Activités étrangères à Nordfolklande
Posté le : 20 août 2024 à 09:14:27
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Posté le : 21 août 2024 à 13:28:04
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Voisin de cœur de la République de Kartvélie, la Monarchie parlementaire de Nordfolklande... :
L'amitié inéluctable entre le Nordfolklande et la Kartvélie ne fait aucun doute. En effet, les deux nations ont partagé une histoire commune particulière, notamment lors de la grande soumission au Kral, voyant le Nordfolklande s'incorporer au Kral et la Kartvélie devenir un État satellite du Kral. Mais l'histoire a fait que ces deux nations sont ce qu'elles sont aujourd'hui...
Depuis des années, les relations entre le Nordfolklande et la Kartvélie s'amélioraient, notamment après la chute du régime communiste en République de Kartvélie, ex-République populaire et socialiste de Kartvélie. Cependant, la montée des tensions entre la Kartvélie et l'Estalie a fini par briser cette amélioration des relations, en raison notamment du flux migratoire estalien en provenance de la Kartvélie.
En effet, les Estaliens, fuyant le régime communiste en Estalie, ont tenté d'entrer en Kartvélie. Cependant, en raison des mesures de contrôle migratoire aux frontières praticables entre l'Estalie et la Kartvélie, les réfugiés ont choisi de passer par les montagnes kartvéliennes afin de contourner le blocus des forces de l'ordre kartvéliennes. Toutefois, cette traversée illégale n'était pas sans danger, car les conditions climatiques très rudes et les dénivelés aléatoires pouvaient parfois jouer des tours.
La République de Kartvélie estime qu'environ 25 000 réfugiés estaliens ont réussi la traversée, tandis qu'environ 5 000 ont tenté mais n'ont jamais réussi. Cependant, ceux qui ont réussi se sont vus traqués par le gouvernement pour être renvoyés dans des camps temporaires afin d'obtenir un visa, si tant est qu'ils l'obtiennent... Des milliers de réfugiés tentent alors de passer la frontière kartvélo-nordfolklandish par les montagnes, qui ne sont pas des plus surveillées, afin de tenter de trouver une vie meilleure et plus sûre chez leur voisin.

Image des réfugiés à la frontière Kartvélo-Estalienne pour tenté d'etre accepté dans les camps en attente de VISA pour la Kartvélie.
L'amitié inéluctable entre le Nordfolklande et la Kartvélie ne fait aucun doute. En effet, les deux nations ont partagé une histoire commune particulière, notamment lors de la grande soumission au Kral, voyant le Nordfolklande s'incorporer au Kral et la Kartvélie devenir un État satellite du Kral. Mais l'histoire a fait que ces deux nations sont ce qu'elles sont aujourd'hui...
Depuis des années, les relations entre le Nordfolklande et la Kartvélie s'amélioraient, notamment après la chute du régime communiste en République de Kartvélie, ex-République populaire et socialiste de Kartvélie. Cependant, la montée des tensions entre la Kartvélie et l'Estalie a fini par briser cette amélioration des relations, en raison notamment du flux migratoire estalien en provenance de la Kartvélie.
En effet, les Estaliens, fuyant le régime communiste en Estalie, ont tenté d'entrer en Kartvélie. Cependant, en raison des mesures de contrôle migratoire aux frontières praticables entre l'Estalie et la Kartvélie, les réfugiés ont choisi de passer par les montagnes kartvéliennes afin de contourner le blocus des forces de l'ordre kartvéliennes. Toutefois, cette traversée illégale n'était pas sans danger, car les conditions climatiques très rudes et les dénivelés aléatoires pouvaient parfois jouer des tours.
La République de Kartvélie estime qu'environ 25 000 réfugiés estaliens ont réussi la traversée, tandis qu'environ 5 000 ont tenté mais n'ont jamais réussi. Cependant, ceux qui ont réussi se sont vus traqués par le gouvernement pour être renvoyés dans des camps temporaires afin d'obtenir un visa, si tant est qu'ils l'obtiennent... Des milliers de réfugiés tentent alors de passer la frontière kartvélo-nordfolklandish par les montagnes, qui ne sont pas des plus surveillées, afin de tenter de trouver une vie meilleure et plus sûre chez leur voisin.
Image des réfugiés à la frontière Kartvélo-Estalienne pour tenté d'etre accepté dans les camps en attente de VISA pour la Kartvélie.
Posté le : 11 sep. 2024 à 20:41:35
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Il était bientôt midi, le bar-restaurant dans lequel Ygor était assis allait commencer à se remplir de plus en plus. Ygor le savait pertinemment, il connaissait bien le genre de clientèle régulière que cet établissement pouvait avoir : des cols-blancs pour la plupart, profitant de la proximité de cet établissement bien placé dans le centre-ville de Reich pour manger un bout et apprécier chaque jour la cuisine excellente du restaurant qui contrastait fortement avec la cantine assez médiocre que les entreprises pouvaient proposer en général. Et puis c'était un moment parfait pour décompresser, retrouver ses vieux amis dans le coin et refaire le plein d'énergie positive pour attaquer l'après-midi. Oui, tout ça, Ygor le savait bien, en train de siroter calmement son verre dans un coin de l'établissement. C'est pour cela qu'il avait demandé à voir son correspondant ici et pas ailleurs. Il regarda rapidement sa montre. Le Nordfolklandais avec qui il avait été en contact était en retard de trois minutes, ça le rendait nerveux. Au téléphone, ça se voyait que le jeune homme débutait dans la clandestinité mais son manque de ponctualité avait tendance à agacer le très exigeant agent du SRR qui se tenait dans le restaurant. Oh, ça ne devrait pas l'inquiéter, il a connu pire. Il avait dû subir les mêmes épreuves que les réfugiés estaliens parmi lesquels il s'était infiltré en Novembre-Décembre 2013 en Kartvélie puis avait dû traverser la frontière avec Nordfolklande parmi les premiers Estaliens clandestins passant la frontière pour rester sous les radars de la police locale et rapidement récupérer de faux papiers locaux avant que les autorités ne commencent à réagir à la vague d'immigration venue de Kartvélie. Alors non, le retard d'un néophyte à une remise de documents aussi nécessaire que celle-ci ne l'inquiétait pas tant que ça. Mais mon Dieu que dès qu'il sera dans son champ de vision, Ygor souhaiterait écraser sous son pied le visage juvénile de ce jeune con qui a osé être en retard pour un des rendez-vous les plus importants de sa vie.
Quatre minutes de retard. Il finit par apercevoir le jeune homme. Il le connaissait bien, le jeune Décra, son visage lui revenait bien. Fils du secrétaire d'un des députés du Parti Anarchiste, il avait été bercé dans l'anarchisme dès son plus jeune âge et lorsque la Révolution estalienne, il a fallu les supplications de la pauvre mère de ce jeune paumé de 22 ans pour l'empêcher de traverser la frontière pour, je cite : "Partir dans le berceau de la Révolution et revenir en héros dans son pays, la tête d'Archi entre les mains". Un jeune idéaliste comme on en voit dans chaque mouvance politique en ce bas monde. Il était facilement manipulable et dans le cas d'une suspicion quelconque sur sa loyauté, Ygor pouvait faire pression sur la famille de cet insouciant. Il avait le carnet d'adresses complet de Décra, de sa famille et de ses amis les plus proches à l'université. La marche de Décra jusqu'à la table était aussi indélicate que son attitude, c'était visiblement la première fois que Décra avait enfilé un costard, vu la position de sa cravate déformée et sa chemise blanche mal rentrée dans le pantalon. Peu importe, il n'était pas plus différent que les jeunes cadres à la table d'à côté qui avaient décidés de commander des pintes d'Ototka et rigolaient bruyamment. Décra s'assoit en face de l'agent :
"Bonjour M.Kasov.
- T'as quatre minutes de retard.
- Oui, le bus avait un pro-
- Ta gueule. Je me fous de ce qui t'a empêché de venir à l'heure. T'es payé pour venir à 11h52 très exactement, pas une seconde après.
- Oui, Monsieur, je suis désolé, ça ne se reproduira plus.
- T'as les documents ?
- Ou-oui."
Le jeune homme présente la mallette et l'a glisse en dessous de la table. D'un mouvement sec, Ygor entrouvre la mallette, s'empare de l'enveloppe brune à l'intérieur et l'ouvre tranquillement. Il fait glisser les documents à l'extérieur juste pour apercevoir le haut des fiches qui étaient contenues dans la mallette. Le compte est bon.
