11/05/2017
22:40:00
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[TERMINÉ] Sylva-Antegrad : quand la noblesse s'investit personellement

Mohamed Birmany fut accueilli avec une relative discrétion. Un majordome vint le chercher à l'aéroport à bord d'une limousine dans laquelle l'attendait Cécilia Sablier, une femme charmante dans la trentaine habillée à la mode sylvoise. Une fois les salutations d'usage terminée, elle agrémenta le parcours en voiture de commentaires sur la ville, faisant une petite visite guidée. Si elle agissait en qualité d'acteur privé et ne donnait pas réellement un accueil digne d'un dirigeant à son invité, il avait malgré tout droit à de nombreuses attentions dignes de son importance. Ils se rendirent ensemble à une salle de réception louée à l'occasion, les hôtes de monsieur Birmany ne tenant pas à l'encombrer d'un voyage en train jusqu'au comté Sablier, ce sera directement au Bourg des Mahogranys du Comté éponyme que se tiendra leur discutions.

La pièce était confortable et coquette, tout en bois et en pierre. Elle avait presque un air de maison de campagne, et c'était malgré tout un imposant édifice de la capitale, un immeuble à la sylvoise rejetant le béton et le plâtre. Des tapisseries et tableaux décoraient la pièce dans un style un peu ancien même si d'autres décorations relevaient l'aspect moderne. C'est autour d'une belle table de marbre sur des pieds de bois rouge que discutèrent les deux, accompagnés de conseillers :

"Bien, je vais aller droit au but pour ne pas vous faire perdre de temps. Le Duché et Antegrad se rapprochent de plus en plus ce qui est une bonne chose et nous tenons à exploiter ces opportunités. Or nous sommes également au fait des difficultés rencontrées par votre nation : crise économique, migratoire, les deux ne faisant pas bon ménage tel qu'on l'observe dans l'ensemble de l'UAA. Et la chose a attiré l'attention du Duché avec plusieurs solutions que nous proposons.

Les problématiques sont les suivantes : des populations musulmanes inemployées et un manque de capitaux, entrainant un cercle vicieux avec un déclin de l'économie et une fuite de capitaux, appauvrissant la population, réduisant la consommation et, encore, décourageant les investisseurs. Vous l'avez compris, il est capital d'inverser la tendance, ce que le Duché peut proposer. Nous avons deux axes de solutions complémentaires et dynamiques : relancer la consommation et l'activité économique qui se soutiennent mutuellement. La consommation permet de faire tourner les entreprises, donnant des emplois pour enrichir les populations qui consommeront alors. Il s'agit ni plus ni moins qu'inverser la tendance précédemment citée.

Pour se faire, les deux axes que souhaitent opérer les investisseurs que je représente sont les suivants :

-Établir des entreprises d'usuriers qui permettront aux citoyens d'Antegrad d'acquérir des crédits de consommation. Que ce soit pour acheter des voitures, du multimédia, de l'électroménager ou de l'ameublement, cela leur permettra de contribuer à l'économie. De nombreux acteurs que je représente sont prêts à mettre à disposition des fonds pour alimenter ce dispositif.
Il faut ajouter à cela des commandes de produits d'Antegrad à destination du Duché, pour stimuler vos industries et contribuer à rapprocher nos pays.

-Et pendant que la consommation reprend de la vigueur, les groupes sylvois pourront également investir dans l'industrie d'Antegrad pour suivre la tendance. Votre pays est notablement riche en ressources naturelles, nous pouvons ainsi ouvrir de nombreux ateliers avec deux fonctions : acheter aux fournisseurs d'Antegrad leurs produits, et employer des citoyens d'Antegrad, y compris des réfugiés du Diambée.
Ainsi, l'économie se relancera progressivement, le chômage baissera, cela renforcera la reprise de la consommation ainsi que l'attractivité du pays auprès d'investisseurs, notamment sylvois, pour poursuivre la reprise de la croissance."

Cécilia déploya un diaporama sur un vidéoprojecteur :

"Plusieurs entrepreneurs présentent déjà diverses idées, avec des cités ouvrières et villes usines inspirées de modèles d'innovation et croissance que l'on retrouve dans le monde. L'idée serait très adaptée à la situation d'Antegrad : l'afflux de réfugiés dans un contexte de crise limite la disponibilité des logements. En intégrant lesdits logements directement à des cités liés aux ateliers et usines, cela répondrait à ce besoin tout en rendant particulièrement intéressant pour les ouvriers venus du Diambée ces emplois.
Appartements, pas de contraintes de déplacement pour aller travailler, accès à une cantine commune, ce sont de nombreuses facilités particulièrement arrangeantes pour les travailleurs, de quoi motiver à trouver un emploi.

