Posté le : 10 mai 2025 à 05:16:48
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L'Inquisition Catholique Impériale Kaulthe.
Plus généralement appelée Inquisition Kaulthe, ou simplement Inquisition lorsque l'on parle spécifiquement de Bergrun, est un ordre de moines guerriers formé assez spontanément durant la conquête de l'actuelle Bergrun par l'Empire Kaulthe lors de la formation du Duché de Gradenbourg. Il s'agissait plus précisément d'une unité militaire et administrative directement issue d'une adaptation locale des forces de conquêtes Kaulthes pour répondre aux spécificités géographiques et culturelles de Bergrun, pour mener à bien tant les missions d'invasion que d'occupation.
Contexte historique :
Lors de la conquête de l'actuelle Bergrun durant le XIII siècle suite à l'invation de l'Hotsaline, les montagnes sont alors occupées essentiellement par des villages fortifiés en montagne. On y vit de l'élevage de chèvres et vaches en particulier, ainsi que de la culture de plantes variées en fonction de l'altitude. Au niveau du sol, à proximité des fleuves, les champs sont bien plus développés avec de grosses cultures de céréales, tandis qu'à flanc de montagne, l'agriculture est bien plus restreinte. L'environnement même limite les possibilités de faire une société unie : la circulation est difficile et les axes de circulation très peu développés par les habitants suite à un manque de motivation. Les échanges sont alors restreints à d'audacieuses caravanes de marchands bravant les reliefs avec des convois de mules très bien adaptées à ces terrains escarpés.
Si cet environnement particulièrement accidenté a été un frein à la formation d'une nation monolithique, elle a également protégé la région des invasions et permis aux villes et villages fortifiés sur des terrains facilement défendables de tenir le terrain contre des voisins potentiellement belliqueux. Les terrains difficiles rendaient qui plus est délicat une occupation, ajoutant à une conquête pénible une occupation tout aussi complexe de par les contraintes de circulation qui s'imposaient aux renforts, ravitaillements et même aux messagers. Cette configuration en forteresse naturelle a permis à de nombreux cultes païens d'Eurysie de l'Est de perdurer à petite échelle, d'où l'extrême hétérogénéité des courants religieux autochtones.
C'est dans ce contexte qu'arrive l'armée impériale Kaulthe, propulsée par son élan après l'invasion de l'Hotsaline : un territoire extrêmement contraignant à traverser et occupé par des villes et villages fortifiés tirant profit des reliefs, le tout occupé par des sociétés hétérogènes. L'armée traditionnelle Kaulthe typique du Moyen Âge : des groupes de piquiers, vougiers, guisarmiers et autres piétons équipés d'armes de hast, appuyés par des archers, arbalétriers et chevaliers (alors une infanterie lourde dédiée au choc). Ne disposant pas de grands espaces pour tirer profit d'armées taillées pour les batailles rangées en terrain ouvert, l'armée impériale rencontre très vite des difficultés stratégiques. Les fortifications locales ne sont pas systématiquement très imposantes, mais l'emploie d'imposantes machines de siège est proscrit par les reliefs.
En face, les Montagnards (terme généralement utilisé pour désigner ces groupes autochtones) emploient massivement des tirailleurs, des fantassins légers équipés de frondes, javelots et arcs, voyageant à dos de mules. Ils ne cherchent jamais l'affrontement direct mais tiraillent les armées Kaulthes à coup d'embuscades et escarmouches sur des points concentrés, jouant sur la difficulté des colonnes de piquiers de se mettre en formation.
Les rares villages conquis le sont à un prix élevé, et plus élevé encore en est l'occupation face à des populations particulièrement hostiles et difficiles à administrer. Parlant des patois avec un socle commun mais des variations prononcées, avec chacun leur propre culture et modèle de gouvernance (en fonction des traditions druidiques ou shamaniques impliquées), cela devient rapidement un défi de taille pour les armées Kaulthe de diriger ces territoires conquis.
