Posté le : 13 jui. 2025 à 21:35:15
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De quoi Ateh Olinga est-il le nom ?
Fabrizio Colonna, professeur de sciences politiques à la faculté de Philosophie politique de Velsna, tente de comprendre, au sein de plusieurs études, ce qu'il nomme le phénomène Olinga. Depuis 1994, le dictateur gouverne le pays: 20 ans au pouvoir constitue un exploit d'une certaine manière, pour ce type de personnage. Sans culture politique, passablement illétré, et que l'on pense d'une intelligence limitée, le professeur Colonna tente ainsi d'expliquer les secrets d'une pareille longévité pour un régime qui du reste, peut-être considéré comme étant partouclièrement violent, mais qui paradoxalement, suscite une adhésion relativement constante de la population ouwanlindaise. Lumière sur cette question.
Le 3 février 1994, après quinze années de guerre civile, poncutée de deux renversements de gouvernement, d'une guerre fratricide entre les quatre etchnies du pays: swouli, zouli, tikka et hatti, et d'un génocide ciblé sur ces derniers, un jeune seigneur de guerre du nord-est du pays effectue une entrée triomphale dans la capitale d'Opango. Une armée que l'on ne pourrait considérer comme telle que de nom, tant il s'agit en réalité d'une coalition hétéroclite de groupes paramilitaires divers et de guerrilleros qui quelques années auparavant, n'étaient que de simples villageois. Cette armée, parlons-en, et pour comprendre ce qui fait son caractère exceptionnel, il faut avant tout reprendre le contexte de cet Ouwanlinda post-colonial.
Pour commencer à comprendre Ateh Olinga, il faut bien prendre connaissance de ce contre quoi il se bat depuis ses quinze ans, date à laquelle on suppose, avec quelques incertitudes,, que ce dernier s'est engagé dans une milice locale de son village de Fapango, qui deviendra sous son règne la ville de Lac-Croco. Depuis le départ des velsniens dans les années 1970, l'Ouwanlinda n'avait jamais eu le droit à une certaine stabilité. Du reste, il va sans dire que la colonie a été négligée durant plusieurs siècles par des velsniens qui n'y voyaient là qu'une simple étape transitoire vers les épices du Nazum, et qui n'y ont développé un tissu urbain que sur les côtes, peuplées par des afaréens de l'ethnie hatti. Convertis au catholagnisme au cours des XVIème et XVIIème siècles, les membres de cette ethnie se distinguèrent très rapidement de leurs voisins par la proximité croissante des eurysiens, et très rapidement, se forme une petite élite locale faisa nt office de relais dont les velsniens manquaient cruellement entre le pouvoir de la cité eurysienne et les locaux. A compter de cette date, et jusqu'à la décolonisation, l'administration locale n'est donc pas directement composée de velsniens, mais de hatti christianisés, qui s'improvisent en référence sociale vis à vis des trois autres ethnies du pays. Les velsniens comprennent le bienfait, tout à fait temporaire comme nous le verrons plus tard, de la constitution d'une hiérarchie sociale stricte au sein de cette colonie, un exemple tout à fait singulier puisqu'il ne se présente que dans cet endroit précis de l'Empire colonial velsnien.
Hatti, zouli, tika, swouli...que sont finalement ces ethnies à l'arrivée des velsniens, et que sont-elles devenues lors de leur départ ? Paradoxalement, le concept d'ethnie est tout à fait différent en Ouwanlinda, à l'époque des grandes découvertes, que pour les eurysiens. Ces ethnies, contrairement à ce que l'on peut penser, ne sont alors pas à considérer comme des peuples à part entière, tel que l'on entend, avec des langues distinctes, des habitus culturels uniques. En réalité, la répartition géopgraphique même de ces ethnies nous fait comprendre qu'il n'y a pas forcément d'unité de ces populations, et qu'au sein de ces ethnies, il y a des subdivisions que les velsniens vont négliger, avec pour commencer, celle de la cellule familiale et le "village". Et il est intéressant de constater que dans un même village peuvent cohabiter des individus d'ethnies différentes. En réalité, à l'arrivée des velsniens, un hatti n'est pas tant un individu qui distingue par une identité culturelle, mais par son appartenance sociale: le "hatti" est avant tout un propriétaire terrien. Ou un laboureur, là où le swouli est un cultivateur, ou celui à qui la terre est louée. Les ethnies ouwanlindaises sont donc à l'origine davantage des strates sociales d'une même société que des identités distinctes.
La grande rupture qui survient est avant tout le fait des velsniens, qui sans même en avoir la volonté politique, vont instiller progressivement au fil de l'époque moderne par le biais de la diffusion des idées, des concepts au sein de la société ouwanlindaise qui vont provoquer un développement de plus en plus accru des antagonismes au sein de celle-ci. Ce processus se fait très progressivement, et par étapes. Il faut noter en effet, qu'à partir du XVIIIème siècle, lorsque la conquête velsnienne est achevée, et que le maillage administratif de la cité sur l'eau clairement défini, le mécanisme d'ascenseur social qui était encore possible, quoique très difficile, semble se figer, dans un premier temps de manière officieuse. Le swouli ne peut alors plus devenir hatti, et inversement, au gré des réussites et des echecs personnels. Jamais les velsniens ne formaliseront clairement cet état de fait, car Velsna elle même, à contrario d'un certain nombre de pays eurysiens d'alors, ne se sert pas de leviers issues de théories racistes pour justifier sa présence. Mais ceux ci ne feront rien pour enrayer ce processus, qui du reste arrange les administrateurs hatti comme il arrange les colons. La recherche du statut quo permanent des velsniens entérine alors une modification majeure dans la société ouwanlindaise, qui va s'avérer dramatique sur le long terme.
