26/11/2014
21:58:18
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Conférence de Velcal - Un pacte défensif en préparation dans un magnifique endroit

La Conférence de Velcal: vers la naissance d'une ligue ?


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Au mois de septembre, il fait encore suffisamment beau dans la région de la petite ville portuaire de Velcal ait une belle apparence, et que son architecture fortunéenne du XVIème-XVIIème siècle soit mise en valeur. Comme beaucoup de cités velsniennes, le centre ville de cette dernière était érigée sur un promontoire rocheux en bord de la Manche Blanche, relié à la terre ferme par une mince bande de terre, qui depuis la période récente est-elle aussi urbanisée. La ville en elle-même a comme beaucoup de ses consœurs ainsi déborder de son "nid" originel pour accaparer les terres. Cela reste toutefois une ville d'une importance secondaire: 70 000 habitants tout au plus. Les airs d'une charmante destination balnéaire, mais qui n'a rien d'un endroit pour accueillir un évènement géopolitique d'importance majeure. Pourquoi avoir tenu cette réunion à Velcal plutôt qu'à Velsna ? Les raisons sont multiples. En premier lieu, il y avait là un choix politique: il s'agissait de ne pas créer symboliquement un rapport hégémonique dans la "ligue" en devenir. Personne ne devait penser qu'une capitale d'un pays membre serait le centre de quelconques institutions. Il n'y en aurait sans doute pas. Ainsi, le gouvernement de la cité sur l'eau prit soin d'évacuer immédiatement toute critique concernant l'endroit qui allait voir se dérouler la réunion. Vient ensuite une raison plus lointaine, et qui concerne l'Histoire. Velcal est certes un centre artistique et culturel prospère, mais est également porteuse d'une symbolique chère aux habitants de la région. C'est ici que se tiennent tous les quatre ans les jeux "velcaliens" tenu entre les différentes cités composant la Grande République de Velsna. Mais par dessus tout, Velcal est depuis des siècles une cité qui maintient une stricte politique de neutralité dans le cadre des troubles qui peuvent éclater de façon épisodique entre les différentes composantes de la République velsnienne, et cette position lui vaut souvent un rôle d'arbitre des conflits. Les velcaliens sont ainsi restés relativement en retrait de la guerre civile s'étant close au début de l'année. Ainsi, la ville était comme prédestinée à accueillir une telle conférence.

Tandis que le petit aéroport devant accueillir les délégations a subit quelques réaménagements pour l'occasion et que les véhicules d'escorte sont déjà en place, c'est le Sénat local de Velcal qui fut choisi pour accueillir les participants de cette journée historique, avec la bénédiction des magistrats de la ville. Il en s'agissait pour ainsi dire que d'une simple et vaste pièce rectangulaire où l'on avait aménagé pour l'occasion deux longues rangées de confortables chaises curules autour d'une immense table. On avait, dans un coin, aménagé un autre espace destiné aux greffiers des différents participants et aux différents collaborateurs et secrétaires. Le conseil communal velsnien avait réussi à réduire la présence médiatique au minimum, interdisant strictement l'accès au complexe sénatorial de Velcal à quiconque n'était pas issu des différentes délégations devant prendre part au dialogue.


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Un endroit simple et austère, mais des chaises et des grands esprits suffisent



Les participants, parlons en, puisqu'il y en avait désormais une liste non négligeable. Voici donc, accompagnée de leurs représentants respectifs:

Etats participants:
- La Grande République de Velsna, représentée par le Maître de l'Arsenal et sénateur Matteo DiGrassi et le doyen du Sénat Gabriele Zonta
- l'Empire constitutionnel de Drovolski, représenté par le dauphin Serge de Drovolski
- Duché de Gallouèse, représenté par Martin Van Breentz
- l'Union des Cités d'Akaltie, représentée par le roi Ahin Ikal
- l'État du Fujiwa, représenté par Lady Mariko
- l'État de Rimaurie, représenté par Molly Nordquist
- Le Royaume du Sud-Kazum, son excellence représenté par Ko Seong-Su
- L'État de Guadaires, représenté par Mariana Berganza
- Le Royaume Constitutionnel du Valkoïnenland, représenté par Wilhelm II av Gotenburg et Jørpeberg av Vaxburg
- Le Saint Empire de Karty, représenté par Alexander Jükov, Ministre de la Défense Nationale de l'Empire et chef des armées de Karty
- Le Khanat de Moritonie, représenté par son Excellence, le duc Aleksandr Sergueïevitch Galimov
- l'Empire antérinien, représenté par ? (HRP: formulaire non rempli dans le topic consacré)
- La République de Lermandie, représentée par mme Catherine Laurence

Entités autonomes participantes:
- La Guilde de Podestavre, représentée par Gianluca Ramapopi, président de la guilde
- Le Royaume de Brin (Ostara), représenté par Thomas Vincent, Premier Ministre

Une fois les participants installés (HRP: vous pouvez avoir fait des actions avant de prendre place dans votre post suivant), conformément à l'usage en vigueur au Sénat velsnien, ce fut le plus vieux membre de la délégation velsnienne qui prit la parole, le sénateur-doyen Zonta. Il frappa le sol de la curie d'une canne dorée, qui était l'un des attributs de sa fonction:

- Mes excellences. Veuillez prendre place. Bienvenue à vous. Vous êtes en ce lieu en sécurité de toutes vos paroles et actes tant qu'ils ne contreviennent pas à la sécurité d'autres participants de cette réunion. Que celui qui rompe cette trêve des gestes soit maudit par San Stefano et chassé de cette enceinte sacrée du verbe et de la rhétorique. Il ne sera pas non plus toléré de couper la parole d'un égal, sous peine de réprimande. Maintenant que les règles élémentaires de bonne vie vous ont été rappelées, parlons. Je laisse la parole à son excellence sénateur et Maître de l'Arsenal Matteo DiGrassi, vainqueur des achosiens et restituteur du Sénat. Je te donne la parole, excellence DiGrassi. Et sache que ces règles s'appliquent à toi également.

DiGrassi se leva de sa chaise et conformément à l'usage en vigueur au sein du Sénat velsnien, fit son introduction sous l'apparence d'une démonstration rhétorique, debout et faisant les cent pas face à ses interlocuteurs:
- Excellences. Il me fait grand plaisir que vous soyez tous au rendez vous. Nous sommes nombreux, c'est une bonne chose. Je suppose que si vous êtes tous ici aujourd'hui, c'est que vous vous êtes tenus au fait de ma déclaration émise il y a maintenant presque deux mois, et que vous en éprouvez de la curiosité, à défaut pour certains, d'y adhérer pour l'instant. Ainsi, cette conférence a pour but de fixer les termes de ce qui a été dit dans la dite déclaration: à savoir la mise en place d'une "ligue de défense" où les pays membres seraient liés entre eux par un pacte de défense mutuelle activé sous certaines conditions.

Ce sont ces conditions qui feront aujourd'hui l'objet de nos débats: contre quelles puissances peut-on avoir recours à ce pacte ? Dans quelles circonstances ? Comment l'activer ? Y'a t-il des conditions dans lesquelles il est possible de ne pas répondre à un appel de défense pour nos signataires ? Je tâcherai donc ici de répondre à toutes ces questions par mes propositions, auxquelles vous répondrez par une approbation ou par des contre-propositions constructives.

