11/05/2017
16:09:39
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Un Sylvois et un Loduarien-Entre soldats, on se comprend.

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Il faisait nuit. Lorenzo attendait, sous l'ombre du bâtiment Loduarien. C'était une belle œuvre d'architecture. Elle datait de 1757, était encore debout, et appartenait à l'armée.
Ce bâtiment, c'était celui par lequel passait tous les militaires Loduariens. Ceux qui arrêtaient leur service, pour des raisons... Évidentes. Ce bâtiment était le dernier lieu de transit des soldats morts de la Loduarie.
Mais aujourd'hui, peut-être que la vie allait s'en échapper.

Lorenzo se situait dans la cour du bâtiment. Dans cette même cour, se situait, en rangés de 10 par 9, les cercueil des 90 marins Loduariens morts à bord du croiseur Geraert-Wojtkowiak. À l'opposé de l'endroit où il était, de l'autre côté de la cour, une porte s'ouvrit. Deux soldats posèrent à genoux un homme au mains liés derrière le dos, un bandeau sur les yeux. Les soldats lui enlevèrent le bandeau, puis ses menottes, et ressortirent par la même porte par laquelle ils étaient entrés.

Le prisonnier Sylvois pu constater le spectacle qui s'offrait à lui. Les cercueils, l'absence de lumière, et la sensation qu'un piège se refermait sur lui.
Alors Lorenzo s'avanca dans la lumière de la lune, marchant jusqu'à lui au milieu des cercueils.

J'aurais apprécié que nous nous rencontrions en des termes plus accueillants, plus amicaux. Mais votre pays ne me laisse pas le choix. Nous sommes à l'aube de beaucoup de choses, et il est possible que j'agisse un peu trop impulsivement. Mais c'est une question d'ordre international. Lorsque mon peuple est menacé, rien n'est trop grand.

Vous êtes concerné aussi. Votre peuple aussi est menacé. Votre avenir, de la manière la plus simple, est menacé. Celui de votre famille. De vos amis. De votre femme et de vos enfants aussi, peut-être.

Je vous ais fait venir ici pour une bonne raison. Je vous le dis, je n'ai pas le cœur à vous tuer.

J'ai besoin de votre aide.
Bernard n'était pour ainsi dire pas au sommet de sa forme, mentalement et physiquement. L'éjection en urgence qu'il avait dû faire lors de l'engagement avec le croiseur l'avait fait subir une très forte accélération et la chute dans l'eau, car c'était bien une chute à cette vitesse, avec tout juste assez ralenti par le parachute pour lui éviter l'étourdissement et noyade. Et la vie de prisonnier n'avait pas aidé.
Concernant son absence à venir pour les fêtes, ce n'était pas un souci en soi. Il n'était même pas prévu de retourner en Sylva d'ici là en vue du renfort transféré au Royaume de Teyla. Sa famille le savait, ce serait un Noël à distance. Mais apprendre que votre père, maris ou fils était prisonnier chez les loduarien et que l'on ignorait tout de son état était par contre une mauvaise nouvelle et l'idée de savoir que ses proches passeront la fin d'année dans l'inquiétude mettait particulièrement à mal le pilote.
Il était devenu un centre d'intérêt, un enjeu national, un composant de cet incident en pleine explosion. Il n'en avait pas spécialement et n'avait pas été préparé à ça. Il devait normalement rejoindre les forces teylaises, procéder à des exercices et maintenir cet habituel rapport de coqs et dissuasion. Un peu brut de décoffrage, la combinaison de stress et fatigue changeant quelque peu les ordres de priorité, il répondit :

"Bien, il semblerait que la stabilité internationale et la survie de nos nations justifie un effort de mon côté pour accepter de vous aider. Et accessoirement, je suppose que vos gars vont me coller des pains si je refuse. Qu'est-ce qu'il faudrait que je fasse ? Qui n'implique pas de mentir, idéalement. Comprendrez-vous que je ne peux pas m'y résoudre. Je ne peux pas déformer ce que j'ai vu quand j'étais aux commandes de mon jet en mission, et de toute façon, tous mes confrères auront vu la même chose. Dès lors je ne sais même pas quel intérêt vous auriez à me faire mentir.

Mais qu'importe, de quoi avez-vous besoin pour arrêter cette machine infernale ?"
Lorenzo secoua imperceptiblement la tête, l'air de compatir.

Je n'aurais pas pensé que vous accepteriez si facilement, pour être franc.

Vous avez de la chance, d'ailleurs. Si vous n'avez pas encore été fracassé par mes soldats, c'est parce que je leur en ai donné l'ordre.

Ce que je vous demande est simple. Étant donné que votre pays n'a pas jugé digne de vous envoyer un avocat pour vous défendre, comme nous leurs avions pourtant proposé, vous en aurez un Loduarien. Demain, à 15 heures, vous réaliserez avec cet avocat, une déclaration. Ce ne sera que de la poudre aux yeux, le coup de l'avocat.

