11/05/2017
16:20:18
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[Loduarie-Velsna]Entre Camarades.

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Lorenzo vida le chargeur de son arme. Il était vide, il fallait désormais le remplacer. Il prit un nouveau chargeur, et charga son arme une nouvelle fois, avant de le vider sur une cible plus loin en face de lui.
Il posa son arme déchargée sur une table, et s'approcha de la cible : pas une seule balle l'avait loupé. Parfait.
Il consulta sa montre, et se rendit compte que son invité allait bientôt arriver. Alors il se dirigea en face de la petite maison adjacente à son petit centre d'entraînement.
Et il attendit que son invité arrive.

Chose qui se passa rapidement. Georgi Marcos arriva dans un véhicule blindé Loduarien, conçu pour le transport de personnes importantes. Là, deux soldats en sortirent, ouvrant la porte à Marcos.

Camarade Georgi Marcos. C'est un plaisir de pouvoir enfin goûter à votre présence, et pouvoir discuter avec vous. Soyez le bienvenu ici, dans cette petite résidence du gouvernement Loduarien.

Il tendit une main à son interlocuteur.

Me suivez vous à l'intérieur ? Nous avons beaucoup de choses à nous dire, et beaucoup de projets à planifier.
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Comme chez soi


Alors que le PEV était sur le point de s'engager dans une campagne électorale qui lui promettait, d'après les sondages, en embellie certaine au point de laisser caresser l'espoir de d'approcher du pouvoir, l'invitation du secrétaire général de la Loduarie semblait tomber à pic. Le parti était visiblement sur le point de devenir la formation communiste la puissante dans l'Eurysie libérale avec le Parti Communiste Gallouèsant (hors régimes communistes), les adhésions étaient chaque jour plus nombreuses, l'implantation locale de plus en plus développée dans les usines. Les discussions sur une éventuelle légalisation des syndicats étaient également un terrain de lutte pour nombre de militants qui espéraient faire de ces derniers des relais du PEV. Ces sondages, Marcos ne semblaient pas y faire attention; sondage n'est pas élection, et en l'état ceux-ci ne servent qu'à flatter les militants de leur bon travail. Les membres du comité central n'ont pas besoin de tels encouragements et artifices. Ils savent très bien où ils vont, et avec quels moyens. Les comptes du PEV se portent bien, grâce à des alliés pour le moins incongrus que sont les astériens, et ces derniers devraient supporter l'immense charge financière que représentent les sénatoriales velsniennes.

Pour finir, l'Internationale prend également le temps et l'engagement d'un grand nombre de militants. Si ces derniers sont concentrés sur les sénatoriales, nul ne peut éclipser les réalisations à venir de l'organisation qui provoque la mobilisation des grands moyens du PEV. Telle était donc la situation lorsque le "timonier loduarien" fit l'invitation du Secrétaire Marcos dans un cadre relativement agréable.


Géorgi Marcos n'en était pas à sa première en Loduarie, loin de là. Il y passait tous ses étés depuis les années 2000 et la Révolution qui a renversé le régime fasciste d'alors. Et avec l'avènement de l'Internationale, il était présent plus que jamais à Lyonnars. Depuis, il avait observé les évolutions progressives du régime loduarien, jusqu'à en conclure que l'alignement du PEV sur le corpus idéologique loduarien était la meilleure stratégie possible de l'avènement du socialisme à Velsna. Ce choix ne s'était pas fait sans contestation à l'époque, lorsque les communalistes avaient encore une influence. La discipline militante imposée par le loduarisme en avait refroidi certains. Mais au fur et à mesure des purges et des réorientations, le PEV s'en était sorti plus uni, et prêt à faire irruption sur la scène politique. Nous étions là, à la porte du bureau du secrétaire.

Marcos fut reçu, et s'adressa au secrétaire loduarien dans des termes presque familiers et avec une énergie peu commune qui le poussait à entrer très rapidement dans le vif du sujet. Il était animé par une liberté de ton et une affabilité qui lui était propre:
- Ah. Camarade. C'est un plaisir d'être reçu. Cela tombe très bien que nous organisions cette rencontre. J'ai un certain nombre d'informations dont il faut que je vous fasse part. Mais tout d'abord, je tiens à rappeler que c'est un honneur que nous accorde le gouvernement lodarien en nous invitant aujourd'hui. Tenez, j'espère que vous apprécierez.

