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Histoire et mésaventures du peuple Blême à travers les âges

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Histoire et mésaventures du peuple Blême à travers les âges

Préface par Lucian Baboescu

Réimpression en 2014 ; Éditions augmentées
Blâmant Colin ; Gurapest



Sommaire

Note sur l'édition de 2014



La présente édition a été complétée d’une préface et des commentaires de Lucian Baboescu, chercheur d’origine Blêmienne et titulaire de la chaire d’histoire de l’université d’Antrania où il réside. Ce spécialiste de l’histoire des peuples de Blême apporte une vision nouvelle à la première édition de 1995 dont le manque d’objectivité avait été critiqué à l’époque. Les frictions entre le roman national blême et les découvertes archéologiques contemporaines sont bien connues des spécialistes et la réédition de 2014 a vocation à les mettre davantage en lumière, tout en profitant de la somme encyclopédique (et à ce jour unique au monde) des connaissances cumulées dans cet ouvrage.

Originaire de Pal ponantaise, Lucian Baboescu émigre en Antérinie à l’âge de 17 ans où il fait ses études et dont il demande la naturalisation, renonçant de fait à sa nationalité polk. Il revient toutefois régulièrement dans sa région natale où il possède une résidence. Historien et archéologue, il est l’un des rares spécialistes mondiaux à avoir accès aux archives et lieux de fouilles dans la région de Pal ponantaise en raison de son ascendance. Récompensé par plusieurs prix pour ses travaux à l’international, sa voix est considérée comme l’une des plus nuancée sur l’épineuse question de l’histoire de Blême. Il parvient en effet à conjuguer l’objectivité scientifique avec le débat encore brûlant autour de l’émancipation et des revendications à l’auto-détermination des peuples de Blême. Ses positions politiques discrètes lui valent toutefois d’être menacé de mort par le Grand-Duché de Transblêmie. En 2011 il échappe de peu à une attaque commanditée par le régime du Grand-Duc. En proie à une forte détresse psychologique, la police découvre que des agents transblêmes transformaient subtilement l’intérieur de son domicile pendant son absence pour le pousser à la folie. Les deux agents se donnent la mort avant de pouvoir être arrêtés par les autorités Antériniennes. Lucian Baboescu et sa famille sont depuis sous protection policière.

Préface

par Lucian Baboescu



« De tous les peuples du monde, les Blêmes sont les plus malheureux. » ainsi débutait l’anthologie illustrée de l’historien et poète Bruno de Saint-Christophe à propos des populations originaires de la Pal et des terres de Blême, au sud-est de l’Eurysie. Publiée en 1915, la citation n’a pas pris une ride. Encore aujourd’hui et par bien des aspects, les Blêmes nous apparaissent comme un peuple maltraité par l’histoire, écartelés entre les nations qui tour à tour les envahirent et les dominèrent, mais également déchirés entre eux. Dans une ironie particulièrement tragique, les rares tentatives du peuple Blême pour s’émanciper de ses oppresseurs se soldèrent soit par des échecs, soit participèrent à créer l’un de Etats les plus cauchemardesque et revanchard du monde : la Transblêmie. Faut-il en conclure que les Blêmes n’étaient pas destinés à exister en peuple libre et souverain sur leurs terres ? Loin de se laisser écraser, le nationalisme blême existe encore, plus vivace que jamais. De la Polkême à la Translavya en passant par le joug du Grand-Duc, l’espoir continue à vivre pour le peuple de Blême, puissant et mobilisateur. Le temps nous dira si ce début de XXIème siècle marquera un tournant pour les fils et les filles de Blême, ou si le rêve d’une grande nation sur les deux rivages de la mer se verra définitivement enterrée par l’histoire.