Comme vous le savez, le monde qui nous est imposé est marqué par une tripartition de la géopolitique mondiale entre trois blocs dont l'hégémonie menace un monde tel que nous le désirons: un monde de puissances libres et indépendantes de toute volonté autre que la leur et celles de nos corps civiques respectifs. Durant la guerre civile qui a marqué notre pays l'an passé, nous avons vécu chaque ingérence, chaque intervention de l’extérieur comme une humiliation. Fortuna, Teyla, Sylva... et à chaque fois, nous avons fait mine de ne rien voir car ces pays étaient à l'abri de toute représailles, au sein de blocs monolithiques qui assuraient leur défense. Cette époque est terminée pour Velsna, et nous voudrions qu'il en soit de même pour nous tous dans cette enceinte sacrée. Vous, excellence Wilhelm du Valkoinenland, vous expérimentez en ce moment même les "joies" de voir des armées étrangères agir sur votre sol, sans avoir eu la moindre pudeur de vous informer de quoi que ce soit, ou de demander votre autorisation. Une fois les rebelles exterminés, croyez vous qu'ils s'en iront sans avoir changé vos lois, dont votre autorité est la garante ? Ils le feront au mépris de votre État souverain. Vous également êtes concerné, excellence du Sud-Kazum: quelle sensation cela fait-il de vivre sur un continent régit par le bon vouloir d'un seul pays ?

En bref, voilà notre problème à régler aujourd'hui. Ceux qui ne sont pas intéressés par ce dernier sont libres de se lever et de partir, car il n'y a pas d'autre raison que celle là à notre venue. Et voici la solution que je vous propose, excellence:
-Le pacte de défense présenté ne sera effectif que contre les nations suivantes, celles faisant partie de ces trois organisations: ONC, OND et Liberalintern.
- Le dit pacte ne prendra effet que dans le cas d'une agression avérée de l'un de nos membres. Il ne peut avoir d'usage offensif. Vous êtes tout à fait libres de mener les guerres que vous voulez si vous les estimez justes, mais vous le ferez seuls. Nous ne sommes pas des belliqueux arrogants qui pensons que notre modèle vaut mieux qu'un autre.
- La décision de secourir un membre de notre organisation attaqué se fera sur base d'un vote à majorité des deux-tiers des membres votants. Toute autre proposition de modification de notre accord devra se faire sous la même modalité. L'abstention ne sera pas prise en compte. Une telle décision devra être rapide compte tenu de la situation, et se prendra ici même, dans cette enceinte où notre parole est sacrée.
- Notre ligue n'a pas de vocation de diffusion idéologique. Nous ne sommes pas des prosélytes. Cet endroit est un refuge pour les justes et les agressés, pas le politburo de l'UICS ou le secrétariat de l'OND.
- En cas de vote positif concernant une intervention au sein d'un État ami et agressé, si cette dernière se trouve sur le même continent que d'autres membres de notre pacte, ceux-ci seront dans l'obligation d'intervenir. En revanche, si une attaque contre l'un de nos membres a lieu sur un autre continent, ce qui complique la logistique de certains d'entre nous, la défense du dit membre se fera sur base du volontariat. Par exemple, dans le cas de Velsna, nous qui avons des territoires sur quatre continents, serions redevables de la défense de tous nos membres se trouvant sur ces derniers.
- Nous proposons également la mise en place d'un "trésor de ligue" qui serait entreposé afin de pourvoir aux besoin militaires urgents d'un État agressé, et dont les fonds seraient débloqués suite à un vote aux deux tiers selon les modalités précédemment citées. Ce dernier serait alimenté par nos membres sur base du volontariat.
- En cas de guerre, il nous faudrait élire un "stratège" ou un général en chef appelez le selon votre convenance, qui serait en charge de coordonner nos efforts communs. Celui-ci serait élu selon les modalités précédemment citées.
- Pour finir, je tiens à rappeler qu'il n'y aura aucune instance supra-nationale qui encombrera le bon fonctionnement de ce pacte, ou cette ligue (le nom n'est pas encore fixé). Il n'y aura pas de "secrétaire général", de parlement croupion à représentation hypothétique ou d'instance autre que celle du trésor commun et de nos voix réunies. A chaque pays une voix dans le cadre d'un vote. Ni plus, ni moins.



Le sénateur-doyen Zonta reprit la parole pour lui:
- Voilà donc les propositions de son excellence. Libre à vous de les enrichir, de les accepter ou de vous y opposer. Excellences, débattons bien et débattons juste. Que Dame Fortune et San Stefano vous inspirent de beaux mots.

Le Maître de l'Arsenal se rassit parmi ses pairs en attendant la critique et le verdict de ces derniers.
Le Ministre de la Défense Nationale, Alexander Jükov, représentant de l'Empire de Karty pour cette conférence se leva et prit la parole.

Alexander Jükov: Mes salutations à tous, dirigeants ou représentants de divers nations du monde. Je suis assez mitigé avec la prise de parole de son excellence de Velsna. Tout d'abord, je vais aborder les points positifs:
- Le but de cette rencontre était clair, s'organiser face à des organisations, qui, ont une soif insatiable de pouvoir, à défaut d'asseoir sa domination sur des pays isolationnistes. Je parle bien évidemment de l'ONC, l'OND et Liberalintern.
- Il est en effet normal que ce pacte ne prenne aucune forme offensive.
- Quant au vote, je propose la moitié et non les deux tiers, sans quoi des nations seront favorisées et d'autres non, tout comme l'OND.
- Je suis en accord avec le fait qu'il ne faut en aucun émettre une idéologie et qu'elle prenne contrôle de cette organisation qui n'a qu'un but défensif.
Je vais désormais émettre mon avis sur les points négatifs:
- La mise en place d'un trésor serait très compliqué à gérer et serait proie à des détournements de fonds assez certains.
- Elire un stratège est assez compliqué et cela pourrait servir les intérêts d'un seul pays. Selon moi, le rôle de stratège devrait revenir au pays agressé.
J'ai également une suggestion:
- Il serait judicieux d'établir une loi ou sanction en cas de refus d'aider d'une nation, je propose donc de retirer la nation de l'organisation, mais sans plus.

Alexander Jükov alla à sa place, attendant les réactions.
Mariana Berganza était arrivé tôt à l'aéroport de Velcal après un voyage long et assez érintant. Mais ce n'était pas ça qui allait empêcher la jeune diplomate d'endosser le dur rôle de "représentant de Guadaires" à la conférence qui débutait plus tard dans la journée. Le temps était doux et l'atmosphère était calme, une fin d'été typique que la Guadamos connaissait bien et qu'elle adorait. Pourtant, elle savait que la journée serait particulièrement intense. Le gouvernement Guadamos avait eu des positions assez fluctuantes sur l'idée d'une ligue de défense. Si la proposition avait été vue d'un mauvais œil dans un premier temps, aujourd'hui l'hypothèse de l'intégration de cette ligue était jugée comme plausible si certaines conditions étaient respectées.
Elle fut escortée jusqu'au Sénat de Velcal, le bâtiment était sans prétention, mais il ressemblait bien à ce que la représentante avait pu s'imaginer d'une construction Velsnienne. Tous les participants s'installèrent et les membres de la délégation Velsnienne commença prirent la parole. Berganza écouta attentivement DiGrassi et Alexander Jükov avant de se lever pour parler à son tour :


