Le Conseil misait beaucoup sur la carte tcharnove. Malgré une appartenance commune à l'Union Économique Eurysienne, qui faisait théoriquement de la Tcharnovie un allié de Rasken, l'Union Confédérale donnait l'image d'une diplomatie indépendante, capable de s'affranchir des contraintes des alliances et des traités si ses intérêts étaient en jeu. Le gouvernement tcharnove affichait déjà jusqu'alors une neutralité bienveillante à l'égard de la Kresetchnie, préférant ne pas s'exprimer sur le dossier gradenbourgeois, au contraire de ses partenaires kölisiens qui, pour leur part, mangeaient goulument dans la main de Rasken en reprenant le narratif révisionniste d'Eberstadt sur une prétendue étanchéité entre les questions gradenbourgeoise et kresetchnienne. La position de la Tcharnovie paraissait bien plus réaliste et réfléchie. Pour cette raison, Yuliya Yavshko espérait qu'une remise en perspective de la situation régionale et continentale suffise à faire voir aux Tcharnoves où se situaient leurs intérêts.
Yuliya Yavshko
Ministre des Relations Extra-Confédérales de l'État de Réclamation Nationale d'Hotsaline
En premier lieu, sachez que nous acceptons bien évidemment votre proposition d'échange d'ambassades. Si la République d'Hotsaline se refusait jusqu'alors à officialiser ses relations diplomatiques avec des États extérieurs à la Kresetchnie, préférant déléguer sa diplomatie au gouvernement confédéral, c'est un paradigme qui se trouve à présent révolu sous notre nouvelle administration, qui assume de mener une politique étrangère propre, au service des intérêts de notre confédération. C'est là tout le sens de la création du ministère que j'ai l'honneur de diriger.
Ensuite, nous acceptons également votre seconde proposition. L'occupation du territoire kresetchnien par les Raches est une abomination qui dure depuis bien trop longtemps, et doit cesser. C'est une honte inqualifiable que le gouvernement Kravchuk n'ait rien tenté au cours de ces deux dernières décennies pour ne serait-ce que faire reculer ces monstres. Probablement que l'horreur de la situation arrangeait ses affaires, fournissant un excellent prétexte à la prolongation toujours plus absurde du régime d'état d'urgence. Mais soyez assuré que cette politique va radicalement changer sous la direction du Conseil de Réclamation Nationale.
Nous pourrons revenir ultérieurement sur les modalités de notre coopération à ce sujet mais, pour l'heure, je souhaiterais que nous abordions la question qui me paraît être la plus urgente, à savoir le coup d'éclat effectué par la Mährenie, en envoyant à l'Administration Militaire de Gradenbourg un ultimatum lui demandant de cesser l'occupation du territoire kresetchnien. Je vous avouerai que nos services ont été très surpris par l'initiative mährenienne, qui a été lancée sans que les autorités kresetchniennes aient été consultées à un seul moment, bien qu'elles soient les premières concernées par les occupations militaires effectuées par Rasken et les Raches. La position kölisienne est encore plus troublante, choisissant d'organiser une médiation sur la question en excluant volontairement la représentation kresetchnienne, jugée par Kölisburg illégitime à traiter des problématiques relatives à l'occupation de son propre territoire.
Pour votre part, comment percevez-vous l'attitude de ces différentes parties, qu'il s'agisse de la Mährenie, de Rasken, ou de Kölisburg ? »