En tant qu'historiens, il ne nous appartient ni de juger ni de prendre parti. Nous devons au contraire nous attacher aux faits et tenter d'y rester fidèle, de les présenter dans toute leur sincérité tout en leur donnant une forme intelligible pour nos pairs et, dans une moindre mesure, pour le grand public. L'histoire comme toute science est une mise en forme de données, traitées et analysées selon un certain angle et une certaine méthode. De fait, tout en nous en tenant à ces données, nous ne pouvons prétendre à l'objectivité car les faits bruts ne disent rien. Ils ne sont compréhensibles que dans l’œil de celui qui, à force de travail, les interprète et les synthétise. Voilà notre tâche, ni plus ni moins. Elle est hautement critiquable, à condition que ceux qui nous critiquent fassent preuve de la même rigueur de transparence méthodologique que nous. Ceux qui, par la violence ou l'intimidation, par le mensonge ou l'occultation des faits, que ce soit pour des raisons justifiées ou non, trahissent ces conditions nécessaires au débat scientifique, ceux-là ne peuvent prétendre nous apporter une critique de même valeur que les travaux que nous soumettons à présent à votre jugement.

Comme nous l'avons écrit, l'histoire du peuple Blême est complexe, non seulement par ces ramifications et la difficulté d'accéder aux données, mais surtout parce qu'elle mobilise de légitimes émotions et intervient dans un débat politique à ce jour non résolu. Pour toutes ces raisons, le travail de l'historien se doit d'être nuancé et rigoureux. Non pas pour prétendre trancher des questions qui n'appartiennent qu'à la société des hommes, mais justement pour rendre justice à cette complexité qui fait la beauté et la grandeur de notre histoire commune.


Atlas de la répartition des peuples Blêmes en Eurysie de l'est



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Le brun de blême indique la répartition des populations blêmiennes en Eurysie de l'est.


Les peuples (de) Blême, nom qu'ils héritent des côtes de la mer où ils se répartissent, s'étendent historiquement sur la région de Pal, aujourd'hui divisée en trois : la Pal ponantaise (partie sud du territoire de Polkême), la Pal levantaise et la Pal translavique (partie ouest du territoire de la République translavique). En 2014, les Blêmes constituent donc tendanciellement des populations minoritaires appartenant à des entités nationales de cultures différentes de la leur.

Cette répartition est le fruit d'une série de conquêtes et de troubles survenus tout au long du Moyen-Âge, la région de Pal ayant été tour à tour occupée par la Rême, par les khanats tatares gouvernants les territoires de l'actuelle Translavya, et par la Polkême qui occupe la Pal ponantaise à partir du XIème siècle. Bien qu'ils partagent de nombreux éléments de culture commune, dont leur langue, les peuples de Blême se distinguent toutefois progressivement au cour de l'histoire en raison de leur fractionnement territorial. Ainsi l'ouest de l'actuelle Pal ponantaise se caractérise par des éléments de culture hellénique hérités de l'Empire de Rême, le nord est quant à lui marqué par les influences slaves de la Polkême. Les populations de la Pal translavique sont en revanche plus proches de la culture translave.

Il est important de noter que si le présent atlas rend compte de la répartition contemporaine des populations de Bême, celles-ci se sont davantage étendues sur la côte à divers moment de leur histoire. La rétractation des Blêmiens sur les seuls territoires de la Pal s'explique par plusieurs facteurs dont les nombreux déplacements de populations engendrés par les hordes tatares venues de l'est, les incursions des différents khanats nazuméens traversant le détroit ayant été l'une des causes majeures de migrations jusqu'au XVIIème siècle et la généralisation des armes à feu et des armées régulières. Plus contemporaines, la naissances du nationalisme dans les différents pays de la région a participé à l'invention de frontières culturelles qui se sont progressivement stabilisées jusqu'à devenir administratives.

On trouve également des populations blêmiennes en Transblêmie, le Grand-Duché étant né de l'exil d'une partie du peuple Blême au XIVème siècle. Ces peuples traversent la mer et s'installent dans les régions montagneuses du nord-Nazum où ils s'unissent aux populations autochtones et se placent sous la protection des Xin de l'Empire Hushong.


