02/08/2015
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[RP] Un plan : implant

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L’industrie pharoise se transforme, mais il faut lire la presse spécialisée pour s’en rendre compte. Baladez-vous dans sur les quais et vous ne remarquerez rien, les marins sont des vieilles dames réfractaires au changement. C’est dans les terres que la transformation se fait, à l’abri des regards. Albi est un pays clandestin, isolé sur sa péninsule, isolé du monde, entourée de pirates. Le pouvoir va avec le secret, dit le Prince, et nous voilà de nouveau, comme du temps des premières républiques pirates, à nous reconfiner dans l’ombre de nos falaises et de nos marais gelés.

La piraterie est une économie en voix d’extinction. Nous le savons, vous le savez. Maintenue sous respiration artificielle par des investissements colossaux dans la flotte noire, le Pharois ne pourra pas éternellement mener seul le grand jeu de l’hégémonie. Déjà notre économie ralentie, notre population, artificiellement grandie par ceux qui nous ont rejoint en route, ne peut à elle-seule pourvoir l’armée, l’industrie, et assurer à tous et à toutes un confort de vie suffisant pour faire de nous un pays enviable et prospère. La piraterie rue pour mieux dissimuler qu’elle va mal, ses chefs de guerre se sont emparés du pouvoir pour n’en rien faire, jusqu’à céder face aux réalités colossales de l’économie. Le Pharois ne peut exister éternellement contre le reste du monde et ceux qui déjà, il y a des années, anticipaient que nous ne saurions gagner cette course, nous préparaient un autre chemin. Une porte de secours.

Qui suit l’actualité pharoise sait de quoi nous parlons lorsque nous prononçons le mot « implant ». Dans les sillons tracés par Carnavale la noire, Albigärk a lancé ses propres programmes de recherche. Journaux de niches, revues savantes, discussions de passionnés où se côtoient scientifiques et membres des services secrets, la recherche et développement en matière de transhumanisme est restée longtemps tabou. Hier encore nos assemblées devaient composer avec les partis réactionnaires, hostiles à tout ce qui s’oppose au mode de vie traditionnel et à la religion abyssale. Aujourd’hui le temps les a fait taire, le Pharois a embrassé sans complexe le post-humain.

L’avantage comparatif est un élément décisif de la pensée pharoise et albienne. Petit pays pauvre, nous n’avons jamais prospéré que dans les angles morts où nous avons arraché l’hégémonie. La piraterie en est l’exemple le plus splendide : alors que le reste du monde se conchiait dans la mondialisation et la souveraineté, nous grandissions sur leur dos. Là où d’autres impérialismes se disputaient les marchés juteux de la mondialisation, le Pharois occupait seul le marché noir où il ne souffrait d’aucune concurrence. Le post-humain est notre piraterie, c’est ce qui assurera à Albi sa place dans le grand concert des nations, un marché que nous seuls occupons.

Depuis dix ans déjà dans nos laboratoires gelés, sous les banquises du nord, caché dans les complexes de grottes sous-marines, à l’abri dans nos manoirs dans les marécages, sur nos plates-formes solitaires protégées par les tempêtes, le Pharois anticipait la fin de la piraterie. Un coup d’avance, à la conquête de la prochaine hégémonie. Un plan. Implants.
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L’impérialisme est le stade ultime du capitalisme, disait l’autre. Le modèle économique dominant est embarqué dans une course effrénée et sans fin pour investir dans de nouveaux marchés, son pays modernisé, son peuple au travail, il se tourne naturellement vers les deux derniers continents à conquérir : celui des autres, et l’innovation. Le bon capitaliste innove, le mauvais envahie. Le plus souvent, il fait les deux, car l’un n’est pas possible sans l’autre et l’autre dégage du temps libre pour l’un. La concurrence mondiale tétanise les muscles dans un mouvement sans fin, l’industrie ne doit pas s’arrêter de produire, l’économie ne peut pas s’arrêter de tourner, non, pire, elle ne peut pas s’arrêter de croître. Il faut dégager des bénéfices, toujours, à réinvestir encore, qui dégage le plus se donne les moyens de dévorer les autres, qui dégage le moins… dégage.

Le Pharois est un impérialisme d’un genre étrange. Un impérialisme de niche. Là où d’autres s’entre-dévorent pour des parts du marché blanc, lui occupe seul – ou quasiment seul – le marché noir. Une position confortable. Précaire. La multiplication des mafias nous ébranle, les traités internationaux nous affaiblissent, notre influence se trouve circoncise aux mers du nord, notre hégémonie s’amenuise. Demain ne sera pas pirate, n’en déplaise aux anarchistes, l’ordre ne peut supporter qu’on lui manque de respect à ce point, bientôt la fête sera terminée.