"C'e-c'est bon ?
- Oui.
- Je pars en premier, commande quelque chose à manger et pars tranquillement avec ta mallette à 12h34 précisément. Tu recevras ta paie dans la journée."
Dit-il en emportant l'enveloppe sous son costume. C'était visiblement le début d'une grande aventure. Peu de Nordfolklandais se rendaient compte de l'instant actuel que la politique de leur pays allait subir. En effet, jamais autant le pouvoir actuel de ce pays ne serait en danger qu'à cet instant. Nordfolklande était à un épisode charnier de son histoire entre les véhémences politiques républicaines intenses qui surpassaient largement les royalistes au parlement, la présence toujours accrue du camp socialiste que ce soit des socialistes traditionnels, des communistes ou des anarchistes. Oh oui, les anarchistes. Ceux-là, on les entend parler d'une Révolution de Novembre nordfolklandaise depuis que l'Estalie est devenue elle-même anarchiste. Tout pointe dans ce sens : la réussite économique de l'Estalie, la chute de son chômage, le rétablissement d'une situation politique et sociale catastrophique par les autorités husakistes et bien entendu la progressive mais implacable passion pour la culture estalienne, longtemps contenue dans ses propres frontières mais qui aujourd'hui se diffuse habilement en dehors des frontières estaliennes par l'émergence d'une industrie culturelle n'ayant nul mal à être la 12e plus importante au monde. Alors il est normal pour les anarchistes de rêver d'un pareil retournement de situation pour leur pays qui ne finit pas de stagner entre les vétos contre les propositions républicaines et les Coups d'Etats à répétition qui ont animés la politique nordfolklandaise au siècle dernier. Mais Ygor n'est pas venu pour dresser la patte des anarchistes : il était évident que ceux-ci se plieraient en quatre pour l'Estalie si Mistohir leur demandait, c'est un peu leur but idéologique. Non, lui, Ygor, son but, c'est de foutre la merde.
Il l'avait déjà fait d'ailleurs. En Février, en Kartvélie, c'était lui qui avait incité plusieurs journaux locaux de Kvarats à écrire des articles diffamatoires sur le Président kartvélien, exposant soi-disant son train de vie débauché. Ces articles avaient eu leur petit succès local et il est évident qu'à ce jour, d'autres agents du SRR, estaliens ou kartvéliens, continuent ce triste et macabre travail de sape politique. Ygor allait initier le même processus contre la monarchie nordfolklandaise : le but n'est pas de provoquer une révolution anarcho-communiste, ceux-ci sont encore trop minoritaires malgré le ralliement progressif de certains suite aux succès de l'Estalie dans sa propre politique interne. Non, le but, c'est de discréditer les vieilles classes aristocratiques du coin. Un simple coup de pouce à l'opposition politique, peu importe son bord. Ce que Ygor avait récupéré à l'instant, ce sont les coordonnées, y compris bancaires, des médias nordfolklandais opposés au régime en place. La plupart ne prônent pas le renversement de la monarchie de façon violente mais attiser le mécontentement global et le saupoudrer par l'utilisation des éléments extrémistes de tous bords suffit pour mettre les feux aux poudres d'un pays qui accepte sans broncher des communistes, des anarchistes, des républicains et des fascistes dans un seul et même parlement sous la direction d'une monarchie. Qui peut croire que ce régime tiendra debout encore longtemps ? Ygor avait donc habilement utilisé ce gamin : le jeune Décra avait prétexté une visite de courtoisie à son paternel à l'Assemblée des Peuples pour y dérober les documents nécessaires dans le bureau de son père. Puis il a simplement suffi de donner un pot-de-vin à un des gardiens de la paix qui gardait les portes de l'arrière de l'assemblée pour faire sortir ces documents de Narbilorvok. Dans le pire des cas, les conséquences retomberont sur le gamin, ce n'est qu'un pion et les seules choses que ce jeune abruti pourra raconter aux flics, c'est un faux nom.
Posté le : 30 nov. 2024 à 11:54:42
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Pour ce groupe de personne, tous les moyens devaient être utilisés pour unifier tous les peuples présents en Tcharnovie sous une seule et même bannière. Et de ce fait, les minorités étrangères devaient être ramenées dans le giron de l'Union Confédérale. Cependant, cette tâche était immense : dans les belkariem, nombres étaient les ethnies étant présentes en Tcharnovie, et à l'extérieur il faudrait toutes les dénombrées, ce qui prendrait un temps considérable. Mais cette tâche n'a pas été abandonnée par les Tcharnovistes, bien au contraire. Ceux-ci, désireux d'accomplir leurs souhaits d'unir les peuples Tcharnoves sous une seule nation, ont persévéré, jusqu'à même tenter de former des manifestations pro-Tcharnovie dans certains pays, bien souvent sans réel succès.
Cependant, un cas intéressait plus que les autres. Il était même une question qui revenait sans cesse dans les esprits des plus grands penseurs : que faisons nous pour le Nordoflklande ?
En effet, ce pays très certainement le plus d'ethnies tcharnoves sur son sol, à savoir des Juxins, des Tchéres, des Tchéquites et certaines autres... Cependant, cette nation est une monarchie parlementaire, ayant des peuples importants, et malheureusement, pas tcharnoves. De ce fait, tenter une insurrection ne serait que pure folie, car jamais une telle ambition arriverait à son terme. Cependant, peut être qu'avec l'actuelle élection Tcharnove, ils pourraient tenter de créer des tensions qui reviendraient, à la fin, en faveur de la Tcharnovie ?
Cette idée, Petr y croyait dur comme fer. Jeune Tcharnove installer à Dansrik, proche de la frontière tcharnove, il côtoyait souvent des personnes d'ethnies qui étaient présentes dans son pays natal. Les ruelles de la ville faisaient beaucoup penser à sa ville de naissance, Badianska, dans la Tchérie. De cefait, il avait profondément été touché par les idées tcharnovistes. Cependant, il avait été déçu de l'inactivité du gouvernement Tcharnove à agir en faveur des peuples soumis à des souverains étrangers. Ainsi, en attendant peut être ce jour, il pensait fonder des groupes politiques en faveur d'une intégration des territoires peuplés par des tcharnoves, ethniquement parlant, afin que le Nordfolklande soumettent ces territoires qui, selon Petr, revenait de droit à la Tcharnovie.
"Un jour, nous réussirons", se dit le jeune homme, "les peuples tcharnoves seront unifiés, c'est certain"
Posté le : 17 déc. 2024 à 20:07:29
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"Unité 52, unité 52, vous me recevez ?
- On vois reçoit, centrale. Qu'est qui se passe ?
- On a une situation de tir en cours dans votre secteur. Une fusillade entre deux groupes, vers le parc Windrake. Plusieurs blessés signalés, vous êtes à moins de cinq minutes, allez-y prudemment.
- Reçu centrale, en route. On a unes estimation du nombre de tireurs ?
- Négatif. Les témoins disent qu'il y a des tirs des deux côtés, ils utilisent des armes automatiques.
- Putain, ça chauffe là ! Besoin de renfort, centrale !
- Reçu, l'unité d'intervention est en chemin mais ils sont à quelques kilomètres. On a des renforts civils mais il faut sécuriser la zone avant tout.
- On est dans le coin, on fonce ! Vous avez des infos sur les blessés ?
- Plusieurs blessés dans la rue principal, plus blessés graves. Il y a aussi des barricades installées par les tireurs, difficile d'accéder aux rues principales.
- Ok compris, ça va être chaud. J'espère que l'ambulance suit.
- Oui, elle est en route mais ça va prendre du temps avec les routes bloquées. Unité 54, vous êtes sur place ?
- Affirmatif on est sur le terrain, ça pète de partout ici, ça fuse de partout, impossible de s'approcher sans couverture !
- Merde, on approche de la zone, préparez-vous à l'affrontement, ils doivent être tous armés ! Vous avez des civils qui essaient de fuir ?
- Affirmatif, certains essaient de se cacher et d'autres courent vers les bâtiments voisins, ça part en vrille ici ! On a besoin de soutien immédiat !
- Reçu, on vous envoie du renfort d'ici deux minutes, assurez-vous que la zone soit sécurisée pour les ambulances.
