12/11/2014
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Histoire et mésaventures du peuple Blême à travers les âges

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Note sur l'édition de 2014



La présente édition a été complétée d’une préface et des commentaires de Lucian Baboescu, chercheur d’origine Blêmienne et titulaire de la chaire d’histoire de l’université d’Antrania où il réside. Ce spécialiste de l’histoire des peuples de Blême apporte une vision nouvelle à la première édition de 1995 dont le manque d’objectivité avait été critiqué à l’époque. Les frictions entre le roman national blême et les découvertes archéologiques contemporaines sont bien connues des spécialistes et la réédition de 2014 a vocation à les mettre davantage en lumière, tout en profitant de la somme encyclopédique (et à ce jour unique au monde) des connaissances cumulées dans cet ouvrage.

Originaire de Pal ponantaise, Lucian Baboescu émigre en Antérinie à l’âge de 17 ans où il fait ses études et dont il demande la naturalisation, renonçant de fait à sa nationalité polk. Il revient toutefois régulièrement dans sa région natale où il possède une résidence. Historien et archéologue, il est l’un des rares spécialistes mondiaux à avoir accès aux archives et lieux de fouilles dans la région de Pal ponantaise en raison de son ascendance. Récompensé par plusieurs prix pour ses travaux à l’international, sa voix est considérée comme l’une des plus nuancée sur l’épineuse question de l’histoire de Blême. Il parvient en effet à conjuguer l’objectivité scientifique avec le débat encore brûlant autour de l’émancipation et des revendications à l’auto-détermination des peuples de Blême. Ses positions politiques discrètes lui valent toutefois d’être menacé de mort par le Grand-Duché de Transblêmie. En 2011 il échappe de peu à une attaque commanditée par le régime du Grand-Duc. En proie à une forte détresse psychologique, la police découvre que des agents transblêmes transformaient subtilement l’intérieur de son domicile pendant son absence pour le pousser à la folie. Les deux agents se donnent la mort avant de pouvoir être arrêtés par les autorités Antériniennes. Lucian Baboescu et sa famille sont depuis sous protection policière.

Préface

par Lucian Baboescu



« De tous les peuples du monde, les Blêmes sont les plus malheureux. » ainsi débutait l’anthologie illustrée de l’historien et poète Bruno de Saint-Christophe à propos des populations originaires de la Pal et des terres de Blême, au sud-est de l’Eurysie. Publiée en 1915, la citation n’a pas pris une ride. Encore aujourd’hui et par bien des aspects, les Blêmes nous apparaissent comme un peuple maltraité par l’histoire, écartelés entre les nations qui tour à tour les envahirent et les dominèrent, mais également déchirés entre eux. Dans une ironie particulièrement tragique, les rares tentatives du peuple Blême pour s’émanciper de ses oppresseurs se soldèrent soit par des échecs, soit participèrent à créer l’un de Etats les plus cauchemardesque et revanchard du monde : la Transblêmie. Faut-il en conclure que les Blêmes n’étaient pas destinés à exister en peuple libre et souverain sur leurs terres ? Loin de se laisser écraser, le nationalisme blême existe encore, plus vivace que jamais. De la Polkême à la Translavya en passant par le joug du Grand-Duc, l’espoir continue à vivre pour le peuple de Blême, puissant et mobilisateur. Le temps nous dira si ce début de XXIème siècle marquera un tournant pour les fils et les filles de Blême, ou si le rêve d’une grande nation sur les deux rivages de la mer se verra définitivement enterrée par l’histoire.

En tant qu'historiens, il ne nous appartient ni de juger ni de prendre parti. Nous devons au contraire nous attacher aux faits et tenter d'y rester fidèle, de les présenter dans toute leur sincérité tout en leur donnant une forme intelligible pour nos pairs et, dans une moindre mesure, pour le grand public. L'histoire comme toute science est une mise en forme de données, traitées et analysées selon un certain angle et une certaine méthode. De fait, tout en nous en tenant à ces données, nous ne pouvons prétendre à l'objectivité car les faits bruts ne disent rien. Ils ne sont compréhensibles que dans l’œil de celui qui, à force de travail, les interprète et les synthétise. Voilà notre tâche, ni plus ni moins. Elle est hautement critiquable, à condition que ceux qui nous critiquent fassent preuve de la même rigueur de transparence méthodologique que nous. Ceux qui, par la violence ou l'intimidation, par le mensonge ou l'occultation des faits, que ce soit pour des raisons justifiées ou non, trahissent ces conditions nécessaires au débat scientifique, ceux-là ne peuvent prétendre nous apporter une critique de même valeur que les travaux que nous soumettons à présent à votre jugement.

