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[Fujiwa - Gualintang] L’Émissaire Inattendu

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L’Émissaire Inattendu

Juin 2014


Il n'y eut ni accueil solennel, ni cérémonie officielle, ni caméras pour immortaliser l'événement. Ce fut une rencontre des plus discrètes, à peine formelle, organisée dans une aile du ministère des Affaires étrangères, situé dans le quartier Jiji, sur la 21ème grande rue de Sokshō. Le ministre Yoshi Suzuki, toujours en poste malgré la défaite de son parti lors des dernières élections, incarne la stabilité au sein de l'État du Fujiwa. Il occupe son siège depuis près de sept ans, et c’est sous sa houlette que la diplomatie nationale a pris forme. Aujourd'hui, dans une atmosphère empreinte de secret, le ministre reçoit un invité particulier, venu tout droit de Ramchourie. Quand on parle de Ramchourie, il est facile de se perdre parmi les multiples factions qui la composent. En l'occurrence, le Fujiwa attendait la venue du président temporaire du Gualintang, Minh-Aû-Choh. Cependant, celui-ci, trop préoccupé par l'organisation de la défense de son territoire à l'est des terres ramchoures, a jugé bon de déléguer cette mission à un de ses fidèles conseillers, Taï-dû-boua.

Cet émissaire fut donc accueilli avec la simplicité de mise. Le ministère ne cherchait pas à dissimuler à tout prix la visite d'un représentant d'une faction dissidente du pouvoir central ramchour, car en réalité, les représailles de l'État central ramchourien ne pesaient guère dans la balance. Néanmoins, le Fujiwa préférait sonder le terrain avant de formuler toute ambition théorisée à l'égard de la Ramchourie, bien que le choix de la faction du Gualintang apparût comme le plus légitime aux yeux des autorités fujiwanes. En attendant cette rencontre, aucune prise de position publique ne serait adoptée par le nouveau Premier ministre Shimura. D'ailleurs, il convient de noter qu'il s'agit de la première fois qu'une entité diplomatique étrangère foule le sol fujiwan depuis l'élection du nouveau Premier ministre, figure de proue de cette droite conservatrice déterminée à mener une politique en accord avec les volontés de l'Empereur. Cependant, puisque cette rencontre se déroule dans une certaine confidentialité, Taï-dû-boua ne sera pas, officiellement du moins, le premier invité du Fujiwa sous l'ère Shimura.

Installés autour d'une table dans une ambiance feutrée, les présentations sont faites entre le ministre Suzuki, accompagné de deux de ses conseillers, et monsieur Taï-dû-boua. L'entrevue pouvait enfin commencer.

« Mes salutations, monsieur Taï-dû-boua. J'espère que votre voyage s'est bien déroulé. J'imagine que vous n'avez pas eu trop de mal à vous repérer au Fujiwa pour trouver jusqu'ici. Vous ne vous êtes pas égaré, et l'on vous a bien conduit au bon bureau, » dit-il avec une pointe d'humour. Le ministre laissa ensuite son invité prendre place, tandis qu'un domestique, discret, se présenta pour lui proposer une boisson, selon son souhait.

Sans perdre de temps, monsieur Suzuki reprit la parole: « Je suis enchanté de pouvoir rencontrer un représentant du Gualintang aussi rapidement. Les événements se sont enchaînés à un rythme soutenu, et c'est un plaisir de constater l'ouverture de votre faction aux autres nations. Permettez-moi de commencer simplement en vous demandant de me faire un état des lieux de la situation du Gualintang, du président Minh-Aû-Choh, ainsi que de vos ambitions, non pas personnelles, mais celles de votre faction. ». Il conclut en posant ses deux mains jointes sur la table.
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Taï-dû-boua
Taï-dû-boua, conseiller personnel de Minh-Aû-Choh

Les temps changent...

