Commissariat au développement de la société socialiste

Introduction et conditions d’accès au logement
Mes camarades,
Je vous fais joindre ce jour cette note consacrée au déploiement de notre politique de logement. En effet, dans la situation actuelle où les destructions et l’inaptitude de l’ancien régime ont privé un grand nombre de nos citoyens d’un habitat décent, je pense qu’un tel investissement à prévoir doit se focaliser sur des solutions à la fois dignes de nos camarades en difficulté, tout en représentant un coût assez bas pour nous permettre de subvenir aux besoins de chacun.
Ainsi l’a énoncé notre constitution, le logement n’est pas une récompense mais un droit auquel chacun doit avoir accès. Il faut sortir de la perspective qu’il s’agit d’un bien marchand à vendre ou à acheter à volonté, surtout dans un tel contexte où l’accaparement du parc immobilier par quelques-uns représente un risque certain de voir émerger des profiteurs de misère. Une fois écarté l’injustice systémique dûe à l’argent, nous devons recentrer nos critères d’accès à la propriété, et les fonder non pas sur ce que les citoyens peuvent se permettre d’investir, mais sur le degré de nécessité dans laquelle ils se trouvent, ainsi que parce que nous considérons comme des clauses « méritoires ».
Ainsi, parmi ces dernières, nous pouvons déjà considérer comme prioritaires les cas suivants relevant du mérite :
- Les anciens résistants et dissidents avérés au régime scientiste doivent constituer la priorité en matière de logement, car il n’est pas acceptable que de tels individus ne soient pas récompensés par notre Démocratie communiste. Nous devons également éliminer pour ces derniers le critère de
l’appartenance, ou non, au Parti eurycommuniste translave. Nous estimons qu’il n’est nullement besoin de se justifier par une carte du parti, même si nous l’encourageons.
- Les individus particulièrement productifs par rapport aux quotas demandés dans leurs unités de production respectives doivent recevoir tous les égards dus à leurs personnes, et recevoir des logements de qualité. En effet, ils incarnent à bien des égards la vitrine de notre régime et il est normal, à mon sens, de récompenser ce qui se rapproche le plus de l’Homme socialiste tel que nous le concevons : un individu au fait de ses droits, mais déterminé à donner de sa personne afin participer à l’élévation du niveau de vie de l’ensemble de la communauté.
A la suite de ces cas particuliers, je préconise de garantir l’accès au logement à la condition du besoin comme dans les cas suivants :
- Le nombre de membres d’un foyer doit être déterminant dans la superficie qui doit être allouée à ce dernier. Nous considérons, dans les circonstances actuelles, qu’il ne peut être acceptable de consacrer moins de 6m² de logement par citoyen. Ainsi, dans l’éventualité d’un foyer de quatre personnes, par exemple, la surface minimale à laquelle devrait avoir droit un tel foyer serait de 24m². Si il y a des disponibilités et que nous pouvons nous le permettre, nous encourageons à distribuer un logement plus grand, car ce n’est là qu’une solution temporaire, et nous avons conscience que le chiffre que nous donnons est encore insuffisant afin de garantir une existante décente. Nous conseillons également d’avancer les familles dans les listes d’accès, de façon à ce que les familles nombreuses soient dotées le plus rapidement possible.
- L’état de santé et la vieillesse constituent également une clause dérogatoire impérieuse dans l’accès au logement de manière accéléré. Dans la société socialiste, il n’est pas acceptable à notre sens, de laisser les individus démunis et qui ne sont plus capables d’assurer leur propre subsistance, de ne pas recevoir le fruit d’une récompense. Ainsi, je préconise d’avancer également les foyers constituer de personnes âgées ou malades déclarées dans nos listes au même titre que les familles nombreuses.
En dehors de ces quatre cas, les autres citoyens seront inscrits dans les listes générales d’accès au logement. Il est à noter que la fonction publique d’état ne doit pas constituer un critère d’avancement dans les listes, sous peine de voir l‘émergence d’une petite élite privilégiée. Tout doit donc être fait dans le but d’éviter la création d’un système de corruption et de distribution parallèle de logements entre quelques-uns. Je préconise peines et amendes sévères dans de tels cas.