Comme nous l'avons écrit, l'histoire du peuple Blême est complexe, non seulement par ces ramifications et la difficulté d'accéder aux données, mais surtout parce qu'elle mobilise de légitimes émotions et intervient dans un débat politique à ce jour non résolu. Pour toutes ces raisons, le travail de l'historien se doit d'être nuancé et rigoureux. Non pas pour prétendre trancher des questions qui n'appartiennent qu'à la société des hommes, mais justement pour rendre justice à cette complexité qui fait la beauté et la grandeur de notre histoire commune.


Atlas de la répartition des peuples Blêmes en Eurysie de l'est



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Le brun de blême indique la répartition des populations blêmiennes en Eurysie de l'est.


Les peuples (de) Blême, nom qu'ils héritent des côtes de la mer où ils se répartissent, s'étendent historiquement sur la région de Pal, aujourd'hui divisée en trois : la Pal ponantaise (partie sud du territoire de Polkême), la Pal levantaise et la Pal translavique (partie ouest du territoire de la République translavique). En 2014, les Blêmes constituent donc tendanciellement des populations minoritaires appartenant à des entités nationales de cultures différentes de la leur.

Cette répartition est le fruit d'une série de conquêtes et de troubles survenus tout au long du Moyen-Âge, la région de Pal ayant été tour à tour occupée par la Rême, par les khanats tatares gouvernants les territoires de l'actuelle Translavya, et par la Polkême qui occupe la Pal ponantaise à partir du XIème siècle. Bien qu'ils partagent de nombreux éléments de culture commune, dont leur langue, les peuples de Blême se distinguent toutefois progressivement au cour de l'histoire en raison de leur fractionnement territorial. Ainsi l'ouest de l'actuelle Pal ponantaise se caractérise par des éléments de culture hellénique hérités de l'Empire de Rême, le nord est quant à lui marqué par les influences slaves de la Polkême. Les populations de la Pal translavique sont en revanche plus proches de la culture translave.

Il est important de noter que si le présent atlas rend compte de la répartition contemporaine des populations de Bême, celles-ci se sont davantage étendues sur la côte à divers moment de leur histoire. La rétractation des Blêmiens sur les seuls territoires de la Pal s'explique par plusieurs facteurs dont les nombreux déplacements de populations engendrés par les hordes tatares venues de l'est, les incursions des différents khanats nazuméens traversant le détroit ayant été l'une des causes majeures de migrations jusqu'au XVIIème siècle et la généralisation des armes à feu et des armées régulières. Plus contemporaines, la naissances du nationalisme dans les différents pays de la région a participé à l'invention de frontières culturelles qui se sont progressivement stabilisées jusqu'à devenir administratives.

On trouve également des populations blêmiennes en Transblêmie, le Grand-Duché étant né de l'exil d'une partie du peuple Blême au XIVème siècle. Ces peuples traversent la mer et s'installent dans les régions montagneuses du nord-Nazum où ils s'unissent aux populations autochtones et se placent sous la protection des Xin de l'Empire Hushong.


Les origines préhistoriques du peuplement blêmien



Les apports ethniques et culturels des migrations antiques à l'intérieur de l'ancienne région dite "de Blême" (ou littoral blêmien) se sont superposées de faon complexe, ce qui rend difficile la reconstruction de leur histoire. Si la préhistoire géokratienne est notoirement complexe à retracer, en raison notamment du manque de coopération des États et de l'absence d'harmonisation internationale des travaux en archéologie, elle est rendue d'autant plus obscure au niveau de la mer Blême du nord en raison du caractère nomade des populations qui y transitèrent. En l'absence de véritable obstacle naturel, les peuples de la région ont beaucoup migré dans un sens comme dans l'autre, au gré des rivalités territoriales, sans qu'il soit aisé de reconstituer une chronologie précise.

On parlera dès lors de groupes ethniques correspondant à des ères historiques davantage que de véritable civilisation ou proto-Etat constitués. Les peuples blêmiens désignent indistinctement tous les peuples ayant occupé et s'étant métissé sur le littoral pendant la période préhistorique et antique. Ces deux périodes s'étendant sur plusieurs millénaires, ces peuples sont aujourd'hui indistincts d'un point de vue génétique. Leur étalement sur un territoire de plus de 2 000 kilomètres de long a en revanche conduit à l'apparition de cultures distinctes mais sans distinction biologique. Les peuples de Blême, au pluriel, désigne donc à la sortie de la préhistoire un grand nombre d'ethnies partageant un même substrat génétique en raison de leur mélange continu sur plusieurs milliers d'années.