Cela faisait déjà près de 3 mois que la Ramchourie, de manière terrifiante, avait plongé tout droit dans l'anarchie et la guerre civile. Tout avait été imprévisible, au départ une simple rébellion avait provoqué le plus grand cataclysme que le pays a dû affronté depuis plusieurs siècles. Cependant, dans ce chaos indescriptible, de nombreuses factions, avec des bords politiques et idéologiques variées, étaient nés. Et c'était notamment le cas du Gualintang. Au départ simple rassemblement de seigneurs ayant peur des clans Hanchoures ( ou Ramchoures ) du nord, il est devenu un véritable rempart entre le monde traditionnel des aristocrates et des seigneurs locaux et entre le monde démocratique et républicain, prônant l'égalité et les libertés individuelles. C'était de cette façon que Taï-dû-boua, jeune fils de fermier locaux, grâce à son intelligence et à son leadership naturel, a su monter les strates de la société nouvelle du Gualintang pour réussir, finalement, à atteindre le poste de conseiller personnel du président Provisoire, Minh-Aû-Choh. Et l'ironie de l'avenir avait décidé qu'une nation détenant pourtant aucune relation auparavant avec le pays, le Fujiwa, entre en contact avec la faction. C'est ainsi qu'il en était arrivé à fouler les terres de cet état qui, bien qu'ayant semblé avoir vécu des tumultes en tous genres, semblait s'intéresser de plus en plus à la petite nation qu'est la Ramchourie. Taï-dû-boua était certes le conseiller personnel du président provisoire, mais il ne s'attendait pas à rencontrer de possibles futurs alliés aussi rapidement.

Cependant, bien qu'étant aux côtés de Minh-Aû-Choh, il n'acceptait pas toutes ses décisions concernant la faction, notamment l'interdiction de créer des nouveaux partis, en attente de prise de plus grands territoires, ce qui pour lui serait une erreur immense pour contrer l'arrivée de la démocratie ( et donc indirectement de tenter de garder le pouvoir total le plus longtemps possible ). Egalement, il estime, en tant que Conseiller, et étant au courant de cette partie du Décret numéro 1, que le futur système politique n'est absolument pas démocratique et favoriserait plus les aristocrates qu'autre chose. Ainsi, Taï-dû-boua voyait en les Fujiwans le moyen de lentement prendre l'ascendant sur son confrère, et de gagner la guerre via un changement de système politique approuvée par l'illégal droit de Veto pour le Décret 1. Cependant, il savait qu'il faudrait les convaincre mais également accepter certaines conditions...

Ainsi, il écouta attentivement ce que lui dit son homologue Fujiwans puis dit, avec un sourire agréable et un ton calme :


Taï-dû-boua - "Monsieur Suzuki, je dois bien reconnaitre que votre pays est absolument splendide ! Je n'en avait jamais vu de pareil depuis fort longtemps ! Je suis honorer de pouvoir de pouvoir être présent sur son sol.
Pour ce qui concerne de la situation actuelle du pays, je vais vous préciser notamment du point de vue du Gualintang mais, d'après nos informateurs, la Confédération du Nord, une alliance des clans nomades du nord, ferait route vers la capitale. Ils pensent pouvoir certainement achever la Seigneurie élective au plus vite afin de pouvoir avoir l'hégémonie sur la majorité du pays. Cependant, ils sont bien divisés, notamment dans le Duumvirat de Temüjiin Shagdarsüren et Seun-Li. Pour le reste du pays, le pouvoir central a totalement implosé : les rares territoires fidèles au 9e Seigneur de Guerre Bei-Fon se trouvent autour de la capitale et dans le domaine de l'ancien seigneur électeur, Jinlong Zao. Ils ne sont plus une menace pour personne, étant pris sur tous les fronts.
Autrement, le sud semble être dirigé en partie par des fanatiques religieux vénérant le soleil, le Huanping. Elle reste possiblement une force importante, et donc dangereuse si elle parvient à unifier le sud. A l'est de notre territoire s'est également dressé un simulacre d'Empire de Ramchourie, avec un homme descendant d'une antique dynastie. Je pense de manière sincère qu'il s'agit là d'opportunistes plutôt que d'un véritable Empire. Enfin, tout à l'est du pays, dans le Luanghi, des Caummussites ont dressé leurs bannières, et sont là de potentiels futurs alliés se circonstances selon Minh-Aû-Choh. Ainsi, pour nous, le danger actuel reste la Confédération du nord et le Huanping, car étant étendu et semblant être assez puissants. Cependant, je ne doute pas qu'ils ne sont rien face au Fujiwa.

Le Gualintang, lui, est majoritairement soudé autour du Président Provisoire, et étant lentement ses frontières, notamment avec l'acquisition récente du Tsi, un autre état du chaos national. Notre but à court terme, pour le moment, reste l'annexion de toute la partie ouest du Hezian afin de pouvoir devenir une force importante et surtout, pouvoir réellement jouer à la même table des négociations avec les autres grandes factions, en cas de possible défaite.