En parralèle, la conversion des régions côtières du pays au détriment des sunnites à l'intérieur des terres, convertis depuis le XIème siècle, accentue le fossé qui sépare les hatti des trois autres ethnies de la colonie. La frontière n'est alors plus seulement sociale, mais religieuse. L'obligation d'être hatti pour accéder aux postes de l'administration parachève le processus de distinction, et l'indépendance ouwanlindaise va s'avérer être l'une des plus douloureuses d'un pays afarée à compter du milieu du Xxème siècle.
La montée des revendications indépendantistes va provoquer l'apparition, à partir des années 1960, d'une multitude de mouvements de guerrilla. Mais il est important de noter que ces mouvements, pour la quasi totalité, ne sont pas le reflet d'une entente entre les ethnies du pays. Swouli ne combattent pas avec hatti ou zouli dans le cadre d'un projet commun, mais dans celui de revendications distinctes. Les mouvements hatti n'ont pas l'intention, par exemple, une fois l'indépendance décrochée, de transformer la société coloniale, mais plutôt d'en prendre la tête. Il ne s'agit pas de ce que l'on pourrait qualifier d'une contestation du pouvoir, mais d'une tentative d'appropriation. Une vision des choses que ne partagent pas les swouli, les tika et les zouli. Dans le contexte de l'indépendance de la majeure partie des anciennes colonies eurysiennes d'Afarée, Velsna est contrainte par la force des choses de plier baggage: évènement acté le 21 mai 1975. La colonie de l'Ouwanlinda cesse alors d'exister au profit d'une entité indépendante sur le papier, qui arrange pour ainsi dire les anciennes puissances. Les velsniens ont alors préféré négocier cette indépendance, tout naturellement, avec les hatti davantage qu'avec les swouli. L'Ouwanlinda des velsniens laisse place à l'Ouwanlinda des hatti. Dans les faits donc, l'indépendance ne change rien pour les swouli, tika et zouli, et fait naître un sentiment de frustration et d'injustice qui va être cultivé pour deux décénnies, jusqu'à la catastrophe.
Dans ces premières années post-coloniales, qu'est-ce qu'Ateh Olinga, l'homme au centre de notre tableau. Eh bien...il n'est qu'un enfant d'une dizaine d'années à cette date, mais c'est là bien assez pour que l'ancien régime laisse des traces sur sa personne. Nous pouvons là nous attarder sur le premier trait de caractère qu'il développe, et qui va par la suite marquer le régime olinganien: la brutalité. L'Ouwanlinda d'Ateh est un régime violent, il faut le souligner, ou du moins il aspire à provoquer le changement par une certaine dose de violence, mais celle ci est explicable par le contexte dans lequel cet Ouwanlinda, celui d'Ateh, a été crée. Ateh Olinga n'est alors qu'un enfant d'une dizaine d'années, issu d'une famille swouli sunnite, dont on sait qu'ils ne possèdaient tout comme les swouli, pas la propriété de la terre qu'ils cultivaient. Nous pouvons supposer qu'Ateh développe très tôt conscience de cette réalité, au vu du fait qu'il est averé que son père appartenait à une milice indépendantiste swouli qui figure parmi celles qui ont été désarmées de force par le nouveau régime hatti au ledemain de l'indépendance effective. De sa mère, on sait de source probable que celle-ci a été executée par balle lors d'une descente dans l'actuelle localité de Lac-Croco par une milice hatti pro-velsnienne durant ces évènements. D'Ateh et de sa jeunesse, on sait de son éducation qu'il est formé aux travaux agricoles au sein de la terre locative que ses parents cultivent, et qu'il ne sait pas lire avant un certain âge, étant donné le fait que les swouli n'ont que peu accès à une quelconque forme d'éducation par decret gouvernemental (voté dés l'indépendance).
Ateh atteint donc l'adolescence durant cette période, et donc l'âge de constater par lui même les premières conséquences des politiques du gouvernement hatti, qui sont par bien des aspects la continuation de la lenter évolution des rapports entre ethnies en fin de période coloniale. Plus que jamais les hatti prennent le contrôle d'un pays dont les populations sont compartimentées de manière de plus en plus systématique. Ce qui était implicite durant la période coloniale devient sous le gouvernement hatti un fait indiscutable et incontestable, et le fondement de toutes les relations sociales. La loi hatti vient entériner des réalités implicites. L'ethnie hatti s'enferme dans une sorte de "lager" juridique (référence aux cercles de chariots que les colons velsniens, à une certaine époque, utilisaient pour se protéger dans ces régions), constitué d'un arsenal législatif devant être le résultat de siècles de changements induits par l'exterieur sur une société traditionnelle ouwanlindaise, qui du reste, n'avait jamais été conçue à de tels changements.