- On arrive dans une minute ! Préparez-vous à ce que ça dégénère !
- Tirs en rafale, attention, ils sont en train de nous canarder, on est sous feu nourri !
- Reçu, Unité 54, vous avez des impacts ?
- C'est la folie putain ! J'ai un impact sur le pare-brise, il est fendu ! On s'est caché derrière un mur mais ça tire de partout, ils sont précis putain !
- Unité 54, ici unité 52, on est sur votre flanc, on a pris des tirs de côté, j'ai un collègue blessé, homme à terre, je répète, homme à terre !
- Merde, on va être piégés si on reste ici !
- Ils nous prennent en tenailles, on se fait encercler ! Ces enfoirés tirent à tout-va, on a pas d'avantages tactiques ici, on peut pas bouger !
- J'suis touché, j'suis touché !
- Regroupez-vous et repliez-vous, attendez l'unité d'intervention, elle arrive dans dix minutes !"
Une fois de plus, Ygor avait foutu la merde, c'était son but, son unique mission et à l'instant, sa seule raison de sa présence au Nordfolklande. La première étape de son plan était très préliminaire et quasi-benigne pour les Norfolklandish : établir des contacts, obtenir des informatiosns sur les acteurs principaux de la région, établir les intérêts de chaque groupe d'action et établir un plan de mise en abîme de la situation socio-politique du pays. De la déstabilisation assez classique en somme. La première étape avait déjà été un franc succès pour Ygor : influencer les gamins, les proches des députés et le monde économique lui avait beaucoup servi. Parmi les classes sociales que peuplaient ce pays, il n'y avait que trois types de personnes qui détenaient le pouvoir et la richesse : l'aristocratie nobiliaire (détachée du peuple et reposant leur légitimité sur des valeur rétrogrades et sur les bonnes grâces du Tsar), les hommes politiques et les hommes d'affaires. La première catégorie était évidemment à exclure, ni utile ni influençable et trop dépendante du régime actuel pour en faire un ennemi supplémentaire à la monarchie. Les deux catégories restantes étaient donc les plus visées par Ygor : les hommes politiques étaient en somme faciles à corrompre dès lors que l'on se mettait dans le même giron politique qu'eux : les anarchistes n'étaient évidemment pas durs à convaincre, il suffisait de leur dire que l'on venait de la part de l'Estalie pour recevoir leurs saintes louanges et leurs "je ferais n'importe quoi pour la cause", c'était donc les moins chers et plus aisés à influencer et à inclure en tant qu'agents ou conspirateurs auprès du SRR, parfois sans dépenser un seul unitas pour leur loyauté. Les communistes et les socialistes étaient pour ainsi dire tout aussi faciles à corrompre et à influencer, même si les socialistes avaient souvent tendance besoin de concessions et de compromis avant de s'engager dans une quelconque aventure auprès de leurs confrères de gauche. Enfin, les républicains et les fascistes. Là aussi, il fallait surtout se faire passer pour ce qu'on n'était pas : Ygor ne révélait pas son identité bien entendu, pas même à ses confrères anarchistes, mais il avait la fâcheuse tendance d'emprunter moultes identités. L'astuce pour Ygor était de se faire passer au choix pour un Estalien pour la gauche, tantôt pour un Kartvélien ou un Tcharnove pour les républicains et les fascistes respectivement. Les fascistes le connaissaient comme un millionnaire tcharnove qui avait fait fortune dans la vente d'armes à la Rache dans le conflit en Hotsaline et Ygor prouvait en permanence son appartenance à la Tcharnovie par une myriade de documents administratifs (évidemment falsifiés mais désormais invérifiables, la Tcharnovie s'étant effondrée en même temps que ses archives administratives). Pour les républicains, c'était un homme d'affaires kartvélien qui a fui la Révolution et qui cherche à financer désormais le camp républicain et libéral afin de sortir le Nordfolklande de l'obscurantisme monarchique du Tsar. Ensuite, en ce qui concerne le monde économique, qui n'était pas bien grand il fallait l'admettre, le SETR se chargeait de mettre sur écoute les hommes d'affaires des plus grandes entreprises du pays avant de les faire chanter le plus possible et les obliger par la menace et le chantage (et avec une certaine somme d'argent afin d'acheter leur silence et leur loyauté, en plus d'avantages en nature afin de conserver leur état de loyauté forcée permanent) à coopérer avec les services estaliens qui pouvaient exiger à ces grands patrons le financement de la part des fonds propres des entreprises du pays de milices privées à des fins politiques (et ce, dans tous les camps). Le Nordfolklande finançait seule sa propre paramilitarisation.
De cette position centrale entre les partis et le monde économique, Ygor était le détenteur de nombreuses informations confidentielles en tant que parrain financier, géôlier ou fournisseur direct pour les groupes paramilitaires, les milices politiques, les partis ou les entreprises. Ainsi, en ayant accès à ces informations au sein des formations politiques et paramilitaires du pays, Ygor pouvait planifier comme un jeu les affrontements et les tensions entre chaque camp politique. Sa première priorité était d'enflammer la flamme fasciste du pays : Ygor savait pertinemment que le premier à prendre les armes serait aussi le premier à recevoir le coup de glas, que ce soit du gouvernement lui-même ou des autres formations politiques ; de plus, les soupçons contre les fascistes seraient davantage légitimes que pour n'importe quelle autre formation politique, les fascistes ayant été naturellement les opposants les plus vivaces au retrait du pays du BNE, une organisation ouvertement fasciste en elle-même et dont le consensus au Nordfolklande fut de s'en retirer, un consensus que ne partageait évidemment pas l'extrême droite. Il fallait donc attiser la flamme, donner une raison valide aux fascistes de s'armer massivement et de suivre l'exemple de leurs camarades en Transgokovir.
Le 6 Mai, au soir, un groupe d'agents révolutionnaires d'origine kartvélienne, ayant profité de l'amas de réfugiés allant vers le Nordfolklande après l'effondrement de la République pour s'infiltrer dans le pays, armés par l'Estalie en sous-main, pénètrent avec une voiture-bélier improvisé dans la résidence principale d'un député fasciste de l'Assemblée des Peuples, un certain Ivan Riorikogvosçi, un proche du président du Parti Nation d'Abord. La résidence était protégée par quelques gardes mais ceux-ci étaient équipés seulement d'armes de poing et ne furent que d'une résistance symbolique face aux agents kartvéliens armés de fusils d'assaut et de grenades incapacitantes. En quelques minutes, les agents entrent dans la résidence et y massacrent la totalité de leurs résidents, y compris le député en lui-même. Les agents laissent un message derrière eux : Vive la République !

Message immédiatement interprété par les fascistes comme un coup monté des Républicains. Pourtant, tout est fait (pots-de-vins, menaces, prise en otage de proches, chantage) pour que cette affaire ne soit pas relayée dans les médias ou soit abordée de façon superficielle et mensongère (en présentant ce massacre comme une lutte interne entre fascistes) afin d'attiser la méfiance envers les médias et envers l'establishment politique et social et de couper les éléments fascistes les plus extrémistes vers la voie de l'illégalité. Une fois cela fait, le SRR se charge, à travers son réseau d'agents locaux, de mener à un recrutement massif de fascistes extrémistes via des canaux informels comme les organisations criminelles, dans les associations d'anciens combattants ou chez la jeunesse en leur promettant des mythes de richesse et de vengeance sur les libéraux. Le SRR devra se charger également d'infiltrer les réseaux de messagerie sécurisée des fascistes afin d'y diffuser toutes les fausses informations nécessaires pour la tâche de déstabilisation d'Ygor. L'infiltration débutera d'abord par une reconnaissance numérique complète des profils connus des fascistes : adresses IP associées aux groupes cibles, identification des serveurs, systèmes de communication (messageries sécurisées, réseaux privés virtuels, etc.), logiciels utilisées (systèmes de chiffrement, messageries cryptées, infrastructures). Par la suite, l'infiltration devra se faire par phising ou spear-phinsing, une méthode pour le coup assez classique en envoyant des mails et des messages d'apparence légitimes (faux documents, liens vers de faux sites de connexion) afin de voler les mots de passe, les identifiants ou accéder aux fichiers sensibles. L'utilisation de failles logicielles, de malwares ou d'un Cheval de Troie peuvent également faire partie des méthodes d'infiltrer afin d'installer dans les appareils ciblés des keyloggers et des backdoors pour surveiller les frapes de claviers et permettre le contrôle à distance des appareils. Une fois l'accès initial acquis, il faut pénétrer directement ces réseaux qui sont souvent cryptés et protégés par des mesures de sécurité strictes ; cela se fera par l'exploitation de clés de chiffrement, toujours via le phising, l'utilisation de réseaux VPN pour mener des attaques Man-in-the-Middle afin d'intercepter le trafic et casser la protection des données privées ou en se servant des backdoors mises en place précédemment. Ces infiltrations vont surtout permettre au SRR de récolter toutes les informations sensibles nécessaires des mouvements fascistes du Nordfolklande et prévoir toutes leurs opérations et leurs mouvements et fournir de fausses informations à ces derniers en fonction des souhaits du SRR à travers la provocation, l'accès biaisé à des informations de première main sur les opposants politiques ; bref, donner aux fascistes l'illusion d'avoir les bonnes infos alors qu'ils ne sont que les poupées de l'hydre estalienne.