J'ai besoin que demain, vous annonciez vous même vous constituter prisonnier de guerre après avoir appris la situation entre la Loduarie et votre pays, en cherchant à éviter que tant de gens meurent encore sous les coups de la guerre. Si vous acceptez, et que vous dites, ce en face du monde, que nous vous donnerons à dire, ou ce que vous voudrez dire vous même tant que cela est validé par les autorités Loduariennes, alors vous serez récompensés. Le 26, le résultat de l'enquête paraîtra, et ô surprise, vous serez innocenté.

Dans le cas contraire, si vous refusez, hé bien vous voyez ces cercueils sous vos yeux ? Ils seront bien plus nombreux. Et ce sera la même chose dans votre pays.
Et bien sûr, vous mourrez.
Bernard souria :

"Vous tenez à votre petite victoire politique, n'est-ce pas. Bien, j'ignore pour quelle raison le terme de "prisonnier de guerre" déchaine autant de passions.
Par contre, je n'ai pas dit que j'acceptais, je ne peux pas sans avoir de garantis. Non pas que je sois en position de négocier mais en l'état, rien n'empêcherait que je me déclare prisonnier de guerre (si tant est que mes déclarations aient de la valeur pour ce sujet) mais que vous me fassiez malgré tout condamner.

Je me doute bien que ce n'est pas dans votre intérêt de faire dégénérer les choses, mais il semble que les points de vue sur ce qui constitue un intérêt ou non diffèrent entre nos nations. Contexte culturel, politique, histoire ou que sais-je, je laisse les universitaires déblatérer sur ça. Moi je suis un pilote, j'ai conscience des enjeux géopolitiques et stratégiques quand je tire un missile mais ça s'arrête là.

Mais bref, donnez-moi une garantie que vous tiendrez parole et j'accepterais de me déclarer prisonnier de guerre."
Lorenzo le regarda d'un regard sévère.

Cela va bien plus loin qu'une simple victoire politique, monsieur Dulac. Il en va de la vie de milliers de personnes, dont des gens qui vous sont proches. Ni plus ni moins. Votre gouvernement s'est lancé dans un pari risqué. Si ils ne l'avaient pas fait, nous en serions pas là. Et peut être que vous seriez mort.

Il prit une pause, contemplant le ciel.

Je vais devenir père.

Alors il le regarda dans les yeux.

J'apprécierais que mon enfant vienne au monde dans un pays où la paix règne, qui n'est pas sinistré. Cela vous suffit, comme garantie ? Car c'est bien la seule fois de toute ma vie que j'ai fait ça.
Vous vous demandez si je vais tenir parole ? Je tiens toujours parole. Encore plus quand la vie de ceux que j'aime est en jeu. J'ai vu mes proches trop de fois mourir. Je ne laisserais pas cela se reproduire.
Le pilote était tenté de répondre quelque chose, mais aurait-ce été utile ? Les positions de chacun sont figées. Il espérait par ailleurs que la compagne de Lorenzo ne meurt pas, ou ne fasse pas une fausse couche. Cela aurait été malheureux et réduit à néant ses chances de s'en sortir, et peut-être même risquer la guerre. Sans détourner son regard des yeux du secrétaire, il approuva.

-Ça m'ira. J'espère que tout cela se déroulera sans accroc. J'ignore sincèrement jusqu'à où seront prêts à aller les têtes pensantes de Sylva. Bref, considérez que je suis d'accord. J'accepterai de me déclarer comme prisonnier de guerre et n'aurai pas spécialement d'autres remarques à faire aux journaux. Je compte sur vous pour qu'il n'y ai aucune surprise, quand bien même je sais que vous ne tenez pas à en avoir. Avons-nous autre chose à voir ?
Nous avons donc fini.


Lorenzo fit demi tour repartant dans la direction d'où il était venu.

Ne me décevez pas. Dans le cas contraire, je vous laisserai découvrir par vous même ce qu'il vous arrivera. Il y a des portes qu'il ne vaut mieux pas ouvrir, et en voici un bon exemple. Dormez bien. Oh. N'oubliez pas. Vous ne m'avez jamais vu ici.

Lorenzo ouvrit une porte, et rentra dans le bâtiment, laissant seul le soldat, au milieu des cercueils.
Puis les soldats qui l'avait accompagné revirent, avec leurs accessoires.

Quand le prisonnier fut emmené à sa cellule, il trouva un papier.


Choses à dire dans votre déclaration :
  • Vous vous constitutez prisonnier de guerre envers la Loduarie.
  • Vous réalisez cette action en connaissance de cause.
  • Vous vous pliez au résultat de l'enquête Loduarienne.
  • Vous acceptez votre destin.
  • Vous réalisez cette action dans le but d'empêcher, de votre plein gré, un conflit ouvert entre la Loduarie et votre pays. Vous fustigez votre gouvernement pour son choix qui va prendre de trop nombreuses vies pour un seul pilote.
Libre à vous de mettre de la garniture. Vôtre prise de parole sera surveillé. Toute tentative d'interaction par des moyens non connus par les services Loduariens se verra sanctionné.
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