique, il créait des clivages sociaux de plus en plus visibles : entre ceux qui pouvaient accéder aux cliniques privées modernes et ceux qui faisaient la queue pendant des heures dans des dispensaires surchargés. Le marché du logement obéissait à une logique similaire. Les aides sociales, quant à elles, étaient réduites au strict minimum. L'assurance-chômage, par exemple, était fondée sur un système de cotisations par points et excluait de fait les jeunes sans emploi ou les travailleurs précaires sans carrière stable. Les indemnités versées étaient plafonnées à des niveaux relativement bas, dégressives dans le temps, et souvent conditionnées à des exigences de mobilité ou de réinsertion rigides. L'allocation de revenu minimum, le Kredyta-Prozhita, n'existait que sous la forme d'un crédit d'impôt négatif, souvent inopérant pour ceux qui ne payaient déjà pas d'impôt sur le revenu. L'ensemble du système reposait donc sur un modèle de responsabilisation individuelle, où chacun était sommé de s'en sortir par l'effort, l'entrepreneuriat ou la débrouille. Les discours officiels valorisaient ainsi la culture du mérite et l'économie de la récompense mais ce récit n'avait plus grand-chose à offrir à ceux que le système rejetait ou broyait.

La doctrine dominante, assumée aussi bien par les libéraux que par les conservateurs, tenait en une formule : l'Etat n'a pas vocation à compenser l'échec, seulement à garantir la compétition. Cette philosophie avait structuré l'ensemble de la législation économique estalienne : allégement de la fiscalité sur le capital, contrats de travail ultra-flexibles, liberté quasi-totale laissée aux entreprises pour licencier, sous-traitance encouragée et subventions à l'automatisation. Le syndicalisme, bien que légal, était muselé : la part des salariés syndiqués était tombée à moins de 7%, les grèves étaient strictement encadrées et les conventions collectives avaient étés atomisées par secteur, souvent renégociées entreprise par entreprise. L'idée même de négociation collective nationale avait été progressivement démantelée par une jurisprudence favorable aux employeurs, qui considéraient les grandes conventions comme des obstacles à l'agilité et à l'innovation.

Dans ce contexte, la jeunesse née après 1990 grandissait dans un monde plus inégalitaire que celui de ses parents mais aussi plus cynique, plus brutal, plus déraciné. Elle assistait à la montée inexorable de la précarité, à la normalisation des stages non rémunérés, à la disparition de la perspective d'un emploi stable. Beaucoup étaient surdiplômés mais sous-employés, ou contraints à l'expatriation. L'idéal méritocratique, s'il avait un jour eu une valeur de vérité, apparaissait désormais pour ce qu'il était : une promesse creuse, une façade pour un système de reproduction oligarchique. Et pourtant, cette génération était radicalement plus politisée, plus informée, plus consciente des mécanismes systémiques que ses aînés. Elle n'attendait plus de réforme venant d'en haut.

Le Parti Populaire Estalien : de la dissidence libérale à la matrice révolutionnaire

Tout part de là.

Lorsqu'il claque la porte du Parti Libéral en 1995, Bondarenko n'est encore qu'un député de province à la réputation marginale. Issu d'un courant réformateur du centre-gauche, il s'est heurté aux limites infranchissables d'une formation politique vieillissante, arc-boutée sur la défense de la monarchie constitutionnelle et de l'ordre néo-libéral établi. En Novembre 1994, sa tribune dans la Voix de Mistohir, un célèbre journal de la capitale, appelant à "tourner la page d'un millénaire d'absolutisme symbolique" et à entamer une transition vers une République estalienne moderne, déclenche un tollé. Accusé de trahir l'esprit de la Constitution de 1905, il est exclu du parti dans les semaines suivantes. Loin de se retirer, Bondarenko transforme cette disgrâce en point de départ. Il entame alors une tournée dans les grandes villes estaliennes, où il multiplie les conférences publiques, souvent dans les amphithéâtres universitaires ou les foyers ouvriers.

Bondarenko, figure emblématique de la dissidence estalienne de la fin des années 1990. Si seulement celui-ci avait pris conscience de ce qu'allait devenir le parti après sa mort.

Avec l'émergence d'Internet en Estalie à la fin des années 1990, Bondarenko saisit l'occasion pour diffuser ses idées en contournant les canaux médiatiques traditionnels, largement contrôlés par des groupes fidèles à la Couronne ou à l'establishment libéral. Des forums politiques anonymes à la diffusion virale de ses interventions filmées, il devient une figure incontournable de la scène politique contestataire. En 1997, sa popularité le pousse à fonder le Parti Populaire Estalien (PPE), d'abord conçu comme un mouvement républicain légaliste, prônant l'abolition pacifique de la monarchie, la démocratisation du pouvoir exécutif et un renforcement du parlementarisme. Mais très vite, le PPE échappe à son créateur. La montée en puissance de Pyotri Husak, vice-président du parti, change radicalement la ligne du PPE. Charismatique, intransigeant et doté d'une vision stratégique aiguë, Husak critique dès 1999 la modération de Bondarenko, qu'il accuse d'idéaliser des institutions pourries de l'intérieur. Il affirme que la monarchie, loin d'être une survivance symbolique, est le cœur idéologique du système oligarchique estalien et qu'on ne pourra jamais instaurer la souveraineté populaire tant qu'un roi incarne l'unité nationale. Ce glissement s'accentue encore après l'assassinat mystérieux de Bondarenko en 2001. Retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel à Suvishir, officiellement victime d'un infarctus, le leader républicain devient le martyr fondateur du PPE. Husak accuse ouverte ouvertement la Stevka, la police politique de la royauté, de l'avoir éliminé. L'enquête est classée en quelques semaines. Husak, lui, monte sur scène.

En quelques mois, il s'empare de la direction du parti. Il dissout les anciennes commissions, réécrit la charte idéologique et transforme le PPE en organe de combat. Sous sa direction, le Parti adopte un virage marxiste assumé, prônant l'abolition de la propriété privée des moyens de production, la collectivisation du capital industriel et agricole, la planification centralisée et la création d'un Etat prolétarien. La rhétorique du PPE devient ouvertement insurrectionnelle. Il ne s'agit plus de réformer le régime monarchique : il s'agit de le renverser. Ce virage radical entraîne son interdiction légale en 2005. Les membres sont traqués, les locaux fermés, les publications interdites. Le PPE entre alors en clandestinité. Loin de le faire disparaître, cette répression galvanise la base. Le parti se restructure en cellules militantes, adopte une communication cryptée via des réseaux parallèles et renforce ses liens avec les syndicats indépendants et les comités de quartiers. Entre 2006 et 2009, le PPE devient le cœur souterrain de l'opposition révolutionnaire, gagnant progressivement l'adhésion d'une jeunesse estalienne désabusée par l'ultralibéralisme ambiant et la stagnation politique.

C'est après les émeutes de Mistohir en 2009, réprimées dans le sang par les forces de l'ordre, que Husak franchit un nouveau cap idéologique. Il affirme que l'erreur de l'eurycommunisme fut de remplacer une élite par une autre, de recréer une structure hiérarchique étatiste qui trahissait l'idée même de libération. En 2010, il publie le Manifeste de l'Anarchisme Estalien, texte fondateur qui réoriente profondément la doctrine du PPE. Inspiré par le communalisme kah-tanais autant que par les réalités estaliennes, Husak y développe une vision originale qu'il appelle l'Anarchisme Renouvelé : un socialisme libertaire et fédéraliste, enraciné dans la démocratie directe mais profondément marqué par le militarisme et le collectivisme. L'anarchisme tel que formulé par Husak est une synthèse inédite. Il rompt avec l'image classique d'un anarchisme pacifiste ou post-moderne. Il assume la violence révolutionnaire comme outil de libération ; il promeut un fédéralisme armé, dans lequel chaque commune, chaque collectivité populaire, détient un droit d'organisation politique autonome. Il récuse le nationalisme mais affirme que l'Estalie a une mission historique universelle, issue de son isolement historique et de la pureté de sa culture populaire, pour guider les peuples du monde vers une libération totalisante. Il défend le collectivisme intégral des moyens de production et de reproduction sociale, tout en affirmant la valeur centrale de la famille traditionnelle, de la mémoire historique et de la liberté de culte. Pour Husak, il n'y a pas de contradiction entre la spiritualité et la révolution, entre l'universalité et l'ancrage local, entre la discipline populaire et l'autonomie communale. Cette vision séduit une génération entière.

La crise financière de 2012 : le début de la fin

La crise de 2012 marqua la fin progressive du secteur financier estalien.
LE MARCHE A MANGE SES PROPRES ENFANTS.Tel Cronos mangeant ses enfants, le capitalisme cannibalise ceux qu'il prétend nourrir.


LE TITANIC DU CAPITALISME SATANIQUE COULE, HOURRA !

Nous sommes alors le 12 Septembre 2013. Cela fait désormais un peu plus d'un an que le Royaume d'Estalie est plongée dans une crise financière catastrophique pour tous les pans de l'économie nationale. Le chômage, alors naturellement faible en Estalie tout au long du XXe siècle, atteint des records historiques jusqu'à 38% de taux de chômage pour le mois d'Août 2013. L'origine de cette débâcle réside dans une bulle spéculative immobilière d'ampleur nationale, nourrie depuis plus d'une décennie par des dynamiques structurelles internes à la société estalienne. La dérégulation financière entamée au tournant des années 2000, sous les différents gouvernements libéraux successifs, avait encouragé la généralisation du crédit facile, notamment à destination des jeunes primo-accédants. La propriété individuelle, dans une société estalienne où l'Etat social est embryonnaire et où la sécurité passe par le patrimoine privé, était promue comme un impératif moral et économique. L'arrivée massive sur le marché du travail de la génération née après le boom démographique du début des années 1980 coïncida avec une volonté fébrile d'accéder rapidement à un logement, parfois dès 21 ou 22 ans. Poussés par un imaginaire collectif exaltant l'indépendance matérielle et la réussite personnelle, mais sans revenus stables, ces jeunes adultes eurent recours en masse à des crédits hypothécaires à taux variables. Les banques privées, à commencer par la Faboruya Bank, profitèrent de cette dynamique pour étendre leur portefeuille de créances sans la moindre retenue. Des produits de titrisation très opaques regroupant ces créances furent massivement vendues à d'autres institutions financières, internes comme étrangères, sans contrôle de solvabilité centralisé : la Banque Royale estalienne, théoriquement garante de la stabilité monétaire, était alors vidée de toute capacité de régulation directe sur les établissements de crédit.

