Posté le : 07 nov. 2025 à 22:47:35
Modifié le : 08 nov. 2025 à 18:20:54
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Réflexion sur la doctrine d'emploi des appareils hypersoniques :
Prémices de la question :
Le Duché de Sylva a commissionné le Groupe Astronautique pour concevoir des appareils hypersonique suite à un exposé technique et doctrinal opéré par les services de Faravan. Les premiers travaux portent sur la conception d'un drone de reconnaissance apte à dépasser mach 5 opérés dans des conditions assez spécifiques (lancement depuis un avion-cargo puis plan de vol régulier pour une mission simple). Les recherches se sont rapidement penchés sur des appareils de combat plus polyvalents, aptes à décoller et se poser tout en adoptant un plan de vol complexe avec des passages de vitesses entre subsonique et hypersonique. À partir de là, divers efforts de recherche ont été opérés et ont permis d'obtenir un aperçu des performances potentielles et de la direction qu'aborderont ces modèles d'appareils. Leurs caractéristiques étant plus clairement définies, il est présentement possible d'affiner la doctrine d'emploi visant initialement à atteindre ces performances.
Rayon d'action et rapidité d'intervention :
Le premier élément évidemment mis en avant concerne la vitesse atteignable, avec des résultats allant jusqu'à mach 15 pour un drone spécialisé dans cette mission et mach 5 à 10 pour un avion plus polyvalent. Si les régimes de vols à ces vitesses sont moins efficients, ils s'accompagnent d'altitudes élevées avec une réduction des pertes d'énergie liées aux frottements en plus de trajectoires en "bond", augmentant drastiquement l'efficience du plan de vol. Il est ainsi possible de programmer des missions à très longue distance dans des délais raisonnables après une accélération initiale importante et gourmande en énergie, suivie d'une continuation de la trajectoire à moindre décélération. Dans certains cas de figure les plus extrêmes, il est même envisagé d'adopter des trajectoires suborbitales avec des bonds spatiaux pour une efficacité maximale.
Cette portée d'intervention s'accompagne également d'une certaine réactivité, avec des vitesses hypersoniques permettant de rejoindre un théâtre en des délais minimisés. La dimension stratégique est ainsi grandement affectée par ces performances avec la possibilité d'étendre le champ d'intervention sur les échelles spatiale comme temporelle. Disposer d'appareils aptes à opérer de telles manœuvres permet de considérer des opérations militaires plus audacieuses, que ce soit pour soutenir une zone attaquée ou inversement mener une offensive.
Réduction du délai de réaction et survivabilité :
Toutes proportions gardées, l'augmentation de la portée et vitesse des appareils bouscule les dispositifs de détection et surveillance traditionnels. Les appareils adverses pouvant maintenant opérer depuis des distances bien plus élevées et atteindre en un délai moindre leur destination, il n'est plus possible de se contenter de capteurs directs disposés sur les lieux stratégiques. Dans ces conditions, un appareil hypersonique à long rayon d'action apte à opérer depuis n'importe où sera capable d'agir de manière bien moins prédictible contre les défenses adverses et surprendre les dispositifs de suivis. Il est désormais possible d'opérer une mission en territoire contesté sans laisser à l'adversaire le temps de faire ses systèmes sol-air réagir ni décoller sa chasse.
La survivabilité des appareils se retrouve également augmenté, en ajoutant au délai de réaction réduit un accroissement de la difficulté d'atteindre une cible. Le degré de précision nécessaire pour intercepter un appareil hypersonique est bien plus élevé qu'un appareil supersonique classique, et le moindre changement de trajectoire sur une distance élevée (mais sur un délai court en vue de la vitesse) se traduit par un important décalage bien plus difficile à anticiper.
Ces deux facteurs combinés contribuent à mettre à dure épreuve les dispositifs de défense aérienne traditionnelle, les contraignant à étendre leur portée de détection et la vitesse de leurs vecteurs pour espérer pouvoir disposer des délais nécessaires et la capacité de rattraper un objet à haute vitesse capable de changer sa trajectoire.
Questions techniques et logistiques :
Le développement et l'expérimentation de prototypes hypersonique met en avant les contraintes d'emploi complètement nouvelles. Les technologies nécessaires (blocs moteurs, fuselage furtif et dispositifs de refroidissement) sont bien plus complexes avec un impact sur le nombre d'appareils et leur disponibilité. Si ces surcoûts et la réduction du nombre d'aéronefs à investissements égaux est compensé par la possibilité à mener plus efficacement les missions et sur de plus grandes superficies, cela impose malgré tout un cahier des charges rigoureux dans la doctrine d'emploi. Il est envisageable d'opter pour une centralisation des centres opérationnels pour faciliter et rationaliser les questions d'entretien et disponibilité tout en restant apte à opérer sur une zone toujours aussi élargie grâce à l'accroissement spatial et temporel du champ d'intervention. Cette centralisation des infrastructures impliquerait une centralisation des défenses, tournées vers un seul point, mais également une perte de redondance qui constitue un choix extrêmement délicat (d'autant plus compte tenu des leçons tirées du conflit hotsalien et de la vulnérabilité des aéroports aux missiles).
