09/08/2014
16:50:33
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Evènements de Novembre-Décembre 2013.

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"Ce que j'ai vu en un mois ? La couardise, la trahison et le mensonge. Que Dieu préserve notre peuple, il n'y a plus que Lui pour les empêcher de s'entretuer."

Piotry Husak.


Depuis Septembre 2013, l'Estalie est plongée dans une instabilité permanente entre les différents camps politiques qui sévissent au sein de la nation. La crise financière de 2012 a considérablement affaibli le gouvernement du Parti Libéral et la popularité de la monarchie estalienne alors que depuis plus d'une dizaine d'années, les idées de gauche et surtout d'extrême gauche se sont propagées dans toute la nation, principalement au sein d'une jeunesse estalienne qui ne cesse de prendre une place importante dans la démographie du pays et qui, par conséquent, détient un pouvoir politique dont seules les masses ont le secret. Revenons sur les évènements qui se sont déroulés depuis Septembre dernier pour comprendre exactement ce qui se déroule en Estalie.

Nous sommes alors le 12 Septembre 2013. Cela fait désormais un peu plus d'un an que le Royaume d'Estalie est plongée dans une crise financière catastrophique pour tous les pans de l'économie nationale. Le chômage, alors naturellement faible en Estalie tout au long du XXe siècle, atteint des records historiques jusqu'à 38% de taux de chômage pour le mois d'Août 2013. Malgré l'évidence de réformes et de mesures d'urgence, le Parti Libéral semble incapable de réagir. La crise financière, provoquée par une bulle spéculative sur l'immobilier, entraînée principalement par l'acquisition de plus en plus précoce de logements individuels de la jeunesse et par une augmentation des investissements immobiliers des épargnants estaliens a mené à l'effondrement de la Faboruya Bank, alors la plus importante banque privée du pays au moment de la crise. Le Parti Libéral, se refusant d'appliquer des mesures interventionnistes en pensant que le marché serait capable de réguler soi-même et qu'une intervention étatique ne pourrait qu'aggraver les choses, la crise s'est aggravée. La plupart du secteur bancaire a suivi la Faboruya Bank dans la tombe et leurs débiteurs, c'est-à-dire la plupart des entreprises privées qui constituaient le tissu économique principal du pays, voient alors leurs crédits se resserrer rapidement. Le resserrement du crédit engendra une vague de licenciements qui engendra à son tour une augmentation du déficit public du fait de l'augmentation des aides sociales aux nouveaux chômeurs. L'assurance-chômage estalienne était alors très généreuse pour les standards internationaux (comme dit précédemment, le chômage en Estalie était très faible depuis plus d'un siècle, l'Estalie arrivait aisément au plein emploi et pouvait donc se permettre de fournir des aides sociales très généreuses aux rares chômeurs qui constituaient le chômage structurel et conjoncturel du pays).

Cette situation économique catastrophique fit chuter la production nationale et la récession s'installa. Le Parti Libéral, l'année 2012 passée, tenta de réagir mais ses mesures d'urgence furent au choix trop tardives soit manquaient d'efficacité concrète. Ce manque d'efficacité s'expliquait principalement par le factionnalisme ambiant au sein du parti dominant de la scène politique estalienne : des décennies d'absence d'opposition politique sérieuse au Parti Libéral avait favorisé la création de factions au sein du Parti, tantôt néolibérales, tantôt plus conservatrices ou encore interventionnistes. Les décisions qui arrivaient à péniblement être appliqués étaient des mesures de compromis essayant de contenter les deux extrémités du parti sans jamais s'orienter pleinement dans une seule direction. Ainsi, pour donner un exemple concret, le gouvernement décida en Février 2013 de recapitaliser près de 84 banques privées en difficulté dans tout le pays pour résoudre le problème d'insolvabilité des fonds propres de ces mêmes banques mais refusa de mettre en place une société nationale de restructuration des actifs afin de récupérer les créances douteuses des banques afin d'alléger leur bilan et améliorer leur solvabilité. Résultat : la recapitalisation (estimée à 112 milliards de Jovyz (la monnaie royale de l'époque)) a été un échec sur le long terme. Sur les 84 banques recapitalisées, 25 banques ont finis par faire faillite malgré tout, entraînant leur clientèle avec eux.

La crise de 2012 marqua la fin progressive du secteur financier estalien.

Ces mesures d'une timidité à peine voilée ont agrandis le trou béant que constituait alors les finances publiques, la dette nationale avait atteint 194% du PIB national, le budget social a dû être restreint, ce qui a jeté des centaines de milliers d'anciens travailleurs dans la rue. En Août 2013, alors que le chômage atteignait un record historique dans l'histoire contemporaine estalienne et que le Parti Libéral semblait avoir perdu toute crédibilité aux yeux de la majorité, le gouvernement continua de restreindre le budget en licenciant un quart du personnel éducatif du pays, notamment dans les études supérieures. Cette austérité budgétaire, en réalité imposée par le CCE (Conseil Créancier d'Estalie - composé des détenteurs de la dette publique estalienne principalement), mis le feu aux poudres dans les universités et le reste du mois d'août fut agité par des manifestations étudiantes massives. Le Parti Populaire Estalien, alors présent dans la clandestinité depuis 2005, réussit aisément à rallier les masses et malgré des protestations généralement publiques, la police royale est incapable de réprimer ces manifestations publiques d'un parti pourtant illégal. Malgré l'ascension politique de ce parti qui pourrait bien utiliser les masses pour prendre le pouvoir par la force, le gouvernement libéral de Schetosky, alors Premier Ministre depuis Avril 2013 suite à la démission de son prédécesseur, refuse de mobiliser l'armée. Le Premier Ministre se refusait en effet à réprimer par le sang des étudiants et de transformer l'Estalie en dictature.

Photograhie d'un char de l'armée royale estalienne durant le Coup d'Etat du 10 Septembre.