A cela s'ajoute une seconde vague spéculative portée sur les épargnants estaliens de la classe moyenne et supérieure : voyant l'immobilier comme le placement le plus sûr dans une économie aussi libéralisée que l'économie estalienne, ils investirent dans des logements secondaires ou locatifs par pure anticipation de hausse des prix. Entre 2004 et 2011, les prix de l'immobilier grimpèrent de plus de 250% dans les grandes métropoles, sans aucune corrélation avec les revenus moyens. Cette inflation artificielle finit par rencontrer ses propres limites à la fin de l'année 2011, lorsque la dynamique de surconstruction dans les villes moyennes engendra une offre excédentaire. La chute des prix fut brutale dès janvier 2012. En quelques semaines, des centaines de milliers de ménages se retrouvèrent en défaut de paiement, incapables de rembourser leurs crédits alors même que la valeur de leurs logements chutait parfois de 30 à 40%. Les créances devinrent insolvables à grande échelle et le 7 Juin 2012, la Faboruya Bank annonça son incapacité à couvrir ses engagements. La panique s'installa immédiatement sur les marchés : plusieurs banques régionales suspendirent les retraits, et les plus petites institutions financières entrèrent en faillite. Le Parti Libéral, alors au pouvoir, refusa toute intervention directe, convaincu que l'autorégulation du marché finirait par absorber le choc. Le gouvernement considérait qu'une intervention étatique risquerait de créer une dépendance artificielle à la dépense publique et refusait de nationaliser tout ou partie du secteur bancaire, malgré les appels répétés de certains économistes et de figures de l'opposition.

Ce refus aggrava la crise : la Faboruya Bank fut suivie par la Bachaïa Investments puis ce fut la plupart du secteur bancaire qui va suivre la Faboruya Bank dans la tombe et leurs débiteurs, c'est-à-dire la plupart des entreprises privées qui constituaient le tissu économique principal du pays, voient alors leurs crédits se resserrer rapidement. Mais les conséquences de cette crise immobilière dépassèrent rapidement le secteur financier. Les entreprises, très dépendantes des crédits à court et moyen terme pour assurer leur trésorerie, virent leur accès au financement coupé du jour au lendemain. En quelques mois, des dizaines de milliers d'entreprises déposèrent le bilan. Les vagues de licenciements s'accumulèrent : dans l'industrie, les services, les transports, la construction. La consommation s'effondra, le PIB recula de 9,3% en 2012 et l'ensemble des recettes fiscales fondit. L'Etat, pourtant déjà peu protecteur socialement, se retrouva contraint d'augmenter les dépenses sociales d'urgence pour contenir l'explosion de la misère. Malgré l'absence de véritable Etat-providence, des mécanismes d'assistance sociale fragmentaires existaient, notamment dans les grandes métropoles, soutenus parfois par des collectivités locales ou par des partenariats public-privé. Ces mécanismes, pensés pour amortir les accidents de parcours individuels dans un monde de plein-emploi, furent submergés. L'assurance-chômage privée, très répandue en Estalie, s'effondra également : la plupart des assureurs avaient investi leurs fonds de garantie dans des actifs bancaires désormais toxiques. De facto, des millions d'Estaliens se retrouvèrent sans emploi, sans revenu et sans assurance. Et alors même que les tensions sociales montaient, le Parti Libéral restait paralysé, incapable de s'entendre sur une ligne directrice claire : le pays entrait dans la plus grave récession de son histoire moderne.

Vous ne pouvez pas aller à l'encontre du sens de l'Histoire : le capitalisme finira toujours par se consumer de lui-même jusqu'à l'effondrement total et l'explosion finale de tous les vices de l'Homme en un seul instant.

Face à l'ampleur de la catastrophe, le gouvernement libéral tenta, tardivement et sans réelle cohérence, de réagir. Dès la fin de l'année 2012, une série de plans d'urgence furent rédigés dans la précipitation mais les décisions concrètes mirent plusieurs mois à émerger. L'attentisme ne résultait pas d'un aveuglement pur mais bien d'une paralysie interne au Parti Libéral lui-même. En théorie dominant confortablement le Parlement, le Parti Libéral était en réalité déchiré depuis plusieurs années par une guerre larvée entre factions. En l'absence d'alternance politique crédible (les autres partis, marginalisés par des décennies de domination libérale et par un système électoral taillé sur mesure, n'avaient jamais réussi à faire émerger une opposition structurée), les divergences idéologiques se cristallisèrent à l'intérieur du parti. On distinguait ainsi un courant néolibéral pur jus, hostile à toute forme d'intervention étatique, adepte de la "liquidation naturelle des mauvaises acteurs économiques" et un autre, plus pragmatique, qui prônait temporairement des mesures de sauvetage encadrées, à condition qu'elles ne dénaturent pas le dogme fondamental du marché souverain. A cela s'ajoutaient les conservateurs traditionalistes, généralement proches de la monarchie, qui voulaient prioritairement préserver l'ordre social plutôt que stabiliser les marchés. Le Premier Ministre Vasilievitch (en poste entre 2010 et avril 2013) s'était révélé incapable de trancher : chaque décision gouvernementale devenait un compromis bancal destiné à ne froisser aucune aile du parti. Cette paralysie culmina en février 2013 avec le vote du plan de recapitalisation bancaire. Celui-ci prévoyait l'injection directe de 112 milliards de Jovyz (la monnaie royale de l'époque) dans 84 établissements financiers jugés systémiques, via l'émission de titres de dette publique à long terme garantis par la Banque Royale. L'objectif était théoriquement de restaurer les fonds propres et de rassurer les marchés. Mais dans les faits, ce plan fut un désastre. Aucune structure d'assainissement des bilans ou société publique de défaisance ne fut créée pour reprendre les actifs pourris. Les banques recapitalisées continuaient donc de porter des créances douteuses dans leurs livres, sans capacité réelle de relancer le crédit. Pis encore, les mécanismes d'allocation des fonds étaient complètement opaques : la moitié des banques secourues étaient en réalité déjà insolvables, plusieurs d'entre elles liées à des personnalités influentes du Parti Libéral ou de la haute aristocratie économique, dans un maillage incestueux entre politique, finance et anciens réseaux monarchiques. En quelques mois, 25 des 84 établissements ainsi "sauvés" firent faillite, entraînant la perte intégrale de l'aide publique et ruinant des dizaines de milliers de déposants supplémentaires.

Ce fiasco acheva de ruiner la crédibilité du Parti Libéral auprès de la population mais aussi auprès de ses propres relais économiques. Le secteur privé, étouffé par le resserrement du crédit, l'effondrement de la demande intérieur et les faillites en cascade, n'attendait plus rien d'un Etat jugé incohérent et dépassé. Le tissu entrepreneurial, composé essentiellement de petites et moyennes entreprises (très peu protégées par le droit du travail, habituées à une logique ultra-concurrentielle) s'effondra sur lui-même. En six mois, le taux de faillite des PME atteignit 29%. Le chômage s'étendit à tous les secteurs, y compris les plus qualifiés. Les régions traditionnellement dynamiques, comme les zones industrielles de l'Est ou les bassins commerciaux de l'Horistia, furent les premières touchées, suivies des grandes villes universitaires et enfin des campagnes qui dépendaient fortement des flux d'approvisionnement logistique. Le pays sombra dans une récession structurelle dont aucun indicateur ne laissait espérer une sortie à court terme. Sur le plan budgétaire, les conséquences furent abyssales. L'Etat, déjà fragilisé par la perte de recettes fiscales, vit ses dépenses exploser. Le déficit public frôla les 19% du PIB à la fin de l'exercice 2012 et la dette nationale bondit à 194% du PIB, niveau jamais atteint historiquement dans l'histoire économique estalienne. L'Estalie, pourtant traditionnellement réticente à recourir à des bailleurs de fonds internationaux, fut contrainte d'émettre massivement des obligations souveraines, qui furent achetées presque exclusivement par un cercle restreint de créanciers privés, principalement issus de fonds privés d'Eurysie occidentale et du Royaume de Teyla, réunis au sein du CCE (Conseil Créancier d'Estalie). Ce dernier, fort de son poids, imposa rapidement une politique de rigueur drastique en contrepartie de la poursuite des rachats de dette. Dès le printemps 2013, les premières coupes dans le budget public furent votées à la majorité absolue, sans même un débat de fond : réduction de 40% du budget universitaire, licenciement de 27% du personnel éducatif, suppression de subventions municipales aux hôpitaux semi-publics, gel des pensions militaires, fermetures de lignes ferroviaires secondaires.

Le peuple, déjà précarisé, commença à s'agiter. Mais malgré les premières manifestations, le gouvernement libéral, désormais dirigé par Schetosky (un technocrate austère, remplaçant en avril 2013 Vasilievitch après sa démission), persista dans sa logique d'obéissance aveugle au marché et aux créanciers. Pour Schetosky et ses alliés, toute tentative d'intervention directe ou de relance budgétaire risquait de faire fuir les investisseurs, de déclencher une panique sur les marchés obligataires et d'enfoncer le pays dans le chaos. Ironiquement, cette obsession de la stabilité ne fit qu'aggraver l'instabilité. Tandis que les banques vacillaient, les entreprises licenciaient, les jeunes fuyaient les universités fermées et que les retraités voyaient leurs maigres pensions fondre, l'Estalie devenait une cocotte-minute prête à exploser.

Le brasier social : la jeunesse se mobilise

Le chaos des rues.
TOUT LE MONDE DETESTE LA POLICE FASCISTE.
Soyez en colère, révoltez vous contre le monde moderne !

L'université estalienne, longtemps vitrine de prestige plus que véritable moteur d'ascension sociale, fut le premier secteur à s'embraser. Dans un pays où l'enseignement supérieur reposait largement sur une logique de concurrence entre établissements semi-autonomes, souvent financés par des fondations privées ou des partenariats d'entreprise, le choc budgétaire de 2013 fut brutal. Lorsque le Premier Ministre annonça par décret le 4 Août 2013 le licenciement immédiat de milliers de personnes dans le secteur académique sur l'ensemble du territoire, notamment dans les filières non-rentables comme les lettres, les sciences sociales ou les arts, la nouvelle s'abattit comme un couperet. D'un seul coup, plusieurs centaines de milliers d'étudiants virent leur semestre suspendu, leurs facultés fermer ou leur cursus être brutalement réduits. La promesse d'un avenir, déjà incertain dans une économie en ruine, s'effondrait dans le silence glacial des amphithéâtres désertés. Mais cette précarisation brutale ne s'explique pas uniquement par les licenciements. Depuis le début des années 2000, l'université estalienne avait vu s'opérer une lente mais profonde transformation : l'introduction progressive de frais d'inscription différenciés selon les filières, l'externalisation de la gestion administrative, la privatisation croissante des logements universitaires ou encore la dépendance accrue aux partenariats avec le secteur privé, avaient fait de l'étudiant estalien un client plus qu'un citoyen en formation. Nombre de campus, en particulier dans les grandes villes comme Mistohir, Pendrovac ou Fransoviac, ressemblaient davantage à des zones franches commerciales qu'à des lieux de savoir. Cette marchandisation de l'enseignement supérieur, acceptée par les gouvernements successifs, avait profondément dénaturé le lien entre jeunesse et institutions publiques. Ainsi, lorsque l'Etat se retire brutalement de son rôle d'arbitre et de garant, c'est tout un équilibre déjà fragilisé qui implosa.