Marcos présente à Lorenzo une bouteille de vin, étiquetée comme si elle sortait d'une petite exploitation artisanale:
- C'est un vin d'Umbra. Vous êtes plus portés sur la vodka certes, mais nous n'en avons pas au pays. Et le petit exploitant qui produit cette merveille est un sympathisant du parti, et un grand donateur. Aussi, lorsqu'il a apprit que nous allions nous voir, il m'a supplié de vous l'apporter en son nom. Sur ce, passons aux choses sérieuses. Le socialisme se conquiert certes par les détails, mais il faut d'abord faire le gros-oeuvre comme on dit. Je vous laisse commencer bien évidemment, c'est là tout l'honneur de l'hôte.
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Jolie bouteille. Vous savez, il existe une tradition dans ma famille, qui veut que le père achète au moins une bouteille de vin rouge pour son fils ou sa fille, pour lui offrir à sa majorité. J'ai déjà réservé 5 bouteilles pour ma fille, mais celle-ci ne lui sera pas de trop. Elle vous remerciera, quand elle aura atteint sa majorité.
En tout cas, moi je vous remercie, vous et votre camarade. Cette attention est touchante.


Il se dirigea à l'intérieur.

Mais passons. Je vous ais invité ici pour une raison. La principale, la voici : les élections Velsniennes approchent à grand pas. Et nous sommes déterminé à vous faire remporter une victoire, même relative.

Il jeta une bûche dans le feu de la cheminé à côté d'eux, avant d'attiser ce même feu.

La victoire récente de DiGrassi dans la guerre civile à permis beaucoup de choses. La révélation du visage de l'OND, la légalisation de votre parti, mais cela a également ouvert les yeux à beaucoup sur la situation Velsnienne. Une situation tout à fait préoccupante. Et les événements, telles que les guerres civiles, sont toujours parfaites pour la montée en puissance de groupes comme le vôtre. La journée des barricades à Velsna, ou l'un de vos plus grands camarades, paix à son âme, est mort héroïquement, en est la preuve. Seulement, il ne faut pas attendre. Car si le feu peut s'avérer vif quand on l'allume, il perd en puissance si on ne s'en occupe pas. Pire, il peut devenir incontrôlable, et nous tuer. Il en est de même dans le cas présent, et nous devons agir vite, profiter des éléments actuels pour garantir à la flamme du PEV sa survie.
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Marcos se réchauffa en rapprochant ses mains près du feu, tout en écoutant assidument les paroles du secrétaire de la Loduarie. Celui-ci semblait avoir cerné les enjeux et les priorités prochaines du Parti, ainsi que le contexte intérieur de Velsna. Marcos abandonna la facette de bonhommie de sa personnalité pour adopter celle de membre d'un parti loduariste, devant scruter une situation politique et économique avec exactitude, comme un médecin devant mettre le doigt sur la cause des symptômes. Cet exercice, les militants du PEV le faisaient souvent entre eux dans le cadre des débats du comité central, mais ce fut le premier exposé de Marcos devant Lorenzo:
- Vous avez une bonne vision des choses, camarade. Mais permettez vous que je donne plus de matière à votre lecture ? Préoccupante...je ne pense pas que ce mot soit approprié, c'est au contraire une occasion en or comme vous dites. La guerre civile entre les différentes factions de bourgeois est terminée, ce dont nous devons nous réjouir, ces derniers ayant avant tout sacrifié des individus tels que moi plutôt que leurs enfants vivants à l'ombre des oliviers dans leurs villas. C'est une bonne nouvelle en ce sens purement humain, et c'est également une excellente nouvelle du point de vue de la pensée loduariste: le système oligarchique a certes survécu, mais il est sorti profondément décrédibilisé d'une part importante du peuple. L'édifice commençait déjà à se fissurer avant la guerre, mais c'est maintenant visible. DiGrassi est malin: il n'a pas accordé la baisse du cens électoral par bonté d'âme. D'âme, je pense qu'il est totalement dénué d'ailleurs. Il ne l'a fait que pour garantir la survie du système en donnant quelques gages, rien de plus. Mais croyez moi que si l'occasion se présentait pour lui d'étrangler les eurycommunistes velsniens un par un, il le ferait lui même et de bon cœur. DiGrassi est dans cette situation étrange, où il a la sensation d'être pressé par deux blocs de pensée: les onédiens et nous. Par chance pour nous, il voue une haine égale pour chacun d'entre nous.