En ce qui concerne la côte blêmienne, on distingue trois grandes étapes de peuplement :

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  • 20 000 av. JC : Poussés par des mongoloïdes qui les obligent à fuir de l'autre côté du détroit, des tribus steppiques ou nazuméens septentrionaux s'avancent dans la steppe. C'est l'époque des archers et des traineaux de chiens.

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  • 10 000 av. JC : Arrivée dans la région, en plusieurs vagues successives, de populations "traversières" en provenance de la langue de Rême et de l'Afarée du nord.

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  • 5 000 av. JC : La région de blême est massivement investie par plusieurs peuples slaves descendant du nord, sans doute poussés par les invasions scandinaves et la constitution des proto-nations sur le littoral de l'océan du nord.

Il est à rappeler que si ces trois périodes constituent des étapes de peuplement, ce ne sont pas les premières populations à transiter par la steppe. Le littoral sud de la mer Blême est en effet un lieu de passage des premiers êtres humains ayant quitté l'Afarée pour se propager vers le Nazum, à une époque où le détroit n'existait pas encore. Il est probable que la steppe étant à l'époque particulièrement froide et peu fertile, ces premiers êtres humains aient préféré continuer vers l'est plutôt que de s'y installer. Le littoral de la mer Blême n'a donc constitué une ère de peuplement que tardivement dans l'histoire par rapport à d'autres régions davantage hospitalières.

On constate sur ces cartes que la région de la Pal a été le point de rencontre des trois vagues de migration blême, constituant de fait le foyer historique de ce peuple qui s'est ensuite progressivement diffusé tout autour jusqu'aux portes de l'actuel détroit à l'est et dans les grandes plaines de Polkême au nord.

L'antiquité blême (~2 000 av. JC à 130 ap. JC)



L'Antiquité est marquée par la fin de l'expansion des peuples blêmiens qui se trouvent confrontés à l'arrivée de nombreuses nouvelles populations dans la région. Du nord et de l'est viennent plusieurs tribus nomades d'Eurysie et du Nazum, en partie poussés par le déplacement de population mongholoïdes remontant le détroit ; et par l'arrivée des population proto-polk à l'ouest. Du nord descendent également des envahisseurs slaves qui affrontent les populations mongholoïdes nazuméennes pour le contrôle de la région. En l'absence de frontières et d'Etat constitués, ces peuples et tribus se partagent le territoire et fusionnent entre-elles à mesure qu'ils nouent des alliances de circonstances dont il est encore aujourd'hui malaisé de retracer les étapes.

Au sud, l'Empire rêmien se constitue en tant que puissance hégémonique sur le pourtour leucytaléen et étend progressivement son influence dans la steppe où il installe des comptoirs commerciaux. La ville de Levantium (actuelle Port Ponant) est fondée par des marchands rêmiens et devient un avant-poste impérial dans la région. Ce sont eux qui désignent pour la première fois les peuples occidentaux de la steppe blêmienne sous le nom de Pal "pallidus" : "qui habitent le long de la mer Blême".

Les conquêtes proto-polk et proto-slave réduisent massivement le territoire de vie des peuples blêmiens. Envahis de tous les côtés, plusieurs d'entre-eux s'établissent définitivement dans la région de la Pal où ils s'unissent pour résister aux envahisseurs. C'est alors la première fois que les peuples Blêmiens se reconnaissent comme une seule ethnie partageant une même culture. Cette alliance de tribus ne suffit cependant pas à repousser les envahisseurs et les populations les plus occidentales font alors le choix de se placer sous protection de l'Empire de Rême. Celles restées davantage à l'est se mêlent aux envahisseurs slaves et mongholoïdes pour lesquels elles deviennent des minorités bergères. Les Blêmes du détroit finiront par se mélanger aux slavo-nomades jusqu'à en devenir indistincts, adoptant leurs modes de vie à cheval qui se diffusera alors progressivement vers l'ouest. Sur l'actuel territoire de la Pal, tributaire de l'Empire rêmien, la mixité se fait moins, les impériaux jugeant peu intéressant de s'installer dans les steppes et préférant y établir des comptoirs et des garnisons sur les côtes. L'arrière pays est alors peu défendu et en proie à des raids des peuples slavo-nomades puis mongholoïdes, auxquels les Blêmes finiront par répondre en se spécialisant eux aussi dans l'élevage de chevaux et en bâtissant des mottes fortifiées un peu partout sur leur territoire.

C'est le mélange de ces deux traditions guerrières : hordes nomades et féodalisme impérial qui produit le style de combat atypique des Blêmes, à la fois cavaliers raideurs et bâtisseurs de forteresses.