Le Président, lui, voit, avec les négociations qui ont eu lieu avec le Tsi, un message qui s'adresse directement à tous les états et qui pourrait leurs forcés la main à rejoindre le Gualintang. Evidemment, rien n'est sûr, surtout avec l'état voisin à l'est du Zhai, qui nous hais profondément et pourrait appeler à lui de puissants voisins, notamment les états du nord.

J'espère avoir pu répondre à vos questions, mais, si vous me le permettez, j'en ai personnellement une qui me trotte dans la tête : Quelles sont les intentions réelles du Fujiwa en Ramchourie ? Car bien peu de nations n'interviennent pour le moment dans le conflit, donc cela m'étonne, et étonne notamment le gouvernement Gualintangais"
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« Sans aucun doute, votre objectif principal est de vous étendre, notamment par des conquêtes territoriales, cela va de soi. Mais il est crucial que vous trouviez des alliés, quelle que soit la faction susceptible de partager vos intérêts, ou avec laquelle vous pourriez conclure un accord sur la suite des événements. Car, comme vous l'avez mentionné, si la faction du Nord, puissante et menaçante, continue de croître, il se pourrait bien que votre propre faction ne puisse lui résister, sans vouloir vous offenser.

Il est évident que la situation semble mal engagée pour vous, mais je reste convaincu qu'il est possible de renverser la tendance en mobilisant les moyens dont dispose le Fujiwa. L'intention réelle de notre administration est de trouver des alliés sur le continent nazumi, et votre pays, bien qu'éloigné, entre naturellement dans le cadre de notre stratégie diplomatique. Notre objectif est de préserver un semblant de stabilité et de prospérité dans la région, et nous ne souhaiterions en aucun cas que le Nazum devienne un champ de bataille généralisé. Et puis, il s'agit surtout pour nous de garantir qui sera le prochain à monter sur le trône. Imaginez un instant que ce ne soit pas un démocrate comme vous, mais plutôt un impérialiste déterminé à s'étendre au-delà de cette guerre civile. Imaginez un empereur ambitieux, prêt à conquérir d'autres territoires peuplés du Nazum. Cela mettrait non seulement mon pays en danger, mais aussi tous nos partenaires. Comprenez donc que si nous nous intéressons de près à votre guerre civile, à votre territoire, c'est parce que ce conflit géopolitique débouche inévitablement sur des forces qui nous dépassent tous.

J'aimerais maintenant connaître votre point de vue, ou du moins, si vous pouvez me présenter une stratégie solide pour pérenniser votre faction. Comment envisagez-vous de la faire prospérer et de vous défendre contre la faction du Nord? Il est essentiel pour moi de disposer de tous les éléments afin de déterminer si nous pouvons potentiellement vous apporter notre soutien, que ce soit matériellement, en vous offrant une protection, des conseils, ou même de l'équipement militaire. Je peux utiliser le mot maintenant, mais cela dépendra avant tout de vous. Les autres factions ne nous concernent pas. Ce que nous voulons, c'est voir des démocrates accéder au pouvoir en Ramchourie, pour qu'une fois cela fait, nous ayons une base solide pour le Nazum. évidemment notre soutien. Je préfère ne pas trop en dire pour l'instant, car nous n'en sommes qu'au début de nos discussions, mais sachez qu'il pourrait y avoir des concessions à faire de votre part. Encore une fois, ne le prenez pas mal ; je tiens simplement à vous en avertir dès aujourd'hui, en toute transparence. Je souhaite que vous ayez cet avertissement dès notre première rencontre, afin d'éviter toute mauvaise surprise à l'avenir. Pour moi, c'est un point essentiel. Nous n'avons rien à nous cacher, car votre situation est critique, tout comme celle de la Ramchourie. Il est donc primordial d'être honnêtes l'un envers l'autre. Soyons assurés que notre diplomatie sera sincère, sans ambiguïté ni sous-entendus. »
dira le ministre Suzuki toujours d'une voix calme et mesurée.