Le 7 septembre 1975, le gouvernement hatti enétirne une réforme profonde. En premier lieu, les mariages mixtes entre ethnies sont interdits, ce qui constitue un fait inédit puisque, comme nous l'avons rappelé, les barrières ethniques nétaient pas déterminées par une répartition géographique distincte, et que les unions mixtes étaient somme toute monnaie courante avant la division progressive de la société ouwanlindaise. Quelques semaines plus tard, une autre loi entérine l'interdiction d'accès aux métiers de l'encadrement et du commerce aux swouli, aux zouli et aux tikka, ce qui vient confirmer une dynamique de stratification sociale déjà à l'oeuvre. Ces deux lois, mais surtout la première, jettent les fondations d'un discours de particularisme ethnique, qui a vite fait, dans les milieux intellectuels hatti, de dériver en une théorie raciste dont la thèse est de plus en plus acceptée, non seulement par l'élite hatti, mais qui va avoir une répercussion sur les swouli, zouli et tikka éduqués, qui vont diffuser un contre-récit, mais se fondant en mirroir de ces thèses, et qui enferment donc le discours autour du thème de la race.
Dans ce contexte de plus en plus explosif qui voit réapparaître, quelques années à peine après l'indépendance, des milices paramilitaires zouli, tikka et swouli opposées au nouveau régime, quant à lui progressivement soutenu par un corps expéditionnaire velsnien, Ateh Olinga fait ses premières armes. Si il n'est pas réputé doué en écriture ou toute autre activité invitant à la reflexion et à la prospection, on reconnaît en ce jeune cultivateur swouli, un jeune homme dont la force fait forte impression. De carrure impressionante, voire effrayante (Ateh Olinga fait 1m95, ce qui est bien au dessus du commun de l'Ouwanlinda des années 1970-80), le jeune homme est donc rapidement repéré par une milice swouli contrôlant la région du Lac-Croco, commandée par un certain Diou Burkanda, un partisan vétéran de la guerre d'indépendance, dont les actions remontent pour les premières dans les années 1960.
C'est à cet instant que le parcours d'Ateh Olinga aurait pu ne pas être très différent de celui de milliers de scouli sunnites, enrôlés au sein de groupes armés prônant un mirroir du contrat racial que les hatti avaient instauré. Olinga aurait très bien pu devenir l'un de ces zélotes sunnites qui feront tant parler d'eux dans les années suivantes, à la chute du gouvernement hatti. Mais il n'en fut rien: la figure de Diou Burkanda allait s'avérer extrêmement formatrice pour le jeune swouli, et il se trouvait que celui-ci avait une vision tout à fait différente de la société ouwanlindaise que la plupart de ses comptemporains, une vision d'un véritable état-nation ne prenant plus en compte le critère jugé arbitraire des ethnies et des castes séculaires. Non pas que Burkkanda n'était pas nationaliste et conservateur sur certaines questions: cela, il l'était de manière irréfuttable, et il n'était en rien formé aux thèses socialistes dont certaines influenceraient plus tard un Ateh Olinga en pleine formation. Olinga inscrit donc sa naissance en tant que fait politique dans un groupe paramilitaire swouli, l'un des rares dont le projet politique n'est pas la continuation de la société coloniale velsnienne. On lui enseigne la haine du colon, et de ce modèle post-colonial qui est considéré à raison comme la source de la plupart des prooblèmes du pays. Au delà de l'idéologie, dont Ateh a toujours été plus ou moins dépourvu, s'appuyant sur un agrégat empirique de diverses experiences et leçons données tout au long de sa vie (il n'a jamais lu le moindre ouvrage de théorie politique), celui-ci est formé aux armes et aux techniques de guerrilla dans le terrain très familier de la jugnele des grands lacs de l'est du pays. On estime qu'il intègre ce groupe dés ses quinze ans, mais il est parfois difficile de distinguer faits véritables et propagande. Reste que les actions de ce groupe commencent à faire du bruit, et le N12, comme ceux-ci se nomment eux même, mènent diverses actions dans ce cadre de guerre civile, à la fois contre le gouvernement hatti soutenu par des troupes velsniennes, mais également contre les chefs de guerre swouli, qui commencent à se fédérer en une clique dont le vieux Diou Burkanda reste à l'écart.
Ateh gravit progressivement les échelons au sein du groupe, et ce d'une manière fulgurente. Si l'intelligence des lettres celui-ci n'a pas, il se montre sous divers aspects sur le terrain: non seulement il est un soldat considéré comme extrêmement discipliné, mais il est égalalment capable de réacticité en cas d'improvisation et de d'imprévu. C'est à cette époque que des journalistes velsiens commencent à s'intéresser au N12, et Quotidia lui attribue un qualificatif évocateur (il d'agit de la première mention d'Olinga dans un média, alors qu'il est le second de Burkanda): "Au dessus de ses épaules, il n'y a que de l'os". Une manière de souligner le caractère de ce soldat, qui est prompt à obéir à n'importe quel ordre émanant de ses supérieurs, jusqur'aux plus suicidaires, et ce sans la moindre appréhension.
Nous sommes alors en 1983, et Ateh a 23 ans. Il est encore jeune, et pourtant, cela ne l'empêche pas de prendre la tête du N12 à la mort de Burkanda, dans des circonstances troubles (sa mort n'a jamais été expliquée, et ce qui est sûr est qu'il ne serait pas mort au combat). La succession se fait alors sans la moindre opposition, et Ateh est prêt à devenir un fait politique. Reste à trouver le coup d'éclat qui convient à la carrure de la personne.