Il y a là un sujet révolutionnaire qui pointe le bout de son nez, c'est évident, et vous le soulignez justement, camarade. La journée des barricades en a été l'exemple, et au passage, je vous remercie de la pensée que vous avez pour Guiseppe Lauda. Sa plume manquera grandement à l'Unità. Enfin bref, les conditions matérielles sont réunies à Velsna, et cette occasion ne se représentera pas de sitôt, vous avez tout à fait raison. La question est de savoir comment en profiter, par quels moyens ? Les moyens institutionnels ou l’insurrection ? Si vous avez lu le dernier numéro de l'Unità, vous devriez déjà connaître ma position, camarade. Velsna évolue dans un contexte national, mais également international, et cela explique ma position. Je pense en effet, que la fenêtre de tir d'un contexte insurrectionnel est passée avec la journée des barricades. Un renversement de Dino Scaela n'aurait pas permis à l'OND ou à l'ONC de justifier une intervention à moins de passer pour les protecteurs d'un tyran. Mais ce moment est passé, et nous nous retrouvons maintenant avec DiGrassi, qui jouit d'une légitimité à l'international. Si nous le renversions, à l'heure actuelle, alors les forces capitalistes de ce monde s'empresseraient de nous écraser. Et cela signerait la fin de l'embellie du PEV, très certainement.

C'est pourquoi, je pense qui si nous voulons voir un jour le triomphe du socialisme à Velsna, nous devons jouer pour l'instant le jeu des élections. La dynamique est avec nous, le sens de l'Histoire est avec nous en ce moment, à en juger sur les derniers sondages. DiGrassi, à l'heure actuelle, est en train de descendre du nuage que la victoire lui avait donné, et les velsniens sont en train de se réveiller de la gueule de bois de la victoire. Ils se rendent compte que leurs problèmes sont toujours les mêmes, avec victoire de DiGrassi ou sans. Les velsniens veulent une école gratuite, un hôpital public, une véritable politique de protection sociale et des plus fragiles. Il nous faut profiter de ce moment, et nous devons nous assurer, comme vous dites, que le feu continue de brûler. C'est pourquoi nous nous sommes lancés dans une politique de valorisation de l'eurycommunisme: il faut tuer dans l’œuf les critiques que l'on pourrait avoir à notre encontre. Pour gagner ce combat pour investir les institutions, nous devons nous investir tous les aspects de la société: les organes de charité, les associations, militer pour la légalisation des syndicats, participer à la création de conseils d'ouvriers parallèles à la direction dans les usines. Si nous voulons que l'eurycommunisme triomphe à Velsna, il nous faut obtenir une victoire culturelle de nos idées. Et pour obtenir cela, nous avons besoin d'argent, camarade.

Nous avons 40 000 adhérents, un chiffre qui grossit de plus en plus, nous avons une base électorale, nous avons le contexte parfait. Tout ce dont nous avons besoin, c'est les moyens de matérialiser cette irruption sur la scène politique velsienne. Autrement dit, pour battre les institutions bourgeoises, ils nous faut leurs armes: de l'argent. Comme vous devez le savoir, une campagne sénatoriale velsnienne ne connait aucune limite de plafonnement de dépenses de campagne. Ce qui signifie que seul celui qui a les comptes les garnis gagne à la fin, sauf exception. Et nous sommes cette exception. Avec votre financier, nous pourrions court-circuiter ce système et retourner les armes des bourgeois contre eux. Que pensez vous de cette demande de notre part, camarade ? Est-elle réalisable ?
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Nous nous comprenons. Gagner ces élections, même marginalement face à DiGrassi, sera une victoire nécessaire pour la suite. À condition de la rappeler, de s'en servir. On a rarement vu, dans notre monde, un parti tout juste légalisé rafler beaucoup de place dans une élection. Cela enverra un message fort.