Bonjour à tous,
Je serais plutôt du même avis que monsieur Jükov, si les propositions proposées par monsieur DiGrassi sont globalement bonnes, il y a tout de même plusieurs points qui me dérangent. S'il est évident qu'aujourd'hui l'ONC, l'OND et Liberalintern sont les principaux dangers à l'international par leur hégémonie, je pense que le fait de ne limiter notre pacte qu'à ces trois organisations pourrait à long terme poser un problème à la ligue. En effet, il n'est pas dit qu'un jour d'autres états ou de nouvelles organisations deviennent à leur tour des puissances impérialistes dangereuses. Je pense que c'est l'impérialisme et l'hégémonie en général qui devrait être combattue par notre ligue, pas seulement ces trois superpuissances. Aussi, la question du "trésor de ligue" me pose un problème, je pense que ce fonctionnement pourrait être assez compliqué. Il serait peut-être plus judicieux de simplement simplifier les échanges d'équipement militaires entre les nations adhérentes.
Le choix du stratège pourrait à mon avis aussi être revu. Je pense, premièrement, que le fait de n'élire qu'un seul stratège est assez problématique. Tout ne peut pas reposer sur un seul Homme. Je m'accorde encore une fois sur les propos de monsieur Jükov : le stratège principal devrait être choisi par l'État agressé. Mais la ligue devrait pouvoir élire deux autres stratèges qui l'assisterait. Si cela risque de rendre la prise de décision parfois un peu plus lente, c'est selon moi une sécurité en plus contre de quelconques abus. Sur la question du vote, je pense que la proposition de l'empire de Karty est préférable à la majorité des deux tiers.
Enfin, je voulais m'assurer de la possibilité et de la simplicité pour sortir de la ligue de défense.
À l’issue d’un long voyage avec plusieurs escales en Kartvélie, à Rasken et enfin à Velnsa, le jeune dauphin d’un petit pays isolé de l’Est de l’Eurysie, Serge de Drovolski, arriva par avion, sans doute mal préparé. Habitué au climat de son pays, l’avion, tout comme ses occupants, semblait être préparé à des chutes radioactives. Pour ne pas détonner, le prince retira son masque, un événement assez rare, au point que sa peau, bien trop blanche, prit un coup de soleil en un instant. Suivi de trois pages, la délégation de Drovolski se présenta assez discrètement à la conférence, avec un retrait plus que palpable. En effet, le Drovolski, sans voisin, très isolé, fait face à des pénuries alimentaires chroniques, autant dire que, dans la vision des Mesolvardiens, une alliance militaire semble moins importante que de trouver de la nourriture. Cependant, soutenu par son père et sa cour, le prince est déterminé à donner un peu de poids à son pays sur la scène internationale.

Le Dauphin Serge de Drovolski :
"Mes salutations à tous, je tiens à remercier cette assemblée pour l’invitation et à manifester la joie de mon pays d’être ici aujourd’hui. C’est ma première visite en Eurysie occidentale, excusez-moi si je manque de raffinement ou de bonnes manières."


En se reculant, il fit tomber le sceptre pendulaire de la maison de Drovolski, très vite rattrapé par son page. Il rougit, gêné.

"Tout d’abord, merci à son excellence le sénateur et Maître de l’Arsenal, Matteo DiGrassi, pour cette introduction très directe et pleine de bon sens. Nous trouvons cette proposition tout à fait acceptable dans les conditions que vous avez énoncées, à savoir former, avec les nations présentes ici, un véritable rempart contre les influences extérieures. Le Drovolski n’a pas encore subi ces affres, mais redoute qu’un jour une intervention, couverte d’éthique ou d’écologie, vienne à modifier les paradigmes du pays en matière de production. Ce serait un acte impardonnable, surtout s’il s’accompagne d’une rupture avec notre régime. Nous n’accepterions pas qu’un citoyen du monde libre vienne dicter sa loi à l’un de nos citoyens, préservé des vices du monde extérieur. Malheureusement, mon pays, deuxième en nombre de missiles balistiques, n’a aucune expérience et voit donc d’un bon œil le fait d’élire un stratège et de pouvoir recourir à une défense collective. Les modalités du trésor doivent être discutées plus amplement ; son excellence Berganza semble avoir des réserves que nous n’avons pas."

Il regarda autour de lui et prit un ton un peu hésitant.

"Le Drovolski souhaiterait ajouter une exception à son adhésion. En effet, un de nos alliés directs assure l’approvisionnement alimentaire de notre population, attaquer cet allié reviendrait à provoquer une guerre civile. C’est pourquoi le Drovolski ne peut, matériellement et idéologiquement, s’engager dans une guerre contre notre allié direct, le duché de Sylva."

Comprenant, par le bruit ambiant, qu’il avait peut-être dit quelque chose d’impardonnable, le prince se mis en retrait, se faisant si petit que sa couronne aurait presque pu le cacher.
Alexander Jükov, après avoir écouté 2 de ses homologues, redressa son képi, se leva et prit à nouveau la parole.

Alexander Jükov: Tout d'abord je tiens à remercier sincèrement madame Mariana Berganza, représentante de Guadaires. En effet, nous avons des avis assez similaires qui se joignent sur de nombreux points. Nonobstant, si je prends la parole, ce n'est pas pour vous complimenter mais pour répondre au Dauphin Serge de Drovolski. Vous dites vouloir exclure une intervention pour une certaine nation ? Certes, Sylva est incontestablement votre allié et je n'ai aucune envie de vouloir attaquer ce pays, mais je pense honnêtement que nous ne pouvons en aucun cas faire d'exception. A l'inverse, si nous acceptons cette demande, chaque pays voudra émettre une exception et cette alliance prendra une forme bien trop compliquée.

Alexander Jükov alla à sa place, attendant les réactions et notamment celle de Drovolski.
L'Empereur venait lui aussi d'arriver, son vol a été des plus mouvementés, d'abord il du rejoindre un aéroport kartien car les chiens jaunes ont oublié de faire entièrement le plein, avant de traverser les divers espaces aériens des membres de l'Union, si Louis considérait que mieux valait directement rejoindre le palais des Milles, son frère et ministre des affaires étrangères lui a fait remarquer que mieux valait saluer les divers chefs d’États de l'Union pour faire bonne figure...
Il avait néanmoins de grands espoirs durant cette rencontre, car il pourrait certainement se rapprocher des états de la mer Blanche, il n'ignorait pas que les excellences velsniennes devaient rire jaune face aux combats qui se déroulent actuellement entre la Loduarie et la Rimaurie, et il pense que cela sera une bonne opportunité pour les diplomates antériniens de briller à l'Internationale.
Mais il espérait aussi se rapprocher un tant soit peu des états aleuciens et eurysiens présents à la conférence, notamment du Stérus et de Kolisburg, cela ne serait certainement pas aisé car chacun de ces deux états ont de bonnes raisons de se méfier de l'Empire mais après, pensait il intérieurement, "Qui ne tente rien n'a rien" tandis qu'il sentait l'avion atterrir sur le sol de la République de Velsna.

Il savait qu'il ne devrait pas se montrer trop bruyant et trop visible, il se méfiait néanmoins de plusieurs représentants, dont les cités akaltiennes qu'il savait hostiles à l'Antérinie et qui seraient trop heureuses de se meler des affaires de l'Empire, même s'il ne pouvait s’empêcher de sourire intérieurement : des natifs défendant des "colons", ca ne manquait pas le moins du monde d'ironie et il ne savait pas à quoi s'attendre de la part des indigènes d'Aleucie.
Mais il y avait d'autres pays représentés à la réunion qu'il ne connaissait pas, comme par exemple l’État de Fujiwa, "surement une sinistre dictature perdue dans des iles nazuméennes" se disait il, mais il avait tout de même fait l'effort de se faire briefer dans l'avion et il souhaitait éviter de se mettre la moitié des participants à dos.
Heureusement des bonnes nouvelles étaient à anticiper, comme par exemple la présence de l'Empire de Karty ou du royaume constitutionnel du Valkoienland, autrement dit plusieurs proches alliés du pouvoir antérinien.

