Une IdéeDeux CheminsSprecherisme et SattlerismeLorsque Sigmund Kohl a posé les bases du Kohlisme à partir de 1924 dans "L'Autoritarisme au service du Peuple", il l'avait fait de façon si vague et si imprécise, (il considérait en effet qu'un homme seul, qu'importe l'étendue de ses connaissances, ne pourrait jamais théoriser un système totalement fonctionnel. Il reconnaissait volontiers ses lacunes sur bon nombre de sujets et refusait de les combler par des prises de positions et des paroles vides de sens.) se contentant de poser les fondations générales de son idéologie : le rejet de la liberté destructrice au profit de l'autoritarisme protecteur, l'égalité absolue et invariable et l'avènement d'une nouvelle civilisation, meilleure que toutes celles qui ont foulées la terre de notre monde jusqu'à aujourd'hui, fondée autant sur les valeurs primitives de l'Homme que sur le progrès technique et intellectuel qu'il a acquis.
Ainsi, il n'est pas étonnant qu'en quatre-vingt dix années, à l'instar du communisme, de l'anarchisme ou même du libéralisme, le Kohlisme a connu ses propres courants et variantes, différant par des positions opposées quant aux thèmes que Kohl n'avait pas abordé de son vivant ou même en reniant fondamentalement certaines positions du Kohlisme dans sa forme originelle. Au cours de l'histoire de la Rimaurie, deux courants se sont notamment distingués : le
Kohl-Sprecherisme,
National-Kohlisme ou
Kohlisme Dur, incarné par la figure de Leonhard Sprecher l'Immortel, cofondateur du Front Nationaliste qui a côtoyé Sigmund Kohl et s'est longtemps reposé sur ses idées bien qu'en y ajoutant un fort sentiment de nationalisme qui causera leur éloignement, et le
Kohl-Sattlerisme,
Alter-Kohlisme ou
Kohlisme Nouveau représenté par son successeur Friedrich Sattler et par la jeune frange du Front Nationaliste qu'il domine et fournira la base du Gouvernement de l'État Nouveau.
Ainsi, nous tenterons d'expliciter ici les différences et les oppositions entre les deux principaux courants du Kohlisme.
Extension du KohlismeSi Sigmund Kohl avait bel et bien posé les bases d'un nouveau système politique et économique basé sur l'autosuffisance et le partage strictement équitable des ressources et avait imaginé une nouvelle génération d'Hommes moralement plus pure que toutes les précédents, débarrassée de ses pratiques réactionnaires et de ses fausses croyances, le mettant ainsi à l'abri de toute jalousie ou de tout mépris et l'empêchant ainsi de pouvoir ne serait-ce que penser à faire la guerre, il était également certain qu'une répugnance des Kohlistes pour la guerre n'aurait aucune utilité si les non-Kohlistes continuaient à la vouloir. Il proposait ainsi d'étendre au maximum l'idéologie Kohliste jusqu'à ce que tout le monde adopte son système et n'ai donc plus de raison de réclamer quoi que ce soit.
Cette vision d'un monde idéal unifié par un Gouvernement mondial fondé sur le Kohlisme fut cependant longtemps balayée par Leonhard Sprecher qui n'y voyait qu'un rêve utopique et irréalisable, presque stupide et enfantin. Pour lui, l'une des principales faiblesse du Kohlisme tel qu'imaginé par Sigmund Kohl était de croire que les milliers de peuples et de cultures qui recouvrent notre planète auraient tous assez de jugeote pour renier leurs traditions millénaires, les faire définitivement disparaître pour s'intégrer à une immensité d'hommes et de femmes indiscernables, sans aucun repère tant certaines coutumes de nombreux peuples sont fondamentalement opposées, dont il leur serait absolument impossible de se différencier et de s'affirmer comme uniques. Le Kohl-Sprecherisme ne défendait donc non pas son hégémonie sur le monde qu'il considérait comme impossible puisqu'il ne serait jamais capable d'unifier la population mondiale sous une culture unique et que la divergences de coutumes entre les peuples conduirait inévitablement à un essor des nationalismes et donc, par conséquent, à un effondrement certain du système de Gouvernement mondial.
Il préconise au contraire une expansion du Kohlisme uniquement à l'échelle régionale et dans la sphère culturelle Rimaurienne c'est à dire germano-scandinave afin d'unifier tout kes peuples considérés comme appartenant à cette sphère culturelle, et donc considérés comme ethno-culturellement très proches, afin de former un État Nordique unique fondé sur l'idéologie Kohliste et géographiquement assez étendu pour disposer des ressources nécessaires à son auto-suffisance et à sa protection contre les autres États qui, dans cette vision ethno-centrée du Kohlisme, seraient tout simplement ignorés et continueraient à coexister comme dans notre monde réel d'aujourd'hui. Dans cette logique, le Kohl-Sprecherisme repose non seulement sur le principe de l'expansion du Kohlisme, dont le système en lui même se revendique comme supérieur à tout autre, mais également sur un nationalisme exacerbé et sur une volonté d'unification du peuple nordique, laissant ainsi espérer un fort soutien chez les nationalistes Rimauriens mais également dans les autres États culturellement proches.