L'étincelle vint de la faculté de sociologie de Pendrovac qui refusa collectivement d'appliquer le décret de licenciement en bloquant physiquement ses locaux et en organisation un sit-in permanent. L'événement fit tâche d'huile. En quelques jours, la presque totalité des campus du pays rejoignirent le mouvement, transformant es salles de cours en quartiers généraux d'une contestation naissante. Les étudiants, nombreux à avoir déjà perdu leur emploi étudiant, leur bourse ou leur logement universitaire, virent dans cette mobilisation une dernière possibilité de reprendre la main sur leur avenir. Très vite, des coordinations locales se créèrent, réunissant des assemblées générales quotidiennes, traduisant un retour de pratiques autogestionnaires qui avaient étés interdites dans la plupart des campus depuis les années 1970. La majorité des manifestants n'étaient affiliés à aucun parti politique. Ce caractère spontané, horizontal, chaotique, fut à la fois la force et la faiblesse du mouvement. Ce mouvement étudiant, bien que massivement pacifique à ses débuts, se heurta immédiatement à une posture de fermeté de la part des autorités. La ministre de l'Education, Valina Kroda, issue de l'aile dure du Parti Libéral, déclara le 17 Août que "l'université n'est pas une tribune révolutionnaire" et ordonna l'évacuation de plusieurs sites universitaires en faisant appel aux forces de police. Les premières charges des brigades d'intervention dans les dortoirs des universités, les images de jeunes tabassés à la matraque ou traînés au sol par les cheveux circulèrent en boucle sur les réseaux sociaux. En 48 heures, l'image du gouvernement basculait d'un technocratisme froid à la brutalité policière répressive. L'indignation fut nationale.

Mais il serait faux de croire que seule la jeunesse diplômée se mobilisa. En réalité, les étudiants n'avaient pas le monopole de la colère. Leurs revendications (maintien des cours, embauche des enseignants, accès gratuit aux services de base) étaient reprises dans les rues par des franges de plus en plus larges de la population : jeunes sans diplôme, travailleurs précaires, salariés licenciés, intérimaires, livreurs, soignants sous-payés. La crise sociale était telle que toute tentative de cloisonnement échouait. L'Etat, quant à lui, semblait perdu. Le Premier Ministre Schetosky multipliait les déclarations rassurantes sur le retour de la croissance et la nécessaire purification du marché universitaire mais personne n'y croyait. Les syndicats étudiants, historiquement faibles et largement coopératifs avec le pouvoir, furent court-circuités par des collectifs spontanés bien plus radicaux, souvent influencés par des idées libertaires. Ce fut le retour sur le devant de la scène d'un certain nombre de figures intellectuelles et militantes autrefois cantonnées à la marge mais désormais célébrées comme les porte-voix de cette jeunesse sacrifiée. Dans cette effervescence politique nouvelle, le nom du Parti Populaire Estalien, toujours interdit mais jamais oublié, recommença à circuler. Le 23 Août, lors d'un rassemblement massif à la place Sarganov de Mistohir, plusieurs orateurs reprirent les mots d'Husak et appelèrent à "balayer non seulement le gouvernement mais aussi tout le système". Cela marqua un tournant car le pouvoir n'était plus seulement contesté, il était devenu illégitime aux yeux de la population.

Alors que la contestation universitaire s'enracinait, la scène politique fut percutée par un autre séisme : la résurgence publique du Parti Populaire Estalien. Longtemps relégué à la clandestinité, réduit à des cellules informelles, à des réseaux cryptés et à des circulations souterraines d'écrits militantes, le PPE commença à réapparaître ouvertement à travers les rassemblements populaires. Des tractés signés de son sigle réapparurent dans les gares, dans les universités, dans les quartiers populaires. Des figures jusque-là anonymes, formées dans l'ombre des prisons, des squats ou de l'exil, se mirent à tenir des meetings sur les places publiques, à participer aux AG étudiantes ou à prendre la parole dans des occupations d'usines. Au centre de cette résurgence, la figure d'Husak, indéboulonnable, projetait son nombre sur tout le pays. Toujours officiellement exilé, probablement dans la zone urbaine sud de Fransoviac, sa voix résonnait par l'intermédiaire de vidéos piratées, de podcasts diffusés depuis des émetteurs mobiles ou même de vieux enregistrements réédités sur cassettes. Le Manifeste de l'anarchisme estalien, rédigé trois ans auparavant, refaisait surface dans les réseaux militants comme dans les salons intellectuels. Dans les villes périphériques de la capitale, Mistohir, dans les campaggnes désindustrialisées de l'Horistia, chez les jeunes enseignants, les soignants, les ouvriers agricoles ou les anciens étudiants, le PPE n'était plus perçu comme un danger terroriste mais comme un repère idéologique : parfois confus mais toujours explosif.

Face à cela, le pouvoir s'effritait à vue d'oeil. Le Parti Libéral, pourtant encore numériquement majoritaire au Parlement, était paralysé. Les différentes factions internes se livraient à une guerre d'influence intestine, incapable d'articuler une ligne politique cohérente. Certains députés désertèrent même leur poste. En trois semaines, six textes de loi d'urgence furent rejetés, deux commissions s'auto-dissolurent et le président du Parlement, Alis Kropanova, donna sa démission en direct, accusant le gouvernement d'être "un cadavre qui ne sait pas qu'il est mort". Le Premier Ministre Schetosky, homme de dossiers sans charisme, tentait tant bien que mal d'assurer la continuité administrative. Mais à mesure que les préfets des provinces refusaient de faire remonter les ordres, que les forces de police se déclaraient en sous-effectif, que les juges repoussaient les audiences pour des "raisons de sécurité", le pouvoir central perdait toute efficacité. Un vide s'ouvrait dans lequel s'engouffrèrent des centaines de comités locaux, d'assemblées de quartier, de cercles syndicaux, de milices communautaires parfois armées. Ce chaos relança inévitablement la question de la monarchie. Le roi Svelaskia Ier, jusqu'alors discret, se retrouva propulsé sous les feux de la rampe. Depuis le début de la crise, il s'était enfermé dans un mutisme prudent, laissant le gouvernement porter seul l'impopularité. Mais le vide créé par l'effondrement progressif du Parti Libéral obligea la population à poser frontalement la question de son rôle : chef de l'Etat ou simple ornement ? Svelaskia, élevé dans une monarchie constitutionnelle figée, ne maîtrisait ni les outils de commandement ni les arcanes politiques. Sa seule tentative d'intervention, un discours télévisé le 26 Août dans lequel il appelait "à la patience, la modération et le respect des institutions" fut vécue comme une insulte par des milliers de manifestants qui voyaient leurs logements saisis et leurs proches sans travail. Les réseaux sociaux tournèrent son discours en dérision.

Mais le plus grave pour Svelaskia n'était pas la perte du soutien populaire : c'était la division croissante de l'armée. L'état-major de l'armée royale, théoriquement fidèle à la Couronne, fut progressivement gagné par des fractures irréversibles. La 1ère Région militaire, basée à Bolioska, exprima son refus d'intervenir contre les manifestants. Son commandant, le général Karel Drovin, s'opposa frontalement à toute répression, appelant au contraire à un dialogue national pour éviter la guerre civile. A l'inverse, la 2ème Brigade Mécanisée, positionnée autour de Mistohir, affichait une ligne dure : son chef, le général Anton Rudaviak, fidèle absolu de la monarchie et nationaliste convaincu, estimait que la Nation était au bord du péril rouge et considérait le PPE comme un groupe terroriste. Il commença à faire manoeuvrer ses blindés autour des artères de la capitale et tint des réunions informelles avec certains députés conservateurs pour préparer une possible reprise en main. Ces divisions militaires ne faisaient que refléter la fragmentation générale de la société estalienne. Dans plusieurs régiments, des soldats refusaient d'obéir, évoquaient la nécessité d'un droit à l'insubordination. Des dépôts d'armes furent subtilisés dans l'est du pays, des officiers supérieurs adressèrent à la Couronne des lettres publiques appelant à une réforme immédiate des institutions, des écoles d'officiers furent fermées dû aux manifestations de leurs propres élèves.

Septembre Noir : l'Estalie bascule

Les dictatures militaires sont l'impasse finale des régimes politiques en perdition. En Estalie, ce fut le régime qui porta l'aliénation à son paroxysme et fit éclore la colère dans le cœur des hommes.
Ordre, Sécurité, Loyauté.

Face à l'indécision de Schetosky, les éléments conservateurs et nationalistes du pays se retrouvaient affolés face à l'instabilité des grandes villes. Le gouvernement de Schetosky était détesté de tous, de la gauche jusqu'à la droite. Or, la droite conservatrice voyait alors la recrudescence des activités du PPE comme une menace claire envers la monarchie auquel les conservateurs étaient très attachés. Cette frange conservatrice était particulièrement virulente chez les hauts gradés de l'armée royale.

Le 4 Septembre 2013, à 17h12, Léon Hugaski, jeune militant anarchiste de 24 ans, est abattu d'une balle dans la gorge sur l'avenue centrale de Mistohir, à deux pâtés de maisons du campus universitaire. Il ne portait pas d'arme, seulement un drapeau noir et rouge enroulé autour du poignet. La scène, filmée par un étudiant en direct, est brutale : un groupe de manifestants court pour éviter une charge policière ; Hugaski trébuche ; un agent de la police royale se retourne et tire une seule fois, presque mécaniquement. La balle le frappe de face, il s'effondre sur le bitume sous les cris de panique. La vidéo devient virale en quelques heures. Elle est relayée par les réseaux clandestins du PPE, par les chaînes étudiantes locales puis par des journalistes étrangers. Les chaînes officielles d'Etat tentent d'étouffer l'affaire en parlant d'une "altercation tragique lors d'une opération de dispersion" mais le mal est fait. La mort de Hugaski devient immédiatement un point de cristallisation symbolique : l'image de son visage tuméfié circule partout, imprimée sur des affiches, peinte sur les murs et projetée sur les façades. Dans les heures qui suivent, des veillées funèbres s'organisent spontanément dans toutes les grandes villes.