Dès le 7 mai, au soir, Ygor partage aux fascistes l'adresse d'une planque de miliciens républicains dans les quartiers nord de la ville de Reich, leur sous-entendant que ces derniers sont peu nombreux et mal équipés et seront donc une proie facile. Les fascistes tombent dans le piège et mènent donc une opération de représailles contre les Républicains. La fusillade fait plusieurs dizaines de morts des deux côtés ainsi que des morts civils avant que la police de la ville ne débarque et ne mettent fin aux affrontements, les deux milices se repliant pour éviter l'arrestation. La fusillade est cette fois-ci exposée ouvertement dans les médias au Nordfolklande, les fascistes étant décrits ici comme des barbares et des terroristes ni plus ni moins, la faute de la fusillade leur sera complètement dûe dans la sphère médiatique et politique. Cet avis médiatique biaisé et injuste pour les fascistes les couperont définitivement de la sphère politique publique et en incitera encore davantage à prendre les armes. La fusillade de Reich en soit n'a eu qu'un faible impact opérationnel : les républicains et les fascistes n'ont eu aucun gain concret à se tirer dessus mais politiquement, c'est une bombe.
Posté le : 03 jan. 2025 à 13:07:42
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Tournant autoritaire de la Nordfolklande : la Polkême rappelle ses ambassadeurs et ferme son consulat à Volvoda jusqu'à nouvel ordre.
La nation, la vraie, doit être gouvernée en bon père de famille. Or un bon père de famille ne cède pas au moindre caprice de ses enfants.
Posté le : 05 jan. 2025 à 01:48:50
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- Je vous remercie, Monsieur. En effet, leur gouvernement est particulièrement paranoïaque et le tour de force autoritaire qu'ils ont menés est bien le résultat le plus prometteur que nous aurions souhaités avec cette opération.
- Effectivement. J'admets que la deuxième partie de l'opération a été imprévue mais pourtant bienvenue ici, ils entraînent leur propre chute avec une telle politique.
- Ce n'est pourtant pas fini.
- Oui, ce n'était que la première étape et pour fonctionner, l'autoritarisme des gouvernants de ce pays était plus que nécessaire pour briser l'équilibre des pouvoirs. La suite des opérations devrait vous parvenir sous peu.
- J'ai bien reçu vos instructions. Juste...vous êtes sûrs qu'il n'y a aucune erreur ?
- Non, aucune, Ygor. Vous devrez suivre le plan à la lettre, aucun état d'âme ne sera toléré. N'oubliez pas votre rôle dans ce pays.
- Oui, monsieur, pardonnez-moi.
- Que Dieu vous garde, Ygor, et accomplissez cette mission. C'est pour le bien de la Révolution et de la Patrie.
C'était l'heure pour Ygor d'actionner le plan que lui avait soigneusement confié le SRR. Ce n'était pas un plan très difficile à appliquer, sans doute, encore fallait-il quelqu'un pour faire le sale boulot. Le Nordfolklande avait fait une erreur. Peut-être même plusieurs. La première, ce fut d'interdire directement les partis républicain et fasciste au sein de l'Assemblée des Peuples. Pourtant, les unités radicales qu'avaient pu former la tactique estalienne était numériquement faible. Peut-être quelques centaines d'individus réellemment impliqués par l'emploi d'armes à feu dans chaque faction et peut-être plusieurs milliers en soutien (pour l'obtention de faux documents administratif, l'acquisition clandestine de fonds, l'achat illégal d'armes à feu sur le marché noir). En vérité, les partis concernés ne dirigeaient même pas ces groupes et il est tout à fait probable qu'une partie même des députés qui siégeaient à l'Assemblée au moment de la dissolution de leur parti soient restés dans l'incompréhension totale. Pouvait-on les condamner simplement parce que des gens du même bord politique qu'eux, n'étant pas sous leur contrôle, avaient commis des actes illégaux ? C'était trop gros. Pour ainsi dire, Ygor ne tarda pas de s'emparer de l'occasion pour répandre dans le camp fasciste et républicain, soufflant aux médias républicano-fascistes frustrés de la mise en clandestinité de leur ligne politique, des rumeurs sur le gouvernement royal, faisant croire que la fusillade à Reich avait été orchestrée par le gouvernement lui-même afin de justifier l'arrestation de milliers d'opposants politiques. Après la mort du monarque Archi XIV, la peur pour la monarchie de perdre le contrôle sur la politique nationale est réelle et donc ce serait un excellent moyen de renforcer la légitimité de la monarchie et des partis pro-royalistes face aux partis non-monarchiques. La rumeur était fondée de toutes pièces mais elle restait non seulement crédible : Le Nordfolklande reste un régime autoritaire (la simple interdiction des partis non-monarchiques le prouve à lui seul et compte tenu de la proportionnalité des partis au sein de l'Assemblée des Peuples, c'est au moins une bonne moitié de la population qui est concernée (une situation encore plus favorable qu'en Kartvélie où on cherchait à peine un tiers du soutien dans la population !)). La rumeur devait donc s'appuyer sur l'ensemble du réseau estalien au sein des cellules radicales républicaines et fascistes et se propager dans les organes médiatiques encore publics, indépendants ou clandestins de ces deux tendances politiques afin d'y propager l'idée reçue que tout a été fomentée par le gouvernement. Cela signifie par ailleurs que si c'est un vaste complot du gouvernement et de la monarchie, alors l'assassinat d'Ivan Riorikogvosçi, député fasciste de l'Assemblée des Peuples, a certainement été aussi orchestré par le gouvernement, ce qui signifie qu'en plus de l'interdiction par la loi des partis, le gouvernement fait usage de la violence et de méthodes mafieuses pour résoudre ses différends politiques avec les autres camps politiques. De ce postulat-là, comment peut-on imaginer autre chose, lorsque sa vie est menacée par un gouvernement autoritaire qui ne recule pas devant l'usage de la violence criminelle, qu'on puisse faire autre chose que prendre les armes ? Autrement dit, l'Estalie propage chez les fascistes et les républicains encore plus de radicalisme sur le radicalisme, un moyen très concret en somme d'agrandir la masse mécontente, qu'elle soit simplement contestataire ou armée, de propager la propagande anti-monarchiste et de faire avancer le mouvement de l'abolition de la monarchie et du système féodal organisé au Nordfolklande.