À l'inverse, les Kohl-Sattleristes continuaient de croire qu'une domination mondiale du Kohlisme sous la forme d'un Gouvernement certes autoritaires mais néanmoins fédéral composé de régions semi-autonomes correspondant aux principales aires culturelles restait possible à condition que le Kohlisme ne soit pas imposé mais volontairement et librement choisi par l'ensemble des peuples du monde en suivant l'exemple de ses réussites en Rimaurie mais face à l'échec des tentatives d'internationalisation de la politique Rimaurienne, Sattler lui même tend à considérer ce projet comme illusoire et à revenir sur la position ethno-centriste de son prédécesseur.
ReligionSigmund Kohl ne s'est jamais formellement positionné quant à la religion bien qu'il se soit converti du Protestantisme à l'Athéisme en 1926, soit à la même période où il développait son système idéologique, ce qui laisse supposer un rejet de la religion qui, selon des analyses de ses écrits qu'il a parfois lui même tacitement approuvé de son vivant, était ouvertement inclue dans les fausses croyances dont l'Homme Régénéré au centre de ses idées devait se débarrasser. Ainsi, les différents courants du Kohlisme s'accordent pour la plupart sur le rejet de la religion ou sur la création d'un culte Kohliste qui s'en substituerait.
Malgré tout, l'État Nouveau de Rimaurie proclamé en 1960 et formellement établi en 1963 a rétabli dans sa Constitution le Protestantisme comme religion officielle bien que le pays soit resté laïque et que les institutions protestantes ne recevaient en réalité qu'un très faible soutien du Gouvernement. Leonhard Sprecher se déclarait ouvertement comme protestant mais, selon sa doctrine, la religion avait avant tout un objectif de renforcer les relations entre l'État et les autorités religieuses locales, lesquelles risquant de devenir un fort soutien du Mouvement pour la Restauration de la Monarchie, et donc, par extension, de fédérer le peuple, la population Rimaurienne étant, malgré cinq décennies d'enseignement au Kohlisme, restée très attachée à sa religion et donc aux institutions protestantes. Ainsi, avec un fort soutien des autorités religieuses, le Kohlisme pouvait bien plus aisément être adopté par la population Rimaurienne chrétienne.
Le Kohl-Sattlerisme est en revanche résolument opposé à tout principe religieux et a, dès l'arrivée au pouvoir de Sattler, toujours cherché à fermement bannir la religion et affaiblir ses institutions qu'il considère non pas comme un moyen de fédération mais au contraire comme une idéologie définition, une idéologie autre que le Kohlisme et donc, par définition, une potentielle force d'opposition politique à détruire. La religion quelle qu'elle soit est également considérée comme l'incarnation même de la fausse croyance, ne reposant pas sur des faits prouvés mais sur des théories souvent infondées et contraires aux faits avérés pour lesquelles des milliers d'hommes à travers l'histoire ont pourtant étés prêts à tuer.
Outre ces deux voix, une troisième option plus minoritaire et notamment défendue par le chef de la Militärpolizei Arnold Schottel est celle du néo-paganisme, en l’occurrence l'Ásatrú qui est considéré comme étant la religion des peuples pré-chrétiens de l'actuelle Rimaurie. Le néo-paganisme dans la vision de Schottel serait avant tout lié au nationalisme germano-scandinave et se rapproche donc en ce sens plus du Kohl-Sprecherisme que du Kohl-Sattlerisme. Il s'agirait de tirer du néo-paganisme nordique une distinction par rapport au reste de l'Eurysie chrétienne et d'utiliser cette distinction comme un moteur de fédéralisme et de rassemblement des peuples germano-scandinaves. Mais face à l'évidente difficulté de pousser toute la population nordique à renier ses croyances séculaires pour de vieilles pratiques oubliées, l'Ásatrú est dans le Kohl-Schottel avant tout lié à l'Homme Régénéré qui, devant être débarrassé de l'influence de la religion et du christianisme, trouverait en le néo-paganisme non pas une croyance de substitution mais un symbole de la régénérescence du vieux peuple nordique et un moyen d'exalter les racines germano-scandinaves du peuple Rimaurien.
Quoi qu'il en soit, la religion dans l'idéologie Kholiste reste dans tout les cas fondée avant tout sur l'utilitarisme et donc son utilité dans le système Kohliste et moins sur les véritables croyances de ses dirigeants.