Le lendemain matin, le 5 Septembre, la ville de Mistohir est en état de siège non déclaré. Les rumeurs circulent : certains disent que la police a reçu l'ordre d'arrêter tous les meneurs étudiants, d'autres qu'un régiment serait en route pour renforcer la sécurité autour des institutions. En réalité, la situation est plus chaotique encore : les ordres se contredisent, certains commissariats (indignés par la mort de Hugaski) refusent d'obéir, les réseaux téléphoniques publics sont saturés. Le gouvernement est paralysé par la peur de déclencher une escalade. Le Premier Ministre Schetosky est introuvable, certains affirment qu'il aurait déjà quitté la capitale. A 14h47, un groupe d'environ 150 manifestants anarchistes et syndicalistes, organisés en délégation mixte, parvient à franchir le cordon de sécurité du Parlement. La police recule brièvement sous la pression de la foule. Des grilles sont forcées, des cocktails molotovs lancés sur les véhicules d'intervention. Les manifestants, casqués, armés de barres de fer et de boucliers artisanaux,, envahissent la cour du Parlement et brisent les portes principales. Plusieurs députés présents à l'intérieur sont exfiltrés en urgence par des issues secondaires. L'hémicycle est en session lorsque les insurgés entrent : une session exceptionnelle visant à faire voter une réforme constitutionnelle étendant les pouvoirs de l'armée en cas d'urgence intérieur grave (une disposition alors absente de la Constitution de 1905). Le hasard, ou l'Histoire, fait que c'est précisément à l'instant où l'un des articles les plus controversés permettant à l'armée d'établir sa propre justice martiale indépendamment de toute justice civile que les manifestants font irruption. Ils interrompent en direct une session retransmise sur l'ensemble du territoire. Un jeune insurgé, le visage masqué par un keffieh, une grenade fumigène dans une main et un drapeau noir dans l'autre, bondit sur l'estrade et lance, face caméra : "Plutôt mort qu'enchaîné !". Le choc est immense, l'image est reprise dans tous les médias du pays et à l'international. En quelques secondes, ce cri devient le mot d'ordre de toute une génération. La scène marque un basculement, l'Estalie vient de perdre symboliquement le contrôle de sa propre représentation. L'espace sacralisé du Parlement est violé. L'organe suprême de la monarchie parlementaire, lieu de la souveraineté royale tempérée par la loi, devient théâtre d'insurrection. Le gouvernement, déjà fragilisé, perd toute crédibilité : comment prétendre au maintien de l'ordre lorsque le Parlement lui-même est envahi par la foule. Le choc est politique mais surtout psychologique. C'est un coup politique mais aussi médiatique absolument magistral qui provoque un redoublement de l'intensité des manifestations. Celles-ci ne se contentent plus d'étudiants protestant contre l'austérité budgétaire et l'immobilisme gouvernemental mais c'est bien tous les corps sociaux du pays qui commencent eux aussi à descendre dans la rue.

Le 8, face à une telle agitation et une demande accrue d'adhésions au sein du PPE, Pyotri Husak énonce un discours à Pendrovac, en face de la statue du Mémorial de la Bataille de Pendrovac. Ce discours est volontairement anti-monarchiste et anti-capitaliste, désignant le secteur de la finance, les banques, la haute finance internationale et les bourgeois comme la cause première de la souffrance du prolétariat. Sans inciter explicitement à prendre les armes, Husak calomnie entièrement la monarchie et le Parti Libéral qui "devront répondre de leurs actes devant le peuple libre d'Estalie". C'est ce discours qui va provoquer la réaction d'une armée royale alors attentiste.

Le 10 Septembre 2013 à 06h43, les habitants de Mistohir se réveillent au bruit sourd des chenilles d'acier. La 2ème Brigade Mécanisée de l'armée royale, stationnée d'ordinaire à 110 kilomètres au sud de la capitale, entre en colonne par les grands boulevards sud, drapeaux royaux hissés sur les tourelles, moteurs à plein régime. Elle est dirigée par le général Anton Rudaviak, connu dans l'armée pour sa rigueur impitoyable et sa fidélité sans faille au vieux code militaire monarchiste. A 08h00 précises, un communiqué est lu à la radio militaire par un officier de l'état-major de l'armée royale : le général Rudaviak proclame l'instauration d'un gouvernement militaire provisoire, au nom de Sa Majesté le Roi Svelaskia Ier pour "garantir la sécurité intérieure, préserver l'unité de la Couronne et éradiquer la subversion révolutionnaire qui menace l'âme même de l'Estalie". Le pronunciamento est préparé depuis des semaines, peut-être des mois. Une partie des officiers supérieurs, effarés par la paralysie du pouvoir politique, par l'image du Parlement profané et surtout par le spectre d'un effondrement complet des institutions, a rallié Rudaviak dans les coulisses. La Stevka et les renseignements militaires avaient depuis l'été informé certains hauts gradés d'un rapprochement grandissant entre des unités de conscrits et les réseaux militants du PPE. Pour Rudaviak, il s'agit d'un point de non-retour : si l'armée ne réagit pas immédiatement, c'est la révolution, puis le chaos.

La capitale est quadrillée en quelques heures. Le Palais royal est placé sous protection renforcée, les ministères occupés, les voies ferrées coupées. Des blindés s'installent autour de la télévision publique où un présentateur visiblement tremblant lit à 09h15 la déclaration de Rudaviak dans son intégralité. La réaction est immédiate : dans certaines casernes, des soldats refusent de monter dans les camions. A Fransoviac, un bataille quitte même son poste et fraternise avec les manifestants. Mais dans Mistohir, la sidération domine, les foules sont silencieuses, les gens attendent, ils regardent passer les chars alors que le drapeau noir et rouge flottant encore dans certains quartiers de la ville sont retirés de force par les soldats. La peur s'installe. A 10h02, les blindés de la 2ème Brigade encerclent le Parlement. La Garde Parlementaire, réduite à deux compagnies et qui semble complètement désorganisée et démoralisée, offre une résistance symbolique. Un échange de tirs éclate à l'entrée ouest. Une demi-heure plus tard, les soldats de Rudaviak prennent d'assaut l'enceinte, délogent les derniers députés restés sur place, détruisent les caméras et vident les bancs de l'hémicycle. La bannière tricolore, arborant l'armoirie de la famille royale, est hissée sur le toit. A midi, Anton Rudaviak entre dans l'hémicycle vide, escorté par des officiers, et fait une allocution enregistrée. Face caméra, dans un calme glacial, il déclare :

Le peuple est pris en otage par les agitateurs, les fauteurs de guerre, les idéologues d'un monde sans ordre. Nous allons restaurer la discipline, redonner à notre patrie sa voix, son autorité et sa souveraineté. Toute personne troublant l'ordre public sera considérée comme une ennemie de la nation.
Le ton est martial, sans détour. Les médias étrangers commencent à parler de putsch militaire. Mais en Estalie, personne ne sait encore comment nommer ce qui est en train de se produire. Ce n'est pas tout à fait une dictature, ce n'est pas encore la guerre civile, c'est un entre-deux, une suspension du droit, une parenthèse de plomb entre deux régimes. Le roi Svelaskia Ier, retranché dans le Palais royal, ne fait aucune déclaration. Il ne condamne pas le putsch. Il ne l'endosse pas non plus, il se tait. Ce silence royal est interprété de mille manières : prudence, faiblesse, complicité. Dans les jours qui suivent, les premières mesures sont prises. Le PPE est officiellement classé comme organisation terroriste, l'état d'urgence est décrété sur l'ensemble du territoire, un couvre-feu est instauré à 21h00 dans les grandes villes. Plus de 12 000 arrestations ont lieu entre le 10 et le 15 Septembre, des bâtiments universitaires sont fermés manu militari. Des syndicalistes, des journalistes, des enseignants, des prêtres critiques sont interpellés tandis que dans les caves des prisons militaires, on installe des cellules spéciales pour les détenus politiques. On torture, on exécute, officieusement, par précaution.

La chute du régime et la naissance de la Fédération :

Photographie de soldats royaux subissant un échange de tirs dans les rues de Mistohir en Octobre 2013.

Les jours suivant le Coup d'Etat militaire du 10 Septembre sont sanglants. Le régime de Rudaviak, conscient de son isolement politique, cherche à frapper fort et vite pour briser la contestation dans l'oeuf. Dans les deux premières semaines, on compte déjà 2400 morts, abattus dans les rues des grandes villes, dans ce que les ONG internationales nomment rapidement les Purges d'Automne. Les soldats tirent à balles réelles sur les cortèges, raflent les quartiers étudiants, encerclent les zones ouvrières. Des hélicoptères militaires survolent les places publiques, des escadrons de policiers et de militaires masqués procèdent à des arrestations nocturnes ciblées. Le PPE, bien sûr, est en ligne de mire mais pas seulement : des centaines de libéraux, de syndicalistes réformistes, de monarchistes constitutionnels et de prêtres pacifistes sont arrêtés, torturés, parfois exécutés sommairement. Les prisons militaires tournent à plein régime, les camps de détention improvisés dans les gymnases municipaux s'emplissent de figures locales.

Mais Rudaviak se trompe de siècle. Ce n'est plus l'Estalie monarchique du XIXe siècle où l'armée pouvait rétablir l'ordre à coup de baïonnette. Ce n'est plus un peuple silencieux et isolé que l'armée affronte car l'irruption d'Internet, la politisation massive de la jeunesse, la désagrégation des classes moyennes et la radicalisation accélérée par la crise ont changé la donne. Rudaviak pensait faire peur mais il ne fait que jeter de l'huile sur un feu déjà hors de contrôle. Rapidement, son autorité se délite. Le Roi Svelaskia Ier, pourtant encore formellement chef des armées, adopte une posture ambiguë. Il ne condamne pas le putsch mais refuse d'apparaître publiquement aux côtés du général. Aucun discours, aucune signature officielle. Pour les officiers les plus modérés, c'est un signe de prudence. Pour les radicaux, c'est une trahison. L'état-major se fracture en silence. Dans plusieurs régions du pays, les garnisons reçoivent des ordres contradictoires, certains officiers se murent dans l'attentisme, d'autres organisent des purges internes. A Mistohir même, l'ambiance dans les casernes devient délétère : on enferme les conscrits soupçonnés de sympathies pour le PPE, on surveille les communications, on isole les cadres subalternes. Cela n'empêchera évidemment pas le régime de poursuivre pendant le mois de septembre et d'octobre une sévère répression : on estime au total que 4720 personnes sont mortes à cause de la répression de Rudaviak.

Puis survient le tournant décisif. Le 24 Octobre 2013, la 1ère Brigade Blindée, l'unité la mieux équipée de l'armée royale, stationnée à Fransoviac, capitale industrielle de l'Estalie orientale, se soulève. Le colonel Goras Jankev, autrefois loyaliste, fait pendre en place publique ses officiers supérieurs favorables au régime puis ouvre les portes de la caserne aux manifestants massés depuis des jours. Les blindés sortent en ville, non plus pour réprimer, mais pour fraterniser avec la population. Les soldats, visiblement soulagés, retirent leurs insignes royaux de leurs uniformes pour arborer des foulards rouges et noirs. La scène est filmée par téléphone et diffusée en direct sur les réseaux sociaux, partagée des millions de fois. C'est un électrochoc. En quelques heures, dans l'est du pays, des dizaines de garnisons refusent de suivre les ordres. Les conscrits désobéissent, les sous-officiers se mutinent, des colonnes entières de soldats prennent les routes pour rejoindre les grandes villes insurgées.