Deuxième erreur encore plus grave pour le gouvernement en place, c'est l'interdiction des partis de gauche : anarchistes, communistes, socialistes, etc. On laissera le soin à la Commission aux Relations Extérieures d'interpréter ce fait et d'en tirer avantage dans la politique étrangère estalienne. Non, l'erreur interne de la Nordfolklande, ça vient plutôt du fait que la gauche, c'est tout simplement la plus massive opposition du pays, rien que ça. C'est plus de 180 députés à l'Assemblée des Peuples en novembre 2014, c'est pas vieux du tout et il est invraisemblable que l'opinion ait changé d'opinion en si peu de temps avec aussi peu d'évènements en ligne de compte : l'économie du pays continue de stagner aussi que celle de l'Estalie augmente toujours, le pays est isolé diplomatiquement et à part deux-trois fusillades entre factions politiques de droite, ça encourage pas vraiment le rassemblement autour du Roi ; au contraire, ça incite à se tourner vers la gauche moins turbulente, plus pacifique, moins impulsive, image qu'elle essaie de se donner par contraste avec les fascistes et les républicains de droite. C'était là le piège même de la tactique d'Ygor : en forçant les factions de droite à entrer dans la lutte armée de façon ouverte et aux yeux du grand public, on créait un homme de paille. On déforme la cause fasciste et républicaine pour mieux l'attaquer. C'est un des procédés rhétoriques qui, en politique, est parmi les plus redoutables et, certes, les plus malhonnêtes du répertoire. Mais en déformant l'action républicaine ou fasciste par la violence, on détourne l'opposition sur le fond même des causes défendues par ces factions et les tournent progressivement vers la gauche. Les médias de gauche, qu'ils soient clandestins ou non, n'ont plus qu'à faire leur travail de sape habituel. Non seulement en propageant les mêmes rumeurs de conspirations gouvernementales qu'à droite mais en discréditant tous les autres partis, qu'ils soient monarchistes ou non. En faisant preuve de pathos sur les victimes des fusillades entre milices républicaines et fascistes, on attire l'œil du spectateur moyen et la propagation de cette idéologie et de ce discours fondamentalement anti-gouvernemental continuera d'être animé tant que le financement estalien fusera. Sans oublier que contrairement aux factions de droite, la gauche est facile à convaincre : la corruption n'y est souvent pas nécessaire, la nécessité de prendre la voie révolutionnaire est facile à imprégner chez les militants comme chez les cadres des partis et se dire simplement envoyé de l'Estalie suffit à un anarchiste ou à un communiste pour déclarer sa loyauté complète envers le SRR. On n'a pas besoin de prendre de pincettes avec eux, on n'a pas besoin de se cacher et encore moins d'acheter la loyauté avec un portefeuille bien rempli, ce qui facilite la prise de contact, la coordination entre les agents du SRR et les agents locaux et ça accélère le processus des opérations. Et c'est là la grande erreur du gouvernement : en interdisant les partis de gauche, le gouvernement met ces partis dans les bras de l'Estalie. Si leurs partis sont interdits par un référendum (fallacieux très certainement, les proprotions de vote ne correspondent même pas à la proportion des sièges de l'opposition au sein du système parlementaire, il n'est pas difficile (pas même pour les libéraux de Teyla et de Tanska ironiquement) d'y voir un truquage flagrant) et que leurs partisans sont envoyés dans des camps (personne n'a envie de finir à Brodingrad, je suppose), il n'y a aucune voie envisageable autre que la voie révolutionnaire. Et pour la gauche, c'est bien le dernier recours envisageable mais une fois lancé, le mouvement révolutionnaire est une étape sans retour. Lorsqu'un chien est acculé contre un mur, il montre les crocs, peu importe la puissance de son adversaire. Il n'est donc pas difficile de convaincre les communistes et les anarchistes (typiquement les deux groupes que visent le SRR) de prendre la voie révolutionnaire, une voie qui leur coupe l'accès à la légalité mais à quoi bon ? Ils viennent d'être interdits par la loi, ils n'ont plus rien à perdre, surtout lorsque la masse populaire autour de ces partis est aussi massive. Sans oublier que l'interdiction des sociaux-démocrates et des socialistes dans le même panier permet au SRR d'en radicaliser plus d'un encore plus à gauche, grossissant les rangs de l'extrême gauche avec une facilité déconcertante. Et on l'a bien remarqué avant l'interdiction en Juin : passage d'un député anarchiste à cinquante, doublement des rangs socialistes, un parti communiste qui multiplie par cinq ses scrutins. Rarement une tendance politique aura pris autant d'importance en si peu de temps. Sans constituer une majorité pour autant (et encore, on peut pointer du doigt le système pyramidal du pays qui peut forcer plus d'un à voter en faveur de son boyard), c'est quand même une importante frange de la population qui ne peut être ignorée et qui constitue la majorité du corps des travailleurs (la basse-classe, la crasse comme l'appelle de façon méprisante les nobles de ce pays ; on vote rarement communiste quand on fait partie de la noblesse ou de la bourgeoisie) et donc ce qui fait tourner le pays en quelque sorte.
En somme, Ygor ne fait que s'appuyer sur les failles de la société quasi-féodale du Nordfolklande. Le pouvoir du pays y est centralisé (Tsar, clergé, noblesse), ce qui empêche une gouvernance représentative concrète. Les décisions d'un tel régime sont arbitraires et inefficaces, l'élite est déconnectée des réalités du peuple (et la simple désignation des classes populaires comme de la crasse démontre la déshumanisation qu'en fait le régime, ça n'aide pas vraiment à la popularité du régime), il y a une absence complète de redistribution des ressources qui entraîne un accroissement des inégalités sociales et économiques, sans oublier le risque élevé de corruption et de népotisme du système pyramidal du pays. Le pays est bloqué dans une rigidité sociale que les Estaliens savent exploiter, c'est leur coeur de métier à vrai dire. L'immobilité sociale naturelle des systèmes pyramidaux empêche toute forme de mobilité ascendante ce qui entraine une perte de talents et d'innovations puisque les individus des classes inférieures n'ont pas la possibilité de contribuer pleinement à la société et le développement économique (comme l'illustre la croissance économique faiblarde du Nordfolklande) est entravée par des classes statutaires qui font fis du mérite et de la compétence. L'impact le plus gros sur lequel les Estaliens vont mettre leur grain de sel, c'est le fossé intergénérationnel que cela créait : les jeunes des classes inférieures perçoivent dans un tel système une absence complète d'avenir et perdent espoir de ce fait. Alors qui vient au secours de ces jeunes gens perdus qui sont condamnés à vivre dans le bas de l'échelle sociale juste parce qu'ils sont nés dans le mauvais pays ? Les Estaliens, bien joué. Vous avez le niveau pour devenir Ministre de l'économie. Hm, pardon.
Profiter du chaos :
Concrètement, en sachant qu'on tient déjà les mouvements politiques radicaux et armés par les couilles, qu'on met à leur disposition une flopée de nouvelles recrues radicalisées par les erreurs répétées du gouvernement et qu'on est en capacité en plus d'armer et financer tout ce beau monde, comment qu'on fait pour mettre le bazar ? C'est la question que se pose Ygor derrière tout ça. Car son but, c'est peut-être de foutre la merde mais mettre le bazar juste parce que c'est marrant de voir d'autres pays entrer en guerre civile, c'est du gaspillage de fonds publics. En bonne démocratie qu'elle est, l'Estalie ne va pas user des moyens financiers publics pour ne pas en faire quelque chose d'utile. Donc le but d'Ygor, c'est de créer le bazar mais pour qu'à la fin, il reste quelque chose à construire. Et ce quelque chose à construire, c'est un Nordfolklande d'abord débarrassé de la monarchie, c'est assez évident mais aussi de tous les éléments qui dérangent un peu trop l'Estalie : les républicains, les libéraux, les fascistes. Bref, tout ce qui colle pas avec le socialisme. Tant pis si on garde les eurycommunistes, les socialistes et les sociaux-démocrates et que les anarchistes ne sont pas majoritaires en premier lieu, il faut que le pays devienne d'abord de gauche avant tout. Donc le bordel doit débuter à droite car c'est là où le gouvernement doit concentrer sa violence légitime sur la faction d'apparence la plus dangereuse de toutes puisqu'elle commet des fusillades, des assassinats et plus encore.