Concernant les moyens dont vous avez besoin... Je n'y vois personnellement pas de problème. Je peux, en l'état, vous débloquer des sommes assez importantes, des moyens assez grands pour booster votre campagne et la faire triompher. Cependant, je ne peux pas me permettre de vous financer à outrance. Tout d'abord parce que la Loduarie a besoin de ces moyens pour rester dans la course, et ensuite, parce que j'ai signé un accord de non agression avec DiGrassi. Et celui-ci stipule que le financement de votre parti par une puissance étrangère peut vous faire tomber. Mais pas d'inquiétudes. Cela ne m'empêchera de vous financer, bien entendu. Cependant, nous allons devoir nous montrer précautionneux. Très. Je ne voudrais pas risquer l'avenire du communisme à Velsna.

Et bien sûr, ce n'est pas pas tout ce que je vous propose. J'ai sous mes ordres une cinquantaine de soldats d'élite Loduariens. 40 d'entre eux pourront se présenter comme des volontaires pour constituer une milice populaire au sein de votre parti, quelque chose de solide pour le protéger et pour le faire craindre de vos ennemis. Les 10 soldats restants, je les réserve pour d'autres actions, sans grand rapport avec le PEV. Mais disons que certains à Velsna ont des comptes à rendre à la Loduarie.
Je vous propose également l'envoi de divers personnes qualifiés pour mener des campagnes électorales. Propagandistes, conseillers, intellectuels, tracteurs... Bref. Des gens qualifiés bien plus que je le suis personnellement. Je fais juste des bon discours moi. Et je tire bien.


Il se dirigea vers une porte.

En parlant de ça... Vous venez ? J'aimerais vous faire essayer un truc.

Il sorti dehors.
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- Votre proposition me touche, camarade, et c'est avec plaisir que nous l'acceptons. Vous semblez avoir bien compris les tenants et aboutissants de la politique de mon pays. Cela m'attriste certes, mais il faut que nous nous l'avouions: La "Grande" République vit au rythme de ses coups de couteaux, et ce n'est pas une guerre civile qui a arrangé les choses, quoiqu'en disent les soit disant vainqueurs, qui ont bien dédaigné au passage accordez le crédit qui était dû aux sacrifiés des barricades. La violence politique est toujours aussi endémique, et les services d'ordres sont nécessaires pour protéger les candidats et les militants. Nous disposons déjà d'un tel service, mais ce sera donc un plaisir d'avoir d'autres bras.

Je vous remercie pour cette aide, camarade, cet argent ne sera pas dilapidé en vain, cela, je peux vous l'affirmer. Quant aux financements occultes, disons qu'il y a toujours des moyens de contourner la législation velsnienne, cela nécessitera davantage de finesse voilà tout. Voyez vous, il y a des seteurs entiers de capitaux que le gouvernement ne prend pas même la peine de surveiller: les placements boursiers. Le secret fiscal velsnien est à la fois le point fort du pays, puisque cela lui permet d'accumuler des capitaux étrangers pour le réinvestir dans sa propre économique. Le point faible en revanche, c'est que dans les faits, ces lois rendent la Grande République incapable de se donner les moyens des interdits que DiGrassi vous a fixeé dans ce traité à mon humble avis. C'est là un défaut structurel du système économique que vous pourriez exploiter. Mais vous avez raison de la prudence, nous n'allons pas gâcher les perspectives d'une percée historiques pour quelques millions.

Dans tous les cas, l'investissement que vous engagé ne sera pas sans lendemain. L'élection sénatoriale à venir n'est qu'une première étape vers un ancrage plus profond. Nous devons nous engager dans tous les aspects de la société velsnienne, et ces fonds, à défaut d'être entièrement investis dans la campagne, pourront être utilisés ailleurs.


Géorgi Marcos, à l'invitation du loduarien, entra dans son sillage et sorti volontiers:

- Vous savez, on ne parle pas assez du temps loduarien. Il fait bien plus beau qu'on le pense.
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