Bien, est-ce que vous avez déjà quelque chose à ajouter sur ces premières propositions ?"
Mohamed Birmany est resté attentif durant tout le discours de son homologue sylvien, notant les informations importantes dans son carnet. Lorsque ce dernier termina sa phrase, Mohamed prit la parole :

Tout cela me paraît très bien pour stimuler l'économie de mon pays. Les idées sont bonnes et bien construite, notamment concernant la main-d'œuvre liée au flux migratoire récent en provenance du Diambée. Cependant, j'aurais besoin, si vous le voulez bien, de plus d'informations sur les entreprises susceptibles d'investir et de réaliser ce dont vous m'avez parlé : leurs noms, leurs secteurs d'activité, le nombre potentiel de personnes pouvant être engagées, leurs capitaux, etc. Cela me serait utile pour évaluer la viabilité à long terme de ces projets et leur capacité à s'adapter rapidement au marché anterien. Car, sur le papier, cela semble utopique, mais il faut que cela puisse durer.
"Naturellement, parmi les entreprises intéressées, nous avons :

-Paruline, société dans le luxe qui pourrait employer de trois cents à dix milliers de personnes en Antegrad. Elle contribuerait notamment à l'activité de vos producteurs de fourrure et d'or afin d'ouvrir divers ateliers de tanneurs et joaillerie, permettant le développement de collections spécifiques à Antegrad. On parlerait d'un premier apport de deux millions de cuivrettes avec un plan d'investissement en deux ans pour atteindre les vingt millions, la suite dépendant des résultats.
Nous ne parlons là que de la production, la distribution pouvant quant à elle assurer dix fois ces chiffres.

-Les Marbriers Enjaillés qui se tourneront de leur côté vers vos mines dans le domaine. Ce serait l'occasion de commencer avec une cinquantaine d'ouvriers pour la collecte et taille, financée par quelques un million et demi de cuivrettes. Là encore, la croissance est prévue de tripler avec quatre millions et demi de cuivrettes et trois centaines de travailleurs.
Là encore, la distribution pourrait multiplier par cinq à quinze ces valeurs.

-Le secteur du bâtiment sylvois serait très intéressé pour accompagner le développement des industries avec deux cents millions de cuivrettes pour commencer et un plan total à cinq milliards d'ici à six ans. Cela constituerait de un à trente milliers d'employés en Antegrad entre le début et le paroxysme du plan d'investissement.

-Le Secteur des Matériaux également voudrait investir à hauteur de deux milliards pour développer des usines plastiques et haut-fourneaux. Ce serait l'occasion de valoriser les gisements pétroliers et miniers, avec une demi-douzaine de milliers de travailleurs.

Ce sont là les entreprises qui devraient arriver dans un premier temps. Mais à terme, on devrait aussi compter d'autres industriels automobiles ou dans les électroménagers qui profiteront des fondations établies par le bâtiment et le Secteur des Matériaux. Ce seront là des dizaines et des dizaines de milliards qui seront investis sur plusieurs années et la garantie d'atteindre une bonne centaine de milliers de salariés antériens."
Très bien, tout cela me paraît parfait. Je n'ai rien à redire. Les différents investissements seront une aubaine pour notre nation et pour le développement de l'économie. Cela permettra la création de milliers d'emplois pour les 22 % de la population sans emploi vivant dans la fédération, dont 5 % d'immigrés, principalement en provenance du Diambée.
"C'est parfait, nous pouvons alors formaliser ça sous forme d'un contrat incluant notamment :
-Les autorisations d'acquisition de propriété et de lancement d'activité pour ces divers investisseurs étrangers,
-Tout ce qui concerne le droit du travail des populations réfugiées du Diambée.

Les détails relèveront de la responsabilité des investisseurs qui se rapprocheront des propriétaires étatiques ou privés, et s'occuperont eux-mêmes des campagnes de recrutement. Inutile de formaliser ces points ici.

J'ajouterais tout de même un détail : il conviendrait de mettre en place un maximum de disposition pour encourager une implantation accélérée de ces investisseurs. Je recommanderai ainsi dans un premier temps, au moins les premières années d'installation, de mettre en place une politique fiscale avantageuse par exemple."
Très bien. Pour votre dernière remarque, ce sera une aide d'État pour permettre aux entreprises de survivre à leurs débuts. Donc, l'État de la Fédération centrale démocratique d'Antegrad possédera techniquement des parts dans ces entreprises, si j'ai bien compris ?
"Je pensais à des allègements fiscaux pour commencer, maintenant si l'État d'Antegrad est prêt à acheter des parts pour contribuer, les offres pourront être soumises aux conseils d'administrations et ils prendront au cas par cas la décision d'approuver ou non. Je transmettrais cette proposition et Antegrad aura une réponse individuelle pour chaque entreprise candidate.
Bien, autrement, nous sommes d'accords sur le reste des points, j'aimerais maintenant vous convier à une réception amicale en signe de gratitude pour votre attention. Antegrad a démontré jusqu'à présent être un partenaire proche et à l'écoute, représentant un intérêt important pour le Duché de Sylva."

Elle invita son homologue à la suivre dans un autre salon, où ils furent rejoints progressivement par divers acteurs des entreprises intéressés : directeurs, responsables, gestionnaires, actionnaires, un beau gratin avec pas mal de grands noms donc certains qui semblaient proches de l'aristocratie sylvoise. C'était une petite festivité très agréable avec un diner copieux présentant des spécialités sylvoises, généreusement arrosé de divers cocktails locaux, le tout ponctué d'un orchestre invité à l'occasion. Ce fut également l'occasion d'offrir à Mohamed Birmany une très élégante montre de luxe, sobre et finement ouvragée, en signe d'amitié. Ce fut l'occasion pour l'invité de discuter s'il le souhaitait voir de prolonger son séjour pour une visite, avant de repartir chez lui.
" Très bien, je comprends", dit-il avant que son homologue Sylvoi le guide dans cette pièce, où un large buffet est dressé, accompagné de la haute sphère des entreprises sylvoises.

"Je vous remercie, cette montre est magnifique. Je vais discuter un peu avec ce beau monde. Je vous remercie encore. "
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