Le 30 Octobre, depuis Fransoviac (bastion ouvrier entièrement aux mains de la révolution), Husak réapparaît publiquement. Son discours improvisé prononcé depuis le pupitre de l'ancienne assemblée régionale, devant des centaines de citoyens en armes, est retransmis en direct par les chaînes locales :

Camarades, l'heure n'est plus à l'attente. Le vieil ordre s'effondre de lui-même. Le sang de nos martyrs n'a pas été versé en vain. Aujourd'hui, le pouvoir ne tombera pas car celui-ci est déjà tombé ! Mistohir n'est plus une forteresse, c'est un cercueil. Marchons, camarades, vers la victoire !
Le signal est donné. Les anciens réseaux clandestins du PPE, les syndicats révolutionnaires, les collectifs étudiants, les milices rurales prennent les armes, appuyés par des unités entières de l'armée régulière. Mistohir devient un champ de bataille souterrain. Les commandos révolutionnaires infiltrent la ville par le sud et l'est, organisent des cellules d'action. Le 1er Novembre, à l'aube, un groupe de partisans mené par le capitaine Derys Melov, transfuge des forces spéciales royales, pénètre dans le Parlement. Les combats sont brefs, violents. Rudaviak, retranché dans ses appartements, refuse de se rendre. Il est abattu de trois balles dans la poitrine et ses fidèles sont exécutés sur place ou capturés. Le 2 Novembre, au matin, le drapeau noir et rouge du PPE est hissé sur le toit du Parlement, les foules envahissent les rues et les soldats distribuent les armes saisies aux dépôts militaires aux ouvriers et aux paysans. Le roi Svelaskia Ier, dont le silence devient accablant, fuit la capitale par hélicoptère avant d'être à son tour capturé par les commandos, il se réfugie rapidement au au consulat estalien en Kartvélie. Le 3 Novembre, dans un Parlement rempli à ras bord, non de députés élus mais de militants, de soldats, de syndicalistes, de paysans et d'étudiants ; Husak proclame, dans un tumulte inouï, la naissance officielle de la Fédération des Peuples Estaliens. Son discours est interrompu dix fois par des acclamations. La liesse est totale, des danses éclatent dans les places publiques, les cloches de toutes les églises de la capitale sonnent à l'unisson, les drapeaux royaux sont brûlés, les statues du roi déboulonnées.

Mais au milieu des cris de victoire, certains visages restent graves : le pays n'a plus de gouvernement, plus d'armée, plus d'institutions. Le vieux monde s'est effondré. Le nouveau, encore informe, est à inventer. La Révolution est victorieuse mais elle doit encore passer par des étapes bien douloureuses.
18558
"Ce que vous représentez n'est qu'une utopie. Il n'y a ni anarchisme, ni anarcho-communisme ni même marxisme. Il n'y a que anarchie sur ces terres et vous, représentants de ce désordre, en êtes les illustres bâtisseurs."

Pyotr Sargakov.

Photographie d'une allée marchande de Mistohir au lendemain de la Révolution de Novembre.


Le lendemain de la Révolution du 3 Novembre ne s'est pas fait dans une soudaine accalmie et pour cause, la Révolution ne semblait pas terminée alors qu'elle semblait, aux yeux d'Husak, s'achever par la glorieuse victoire du prolétariat. Husak devait sûrement lourdement se tromper ou être trop hâtif dans ce qu'il a interprété comme un rejet complet de l'ordre ancien par la population estalienne et l'aboutissement d'un ordre anarcho-communiste dont il serait aux premiers rangs. Pourtant, l'ordre ancien n'a pas disparu du jour au lendemain et les mois qui suivront seront certainement la conséquence de cette vision biaisée de la situation réelle de l'Estalie.

Que s'est-il donc passé après la prononciation de la Fédération des Peuples Estaliens par Husak au Parlement de Mistohir ? Dans un premier temps, l'acclamation de la nouvelle dans toute la nation, du moins dans sa majorité. En effet, partout dans les grandes villes, des communes anarchistes avaient étés proclamées et l'autogouvernance avait été déclarée par des groupes disparates de militants ayant pris le contrôle des mairies et des places publiques des différentes grandes villes du pays. De ce fait, lorsque la Fédération fut proclamée, personne ne s'attendait à ce que se concrétise une force de centralisation venant de Mistohir, beaucoup estimant par principe que l'Etat avait été aboli par la Révolution. C'est sans compter Husak qui avait déjà élaboré depuis plusieurs années sa propre conception et interprétation de l'anarchisme qu'il nomma amicalement l'Anarchisme Renouvelé officiellement mais qu'il nomme plus communément l'anarchisme estalien. Cette vision de l'anarchisme était alors encore marginal il y a quelques mois de cela au sein de la gauche radicale estalienne, beaucoup restant accrochés aux principes traditionnels de l'anarchisme ou de l'anarcho-communisme mais depuis la prise de pouvoir de Rudaviak et le recentrement idéologique autour du PPE, seule structure politique et d'opposition sérieuse au régime militaire royal, l'anarchisme estalien a pris une certaine ampleur chez les nouveaux adhérents du PPE et ses principes sont passés d'une adhésion de niche à une adhésion étendue à la majorité du parti lorsque Husak prononça son discours à Mistohir. Pourtant, après la proclamation, le Parti Populaire Estalien était devenue la seule institution politique organisée du pays et en quelques jours, on assista à une vague massive d'adhérents provenant de toute la gauche estalienne, largement majoritaire au sein de la population. Si cela renforce évidemment la légitimité du parti, cela créa des complications idéologiques à l'intérieur même du parti. Celui-ci n'était plus complètement uniforme et comportait alors des anarchistes estaliens mais également des marxistes, des léninistes, des stalinistes, des anarchistes traditionnels, des anarcho-communistes, des socialistes ou encore des sociaux-démocrates. En bref, beaucoup de mouvements de gauche qui n'avaient pas, dans la plupart des cas, le même avis sur la plupart des sujets de société.

Déclaration de l'Anarchisme Renouvelé de Pyotri Husak a écrit :A l’attention des travailleurs, paysans, ouvriers, soldats et autres marginalisés du monde, déclarons la liberté pleine et totale de la race humaine sur celle des oligarques capitalistes qui asservissent nos frères et sœurs sans états d'âme. Déclarons ici les principes fondamentaux de l’Anarchisme Renouvelé, celui qui libérera l’Humanité de ses fers, de la guerre et des souffrances causées par l’égoïsme d’une poignée de rejetons de l’Humanité, celui qui mènera au nom de tous les Hommes et toutes les Femmes la lutte finale, la dernière des guerres afin d’obtenir une liberté complète et absolue de l’Homme. Déclarons les points suivants :

1. Face à la puissance démesurée de l’Etat capitaliste, il doit être combattu par les mêmes armes avec lesquelles le Prolétariat est martyrisé. L’Etat, de nature anarcho-communiste à sa base, doit promouvoir une forte décentralisation et une autonomie générale des villages et villes tout en s’accordant les pouvoirs régaliens principaux dans des perspectives de défense et de stabilité intérieure. L’Etat doit pouvoir se constituer sur un modèle fédéraliste pour pouvoir exister en toute cohérence.

2. L’Etat doit être militariste pour exister. Il ne peut exister une quelconque forme de pacifisme dans un monde où deux États coexistent, il est du devoir des travailleurs de fournir les moyens nécessaires afin de défendre son foyer et celui de ses camarades travailleurs.

3. Le troc et l’économie du présent sont des moyens primitifs de mener à bien la lutte internationale pour sauver nos frères et sœurs à travers le monde. Nous devons donc être prêts à conserver une monnaie comme valeur d’échange sociale véritablement utile, tant que son contrôle soit laissée au vœu démocratique commun.

4. La démocratie directe est la plus pure des libertés politiques qui puissent être apportées à l’Homme. Les formes de démocraties indirectes comme la démocratie représentative ne sont, dans une certaine mesure et sans contrôle populaire concret, une perpétuation des aristocraties qu’elles soient de sang ou ploutocrates.

5. Le salariat est une forme d’exploitation similaire à l’esclavage. C’est un esclavage économique moderne qui, par sa subtilité, ose faire croire à ses adhérents à la liberté des salariés alors qu’elle n’est que la continuation de l’esclavage moderne dans un rôle de dictature parfaite où la masse se croit libre alors qu’elle est en réalité esclave.

6. Le patriotisme, le nationalisme et le libéralisme sont les poisons qui mènent aux massacres des peuples, guident les Hommes vers les chemins de la guerre éternelle, créant des frontières artificielles entre les membres d’une même espèce.

7. L’industrie est le seul moyen pour la cause de l’Humanité d’avancer, elle permet la production en masse des outils qui serviront à l’avenir à la libération de nos confrères du joug capitaliste tyrannique et oppressif.

8. Aucun patron ou supérieur n’est en droit de disposer du temps et de la vie de ses subordonnés, aucun concept ne peut justifier qu’un homme soit supérieur à un autre au sens hiérarchique, chaque travailleur doit pouvoir apprendre à se gérer soi-même afin de reprendre le flambeau de ses camarades si ces derniers venaient à faillir.

9. L’individualisme au sens personnel pousse à l’égoïsme et donc au péché capitaliste. L’égoïsme détruit les relations humaines comme elle pousse à la guerre de tous contre tous, un prolongement indirect de l’état de nature. C’est au collectivisme de régner dans le monde civilisé car l’Homme est un animal politique et social, il ne peut avancer sans l’assistance de ses compères.

10. Aucune race, aucune langue, aucune religion, aucune ethnie, aucune culture, aucune moeur et encore moins aucun sexe ne peut être discriminé, marginalisé, censuré ou réprimé. L’Humanité ne fait qu’un et l’acharnement sur les différences individuelles est un combat futile qu’il convient de dépasser si l’Homme souhaite un jour pouvoir vivre en paix. L’anarchiste renouvelé n’est aucunement anti-religieux, il respecte les croyances de chacun, fait preuve d'ouverture d'esprit, ne remet pas en question l'hypothèse d'une existence divine et les met à pied d’égalité aux yeux de la loi commune et universelle.

11. L’héritage est une continuation absurde de l’aristocratie terrienne et financière qui domine et asservit le monde. Elle détruit des familles entières, perpétue les inégalités sociales et mène au déracinement des peuples. Or, le déracinement entraîne l’aliénation et donc l’esclavage des masses face à un potentiel tyran.

12. La famille traditionnelle est, force est de le constater, le modèle le plus sain que l’Humanité ait pu créer jusqu’alors. Elle doit être protégée des volontés décadentes et destructrices du libéralisme progressiste qui n’est autre qu’un passager clandestin dans la lutte de la liberté de l’Humanité vis-à-vis de l’ogre capitaliste. La famille doit être protégée des vices que le monde moderne tente de lui asséner, notamment l'ultra-consumérisme, la destruction du moralisme et l'encouragement légal au divorce.

13. Chaque être humain, même le plus vile des capitalistes ou un de ses soutiens, reste un être humain. Il doit être traité dignement une fois rendu ou capturé à nos glorieuses troupes, nous devons nous montrer dignes afin de constituer l’exemple phare sur le monde entier. Nous devons faire preuve d'exemplarité quant aux sorts des vaincus s'étant opposés à la Révolution afin de préserver des vies et conserver la dignité de notre cause que nous voulons juste et noble.