Évolution des colonnes en compagnies :
C'est face à cet ensemble d'éléments de contexte que se forme assez spontanément l'Inquisition Kaulthe, via des adaptations tant militaires qu'administratives. Ces transformations sont qui plus est accéléré par Merelim II, particulièrement contrarié par le coût de ces invasions. La combinaison de vétérans de l'Hostaline et de Bergrun amène les hommes d'armes de l'époque à tirer des leçons et entièrement revoir leur fonctionnement. Les grandes armées taillées pour le combat en terrain dégagé (avec la combinaison d'armées de piquiers servant d'enclume, et de chevaliers lourds servant de marteau) est abandonné au profit d'une réponse simple : "faire comme les Montagnards mais mieux."
Sont ainsi constituées de petites compagnies d'armes composées d'infanterie légère. L'objectif est de gagner en souplesse tactiquement et stratégiquement. Tactiquement, parce que les Inquisiteurs ne fonctionnent pas en grandes armées mais en petits groupes mobiles, beaucoup moins contraints par l'environnement. Les longues armes de hast qui dominaient les batailles rangées sont troquées pour des lances de moindre taille et des sabres ou épées courtes. Les équipements les plus lourds sont au final les pavois et écus, qui offrent une bonne protection contre les armes de jet des tirailleurs montagnards. Et les archers ne sont plus distincts de l'infanterie de mêlée, mais directement intégrés dedans pour profiter de la protection des pavois et écus contre les javelots et frondes adverses. Ces petites compagnies d'inquisiteurs sont capables de rapidement se mettre en formation et riposter, même lorsqu'elles sont prises au dépourvu sur des terrains difficiles lors d'embuscades.
Mais c'est surtout stratégiquement que la formation de ces compagnies d'inquisiteurs change l'équilibre des forces : l'armée Kaulthe ne repose plus sur de grandes armées difficiles à déplacer en terrain difficile et comptant sur un commandement centralisé. On passe sur un format plus petit et avec bien plus d'initiative. Non seulement les compagnies répondent plus rapidement aux embuscades, mais elles peuvent prendre l'initiative de poursuivre leurs assaillants, d'elles même tendre des embuscades, de suspendre l'ennemi, le tout sans dépendre d'une colonne de piquier excessivement lente et peu discrète.
Ces compagnies sont également de petites révolutions dans les sièges en appliquant ce principe d'embuscade à outrance. Il n'est plus question d'amasser une importante armée et engager un long siège, mais d'essayer de surprendre les défenseurs d'un village avec une compagnie plus mobile et discrète pour faire une razzia. La petite taille des compagnies les rendant qui plus est assez réactives pour se replier immédiatement si une offensive échoue, ou au contraire appuyer en cas de réussite. Quand une ville n'est pas prenable par une compagnie, elle se contente d'en harceler jusqu'à l'épuisement les occupants en attaquant les cultures et infrastructures extérieures puis en se repliant si les assiégés tentent une sortie en riposte (voir essayer d'attirer la sortie dans une embuscade).
Ce modèle de compagnie permet ainsi un regain de réussite tant tactique que stratégiques, avec la constitution d'une véritable bande frontalière en Bergrun sous contrôle Kaulthe. Il s'agit là d'un poste avancé qui permettra de relais pour lancer le reste des opérations.
Formation de l'Inquisition :
Si les Compagnies connaissent un succès militaire retentissant dans leur conquête, leur évolution se poursuit suite à des échecs dans l'occupation. Tenir de plus en plus de villages à mesure que la conquête avance devient un défi sur lequel il faut se pencher. L'hétérogénéité de ces villages est une difficulté supplémentaire lors des rotations des garnisons, qui doivent sans arrêt se réadapter. Incapable de faire plier les institutions païennes qui dirigent ces communautés, est alors pris la décision très radicales de "tuer" leurs divinités et abolir leurs cultes au profit du Catholicisme Impérial Kaulthe. Les rituels religieux sont interdits, les artefacts brulés, les lieux de culte détruits et les chefs religieux sont soit tués, soit torturés jusqu'à ce qu'ils acceptent de se convertir et prêcher le Catholicisme Impérial. Cette conversion forcée est faite via un petit nombre de moines Kaulthes mais aussi et surtout par les compagnies qui constituent l'essentiel de l'armée restante en Bergrun.