Puis après la rapide présentation des objectifs de cette conférence, l'Empereur se tut, il préférait écouter plutot que prendre la parole, il savait que c'était la meilleure manière pour se faire des amis et surtout un solide réseau de soutien. Il n'envisageait jamais une confrontation directe, d'ailleurs il fallait qu'il soit de très mauvaise humeur pour exprimer ses quatre vérités aux chefs d'états.

Lorsqu'il entendit les réticences du tsar il savait qu'il ne pourrait le contredire et que par conséquent il apportera un soutien sans faille au premier allié antérinien, car lui aussi avait des projets grandioses et il souhaitait avoir le soutien de sa Majesté de Karty.
Mais il voyait aussi les bonnes opportunités, le prince du Drovolski était selon lui un potentiel soutient, car l'Empereur supposait qu'il faudrait envoyer une missive proposant un soutien alimentaire à la monarchie locale pour s'en faire un état ami.
Louis VI, même si c'est un politicien rusé et impitoyable face à des monstres (il n'hésite pas à jouer un jeu de dupes avec les états qui se rendent coupables de crimes contre l'Humanité) est aussi un homme sensible, cultivé et il comprend les problèmes que poseraient une guerre avec le duché de Sylva pour la monarchie du Drovolski, et une partie de lui lui disait de soutenir les revendications drovoloskiennes.

Puis il se leva et prit la parole:

Je comprends parfaitement le dilemme qui préoccupe actuellement le dauphin, certes, la justice et le bon sens nous obligerait à rejeter les demandes sa Majesté pour faire naitre un semblant d'égalité face aux aléas de la guerre.
En effet cela me parait parfaitement inimaginable de voir des états refusant de participer à un conflit sous prétexte qu'ils ne peuvent se battre contre leurs alliés car dans ce cas-ci cela reviendrait à demander du beurre sans en fournir l'argent ! (Mais voyant que le prince commençait à pâlir, l'Empereur se radoucit)
Or, cela marcherait pour un état en situation de surdéveloppement qui ne connait aucun soucis au niveau de son approvisionnement en nourriture mais le Drovoloski est en quasi famine et il me parait nécessaire de laisser aux états membres les moins enchantés par un potentiel conflit avec leurs alliés le choix de ne pas participer activement aux conflits sous réserve de laisser les autres états membres de voter en faveur ou un défaveur de ce fameux retrait du conflit. (Le dauphin parut se rassurer et un regard plein de reconnaissance surgit discrètement)

Mais je soutien aussi les représentants des Guadaires quant à leur propositions sur la lutte contre l'hégémonie d'une organisation en particulier, je pense que cette alliance défensive doit nous permettre de nous affranchir de la tutelle des grandes organisations internationales et nous permettre de gérer en toute sérénité nos états respectifs sans pour autant rendre des comptes aux puissantes organisations locales et de plier l'échine face à leurs volontés...


Puis il se rassit en attendant les réponses des autres chefs d'états.
Mariana Berganza se leva après avoir attentivement écouté les autres représentants :

La situation de Drovolski est, en effet, assez difficile. Je crois néanmoins que le rôle de cette ligue n'est pas de juger ou d'aiguiller les relations d'un État. La signature de ce pacte de défense ne devrait selon moi pas empêcher les nations de lier des relations diplomatiques avec des membres de l'ONC, l'OND ou du Liberalintern. Pour éviter tous problèmes de ce type, qui viendraient à coup sûr mener la ligue à sa perte, je pense, comme l'empereur de l'Anterinie, qu'il est préférable de laisser le droit un droit "d'abstention" pour les États telle que Drovolski. Évidemment, il ne s'agit pas de donner le droit à n'importe quel État de refuser d'aider une nation agressée sans avoir à se justifier. Ce droit "d'abstention" devrait être régulé et des sanctions, comme l'exclusion, pourraient être appliquées pour les pays qui en abuserait.
Le dauphin, déjà d'un blanc craie, vira au blanc aspirine. Satisfait de la tournure qu'avait prise la négociation, mais soucieux de ne plus commettre de faux pas, il prit la résolution de ne plus entraver le consensus et de se faire plus discret à l'avenir, comme le lui avait demandé son père. Le duché de Sylva était le point central de la négociation. C'est donc avec beaucoup plus d'acceptation et de compromis qu'il reprit la parole, sachant qu'on attendait sa réponse. Un page lui força la main, comprenant que, sans cela, le dauphin aurait attendu au moins un tour de table avant de s'exprimer.

Le sceptre pendulaire, incliné à gauche en signe de remerciement, le prince déclara :


"Merci à vos excellences. Le compromis proposé est tout à fait ce que nous souhaitons. À titre conservatoire, pour vous assurer que le Drovolski n'en abusera pas, nous acceptons de signer avec vous un engagement à n'utiliser ce droit qu'en cas de conflit avec le duché de Sylva."

Le sceptre pendulaire reprit ensuite une position d'équilibre.

"Je tiens à saluer le soutien de l'Empereur d'Antérinie et de son excellence Berganza dans cette discussion. Nos nations se sont comprises à travers nos décisions, et je vous assure qu'en rentrant en Drovolski, le peuple sera informé que vous l'avez entendu."

Après ce discours, qui n'était pas particulièrement éloquent, on comprit que le dauphin avait abordé les points importants pour son pays et était prêt à s'engager de manière plus souveraine dans l'alliance. De plus, un page ouvrit alors le document d'information sur l'armement mesolvardien, comme pour signaler aux autres que ses points d'intérêt avaient été discutés.

Missiles
Armées
Après des tergiversations, le Duché de Gallouèse, État démocratique de l’Eursyie occidentale, avait fini par se résoudre à envoyer un émissaire à Velcal. Il s’agissait de Martin van Breentz, un « techno » qui sortait d’un mandat au Cabinet exécutif du Duché où il avait été chargé des questions de sécurité et de défense. Van Breentz ne représentait donc pas légalement la Gallouèse, il était simplement « chargé de mission » par l’Etat. Une façon de participer sans se mouiller.

Il arriva sans encombre, s’installa où lui dit, entouré de toutes ces éminences étrangères qu’il écouta patiemment. Après que Berganza eut parlé pour la seconde fois, Van Breentz alluma son micro.