Les origines préhistoriques du peuplement blêmien



Les apports ethniques et culturels des migrations antiques à l'intérieur de l'ancienne région dite "de Blême" (ou littoral blêmien) se sont superposées de faon complexe, ce qui rend difficile la reconstruction de leur histoire. Si la préhistoire géokratienne est notoirement complexe à retracer, en raison notamment du manque de coopération des États et de l'absence d'harmonisation internationale des travaux en archéologie, elle est rendue d'autant plus obscure au niveau de la mer Blême du nord en raison du caractère nomade des populations qui y transitèrent. En l'absence de véritable obstacle naturel, les peuples de la région ont beaucoup migré dans un sens comme dans l'autre, au gré des rivalités territoriales, sans qu'il soit aisé de reconstituer une chronologie précise.

On parlera dès lors de groupes ethniques correspondant à des ères historiques davantage que de véritable civilisation ou proto-Etat constitués. Les peuples blêmiens désignent indistinctement tous les peuples ayant occupé et s'étant métissé sur le littoral pendant la période préhistorique et antique. Ces deux périodes s'étendant sur plusieurs millénaires, ces peuples sont aujourd'hui indistincts d'un point de vue génétique. Leur étalement sur un territoire de plus de 2 000 kilomètres de long a en revanche conduit à l'apparition de cultures distinctes mais sans distinction biologique. Les peuples de Blême, au pluriel, désigne donc à la sortie de la préhistoire un grand nombre d'ethnies partageant un même substrat génétique en raison de leur mélange continu sur plusieurs milliers d'années.

En ce qui concerne la côte blêmienne, on distingue trois grandes étapes de peuplement :

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  • 20 000 av. JC : Poussés par des mongoloïdes qui les obligent à fuir de l'autre côté du détroit, des tribus steppiques ou nazuméens septentrionaux s'avancent dans la steppe. C'est l'époque des archers et des traineaux de chiens.

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  • 10 000 av. JC : Arrivée dans la région, en plusieurs vagues successives, de populations "traversières" en provenance de la langue de Rême et de l'Afarée du nord.

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  • 5 000 av. JC : La région de blême est massivement investie par plusieurs peuples slaves descendant du nord, sans doute poussés par les invasions scandinaves et la constitution des proto-nations sur le littoral de l'océan du nord.

Il est à rappeler que si ces trois périodes constituent des étapes de peuplement, ce ne sont pas les premières populations à transiter par la steppe. Le littoral sud de la mer Blême est en effet un lieu de passage des premiers êtres humains ayant quitté l'Afarée pour se propager vers le Nazum, à une époque où le détroit n'existait pas encore. Il est probable que la steppe étant à l'époque particulièrement froide et peu fertile, ces premiers êtres humains aient préféré continuer vers l'est plutôt que de s'y installer. Le littoral de la mer Blême n'a donc constitué une ère de peuplement que tardivement dans l'histoire par rapport à d'autres régions davantage hospitalières.

On constate sur ces cartes que la région de la Pal a été le point de rencontre des trois vagues de migration blême, constituant de fait le foyer historique de ce peuple qui s'est ensuite progressivement diffusé tout autour jusqu'aux portes de l'actuel détroit à l'est et dans les grandes plaines de Polkême au nord.

L'antiquité blême (~2 000 av. JC à 130 ap. JC)



L'Antiquité est marquée par la fin de l'expansion des peuples blêmiens qui se trouvent confrontés à l'arrivée de nombreuses nouvelles populations dans la région. Du nord et de l'est viennent plusieurs tribus nomades d'Eurysie et du Nazum, en partie poussés par le déplacement de population mongholoïdes remontant le détroit ; et par l'arrivée des population proto-polk à l'ouest. Du nord descendent également des envahisseurs slaves qui affrontent les populations mongholoïdes nazuméennes pour le contrôle de la région. En l'absence de frontières et d'Etat constitués, ces peuples et tribus se partagent le territoire et fusionnent entre-elles à mesure qu'ils nouent des alliances de circonstances dont il est encore aujourd'hui malaisé de retracer les étapes.

Au sud, l'Empire rêmien se constitue en tant que puissance hégémonique sur le pourtour leucytaléen et étend progressivement son influence dans la steppe où il installe des comptoirs commerciaux. La ville de Levantium (actuelle Port Ponant) est fondée par des marchands rêmiens et devient un avant-poste impérial dans la région. Ce sont eux qui désignent pour la première fois les peuples occidentaux de la steppe blêmienne sous le nom de Pal "pallidus" : "qui habitent le long de la mer Blême".