Face à l'indécision de Schetosky, les éléments conservateurs et nationalistes du pays se retrouvaient affolés face à l'instabilité des grandes villes. Le gouvernement de Schetosky était détesté de tous, de la gauche jusqu'à la droite. Or, la droite conservatrice voyait alors la recrudescence des activités du PPE comme une menace claire envers la monarchie auquel les conservateurs étaient très attachés. Cette frange conservatrice était particulièrement virulente chez les hauts gradés de l'armée royale. Le 4 Septembre 2013, un militant anarchiste, Léon Hugaski, est tué accidentellement par les forces de la police royale et le lendemain de la mort de Hugaski, celui-ci est alors déjà érigé en martyr par les manifestants. Le 5, près d'une centaine d'extrémistes anarchistes armés d'armes contondantes réussissent à percer le dispositif de la police autour du Parlement de Mistohir et parviennent brièvement à entrer dans l'hémicycle. L'entrée des anarchistes n'est pas une coïncidence anodine : au moment où les anarchistes entrèrent, ils interrompent alors une procédure de vote visant à accroître les pouvoirs de l'armée royale en cas de crise intérieure grave (une disposition alors absente de la Constitution de 1905). L'image est marquante : un citoyen lâchant une fumigène juste devant la tribune du Premier Ministre avant de crier "Plutôt mort qu'enchaîné !" en direct à la télévision devant toute la nation. C'est un coup politique mais aussi médiatique absolument magistral qui provoque un redoublement de l'intensité des manifestations. Celles-ci ne se contentent plus d'étudiants protestant contre l'austérité budgétaire et l'immobilisme gouvernemental mais c'est bien tous les corps sociaux du pays qui commencent eux aussi à descendre dans la rue. Le 8, face à une telle agitation et une demande accrue d'adhésions au sein du PPE, Pyotri Husak énonce un discours à Pendrovac, en face de la statue du Mémorial de la Bataille de Pendrovac. Ce discours est volontairement anti-monarchiste et anti-capitaliste, désignant le secteur de la finance, les banques, la haute finance internationale et les bourgeois comme la cause première de la souffrance du prolétariat. Sans inciter explicitement à prendre les armes, Husak calomnie entièrement la monarchie et le Parti Libéral qui "devront répondre de leurs actes devant le peuple libre d'Estalie". C'est ce discours qui va provoquer la réaction d'une armée royale alors attentiste.

Le 10 Septembre, le général Rudaviak, dirigeant la 2e Brigade mécanisée, proclame un pronunciamento à l'encontre du Parti Libéral qu'il accuse d'immobilisme. Ce manque de réaction et de ligne directrice claire laisse la place au PPE que Rudaviak estime comme une force terroriste subversive qui ne cherche qu'à provoquer la guerre civile dans la terre sacrée des Estaliens pour le compte d'organisations extrémistes étrangères. Les blindés de l'armée royale entrent dans la capitale et après quelques brefs affrontements avec la Garde Parlementaire, le général Rudaviak entre dans le Parlement et proclame un gouvernement militaire provisoire qui, au nom de Sa Majesté d'Estalie, se chargera de rétablir l'ordre public dans les grandes villes et d'exterminer la menace anarcho-communiste par tous les moyens envisageables.

Photographie de soldats royaux subissant un échange de tirs dans les rues de Mistohir en Octobre 2013.

La répression qui s'ensuit est violente. Les deux semaines qui suivent le Coup d'Etat, l'armée royale ouvre le feu à plusieurs reprises sur les manifestants et tue en quelques jours plusieurs centaines de personnes (environ 850 personnes selon certains organismes humanitaires indépendants). Malgré une répression féroce et l'incarcération de milliers d'opposants politiques, en partie des anarcho-communistes mais aussi beaucoup de libéraux refusant tout bonnement que leur pays ne devienne une dictature militaire, Rudaviak a du mal à consolider son pouvoir. Le Roi Svelaskia Ier, sans renier le général, ne semble pas vouloir s'associer à lui et à part une clique militariste triée sur le volet, la loyauté de l'armée royale est plus que douteuse tandis que son soutien populaire est inexistant. Le coup mortel au régime de Rudaviak se produit le 24 Octobre lorsque la 1ère Brigade Blindée fait défection, fait pendre en place publique les officiers loyaux à Rudaviak et fraternise avec les manifestants dans la ville de Suvishir. La nouvelle entraîne une réaction dans tout le pays : d'abord à l'est puis progressivement d'est en ouest, les soldats fraternisent avec les citoyens et refusent de se plier aux ordres de leurs officiers. Le 30 Octobre, Husak appelle enfin à la Révolution dans un discours télévisé mémorable au Parlement de Fransiviac, alors complètement ralliée à l'opposition anti-Rudaviak. En quelques jours, c'est la déroute pour les loyalistes : les forces armées se rallient aux manifestants et Mistohir, que Rudaviak comptait fortifier, est infiltrée par des commandos du PPE qui s'infiltrent rapidement dans le Parlement et assassinent Rudaviak et une partie de ses fidèles. Alors que le 2 Novembre, le drapeau anarchiste flotte sur le Parlement, le Roi Svelaskia Ier fuit la capitale et Husak proclame le lendemain la Fédération des Peuples Estaliens dans un hémicycle rempli de citoyens, d'ouvriers, de soldats et de paysans armés jubilant d'enthousiasme à la proclamation d'Husak.

Or, comme nous le verrons bientôt, cette déclaration ne sera que le début des problèmes pour l'Estalie.
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"Ce que vous représentez n'est qu'une utopie. Il n'y a ni anarchisme, ni anarcho-communisme ni même marxisme. Il n'y a que anarchie sur ces terres et vous, représentants de ce désordre, en êtes les illustres bâtisseurs."

Pyotr Sargakov.

Photographie d'une allée marchande de Mistohir au lendemain de la Révolution de Novembre.


Le lendemain de la Révolution du 3 Novembre ne s'est pas fait dans une soudaine accalmie et pour cause, la Révolution ne semblait pas terminée alors qu'elle semblait, aux yeux d'Husak, s'achever par la glorieuse victoire du prolétariat. Husak devait sûrement lourdement se tromper ou être trop hâtif dans ce qu'il a interprété comme un rejet complet de l'ordre ancien par la population estalienne et l'aboutissement d'un ordre anarcho-communiste dont il serait aux premiers rangs. Pourtant, l'ordre ancien n'a pas disparu du jour au lendemain et les mois qui suivront seront certainement la conséquence de cette vision biaisée de la situation réelle de l'Estalie.