La "bataille" de la voie Biaggi, et le début du fait politique olinganien
1983 est une année charnière dans l'existence du mouvement N12, que l'on nommera bientôt "Armée de libération olinganienne" ou "ALO". En effet, prendre la tête d'un mouvement armé ne suffit pas: l'Ouwanlinda compte alors des dizaines de chefs de guerre de groupes paramilitaires plus ou moins importants, contrôlant une grande part du territoire ouwanlindais. Car il faut le préciser: le gouvernement hatti a pour ainsi dire déjà perdu le contrôle de larges portions de térritoire où la population swouli, tikka ou zouli est importante. Dans les faits, le gouvernement ouwanlindais contrôle encore les littoraux ouwanlindais, et quelques grands axes de communication: routes et voies ferrées menant à des agglomérations importantes ou moyennes à l'intérieur du territoire, protégées entre autre par des contingents velsniens. L'enjeu est important pour un chef de guerre nouvellement nommé et qui doit faire ses preuves auprès de ses propres hommes: il faut frapper un grand coup qui aura une portée importante, à la fois pour ses partisans, mais aussi pour els populations civiles, même si l'opération en elle même n'a qu'une importance stratégique limitée sur l'instant. On peut ainsi souligner dés cette période, une certaine intelligence politique de la part d'un individu dont on dit souvent avec une relative naiveté qu'il ne s'agit que d'une brute sans capacité de réflexion. Ateh Olinga montre en effet une perception de la realpolotik relativement développée. Il se borne ainsi, dés son arrivée à la tête de l'ALO, à développer une forme de popularité vis à vis des populations vivant sur le territoire contrôlé par l'organisation, sous la forme de distribution de cadeaux et de pots de vin. Il identifie ainsi les chefs de village comme un relais politique important et qu'il ne faut en rien négliger, et se constitue, pour un chef de guerre ouwanlindais, l'un des territoires dont le contrôle est le plus ferme.
Pendant que l'armée gouvernementale hatti et les autres groupes swouli sont en en affrontement ouvert, le groupe de l'ALO amasse ainsi patiemment ses ressources, se ménageant pour finalement intervenir au moment opportun, alors que celui-ci n'a qu'un nombre d'alliés limités: Ateh Olinga est alors en froid avec la clique des chefs de guerre swouli, tout en étant en guerre ouverte avec le gouvernement hatti (dans les faits, les actions sont encore peu nombreuses car les forces gouvernementales ne considèrent alors pas le groupe de l'ALO comme une cible prioritaire). La situation entre Ateh et la clique swouli s'achève de dégénérer en conflit, somme toute relativement larvé au cours de l'année 1983, compte tenu des escarmouches de plus en plus continuelles sur le territoire de l'ALO, qui pousse Olinga à déclarer la guerre de manière impulsive à la clique. S'en suit plusieurs coups de mains meurtriers de part et d'autre, mais qui n'est pas suivi par une attaque de grande envergure par l'ALO, car Olinga a un projet bien plus ambitieux, qui pourrait faire changer de dimension à son organisation. En effet, ce dernier a compris qu'il serait beaucoup plus payant sur le plan politique, d'ouvrir un front contre un adversaire gouvernemental, qui d'une part est phase d'affaiblissement au nord de la région de Lac-Croco, et dont la popularité auprès de la population est en plein effondrement, après des années de politique ségrégationniste et de complicité avec les velsniens. Ateh décide alors de jeter toutes ses forces dans un projet résoluement ambitieux, que la plupart des stratèges militaires d'alors ont qualifier de suicidaire: mobiliser l'ensemble de ses forces dans la prise d'un convoi militaire sur voie ferrée, escorté par le corps expéditionnaire velsnien constitué de militaires de carrière lourdement équipés. L'objectif stratégique serait alors de provoquer la perturbation de la chaîne d'approvisionnement des bases militaires gouvernementales au nord est du pays, dans les zones frontalières du territoire tenu par l'ALO. Mais au delà de cet aspect, il y a aussi un coup symbolique identifié par Ateh: celui d'être le premier chef de guerre ouwanlindais à défaire le corps expéditionnaire velsnien dans le cadre d'un affrontement armé, ce dont aucun membre de la clique swouli ne peut encore s'enorguillir à cet instant.
Le convoi, en partance d'Opango le 21 juin 1983, doit serpenter le long d'une ligne contrpolée par les forces gouvernementales, mais dont la région traversée, peuplée de villages essentiellement zouli et tikka, sont particulièrement hostiles, pour bifurquer ensuite vers l'ouest, en direction de Kalinga, que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de "Triompbe d'Ateh". Par le biais de renseignement, la date du départ du convoi est connue plusieurs semaines à l'avance, ce qui laisse à Ateh et aux membres de l'ALO, le temps tisser un réseau embryonnaire dans tout le nord est du pays. Olinga négocie par la paix ou par la force l'accès à ce territoire par sa milice, de même qu'il obtient le soutien armé de certains chefs de village à qui il promet une part du butin considérable se trouvant à bord du convoi de trains. Pour faire diversion, l'ALO lance une série d'attaques dans d'autres régions du pays, éloignées du théâtre des opérations, et transmettent même aux autres seigneurs de guerre swouli de fausses informations les encourageant à organiser des attaques contre les forces gouvernementales au même moment. Le 21 juin, lorsque le convoi part d'Opango, tout est alors en place pour une opération qui allait rester en mémoire comme l'émergeance d'Ateh Olinga en tant que figure politique alternative dans un pays en guerre civile.