« Excellences, je crois qu’il ne faut pas se perdre dans une juridiction trop complexe… pour rebondir sur ce que vient de dire Mme Berganza, il ne me semble pas souhaitable que cette « ligue » dispose d’un droit d’abstention. Elle s’ôterait toute crédibilité. Je crois au contraire que la force d’une telle ligue, si elle doit exister, réside dans sa capacité de dissuasion. Tous les États représentés ici procèdent d’idéologies toutes différentes, très différentes pour parler vrai. Il est évident que nous ne concevons pas tous les trois organisations cités par monsieur DiGrassi comme des ennemis, et que de ce fait la « ligue » ne peut pas les ériger en ennemis absolus. Il s’agit seulement de prévenir les agressions impérialistes, d’où qu’elles viennent. Il faut donc un pacte de défense mutuel, activé selon une majorité des deux-tiers comme proposé initialement, sans possibilité de refuser l’engagement. Le but étant qu’il n’y ait jamais d’engagement. S’il doit y en avoir un, c’est que la « ligue » aura été un échec complet. C’est cela qu’il faut garder à l’esprit.
Dans cette optique, je me range aux côtés de M. Jükov et de Mme Berganza pour dire que l’existence d’un trésor n’est ni utile ni souhaitable. De même que l’élection d’un stratège : dans le cas théoriquement impossible ou un conflit éclaterait, les forces alliés se rangeraient évidemment sous le commandement du pays attaqué. Si ce pays n’estime pas disposer d’officiers suffisamment compétents et décide de faire appel à des agents étrangers, ça le regarde.
Ensuite, j’estime qu’il faut apporter des garde-fous bien plus solides qu’un simple vote à la close de défense mutuelle. Afin d’empêcher qu’un État qui provoque sa perte mais qui est juridiquement en position de défenseur puisse faire appel à la « ligue ». Il faut pouvoir s’assurer que l’agression relève à chaque fois d’un impérialisme caractérisé.
Enfin, je rejoint Mme Berganza sur la nécessité d’ajouter une close concernant le retrait de l’organisation. Celui-ci doit pouvoir être unilatéral et à effet immédiat. »
Au fil de la réunion, le vieux Gabriele Zonta distribuait la parole à ceux qui en exprimaient le besoin, comme il était de coutume suivant sa fonction de doyen. Le Maître de l'Arsenal, lui, attendit le moment propice des débats entre le Drovolski, Karty et le Guadaires avant d'intervenir de nouveau. Il se leva à l'autorisation du Sénateur-doyen et prit de nouveau la parole:

- Excellences. Nous avons là plusieurs axes de travail prometteurs, qui se réglerons tous par un vote final, mais tentons pour le moment de procéder par élimination. Je vais commencer par l'interrogation soulevée par son excellence-majesté Serge, qui pour moi est un sujet des plus impérieux, car il en va de ce qui fera l'efficacité d'une telle alliance: la cohésion. Notre confrère gallouèsant l'a fait remarquer justement: cette ligue aura avant tout un rôle dissuasif, elle y est pour ainsi dire destinée au vu des points sur lesquels nous sommes déjà en accord. Mais pour que dissuasion il y est, encore faut-il que nous soyons capables d'exercer une pression efficace à l'endroit d'éventuels agresseurs. Pour ce faire, il nous faut nous regrouper en ayant un minimum de cohésion diplomatique et politique. Car si les critiques d'un tel pacte constatent des failles parmi nous, ils s'empresseront de détacher les membres de ce dernier un par par en leur faisant valoir des intérêts personnels supérieurs aux nôtres. Ainsi, je m'oppose vivement à toute demande "d'exception à la règle". Nous ne sommes pas ici pour décider d'un pacte à la carte. Dans l'hypothèse très peu probable où le Duché de Sylva s'en prendrait à l'un d'entre nous, Drovolski serait dans l'obligation d'avoir une réaction franche. Nous avons connaissance à Velsna des liens commerciaux qui vous unissent à cette nation, aussi, si cela peut vous rassurer, nous nous engagerons personnellement à couvrir une partie des pertes relatives à tout éventuel contrat rompu entre vous et Sylva. Cela suffirait t-il à écarter les inquiétudes de sa majesté d'Antérinie ? Mais dans tous les cas, il n'y a aucune forme d'exception que notre délégation puisse tolérer. D'autant que si ces derniers ont pour l'instant fermé les yeux sur certains aspects de la culture politique propre au Drovolski, qui sait si cette situation ne changera pas dans l'avenir ? Bien entendu, comme l'a indiqué notre collègue, son excellence Berganza, ce pacte n'a pas pour but d'empêcher ses membres d'entretenir une diplomatie avec les pays membres des organisations que nous avons cité. Simplement, lorsque l'un d'entre nous estime avoir subit une agression de la part de l'un de ces Etats, nous nous devons d'être présents afin que ce pacte soit efficace. Il faut également se souvenir, excellence Serge, que l'OND a une fâcheuse tendance à vouloir changer les règles à son avantage partout où elle se trouve, souvenez vous en.

Cette position de notre part relative aux exceptions s'appliquent également concernant cette proposition de "droit à l’abstention" proposé par son excellence Berganza. Pour moi, j'estime que la seule forme acceptable d'exception réside dans la capacité technique à rendre de l'aide à celui qui active la clause de défense. Je reste donc sur ma position: pas de droit à l'abstention, mais une clause dérogatoire impliquant les pays qui ne se trouvent pas sur le même continent.

Concernant la possibilité de sortir sans encombre de ce pacte comme s'en enquiert notre consœur du Guadaires, sachez que notre position est la suivante: vous êtes tous, totalement libres d'en sortir sans la moindre contrainte. Nous ne sommes pas une organisation aux rouages complexes nécessitant une montagne de paperasse: vous êtes dedans ou vous êtes dehors. Cependant, il va de soi que l'on ne sort pas d'un pacte à une heure difficile pour y rentrer à nouveau lorsque la tempête est passée. Ainsi, si vous en sortez, sachez qu'y revenir devra être à mon sens beaucoup plus compliqué, ne serait-ce que pour éviter toute forme d'abus. Et également pour envoyer un signal: adhérer à ce pacte n'est pas une affaire à prendre à la légère.

Maintenant que notre position quant au exceptions est clarifiée en cas de vote sur cet aspect de telles clauses, venons en aux autres points qui font débat parmi nous. En premier lieu, l'existence d'un trésor commun, qui semble t-il, est l'idée la moins reprise par nos confrères. Il s'agit là d'une proposition que nous considérons secondaire à la bonne marche de ce pacte. C'est une idée à creuser, mais si personne ne semble la suivre, nous accepterons amplement le fait que cette idée ne figure pas dans le texte final. Il en va de même avec le système de nomination d'un commandant en chef/stratège de ligue. Bien que nous estimons que ce rôle serait à l'avantage d'une forme de cohésion et d'organisation, nous n'insisterons pas. Qu'il y ait un seul stratège, trois ou pas du tout, nous nous remettrons à votre décision.

J'en viens finalement aux déclarations gallouèsantes et du Guadaires à propos de la nature de notre pacte et du système de votation que nous voulons adopter, et qui avance dans une direction que je pense souhaitable. En soit, ces organisations à l'encontre de qui nous prenons des mesures ne sont pas en théorie des ennemis, pour la plupart du moins. Mais il faut également rappeler qu'en politique, il n'y a pas amis, simplement des alliés et des adversaires de circonstance. En soit, Velsna n'a pas peur de commercer avec des teylais et des sylvois, il n'y a pas là de confrontation idéologique, à la limite une concurrence d'ordre économique. Mais il vient toujours à notre esprit que des organisations hégémoniques ne sont jamais bonnes pour des nations telles que les nôtres. J'en viens au système de votes que nous voulons adopter, et où j'ai l'impression que se dégage deux tendances: la majorité simple et la majorité aux deux tiers. J'ai entendu des craintes de la part de son excellence Jukov au sujet de notre proposition. Mais dans le cadre où pays ne dispose que d'un vote, je ne pense qu'il n'y a pas de risque que certains pays prennent l'ascendant sur d'autres en cas d'un vote aux deux tiers. Du moins il n'y en aurait pas davantage que dans le cas d'un vote à majorité simple. C'est là que je viens au bon sens du vote aux deux-tiers. La guerre n'est pas chose légère à prendre, et je pense que décision prise sur le fil initiant une déclaration de guerre comporte des risques importants. En premier lieu, il n'est jamais bon d'amener à la guerre des États qui n'en ont en premier lieu pas émis le souhait. A titre personnel, et ayant moi-même l’expérience de la guerre, je ne me vois pas commander à des troupes dont un peu moins de la moitié s'y sont exprimées contre, quand bien même une majorité bancale s'est dégagée. Une action aussi forte doit susciter à mon sens une adhésion large que garantit un vote aux deux-tiers, tout en ne paralysant pas le processus décisionnel de la ligue.