Que s'est-il donc passé après la prononciation de la Fédération des Peuples Estaliens par Husak au Parlement de Mistohir ? Dans un premier temps, l'acclamation de la nouvelle dans toute la nation, du moins dans sa majorité. En effet, partout dans les grandes villes, des communes anarchistes avaient étés proclamées et l'autogouvernance avait été déclarée par des groupes disparates de militants ayant pris le contrôle des mairies et des places publiques des différentes grandes villes du pays. De ce fait, lorsque la Fédération fut proclamée, personne ne s'attendait à ce que se concrétise une force de centralisation venant de Mistohir, beaucoup estimant par principe que l'Etat avait été aboli par la Révolution. C'est sans compter Husak qui avait déjà élaboré depuis plusieurs années sa propre conception et interprétation de l'anarchisme qu'il nomma amicalement l'Anarchisme Renouvelé officiellement mais qu'il nomme plus communément l'anarchisme estalien. Cette vision de l'anarchisme était alors encore marginal il y a quelques mois de cela au sein de la gauche radicale estalienne, beaucoup restant accrochés aux principes traditionnels de l'anarchisme ou de l'anarcho-communisme mais depuis la prise de pouvoir de Rudaviak et le recentrement idéologique autour du PPE, seule structure politique et d'opposition sérieuse au régime militaire royal, l'anarchisme estalien a pris une certaine ampleur chez les nouveaux adhérents du PPE et ses principes sont passés d'une adhésion de niche à une adhésion étendue à la majorité du parti lorsque Husak prononça son discours à Mistohir. Pourtant, après la proclamation, le Parti Populaire Estalien était devenue la seule institution politique organisée du pays et en quelques jours, on assista à une vague massive d'adhérents provenant de toute la gauche estalienne, largement majoritaire au sein de la population. Si cela renforce évidemment la légitimité du parti, cela créa des complications idéologiques à l'intérieur même du parti. Celui-ci n'était plus complètement uniforme et comportait alors des anarchistes estaliens mais également des marxistes, des léninistes, des stalinistes, des anarchistes traditionnels, des anarcho-communistes, des socialistes ou encore des sociaux-démocrates. En bref, beaucoup de mouvements de gauche qui n'avaient pas, dans la plupart des cas, le même avis sur la plupart des sujets de société.

Déclaration de l'Anarchisme Renouvelé de Pyotri Husak a écrit :A l’attention des travailleurs, paysans, ouvriers, soldats et autres marginalisés du monde, déclarons la liberté pleine et totale de la race humaine sur celle des oligarques capitalistes qui asservissent nos frères et sœurs sans états d'âme. Déclarons ici les principes fondamentaux de l’Anarchisme Renouvelé, celui qui libérera l’Humanité de ses fers, de la guerre et des souffrances causées par l’égoïsme d’une poignée de rejetons de l’Humanité, celui qui mènera au nom de tous les Hommes et toutes les Femmes la lutte finale, la dernière des guerres afin d’obtenir une liberté complète et absolue de l’Homme. Déclarons les points suivants :

1. Face à la puissance démesurée de l’Etat capitaliste, il doit être combattu par les mêmes armes avec lesquelles le Prolétariat est martyrisé. L’Etat, de nature anarcho-communiste à sa base, doit promouvoir une forte décentralisation et une autonomie générale des villages et villes tout en s’accordant les pouvoirs régaliens principaux dans des perspectives de défense et de stabilité intérieure. L’Etat doit pouvoir se constituer sur un modèle fédéraliste pour pouvoir exister en toute cohérence.

2. L’Etat doit être militariste pour exister. Il ne peut exister une quelconque forme de pacifisme dans un monde où deux États coexistent, il est du devoir des travailleurs de fournir les moyens nécessaires afin de défendre son foyer et celui de ses camarades travailleurs.

3. Le troc et l’économie du présent sont des moyens primitifs de mener à bien la lutte internationale pour sauver nos frères et sœurs à travers le monde. Nous devons donc être prêts à conserver une monnaie comme valeur d’échange sociale véritablement utile, tant que son contrôle soit laissée au vœu démocratique commun.

4. La démocratie directe est la plus pure des libertés politiques qui puissent être apportées à l’Homme. Les formes de démocraties indirectes comme la démocratie représentative ne sont, dans une certaine mesure et sans contrôle populaire concret, une perpétuation des aristocraties qu’elles soient de sang ou ploutocrates.

5. Le salariat est une forme d’exploitation similaire à l’esclavage. C’est un esclavage économique moderne qui, par sa subtilité, ose faire croire à ses adhérents à la liberté des salariés alors qu’elle n’est que la continuation de l’esclavage moderne dans un rôle de dictature parfaite où la masse se croit libre alors qu’elle est en réalité esclave.

6. Le patriotisme, le nationalisme et le libéralisme sont les poisons qui mènent aux massacres des peuples, guident les Hommes vers les chemins de la guerre éternelle, créant des frontières artificielles entre les membres d’une même espèce.

7. L’industrie est le seul moyen pour la cause de l’Humanité d’avancer, elle permet la production en masse des outils qui serviront à l’avenir à la libération de nos confrères du joug capitaliste tyrannique et oppressif.

8. Aucun patron ou supérieur n’est en droit de disposer du temps et de la vie de ses subordonnés, aucun concept ne peut justifier qu’un homme soit supérieur à un autre au sens hiérarchique, chaque travailleur doit pouvoir apprendre à se gérer soi-même afin de reprendre le flambeau de ses camarades si ces derniers venaient à faillir.

9. L’individualisme au sens personnel pousse à l’égoïsme et donc au péché capitaliste. L’égoïsme détruit les relations humaines comme elle pousse à la guerre de tous contre tous, un prolongement indirect de l’état de nature. C’est au collectivisme de régner dans le monde civilisé car l’Homme est un animal politique et social, il ne peut avancer sans l’assistance de ses compères.

10. Aucune race, aucune langue, aucune religion, aucune ethnie, aucune culture, aucune moeur et encore moins aucun sexe ne peut être discriminé, marginalisé, censuré ou réprimé. L’Humanité ne fait qu’un et l’acharnement sur les différences individuelles est un combat futile qu’il convient de dépasser si l’Homme souhaite un jour pouvoir vivre en paix. L’anarchiste renouvelé n’est aucunement anti-religieux, il respecte les croyances de chacun, fait preuve d'ouverture d'esprit, ne remet pas en question l'hypothèse d'une existence divine et les met à pied d’égalité aux yeux de la loi commune et universelle.

11. L’héritage est une continuation absurde de l’aristocratie terrienne et financière qui domine et asservit le monde. Elle détruit des familles entières, perpétue les inégalités sociales et mène au déracinement des peuples. Or, le déracinement entraîne l’aliénation et donc l’esclavage des masses face à un potentiel tyran.

12. La famille traditionnelle est, force est de le constater, le modèle le plus sain que l’Humanité ait pu créer jusqu’alors. Elle doit être protégée des volontés décadentes et destructrices du libéralisme progressiste qui n’est autre qu’un passager clandestin dans la lutte de la liberté de l’Humanité vis-à-vis de l’ogre capitaliste. La famille doit être protégée des vices que le monde moderne tente de lui asséner, notamment l'ultra-consumérisme, la destruction du moralisme et l'encouragement légal au divorce.

13. Chaque être humain, même le plus vile des capitalistes ou un de ses soutiens, reste un être humain. Il doit être traité dignement une fois rendu ou capturé à nos glorieuses troupes, nous devons nous montrer dignes afin de constituer l’exemple phare sur le monde entier. Nous devons faire preuve d'exemplarité quant aux sorts des vaincus s'étant opposés à la Révolution afin de préserver des vies et conserver la dignité de notre cause que nous voulons juste et noble.

