21/02/2015
18:46:57
Index du forum Continents Afarée Bajusid

[PRESSE] Editions nationales et internationales par le Bajusid

Voir fiche pays
REVUE DE PRESSE



Presse



Considérant l'Histoire du Bajusid, il est admis que certains des articles ci-dessous soient disponibles en arabe et en français, conformément aux deux langues officielles du pays.

bueid almanal
bueid almanal dit "l'insaisissable" (بعيد المنال) - éditions nationales et internationales.

L’insaisissable est le nom donné à un ancien journal clandestin faisant la critique de l'ex-dictateur kronien, Baldassare Calabraise. Porté sur la dénonciation des excès de l'ancien régime colonial de Pendragon (Kronos), ce dernier inscrit aujourd'hui son action dans la promotion des aspirations citoyennes à l'intérieur du pays et sur la scène internationale.
bueid almanal
"bueid almanal"

5 avril 2014 - Interview de Joubair Toulali, parmi les ombre des camps de travaux forcés de Yivan.


Joubair Toulali
Joubair Toulali, photographié à la sortie du camps de travaux forcés de Yivan, libéré après la chute de l'administration locale d'Afarée.


Joubair Toulali, a accepté de nous retrouver et de répondre à nos questions, devant les portes du camps de travaux forcés d'Yivan où il a confié "s'y être vu mourir." Arrêté et déporté en 2007 pour avoir tenté de passer la frontière du Kronos eurysien avec la Youslévie, Joubair Toulali est sorti du camp de travaux forcés Yivan en 2010, lorsque les états membres de l’Organisation des Nations Commerçantes, ont déclenché une intervention militaire navale et terrestre en Leucytalée en réponse au spectre des menaces nourries par le dictateur kronien Baldassare Calabraise sur les capitales de leurs pays. Pour nous, l'homme a accepté de revenir sur cette expérience douloureuse mais aussi fondatrice de son entrée en politique.

Journaliste Said Haddani : Tout d'abord bonjour Joubair. Notre journal et vous échangeons depuis quelques temps déjà pour organiser cette prise de parole, particulière nous le comprenons tout à fait et c'est pourquoi celle-ci m'amène à réitérer mes remerciements les plus vifs à votre égard.

Joubair Toulali : Bonjour Said. Sans fausse modestie, c'est moi qui vous remercie. D'abord pour la visibilité faite à mon histoire et, espérons mon futur dans un Bajusid qui se cherche et doit redéfinir ses modèles pour renaître sous les meilleures auspices, renforcé de ses périodes troubles, telle une plaie qui se protège désormais sous la croûte épaisse d'une cicatrice...

Journaliste Said Haddani : Et justement Joubair, vos plaies, les téléspectateurs ne les connaissent pas mais vous avez passé 3 ans en détention, 3 ans pendant lesquels vous vous êtes contraint à l’exécution de pénible et dangereux pour la santé. Racontez-nous le début de cette descente aux enfers.

Joubair Toulali : Merci monsieur Haddani. Alors, premièrement je sais qu'à l'heure où je vous parle, certains ont connu la guerre de Leucytalée d'un peu plus près que moi pendant mon incarcération et mon témoignage ici n'a en rien vocation à minimiser les souffrances qui ont traversé le pays il y a quatre ans. Il vise seulement à porter aux oreilles de tous ce qu'a été le régime kronien en Afarée du Nord, pour faire tomber dans l'oubli ceux qui pensent qu'un Kronos sans Calabraise puisse exister en Bajusid...

Quant aux malheurs qui m'amènent face à votre caméra. Qu'on se le dise, mon crime a été de vouloir emmener mon fils trouver une vie meilleure en Youslévie. Mon fils est né au Kronos afaréen et avait vocation à y rester mais c'est aussi un étudiant pour lequel j'aspirais au meilleur des avenirs. Il était venu suivre des études en audiovisuel, car de vous à moi, la métropole kronienne était un incontournable pour suivre des études, là où le Kronos afaréen s'est fait la poubelle du régime Calabraise, partagée entre industries chimiques et camps pour déportés.

La dépendance du Bajusid pour le Kronos a été forcée.

Journaliste Said Haddani : Forcée vous dites?

Joubair Toulali :Je persiste, forcée par le délabrement des services publics d'outre-mer, au profit des industries polluantes et néfastes, ainsi que des infrastructures carcérales...