Sur la même lancée, mon confrère gallouèsant a exprimé le besoin de gardes fous supplémentaires afin de parer à toute tentation d'abus de l'activation de la clause de défense. J'aimerais connaître les détails de votre proposition. Je vous prie de développer votre pensée. Il est à noter qu'un pacte de cette nature, pour être dissuasif et efficace, ne doit pas non plus devenir un enfer juridique afin que sa mise en œuvre soit rapide. La discussion et le vote se devront d'être rapide compte tenu de la situation de crise que connaitra en théorie le pays qui activera cette clause. Aussi, il faut définir tout de suite ce qui pour vous, constitue une exploitation inacceptable de la clause de défense.
Comme Zonta l’y enjoignait, Martin van Breentz ralluma son micro.

« Monsieur DiGrassi, je vais donc préciser ma penser sur les abus potentiels du pacte que nous allons signer. Il est évident que la notion d’agresseur et d’agressé sont des notions volages dans un conflit armé. Je pointe du doigt le fait que juridiquement, l’agresseur d’une guerre est celui qui envoie la déclaration de guerre en bonne et due forme, ou celui qui initie les mouvements offensifs si aucune déclaration n’existe. Or ceci ne reflète pas exactement la réalité que nous souhaitons voir correspondre à notre pacte. Il conviendrait de modifier le jus ad bellum tel que nous le définissons, afin que les membres n’interviennent que si la situation géopolitique est réellement défavorable à l’Etat membre « agressé », et que son adversaire fait preuve d’un impérialisme caractérisé, c’est-à-dire s’il brise l’un de ces trois principes : ingérence extérieure (invasion en vue d’intervenir dans les affaires domestiques d’un État), ingérence intérieure (déstabilisation en vue d’intervenir dans les affaires domestiques d’un État) ou rupture de l’équilibre des puissance (déstabilisation coercitive ou subversive de la stabilité régionale sans lieu d’être).
Prenons un exemple concret : le pays M est membre de la « ligue ». Le pays X est un état membre d’une alliance considérée comme agressive. Le pays M menace le pays X d’une action coercitive ou subversive quelconque, disons ici un bombardement balistique. Le pays X intervient pour éliminer la menace du pays M. Il est juridiquement agresseur, mais dans pareilles circonstances le Duché refuserait de participer au conflit. »
Le jeune prince, frêle, inexpérimenté et encore novice en matière militaire, comprit rapidement qu'étant donné la petite taille du pays qu'il devait gouverner plus tard, il ne devait surtout pas remettre en question le système de vote proposé. Il pensait qu'une grande puissance comme Velsna devrait naturellement avoir plus de poids lors des négociations. Cependant, Velsna lui offrait une voix égale à celles de ses alliés de circonstance, bien que ces derniers soient mal perçus dans son propre pays, tels que le Saint Empire de Karty. Prenant une profonde inspiration, il se leva, le sceptre oscillant légèrement à sa gauche, et prit la parole, tâchant de paraître aussi naturel que possible.

"Tout d'abord, je tiens à vous remercier d’avoir pris en considération les besoins alimentaires de mon modeste pays, ainsi que nos relations avec Sylva. Nous apprécions le soutien que vous nous promettez. Velsna, qui possède déjà un port chez nous, pourrait sans difficulté nous livrer des marchandises… [soudain, sur un ton étrange qui surprit certains délégués]… sans même un mot [une clause subtile, mais Velsna comprit immédiatement de quoi il était question]."

Le prince remarqua les regards interloqués de certains autour de la table. Il ne comprenait pas leur réaction. N'avait-il pas simplement présenté un argument commercial, comme son pays le faisait chaque jour ? Rien de bizarre à cela. Protéger les intérêts de ses citoyens lui semblait tout à fait naturel. Malgré cette gêne, il poursuivit, quelque peu circonspect face à la situation.

"Nous sommes prêts à consentir à cette alliance, avec la garantie proposée par la Grande République de Velsna. Cette garantie nous permettrait d'assurer la sécurité alimentaire de nos citoyens en cas de crise."

Son ton devint plus interrogatif, comme s'il cherchait à comprendre une remarque qui lui avait été faite.

"Cependant, je m’interroge : un aussi pays isolé que le miens ne peut pas avoir la même culture que ceux de l’Occident, mais cela constitue-t-il véritablement un problème ?"

En évoquant une éventuelle trahison de Sylva pour des motifs culturels, il marqua une pause, visiblement surpris.

"Quant à l’idée d’une trahison de Sylva pour des raisons culturelles, j’avoue que cela me surprend. Notre nation est éclairée par des génies et des scientifiques talentueux, engagée dans des projets politiques ambitieux et soutenue par une force de travail dévouée. Aucune communication officielle ne laisse présager un tel scénario, et cela nous étonnerait grandement. Si vous avez des informations contradictoires, je pense qu'il serait utile que vous nous les fournissiez afin d’évaluer nos relations diplomatiques de manière plus précise."

Abordant ensuite la question de l'élection d’un stratège militaire, le prince poursuivit :

"Concernant l’élection d’un stratège, Drovolski s’aligne naturellement avec Velsna, à condition d’autoriser le vote blanc. Je dois admettre volontiers mon incapacité à évaluer les compétences militaires. Mon empire n’a pas fait la guerre depuis plus d’un siècle, en raison de l'absence de voisins stables, et n’a aucune intention de s’engager militairement. Toutefois, pour augmenter notre capacité de réponse militaire, nous envisageons de plonger dans une période d'hyperinflation, ce qui nous permettra de fournir des équipements militaires, surtout dans le contexte actuel où notre région reste stable, notamment depuis l’intervention de la Loduarie communiste en Translavya, qui a éliminé toute menace de notre unique voisin."

Le prince fit une pause pour reprendre son souffle, tandis que son sceptre retrouva lentement son équilibre.

"Je remercie son excellence van Breentz pour avoir soulevé un point crucial. Nous pensons effectivement que certains membres de cette ligue affichent un tempérament agressif, forçant certains pays à adopter des mesures hostiles. En tant que prince d’un pays ayant déjà subi des blocus pour des raisons aussi dérisoires que des considérations “écologiques”, je comprends que la faim peut être un moteur de guerre. Si cela venait à se reproduire, mon pays réclamerait certainement une aide. De plus, un État qui adopterait un tel comportement envers une autre nation ne pourrait ensuite solliciter l'aide de la ligue si cette dernière répliquait, selon l'excellent exemple mentionné précédemment par son excellence van Breentz."

Alors qu'il terminait, il pris un tas de documents à la main "au cas où". Le prince reprit son discours.

"Mon pays est une dicastocratie. Notre isolement du reste du monde nous a conduit à adopter un régime unique, mais cette exception s’avère utile. En effet, notre gouvernement, en particulier ses juges, produit des jugements et des textes juridiques complets. Par exemple sur comment considérer un état comme agresseur, nous pourrions nous servir de ces documents comme base pour évaluer leurs actions."

Il brandit un document.