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Haut Moyen-Âge ou Blême tatare (130 ap. JC à 1024 ap. JC)



Au sortir de l'Antiquité, l'Empire rêmien est affaibli par des divisions internes et doit concentrer ses forces sur les fronts sud et ouest. C'est à ce moment qu'une nouvelle invasion d'une horde mongholoïde passe le détroit et revendique la steppe : les tribus tatares. L’appellation "tatare" n'est pas un endogame et servira à désigner plus tard indistinctement tous les peuples cavaliers de phénotype nazuméens installés dans l'est de l'Eurysie. Ces peuples progressent rapidement, conquérant les populations déjà présentes dans la steppe mais se heurtent aux rêmiens et aux polks au niveau de la Pal.

L'Empire n'a toutefois pas les moyens de repousser ces cavaliers dont la stratégie militaire permet de vaincre les légions impériales. Obligées de se retrancher, elles abandonnent la steppe, jugée indéfendable. Levantium est laissé à la horde et les troupes de Rême se retranchent plus au sud afin de fortifier l'entrée de la langue et protéger le cœur de l'Empire. Au nord, ce sont les montagnes polk, peu praticables pour les cavaliers, qui permettent de repousser les tatares. Les guerriers polk jouent des forêts et des hauteurs pour prendre l'avantage sur les hordes, notamment grâce à leurs archers. Les tatares renoncent à progresser davantage vers l'ouest et s'installent dans la région de la Pal. C'est à ce moment que cette dernière hérite de sa division en deux : la Pal ponantaise (région la plus à l'ouest des conquêtes tatares qui marque la frontière fortifée avec l'Empire de Rême et avec les populations polk) et la Pal levantaise (à l'est et habitée par les Blêmiens, mais d'un moindre enjeux stratégique). Reconstruite, la cité de Levantium est renommée Port Ponant et sert alors de porte pour le commerce entre les marchands Rêmiens et les peuples tatares.

Sous domination tatare, la Pal prospère culturellement et économiquement. La présence de soldats à la frontière assure l'arrivée de caravanes venues de l'est et la proximité de l'Empire rêmien attire de nombreux marchands à Port Ponant. Les tatares ne partageant pas la vision civilisatrice des Rêmiens, le particularisme culturel blêmien est respecté tant que les impôts sont payés et que le peuple ne se révolte pas. Ce compromis permet l'essor d'une culture blêmienne partagée qui s'enrichit de légendes, mythes et folklores. La multiculturalité des territoires tatares autorise également l'arrivée de prêtres rêmiens qui diffusent progressivement la foi chrétienne orthodoxe dans la région.


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Conquêtes polk et partition de la Pal (1024 ap. JC à 1070 ap. JC)



A partir des années 1 000, les Polk et leurs alliés de la Brann se lancent dans une série d'escarmouches contre les populations tatares par ailleurs déjà très affaiblis suite à des invasions slaves venues du nord. Ne rencontrant que peu de résistance face à cet ennemi séculaire, les cavaliers polk progressent dans la steppe et s'emparent de Gurapest, de Draculvoda puis de Port-Palid en 1022. En 1023, ils essuient toutefois plusieurs revers face aux soldats Blêmes inféodés aux tatares et signent finalement un traité de paix à Volvoda en 1024, actant la partition de la région de la Pal en deux : une partie polk à l'ouest nommée Pal levantaise et une partie tatare à l'est nommée Pal levantaise.

Les combats reprendront toutefois dès l'été 1025 mais avec une moindre intensité. La noblesse polk fait face à des difficultés pour dominer les territoires nouvellement conquis qui refusent le féodalisme, lui préférant une forme plus fédérale jusque là en vigueur à l'intérieur des royaumes tatares. De fait, les Polks ne parviennent pas à s'emparer de nouveaux territoires, grappillant et perdant tour à tour des morceaux de steppe, de toute façon bien difficiles à tenir très longtemps. Le terrain rend difficile la guerre de siège et donc la sécurisation de terres, au contraire les armées sont particulièrement vulnérables aux raids de cavaliers et l'absence de terres agricoles fait qu'elles souffrent de l'attrition. Tout cela rend les combats couteux et les Polks, bien que plus puissants d'un point de vue numérique, doivent faire avec des frondes de la noblesse qui rechigne à s'engager davantage dans des guerres longues, risquées, et peu profitables économiquement.

Les combats cesseront progressivement jusqu'en 1070 où la prise d'une motte par les tatares, disputée depuis plus de douze ans, convainc les Polk de cesser leurs conquêtes et stabilise définitivement les frontières de l'actuelle Pal ponantaise.


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