14. L’éducation est le bien le plus précieux de l’Homme qui le différencie du reste du monde animal, l’éducation doit être laïque, gratuite, universelle et obligatoire pour l’ensemble de nos confrères car c’est la connaissance et le capital humain qui assure à l’Homme sa liberté en toutes circonstances, même en cas de défaite, et qui le pousse jusqu’aux derniers retranchements les plus ingénieux pour défendre ce qui est juste.

15. Notre cause est internationale et totale, aucune parcelle de terre de notre belle planète ne doit échapper à la vague rouge, notre guerre contre le capitalisme sera totale, mondiale et acharnée. Le monde capitaliste tremblera au simple retentissement des manifestes publiés au sein du monde ouvrier qui se lèvera et se soulèvera contre l’oppression capitaliste.


Le 4 Novembre, afin de clarifier ses intentions quant à la déclaration de la Fédération des Peuples Estaliens, Husak publiera la Déclaration de l'Anarchisme Renouvelé qu'il prendra soin de faire imprimer et de diffuser aux quatre coins du territoire. La Déclaration fait immédiatement polémique, de façon positive dans certains lieux mais fait aussi de nombreux mécontents, les anarchistes traditionnels en premier lieu. En effet, Husak semblait condamner toute forme d'individualisme trop fort alors que l'individu anarchiste est profondément individualiste, les anarchistes pointant donc les incohérences des idées d'Husak qui défend au Congrès du Parti ses idées avec véhémence. Sur le cas de l'individualisme, il estime que l'individualisme politique est une incarnation en soit du capitalisme car il perpétue l'égoïsme qui fait la force des structures capitalistes. Dans une société autogérée, selon Husak, c'est l'autonomie au travail qui prime mais en aucun cas les intérêts politiques personnels de chacun. Une formule reviendra souvent d'ailleurs dans les discours d'Husak pour défendre ses principes :

"Individus lorsqu'il s'agit de manger, collectivité lorsqu'il s'agit de voter."

Autre point qui attire beaucoup la discorde et qui a donné quelques craintes aux plus modérés (donc les socialistes, les sociaux-démocrates et les quelques anciens libéraux), c'est le ton très militariste de l'idéologie d'Husak. Pour Husak, contenter l'anarchisme à des frontières n'a pas de sens car la volonté de l'anarchisme est bien internationale et doit englober l'ensemble de l'Humanité et ne doit exclure personne : le nationalisme et la division des frontières étant le vice qui pousse les Hommes à s'entretuer depuis la nuit des temps, Husak estime qu'il faut exporter la Révolution pour que l'anarchisme aboutisse. Si la plupart des anarchistes sont d'accord sur ce point, les sociaux-démocrates et les socialistes pointent le côté va-t-en-guerre à peine voilé d'Husak qu'ils voient déjà comme le futur bourreau qui enverra des milliers de compatriotes estaliens sur la ligne de front pour aller se faire massacrer au nom de Dieu sait quel dessein politique. Enfin, le côté militariste en lui-même gêne aussi les anarchistes, ceux-ci estimant au contraire que l'armée perpétue naturellement une structure hiérarchique autoritaire qui ne convient pas aux principes anarchistes. Husak y répond par un argument logique assez simple : comment voulez-vous combattre les puissances organisées du capitalisme avec une force armée de citoyens volontaire sans organisation cohérente ? Le ton militariste d'Husak se veut plus utilitaire que politique : il convient que l'armée ne convient pas à l'anarchisme mais il sait aussi que sans armée, c'est bien les puissances voisines qui en profiteront, il n'est pas crédible de confier des affaires aussi sérieuses que la défense à des volontaires élus comme dans les communes anarchistes d'autrefois car ce système est voué à la désorganisation, à l'absence de cohésion militaire et à une absence de planification militaire qui est pourtant essentielle dans toute guerre. Enfin, aucune armée ne signifie qu'un bref entraînement ; or, sans entraînement, dans la guerre moderne, le soldat moyen est voué à se faire pulvériser.

Si d'autres points sont soumis à débat, ce sont ici les principaux points de discorde mais pour l'essentiel, au sens strictement politique, la Déclaration reste bien accueillie puisqu'elle devient alors la base des principes sur laquelle se base la majorité des adhérents du PPE dans les jours qui suivent.


Pourtant, tout le monde n'est pas d'accord et les dissensions se produisent avant même que la Fédération ne concrétise sa propre existence. Le 8 Novembre, le maire de Fransoviac, Potokovac, s'exprime à la télévision et donne son propre avis sur la question de la Déclaration d'Husak. Pour lui, s'il s'était franchement déclaré attaché à la cause socialiste au cours des événements précédant la Révolution, il fit volte face et déclara que les idées d'Husak étaient dangereuses pour la vie des concitoyens estaliens car cette idéologie pousserait à terme les Estaliens à se militariser massivement pour des populations étrangères qui n'en valent pas la peine. Potokovac argument alors qu'il faut se recentrer sur les choses essentielles : la dette publique, le chômage, le déficit budgétaire, le manque de personnel administratif suite à la Révolution. Potokovac estime qu'il faudrait d'abord penser à revitaliser l'économie nationale et sortir les travailleurs estaliens de la rue avant de penser à "chanter la Révolution à tout bout de champ et se comporter comme un déchet humain" Si une partie de la population se reconnaît dans le discours de Potokovac, notamment les populations orientales qui ont le plus soufferts de la crise de 2012, une autre partie crie à la trahison. Dans l'esprit de beaucoup de révolutionnaires, Potokovac était un socialiste attaché à l'organisation d'un Etat socialiste mais après son discours, Potokovac va enraciner son point de vue dans le Fransoviacski, le journal le plus lu de la grande métropole orientale :

Article du Fransoviacski de Sergei Potokovac a écrit :Ce que je vois comme avenir de l'Estalie n'est autre qu'un rétablissement de nos institutions dans un cadre républicain. La Révolution a été une bonne chose pour faire avancer notre pays et expulser à la fois un libéralisme trop laxiste et un autoritarisme militaire qui transformait notre beau pays en dictature totalitaire. Je conviens que la monarchie est un régime obsolète et doit être remplacée par une structure républicaine forte avec un Président de la République avec un fort pouvoir exécutif afin de mener notre nation sur une ligne mieux définie et éviter que l'ordre public s'effondre.