Tout d'abord, nous devons transformer les quelques milices radicales fascistes et républicaines en cellules de résistance. Les contacts étant déjà bien établis, nous devons nous assurer de la création de camps secrets dans des régions frontalières du Nordfolklande, de préférence proches de l'ancienne frontière tcharnove (l'effondrement de la Tcharnovie a permis l'essor de la corruption et une facilité déconcertante pour les criminels et les agents de renseignements de se déplacer sur ces territoires avec des quantités absurdes d'armes et d'argent), la province du Fute'ke'mafe étant la cible la plus privilégiée. Ces camps devront servir de camps d'entraînement pour les recrues qui seront initiés aux techniques de sabotage, à la guérilla urbaine et aux méthodes d'évasion et seront formés au maniement des armes à feu, à la création d'explosifs artisanaux, au sabotage des infrastructures (voies ferrées, lignes électriques) et à mener des campagnes de désinformation. Le SRR mobilisera des mercenaires étrangers de l'AFRE (donc loyaux de ce fait à la cause révolutionnaire) pour conseiller ces nouveaux terroristes en herbe. La formation doit rester décentralisée, les camps restant mobiles, toujours en zone rurale et dans des zones géographiquement difficiles d'accès pour les forces de l'ordre et les formations se font par étapes. Le SRR se chargera d'imprimer en masse des guides d'opération clandestine (à la même image que l'Anarchist Cookbook mais pour les fachos) ainsi que du matériel de communication (drones civils, radios cryptées). Certains seront recrutés afin d'être entraînés à la gestion de foules (en tant que casseurs en somme) afin de transformer en temps voulu des manifestations pacifiques en émeutes violentes. Les instructions données aux républicains et aux fascistes sont claires et sont subtilement envoyées par des messages médiatiques et par les "contributeurs" étrangers de ces mouvements (qui ne sont rien d'autre que des taupes du SRR) : paralysez l'économie (couper l'électricité dans certaines zones en attaquant des centrales ou des pylônes, saboter des ponts, des voies ferrées, des pipelines, des chaînes logistiques quelconques), affaiblissez le contrôle du régime (déployer des bombes artisanales dans des zones militaires ou gouvernementales), mobilisez et radicalisez la population (diffuser des tracts dénonçant la répression du régime, organiser des manifestations clandestines, inciter les participants à la violence par l'érection de barricades et des jets de cocktails Molotov, utiliser des attentats pour semer la peur parmi les partisans royalistes en assassinant des membres de la noblesse) et créez un sentiment de crise nationale (orchestrer des campagnes de désinformation par des faux témoignages de massacres de civils commis par l'armée royale ou des vidéos montées pour accuser le régime de brutalités, propager des rumeurs de désertions massives au sein des rangs de l'armée). Bref, faites couler ce pays.
La communication au sein de ces cellules entre elles doit rester discrète elle aussi. En plus des radios cryptées fournies par le SRR, les téléphones satellites et les applications de messagerie sécurisée (évidemment modifiées par le SRR dans le code source afin de surveiller l'activité en permanence et assurer elle-même la protection du réseau) seront mises à disposition. La communication devra aussi se faire par la création de boîtes aux lettres mortes (physiques ou numériques) pour transmettre des ordres et des rapports entre les cellules. Les interactions directes entre les cellules seront limités au strict minimum afin d'éviter que l'arrestation d'un membre ne compromette tout le réseau.
Il faut s'assurer de l'armement et de la logistique de ces groupes clandestins. Les méthodes d'acquisition du SRR sont rodés depuis la Kartvélie mais ils méritent une petite clarification. Le SRR ne se sert pas chez le secteur militaro-industriel estalien. Déjà, parce que c'est trop gros : vous imaginez l'absence d'ingérence estalienne alors que les terroristes sont équipés d'armes estaliennes, armes qu'aucun pays n'importe actuellement ? Ensuite, car le SRR préfère produire soi-même certains équipements afin de dissimuler leur provenance et ainsi faire croire, si nécessaire que la provenance de ces équipements vient de tel ou tel pays ; ça masque les pistes vers soi et en même temps, ça met d'autres pays qu'on souhaitent salir dans le cambouis. Au-delà de sa propre fabrication, le SRR achète aussi. Au marché noir international bien entendu, grand fournisseur d'armes légères et d'explosifs industriels comme le C4 ou le TNT ainsi que du matériel de communication mais pas seulement. Le SRR peut déjà se servir dans les vieux stocks militaires des territoires kartvéliens abandonnés, c'est intraçable en l'absence d'Etat dans ces régions et ça favorise la piste criminelle. Enfin, les faux intermédiaires comme les organisations criminelles locales sont essentielles : le SRR ne fournit jamais directement les armes, elle paie des criminels locaux pour les acheminer et les livrer. Ces intermédiaires, en dehors des criminels, ça peut être n'importe qui, tant que cela nourrit sa famille : des contrebandiers, des pêcheurs, des membres du crime organisé ou plus simplement des civils complices qui transportent de façon très fragmentée des petites quantités d'armes (dans des véhicules ou des bagages personnels par exemple) pour les acheminer en général vers des caches d'armes soigneusement choisies (cavernes, sous-sols, fermes isolées) difficiles d'accès. Ces caches se répartissent par un système de compartimentation ; une cellule a accès à un certain nombre de caches et en connaît leur contenu et leur localisation mais le dévoilement de ces caches ne se fait qu'au compte-gouttes. La cellule connaît les caches qui lui permettent de s'armer selon des standards minimums : exemple de vulgarisation, une cellule de 200 hommes peut connaître l'existence de deux caches qui comportent chacune 100 fusils chacun mais c'est tout, la cellule n'aura jamais connaissance de l'existence d'autres caches, seulement celles qui lui sont dédiées. Evidemment, le SRR est pas bête, il sécurise la traçabilité de ces armes en effaçant les numéros de série des armes, en utilisant de faux documents pour attribuer la livraison d'armes à un tiers (une organisation criminelle, un gouvernement étranger, bref, pas l'Estalie quoi) et le SRR s'assure de la diversité des armes obtenues en diversifiant les armes de différentes nationalités pour brouiller les pistes.
Et du chaos, le phénix :
Ces groupes terroristes et radicaux, en plus de la mise en place d'une série d'attentats et de sabotages contre le pouvoir, devront également mener la capture de villages isolés dans des régions stratégiques du Nordfolklande : des zones proches des routes principales, des frontières (estaliennes de préférence) ou d'infrastructures clés, des zones avec une faible présence militaire ou policière, des zones avec une population divisée ou mécontente du régime en place ainsi que les régions économiquement ou politiquement négligées seront priorisées afin d'y exploiter le ressentiment locale. Le SRR devra évidemment mener des actions préalables à la mise en place de ces zones autonomes en cartographiant pour le compte des fascistes et des républicains les zones vulnérables, en repérant les villages où les tensions communautaires ou ethniques (la disparité ethnique de ce pays étant forte, ça ne sera pas bien compliqué à trouver) sont fortes afin de les exploiter à des fins de division et en identifiant les leaders locaux (maires, nobles, chefs religieux, personnages économiques importantes) susceptibles de coopérer ou d'être intimidés (et dans le pire des cas, éliminés). Ces zones locales devront être préalablement infiltrés par les cellules de résistance qui devront y recruter des informateurs locaux parmi les jeunes, les ouvriers et les chômeurs afin d'agrandir les effectifs de sympathisants locaux. Puis ce sera l'action directe qui sera mise en place : sabotage des routes principales, des ponts et des lignes téléphoniques, sabotage des stations électriques et des réservoirs d'eau pour créer une situation d'urgence, prise des postes de police locaux et des symboles du pouvoir royal (casernes, bureaux administratifs). Les terroristes devront s'équiper ici d'armes légères, de suppresseurs et de grenades artisanales afin que les moyens employés restent rapides et silencieux et ainsi éviter une intervention trop brutale. Ces zones autonomes ne sont pas bien grandes et leur longévité est assez courte : il est très probable que l'armée royale réprime aisément ces zones en quelques jours seulement. Mais ce n'est pas l'objectif, le but n'est pas de créer des entités sécesionnistes mais bien d'affaiblir les deux camps qu'on veut le moins voir au pouvoir et favoriser ceux qui restent en arrière.
Car là, on ne parle que des républicains et des fascistes, tous les radicaux de droite en somme. La gauche, elle, reste en réserve, elle consolide ses rangs, elle ne se lance pas dans la bataille et le SRR donne ordre à la gauche de rester discrète et se contenter de mener sa propagande anti-royaliste habituelle et de mener des manifestations pacifiques, tout en renforçant ses effectifs paramilitaires de jour en jour, en obtenant de nouveaux soutiens dans l'administration, le monde ouvrier, la police et l'armée. C'est du sabotage plus fin, plus subtil. Une avancée presque passive, en attendant que Mistohir donne le signal. Pendant ce temps, ce sont les fascistes et les républicains qui jouent le rôle de bouc-émissaire. Pousser les républicains et les fascistes au terrorisme anti-étatique nous permet d'accomplir deux objectifs. Le premier, c'est d'éradiquer les rangs républicains et fascistes en les confrontant directement aux forces armées du Nordfolklande qui resteront toujours techniquement plus organisées et évoluées que les guérillas simplistes formés à la hâte par les républicano-fascistes. En bref, on concentre la puissance de feu de l'armée locale à notre avantage. Pourquoi le SRR se casserait la tête à gaspiller des balles pour tuer chaque fasciste et républicain de ce pays quand le pays lui-même s'en occupe. La Nordfolklande fait le sale boulot à notre place et c'est tant mieux. Ensuite, le deuxième avantage est médiatique. On discrédite par l'échec et par le radicalisme la droite, on invalide le combat de ces factions de droite en les montrant non seulement comme des terroristes mais en plus comme des terroristes qui échouent. La perte de moral infligée par une telle répression ne sera bénéfique qu'à la gauche qui continuera de rassembler les masses et les désillusionnés. Car oui, ces opérations, ces zones autonomes et ces attentats, c'est bien beau et ça mettra des bâtons dans les roues du Nordfolklande mais elles sont destinées à échouer. Et c'est volontaire. Car la véritable menace viendra plus tard, quand elle sera prête. Et après le fascisme, le Déluge.