14. L’éducation est le bien le plus précieux de l’Homme qui le différencie du reste du monde animal, l’éducation doit être laïque, gratuite, universelle et obligatoire pour l’ensemble de nos confrères car c’est la connaissance et le capital humain qui assure à l’Homme sa liberté en toutes circonstances, même en cas de défaite, et qui le pousse jusqu’aux derniers retranchements les plus ingénieux pour défendre ce qui est juste.

15. Notre cause est internationale et totale, aucune parcelle de terre de notre belle planète ne doit échapper à la vague rouge, notre guerre contre le capitalisme sera totale, mondiale et acharnée. Le monde capitaliste tremblera au simple retentissement des manifestes publiés au sein du monde ouvrier qui se lèvera et se soulèvera contre l’oppression capitaliste.


Le 4 Novembre, afin de clarifier ses intentions quant à la déclaration de la Fédération des Peuples Estaliens, Husak publiera la Déclaration de l'Anarchisme Renouvelé qu'il prendra soin de faire imprimer et de diffuser aux quatre coins du territoire. La Déclaration fait immédiatement polémique, de façon positive dans certains lieux mais fait aussi de nombreux mécontents, les anarchistes traditionnels en premier lieu. En effet, Husak semblait condamner toute forme d'individualisme trop fort alors que l'individu anarchiste est profondément individualiste, les anarchistes pointant donc les incohérences des idées d'Husak qui défend au Congrès du Parti ses idées avec véhémence. Sur le cas de l'individualisme, il estime que l'individualisme politique est une incarnation en soit du capitalisme car il perpétue l'égoïsme qui fait la force des structures capitalistes. Dans une société autogérée, selon Husak, c'est l'autonomie au travail qui prime mais en aucun cas les intérêts politiques personnels de chacun. Une formule reviendra souvent d'ailleurs dans les discours d'Husak pour défendre ses principes :

"Individus lorsqu'il s'agit de manger, collectivité lorsqu'il s'agit de voter."

Autre point qui attire beaucoup la discorde et qui a donné quelques craintes aux plus modérés (donc les socialistes, les sociaux-démocrates et les quelques anciens libéraux), c'est le ton très militariste de l'idéologie d'Husak. Pour Husak, contenter l'anarchisme à des frontières n'a pas de sens car la volonté de l'anarchisme est bien internationale et doit englober l'ensemble de l'Humanité et ne doit exclure personne : le nationalisme et la division des frontières étant le vice qui pousse les Hommes à s'entretuer depuis la nuit des temps, Husak estime qu'il faut exporter la Révolution pour que l'anarchisme aboutisse. Si la plupart des anarchistes sont d'accord sur ce point, les sociaux-démocrates et les socialistes pointent le côté va-t-en-guerre à peine voilé d'Husak qu'ils voient déjà comme le futur bourreau qui enverra des milliers de compatriotes estaliens sur la ligne de front pour aller se faire massacrer au nom de Dieu sait quel dessein politique. Enfin, le côté militariste en lui-même gêne aussi les anarchistes, ceux-ci estimant au contraire que l'armée perpétue naturellement une structure hiérarchique autoritaire qui ne convient pas aux principes anarchistes. Husak y répond par un argument logique assez simple : comment voulez-vous combattre les puissances organisées du capitalisme avec une force armée de citoyens volontaire sans organisation cohérente ? Le ton militariste d'Husak se veut plus utilitaire que politique : il convient que l'armée ne convient pas à l'anarchisme mais il sait aussi que sans armée, c'est bien les puissances voisines qui en profiteront, il n'est pas crédible de confier des affaires aussi sérieuses que la défense à des volontaires élus comme dans les communes anarchistes d'autrefois car ce système est voué à la désorganisation, à l'absence de cohésion militaire et à une absence de planification militaire qui est pourtant essentielle dans toute guerre. Enfin, aucune armée ne signifie qu'un bref entraînement ; or, sans entraînement, dans la guerre moderne, le soldat moyen est voué à se faire pulvériser.

Si d'autres points sont soumis à débat, ce sont ici les principaux points de discorde mais pour l'essentiel, au sens strictement politique, la Déclaration reste bien accueillie puisqu'elle devient alors la base des principes sur laquelle se base la majorité des adhérents du PPE dans les jours qui suivent.


Pourtant, tout le monde n'est pas d'accord et les dissensions se produisent avant même que la Fédération ne concrétise sa propre existence. Le 8 Novembre, le maire de Fransoviac, Potokovac, s'exprime à la télévision et donne son propre avis sur la question de la Déclaration d'Husak. Pour lui, s'il s'était franchement déclaré attaché à la cause socialiste au cours des événements précédant la Révolution, il fit volte face et déclara que les idées d'Husak étaient dangereuses pour la vie des concitoyens estaliens car cette idéologie pousserait à terme les Estaliens à se militariser massivement pour des populations étrangères qui n'en valent pas la peine. Potokovac argument alors qu'il faut se recentrer sur les choses essentielles : la dette publique, le chômage, le déficit budgétaire, le manque de personnel administratif suite à la Révolution. Potokovac estime qu'il faudrait d'abord penser à revitaliser l'économie nationale et sortir les travailleurs estaliens de la rue avant de penser à "chanter la Révolution à tout bout de champ et se comporter comme un déchet humain" Si une partie de la population se reconnaît dans le discours de Potokovac, notamment les populations orientales qui ont le plus soufferts de la crise de 2012, une autre partie crie à la trahison. Dans l'esprit de beaucoup de révolutionnaires, Potokovac était un socialiste attaché à l'organisation d'un Etat socialiste mais après son discours, Potokovac va enraciner son point de vue dans le Fransoviacski, le journal le plus lu de la grande métropole orientale :

Article du Fransoviacski de Sergei Potokovac a écrit :Ce que je vois comme avenir de l'Estalie n'est autre qu'un rétablissement de nos institutions dans un cadre républicain. La Révolution a été une bonne chose pour faire avancer notre pays et expulser à la fois un libéralisme trop laxiste et un autoritarisme militaire qui transformait notre beau pays en dictature totalitaire. Je conviens que la monarchie est un régime obsolète et doit être remplacée par une structure républicaine forte avec un Président de la République avec un fort pouvoir exécutif afin de mener notre nation sur une ligne mieux définie et éviter que l'ordre public s'effondre.

[...] Husak n'est autre qu'un extrémiste à mes yeux. Il manque de réalisme politique et sa détermination à imposer ses idées à toute la nation est d'une stupidité affreuse. En quoi notre pays, libéral par nature depuis que Paradykov Ier ait décidé d'écraser la noblesse, aurait besoin de prendre un tournant extrême où la loi du plus fort domine ? Husak est un militariste, un expansionniste et un belliciste de première classe pour qui ne compte que la lutte extérieure contre un capitalisme qui s'avère être le régime économique vers lequel tend la totalité des tissus productifs au fur à mesure. Le capitalisme possède ses dérives et ses vices, c'est incontestable mais nous pouvons le réguler et remplacer ses vices par des avantages à travers des politiques socialistes mais en aucun cas par le militarisme exacerbé d'Husak et du Parti Populaire Estalien.


L'article, paru le lendemain encore à la Tribune du Peuple, est lu par la grande majorité du pays. A l'est, Potokovac est acclamé pour sa modération et son réalisme politique issu de sa longue expérience de maire de Fransoviac. A l'ouest, c'est d'un dédain extraordinaire que des photos de Potokovac sont brûlées par des foules en colère, des rixes éclatent en ville entre partisans d'Husak (ou des non-alignés) contre les partisans de Potokovac.


On pourrait déjà penser que la nation est déjà suffisamment divisée comme ça entre les groupes disparates de loyalistes souhaitant le retour de la monarchie, les anarchistes estaliens d'Husak, les autres mouvements radicaux de gauche non-alignés et les libéraux de Potokovac. Et pourtant, un autre acteur va entrer en scène à partir du 15 Novembre alors que l'ombre d'une guerre civile entre les héritiers de la Révolution semble planer sur toute la nation estalienne.

Le 15, dans la caserne de la 1ère Brigade Blindée, désormais bien connue pour abriter un grand nombre de soldats sympathisants de la Révolution, un général s'étant rallié au lendemain du Coup d'Etat de Rudaviak, se présent à la tribune d'une des grandes casernes de la brigade : le général Pyotr Sargakov. Celui-ci commence son discours par une citation issue d'un poète estalien, ce qui attire immédiatement l'oeil du reste de la troupe :

Messieurs. Les fleurs fanent, le ciel menaçant nous profane et Skirya nous affame.

La citation n'est pas anodine : cette phrase provient du poète Pyotr Lugaski, célèbre poète estalien du XIXe siècle qui faisait référence à un récit mythologique de la religion païenne estalienne. Skyria, Dieu des Cieux, décida de condamner les Huliotes (un peuple mythologique, excellents guerriers et protégés du Dieu de la Guerre) à la famine et au désespoir suite à la profanation d'un temple dédié à Skyria. Pour cela, Skyria fit pleuvoir des torrents de pluie sur les champs huliotes qui balayèrent tout sur leur passage, y compris les roses rouges qui faisaient partie intégrante du rituel de reproduction des Huliotes et le mariage de leurs couples. Sans roses et sans nourriture, les Huliotes disparurent peu après. Cet épisode mythologique a été abondamment réutilisé dans un discours célèbre de Paradykov Ier à Gardinov en 1871 et aujourd'hui, pour tout bon Estalien qui est déjà allé à l'école, la prononciation de ces mots signifie de façon symbolique que la situation est grave.

Sargakov continue alors son discours en énonçant le triste tableau de la nation estalienne divisée et prête à s'entretuer dans un bain de sang monstrueux. Il pointe rapidement Husak comme un fautif évident de cette situation, estimant que celui-ci mène à la discorde par l'absence de compromis et par son radicalisme politique qui ferait pâlir Bondarenko lui-même, le fondateur du PPE. Il estime de surcroît que Husak incite à une autogestion qui ne mènera selon lui à la destruction de la nation estalienne dans une guerre civile affreuse et certainement au retour de la monarchie. Husak serait donc trop faible et ses tendances de décentralisation sont, pour lui, une menace à la préservation des acquis de la Révolution. Il n'est pas plus tendre avec Potokovac qu'il ne considère au mieux comme un traître à la cause révolutionnaire et au service des lobbies capitalistes privés qui se rabattent sur le maire de Fransoviac comme ultime espoir de ne pas voir leurs investissements disparaître tout bonnement et simplement dans un Etat révolutionnaire qui abolira certainement la propriété privée.