Certaines conceptions sont toutefois moins contraignantes sur l'ensemble de ces points, mais nécessitent des dépendances accrues comme un avion cargos pour les lancements aéroportés. Le coût reste conséquemment élevé et exige un important dispositif par appareil, réduisant toujours les disponibilités à investissement égale.
Interceptions et frappes stratégiques :
Un dernier point concernant les implications des vitesses hypersoniques est l'armement qui gagne grandement en allonge, que ce soit en profitant de la vitesse initiale élevée ou en pouvant bénéficier de la même trajectoire en bonds stratosphériques ou mésosphériques voir suborbitaux. Au-delà du vecteur de lancement, il est aussi envisageable de conférer aux munitions elles-mêmes ces capacités en les dotant de ces technologies dans une moindre mesure. Notons qu'une munition à usage unique pourrait bénéficier d'économie de conception (remplacer le système de refroidissement actif et complexe par un fuselage ablatif plus abordable, un moteur avec une durée de vie moindre).
Quoi qu'il en soit, c'est non seulement le vecteur, mais aussi ses munitions qui gagnent en portée, permettant non seulement d'opérer sur des théâtres éloignés, mais aussi en tirant depuis des distances suffisantes pour éviter la riposte (appuyant l'argument de la survivabilité des appareils hypersoniques). Les performances des avions de combat (survivabilité et capacité à passer les défenses anti-aériennes) augmentent de manière exponentielle avec la vitesse exponentielle.
À partir de là, il est possible d'opérer des interceptions rapides contre des cibles aériennes et des frappes stratégiques contre des cibles de haute importante, en évitant d'exposer les appareils à des ripostes, même dans un ciel hautement contesté. Notons toutefois que l'emploi de munitions à distances élevées implique une détection tout aussi importante avec des dispositifs plus élargis.
Dans le cas des interceptions, il est non seulement possible de rejoindre un théâtre éloigné et d'engager à des distances sécurisées les appareils adverses, mais également de poursuivre et rattraper des hostiles en fuite ou ayant opéré leurs missions.
Le drone de reconnaissance dépendant :
À partir des éléments précédemment avancés, une première conception rejoignant les recherches initiales peut être proposée. Il s'agit d'un drone de conception relativement simple propulsé par un moteur à cycle combiné basé sur fusée et lancé depuis un avion-cargo. L'objectif est alors de disposer d'un éclaireur apte à opérer rapidement et loin sur des espaces contestés pour obtenir une importante gamme d'informations approfondie, que ce soit pour ouvrir la voie à d'autres intercepteurs, guider des frappes stratégiques ou intégrer un programme de renseignement/espionnage. De conception très spécialisée, ces drones sont pensés pour simplement atteindre une vitesse hypersonique après largage depuis un cargo et repasser à des vitesses moindres uniquement à la fin de la mission, sans pouvoir les atteindre à nouveau. Le nombre d'équipements embarqué restreint et le plan de vol régulier permet une conception optimale pour la vitesse en fuselage porteur sans ailes. Le Groupe Astronautique a déjà massivement étudié cette possibilité et développé de nombreux travaux sur la question. Bien que ce modèle demanderait un dispositif assez complexe (intégration dans un avion-cargo) pour des missions très spécifiques, les drones en eux même resteraient abordables et constitueraient les seuls éléments exposés lors des missions, limitant le coût d'éventuelles pertes.
Avion multirole autonome :
De conception fondamentalement opposée au drone dépendant, il s'agirait d'un aéronef plus massif et complexe adapté à une gamme de missions bien plus variées avec davantage d'autonomie. Ladite autonomie inclue la capacité de pouvoir décoller et atterrir tout en passant librement de vitesses supersoniques à hypersoniques et inversement, permettant des profils de mission plus diversifiés, une prise d'initiative et une adaptation en cours de vol. Par rapport à des avions de génération actuelle, ces aéronefs auraient, comme développés précédemment, une capacité à opérer des missions sur des théâtres éloignées pour engager à bonne distance les cibles adverses sur des délais restreints.
Les frappes stratégiques avec la capacité d'atteindre un point isolé et hautement défendu en profitant du délai de réaction réduit pour frapper au cœur des défenses, depuis une distance acceptable grâce à l'allonge des munitions, avant de battre en retraite avant d'être pris pour cible par l'aviation ou DCA adverse.