"Drovolski, par le présent acte, déclare officiellement aux nations du monde ce qui sera désormais perçu comme une action offensive nécessitant une réponse défensive automatique par lancement de missiles balistiques :

- Toute action volontaire visant à entraver ou contraindre l’économie du Drovolski à une récession causant des dommages irréversibles à court terme, tels que des troubles affectant l’autonomie de nos citoyens et entraînant la rupture de la souveraineté de l’État, ainsi qu’un désordre économique menant à la faillite.
- Toute action volontaire entraînant la destruction ou l’indisponibilité des infrastructures de transport, de distribution de l’eau, de l’électricité, des ressources alimentaires ou minières.
- Toute action, même involontaire, entraînant la mort accompagnée de souffrances de citoyens sans condamnation préalable par un tribunal impérial.
- Toute action visant à rendre indisponible ou incompétent un quelconque tribunal impérial, par fait ou par droit. L’offense de quérulence est une faute grave.
- Toute action constituant une menace imminente d'invasion, même sans objectif militaire, à l'exception des interventions autorisées par la cour dans le cadre de la dissimulation de coopération."

Gare à celui qui perturbe le lion qui dort. Ainsi en était le proverbe lorsque l'on évoquait l'Empire Listonien, ou tout du moins lorsque l'on n'évoquait guère son nom à demi mot en tremblant lors des soirées nocturnes où se tenait le Sabbat, car à dire vrai le pays tenait plus du croque-mitaine dans l'imaginaire collectif que du noble animal, un éternel "infréquentable" aux yeux des sois-disant parangon de moralité, un Moloch irritable et très hargneux pour d'autres... Autant de considérations et à priori qui faisaient que en temps normal peu se risquaient depuis quelques années désormais à entrer en contact avec l'Empire colonialiste et réactionnaire, tant car inimitié claire que par crainte pure et simple quand à l'imprévisibilité latente que l'on attribuait à Listonia.

Aussi, nombreux furent surpris initialement à la Cour Impériale en métropole lorsque le ministère de Dona Antera fit savoir à l'Empereur Ongro que la Grande République de Velsna, qui avait été récemment sous le feu des projecteurs eurysiens via une guerre civile rocambolesque, avait via ses services diplomatiques délivré une invitation à une conférence dans le but clairement affirmé et définit de se prémunir collectivement des ingérences et appétits des grands axes idéologiques qui régissent actuellement le monde et posent le cas échéants diverses problématiques devant être adressées avec habileté. Point d'intérêt sur l'idéologie, qu'importait l'économie, et encore moins le cosmopolitisme, un seul sujet d'ordre, la défense et surtout, point hautement alléchant, un marché de l'armement dédié à tarif préférentiels. Si l'on avait cru initialement à une blague ou bien à une erreur, quelques investigations démontrèrent assez vite l'inverse. Les Velsniens entendaient réellement mettre sur pied une nouvelle voie. Et autant Listonia affectionnait particulièrement son "isolationnisme" de fait, tout comme elle était trop fière pour aller quémander quelconque assistance, autant elle n'était point stupide. Les leçons des débâcles de la dernière décennies avaient été apprises à la dure et certes le Général Cortès et ses sbires avaient grâce à des méthodes radicales stoppés la dislocation complète de l'Empire colonial, mais la situation géopolitique demeurait précaire. Oh bien évidemment il y avait encore des arguments de tailles faisant hésiter les loups à sortir du bois, mais cela, le département des affaires étrangères avait théorisé qu'un tel statut quo ne durerait pas. Et les ingérances du Kolisbourgs dans les colonies nordiques n'avaient fait que confirmer ce que tous savaient déjà, les bête avides étaient toujours là à attendre leur heure.

Aussi il était ainsi crucial de... Trouver des solutions, et notamment de nouveaux horizons et "amis" avec qui collaborer. Une mission considérée comme presque impossible jusqu'à présent. Jusqu'à cette... Cordiale invitation qui arrivait à point nommé. Demander ? Hors de question. Répondre à une invitation en revanche... Qui plus est, cela ne coûtait rien si ce n'était du temps dont les affaires étrangères abondaient afin de tâter le terrain. Et puis... Il aurait été malpoli de laisser lettre morte la chose...

Le point de litige majeur toutefois qui accablait la Cour résidait sur le fait de savoir qui envoyer à cette... Conférence. Les séides de Cortès et les modérées entendaient bien s'écharper sur ce point, et si ce n'était pour une intervention directe de l'Empereur, l'on aurait certainement pu craindre une vague d'assassinats politiques arriver subitement. En dépit des influences et des ambitions, la parole du Trône conservait cette aura d'absolu que l'on ne saurait contester. De ce fait, nul ne protesta et ainsi fut décidée la chose.

Le Comte de Rigaborgès, vassal direct de l'Empereur et son ancien capitaine de la garde désormais retiré du service actif "Officiellement", mais qui officiait désormais au sein de ce que beaucoup considéreraient s'ils étaient au fait des détails comme une police secrète, représenterait l'Empire et irait s'assurer des volontés, ambitions et de la sincérité de tous ces... "Adeptes d'une nouvelle voie.". Ce avec la loyauté absolue et la rigueur qui le caractérisait, bien loin des querelles partisanes.

Comte de Rigaborgès
Hernando Ramirez, Comte de Rigaborgès, le Limier Impérial.

Prévenir de sa venue au dernier moment n'était guère cordial, ni même d'usage. Pour autant, la force de frappe Listonienne demeurait forte, assez pour avoir une valeur stratégique significative, de même que sa présence à divers points clés du monde via ses colonies qui offraient des opportunités et avantages très intéressants, bien plus que les éventuelles vulnérabilités. Autant d'arguments qui excuseraient et compenseraient ce manque de civilités. Et au pire, la réputation achèverait de suggérer à quiconque de saint d'esprit d'éviter de titiller la Listonie... N'est-ce-pas ? De toute façon la chose était déjà actée. Ainsi ceux là même qui émirent l'invitation eurent la surprise d'avoir une réponse à cette dernière... Une fois l'avion de la délégation impériale déjà à mi-chemin de Velcal... Difficile de dire si la surprise, l'effroi ou la consternation l'emportèrent dans les réactions, mais l'Empire n'en avait cure. C'était là le lot de ces évènements, une émanation du grand jeu des nations. De toutes façon, il ne s'agissait guère là d'une visite touristique de courtoisie, mais bien d'affaires d'état, le Comte, ne jurant que par les performances se moquait bien que l'on ne puisse ou que l'on ne veuille mettre les formes et les apparences pour sa venue, ce n'était pas l'objet de celle ci.

En soit, lorsque l'appareil acheva finalement son trajet, il était évident désormais que la réunion et les "festivités" avaient déjà débutés. Ce qui n'était pas pour déplaire à l'envoyé de l'empereur. Être au centre de l'attention et dans la surprise permettrait de contempler des réactions authentiques qui étaient recherchés prioritairement par ce dernier afin de se faire un volonté du degré d'implication et de comptabilité potentielles quand à ce projet de ligue.

Quoi qu'il en soit, et après avoir fait valoir la validité de leur présence aux autorités via l'authenticité de l'invitation, ce fut en grandes pompes que Hernando Ramirez, Comte de Rigaborgès, dans un uniforme d'officier d'ébène bordés de broderies dorées arborant les armoiries de la maison impériale, se présenta sur le palier du bâtiment accueillant l'évènement, ce flanqué de quelques assistants et gardes d'honneurs mais surtout de deux officiers du Renseignement Listonien et d'un porte-enseigne présentant bien en évidence les couleurs impériales. Une venue pour le moins haute en couleur qui attira immédiatement l'attention des troupeaux de Hyènes tenus à l'écart bien volontairement de la salle de conférence par les forces de sécurité. En voilà déjà une bonne idée de ce Di Grassi, mettre les charognards littéralement à la porte et les laisser dépérir sans leur laisser une miette à ce mettre sous la dent. Ils devaient certainement se mordre les doigts de ne point savoir ce qui ce disait derrière les portes fermées. Une pensée exquise qui arracha au Comte un sourire d'amusement alors que lui même avançait à grands pas avec ses gens vers les portes susmentionnés.