A quoi bon suivre des études en audiovisuel quand de retour dans sa région natale, il n'y a de place que pour les réalisateurs sous tutelle de l'état? Des metteurs en scène plus que des réalisateurs qui n'ont plus que pour seule réussite d'avoir mis en scène avec brio des scripts conditionnés par les censeurs du régime. Mon fils a pour projet de faire un film sur l'histoire de sa vie, sur ce qu'a été son enfance au Bajusid et les complications quotidiennes qui frappent les familles qui y vivent. Quelle chance avait-il de faire ce film, de faire un film, dans ce pays? Aucune, il me disait quand je l'appelais "Papa, ne viens pas. Ici mes camarades ont des parents sympathisants voire adhérents au parti... Quand des officiels viennent rencontrer les promotions au travers d'exercices dirigés, certains officiels les appellent par leur prénom. Je serais heureux d'avoir ne serait-ce que la moyenne..."

Au Kronos, réussir c'est asservir. Vous voulez une place? Rentrez dans la case où elle se trouve, arrondissez les angles, diminuez-vous si nécessaire... Quand mon petit a réussi ses études, j'étais fier, car j'avais la mesure de l'adversité qu'il avait battu pour franchir la ligne d'arrivée. Pour moi, il avait fait sa part et je me devais de faire la mienne, c'est pourquoi quand je suis venu à Pendragon pour sa remise de diplôme, j'étais préparé à l'idée qu'un passage de la frontière youslève s'imposerait. Mon fils et le passeur sont parvenus à passer mais une patrouille de garde-frontières nous a repéré et j'ai préféré me rendre pour les occuper et laisser le temps à mon fils de passer en territoire youslève.

Journaliste Said Haddani : Un choix lourd de conséquences, puisque c'est ce qui vous a conduit dans les camps de travaux forcés de Yivan. Avec le recul vous regrettez?

Joubair Toulali : Absolument pas... Mon malheur est une forme de réussite, déjà parce que j'ai réussi à faire passer la frontière à mon fils. Et aussi parce que j'ai pu garder la vie sauve après ça. Mais tout n'a été que survie depuis cette date. Vous savez, des kroniens sont morts en tentant de franchir cette frontière. J'ai survécu avec l'espoir et la garantie d'offrir un avenir à mon fils. Et ça, même un geolier peut vous l'enlever.

Journaliste Said Haddani : Les forces du régime qui tenaient le camp vous ont-elles torturé?

Joubair Toulali : Elles n'avaient pas à le faire, le Kronos en Afarée du Nord était l'expression permanente d'une violence institutionnalisée. Une violence physique par les incarcérations arbitraires qui nous ont frappé et les conditions de vie dangereuses qui nous ont été imposées dans les usines chimiques fermées de Yivan. Un travail d'acharné, porté très tôt le matin et arrêté très tard le soir, si bien qu'il nous était possible de couvrir en une journée, le travail normalement opéré sur deux postes 3x8 dans une industrie non carcérale. Après les conditions de travail, ce sont également les conditions de prise en charge qui étaient désastreuses, j'ai vu des codétenus mourir dans leur vomi après être revenu d'isolement, un autre se vider de son sang après une crise d'épilepsie qui a conduit son crâne à heurter le lavabo de notre cellule. Les gardiens sont venus le récupérer le lendemain matin quand nous étions partis en pause déjeuner. C'est dire la considération qui était faite à la vie humaine dans ces usines. En ce sens on peut dire que mes années d'incarcération ont été sous la torture. J'ai subi des tortures physiques et psychologiques et plus encore j'ai été témoin des souffrances de nombreux autres détenus. Le régime kronien en Afarée du Nord était une période sombre, dont la réitération ne peut être souhaitée que par ls comportements orduriers de ceux qui ont permis son maintien.

Journaliste Said Haddani : Et pour les autres, que pensez-vous que cette période noire ait suscité?

Joubair Toulali : Pour les autres, elle a renforcé leur volonté car elle a renforcé ma détermination à lutter pour un avenir meilleur pour notre pays.

Journaliste Said Haddani : Est-ce ce qui a façonné votre lancée en politique?

Joubair Toulali : Indubitablement ! J'ai essayé de suivre les règles, mon fils a essayé de suivre les règles, en vain... Ce camp de travaux forcés à Yivan, il ne tenait que parce que des gens, es riverains, ont fermé les yeux sur ce qui s'y passaient. Si chaque détenu avait vu une dizaine de proches se soulever pour lui, la barrière d'entrée aurait sauté dans l'heure. Notre silence est l'écho de notre mort, le stoïcisme du cadavre que tout indiffère. Qu'il ne soit plus jamais dit que le Bajusid abrite des camps de la honte, des camps où l'on travaille pour rien, dans des conditions déplorables alors qu'en dehors, la misère et le débrouillardisme pullule.