Dans l'atmosphère feutrée de la salle, Suzuki projeta l'image d'un homme de pouvoir qui savait jongler entre la diplomatie subtile et la franchise tranchante. Son discours, bien que minutieusement structuré, laissait transparaître une inquiétude réelle pour la stabilité de la région, tout en affirmant la position stratégique de son propre pays. Et en conclusion, lorsqu'il parla d'honnêteté et de sincérité, ses yeux se plissèrent d'une détermination claire: il n'y aurait pas de jeux d'ombre dans cette alliance, seulement la lumière crue des intérêts mutuels.
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Taï-dû-boua - "Monsieur Suzuki, j'admire votre honnêteté, il est bien rare de voir ce genre d'homme en Ramchourie. Alors je vais également être transparent.

Nous savons de manière pertinente que la Faction du nord peut, de manière rapide, nous écraser. cependant, je tiens à vous informer de deux choses : ces guerriers vivent des des steppes, et ne peuvent donc nous attaquer à cheval, surtout dans les forêts du centre. Les montagnes entre eux et le Gualintang nous offre une certaine défense. Il est vrai que si toute la faction nous attaquait, alors nous perdrons, pas à cause de leur tactique, mais par leur nombre. C'est pour cela que j'en arrive à mon deuxième point : saboter leur alliance par derrière. J'entend par là qu'à présent les deux duumvirs chassent la capitale, tout le reste de leur territoire est plus ou moins protégé par des clans qui se sont rejoint à la confédération que par survie. Ainsi, et c'est par ailleurs une ambition qui me parait envisageable, ce serait de corrompre plusieurs chefs de clans afin de déclencher une guerre civile au sein de leur faction. De cette façon, nous pourrions soutenir ce nouveau front et pourquoi pas intégrer ces clans par la suite au Gualintang.

Pour ce qui concerne le domaine militaire, le Gualintang serait honoré de recevoir du soutiens de la part du Fujiwa, toute aide étant la bienvenue. Nous savons de manière pertinente que votre pays est une des grandes puissances de ce continent, votre matériel est donc inestimable et bienvenue.

Bien évidemment, nous ne voulons d'une extension du conflit Ramchoure sur tout le continent Nazumi, nous comprenons vos craintes à ce sujet. Cependant, quand vous vous êtes exprimés, vous avez parlé de concessions, ainsi, j'aimerais savoir, au cas où vous nous soutiendrez, quelles sont t'elles ? Je sais bien que cela vous parait trop tôt d'en parler, cependant je considère, de manière personnelle, que connaitre les concessions pourraient également nous aider dans nos relations, en cas d'aide de la part de votre nation qu'est le Fujiwa.
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« Sachez que j’aimerais entretenir une relation appréciative et constructive avec vous. Le soutien militaire se fera de manière probablement informelle, non officielle. Nous avons des partenaires ayant des liens étroits avec nous et le gouvernement, et je pense qu’ils seront en mesure de vous apporter leur aide. Cela se fera évidemment sous notre supervision, et je pense notamment à une milice privée, dont nous vous fournirons le nom ultérieurement. Faites-nous confiance à ce sujet.

Passons maintenant à nos concessions. Tout d’abord, il est évident que si nous vous apportons notre aide, des contreparties diplomatiques et économiques seront nécessaires, car cela relève de la logique des relations internationales, si je puis dire. À l’issue de votre victoire, nous pourrions célébrer cela par la conclusion d’accords commerciaux préférentiels. Notre pays pourrait ouvrir davantage son marché à vos produits et, en retour, vous feriez de même. Deuxièmement, il serait judicieux que vous privilégiez nos services pour que nous puissions vous fournir une assistance technique visant à moderniser vos infrastructures. De cette façon, nos ingénieurs pourraient vous conseiller sur des projets stratégiques, stimulant ainsi l’économie de notre secteur, notamment dans le domaine industriel.

Ces points sont bien entendu ouverts à la négociation, car notre objectif est de construire un partenariat mutuellement bénéfique. Nous souhaitons avant tout préserver l’équilibre régional. En échange, nous attendrions un accès privilégié à certaines de vos ressources naturelles, ainsi que des garanties sur la stabilité régionale et l’absence d’agressions envers nos alliés. Enfin, une coopération renforcée en matière de renseignements, en particulier sur les activités de la Faction du Nord, serait également attendue. Pour conclure, il est impératif que toute aide fujiwane reste strictement confidentielle. »


Suzuki se tut, observant attentivement la réaction de son interlocuteur. Son offre était calculée pour être attrayante, sans pour autant compromettre les intérêts du Fujiwa.
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