Diplomatie et moyens d'expansionLà encore, Sigmund Kohl a défini le Kohlisme uniquement dans son application à l'intérieur de l'État et ne s'est jamais réellement questionné sur les relations que cet État devait avoir avec les autres ni de quelle manière le Kohlisme devait s'étendre et se diffuser à travers le monde pour former l'hypothétique État Kohliste.
Ainsi, sous le régime National-Kohliste de Leonhard Sprecher, l'État de Rimaurie fera le choix de l'isolationnisme total et de l'autosuffisance économique, bien que continuant dans les faits d'entretenir des relations commerciales afin d'importer les ressources que le pays ne pouvait pas produire, notamment du pétrole. Ce choix est avant tout motivé par un rejet complet de toute autre idéologie et de tout autre système et donc par une volonté de se couper de pays perçus comme corrompus et institutionnellement mauvais c'est à dire la presque totalité des États du monde puisque le Kohlisme est endémique à la Rimaurie et fondamentalement opposé aux autres idéologies. Malgré cet isolationnisme diplomatique dur, Sprecher n'avait néanmoins jamais cessé de défendre une expansion du Kohlisme en Eurysie nordique qui, selon lui, ne pourrait se faire que par la guerre, accusant là encore les systèmes des autres pays scandinaves de rendre impossible une adoption pacifique du Kohlisme. L'isolationnisme devait ainsi être une solution temporaire visant à renforcer et sécuriser les capacités industrielles et militaires Rimauriennes afin de former une gigantesque armée Kohliste. Ce projet utopique ne sera cependant jamais réalisé, la Rimaurie n'ayant jamais atteint les objectifs industriels et militaires fixés par Leonhard Sprecher de son vivant.
À l'inverse, l'Alter-Kohlisme de Friedrich Sattler se distingue par une volonté d'ouverture diplomatique sur le monde et des tentatives de rapprochement politiques et économiques avec tout les pays supposés capables d'apporter un bénéfice quelconque à la Rimaurie. L'Alter-Kohlisme reste cependant, comme le National-Kohlisme, très hostile à toutes les autres idéologies mais face à l'omniprésence de celles-ci à l'échelle mondiale, il n'a d'autres choix que de se rapprocher d'États souvent capitalistes ou royalistes, deux principes pourtant abhorrés par les Kohlistes, mais continu d'éviter au mieux les pays communistes, anarchistes ou assimilés dans l'optique de lutter contre l'influence grandissante de l'Union Libertaire Rimaurienne. Sur le plan de la diffusion du Kohlisme, Sattler ne s'est à ce jour jamais réellement positionné sur la meilleure des options et semble de toute façon ne pas s'intéresser à ce sujet dans l'immédiat sans toutefois le rejeter. On peut cependant remarquer que, contrairement à son prédécesseur, il semble privilégier une expansion pacifique du Kohl-Sattlerisme plutôt qu'une guerre d'idéologie qu'il ne rejette pas mais considère comme la pire des options en vue.
Rapport à la démocratieÉtant par essence fermement opposé à l'excès de liberté et donc à la démocratie, la presque intégralité des courants du Kohlisme prônent la mise en place d'un régime autoritaire mais tous ne s'accordent pas sur le niveau de cet autoritarisme.
Le Kohl-Sprecherisme soutient ainsi la mise en place d'un système de parti unique, seul capable de gouverner, mais conserverait néanmoins des partis d'oppositions à gauche et à droite du spectre politique mais toujours modérés par eux mêmes et surtout par l'hégémonie du parti unique chargé de les affaiblir et autour duquel ils orbitent. L'objectif de ces partis fantoches étant à la fois d'éviter le problème de la pensée unique qui rendrait toute proposition indébatable puisque tout les votants seraient du même avis ce qui empêcherait de fait toute prise de conscience d'un éventuel dysfonctionnement de cette proposition, dysfonctionnement considéré comme ne pouvant être détecté que grâce à un débat et donc à une remise en question de la proposition initiale, mais aussi d'en théorie absorber l'opposition politique la moins virulente, c'est à dire celle qui croit encore au pouvoir de la démocratie, permettant de diminuer le potentiel de recrutement des groupes armés révolutionnaires royalistes et anarcho-communistes.