[...] Husak n'est autre qu'un extrémiste à mes yeux. Il manque de réalisme politique et sa détermination à imposer ses idées à toute la nation est d'une stupidité affreuse. En quoi notre pays, libéral par nature depuis que Paradykov Ier ait décidé d'écraser la noblesse, aurait besoin de prendre un tournant extrême où la loi du plus fort domine ? Husak est un militariste, un expansionniste et un belliciste de première classe pour qui ne compte que la lutte extérieure contre un capitalisme qui s'avère être le régime économique vers lequel tend la totalité des tissus productifs au fur à mesure. Le capitalisme possède ses dérives et ses vices, c'est incontestable mais nous pouvons le réguler et remplacer ses vices par des avantages à travers des politiques socialistes mais en aucun cas par le militarisme exacerbé d'Husak et du Parti Populaire Estalien.


L'article, paru le lendemain encore à la Tribune du Peuple, est lu par la grande majorité du pays. A l'est, Potokovac est acclamé pour sa modération et son réalisme politique issu de sa longue expérience de maire de Fransoviac. A l'ouest, c'est d'un dédain extraordinaire que des photos de Potokovac sont brûlées par des foules en colère, des rixes éclatent en ville entre partisans d'Husak (ou des non-alignés) contre les partisans de Potokovac.


On pourrait déjà penser que la nation est déjà suffisamment divisée comme ça entre les groupes disparates de loyalistes souhaitant le retour de la monarchie, les anarchistes estaliens d'Husak, les autres mouvements radicaux de gauche non-alignés et les libéraux de Potokovac. Et pourtant, un autre acteur va entrer en scène à partir du 15 Novembre alors que l'ombre d'une guerre civile entre les héritiers de la Révolution semble planer sur toute la nation estalienne.

Le 15, dans la caserne de la 1ère Brigade Blindée, désormais bien connue pour abriter un grand nombre de soldats sympathisants de la Révolution, un général s'étant rallié au lendemain du Coup d'Etat de Rudaviak, se présent à la tribune d'une des grandes casernes de la brigade : le général Pyotr Sargakov. Celui-ci commence son discours par une citation issue d'un poète estalien, ce qui attire immédiatement l'oeil du reste de la troupe :

Messieurs. Les fleurs fanent, le ciel menaçant nous profane et Skirya nous affame.

La citation n'est pas anodine : cette phrase provient du poète Pyotr Lugaski, célèbre poète estalien du XIXe siècle qui faisait référence à un récit mythologique de la religion païenne estalienne. Skyria, Dieu des Cieux, décida de condamner les Huliotes (un peuple mythologique, excellents guerriers et protégés du Dieu de la Guerre) à la famine et au désespoir suite à la profanation d'un temple dédié à Skyria. Pour cela, Skyria fit pleuvoir des torrents de pluie sur les champs huliotes qui balayèrent tout sur leur passage, y compris les roses rouges qui faisaient partie intégrante du rituel de reproduction des Huliotes et le mariage de leurs couples. Sans roses et sans nourriture, les Huliotes disparurent peu après. Cet épisode mythologique a été abondamment réutilisé dans un discours célèbre de Paradykov Ier à Gardinov en 1871 et aujourd'hui, pour tout bon Estalien qui est déjà allé à l'école, la prononciation de ces mots signifie de façon symbolique que la situation est grave.

Sargakov continue alors son discours en énonçant le triste tableau de la nation estalienne divisée et prête à s'entretuer dans un bain de sang monstrueux. Il pointe rapidement Husak comme un fautif évident de cette situation, estimant que celui-ci mène à la discorde par l'absence de compromis et par son radicalisme politique qui ferait pâlir Bondarenko lui-même, le fondateur du PPE. Il estime de surcroît que Husak incite à une autogestion qui ne mènera selon lui à la destruction de la nation estalienne dans une guerre civile affreuse et certainement au retour de la monarchie. Husak serait donc trop faible et ses tendances de décentralisation sont, pour lui, une menace à la préservation des acquis de la Révolution. Il n'est pas plus tendre avec Potokovac qu'il ne considère au mieux comme un traître à la cause révolutionnaire et au service des lobbies capitalistes privés qui se rabattent sur le maire de Fransoviac comme ultime espoir de ne pas voir leurs investissements disparaître tout bonnement et simplement dans un Etat révolutionnaire qui abolira certainement la propriété privée.

Sargakov représente ni plus ni moins que la tendance autoritariste et conservatrice de la Révolution : sans remettre en question l'idéologie prédominante qui a mené à la Révolution, il estime la décentralisation comme un moyen de démanteler la cohésion des peuples estaliens. Pour lui, l'Etat doit être ferme pour rétablir l'ordre et l'armée, du moins ce qui reste des structures de l'armée royale, doit prendre les rênes et écraser la contre-révolution que Sargakov estime proche et inévitable tant que Husak reste au pouvoir du PPE. Le 18 Novembre, Husak fera d'ailleurs une déclaration à la Tribune du Peuple selon laquelle il estime que le Parti Populaire Estalien devra à terme être dissout pour laisser place à ce qu'il nomme des clubs politiques au sein d'un grand Congrès socialiste et révolutionnaire où le principe de parti ne sera plus, considérant les partis comme des structures à volonté de croissance et non dans un but premier de servir les principes qu'ils sont sensés défendre, ce qui est selon lui une perpétuation des comportements capitalistes et surtout une entrave à la vraie démocratie.


Trois grandes factions révolutionnaires semblent donc se former au cours du mois de Novembre et des jours qui suivent et tandis que ces factions cherchent à faire prévaloir son propre mode de pensée, les esprits s'embrouillent, la discorde s'installe et le soutien populaire est sacralisé pour rallier le plus de partisans possibles. Et tandis que la Révolution cherche une raison dans son existence tant elle a été unanime à son départ et brutale dans son application, les contre-révolutionnaires aiguisent aussi leurs lames, dans l'ombre.
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"Syndicalistes, communistes et autres anarchistes, qu'ils aillent tous en enfer. Dieu et le Roi nous sauveront de leur dégénérescence et de leur parasitisme."

Citation anonyme pro-royaliste estalienne.


Les Purges de Fin Novembre :

Il était invraisemblable qu'après la Révolution et le déroulement de celle-ci, tout devait se conclure par la négociation, la paix et l'entente mutuelle tant la divergence des points de vue s'est avérée drastique en quelques semaines seulement dans une nation autrefois unie sous la figure d'un Roi et désormais orphelin, sans figure paternelle qui puisse le guider tant ces figures semblent émerger et créer la polémique plus que l'unité au sein du peuple. Le sang devait couler, c'était la seule alternative possible pour que l'Estalie survive et ne soit pas reléguée au tiers-monde. Ce sang devait être versé de façon pragmatique et de la façon la plus économe possible, les Estaliens ne peuvent pas s'entretuer en permanence. Par contre, massacrer les quelques noyaux durs de la discorde et de la désunion, voilà un choix intéressant.