Les conquêtes proto-polk et proto-slave réduisent massivement le territoire de vie des peuples blêmiens. Envahis de tous les côtés, plusieurs d'entre-eux s'établissent définitivement dans la région de la Pal où ils s'unissent pour résister aux envahisseurs. C'est alors la première fois que les peuples Blêmiens se reconnaissent comme une seule ethnie partageant une même culture. Cette alliance de tribus ne suffit cependant pas à repousser les envahisseurs et les populations les plus occidentales font alors le choix de se placer sous protection de l'Empire de Rême. Celles restées davantage à l'est se mêlent aux envahisseurs slaves et mongholoïdes pour lesquels elles deviennent des minorités bergères. Les Blêmes du détroit finiront par se mélanger aux slavo-nomades jusqu'à en devenir indistincts, adoptant leurs modes de vie à cheval qui se diffusera alors progressivement vers l'ouest. Sur l'actuel territoire de la Pal, tributaire de l'Empire rêmien, la mixité se fait moins, les impériaux jugeant peu intéressant de s'installer dans les steppes et préférant y établir des comptoirs et des garnisons sur les côtes. L'arrière pays est alors peu défendu et en proie à des raids des peuples slavo-nomades puis mongholoïdes, auxquels les Blêmes finiront par répondre en se spécialisant eux aussi dans l'élevage de chevaux et en bâtissant des mottes fortifiées un peu partout sur leur territoire.

C'est le mélange de ces deux traditions guerrières : hordes nomades et féodalisme impérial qui produit le style de combat atypique des Blêmes, à la fois cavaliers raideurs et bâtisseurs de forteresses.


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Haut Moyen-Âge ou Blême tatare (130 ap. JC à 1097 ap. JC)



Au sortir de l'Antiquité, l'Empire rêmien est affaibli par des divisions internes et doit concentrer ses forces sur les fronts sud et ouest. C'est à ce moment qu'une nouvelle invasion d'une horde mongholoïde passe le détroit et repousse un certain nombre de peuples vivant sur les côtes de l'actuel Drovolski. Forcés à l'exode, ces peuples cavaliers s'installent où cela leur est possible et finissent par revendiquer la steppe : ce sont les tribus tatares. L’appellation "tatare" n'est pas un endogame et servira à désigner plus tard indistinctement tous les peuples cavaliers de phénotype nazuméens installés dans l'est de l'Eurysie. Ces peuples progressent rapidement, conquérant les populations déjà présentes sur la côte de Blême mais finissent par se heurter aux Rêmiens et aux Polks, au niveau de la Pal.

L'Empire Rêmien n'a cependant pas les moyens militaires de repousser ces cavaliers dont certaines innovations stratégiques permettent de mettre en déroute les légions impériales. Obligées de battre en retraite, elles abandonnent la steppe, jugée indéfendable. Levantium est laissé aux hordes et les troupes de Rême se retranchent plus au sud afin de fortifier l'entrée de la langue et protéger le cœur de l'Empire. Au nord, ce sont les montagnes polk, peu praticables pour les cavaliers, qui permettent de repousser les tatares. Les guerriers polk jouent des forêts et des hauteurs pour prendre l'avantage sur les hordes, notamment grâce à leurs archers. Les tatares renoncent à progresser davantage vers l'ouest et s'installent dans la région de la Pal. C'est à ce moment que cette dernière hérite de sa division en deux : la Pal ponantaise (région la plus à l'ouest des conquêtes tatares qui marque la frontière fortifée avec l'Empire de Rême et avec les populations polk) et la Pal levantaise (à l'est et habitée par les Blêmiens, mais d'un moindre enjeux stratégique). Reconstruite, la cité de Levantium est renommée Port Ponant et sert alors de porte pour le commerce entre les marchands Rêmiens et les peuples tatares.

