Il est 9h00 du matin au Palais du Peuple à Gwangsu, et le Grand Général Kim Il-Chong s'apprête à recevoir son ministre de la Défense, Han Seo-Jun, dans son bureau. Le ministre frappe à la porte et, après avoir obtenu l'autorisation, entre dans la pièce.
"Salutations à toi, ô cher leader et camarade Kim."
D'un signe de la main, le général l'invite à s'asseoir et lui demande de commencer. Le ministre, stressé, sait que dire quelque chose qui pourrait déplaire au général pourrait lui coûter son poste, sa vie, et celle de sa famille. Mais il n'a pas le choix, il doit annoncer la nouvelle au général. Il commence donc :
"Général, sous votre bonne gouvernance et gestion du pays, le Sud-Kazum ne s'est jamais autant développé, en particulier avec l'armée. Cependant, notre ennemi impérialiste, le Jashuria, reste une puissance à nos portes. Ils ont la capacité de nous réduire à néant en peu de temps…"
Le ministre lève la tête et observe son général, tremblant de peur en voyant son expression de mécontentement. D'un ton ferme, le général lui dit de continuer.
"Oui, mon général. Comme je le disais précédemment, nous n'avons pas assez de puissance pour affronter de front le Jashuria, surtout qu'ils ont des alliés partout dans le monde et nous faisons pâle figure face à cette puissance... pour l'instant. Mais dans les années à venir, nous..."
"Silence!" s'écria le général. "Cesse tes bêtises et donne des solutions simples. Comment faire du mal au Jashuria sans que l'on sache que c'est nous, tout en obtenant un maximum de bénéfices? Ces salauds occupent toujours une partie de notre patrie, qui devait être sous notre bonne gouvernance," dit le général. "Il faut faire quelque chose qui marquera l'histoire, asseoir mon pouvoir et celui de ma descendance pour les années à venir."
"En parlant de descendance," dit le ministre, "vous n'avez que des filles, général, et pas un seul garçon, donc pas d'héritier. Avez-vous une solution, mon grand et illustre camarade Kim?"
"C'est un autre problème," répondit le général, plongé dans une profonde réflexion. "Il me faut une réponse pour le Jashuria, c'est mon principal problème pour l'instant. Si je n'arrive pas à avoir une descendance mâle avec cette femme, trouvez-en une autre."
À ce moment-là, on frappe à la porte du bureau. C'est Jon Sŭng-su, le directeur de Black Hands, un service spécial de renseignement de haut niveau placé sous l'autorité directe du Président du Bureau des Affaires de l'État. Avec lui se trouvent le ministre de la Sécurité d'État, Cho Min-Kyu, Yoon Mi-Ra, ministre de la Sécurité Intérieure, et Kim Soo-Hyun, ministre des Affaires Étrangères.
"Entrez," dit le général. "Que se passe-t-il?"
"Salutations, général Kim," disent-ils en chœur. Puis le ministre de la Sécurité d'État prend la parole : "Savez-vous, nul doute que vous êtes au courant de l'organisation nommée Ruban Écarlate. Bien que nous partagions certains points communs dans notre idéologie..."
"Faites court," dit le général.
"Bien, mon général," dit le ministre. "Cette organisation a été accueillie par votre grand-père en Sud-Kazum. Enfin, ce qu'il en restait de cadres alors qu'ils fuyaient le Jashuria, et il leur a permis de s'installer sur notre territoire en échange de rendre service à la nation d'accueil."
"Et quel est le rapport avec mon problème?" dit le général.
C'est le ministre de la Sécurité Intérieure qui prend la parole : "C'est simple, mon général. En échange de leur hébergement, ils ont formé nos troupes à l'art de la guerre jashurienne, nous renseignant sur leurs tactiques et formations de combat ainsi que sur les particularités géographiques à prendre en compte pour toute activité non autorisée par l'État du Jashuria."
Puis commence le directeur de Black Hands : "Ces gars-là sont excellents. Ce sont des troupes de haut niveau, entraînées depuis leur naissance par les ex-membres du Ruban Écarlate, qui mélangent leur idéologie avec la loyauté au Général Kim et à sa famille ainsi qu'à la nation. C'est de là qu'est né le groupe d'élite Jaguars Noirs. Ils sont basés à Hwangno, près de la frontière avec le Jashuria, sous votre autorité. Des membres de cette unité d'élite peuvent s'infiltrer au Jashuria pour y commettre des activités compromettantes sans que cela ne puisse être lié à nous."
"Excellent," dit le général. "Maintenant, reste à savoir ce qu'il faut faire pour que ce soit le plus remarqué possible et le plus spectaculaire, tout en servant nos intérêts. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des membres de cette unité d'élite."
"Je pense connaître le meilleur endroit," dit le ministre de la Défense. "Nous allons les envoyer dans un territoire stratégique et clé du Grand Canal mais peu connu. Une ville serait mieux, par exemple à Ko Laquyia, près de la métropole régionale d'Ankevran."
"Et que faire là-bas?" dit le général. "C'est une excellente idée, mais quoi faire?"
"C'est simple, mon général, très simple : un attentat suicide kamikaze. Cela fera le plus de victimes possible, et c'est très éloigné de nos frontières bien fermées, en plus d'être en plein territoire jashurien et près d'une voie stratégique, le Grand Canal. Cela va discréditer les autorités jashuriennes, montrer leur incompétence à assurer la sécurité du Grand Canal, et renforcer nos positions."
Un large sourire s'affiche sur le visage du général, très satisfait. "Excellent, excellent," dit-il. "Bravo à tous. Envoyez une missive à l'unité Jaguars Noirs et tenez-moi au courant. Dites-leur qu'ils seront récompensés pour la réussite de cette opération, et vous aussi, alors vous avez intérêt à ce que cela réussisse. Mais attention, personne ne doit être au courant de notre plan, compris?"
"Oui, mon général," disent les ministres et le directeur en chœur.
"Alors partez," conclut le général, qui commence à observer ses dossiers et replonge dans une profonde réflexion. "Il me faut un héritier. Dois-je me débarrasser de cette femme? Un accident est vite arrivé, ou une trahison d'État. Ou dois-je patienter encore un peu?"