Posté le : 13 oct. 2024 à 11:01:44
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Par chance, les sbires de Herdonia qui étaient supposés faire en sorte que personne ne s'aventure dans l'aile privée, n'avaient pas remarqué les deux personnes s'étant faufilées derrière leur dos...mais peut-être n'était-ce pas tant une bonne nouvelle que cela, puisque ces individus étaient spécifiquement là pour maîtriser l'animal que ces derniers avaient réussi à confiner dans le bureau de l'ambassadeur. Lorsque Boisderose entra dans le bureau, elle pu de suite constater que quelque chose n'allait pas. En premier lieu, une odeur qui n'était pas humaine, en second lieu, le fait que le bureau semblait avoir été mis sans dessus-dessous par...quelque chose. Des papiers...ils y en avait des tonnes par terre, pour beaucoup déchirés et mis en pièce par...quelque chose. Il y avait aussi une odeur...d'alcool ?
Le fait d'infiltrer un endroit où elle n'était pas supposer être était déjà assez étrange comme ça. Mais définitivement, Boisderose se rendait compte qu'elle n'était pas seule, que ce n'était ni Herdonia ni ses sbires qui étaient coupables du fait que des portes dossiers soient renversés au sol comme si une lutte acharnée avait eu lieu ici (Herdonia n'était coupable que d'avoir accroché dans toute la pièce des portraits de lui-même, qui soit dit en passant étaient eux aussi renversés au sol et portaient des traces de griffures profondes). Et puis, Mathilde se retourna, et pu voir sur le canapé dans un coin de la pièce, une immense silhouette allongée dans le canapé, sur son dos et de tout son long. Un jaguar ? Malgré la pénombre, la sylvoise pu reconnaître la nature de ce qui trouvait en face d'elle. Aux pieds du canapé, c'est sans doute de cette gamelle qu'émanait une odeur d'alcool, sans doute du rhum, avait avait été mélangé à la nourriture de la bête par les gardes d'Herdonia pour endormir cette dernière. Quelqu'un avait également pensé bon de mettre un nœud papillon de smoking autour su cou de la bête, ce qui lui donnait un air étrangement élégant.
La sylvoise se précipitait sur ce qui pouvait être sauvé des papiers et documents de l'ambassadeur, pour ceux qui avaient survécu. Par chance, le jaguar n'avait pas trop chahuté l'ordinateur portable, pas suffisamment pour casser l'appareil, mais juste assez pour pour briser une partie de l'écran. Bien évidemment, celui-ci était protégé par un mot de passe, au dessous duquel il n'y avait aucun indice pour se le remémorer. Peut-être va t-il falloir fouiller plus en avant la pièce...
Pendant ce temps, la fête bat son plein, et Herdonia était toujours aux prises avec une jeune femme plus insistante que prévu.
- Cela commence à être intéressant. Cela dit, je pense que vous sur-estimez grandement mon influence dans la cité sur l'eau. J'ai quelques portes à vous ouvrir à Velsna, mais elles ne concernent que les entreprises dans lesquelles j'ai déjà des placements. La Fondation Herdonia possède une branche "jeux et paris", et si vous le souhaitez, je serais ravi de vous céder une fraction de son capital en échange d'une arrivée de ma fondation sur le marché sylvois. Cela pourrait être possible dans ces conditions. Qu'en pensez vous ?
L’hôtellerie...ça me rappelle la dernière où j'ai tenté communiquer avec les autorités du Grand Kah, à mon grand regret. Ces derniers n'ont définitivement pas le sens de l'entreprise comme nous autres. C'était à l'époque de la chute de la Communaterra: je leur avait proposé l'ouverture d'une gamme d'hôtels particuliers pour stimuler l'attrait touristique de la région. Je n'ai jamais eu de réponse...une sacrée histoire. Mais bref...j'ai un discours à donner, veuillez m'excuser. Cette conversation a été des plus intéressantes, mais j'ai des obligations. Je vous laisse réfléchir si vous avez d'autres propositions, on se reverra sans doute dans la soirée.
Le velsnien rejoignit la salle de réception où l'attendaient ses invités:
- Messieurs, mesdames. J'espère que cette soirée est à votre goût !
Herdonia fut accueillit par cette audience déjà acquise à ses pensées par des applaudissements et de vives approbations.
- J'ai devant moi des entrepreneurs, des rêveurs, des apôtres de l'économie libre, non régulée et non faussée par les réglementations et la bureaucratie qui se sont emparés de notre beau pays. Vous pensiez peut-être que j'allais me laisser abattre lorsqu'on m'a envoyé à Sylva en tant qu'ambassadeur ? Comme pour m'envoyer loin de cet enfer socialiste qu'est devenu Velsna ? Non, bien sûr que non. Je me suis battu et j'ai réinvesti ailleurs, car aucune loi, aucune régulation ne me fera plier. Vous voulez m'obliger à doter mes groupes de comités d'entreprise ? Essayez donc, et le lendemain, tous mes avoirs seront transférés là où le soleil est plus chaud et où le temps est plus beau. Vous voulez taxer cet argent que j'ai mis si longtemps à accumulé, au prix de mes efforts et de mon travail ? Non, vous ne l'aurez pas, et je préfère tout dilapider dans la rénovation d'une stupide ambassade plutôt que de vous le donner. Alors venez me chercher !