Sous domination tatare, la Pal trouve paradoxalement une forme de stabilité. La domination tataro-mongole s'ancre dans la région et offre un cadre institutionnel pour les populations vivant sous son joug. Les Nazuméens n'étant pas des assimilateurs, ils se contentent de prélever des tribus en or et en hommes dans les régions conquises et de leur imposer leurs lois, mais laisse une relative autonomie aux Blême pour se gouverner. La force des cavaliers (et la relative aridité de la steppe) dissuade les invasions de la Pal qui n'a à souffrir que d'occasionnelles incursions de ses voisins Polk et Brann, toujours rapidement repoussés. Les principales menaces pour les tatares viennent du nord et des populations slaves qui fondent régulièrement sur la côte blêmienne. L'emplacement de la Pal la protège cependant du gros des invasions, Rême fait bouchon au sud et les peuples Brann au nord ainsi que les montagnes polk participent à former un glacis protecteur face aux hordes et tribus slaves puis scandinaves qui descendent les fleuves pour piller l'Eurysie de l'est.

La région prospère culturellement et économiquement pendant tout le moyen-âge. Elle développe son particularisme tout en empruntant aux nomades des éléments culturels et religieux. La présence de soldats à la frontière assure l'arrivée de caravanes venues de l'est et la proximité avec l'Empire rêmien attire de nombreux marchands à Port Ponant qui se développe. Les révoltes, occasionnelles, contre les tatares sont rares, toujours matées, mais jamais assez ambitieuses pour que les mongols jugent nécessaire d'écraser les populations. Ce compromis permet l'essor d'une culture blêmienne partagée entre plusieurs pôles : rêmiens au sud, tatare à l'est et slave au nord et à l'ouest. Elle s'enrichit de légendes, mythes et folklores. La multiculturalité de l'Empire tatare autorise également l'arrivée de prêtres orthodoxes rêmiens qui s'imposent sur le tangrisme et l'animisme blême et diffusent progressivement la foi chrétienne dans toute la région.


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Influence musulmane en Blême tatare (790 ap. JC à 1097 ap. JC)



L'essor des puissants califats, empires et royaumes musulmans en Afarée rebat progressivement l'équilibre économique et militaire de la région à la fin du Haut Moyen-Âge. De plus en plus affaibli, l'Empire rêmien ne cesse de voir son territoire grignoté et fait appel à des mercenaires des régions voisines, dont celles du pourtout de la mer blême, afin de venir renforcer ses légions. C'est à cette époque que la Pal achève sa militarisation et s'intègre de plus en plus aux hordes tatares en tant que fantassins principalement. Les Blêmes développent une culture militaire à cheval entre la cavalerie légère équipés d'arcs courts et la disciplines des carrés rêmiens qui se battent à l'aide de boucliers et de lances. Le terme Pal devient d'ailleurs synonyme de "lance" ou "lancier" dans les langues tatares à ce moment.

Au-delà de cette bascule géopolitique que représente l'affaiblissement de Rême, la montée en puissance des empires musulmans au sud offre de nouvelles opportunités commerciales. Bien que déjà présent sous les tatares, le commerce d'esclaves s'accentue. Les califats sont très demandeurs et les Pals sont un bien particulièrement convoités. Les royaumes tatares y voyant matière à s'enrichir, le peuple Pal est donc doublement mis à contribution : à la fois comme soldats dans l'armée et mercenaires, et comme esclaves vendus aux afaréens du sud. Cette double oppression, qui va de paire avec la militarisation des Blêmes, participe à l'apparition progressive d'un mouvement de fond où d’anciens officiers militaires et chefs de tribus gagnent en puissance et fédèrent autour de leur personne des populations désireuses de retrouver leur indépendance. Si la domination tatare n'avait jusque là été que peu contestée puisqu'elle apportait une certaine prospérité économique tout en protégeant la Pal de ses puissants voisins eurysiens, les Blêmes commencent à envisager autrement leur destin.