Méthodiquement le convoi est retardé une première fois dés que celui-ci s'éloigne de la région centrale du pays, sous contrôle du gouvernement. Les obstacles sur la voie comme des arbres abbatus provoquent un premier arrêt, mais Ateh n'ordonne pas immédiament le harcèlement du "long serpent", préférant dans un premier temps jauger la réactivité des forces en déplacement, en amont et en aval du convoi. Celui-ci, compsoé de plusieurs trains blindés, fait état d'une grande disparité dans leur niveau de protection: les velsniens occupent l'avant de l'immense colonne, tandis que les forces gouvernementales, dont les troupes conscrites sont d'une motivation et d'une qualité discutable, en occupent le reste. Le convoi continue, après une demi journée d'arrêt, le long de son trajet, entrant en territoire zouli dont l'allégeance a été négociée plusieurs semaines auparavant par Olinga. Ces derniers entrent alors dans un territoire hostile dont ils ne sortiront pas pour beaucoup. A peine quelques heures après le redémarrage de la colonne, de nouveaux ostacles sont disposés à vingt kilomètres du premier arrêt. Le problème pour les forces gouvernementales, est que la première alerte a convaincu les troupes velsniennes de partir en recconnaisance en avant, étirant ainsi grandement la disposition des forces le long de la voie ferrée: leur train de tête s'arrête à 15 kilomètres du suivant, ce qui permet à l'ALO de déclencher le plan.
A 19h, les premiers coups de feu éclatent sur les velsniens, depuis des hauteurs forestières difficiles d'accès. En parralèle, le train suivant est également sous le feu, Ateh ayant prévu que les forces gouvernementales tentent de sauver l'avant garde velsnienne par tous les moyens, ce qui sera le cas, puisque les combats qui s'y engagent sont certainement les plus sanglants et difficiles de l'affrontement. Ateh y a affecté ses meilleurs élements, tandis que les plus inéexpérimentés des membres de l'ALO sont chargés de mener des attaques de diversion sur les colonnes arrières. Enfin, une dernière brigade est positionnée au nord d'Opango pour empêcher tout repli. Tout du long, Ateh laisse les milices zouli alliées attaquer jusqu'au petit matin du 22 juin. Bien que le gouvernement hatti ait été mis en alerte, ses forces sont trop étirées dans le pays pour venir d'une quelconque manière en aide au convoi. Le contengent de l'ALO resté en arrière devra essentiellement subir des assauts des conscrits hatti piégés dans la nasse. La vision s'ensemble est la suivante: les olinganiens sont parvenus à creer deux poches d'encerclement, et la première grande victoire de cette opération a été la reddition du train blindé suivant celui du corps expéditionnaire velsnien, coupant ainsi définitivement le contact entre les deux forces. Ces derniers cependant, tentent dés l'aurore, d'effectuer une percée, tentant de prendre à leur charge une partie du matériel à bord du train blindé. Un contingent velsnien est toute fois laissé à bord, et défend le chargement de manière acharnée, face à l'assaut de plusieurs milliers de rebelles coalisés. Les pertes olinganiennes sont lourdes, mais assumées par son commandement, qui escompte épuiser en moral et en munitions l'adversaire retranché. A 16h, le 23, la partie du corps expéditionnaire qui avait tenté une sortie est contrainte de revenir aux abords du train sous la pression des olinganiens. Au sud, les troupes dee l'ALO, bien moins nombreuses et équipées que celles affectées contre les velsniens, échouent à retenir une partie de la masse gouvernementale: ce sont 700 soldats hatti qui parviennent à se dégager du guêpier, mais au prix de la perte d'une très grande majorité des équipements et chargements à bord des trains. Au soir du 23, il n'y a plus que le corps expéditionnaire velsnien qui ne tient plus qu'un seul train, celui de l'avant. Là encore, Ateh peut compter sur un renforcement constant de la part des locaux, là où les velsniens ont quasiement épuisé leurs réserves de cartouches et d'explosifs. Le 24 à midi, le corps expéditionnaire, qui comptait 300 soldats deux jours plus tôt, est réduit à une cinquantaine d'hommes épuisés, et se rend sous les coups de 14h, non sans avoir négocier le fait de pouvoir repartir à condition de laisser sur place l'intégralité de leur matériel et de leurs armes. Toutefois, il est averé qu'Ateh a procédé à l'execution dommaire d'une dizaine d'entre eux pour l'exemple, avant de relâcher les autres, comme promis.
Le retentissement de cette victoire est immense: le nom d'Ateh devient connu dans tout le pays, et suscite un début d'adhésion parmi d'autres ethnies que les swouli, à laquelle il fait partie. La défaite gouvernementale est célébrée dans une part importante du pays, et le début d'un mythe Olinga naît au sein de la population. Cette bataille est une date pivot dans la construction du récit propagandiste du régime olinganien, et on suppose que c'est lors de cet évènement que le chef de guerre s'est emparé du fameux revolver velsnien à crosse d'ivoire en permanence à sa ceinture, toujours en 2016. Pourtant, sur le plan militaire, cette victoire constitue alors un fait relativement mineur: les approvisionnements des bases gouvernementales reprennent peu après cette défaite et la voie ferrée est à nouveau sécurisée, cette fois avec des renforts conséquennts. Le corps expditionnaire velsnien obitent lui aussi de nouveaux renforts très rapidement, mais c'est avant tout l'impact psychologyque qui apparaît énorme, et qui constitue un facteur permettant d'importants soulèvements ultérieurs dans des zones que le gouvernement hatti contrôlait alors. Mais la conséquence stratégique la plus importante reste le butin immense, en matériel et en argent, dont Ateh Olinga s'empare, et qui permet d'entretenir son mouvement qui sans cela, ne se serait peut-être pas inscrit dans la durée.