"Une base arrière parfaite. Qu'ils sont malins, ce SRR." s'exclama Ygor avant de prendre ses affaires et quitter son appartement miteux de Reich.
Plus besoin d'être dans le pays qu'il vise, c'était ça, l'efficacité d'une agence. Détruire un pays sans y être. Un prodige.
Posté le : 06 jan. 2025 à 17:14:27
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Il y a des mois de cela, alors que la Kartvélie existait toujours en tant que république unitaire unie sous un seul drapeau, le SRR avait fomenté l'impression et la distribution d'un livre, un ouvrage assez court et synthétique qui résumait la pensée husakiste et qui énumérait auprès de ses lecteurs les ressemblances entre les Estaliens (et leur mode de pensée) et le mode de pensée kartvélien, insistant notamment sur le respect et la protection que les Estaliens garantissaient aux cultes religieux, l'autonomie des peuples était respectée, le modèle familial traditionnel était conservé et les peuples avaient droit à leur propres coutumes et leurs terres respectives dans une mise à égalité au sein d'une grande Fédération. C'était ce livre et pas un autre qui avait poussé à l'émergence de la pensée kartvéïste en Kartvélie, un modèle kartvélien de l'Anarchisme Renouvelé. Les membres du SRR avaient magnifiquement accompli leur travail de sape idéologique avec ce livre puisque les kartvéïstes dominent encore la scène politique de la nouvelle Fédération des Communes de Kartvélie, malgré des divergences idéologiques avec les modérés et les eurycommunistes. En tout cas, ce livre avait fait penché le rapport de force politique à gauche. Et ce qui s'est passé en Kartvélie, c'est exactement ce que le SRR prévoit pour le Nordfolklande.
En plus de publier une version corrigée du petit livre rouge (surnom donné à ce dit livre, l'ouvrage en question n'a aucun nom sur sa couverture pour des raisons de clandestinité) qui adapte le discours husakiste non plus aux Kartvéliens mais au peuple du Nordfolklande, il faut aussi créer une nouvelle section dans le livre qui puisse permettre au peuple d'assimiler ce livre et d'agrandir son public potentiel. Et pour agrandir le public potentiel, autant à gauche qu'à droite, il faut faire ce qui est, depuis la nuit des temps, le plus efficace en politique : trouver un ennemi commun. Et cet ennemi commun, c'est la monarchie. Point névralgique de toute la haine que l'opposition peut avoir pour le système et la société actuelle, elle est le catalyseur de tout ce qui ne va pas au Nordfolklande, elle est le sujet de toutes les réprimandes, de tous les discours désapprobateurs et de toute la détestation du système pour une partie de la population. C'est le bouc émissaire évident, la raison première de pourquoi rien ne va pas, à tort ou à raison d'ailleurs. C'est comme critiquer l'extrême droite ou l'extrême gauche pour tous les maux du monde, c'est facile à faire même quand on sait pas pourquoi on les critique.
En quoi ce livre s'est-il adapté à la nouvelle société contre laquelle elle s'apprête à critiquer abondamment ? Pour plusieurs raisons. D'abord car le livre a la prétention évidente de critiquer le système féodal et pyramidal, le point faible majeur du Nordfolklande : au XXIe siècle, ce type de sociétés sont assez faciles à déstabiliser par des pressions extérieures car la prospérité des nouveaux modèles, malgré l'isolement des peuples (qui n'est jamais totale), créait deux sentiments spécifiques pour les peuples dit en retard. Le premier est un sentiment de honte ou d'humiliation : on est né dans un pays arriéré, qui n'évolue pas et qui, sous le couvert de conserver les "traditions" ne favorise qu'une poignée d'individus et qui laisse la majorité de la population patauger dans la boue du prolétaire de base, il y a donc une certaine envie de modernisation évidente dans la perception des peuples lorsqu'ils sont confrontés aux avancées d'autres peuples (HRP : il suffit de constater la progression du Mouvement d'Auto-renforcement en Chine entre 1861 et 1895 pour se rendre compte de l'incapacité des régimes traditionnels à ne pas céder aux sirènes de la modernité lors de chocs économiques ou politiques). Deuxième sentiment à l'égard des pressions de la modernité pour les peuples, c'est l'animosité et l'esprit de concurrence. Tous les peuples ont une certaine forme de comportement agonistique (du grec agônistikos qui signifie compétition) à des degrés plus ou moins variables et de ce fait, l'idée même pour l'ensemble d'un peuple d'être surclassé sur certains ou tous les domaines animent cet esprit de compétition indirect et renforce le sentiment d'humiliation initiale. Par peur d'être aliénés de son identité, le peuple aura donc tendance à se remettre en question pour ne pas disparaître. C'est exactement ce qu'on cherche ici sauf que ce livre va chercher à orienter la réponse de la remise en question du mode sociétal du Nordfolklande vers un fond très socialiste, la comparaison avec l'Estalie n'étant ici même pas cachée.
Le point principal du bouquin est donc de critiquer la société du Nordfolklande et l'obsolescence de son système sociétal qui défavorise le plus grand nombre. La strcuture de la société du Nordfolklande est rigide, ses inégalités sociales y sont extrêmes et le régime est dans l'incapacité structurelle de répondre aux défis modernes du siècle. Ce type de régime repose sur une hiérarchie figée où les classes inférieures n'ont aucune possibilité de mobilité sociale, ce qui engendre un profond sentiment d'injustice et de frustration parmi la majorité de la population par définition. De plus, l'économie d'un tel régime est dépendante de l'aristocratie qui est peu encline à moderniser les infrastructures et à investir dans l'innovation de peur de perdre leur place privilégiée acquise par hérédité, un système innovant signifie une plus grande place à la méritocratie et donc à un remplacement de l'élite par une nouvelle classe. Une élite qui veut donc conserver jalousement son pouvoir pour éviter qu'une autre prenne sa place. Tout cela limite la compétitivité de l'économie du pays sur la scène mondiale. L'autorité excessive du clergé et de la noblesse freine également les avancées scientifiques et technologiques, nécessaires pour répondre aux enjeux globaux comme le changement climatique, les crises énergétiques ou les pandémies. Economiquement, le système du Nordfolklande est rigide avec un rapport de dépendance permanent entre les différentes couches sociales avec une aristocratie propriétaire des terres et une masse de paysans ou d'ouvriers laborieux confinés dans des rôles subalternes. L'industrialisation et l'urbanisation, qui ont été des moteurs clés de la croissance économique de la plupart des pays au XXe et XXIe siècle, est pratiquement impossible dans un tel environnement et l'industrialisation du pays se cantonne aux îlots bourgeois dans certaines villes du pays. La concentration de la propriété entre les mains d'une élite restreinte (noblesse, clergé, famille impériale) empêche la formation de classes moyennes ou de mécanismes économiques de redistribution. Les terres et les ressources naturelles y sont donc souvent gérées de manière inefficace, sans incitation à les utiliser de manière optimale. Cette dérégulation nuit à l'innovation agricole et industrielle car les paysans et les ouvriers, privés de droits ou de moyens d'améliorer leur productivité, sont condamnés à une économie de subsistance. Le système ne permet donc pas la modernisation du secteur agricole et industrielle car la propriété est figée et gérée sans réflexion stratégique globale. Un tel système repose sur l'exploitation de la main d'oeuvre sans chercher à la former ou à l'éduquer, à la seule exception de la bourgeoisie. L'absence d'accès à une éducation moderne et de qualité pour les classes inférieures conduit à une faible capitalisation humaine. La concentration de la richesse et des pouvoirs entre les mains de quelques membres de l'élite empêche également la création d'institutions financières modernes qui pourraient soutenir un minima les investissements et la croissance. Dans un tel système, les banques servent principalement à consolider le pouvoir économique des élites et à financer des projets religieux ou impériaux mais sont rarement utilisées pour stimuler l'innovation ou soutenir des projets de grande envergure. L'absence de crédit