Sargakov représente ni plus ni moins que la tendance autoritariste et conservatrice de la Révolution : sans remettre en question l'idéologie prédominante qui a mené à la Révolution, il estime la décentralisation comme un moyen de démanteler la cohésion des peuples estaliens. Pour lui, l'Etat doit être ferme pour rétablir l'ordre et l'armée, du moins ce qui reste des structures de l'armée royale, doit prendre les rênes et écraser la contre-révolution que Sargakov estime proche et inévitable tant que Husak reste au pouvoir du PPE. Le 18 Novembre, Husak fera d'ailleurs une déclaration à la Tribune du Peuple selon laquelle il estime que le Parti Populaire Estalien devra à terme être dissout pour laisser place à ce qu'il nomme des clubs politiques au sein d'un grand Congrès socialiste et révolutionnaire où le principe de parti ne sera plus, considérant les partis comme des structures à volonté de croissance et non dans un but premier de servir les principes qu'ils sont sensés défendre, ce qui est selon lui une perpétuation des comportements capitalistes et surtout une entrave à la vraie démocratie.


Trois grandes factions révolutionnaires semblent donc se former au cours du mois de Novembre et des jours qui suivent et tandis que ces factions cherchent à faire prévaloir son propre mode de pensée, les esprits s'embrouillent, la discorde s'installe et le soutien populaire est sacralisé pour rallier le plus de partisans possibles. Et tandis que la Révolution cherche une raison dans son existence tant elle a été unanime à son départ et brutale dans son application, les contre-révolutionnaires aiguisent aussi leurs lames, dans l'ombre.
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"Syndicalistes, communistes et autres anarchistes, qu'ils aillent tous en enfer. Dieu et le Roi nous sauveront de leur dégénérescence et de leur parasitisme."

Citation anonyme pro-royaliste estalienne.


Les Purges de Fin Novembre :

Il était invraisemblable qu'après la Révolution et le déroulement de celle-ci, tout devait se conclure par la négociation, la paix et l'entente mutuelle tant la divergence des points de vue s'est avérée drastique en quelques semaines seulement dans une nation autrefois unie sous la figure d'un Roi et désormais orphelin, sans figure paternelle qui puisse le guider tant ces figures semblent émerger et créer la polémique plus que l'unité au sein du peuple. Le sang devait couler, c'était la seule alternative possible pour que l'Estalie survive et ne soit pas reléguée au tiers-monde. Ce sang devait être versé de façon pragmatique et de la façon la plus économe possible, les Estaliens ne peuvent pas s'entretuer en permanence. Par contre, massacrer les quelques noyaux durs de la discorde et de la désunion, voilà un choix intéressant.

Alors que la division entre les factions héritières de la Révolution voyaient le jour, un nouvel évènement va mener à une augmentation significative de la violence sur le territoire estalien dans un pays où depuis Septembre maintenant, il n'y a plus un jour sans une rixe, une fusillade ou un lynchage collectif dans les rues. Le 20 Novembre 2013, sur la Place Paradykov, que les révolutionnaires comptaient renommer Place de la Révolution, alors que le syndicat des mineurs de Pendrovac avait fait une montée jusqu'à la capitale auprès du Parlement où siégeait le PPE, réclamant un versement des salaires que Pendrovaxite, l'entreprise gérant l'énorme mine de bauxite de la ville, ne pouvait plus verser, un évènement se produisit. Alors que les tambours battent et que les mineurs réclament l'institution d'un gouvernement révolutionnaire qui doit nationaliser Pendrovaxite, une explosion se produisit au milieu de la place.

Photographie datant du 21 Novembre d'un immeuble adjacent à la Place Paradykov.

L'explosion est d'une violence atroce. Les experts retrouveront peu après un mélange peu commun de nitrate d'ammonium et de nanothermite, généralement utilisé dans le secteur du bâtiment pour la destruction. Encore maintenant, le bilan humain de l'explosion est encore approximatif mais les unités de pompiers présentes sur place ont estimés au bas mot 900 victimes. L'explosion a été si violente qu'elle a provoqué de nombreux incendies dans les rues adjacentes. Rapidement, le lendemain, un commanditaire avait été trouvé : le Front de Libération Skoviliosnovite (FLS). Ce front de libération n'est autre qu'une organisation sommairement mise en place au lendemain de la Révolution et rassemblant la totalité des partisans conservateurs de la monarchie et des quelques libéraux monarchistes ralliés à la cause royale. Ce front, resté très silencieux jusqu'à là, s'est rapidement radicalisé au fil du temps en constatant que les factions officielles de la Révolution menaient par leur factionnalisme à la guerre civile et au massacre de leurs concitoyens. La stratégie du FLS consistait donc à mettre le feu aux poudres, mettre la responsabilité de ce massacre sur le dos du PPE, incapable de défendre la Révolution et donc d'en faire réagir les factions conservatrices et libérales de la Révolution contre les anarchistes husakiens. Pourtant, l'acte impardonnable du FLS va donner une occasion en or à Husak : celle de faire le grand ménage.

Le 22 Novembre, alors que les forces armées sont mobilisées pour débusquer le FLS, Husak rencontre le général Sargakov à Mistohir. Conscient qu'il a besoin de la loyauté de Sargakov dû à son aura et sa popularité au sein des forces armées ayant survécus et s'étant joints à la cause révolutionnaire, Husak savait certainement que Sargakov était à la fois le plus proche de ses rivaux sur le plan idéologique et sur lequel il serait certainement capable d'émettre des compromis satisfaisants entre le PPE et les forces conservatrices révolutionnaires. Aucun accord officiel ne fut conclu à la suite de cette réunion, les journalistes des médias de Mistohir tentèrent d'interpeller les deux hommes en sortie de réunion mais aucune déclaration officielle ne fut faite. Dans un excès d'orgueil, Potokovac ira même jusqu'à déclarer :

"Incapables de se mettre d'accord, ces chiens de communistes établiront la guerre civile et le totalitarisme sur nos terres. Tels des enfants insatisfaits de leurs jouets, ils en gaspilleront le sang du peuple pour leurs véhémences personnelles."

Cet orgueil ne fut pas très serviable à Potokovac. Le 24, alors que Potokovac venait de faire passer un décret à sa ville de Fransoviac en établissant une milice citoyenne afin de fournir une force armée indépendante à sa ville maîtresse, un coup de force se produit alors. Les chars de la 1ère Brigade Blindée, après avoir fraternisé il y a moins d'un mois avec les habitants de la ville, franchissent les barricades qui subsistent depuis la Révolution et écrasent ces dernières sous les chenilles de leurs blindés. Toute la journée, les miliciens républicains affrontent les chars de la brigade dans des combats violents et sanglants. Il semblait que Sargakov avait ordonné à la brigade de saisir la ville et d'éliminer les éléments subversifs républicains menés par Potokovac. Les affrontements sont d'une rare violence pour cette ville qui n'a connu autrefois que la prospérité économique et une activité culturelle immense : les chars écrasent les tables des bistrots, pulvérisent les magasins à coups d'obus HE tandis que les fantassins tirent à vue en pleine rue, tuant sans distinction miliciens et civils.

Photographie d'immeubles du quartier des affaires de Fransoviac durant la bataille de Fransoviac.

La ville étant encerclée, les possibilités de fuite sont avortées par les troupes conservatrices qui empêchent la population de fuir les combats et après deux jours de combats acharnés où les miliciens républicains tentèrent tant bien que mal de fortifier les rues du centre-ville, désormais ultime bastion des fidèles de Potokovac, les unités mécanisées de la brigade percent au prix de lourdes pertes le dispositif adverse et prennent la mairie de Fransoviac. Potokovac ne résiste même pas à son arrestation et la prise de la mairie mène rapidement à l'arrêt des combats, la plupart des miliciens se démoralisent assez vite et se rendent aux unités militaires. Le 26, Sargakov annonce à la télévision l'arrêt des combats et déclare que les rebelles capitalistes ont étés écrasés dans le sang, la Révolution est ainsi préservée d'être détournée de son but initial qui était de servir le prolétariat et le peuple, non de contenter les créanciers internationaux de l'Estalie.

Le 27, dans une capitale désormais attentiste et toujours aliénée par l'attentat de la Place Paradykov, Potokovac est amené à l'ancien bâtiment de la Cour Suprême pour être jugé devant un tribunal révolutionnaire composé de différents cadres du PPE mais également un jury populaire assez large regroupant la plupart des professions exercées dans l'économie estalienne. Le procès qui s'ensuit est rapidement qualifié de "porcès-spectacle" tant il a été rapide, peu écorché par le personnel juridique présent et que les chefs d'accusation n'ont pas tous su trouver leurs motifs légitimes. Néanmoins, il était évident pour la plupart des spectateurs du procès que Potokovac ne s'en sortirait pas indemne et que ses chances de disparaître étaient relativement élevées.

L'acte du procès du 30 Novembre 2013 a écrit :Attendu que le Tribunal Révolutionnaire de Mistohir n’a pas à donner acte de prétendus faits et propos antérieurs à la date de sa constitution et dont elle n’a pu avoir la connaissance directe ;

Attendu qu’il est sans intérêt de rechercher dans quelles conditions a pu être engagée une procédure de contumace, puisqu’elle n’a pas été suivie et que, dès son retour de Fransoviac et sa capture par les forces de l'ordre, l’accusé a été entendu plusieurs fois au cours de l’instruction ;

Attendu qu’il est vrai, qu’il est soutenu que cette audition n’aurait pas porté sur certains points que les conclusions spécifient ; que les témoins essentiels n’auraient pas été entendus ; que des documents n’auraient pas été retenus ni communiqués ;

Mais attendu que l’instruction préalable ne sert qu’à préparer l’examen à l’audience, aux résultats duquel les juges doivent édifier leur conviction ; qu’au cours des longs débats contradictoires, pendant lesquels il a été présenté d’abondantes explications au nom et en présence de l’accusé, celui-ci a répondu lui-même à l’interrogatoire d’identité, a fait une déclaration et a été invité à s’expliquer tant sur l’acte d’accusation que sur chacune des dépositions faites en sa présence ; qu’ainsi il a été mis à même de suppléer aux prétendues lacunes de l’instruction préparatoire ;

Par ces motifs :

La Cour, après en avoir délibéré,

Rejette les conclusions de donner acte présentées au nom de l’accusé ;

Au fond :

Attendu qu'il résulte des débats que M.Potokovac s'est rendu coupable par ses déclarations médiatiques, notamment dans les articles du journal sponsorisé par ses militants politiques, le Fransoviacski, de trahison envers les principes inhérents de la Révolution par le rétablissement d'une structure économique capitaliste qu'il souhaitait "réguler" et en démontrant par ses déclarations officielles son aversion pour l'idéologie prônée par la majorité des concitoyens de ce pays et qui ont permis à l'aboutissement de la Révolution ;

Que M.Potokovac a défié l'ordre en place et a mené à la dissenssion et à l'instabilité dans l'ordre public en organisation une milice privée dans la ville dans laquelle il était maire afin de résister par la force aux ordres d'arrestation qui furent prononcés contre lui ;

Qu'au lieu de se rendre aux autorités le jour même de l'entrée des forces de l'ordre dans la ville de Fransoviac afin d'éviter la confrontation militaire entre ses unités privées et les forces de l'ordre, l'accusé ait ordonné à ses troupes de résister le plus longtemps possible et donc de fuir à la justice de son pays ;

Attendu que dans les appartements privés de M.Potokovac, des correspondances ont étés retrouvés sur l'ordinateur portable de l'accusé où il est explicitement marqué que l'accusé avait des connexions privées avec de nombreux hommes d'affaires étrangers de la plupart des pays voisins à l'Estalie et que ce dernier aurait même garder des contacts avec de hauts fonctionnaires kartvéliens au sein du Ministère des Affaires Etrangères de ce dit pays pour inciter ce dernier à intervenir en sa faveur en Estalie et menacer la Révolution par l'établissement d'une république bourgeoise, capitaliste et oppressive sur les classes populaires ;

Qu'une note d'un certain M.Ailiot ait été retrouvé dans le bureau du maire de Fransoviac durant son arrestation, que les enquêtes de police ont revélés être le pseudonyme du chef du Front de Libération Skoviliosnovite qui est considéré par les autorités comme une organisation terroriste.