La chute du régime hatti et le génocide de l'Ouwanlinda, les heures sombres:
Si Ateh Olinga est devenu un héros vis à vis des populations du nord est du pays, la chance est de courte durée pour le groupe de l'ALO. En effet, les rebelles olinganiens ont trouvé leur compte dans le cadre des affrontements entre le gouvernement hatti et la clique swouli. Il faut bien comprendre que l'ALO est alors composée d'à peine quelques milliers de membres, peu pourvus en matériel malgré la prise considérable qua été le raid de la voie Biaggi. Ateh Olinga doit avant tout sa survie au fait que les deux camps principaux de cette guerre civile ont des proprités plus importantes que mla repression d'un petit groupement para militaire. Entre 1983 et 1988, l'ALO va se cantonner dans son territoire du nord est du pays, se renforcçant graduellement sans prendre part aux grands évènements de la guerre civile. C'est durant cette période qu'il est rejoint par Barnabas (biographie dans le post concerné), qui provoque, par ses conseils de plus en plus récurrents et la place qu'il obtient aux côtés d'Olinga, un changement progressif de dimension du mouvement d'Ateh, qui passe de révolte locale à un mouvement disposant de revendications politiques réelles. Cependant, ce travail en profondeur du hatti chrétien mettra des années à porter ses fruits.
Or, la donne va changer de manière radicale avec l'effondrement du régime hatti en 1988, car si l'impopularité du régime permettait jusque là à Olinga d'administrer une petite partie du pays sans la moindre conséquence, la junte militaire swouli entend exercer un contrôle total du territoire, et reprendre une par une les poches où des seigneurs de guerre indépendants avait la réalité du pouvoir, et parmi lesquels figure Ateh Olinga. Qui plus est, la clique swouli bénéficiait alors encore d'une popularité conséquente, en particulier auprès des populations autrefois persecutées qu'ils prétendaient représenter, et qui lui permettait d'afficher sans grande protestation le début d'un programme qui allait se concrétiser comme étant connu sous le nom de "Génocide ouwanlindais". En effet, dés leur arrivée au pouvoir, la junte swouli a moins révoqué les édits de ségregation existants qu'elle ne les a retourné contre les hatti, anciennement au pouvoir. Ironiquement, l'outil coercitif que ces derniers avaient mis en place durant près de deux décennies n'a pas été démentelé, mais a constitué la fondation de la tentative d'extermination à venir de leur ethnie. La recherche de la revanche est ainsi devenue la démarche systématique du gouvernement de la junte, et qui mis plusieurs années avant de se concrétiser en un massacre de masse accepté par la population swouli. En effet, un génocide est un acte politique qui nécessite la mise en place d'un cadre qui lui est favorable. Préparer les esprits des swouli au passage à l'acte, et à l'acceptation allait être une entreprise longue, qui prendrait près de sept années. Les campagnes médiatiques se succèdent donc dans le pays durant plusieurs années, ciblant les hatti de manière systématique: à la radio, à la télévision, dans les journaux ou tout autre espace d'expression de masse. Dans le même temps, la clique swouli met en place en parralèle une "campagne anti-gang", qui vise les chefs de groupes paramilitaires n'ayant pas déposé les armes ou ne s'étant jamais ralliés à la clique. Si les chefs de guerre hatti qui se sont retranchés après le chute de leur gouvernement sont les cibles principales, l'ALO d'Olinga a également été affecté par l'ordre.
La position d'Olinga, malgré sa participation à la chute des hatti, devient rapidement intenable et sur proposition de Barnabas, l'ALO doit se résigner à abandonner sa politique d'emprise territoriale sur l'enclave que l'irgannisation a mis plusieurs années à se constituer. Le territoire swouli, dont la région de Lac-Croco, passe en l'espace de quelques semaines sous la coupe du gouvernement ouwanlindais, et l'ALO doit se replier en territoire hatti, tika et zouli, là où Ateh et Barnabas (de son nouveau nom de guerilla) ont passé plusieurs années à nouer des alliances avec les divers chefs de villages et chefs de guerre locaux. Il va sans dire que cette retraite réfléchie et en bon ordre ne se serait pas faite sans le concours de Barnabas, celui-ci convainquant Olinga et avec raison, qu'une guerre asymétrique était davantage viable sur le long terme, et que l'ALO ne disposait pas encore de la force de frappe suffisante à un conflit ouvert. L'année 1989 voit les prédictions de Barnabas se réaliser: la province olinganienne de Lac-Croco est ennvahie, alors même que la plupart des forces de l'ALO avait quitté le territoire pour les provinces hatti. C'est le début d'une véritable guerre de guerrilla entre l'ALO et le gouvernement de la clique swouli contre lequel Olinga est en rupture de banc, d'autant que l'arrivée de Barabas est venue donner une consistance un peu plus tangible au projet politique de l'ALO. Ce groupe n'est plus désormais la seule incarnation d'une ambition césariste, bien que l'écrasante personnalité d'Olinga fait qu'il s'agit là d'un aspect de son régime à venir qui sera toujours présent, mais il y a désormais la moise en évidence d'un ensemble de revendications plus nombreuses. Cette clarification était la bienvenue puisque le logiciel d'Olinga se limitait à la lutte contre le gouvernement hatti soutenu par l'ancienne puissance coloniale, gouvernement qui avait disparu, faisant perdre par là même une partie de la fonction originelle de l'ALO. Désormais, l'ALO promeut non seulement la fin du système de caste perpetué encore une fois par le nouveau gouvernement swouli, ainsi que le rejet de ses visées génocidaires progressives, mais aussi l'émergeance d'une forme de solidarité nationale, que l'on peut toutefois encore difficilement appeler du socialisme (qui n'est pas encore très appréhendé par le chef de l'ALO). Barnabas expose alors à Ateh l'idée d'un service national dédié aux ressources de premières nécessités: entretien des infrastructures publiques, eau, électricité et distribution de nourriture, idée qui se concrétisera sous Olinga en la "Société générale des eaux et des chaussées ouwanlindaises". Le programme esquissé par Olinga et (surtout) Barnabas vise surtout au débloquage de l'ascenseur social dont l'immobilisme avait participé à la construction progressive des identités ethniques du pays, ainsi que par le recours aux chefs de village comme premiers intermédiaires du gouvernement, en lieu et place des autorités religieuses ayant exacerbé ces différences.