Ce principe appliqué pendant cinquante-quatre ans sera cependant balayé par l'arrivé de Sattler au pouvoir dont la position vis à vis de la démocratie peut à première vue paraître des plus changeantes. Celui-ci défendait en effet lors de sa seconde année de pouvoir l'abolition de l'embargo sur les partis et donc une émancipation de l'opposition politique devenue bien plus indépendante et libre que sous son prédécesseur. Il ne faut cependant pas voir ici une volonté de démocratisation du régime mais, en considération du pur utilitarisme pragmatique du Kohl-Sattlerisme, un moyen non seulement d'absorber une part plus importante de l'opposition idéologique selon le même principe que le Kohl-Sprecherisme mais également pour légitimer le régime aux yeux de la population et surtout du monde en faisant des décisions du pays celles de la démocratie ce qui pensait servir à dédiaboliser l'État de Rimaurie sur la scène internationale et à s'attirer d'éventuels soutiens qui se rechignaient jusque là à établir des relations. Enfin, un troisième objectif de cette démocratisation de façade était l'étude de la divergence d'opinions encore présente en Rimaurie malgré cinq décennies de Kohlisme. L'autorisation de nombreux partis politiques d'opposition a ainsi permise de déterminer l'existence de nombreux groupes idéologiques encore influents mais surtout les oppositions entre les Kohl-Sattleristes au pouvoir et les Kohl-Sprecherismes dont beaucoup rejoindront l'opposition.
Quoi qu'il en soit, le régime de Sattler retombera moins d'un an plus tard dans un autoritarisme encore plus fort que son prédécesseur, le Kohl-Sattlerisme visant en réalité non pas l'absorption de l'opposition dans des partis fantoches comme sous le National-Kohlisme mais la destruction pure et simple de cette opposition partout où elle peut subsister.
Économie et droits des travailleursLe Kohlisme a toujours et dans toutes ses variantes définit un modèle économique clair fondé sur le contrôle total des moyens de production par l'État et la répartition des richesses entre les citoyens non pas par la collectivisation et la redistribution des ressources mais par des salaires équitables laissant aux travailleurs le loisir de dépenser le fruit de leur travail comme ils l'entendent. Ainsi, le Kohl-Sprecherisme et le Kohl-Sattlerisme ne diffèrent pas sur leur modèle économique qui est sans aucun doute le principal point sur lequel les différents courants du Kohlisme s'accordent. En revanche, si ce système n'a jamais été remis en cause, les deux factions principales s'opposent sur les droits accordés aux travailleurs.
En effet, Sprecher, a toujours accordé et défendu le droit de grève et de manifestation sous autorisation, considérant qu'il s'agissait d'un moyen plus que normal pour identifier les problèmes dont peuvent soufrir les travailleurs Rimauriens et pour chercher des moyens de résoudre leurs peines mais également, suivant la même logique que pour les partis satellites du Front Nationaliste, d'éviter que la masse d'ouvriers largement majoritaire dans le pays ne soit tentée par la Révolution Prolétaire et n'aille grossir les rangs de l'Union Libertaire. En donnant la richesse au pauvre, il n'a plus à la quémander. Le système économique Rimaurien selon la conception de Sprecher doit également reposer sur des syndicats constitués par l'État et donc composés de partisans du Kohlisme chargés d'être les portes paroles des demandes des travailleurs mais également de diffuser le Kohlisme chez les ouvriers, celui-ci se basant tout comme son ennemi naturel le communisme sur le prolétariat.
À l'inverse, si Friedrich Sattler n'a jusqu'à maintenant jamais tenté de réduire les droits des travailleurs, il considère le droit de grève et de manifestation comme une forme d'opposition au régime et suggère de les abolir mais, conscient du besoin de s'attirer la sympathie des ouvriers, il soutient fermement l'existence des syndicats qui devraient, selon lui, remplacer la grève et la manifestation dans le rôle de porte voix du malheur ouvrier en collectant les ressentiments des travailleurs et en le partageant de manière objective et factuelle avec les autorités législatives.
Avenir des rapports intra-KohlistesSi l'Alter-Kohlisme ou Kohl-Sattlerisme domine aujourd'hui la politique de l'État Nouveau de Rimaurie par le biais de son principal théoricien Friedrich Sattler, les plus de cinquante années sous le régime National-Kohliste associées à la renommée toujours intacte du Glorieux Général Leonhard Sprecher hissé au rang de presque Dieu par ses partisans continuent de jouir d'une influence majeure sur la population Rimaurienne si bien que les Kohlistes autrefois unis tendent désormais à se diviser entre Sprecheristes et Sattleristes, chose notamment visible par la fondation de plusieurs partis Kohl-Sprecheristes anti-Sattleristes en 2014, notamment Vraie Rimaurie, tous interdits à l'établissement de l'État Nouveau.
Ainsi, si le Kohl-Sattlerisme conserve nombre de points communs avec le Kohl-Sprecherisme, les principales divergences politiques, notamment sur le changement brutal qu'a été la fin de l'isolationnisme diplomatique, sont aujourd'hui causes de tensions au sein même des partisans du Kohlisme allant entre autres jusqu'à un début de purge des Kohl-Sprecheristes les plus radicaux.