Alors que la division entre les factions héritières de la Révolution voyaient le jour, un nouvel évènement va mener à une augmentation significative de la violence sur le territoire estalien dans un pays où depuis Septembre maintenant, il n'y a plus un jour sans une rixe, une fusillade ou un lynchage collectif dans les rues. Le 20 Novembre 2013, sur la Place Paradykov, que les révolutionnaires comptaient renommer Place de la Révolution, alors que le syndicat des mineurs de Pendrovac avait fait une montée jusqu'à la capitale auprès du Parlement où siégeait le PPE, réclamant un versement des salaires que Pendrovaxite, l'entreprise gérant l'énorme mine de bauxite de la ville, ne pouvait plus verser, un évènement se produisit. Alors que les tambours battent et que les mineurs réclament l'institution d'un gouvernement révolutionnaire qui doit nationaliser Pendrovaxite, une explosion se produisit au milieu de la place.

Photographie datant du 21 Novembre d'un immeuble adjacent à la Place Paradykov.

L'explosion est d'une violence atroce. Les experts retrouveront peu après un mélange peu commun de nitrate d'ammonium et de nanothermite, généralement utilisé dans le secteur du bâtiment pour la destruction. Encore maintenant, le bilan humain de l'explosion est encore approximatif mais les unités de pompiers présentes sur place ont estimés au bas mot 900 victimes. L'explosion a été si violente qu'elle a provoqué de nombreux incendies dans les rues adjacentes. Rapidement, le lendemain, un commanditaire avait été trouvé : le Front de Libération Skoviliosnovite (FLS). Ce front de libération n'est autre qu'une organisation sommairement mise en place au lendemain de la Révolution et rassemblant la totalité des partisans conservateurs de la monarchie et des quelques libéraux monarchistes ralliés à la cause royale. Ce front, resté très silencieux jusqu'à là, s'est rapidement radicalisé au fil du temps en constatant que les factions officielles de la Révolution menaient par leur factionnalisme à la guerre civile et au massacre de leurs concitoyens. La stratégie du FLS consistait donc à mettre le feu aux poudres, mettre la responsabilité de ce massacre sur le dos du PPE, incapable de défendre la Révolution et donc d'en faire réagir les factions conservatrices et libérales de la Révolution contre les anarchistes husakiens. Pourtant, l'acte impardonnable du FLS va donner une occasion en or à Husak : celle de faire le grand ménage.

Le 22 Novembre, alors que les forces armées sont mobilisées pour débusquer le FLS, Husak rencontre le général Sargakov à Mistohir. Conscient qu'il a besoin de la loyauté de Sargakov dû à son aura et sa popularité au sein des forces armées ayant survécus et s'étant joints à la cause révolutionnaire, Husak savait certainement que Sargakov était à la fois le plus proche de ses rivaux sur le plan idéologique et sur lequel il serait certainement capable d'émettre des compromis satisfaisants entre le PPE et les forces conservatrices révolutionnaires. Aucun accord officiel ne fut conclu à la suite de cette réunion, les journalistes des médias de Mistohir tentèrent d'interpeller les deux hommes en sortie de réunion mais aucune déclaration officielle ne fut faite. Dans un excès d'orgueil, Potokovac ira même jusqu'à déclarer :

"Incapables de se mettre d'accord, ces chiens de communistes établiront la guerre civile et le totalitarisme sur nos terres. Tels des enfants insatisfaits de leurs jouets, ils en gaspilleront le sang du peuple pour leurs véhémences personnelles."

Cet orgueil ne fut pas très serviable à Potokovac. Le 24, alors que Potokovac venait de faire passer un décret à sa ville de Fransoviac en établissant une milice citoyenne afin de fournir une force armée indépendante à sa ville maîtresse, un coup de force se produit alors. Les chars de la 1ère Brigade Blindée, après avoir fraternisé il y a moins d'un mois avec les habitants de la ville, franchissent les barricades qui subsistent depuis la Révolution et écrasent ces dernières sous les chenilles de leurs blindés. Toute la journée, les miliciens républicains affrontent les chars de la brigade dans des combats violents et sanglants. Il semblait que Sargakov avait ordonné à la brigade de saisir la ville et d'éliminer les éléments subversifs républicains menés par Potokovac. Les affrontements sont d'une rare violence pour cette ville qui n'a connu autrefois que la prospérité économique et une activité culturelle immense : les chars écrasent les tables des bistrots, pulvérisent les magasins à coups d'obus HE tandis que les fantassins tirent à vue en pleine rue, tuant sans distinction miliciens et civils.

Photographie d'immeubles du quartier des affaires de Fransoviac durant la bataille de Fransoviac.

La ville étant encerclée, les possibilités de fuite sont avortées par les troupes conservatrices qui empêchent la population de fuir les combats et après deux jours de combats acharnés où les miliciens républicains tentèrent tant bien que mal de fortifier les rues du centre-ville, désormais ultime bastion des fidèles de Potokovac, les unités mécanisées de la brigade percent au prix de lourdes pertes le dispositif adverse et prennent la mairie de Fransoviac. Potokovac ne résiste même pas à son arrestation et la prise de la mairie mène rapidement à l'arrêt des combats, la plupart des miliciens se démoralisent assez vite et se rendent aux unités militaires. Le 26, Sargakov annonce à la télévision l'arrêt des combats et déclare que les rebelles capitalistes ont étés écrasés dans le sang, la Révolution est ainsi préservée d'être détournée de son but initial qui était de servir le prolétariat et le peuple, non de contenter les créanciers internationaux de l'Estalie.

Le 27, dans une capitale désormais attentiste et toujours aliénée par l'attentat de la Place Paradykov, Potokovac est amené à l'ancien bâtiment de la Cour Suprême pour être jugé devant un tribunal révolutionnaire composé de différents cadres du PPE mais également un jury populaire assez large regroupant la plupart des professions exercées dans l'économie estalienne. Le procès qui s'ensuit est rapidement qualifié de "porcès-spectacle" tant il a été rapide, peu écorché par le personnel juridique présent et que les chefs d'accusation n'ont pas tous su trouver leurs motifs légitimes. Néanmoins, il était évident pour la plupart des spectateurs du procès que Potokovac ne s'en sortirait pas indemne et que ses chances de disparaître étaient relativement élevées.