Ce projet est séduisant, assez pour rallier à l'ALO une bonne part des anciens chefs de guerre hatti, ironique compte tenu de leurs anciennes inimitiés. Toutefois, ceux-ci sont dans une position similaire à Olinga, addition des forces ou pas, et sont pour le moment contraints à la clandestinité dans le centre-nord du pays, ces mêmes régions où Olinga avait réalis2 son plus grand fait d'armes quelques années plus tôt, et où ce dernier bénéficie alors d'une grande sympathie. L'ALO, malgré une situation difficile, est en train de muter, de l'armée d'un seigneur de guerre qui comptait certes déjà des éléments d'ethnies différentes, à une véritable force détachée des anciennes identités et portée par une fin différente de celles de tous les autres groupes paramilitaires, le projet d'un nouvel Ouwanlinda, exorcisé d'un modèle politique instable ayant provoqué plusieurs décennies de conflit.
Toutefois, ce n'était alors en 1989 qu'un voeu pieux, et l'ALO ne pourrait pas grand chose au vu de ses moyens pour arrêter le processus de massacre de masse des hatti orchestré par la junte militaire swouli. Les premiers mois de l'année 1990 voit le massacre d'entre 1 et 2 millions d'hatti (les estimations, dans un pays àà l'administration aussi défaillante que l'Ouwanlinda, ne sont pas encore claires), en l'espace de 90 jours. Dans ce cadre, l'ALO s'improvise refuge pour ces derniers en plusieurs points: pour ceux qui veulent se battre, l'Armée de Libération les enrôle. Pour les civils qui entendent fuir les régions littorales, les plus touchées par les tueries, l'organisation met en place des fillières d'évacuation qui permettent aux hatti de se replier vers des régions forestières dont la junte a graduellement de plus en plus de mal à assurer le contrôle. Le génocide cependant, a un effet devastateur à long terme sur la junte: d'une part, ces actions parachèvent le rapprochement entre les chefs de guerre hatti et Olinga, ce qui n'était pas encore totalement assuré avant 1990, malgré des actes de réconciliation antérieurs. Mais l'action de l'ALO en faveur de la défense des hatti, par le biais des fillières d'évacuation et des actions armées directes, va accelerer l'agglomérat de toutes les oppositions au régime swouli sous une même bannière, ce qui n'était pas le cas auparavant, en dépit d'alliances ponctuelles entre chefs de guerre. A la fin de 1990, la totalité des groupes paramilitaires hatti se sont ainsi ralliés à Ateh, intégrant sa hiérarchie militaire, et dissolvant leurs propres groupes au sein de l'ALO. C'est à cette période que le volet religieux du programme politique d'Olinga se fait plus clair, prônant pour un Etat sécularisé (et non laic) garantissant la sécurité des des deux communautés religieuses du pays, sunnites et catholans, tout en excluant toute forme d'autorité religieuse des structures de pouvoir du pays.
L'ALO gagne ainsi progressivement en popularité parmi le hatti, qui représentent alors tout de même entre 30 et 40% de la population ouwanlindaise. Un soutien de poids, qui est rapidement complété par celui de la plupart des chefs de villages zouli et tikka, les deux autres minorités du pays, qui jusqu'ici, avaient été ballotées de manière variable entre les différents régimes au pouvoir. Sur ce point, Ateh bénéficiait là encore de son inconstestable victoire du Raid de la voie Biaggi en 1983, à l'issue duquel il avait respecté sa parole auprès des chefs de villages de ces deux ethnies, en partageant une part du butin avec ces derniers. Ces changemejnts d'allégeance permettent progressivement à l'ALO de "sortir du bois", et de pouvoir se lancer à nouveau dans une forme de guerre conventionnelle avec une junte affaiblie, victime de sanctions internationales du reste du monde et en proie à un effondrement économique. Or, si les swouli soutenaient en majorité le gouvernement jusqu'à présent dans ses actions, l'argument économique des hatti "suçeurs de sang" figuraient parmi ce qui était mis en avant par les autorités afin de légitimer le massacre de ces derniers. La junte exacerbait la menace de l'ennemi intérieur en échange d'une promesse de rétablissement de la croissance économque. Or, l'année 1990 entamée voyait l'inverse se produire: entre les sanctions, la perte progressive du contrôle de territoires au profit de l'ALO et les dépenses militaires nécessaires à son endiguement, les caisses de l'état sont pour ainsi vides, et le besoin d'un serrage de vis fiscal se fait de plus en plus sentir. Le gouvernement de la junte, dont le soutien des populations swouli est le socle de sa stabilité, est en train de basculer, ce que les chefs de l'ALO vont pleinement exploiter. Si c'est par la guerre que le régime de la junte sera achevé, les fondations de celui-ci ont été minés par toute cette série de facteurs.