Bien évidemment lorsque toute cette racaille qui se questionnait sur l'identité de cette délégation retardataire réalisa la provenance de celle ci, un étrange mélange d'hystérie, de fascination d'effroi gagna les esprits et les faciès et bien assez vite les question fusèrent via le maigre d'avoir une interview et des réponses exclusive. Espoir bien vite étouffé puisqu'aucun Listonien ne daigna n'adresser ne serait-ce qu'un regard à la horde, comme si celle ci n'existait guère. Finalement, la zone de turbulence fut évacuée lorsque la délégation impériale pénétra finalement en plein milieu d'une discussion animée culminant sur la proclamation d'un frêle jeune homme faisant ses armes dans l'arène et déclamant ce sa patrie considérerait vraisemblablement ce qui serait digne d'une réponse militaire.

Héraut Impérial - << Sa Grandeur Hernando Ramirez, Comte de Rigaborgès, représentant du Saint Empire Platan de Listonia par la Volonté de sa Majesté Impériale, Philippe de la dynastie Ongro, troisième du nom. >>

Formelle façon d'annoncer son maître, vieil usage de l'aristocratie de Listonia qui avait perduré à travers les âges. Mais toujours très efficace afin de capter l'attention et de faire connaître sa présence. Droit, mains jointes dans son dos dans un rigorisme total, et faciès autoritaire, le Comte n'avait pas perdu de temps afin de balayer l'assemblée participante d'un regard inquisiteur, détaillant méticuleusement chaque individu majeur, quitte à s'arrêter un instant sur certains comme le Dauphin Serge, ce dans un silence religieux sans aucun commentaire avant de poursuivre immédiatement. Et finalement de s'arrêter sur Di Grassi, l'homme le plus intéressant des lieux assurément. Ce dernier fut le seul à recevoir de la part du Listonien un salut militaire, un signe éminent de respect.


Comte Rigaborgès - << Grand Amiral. Votre réputation vous précède. L'Empire Listonien a reçu et pris connaissances de votre invitation. Et sur ordre de mon suzerain, apporte par ma présence une réponse à celle ci. Velsna a l'attention de Listonia, et par extension tout ceux présents en cette salle l'ont aussi, sous réserve que cela soit réciproque. >>

Un simple rappel associé à une présentation simple et efficace.
Zonta, une fois la prise de parole de Van Breentz effectuée, fit encore une fois claquer son bâton au sol, faisant signe de passer la parole au Maître de l’Arsenal velsnien. Les gallouèsants semblaient avoir avoir été clairs concernant leur définition d’agression, ce qui facilita le débat :
- Donc selon vous, Excellence Breentz, un pays qui serait dans un passif de bellicisme avec un pays agresseur serait moins susceptible d’être aidé de votre part… je vous remercie pour cette clarification. Il va de soi que nous ne sommes pas là pour servir de parapluie à n’importe qui sous n’importe quelle condition. Aussi, je pense que nos greffiers peuvent ajouter votre proposition dans la liste des votes que nous aurons à faire en fin de session, et qui définirons les termes de notre contrat. Une chose est sûre, il nous faudra être très clairs sur les conditions d’un sauvetage de notre part, nous sommes d’accord avec vous sur le principe. Nous tenterons de le faire transparaître le mieux possible dans le texte final. Maintenant si vous le voulez bien…

La discussion se poursuivit, mais alors que la parole fut donnée aux représentants de Drovolski, ce dernier fut arrêté dans ses propos par un bruit strident qui retentit dans toute la pièce. La porte de l’atrium du Sénat s’était grande ouverte sur la réunion de nos protagonistes. Une entrée pour le moins inattendue, tant que le sénateur-doyen Zonta faillit se tenir le cœur. Les listoniens avaient finalement daigné se montrer à l’improviste. Pas les plus attendus des invités, mais certainement les plus tapageurs. Le Maître de l’Arsenal daigna lever un sourcil, il rendit son salut au représentant de l’Empire listonien, non sans quelque commentaire de circonstance :
- Vous êtes en retard, excellence comte. Mais bienvenue, prenez donc place. Il est évident que si nous vous avons invité, c’est que le sujet de notre réunion vous concernait autant qu’il nous concerne. Votre gouvernement, réputation aussi controversée soit-elle, a eu à subir un certain nombre de mauvaises fortunes : ingérences, guerres etc… Nul ne m’importe qui ou quoi en a été le responsable, vous en avez été le perdant et nous ne sommes pas là pour juger des fautifs. Aussi, nous avons bien l’intention de définir les fondations d’une ère où plus personne ne s’en prendra à la Listonie, à partir du moment où celle-ci est attaquée. Notre collègue gallouèsant en était justement arrivé au point où nous devions aborder les modalités dans lesquelles définir une agression qui rendrait légitime une intervention de notre pacte. Participez au débat tant que vous le souhaitez, à partir de l’instant où les règles du bon sens élémentaire vous sont connues.

Gabriele Zonta, frappa se son bâton, faisant signe à DiGrassi que son intervention n’était pas tout à fait dans les clous du protocole de la réunion, celui-ci n’ayant point demandé la parole. Le doyen se tourna ensuite vers le reste de l’audience :
- Y a-t-il d’autres points flous que vous souhaiteriez aborder ? Quelqu’un ? Nous n’allons pas tarder à demander aux greffiers de nous sortir une première ébauche du texte définitif, aussi n’hésitez pas à vous exprimer mes excellences. Je pense tout particulièrement à nos arrivants.
Ce fut un choc. Le dauphin, pris de peur, devint aussi liquide qu'une sinusite. Perturbé par des habitudes pour le moins rustres d'un pays certainement très violent s'il en est, le prince voulut tout de même évoquer un point d'intérêt. En effet, beaucoup de pays, dont le sien, n'ont pas forcément de permis de transit ou de bases à travers le monde, ce qui pourrait compliquer leur coopération en temps de conflit. Sur cette réflexion, le dauphin reprit ses esprits, et, le sceptre pendulaire totalement incliné à droite, il prit un ton plus que fébrile et hésitant, se tournant nerveusement vers les Listoniens de façon presque erratique pour vérifier leur acquiescement.

"Tous les pays autour de cette table n'ont pas de relations entre eux. Il semble donc évident que nous nous connaissons peu, mais il me paraît essentiel, au vu des distances parfois grandes qui nous séparent, d'autoriser, même en temps de paix, le stationnement de bâtiments, au moins maritimes, dans les mers et ports des membres de cette ligue. Je m'explique."

Il se tourna vers les représentants de Velsna et tenta un sourire, définitivement faux et gâché par un stress et une pression trop importants pour le jeune homme.

"Si un conflit éclate dans l'une des nations du Nazum, je pense que notre position en Blême est très stratégique. À l'instar de Velsna, qui possède déjà une concession dans l'un de nos ports, il faut permettre aux Eurysiens de rejoindre le Nazum par le Drovolski. Je propose de généraliser cette stratégie, car le Drovolski et les alliés du Nazum risquent de se retrouver isolés si nous ne prévoyons pas, par écrit, une autorisation de transit. Je pense particulièrement à l'État du Fujiwa, au Royaume du Sud-Kazum et, bien entendu, à nous-mêmes."

Comme soulagé, il reprit sa place et soupira discrètement, tel une cocotte-minute restée bien trop longtemps sur le feu.
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