Par ces motifs,

Condamne Potokovac à la peine de mort, à l’indignité nationale, à la confiscation de ses biens.

Illustration de l'exécution de Potokovac, son exécution n'a jamais été filmée.

Potokovac sera exécuté le lendemain de son procès, à l'abri des caméras. Sa mort marque le déclin et la chute de la cause républicaine et tandis que les forces armées se recentrent désormais sur la lutte contre les forces contre-révolutionnaires du FLS, le PPE et le reste de la scène politique révolutionnaire voit dans cette exécution et la mort de Potokovac comme une rupture entre l'ordre ancien estalien et le nouvel ordre que la Révolution tente d'imposer sur toute l'Estalie. Le mois de décembre sera le temps des réformes, le temps des créations et le temps des lois, la Révolution peut enfin s'organiser après le bain de sang atroce qu'elle a fait couler dans les rues de ses villes.
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Encore un massacre digne des pires horreurs. La fusillade avait duré quelques minutes à peine, comme d'habitude et après que la fumée des combats retomba, l'odeur du sang et de la poudre se mêlait dans un flot inexplicable d'odeurs. Tantôt agréables pour les plus habitués, souvent désagréables pour le commun des mortels. En entrant dans la salle, remplie de cadavres, on se rend compte de la tuerie perpétrée. Sacré Bon Dieu, ils croyaient avoir une chance en nous tirant dessus ?

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Les fantassins de la Force d'Intervention Rapide de Mistohir entrèrent alors. Le massacre était horrible mais nécessaire mais par Dieu, tout ce sang devait il être versé ? On se rassure en se disant que ces contre-révolutionnaires méritaient leur sort mais ils étaient aussi Estaliens après tout. Pourquoi s'empêtrer dans une lutte idéologique alors que le pays sombrait un peu plus dans le désordre ? Alors même que ces hommes participaient à ce dit désordre ? Pour beaucoup d'Estaliens, la lutte antirévolutionnaire avait perdu son sens depuis bien longtemps maintenant. La chute de Potokovac, l'abolition de la monarchie, l'explosion de la place Paradykov, la dictature de Rudaviak. C'était beaucoup trop pour la plupart des Estaliens qui ne voyaient plus les partisans de la monarchie, pourtant pas aussi mal vue au début de la Révolution, plus qu'un facteur de déstabilisation qui empêtrait l'Estalie dans la pauvreté et la guerre civile. L'Estalie était déjà passée à deux doigts d'une confrontation ouverte tripartite, elle ne pouvait pas se permettre de sombrer davantage dans le chaos. Cela devait donc forcément passer par les armes.

3600 morts. C'est le bilan final fourni par les forces armées estaliennes du nombre de partisans ouvertement monarchistes et affiliés au FLS qui ont étés exécutés durant les opérations antiterroristes qui ont suivis la bataille de Fransoviac. Un vrai massacre et les renseignements estiment qu'il existe certainement encore des cellules en territoire estalien, une institution et peut-être un gouvernement royal en exil. Cependant, les révolutionnaires n'ont ni les moyens de traquer l'ensemble des monarchistes et ces derniers semblent avoir décidés de baisser la tête quelques temps. Peut-être dans l'espoir de se faire oublier quelques temps, qui sait ? Des interceptions d'émissions radios pro-monarchistes affirment que le régime révolutionnaire s'effondrera dans les semaines qui viennent, les monarchistes et le FLS doivent certainement se reposer sur l'idée que Husak et le PPE échoueront dans la stabilisation de leur régime par eux-mêmes et qu'il suffira au FLS de se présenter en héros au peuple estalien.


Ce peuple estalien, il nous regarde désormais. Après la mort de Potokovac, on se demande si l'alliance de circonstances entre Husak et Sargakov tiendra. On aurait pu penser que cette alliance était dirigée contre Potokovac puis contre les monarchistes mais l'élimination de ces deux menaces par la force des armes laisse un blanc dans les motifs de cette alliance fragile. Les deux forces sont importantes et sont assez similaires en termes de moyens militaires même si un certain avantage strictement militaire reste entre les mains de Sargakov. Les deux hommes pourraient très bien mener à la guerre civile, ils en ont les moyens. La disparition de l'ennemi commun pourrait tout briser. Pourtant, il semble que la solution ait été plus simple.

Les deux hommes avaient souvent tendance à discuter entre eux et il semblait que la raison d'Etat primait sur les idéologies personnelles des deux enfants de la Révolution. Husak était ouvertement anarchiste dans une forme militariste exacerbée et placé selon un point de vue estalien plutôt violent tandis que Sargakov était plus conservateur, plus proche de la ligne traditionnelle marxiste-léniniste, plus autoritaire et pour qui la démocratie était un élément de faiblesse alors qu'un parti unique pourrait apporter la stabilité à Sargakov.

Le second a finalement dû céder aux remarques d'Husak au bout de quelques jours, ce que les médias n'ont pas tardés à faire paraître, créant un climat de soulagement dans tout le pays.

Tribune du Peuple, commentaires de Sargakov a écrit :Nous avons discutés, pendant un long moment, avec M.Husak. Il y a des divergences entre lui et moi, nous n'avons pas le même projet d'avenir pour notre pays mais il m'a paru évident que cet homme était tout aussi aimant envers son pays que je puisse l'être. Il ne veut pas mener à un affrontement. Il n'y aura pas de bain de sang dans notre pays, plus maintenant. Celui-ci doit reconstruire, doit retrouver ce qu'il a pu perdre durant la crise et se relever de cette catastrophe dans laquelle nous sommes empêtrés depuis plus d'un an. Les travailleurs estaliens doivent être remis au travail, les chômeurs doivent pouvoir vivre de nouveau de leur labeur et la pauvreté doit être éradiquée. Quant à moi, je poursuivrais mon combat politique indépendamment de mes fonctions militaires, j'assurerais la défense et la sauvegarde de la Révolution. Nous avons su trouver un compromis sur ce point. M.Husak sera libre d'organiser avec le PPE le régime politique qu'il a promis aux Estaliens, tant que ces derniers y seront favorables. Et si M.Husak veut, à son bon plaisir, dissoudre le PPE comme il l'avait souhaité auparavant, je ne m'y opposerais pas et je m'inclurais pleinement dans le système politique qu'il tentera de mettre en œuvre. Tant que le peuple estalien accepte ce régime et son fonctionnement, je ne m'opposerais pas à M.Husak, tant que le peuple estime que cela doit être dans ses intérêts.
La fin de la lutte des factions et des évènements de Novembre-Décembre semble se conclure sur une note plus douce que prévu. Husak est laissé libre d'organiser le régime politique prévu avec les cadres anarchistes du PPE tant qu'il s'assure que Sargakov et ses partisans peuvent y faire valoir leur propre programme au sein de cette nouvelle structure. En soit, le principe du régime politique importe peu pour les deux factions car elles connaissent chacun les priorités du pays : avant de saisir le gouvernement, encore faudrait il qu'il y en ait un. Pourtant, depuis la Révolution, l'Estalie ne compte pas vraiment de gouvernement officiel. Le PPE est bien considéré comme épicentre de la Révolution et de son évolution mais l'apparition de nouvelles factions divergentes a compromis le leadership anarchiste sur la Révolution. Ainsi, l'administration et
l'appareil gouvernemental s'est rendu inapte à gouverner durant un moment. Les villes et communes s'organisaient par elles-mêmes, prenant pour acquis l'anarchisme traditionnel sans considérer forcément les directives d'un PPE sans grande autorité. La lutte entre les factions rendait aussi peu clair l'appartenance des anciens organismes et ministères de l'ancien gouvernement royal dans lequel certains fonctionnaires étaient restés après la Révolution pour assurer les services gouvernementaux essentiels. Le factionnalisme avait détruit le peu de ce qui restait de la fonction publique pré-révolutionnaire, beaucoup se retrouvant accusés d'être affiliés à tel ou telle faction ou parfois même aux monarchistes. Ce type d'accusations ne pouvaient mener qu'à l'exécution sommaire dans la plupart des cas.

Beaucoup de personnes sont mortes durant cette période troublée de la Révolution mais vers le 12 Décembre, Husak prit la parole afin d'annoncer la fin des troubles et le début de la structuration et de l'organisation de la société post-Révolution :

Discours du 12 Décembre 2013 à Mistohir a écrit :Mes frères et soeurs, aujourd'hui se lève une aube nouvelle sur notre pays.

Pendant plus d'un mois, alors que nous avions extirpés le tyran de son trône pour instaurer une société égalitaire et juste, des traîtres ont tentés de s'immiscer au sein de la Révolution. Ils ont voulus infiltrer celle-ci pour mieux l'étouffer ensuite en sabordant nos efforts pour faire aboutir la Révolution à son accomplissement premier puis en menant une imposture à grande échelle. Sous couvert de révolutionnaires, ces capitalistes ont voulus mettre en place une république bourgeoise, une république qui serait dominée par les mêmes exploiteurs qui ont menés notre pays à la ruine. Ils souhaitaient simplement garder le pouvoir...sous une autre forme ! Ils allaient retirer le pouvoir à nous, prolétariat et petites gens, qui avons versés notre sang dans les rues de notre propre pays pour acquérir notre liberté et briser les chaînes de l'exploitation bourgeoise et capitaliste ! Nous avons vaincus les traîtres, nous avons vaincus les tyrans réactionnaires et il est grand temps pour notre pays de panser ses blessures car une quête glorieuse l'attend que ce soit auprès de nos proches, auprès de nos concitoyens mais aussi auprès du monde entier.

J'annonce donc aujourd'hui la dissolution du Parti Populaire Estalien comme il était convenu et j'annonce la formation d'un gouvernement provisoire constitué des anciens cadres de ce même parti qui devront m'assister temporairement dans la tâche de définir ce qu'est la Fédération des Peuples Estaliens, émettre les premières mesures économiques d'urgence pour rétablir l'économie nationale et enfin reconstruire notre pays des plaies de la division et de la discorde entre les partis. Que ces temps durent nous servent de leçon : divisés, nous mourrons ; unis, nous régnons.

Vive l'Estalie et Vive la Révolution !

Propagande estalienne.
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