accessible aux petites entreprises ou aux paysans rend l'économie extrêmement vulnérable et incapable de se développer de manière durable. Politiquement, ce n'est pas mieux. La concentration du pouvoir entre les mains du Tsar et de son entourage restreint, souvent au détriment de toute forme de contre-pouvoir, crée une instabilité politique inhérente. Lorsque le pouvoir est trop centralisé et que toute la légitimité repose sur une seule personne ou un groupe restreint d'individus, le système devient extrêmement vulnérable à l'inefficacité, à l'absentéisme ou à la malveillance d'un dirigeant. En cas de faiblesse du Tsar, qu'il s'agisse de problèmes de santé, de mauvaise gestion ou de décisions impopulaires, ce vide de pouvoir pourrait entraîner une crise de gouvernance qui mettrait en péril la stabilité du régime. Dans ce système féodal, les classes populaires, qui représentent l'écrasante majorité de la population, sont privées de toute forme de participation politique réelle. C'est aussi un système très dépendant de la religion : le rôle central de l'Eglise et du clergé dans le régime renforce davantage l'instabilité politique. Dans un monde où la laïcité et la séparation des pouvoirs sont des valeurs importantes, l'intégration du clergé dans la sphère politique crée des tensions importantes entre les autorités religieuses et les autorités civiles. L'Eglise ayant une telle influence pourrait être perçue comme un acteur politique puissant, voire incontrôlable, susceptible de manipuler les masses ou de se livrer à des rivalités internes pour le pouvoir. En outre, les réformes sociales ou politiques peuvent se heurter à l'opposition du clergé qui peut utiliser sa position pour bloquer tout changement et maintenir les structures de pouvoir en place. Enfin, la répression des dissidents et la surveillance constante de la population, qui sont des caractéristiques inhérentes à un régime féodal autoritaire comme celui du Nordfolklande, peut finir par exacerber les mouvements d'opposition en créant un climat de peur et de méfiance généralisée qui épuise les ressources de l'Etat. En tentant de maintenir l'ordre par la violence et la coercition, le régime met en place un cercle vicieux qui se retournera contre lui car la répression est contreproductive, elle cristallise la résistance et forge des alliances entre des groupes qui, autrement, n'auraient pas été en mesure de s'unir. Une société sous surveillance constante est non seulement économique inefficace mais aussi instable politiquement.
Qu'est qu'on retient dans ce cas ? Le lecteur moyen retiendra du Nordfolklande que c'est un régime féodal dépassé, économiquement incapable d'assurer la prospérité et le bien-être des populations vu qu'il est destiné à concentrer les richesses entre les mains d'une poignée de membres de l'élite aristocratique, qu'il est par nature instable politiquement et qu'il créait les conditions d'une société de la peur qui n'aide ni au repos des populations, ni au respect de leurs libertés et encore moins à l'amélioration de leurs conditions de vie. C'est de l'esclavage, ni plus ni moins, pavés par une soi-disante tradition qui est la bannière de la monarchie, puisqu'il ne lui reste plus que ça pour se maintenir au pouvoir. Pourquoi les paysans ne gueulent pas ? Pour ne pas finir en prison. Pourquoi ne demandent-ils pas une meilleure instruction pour leurs enfants ? Parce qu'ils n'ont pas les sous pour se payer des écoles de bonne qualité. Pourquoi les gens ne demandent pas une éducation laïque ? Pour ne pas finir ostracisés par l'Eglise. Et si l'Etat interdit les partis d'opposition, c'est bien parce qu'elle s'est bien rendue compte que son camp et ses partisans n'étaient plus majoritaires dans le pays. Déjà car la moitié de la population qui a voté s'est réunie dans des partis non-monarchiques mais pas seulement. Comptez maintenant l'abstention : bah oui, dans un pays où on peut se faire arrêter pour avoir voter tel ou tel parti, où le délit d'opinion existe de façon étendue et où un climat de peur (telle qu'on l'a précisé plus haut) est maintenu volontairement par les structures étatiques, on ne se risque pas à aller voter. Donc trois facteurs poussent la monarchie à se rendre compte que la majorité de la population ne veut plus d'elle : un vote d'une partie pourtant minoritaire de la population qui arrive à représenter la moitié de la représentation politique dans des partis non-monarchiques, un climat de peur qui favorise une abstention de masse et enfin, dernier facteur et pas des moindres, le vote favorable à la monarchie d'une partie de la population pour des raisons népotiques envers l'administration ou la noblesse locale (afin de bien se faire voir de son seigneur, autant voter pour lui, ça tâcherait de voter socialiste et de chercher les faveurs de son boyard en même temps). Une partie des votes pro-monarchie ne sont même pas sincères.
Que propose le petit livre rouge en solution ? Déjà, le SRR écarte dans un premier temps la solution de l'husakisme. Non pas que ce soit une mauvaise idée en soit mais malgré la montée en popularité de l'anarchisme au Nordfolklande, et plus encore de l'Anarchisme Renouvelé compte tenu du succès du miracle économique estalien, il ne faut pas oublier que les anarchistes sont la plus petite faction de toute la gauche, ne représentant au mieux qu'un peu plus de 7% de la population du Nordfolklande. C'est déjà pas mal (à vrai dire, rares étaient les husakistes en Kartvélie au moment de la Révolution, la masse s'est ralliée à l'anarchisme dans le courant de Janvier-Février) pour un pays sans révolution et sans tradition révolutionnaire mais c'est pas assez. A l'inverse, si on prend le problème à l'envers, on se rend compte qu'anarchistes, socialistes syndicalistes et communistes réunis, on atteint les 43% de la population votante. C'est relativement suffisant pour une Révolution. Il faut donc proposer en solution non pas une fédération à l'estalienne mais une république fédérale socialiste, ni plus ni moins. De facto, on demande l'abolition de la monarchie, la véritable source des problèmes du pays, la mise en place d'une révolution socialiste au Nordfolklande qui abolirait tous les privilèges de la noblesse et mettrait à bas le régime féodal pour instaurer une nouvelle ère socialiste plus juste envers la majorité de la population, qui ferait de la redistribution des richesses son mot et l'égalité des chances pour chaque paysan et ouvrier sa doctrine politique. En renversant la hiérarchie rigide et archaïque qui asservit la majorité au profit d'une petite élite, une république socialiste mettra l'accent sur la collectivisation des ressources, la redistribution équitable des richesses et la création d'opportunités pour tous. Le pouvoir ne sera plus entre les mains d'un monarque ou d'une noblesse privilégiée mais entre les mains du peuple qui exercera son pouvoir de façon démocratique dans des conseils ouvriers et des assemblées citoyennes. Cette approche permettra de réduire les inégalités extrêmes et de libérer le potentiel économique et intellectuel des classes laborieuses, transformant la "crasse" tant méprisée par les consanguins aristocrates en une force motrice du progrès inarrêtable. La république sera laïque, limitant l'influence du clergé sur les affaires politiques et garantissant une gouvernance basée sur le rationalisme, les droits humains et les besoins collectifs ; le tout en respectant l'héritage religieux du Nordfolklande ni décriée, ni critiquée mais simplement cantonnée à son rôle initial, le seul qui devrait être légitime pour l'Eglise : la spiritualité et la religion.
Ce livre sera donc distribué et imprimé clandestinement en masse parmi la population. D'abord auprès des masses déjà acquises au socialisme (anarchistes, socialistes, communistes) afin de galvaniser l'esprit abolitionniste des mouvements désormais clandestins de la gauche afin de rallier ces masses, attirer de nouvelles recrues radicalisées non-anarchistes (qui, par principe idéologique, favorisent la lutte armée contre un tel pouvoir en place, il n'est même pas nécessaire de les convaincre à vrai dire) et en faire le cheval de bataille de la gauche. Le compromis n'est plus, la condition de la gauche pour réintégrer la politique sera simple : abolir la monarchie, et après on discutera. La révolution l'emportera.
