Alors que les employés retournent se réchauffer à l'intérieur de l'aéroport afin de profiter d'une pause café matinale bien méritée, certains d'entre eux ne peuvent s'empêcher d'avoir un rictus en regardant soudainement, depuis les grandes fenêtres de l'aéroport, un convoi de voitures noires teintées s'engager sur le bas-côté de la piste. Ces voitures doivent venir de l'autoroute qui mène à l'aéroport encore pleine de neige. Les pneus des voitures amènent avec eux cette dite neige, gâchant la vue de la piste parfaitement dégagée maintenant infectée des traces de neige laissées par le passage des voitures. De ces voitures, une fois à l'arrêt, sortent rapidement des silhouettes habillées en noir.
"Vous auriez pu choisir quelque chose de plus strict, madame la Commissaire.
- Mêlez-vous de vos affaires.
- Avouez tout de même que cette tenue fait beaucoup plus étudiante de dernière année que représentant de la Fédération.
- En aucun cas. Vous êtes trop à cheval sur l'étiquette.
- Peut-être."
En entendant pester à l'ouverture même de la portière arrière de la grande limousine se situant au centre du convoi, on peut déjà supposer à l'avance, avec un peu d'expérience politique, que les deux qui sortent du véhicule font partie de la Commission aux Relations Extérieures, "la Commission des Fous Furieux" comme les surnommait hilares les autres membres des institutions fédérales. Les deux personnes qui sortent du véhicule sont deux femmes : Kristianya Volkiava, l'actuelle Commissaire aux Relations Extérieures, et Volvika Cloroski, délégué de l'Association de la Lutte Ouvrière. Kritianya aurait pu se passer de son ancienne adversaire aux élections générales au poste de Commissaire mais le Congrès a tenu bon de faire participer les deux candidates les plus populaires à la réunion avec le Grand Kah, dans l'espoir probable de donner une voix qui correspondrait mieux aux exigences de politique extérieure du peuple estalien et non seulement l'unique vue de l'AAR dont faisait partie Volkiava. Même si, en dernier ressort, elle est la principale décisionnaire de la Commission, elle le sait bien. Et sa collègue le sait pertinemment.
"Le Président aurait pu venir aussi.
- Pourquoi donc ?
- J'ai cru comprendre qu'il avait étudié chez eux dans sa jeunesse. Il connaît peut-être mieux les kah-tanais que nous.
- Peut-être mais ce n'est pas son rôle institutionnel. Et je ne compte pas faire exception pour les beaux yeux du Président.
- Oh, je vois."
L'ambiance est glaciale, à peine autant que la température ambiante à l'extérieur. D'autres hommes sortent du convoi. Pas vraiment de délégations, celle-ci attend chaudement au quartier diplomatique de la capitale. Non, plutôt une petite flopée d'hommes armés, en tenue de parade traditionnelle et armés de fusils d'assaut pour la plupart. Si l'Estalie n'est plus dans la situation politique qu'elle a pu connaître il y a quatre à cinq mois de ça, les autorités estaliennes sont encore suffisamment méfiantes pour équiper les escortes des délégations étrangères d'équipements de qualité militaire. Kritianya sort son téléphone pour consulter l'heure et commence de nouveau à pester :
"Je serais morte d'hypothermie avant de voir le moindre kah-tanais si ça continue comme ça.
- Patience, leur correspondant m'a affirmé qu'ils viendraient à cette heure. Le trafic aérien doit être un peu chargé aujourd'hui, c'est tout."