Combien de familles ont payé, économiquement parlant, les politiques étrangères difficiles du gouvernement Calabraise? N'avons-nous pas suffisamment de personnes désoeuvrées pour travailler et gagner leur vie dans ces usines? Le Kronos avait, depuis sa situation géographique qu'était la sienne, mille opportunités de faire du commerce, de s'ouvrir au monde et d'attirer des investisseurs. Notre modèle économique, nos alliances, notre modèle judiciaire, tout a été conçu à l'envers, pour faire de l'état un faiseur de pauvres et de veuves. Avec le Bajusid, je rêve d'un pays où les citoyens craignent les criminels avant les autorités, et où la criminalité ne constitue un des rares débouchés pour survivre...

Il y a beaucoup à faire, ça vaut bien l'engagement d'un vie ou de ce qu'il m'en reste. Conclut finalement l'homme d'un large sourire.

Journaliste Said Haddani : Et votre engagement, parlons-en, vous venez de fonder "أمة فخورة" (littéralement "Nation fière"). Que pouvez-vous nous en dire?

L'homme hoche ostensiblement la tête, se préparant à donner du poids à sa réponse.

Joubair Toulali : Nation fière, est un parti qui veut regrouper en son sein toutes les pensées réformistes qui manquent à notre pays. Des réformistes de son système judiciaire, de sa gouvernance politique, mais aussi son ancrage culturel, pour sortir de l'ombre laissée par la métropole kronienne. Nous allons redéfinir les modalités de financement de l'éducation, des srvices publics au sens large, permettre une réappropriation des lieux par les investisseurs puisqu'il ne soit plus jamais admis que des gens meurent littéralement bouche ouverte à l'usine, pour avoir refusé de mourir une balle dans la nuque. On veut une société qui puisse porter des institutions qui ne les écrasent pas...

La première étape, c'est le parti, la bannière derrière laquelle les gens peuvent se reconnaitre et suivre dans nos combats citoyens à venir.

On veut souffler le changement au Bajusid et faire de cette région, le facteur de sa réussite. Le Bajusid a un emplacement privilégié, des partenaires régionaux potentiels, des intellectuels, posons le cadre dans lequel on souhaite évoluer et développer les atouts de nos citoyens, fiers et intégrés autour de notre projet. Un projet tourné vers l'institutionnalisation d'une autorité politique, morale et judiciaire dans le pays, des réformes sociales et la restauration d'une identité nationale tangible vers laquelle pourront se tourner des citoyens fiers. Tout est à construire, l'état de droit à construire, les opinions individuelles de chacun sont à chacun faute d'un accès à des médias transparents...

Journaliste Said Haddani : Pensez-vous que votre projet se heurtera à des obstacles plus gros que lui?

Joubair Toulali : Plus gros c'est impossible, rien n'est plus infinie que notre soif de réformes et de libertés. Il y a néanmoins je le conçois, des obstacles notables sur notre trajet, à commencer par les loyalistes à Calabraise, les Calabraisistes, qui pourraient nourrir une contre-révolution et une propagande qui vienne reposer sur les outils et l'état de droit bâti... C'est un mal nécessaire pour justifier notre différence avec ces bourreaux qui n'attendent qu'un moment propice pour sortir du bois. Nous les attendrons, sans jamais leur céder de terrain.

Journaliste Said Haddani : Mais le chemin qui s'ouvre à vous semble encore long, si ce n'est périlleux. Comment envisagez-vous la suite avant de crédibiliser votre parti, concrétiser votre projet ? Comment comptez-vous passer d'un gouvernement de transition, porté par les états-membres de l'ONC, à un gouvernement locale légitime, qui a la force de ses ambitions?

Joubair Toulali : Ah... vous pensez bien que l'heure est à battre le rappel. Nous devons prioriser nos souhaits de réformes, très nombreux je vous prie de croire. Après quoi nous nous ferons enregistrer sur les listes des prochaines élections locales et nous viendrons au contact de nos concitoyens pour leur partager notre projet. Aussi j'aimerais d'ores et déjà leur dire que, malgré les souffrances et les difficultés persistantes au Bajusid, nous trouverons la force, par le dialogue, par la pédagogie, d'échafauder un modèle nouveau profitable au pays. L'âge de guerre est terminé, l'état de droit arrive.

Journaliste Said Haddani : Réponse aux premières élections législatives de ce qui a vocation à incarner la naissance du pluralisme politique au Bajusid... Joubair Toulali , une nouvelle et dernière fois encore, merci. Merci pour votre temps, merci pour cet échange inspirant, à l'heure où le Bajusid tente de fuir ses démons hérités de l'ère coloniale..
Haut de page