Pour que ce culte soit imposé avec autant de rigueur aux populations occupées, il doit également l'être aux compagnies : c'est là que se forment les Inquisiteurs. Les guerriers deviennent missionnaires et administrateurs en occupant un rôle improvisé de moine. Les compagnies deviennent des ordres de moines combattants vivant dans des garnisons dédiées, qui deviendront rapidement des monastères pour combiner la fonction de centre militaire, religieux et administratif.
L'inquisition atteindra ainsi sa forme finale et poursuivra de cette manière l'invasion, occupation et formation du reste du Comté de Bergrun avec un franc succès. C'est ainsi que s'ancre dans le fonctionnement et la société de Bergrun la place des moines et leur influence sur l'ensemble des échelons religieux, mais aussi sur d'autres domaines comme l'enseignement (avec les écoles de village alors supervisées par des moines).
L'Inquisition lors du déclin Kaulthe :
Une fois Bergrun pacifiée, les monastères perdent progressivement leur rôle guerrier pour adopter une fonction essentiellement policière et administrative. Les siècles se poursuivent avec un endoctrinement progressif de la région selon des strates parallèles aux étapes de l'invasion : les régions frontalières connaissent une transformation sociétale sous un format Kaulthe très prononcé avec une emprise consolidée, tandis que les villages plus périphériques voient un métissage culturel et religieux. Si l'Inquisition fait preuve de rigueur, sa tâche devient rapidement plus difficile à appliquer et le travail de conversion abouti plus difficilement au rythme que s'accélèrent les conquêtes. Pire, l'Inquisition commence de plus en plus à pallier ses manques d'effectifs, provoqués par une augmentation du territoire et des pertes, avec un recrutement local en formant de jeunes moines parmi les populations locales. Ces nouveaux inquisiteurs malgré eux assimilent les principes catholiques impériaux à leurs acquis religieux bien ancrés, amenant à un métissage bâtard.
Cette difficulté d'appliquer avec rigueur le Catholicisme Impérial sur les territoires reculés et la "corruption" des nouvelles recrues intégrées dans les monastères périphériques provoquent une mutation du Catholicisme avec une ampleur exponentielle à mesure que l'on se déplace loin des frontières hotsaliennes. Les difficultés de déplacement n'étant pas complètement résolues avec la construction de nouvelles routes et ponts, l'hétérogénéité de la région revient au grand galop avec deux strates opposées de catholiques radicaux et de métissages païens, avec divers échelons intermédiaires entre les deux.
Cette transformation s'accentue avec le déclin Kaulthe jusqu'au XIXᵉ siècle, quand l'influence de l'Empire s'éteint progressivement sur le Comté de Bergrun. Les monastères Catholiques ont de moins en moins de prérogatives et perdent leurs acquis, tandis que les spécificités culturelles païennes ressurgissent en réponse dans une volonté de réaffirmation. Même les Catholiques les plus radicaux, face à la rupture de l'Empire Kaulthe et donc du culte Catholique Impérial, évoluent vers une forme sensiblement moins radicale, se passant tout du moins de l'autorité Impérial comme chef religieux.
L'Inquisition aujourd'hui :
Les monastères ayant perdu l'essentiel de leur fonction militaire en plus d'avoir coupé leurs liens avec l'Empire Kaulthe, l'Inquisition fini par définitivement disparaitre. Les Catholiques continueront malgré tout de s'en revendiquer comme descendants, chargés d'en perpétuer la tâche, associant à cette institution un symbole nostalgique de grandeur et d'ordre : L'Empire Kaulthe était l'apogée du Comté de Bergrun, quand la Kresetchnie actuelle se fait occuper par Rasken. Cette admiration pour un passé fantasmé s'explique également par l'autorité accrue dont jouissait les moines dans l'imaginaire, quand bien même leur place capitale dans la société bergrosish leur confère une influence comparable.