Ordo ab Chao, disent les Albiens. Ils ont raison. Du chaos surgit toujours l’ordre. Le chaos c’est le Pharois. L’ordre… qui peut le dire ? L’ordre n’est pas encore là, mais il vient, poussé par des forces profondes, un désir insistant de ne pas laisser faire ces racailles à tricornes, d’écraser une bonne fois pour toute ceux qui osent faire désordre dans la belle structuration des routes commerciales, de l’économie et de la finance, du marché pur et parfait. Le désir capitalisto-impérialiste mène à la guerre, mais une guerre de gentilshommes, civilisés et polis. On crève pour les intérêts de la bourgeoisie, certes, mais prière de ne pas l’éclabousser au passage.

Le Pharois est crasseux, désespérément racaille. Ses figures les plus aimables (Mainio) ne sont que des racailles endimanchées. Le Grand Kah incarne la subversion organisée, il y a quelque chose de rassurant dans cet impérialisme de gauche, familier. Le Pharois est une racaille, un petit con qui ne veut pas grandir, sa piraterie est incontrôlable, le régime change, les figures tombent, seul petit pays dans les mers du nord il se taille un royaume sans règles et sans manières. On retrousse la lèvre à l’idée de travailler avec eux. Le pire c’est qu’il le faut : ces salopards ont du succès. Pays de racailles qui a fait sienne la volonté de puissance. Le Pharois terrifie car il n’est pas un Pharois qui ne soit vivant, existant, et cette existence s’oppose de toutes ses forces à l’aliénation désirée du capitalisme : on ne peut pas voler la plus-value d’un existant, on ne peut pas exercer sur lui le chantage à l’emploi. L’existant dévore le salariat de l’intérieur comme une corruption implacable, ce peuple est une abomination, il refuse de travailler pour quelqu’un d’autre que lui-même.

Parce que le Pharois est une racaille, il conviendra de le mater. A cette fin, les puissances du monde entier tournent leur regard vers les Albiens. Qui sont-ils ceux-là ? Des alliés ou une nouvelle monstruosité locale ? Ransu Rasanen présente bien, il rassure. Peut-être enfin va-t-il ramener un peu d’ordre dans toute cette piraterie ? Ordo ab Chao, dit la Pharovihjie, c’est bon signe. Ransu Rasanen rassure et il a bien raison, mais il serait naïf d’imaginer que le Pharois disparaîtra sans renaître d’une manière ou d’une autre. A la façon d’un serpent de mer, il a commencé sa mue, il recherche sa nouvelle hégémonie, la nouvelle niche à envahir. Impérialiste racaille, là où on ne l’attend pas.

Un plan : implant. La haute technologie albienne travaille depuis longtemps sur l’électronique. Ils en ont été pionniers. Dans les grandes usines autogérées, on produit des micro-processeurs de la taille d’un ongle, d’une tête d’épingle, d’un cil. Chaque année diminue la taille et augmente le prix, la précision est nécessaire pour accéder au nouveau continent du Pharois : celui de l’infiniment petit, l’un des derniers qui n’a pas encore été conquis.

Les pirates deviendront-ils des ingénieurs ? Non, mais il faut des pirates pour défendre nos grosses têtes. Et déjà la flotte noire soupèse ses fusils Baba Yaga, fabrication pharo-prodnovienne, haute technologie, haut-de-gamme. Ses vedettes, ses patrouilleurs, ses navires bénéficient du nouveau continent, chacun a sa manière s’est vu doter d’armes, de sonar, de capteurs, de brouilleurs pour les rendre invisibles. Le navire Pharois est le meilleur du monde car la piraterie le maintient sans cesse dans le besoin de se révolutionner. Le Pharois est pris dans un jeu de concurrence permanente avec les douanes du monde entier, il se bat seul contre toutes les marines du monde et cela l’oblige à être le meilleur. Mais on ne peut pas tenir la course en tête éternellement.

Quand le contrebandier se heurte à plus fort que lui, il abandonne le combat et cherche un autre chemin. L’autre chemin, c’est un nouveau navire, un navire humain. On ne peut pas mieux armer les navires, ils sont déjà sans concurrence, mais on peut améliorer ceux qui naviguent dessus. La contrebande se dissimule dans les cales et dans les corps, le pirate met sa vie en jeu pour la gloire et la fortune, il est prêt à sacrifier son intégrité physique pour un peu plus de performance. Echouer c’est mourir, qu’est-ce qu’une puce dans le crane si cela vous évite de finir votre vie au fond des prisons de l’ennemi ?

Certains se sont demandé comment Ransu Rasanen était arrivé au pouvoir. La réponse est simple : avec des promesses. Avec un plan.

Implant.
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