L'acte du procès du 30 Novembre 2013 a écrit :Attendu que le Tribunal Révolutionnaire de Mistohir n’a pas à donner acte de prétendus faits et propos antérieurs à la date de sa constitution et dont elle n’a pu avoir la connaissance directe ;

Attendu qu’il est sans intérêt de rechercher dans quelles conditions a pu être engagée une procédure de contumace, puisqu’elle n’a pas été suivie et que, dès son retour de Fransoviac et sa capture par les forces de l'ordre, l’accusé a été entendu plusieurs fois au cours de l’instruction ;

Attendu qu’il est vrai, qu’il est soutenu que cette audition n’aurait pas porté sur certains points que les conclusions spécifient ; que les témoins essentiels n’auraient pas été entendus ; que des documents n’auraient pas été retenus ni communiqués ;

Mais attendu que l’instruction préalable ne sert qu’à préparer l’examen à l’audience, aux résultats duquel les juges doivent édifier leur conviction ; qu’au cours des longs débats contradictoires, pendant lesquels il a été présenté d’abondantes explications au nom et en présence de l’accusé, celui-ci a répondu lui-même à l’interrogatoire d’identité, a fait une déclaration et a été invité à s’expliquer tant sur l’acte d’accusation que sur chacune des dépositions faites en sa présence ; qu’ainsi il a été mis à même de suppléer aux prétendues lacunes de l’instruction préparatoire ;

Par ces motifs :

La Cour, après en avoir délibéré,

Rejette les conclusions de donner acte présentées au nom de l’accusé ;

Au fond :

Attendu qu'il résulte des débats que M.Potokovac s'est rendu coupable par ses déclarations médiatiques, notamment dans les articles du journal sponsorisé par ses militants politiques, le Fransoviacski, de trahison envers les principes inhérents de la Révolution par le rétablissement d'une structure économique capitaliste qu'il souhaitait "réguler" et en démontrant par ses déclarations officielles son aversion pour l'idéologie prônée par la majorité des concitoyens de ce pays et qui ont permis à l'aboutissement de la Révolution ;

Que M.Potokovac a défié l'ordre en place et a mené à la dissenssion et à l'instabilité dans l'ordre public en organisation une milice privée dans la ville dans laquelle il était maire afin de résister par la force aux ordres d'arrestation qui furent prononcés contre lui ;

Qu'au lieu de se rendre aux autorités le jour même de l'entrée des forces de l'ordre dans la ville de Fransoviac afin d'éviter la confrontation militaire entre ses unités privées et les forces de l'ordre, l'accusé ait ordonné à ses troupes de résister le plus longtemps possible et donc de fuir à la justice de son pays ;

Attendu que dans les appartements privés de M.Potokovac, des correspondances ont étés retrouvés sur l'ordinateur portable de l'accusé où il est explicitement marqué que l'accusé avait des connexions privées avec de nombreux hommes d'affaires étrangers de la plupart des pays voisins à l'Estalie et que ce dernier aurait même garder des contacts avec de hauts fonctionnaires kartvéliens au sein du Ministère des Affaires Etrangères de ce dit pays pour inciter ce dernier à intervenir en sa faveur en Estalie et menacer la Révolution par l'établissement d'une république bourgeoise, capitaliste et oppressive sur les classes populaires ;

Qu'une note d'un certain M.Ailiot ait été retrouvé dans le bureau du maire de Fransoviac durant son arrestation, que les enquêtes de police ont revélés être le pseudonyme du chef du Front de Libération Skoviliosnovite qui est considéré par les autorités comme une organisation terroriste.

Par ces motifs,

Condamne Potokovac à la peine de mort, à l’indignité nationale, à la confiscation de ses biens.

Illustration de l'exécution de Potokovac, son exécution n'a jamais été filmée.

Potokovac sera exécuté le lendemain de son procès, à l'abri des caméras. Sa mort marque le déclin et la chute de la cause républicaine et tandis que les forces armées se recentrent désormais sur la lutte contre les forces contre-révolutionnaires du FLS, le PPE et le reste de la scène politique révolutionnaire voit dans cette exécution et la mort de Potokovac comme une rupture entre l'ordre ancien estalien et le nouvel ordre que la Révolution tente d'imposer sur toute l'Estalie. Le mois de décembre sera le temps des réformes, le temps des créations et le temps des lois, la Révolution peut enfin s'organiser après le bain de sang atroce qu'elle a fait couler dans les rues de ses villes.
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Encore un massacre digne des pires horreurs. La fusillade avait duré quelques minutes à peine, comme d'habitude et après que la fumée des combats retomba, l'odeur du sang et de la poudre se mêlait dans un flot inexplicable d'odeurs. Tantôt agréables pour les plus habitués, souvent désagréables pour le commun des mortels. En entrant dans la salle, remplie de cadavres, on se rend compte de la tuerie perpétrée. Sacré Bon Dieu, ils croyaient avoir une chance en nous tirant dessus ?

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Les fantassins de la Force d'Intervention Rapide de Mistohir entrèrent alors. Le massacre était horrible mais nécessaire mais par Dieu, tout ce sang devait il être versé ? On se rassure en se disant que ces contre-révolutionnaires méritaient leur sort mais ils étaient aussi Estaliens après tout. Pourquoi s'empêtrer dans une lutte idéologique alors que le pays sombrait un peu plus dans le désordre ? Alors même que ces hommes participaient à ce dit désordre ? Pour beaucoup d'Estaliens, la lutte antirévolutionnaire avait perdu son sens depuis bien longtemps maintenant. La chute de Potokovac, l'abolition de la monarchie, l'explosion de la place Paradykov, la dictature de Rudaviak. C'était beaucoup trop pour la plupart des Estaliens qui ne voyaient plus les partisans de la monarchie, pourtant pas aussi mal vue au début de la Révolution, plus qu'un facteur de déstabilisation qui empêtrait l'Estalie dans la pauvreté et la guerre civile. L'Estalie était déjà passée à deux doigts d'une confrontation ouverte tripartite, elle ne pouvait pas se permettre de sombrer davantage dans le chaos. Cela devait donc forcément passer par les armes.

3600 morts. C'est le bilan final fourni par les forces armées estaliennes du nombre de partisans ouvertement monarchistes et affiliés au FLS qui ont étés exécutés durant les opérations antiterroristes qui ont suivis la bataille de Fransoviac. Un vrai massacre et les renseignements estiment qu'il existe certainement encore des cellules en territoire estalien, une institution et peut-être un gouvernement royal en exil. Cependant, les révolutionnaires n'ont ni les moyens de traquer l'ensemble des monarchistes et ces derniers semblent avoir décidés de baisser la tête quelques temps. Peut-être dans l'espoir de se faire oublier quelques temps, qui sait ? Des interceptions d'émissions radios pro-monarchistes affirment que le régime révolutionnaire s'effondrera dans les semaines qui viennent, les monarchistes et le FLS doivent certainement se reposer sur l'idée que Husak et le PPE échoueront dans la stabilisation de leur régime par eux-mêmes et qu'il suffira au FLS de se présenter en héros au peuple estalien.


