Posté le : 22 sep. 2024 à 17:40:42
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De quand datait la dernière occasion au cours de laquelle représentants des gouvernements velsnien et zélandien avaient eu l'occasion d'un véritable entretien ? Beaucoup se rappelaient que lorsque Velsna eu plongé dans la crise, des zélandiens étaient présents ce jour là. Tant se choses s'étaient succédé par la suite qu'on eu l'impression que cela s'était produit il y a des décennies. Les évènements furent si denses dans le temps, et si chargés en Histoire, que bien peu des témoins velsniens des accords concluant la formation de de la compagnie trans-nationale velsniano-zélandienne étaient encore politiquement actifs, ou même tout simplement en vie. L'ambassadeur de l'époque, Vittorio Vinola, était mort. Dino Scaela était en exil fortunéen, condamné à ne jamais revenir sur le sol sacré de la République. Un grand nombre de sénateurs ayant participé à l’accueil de la délégation de Zélandia étaient eux même morts, en exil ou avaient perdu les dernières élections sénatoriales. Autrement dit, nous étions dans cette situation étrange où les responsables politiques velsniens devaient se faire les continuateurs d'un traité signé par des individus qu'ils avaient vaincu. Entre temps, Velsna avait connu son lot de réformes, tout en se drapant dans la continuité d'une oligarchie qui lâcha du leste afin de perdurer, une République que DiGrassi voulait irréprochable, incorruptible et montrant un visage aspirant davantage à la confiance qu'une instabilité chronique. Pour l'instant, c'était pari réussi. A voir ce que cela donnerait avec les zélandiens.
Depuis lors, Velsna vivait au rythme de figures politiques nouvelles, aux profils plus divers qu'auparavant avec l'arrivée d'une opposition qui ne soit pas issue de l'ancienne aristocratie sénatoriale. Si DiGrassi, le vainqueur de la guerre civile et "le restituteur du Sénat" avait eu l'occasion de prendre le pouvoir pour lui, il ne l'a pas fait, et prend désormais part à un gouvernement qui, si il est en théorie conservateur, vit au rythme des concessions qu'il doit faire au peuple afin d'assurer la pérennité de cette République. Lui-même, en dehors des affaires militaires, semble s'être effacé des affaires publiques. C'est ainsi que le "Bureau du Grand commerce et des étrangers" est né, fruit de la cession d'une partie du portefeuille de DiGrassi, celui des affaires étrangères en l'occurrence, à une certaine Julia Cavalli, sénatrice nouvellement élue.
Qui était donc cette Cavalli qui était sur le point de sortir de sa cabine et de descendre sur les quais du pays zélandien ? Pour beaucoup, une femme à l'apparence beaucoup plus austère que la norme à Velsna, là où la mode est aux couleurs baroques et aux motifs les plus voyants possibles pour qui doit admirer ces excellences du Sénat. Cavalli était tout le contraire d'un politicien tapageur comme Velsna en compte beaucoup, à l'image d'un Herdonia. Non, elle était tout l'inverse. Partisane de la première heure de DiGrassi durant la guerre civile, elle était l'épouse d'un sénateur d'Umbra, qui fut executé par Dino Scaela au lendemain de sa prise de pouvoir. Elle reprit donc son siège dans sa cité natale. Elle s'opposa entre autre à la venue des zélandiens dans la cité, et fit pression pour que le gouvernement de la cité finisse par se ranger du côté du strombolain, facilitant son débarquement au pays. Avocate de formation, elle n'avait jamais eu de mandat avant cela, et fut propulsée après la sénatoriale, à ce poste qui avait été spécialement conçu pour elle. Si dans un premier temps, cela constituait une position intimidante, elle semble s'y être fait ces cinq derniers mois. Elle était le visage d'une République portée sur la lutte anti corruption et du "respect des intérêts de Velsna à l'étranger". Sous entendu que Velsna est depuis la nomination de ce conseil communal, devenue bien plus active et volontaire sur la scène internationale, tout en n'abandonnant pas son exception culturelle et politique revendiquée au milieu des démocraties libérales. Elle s’habillait de blanc, de gris et de noir en permanence, et avait jusqu'à présent montré une attitude digne et sérieuse au poste de représentation à l'international du régime.
Et la voilà désormais en train de descendre le ponton qui relie le navire, une sublime corvette de dernière facteur sortie des entrailles des Arsenaux de Velsna. Accompagnée du nouveau "sénateur-ambassadeur" de Velsna pour "le pays zélandien": Rafael Fermi. Lui, était d'une tout autre trempe que cette femme discrète et sévère. De Velsna, il était un beau reflet de sa classe sociale de notables de province. Le genre aisé, mais qui n'aurait pas eu la fortune nécessaire d'être élu sénateur avant les réformes électorales digrassiennes. Barbe brousailleuse, embonpoint dans un superbe costume, liens plus que louches avec la mafia locale de sa cité natale de Velcal. Incroyablement populaire pour ses positions anti-onédiennes durant la campagne, et son ton informel, il faisait figure de bourgeois de province en quête d’élévation. Mais tout cela, ce n'était que le cadet des préoccupations des zélandiens à côté de l'information principale qu'ils retiendraient sans doute: Fermi était un sénateur ONDehors. Pour finir, les deux sénateurs étaient suivis d'actionnaires de la société trans-nationale, parmi lesquels figuraient également d'autres membres de la plus haute instance législative velsnienne, bien représentatif de la société imbriquée et des conflits d’intérêts entre la politique velsnienne et le monde des affaires. Un comité des plus hétéroclites en somme.
La Maîtresse de bureau s'élança en premier vers son homologue zélandienne:
" Madame Wessels, C'est un plaisir de faire votre rencontre. Comme vous pouvez le voir, notre gouvernement est prêt à perpetuer son engagement vis à vis de ce projet que les évènements ont malheureusement contrarié. Mais c'est chose passée désormais, attaquons le vif du sujet. Où devons nous nous installer ? Je suppose que vous avez établi un ordre du jour, doit-on commencer par un résumé de nos activités respectives ces deux dernières années avec ces excellences représentants et actionnaires ?"
En passant, le sénateur Fermi eu un regard vers le tableau exposé, et avec un léger rictus désagréable, esquissa à lui même un discret:
"J'ai jamais aimé la peinture zélandienne de toute façon..."