Il était inquiétant de voir que la grande majorité des velsniesn présents dans la pièce buvaient ses paroles comme du petit lait:
- DiGrassi nous a plumé, mes amis. A coup de lois de 47 heures par semaine qui rendent nos employés oisifs et leur donne envie de faire la sieste l'après midi. Le gouvernement Visconti a nivelé le monde du travail par le bas depuis les élections, et que l'on me dise pas que je n'avais pas prévenu des dangers socialistes qui couraient sur notre République. Qui parmi vous ont dû renoncer à leurs achats urgents à cause de la taxe des 2% du patrimoine que ce gouvernement a osé faire passer ? Levez la main.
Les sylvois présents dans la pièce, s'il y en a, seront surpris de voir que la plupart des mains se lèvent, et que même certaines voix s'élèvent à l'unisson avec le maître de cérémonie: "J'ai pas pu acquérir mon cinquième yacht pour l'offrir à mon fils pas plus tard que la semaine dernière !", "Je devais participer à une OPA hostile sur le capital de Laurenti Alfonso. Mais à cause du gouvernement Visconti, je vais devoir attendre plusieurs mois avant de la faire !"...Herdonia était en terrain conquis qu'il avait lui-même préparé, et il enchaîna de plus belle:
- Messieurs, medames. Ce soir, je vous offre l'occasion de vous venger en deux manières: en premier lieu, d'investir massivement dans le fond spéculatif que j'ai fait ouvrir à Drovolski, si vous êtes à l'affut d'une valeur stable et qui vous mettre à l'abri de toutes les fluctuations possibles et imaginables du marché. Ce titre je vous le garantit, vous rendra riche.
En second lieu, je suppose que vous voudriez adresser personnellement votre affection au gouvernement actuel de notre Grande République. Et si je vous disais que parmi nous, ce soir, il y avait des interlocuteurs directs de notre gouvernement, autre que votre fidèle serviteur, bien entendu, et à qui vous pourriez exprimer tout l'amour qui leur est dû. Je vais vous proposer un jeu: nous allons essayer de le trouver. J'appelle à la barre son excellence Riccardo Pedretti, le très illustres ambassadeur de la Grande République pour le Kah socialiste !
Le nom de l'ambassadeur fut acceulli par un enflement d'huées venues du cœur des entrepreneurs présents dans la pièce.
- Oui, c'est ça. Faites lui entendre à quel point son gouvernement nous a fait souffrir, nous, les gens qui abattent le dur labeur à la sueur de leur front. Nous, les patrons. Pour toit Riccardo, car je sais que tu es là, pour toi, je te laisse entendre à quel point le monde de la finance velsnien a tourné le dos à vos réformes dignes de la Loduarie communiste ! Tous ces gens sont avec moi, Riccardo, et vous au Sénat, vous êtes seuls. Ce n'est pas vous qui m'avez exilé de Velsna, vous avez chassé Velsna. Et je puis vous jurer que mon retour dans notre cité sera des plus fracassants !
La foule applaudit encore une fois en masse, peut-être assez pour être entendue dans tout le voisinage, et les sbires de Herdonia firent passer parmi eux des cartes d'entreprise de la Fondation Herdonia, invitant les investisseurs à placer des actifs dans le fond spéculatif crée à Drovolski.
- Messieurs, je vous remercie de votre attention. Ce fond spéculatif est notre salut à tous, alors foncez-y, n'hésitez pas, avant que les socialistes ne nous prennent aussi ça. Restez, car nous aurons une grande surprise pour vous dans le jardin plus tard dans la soirée.
Herdonia s'en alla rejoindre quelques-uns de ses suivantes, lesquels lui dirent:
- Boss, je pense pas que le jaguar soit prêt.
- Comment ça pas prêt, c'est censé être notre surprise non ?
- Comment dire...Tonio a dû improviser pour qu'on puisse l'approcher. Du coup après qu'on l'ait enfermé dans votre bureau, on a peut-être un peu trop forcé sur le rhum. On avait que ça sous la main.
- Vous avez donné de l'alcool au jaguar ? Vous vous foutez de moi ! Va falloir me le réveiller si il est dans les vapes. Il doit être prêt pour dans une demi-heure, pas plus. Vous m'avez compris
- Ouais boss...on va faire ce qu'on peut.
- Vous allez pas faire ce que vous pouvez, vous allez le faire, point barre. Pas de discours de perdant chez moi !
Mathilde Boisderose n'a pas tout son temps...