En parralèle à cet affaiblissement, les forces de l'ALO, en reprenant le contrôle de territoires, principalement peuplés de hatti, de zouli et de tikka, forment une première esquisse de ce qui deviendra le gouvernement ouwanlindais que l'on connaît sous Olinga. Les théories de Barnabas , fondées sur la prise de décision des autorités villageoises, et leur contact constant avec le Conseil de guerre d'Ateh nouvellement formé, commencent à être mises en application. Ce Conseil de guerre, formé par un ensemble hétéroclite des anciens compagnons d'armes d'Olinga et de seigneurs de guerre de différentes ethnies, plis récemment ralliés à lui, s'assurent de la gouvernance executive, et procèdent au démentèlement progressif des relais locaux de l'Assemblée des Quatre ethnies, le corps représentatif des ethnies ouwanlindaises crée sous la période coloniale, et qui est pour Olinga l'incarnation des problèmes inter-ethniques et inter-religieux du pays. Si Olinga ne supprimera jamais officiellement cette institution, elle ne deviendra rien de plus que la chambre d'enregistrement des lois votées par le Conseil de guerre, et par Olinga lui-même.
La guerre ouverte dure près de deux ans, et se constitue en une avancée continue et régulière de l'ALO, du nord vers le sud, vers la capitale ouwanlindaise. Il faut noter les exactions importantes de la part de tous les bélligérents durant cette période, y compris par l'ALO, dont la vengeance vient s'abbattre de manière quasi systématique sur les collaborateurs revendiqués ou suspectés du régime. On estime ainsi que ce sont 70 000 civils qui sont éxécutés ou portés disparus durant l'offensive olinganienne. Nul doute que les élements hatti de cette armée composite sont ceux dont la partcipation à ces massacres, le plus souvent en plein territoire swouli, ont été les plus actifs. Cette politique de terreur, nonobstant, ne vient pas déroger aux pratiques de la guerre alors en vigueur en territoire ouwanlindais, les politiques de terreur étant alors monnaie courante de la part de la quasi totalité des groupes paramilitaires.
Finalement, Ateh Olinga effectue son entrée dans Opango le 21 décembre 1991, date à laquelle est proclamée "La République d'Ouwanlinda" que l'on connait aujourd'hui, et dont la gouvernance de l'ALO des territoires qu'il contrôlait était une préfiguration des pratiques politiques que le pays possède en 2016. Toutefois, il est avéré que cette victoire ne s'est pas non plus faite sans certaines mesures de purges dans les rangs de l'ALO, en particulier d'élements qu'Olinga jugeait "opportunistes" en raison d'un ralliement tardif à la cause. Parmi les éléments notables de l'ALO ayant été victimes du régime olinganien, on peut citer certains chefs de guerre swouli dont l'allégeance est passée de la junte à l'ALO durant les derniers jours du conflit. En cause, Olinga s'engage avant même la fin de la guerre en une traque de ce qu'il considère comme des co-responsables du génocide ouwanlindais. Encore de nos jours, plusieurs procès par an d'anciens responsables swouli se tiennent, entre auxtre entreprises mémorielles de la part du régime. De manière générale, Ateh Olinga a fondé la légitimité de son régime sur le besoin de tirer un trait définitif sur les évènements des années 1980 et 1990, se considérant lui-même comme le protecteur des quatre ethnies ouwanlindaises. Dans un contexte si chaotique et dans la mesure où il incarnait à ce moment le seul horizon politique crédible, il semblerait que la plupart des ouwanlindais aient accepté le nouveau gouvernement, à défaut de tous le soutenir, d'autant que le pays sortait alors d'une spirale infernale de conflits étalés sur plusieurs décennies, et que l'épuiqement général a probablement aider à préreniser l'Ouwanlinda olinganien.
Nous pouvons tirer plusieurs constatations de la fin de cette guerre, et des premiers mois du régime olinganien. En premier lieu, nous ne pouvons que constater la violence omniprésente de la politique ouwannlindaise depuis l'indépendance, qui explique en partie les attitudes d'Olinga à l'international. L'Amiral-Président a en effet été un individu, habitué à grandir, puis évoluer, dans des environnements hostiles à toute forme de règlement apaisé des conflits, de sa naissance à sa prise de pouvoir. Assez logiquement, tout comme la violence était le language du régime hatti, comme il était celui du régime de la junte, c'est là devenu un mode de communication tout aussi ordinaire du régime olinganien. Mais la différence fondamentale entre l'Ouwablinda d'Olinga, et toutes les situations par lequel le pays est passé au cours de son existence, réside dans l'utilité qui est faite de la violence. Là où elle nourissait un projet ségrégationniste, puis génocidaire, Olinga a conçu la violence comme une forme de rétribution à l'égard de ceux qui avaient été précedemment victimes des régimes antérieurs au sien. Le concours de Barnabas a été lui au crucial afin de faire du régime olinganien une forme de rupture vis à vis du passé, ponctué par des réformes dont le seul but a toujours été orienté dans la seule fin d'empêcher la reprise des anciens mécanismes sociaux ayant aboutit au génocide ouwanlindais. A ce titre, toute forme de violence religieuse ou ethnique est depuis considérée très gravement, et punie de manière systématique par la mort. Le régime olinganien reprend ainsi les codes de communication de la société ouwanlindaise traditionnelle où la violence est omniprésente, mais dans le but de stopper, selon les dires de Barnabas, le "processus éternel d'auto-destruction de la nation ouwanlindaise".