Les trois derniers siècles du Haut Moyen-Âge sont marqués entre autre par plusieurs jacqueries paysannes de grande ampleur et révoltes de petits seigneurs de guerre locaux désireux de se tailler des fiefs sur la Pal. Les mercenaires Blêmes au service de Rême constituent un vivier de vétérans endurcis qui s'opposent aux Blêmes ayant rejoins la horde. Les combats sont fratricides et peu fructueux, bien que des régions entières proclament parfois leur souveraineté avant d'être finalement matées. L'une des plus notables est sans aucun doute celle de la Marche de Gurapest (qui donnera beaucoup plus tard son titre au Marquisat), un territoire autonome pendant douze ans s'étendant dans la région de l'actuelle Gurapest, le long de la frontière avec la Brann et qui posséda à certains moments une bande de terre la reliant au golfe de Blême. Plus longue expérience de royaume blême indépendant, elle finira prise en étaux entre les raides Polk au nord et la horde tatare qui s'emparera et incendiera Gurapest pour réaffirmer son autorité sur la Pal.

Les échanges avec les califats afaréens ne sont cependant pas qu'unilatéraux. Les marchands musulmans installent des comptoirs commerciaux pour faciliter la traite des esclaves mais amènent également avec eux des savoirs perdus en Eurysie, des technologies nouvelles et un artisanat inconnu dans la région. Les lentilles de verre, l'alchimie et la médecine, ainsi que certains préceptes philosophiques et religieux coraniques se diffusent dans la steppe depuis Port Ponant qui sert une fois de plus de porte d'entrée dans la Pal. On trouve encore aujourd'hui dans la région des éléments artistiques et architecturaux d'inspirations musulmanes et est-afaréennes, mis à jour lors de fouilles archéologiques, mais également visibles dans les méthodes de construction de certains bâtiments anciens. L'Islam est cependant rapidement perçu d'un très mauvais œil par le Métropolite de Gurapest qui réclame aux tatares de pouvoir prendre des mesures afin de contrer son influence. Les musulmans, bienvenus en raison de leurs richesses, se retrouvent cantonnés au statut de marchands et l'installation de populations afaréennes en Pal demeure anecdotique.


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La traite des Blêmes, vision d'artiste

Seconde invasion turco-mongole de la Pal (1097 ap. JC à 1124 ap. JC)


Conquêtes polk et partition de la Pal (1124 ap. JC à 1170 ap. JC)



A partir des années 1 100, les Polk et leurs alliés de la Brann se lancent dans une série d'escarmouches contre l'Empire tatare, par ailleurs déjà très affaibli suite à des invasions slaves venues du nord et des guerres intestines pour la succession. Ne rencontrant que peu de résistance face à cet ennemi séculaire, les cavaliers polk progressent dans la steppe et s'emparent de Gurapest, de Draculvoda puis de Port-Palid en 1122. En 1123, ils essuient toutefois plusieurs revers face aux soldats Blêmes inféodés aux tatares et signent finalement un traité de paix à Volvoda en 1124, actant la partition de la région de la Pal en deux : une partie polk à l'ouest nommée Pal levantaise et une partie tatare à l'est nommée Pal levantaise.

Les combats reprendront toutefois dès l'été 1125 mais avec une moindre intensité. La noblesse polk fait face à des difficultés pour dominer les territoires nouvellement conquis qui refusent le féodalisme, lui préférant une forme plus fédérale jusque là en vigueur à l'intérieur des royaumes tatares. De fait, les Polks ne parviennent pas à s'emparer de nouveaux territoires, grappillant et perdant tour à tour des morceaux de steppe, de toute façon bien difficiles à tenir très longtemps. Le terrain rend difficile la guerre de siège et donc la sécurisation des terres conquises, au contraire les armées sont particulièrement vulnérables aux raids de cavaliers et l'absence de terres agricoles fait qu'elles souffrent de l'attrition. Tout cela rend les combats couteux pour la Polkême qui, bien que plus puissante d'un point de vue numérique, doit faire face à un mouvement de fronde de la noblesse qui rechigne à s'engager davantage dans des guerres longues, risquées, et peu profitables économiquement.

Les combats cesseront progressivement jusqu'en 1170 où la prise d'une motte par les tatares, disputée depuis plus de douze ans, convainc les Polk de cesser leurs conquêtes et stabilise définitivement les frontières de l'actuelle Pal ponantaise.


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