L'interception à longue portée sur des appareils en vol est un autre type de mission que pourrait assumer un aéronef hypersonique. Il convient toutefois de noter que l'exécution d'une telle mission nécessite des plans de vol particulier dans le cas où l'interception est étendue à une campagne d'exclusion aérienne prolongée. Le chasseur doit alors alterner entre des périodes d'hippodrome à vitesse moindre puis en accélération élevée pour intercepter la cible. Dans ces cas de figure, les interceptions à mach 10 seront très probablement sous efficient à cause de la consommation conséquente d'énergie pour maintenir ces changements fréquents de régimes de vitesse. Le Groupe Astronautique et l'État-Major de l'armée de l'air s'entendent à dire que l'usage d'avion hypersonique dans ce cas de figure ne constituerait pas un acquis majeur. Ajoutons à cela que les interceptions longue portée nécessitant une détection préalable sur ladite portée, la constitution d'une zone d'exclusion aérienne selon cette configuration demanderait un dispositif spécifique qui risquerait de ne pas être dans une part trop importante de situations pour donner un intérêt à l'avion hypersonique.
L'intégration de drones de reconnaissance hypersonique serait, notons-le, un bénéfice certain pour guider les frappes (stratégiques ou d'interception) des avions de chasse hypersoniques.
Avion subsonique/supersonique avec munitions hypersoniques :
Les technologies hypersoniques pouvant être intégrées dans les munitions pour accroitre leur allonge et résilience contre les systèmes d'interception anti-missiles, il est envisageable de rester sur des avions de combat classiques, mais intégrant un armement capable d'atteindre ces vitesses. L'allonge restera inférieure à celle d'une même munition tirée depuis un appareil hypersonique, mais restera supérieure aux missiles conventionnels supersoniques. Les intérêts sont multiples, en conservant des appareils de génération actuelle mis à niveau avec une réduction des coûts et des contraintes techniques tout en conservant certains des avantages des appareils hypersonique (portée d'engagement augmentant la survivabilité avec réduction de la vulnérabilité des munitions contre les systèmes d'interception). Ce type d'appareils et munitions combinés seraient plus intéressants pour des missions d'exclusion aérienne classiques (un appareil hypersonique pouvant difficilement faire valoir de manière prolongée cet avantage tout en impliquant un surcout d'emploi). Leurs performances resteraient cependant inférieures dans les missions d'interception pure, tout en étant incapable de "bondir" sur un théâtre éloigné dans un délai réduit.
Conclusion :
Les technologies hypersoniques peuvent s'intégrer aussi bien sur les chasseurs que leurs munitions. L'intérêt est d'augmenter l'allonge des munitions (et donc la survivabilité des appareils qui s'exposent moins aux défenses adverses) tout en réduisant leur vulnérabilité aux systèmes d'interception anti-missiles. Cet avantage est accentué quand une munition hypersonique est tirée par un avion lui aussi hypersonique.
Concernant les aéronefs en eux-mêmes, cette vitesse leur permet d'intervenir rapidement sur des théâtres éloignés, changeant complètement le potentiel stratégique d'un tel système d'armes, garantissant en permanence une force de frappe étendue. Il faut néanmoins prendre en compte que ces avantages techniques s'accompagnent de contraintes mécaniques impliquant une réduction du nombre d'appareils disponibles à investissement égal par rapport à des appareils modernes. Notons également que le Groupe Astronautique n'a pas encore expérimenté d'intercepteurs hypersoniques et n'a aucune garantie sur la faisabilité d'un tel type de dispositif.
Considérant ces éléments, l'État-Major prend pour décision de promouvoir un système d'arme d'une conception moins risquée en favorisant des munitions hypersoniques tirées depuis des avions modernes mis à nouveau, volant quant à eux à des vitesses "seulement" supersoniques. Si la capacité d'opérer en peu de temps sur des théâtres éloignés est perdue, sont maintenus la portée d'engagement et efficacité contre les défenses anti-missiles.
Parallèlement, il n'est pas exclu d'approuver le modèle de drones de reconnaissance hypersonique sur l'idée d'un consommable avec une conception abordable au détriment d'une durabilité éphémère. Ces aéronefs disposables seraient appropriés pour des missions de détection à distance élevée, quasiment suicide, mais permettant de guider les frappes hypersoniques depuis des appareils classiques en arrière ligne. L'État-Major fait remarquer que les chasseurs-bombardier Cyclone, avec leur conception puissance de chasseur-intercepteur, seraient parfaitement adaptés à servir de camions à missiles pour ces munitions hypersoniques pendant que les appareils furtifs de type Épervier ou Busard seront aptes à opérer plus proche des hostiles pour assurer la détection rapprochée. Les avions furtifs pourraient dans ce cas de figure être remplacés par des drones hypersoniques déployés par avions-cargos.