Étaient présentes la Duchesse Alexandra Boisderose et la présidente Bernadette Vougier, cette dernière prenant la parole avec les formelles et presque répétitives salutations d'usage :
"Bonjour à tous. Je tiens dans un premier lieu à vous remercier comme il se doit pour votre présence, témoignant de l'attention portée à une ambition qui tient à cœur aux politiciens et sujets sylvois.
Comme dit, cette rencontre a pour but de nous entendre sur diverses questions environnementales au niveau maritime, plus précisément pour faire suite aux discussions à répétition sur les ZEE que l'on observe dans le monde. Pour tout vous dire, cette réflexion est née des mésaventures de pécheurs sylvois travaillant à Caratrad et au large de Kolisburg, amenant à des questionnements sur les ZEE et l'arrivée de rav... de pécheurs kolisiens. La présence de ces pécheurs au large de nos cotes ne représentait pas un problème : le Duché est vaste, ses côtes également, et ses ressources naturelles suffisent à soutenir largement notre population. Mais cela amène à deux questionnements.
Primo, si le Duché n'a aucune revendication au niveau des ressources marines à proximité de ses côtes, il ne saurait pour autant tolérer des activités nuisant à l'environnement : exploitations minières sous-marines relâchant des brumes de poussières nuisibles à la faune, forages pétroliers outranciers, déversements de déchets, vous l'aurez compris, la liste est longue.
Deuzio, le Duché s'oppose à l'accaparement arbitraire de ressources marines sur un globe ou n'existe actuellement aucun traité, aucune entente internationale sur le sujet, sans concertation avec le voisinage. Qu'est-ce qui justifie que Kolisburg revendique les ressources au large de ses côtes ? Pourquoi un poisson passant à moins de trois cent soixante-dix kilomètres de ses plages l'appartiendrait ? Sans entente sur la question, seul la force de la marine permet de légitimer une telle revendication, ce qui nous amène directement à des tensions.
Pourtant, il y a un élément légitime à cette question et qui s'intègre dans la continuité des luttes écologiques abordées plus tôt : l'alimentation d'un peuple. En Sylva, notre population ne déborde pas et dispose de larges surfaces agricoles et côtières pour subvenir à ses besoins. Il est conséquemment normal que par chez nous, nous trouvons déplacé de revendiquer ainsi des ressources marines quand nous ne connaissons aucune pression alimentaire. Mais les kolisiens vivent quant à eux entassés avec bien moins de surfaces agricoles et sommes toutes peu de zones côtières revendiquées pour la pêche. En un mot comme en cent, les ressources halieutiques à proximité immédiate constituent un besoin vital pour eux, ce qui explique leur agressivité, ça et leur incompétence diplomatique habituelle, mais c'est un autre sujet qui ne concerne pas cette rencontre.
Pour en revenir à notre sujet, voici l'axe de discussion que je propose :
-Mettre à plat l'état final recherché de manière concise, à savoir la préservation de l'environnement et les contraintes que cela implique. La chose se fait sur un axe avec divers degrés d'interventions pour un résultat variable. Si dire "nous souhaitons préserver la vie marine" est aisé, encore faut-il nous entendre sur le "jusqu'à où sommes-nous prêts à aller pour se faire ?". Voulons-nous mettre définitivement fin à la moindre gène occasionnée envers les poissons en interdisant la circulation de navires ? Certainement pas, et les normes auxquelles chacun sera d'accord pour consentir sont variables.
-Une fois défini l'objectif environnemental, il faudra intégrer des objectifs humains dans la continuité en tenant compte de la dépendance de nations aux ressources halieutiques. Sylva s'oppose aux revendications unilatérales de ressources marines, mais entend qu'une nation qui en dépend s'en approprie l'accès. Il convient donc d'intégrer ce critère de manière à ne pas autoriser une pêche extérieure si cela provoquait un déclin des populations de poissons, si une population humaine maintient son activité standard pour assurer son alimentation.
-Une fois l'ensemble des contraintes et objectifs définis, nous pourrons les mettre sur papier et nous accorder sur une entente internationale à appliquer dans un premier lieu en Paltoterra du Nord. L'objectif sera comme dit d'appliquer conjointement des exigences pour préserver l'environnement marin et les populations dépendant de la pêche sans nécessairement entrer dans le cadre de ZEE revendiquées.
Je reviens sur cette question des ZEE : pourquoi ne pas directement nous entendre pour reconnaitre mutuellement nos éventuelles ZEE ? Tout simplement parce que la problématique est plus large. Les eaux communiquent et si Sylva ravage sa biodiversité dans "sa" ZEE à coup de surpêche et déversement de déchets, peut-être que cela affectera ses voisins kah-tanais et alguarenos. Uniquement protéger nos ressources d'un point de vue strictement économique ne suffit pas. Et dans l'hypothèse où une dégradation localisée de l'environnement n'impacterait que la nation frontalière sans nuire aux nations voisines, nous ne pourrions pour autant tolérer un tel manquement, fut-il dans une ZEE reconnue.
Ajoutons à cela que la vie marine étant vaste et communicante, elle peut s'étendre au-delà des "standards" (elle accompagnait de gestes de mains ses guillemets pour insister sur l'absence desdits standards à l'échelle internationale) de distance des ZEE. Si Sylva revendique sur deux centaines de nautiques sa ZEE et qu'une nation vient déverser à deux cent dix nautiques des déchets nuisant à la faune, rien n'inculperait formellement l'auteur de ce méfait qui pourtant aurait un impact bien tangible. Définir directement des normes environnementales concrètes plutôt que de simples délimitations géographiques arbitraires selon des critères économiques permettrait de réellement préserver la biodiversité avec une réelle légitimité allant au-delà de l'accaparement des ressources.
Je vous remercie pour votre attention, et propose dans un premier temps un tour de table avec vos avis sur ces premières propositions et l'ordre de réflexion proposé."