Ce peuple estalien, il nous regarde désormais. Après la mort de Potokovac, on se demande si l'alliance de circonstances entre Husak et Sargakov tiendra. On aurait pu penser que cette alliance était dirigée contre Potokovac puis contre les monarchistes mais l'élimination de ces deux menaces par la force des armes laisse un blanc dans les motifs de cette alliance fragile. Les deux forces sont importantes et sont assez similaires en termes de moyens militaires même si un certain avantage strictement militaire reste entre les mains de Sargakov. Les deux hommes pourraient très bien mener à la guerre civile, ils en ont les moyens. La disparition de l'ennemi commun pourrait tout briser. Pourtant, il semble que la solution ait été plus simple.

Les deux hommes avaient souvent tendance à discuter entre eux et il semblait que la raison d'Etat primait sur les idéologies personnelles des deux enfants de la Révolution. Husak était ouvertement anarchiste dans une forme militariste exacerbée et placé selon un point de vue estalien plutôt violent tandis que Sargakov était plus conservateur, plus proche de la ligne traditionnelle marxiste-léniniste, plus autoritaire et pour qui la démocratie était un élément de faiblesse alors qu'un parti unique pourrait apporter la stabilité à Sargakov.

Le second a finalement dû céder aux remarques d'Husak au bout de quelques jours, ce que les médias n'ont pas tardés à faire paraître, créant un climat de soulagement dans tout le pays.

Tribune du Peuple, commentaires de Sargakov a écrit :Nous avons discutés, pendant un long moment, avec M.Husak. Il y a des divergences entre lui et moi, nous n'avons pas le même projet d'avenir pour notre pays mais il m'a paru évident que cet homme était tout aussi aimant envers son pays que je puisse l'être. Il ne veut pas mener à un affrontement. Il n'y aura pas de bain de sang dans notre pays, plus maintenant. Celui-ci doit reconstruire, doit retrouver ce qu'il a pu perdre durant la crise et se relever de cette catastrophe dans laquelle nous sommes empêtrés depuis plus d'un an. Les travailleurs estaliens doivent être remis au travail, les chômeurs doivent pouvoir vivre de nouveau de leur labeur et la pauvreté doit être éradiquée. Quant à moi, je poursuivrais mon combat politique indépendamment de mes fonctions militaires, j'assurerais la défense et la sauvegarde de la Révolution. Nous avons su trouver un compromis sur ce point. M.Husak sera libre d'organiser avec le PPE le régime politique qu'il a promis aux Estaliens, tant que ces derniers y seront favorables. Et si M.Husak veut, à son bon plaisir, dissoudre le PPE comme il l'avait souhaité auparavant, je ne m'y opposerais pas et je m'inclurais pleinement dans le système politique qu'il tentera de mettre en œuvre. Tant que le peuple estalien accepte ce régime et son fonctionnement, je ne m'opposerais pas à M.Husak, tant que le peuple estime que cela doit être dans ses intérêts.
La fin de la lutte des factions et des évènements de Novembre-Décembre semble se conclure sur une note plus douce que prévu. Husak est laissé libre d'organiser le régime politique prévu avec les cadres anarchistes du PPE tant qu'il s'assure que Sargakov et ses partisans peuvent y faire valoir leur propre programme au sein de cette nouvelle structure. En soit, le principe du régime politique importe peu pour les deux factions car elles connaissent chacun les priorités du pays : avant de saisir le gouvernement, encore faudrait il qu'il y en ait un. Pourtant, depuis la Révolution, l'Estalie ne compte pas vraiment de gouvernement officiel. Le PPE est bien considéré comme épicentre de la Révolution et de son évolution mais l'apparition de nouvelles factions divergentes a compromis le leadership anarchiste sur la Révolution. Ainsi, l'administration et
l'appareil gouvernemental s'est rendu inapte à gouverner durant un moment. Les villes et communes s'organisaient par elles-mêmes, prenant pour acquis l'anarchisme traditionnel sans considérer forcément les directives d'un PPE sans grande autorité. La lutte entre les factions rendait aussi peu clair l'appartenance des anciens organismes et ministères de l'ancien gouvernement royal dans lequel certains fonctionnaires étaient restés après la Révolution pour assurer les services gouvernementaux essentiels. Le factionnalisme avait détruit le peu de ce qui restait de la fonction publique pré-révolutionnaire, beaucoup se retrouvant accusés d'être affiliés à tel ou telle faction ou parfois même aux monarchistes. Ce type d'accusations ne pouvaient mener qu'à l'exécution sommaire dans la plupart des cas.

Beaucoup de personnes sont mortes durant cette période troublée de la Révolution mais vers le 12 Décembre, Husak prit la parole afin d'annoncer la fin des troubles et le début de la structuration et de l'organisation de la société post-Révolution :

Discours du 12 Décembre 2013 à Mistohir a écrit :Mes frères et soeurs, aujourd'hui se lève une aube nouvelle sur notre pays.

Pendant plus d'un mois, alors que nous avions extirpés le tyran de son trône pour instaurer une société égalitaire et juste, des traîtres ont tentés de s'immiscer au sein de la Révolution. Ils ont voulus infiltrer celle-ci pour mieux l'étouffer ensuite en sabordant nos efforts pour faire aboutir la Révolution à son accomplissement premier puis en menant une imposture à grande échelle. Sous couvert de révolutionnaires, ces capitalistes ont voulus mettre en place une république bourgeoise, une république qui serait dominée par les mêmes exploiteurs qui ont menés notre pays à la ruine. Ils souhaitaient simplement garder le pouvoir...sous une autre forme ! Ils allaient retirer le pouvoir à nous, prolétariat et petites gens, qui avons versés notre sang dans les rues de notre propre pays pour acquérir notre liberté et briser les chaînes de l'exploitation bourgeoise et capitaliste ! Nous avons vaincus les traîtres, nous avons vaincus les tyrans réactionnaires et il est grand temps pour notre pays de panser ses blessures car une quête glorieuse l'attend que ce soit auprès de nos proches, auprès de nos concitoyens mais aussi auprès du monde entier.

J'annonce donc aujourd'hui la dissolution du Parti Populaire Estalien comme il était convenu et j'annonce la formation d'un gouvernement provisoire constitué des anciens cadres de ce même parti qui devront m'assister temporairement dans la tâche de définir ce qu'est la Fédération des Peuples Estaliens, émettre les premières mesures économiques d'urgence pour rétablir l'économie nationale et enfin reconstruire notre pays des plaies de la division et de la discorde entre les partis. Que ces temps durent nous servent de leçon : divisés, nous mourrons ; unis, nous régnons.

Vive l'Estalie et Vive la Révolution !

Propagande estalienne.
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