Conditions actuelles du parc immobilier en DCT planification des nouvelles constructions
Certes, expliciter des conditions claires d’accès au logement est une chose, avoir des logements en quantité suffisante en est une autre. Malheureusement, c’est actuellement loin d’être le cas. Là encore, l’investissement civil est à la peine : les habitations sont seulement en quantité insuffisante, mais ceux existants connaissent pour le tiers d’entre eux des problèmes de salubrité et d’isolation. La moitié d’entre eux est considérée comme impropre aux standards de vie d’Eurysie occidentale si on prend compte de la qualité du chauffage et de l’accès aux commodités rudimentaires que sont l’électricité, l’eau et un accès internet. De plus, une bonne partie des familles translaves vivent en réalité dans des foyers surpeuplés et qui ne correspondent pas aux conditions d’accès que nous avons fixé. A titre d’exemple, des commissaires du comité d’administrés local d’Anslav-est a rendu visite à une famille d’ouvriers du secteur ferroviaire. Au sein du foyer, l’accès à l’eau et à l’électricité était certes pourvu, mais il y avait là trois générations d’une même famille qui survivait dans un espace d’à peine 40m²…pour 9 membres d’une même famille. Ce type de situation est inacceptable et inexcusable en l’état. Mon propos rejoint ceux de mon camarade commissaire à l’Industrie sur ce sujet : il faut non seulement construire, mais également s’affairer à la dotation en équipements ménagers de bonne qualité à nos citoyens.
Je proposerais donc à mon camarade commissaire à l’Industrie à réclamer des investissements massifs en matière d’industrie du béton et du bâtiment, quitte à dans un premier temps faire appel à des ouvriers étrangers. Car les besoins en construction que je vais aborder avec vous exprimeront par leurs seuls chiffres l’urgence de la situation.
En effet, à l’heure où les lignes de ce rapport sont écrites, nous estimons que 42% de nos concitoyens ne rencontrent pas les critères exprimés par notre audit. Pire, 8% des translaves sont considérés comme sans domicile attitré. Nous avons plusieurs pistes afin de réduire le gouffre abyssal que représentent ces chiffres. En premier lieu, je recommanderai auprès de notre Commissaire provisoire à l’Industrie la nationalisation complète et temporaire du secteur du bâtiment, et la réunion des entités existantes sous l’appellation de Coopérative générale du bâti et de la reconstruction (CGBR). La prise de contrôle direct devrait permettre d’éviter les intermédiaires et la corruption qui peut inhérente à ce secteur. De plus, le bond temporaire de main d’œuvre nécessaire permettra de réduire le chômage endémique de la société translave d’après-guerre. Une telle mesure, nous la volons temporaire afin, une fois la crise logement passée, redonner le contrôle du secteur à des coopératives autogérées du bâtiment, qui feront vivre le secteur grâce à l’acquisition de savoir et d’équipement que durera la période de nationalisation, tout en représentant une charge financière moins importante pour la DCT.
Pour répondre à cette crise, une fois les modalités de la rémission établies, il faut nous renseigner sur la composition actuelle du parc immobilier, afin d’éviter la gabegie financière et économiser ce qui peut l’être au vu de notre situation budgétaire complexe. En premier lieu, le parc existant regorge de possibilités, mais bien entendu, il n’était pas de la priorité du régime de loger convenablement nos camarades citoyens. Dans les grands centres urbains, l’ancien régime a fait la part belle au bâti monumental et aux grands hôtels particuliers. Pour beaucoup logements d’anciens officiels du régime, voir relevant de la propriété de l’Etat scientiste lui-même. On suppose même que certains n’ont jamais vraiment servi pour autre chose que d’être une vitrine officielle du régime, et ceux-ci présentent actuellement un taux d’occupation de l’ordre de 37% à peine. Si certains au Comité Central y ont proposé d’y installer ministères et commissariats, je m’oppose fermement à ce projet. Premièrement, ce serait là un bien mauvais message à apporter à nos concitoyens que de réoccuper d’anciens locaux de l’administration scientiste, et les parallèles hasardeux pourraient être fait, autant par nos camarades qu’à l’international. En second lieu, nous avons là beaucoup trop de besoins impérieux pour nous adonner à ce genre de caprices de gouvernants. Il faut ensuite se rendre compte des potentialités en termes de superficie de ce parc immobilier. Transformer un hôtel particulier de dix étages en une résidence communale d’une vingtaine d’appartements constituerait un soulagement pour une population dans un besoin que je rappelle urgent. Nous avons estimé que nous pouvons dés aujourd’hui procéder à la transformation de 57 de ces anciens hôtels particuliers rien que dans la capitale d’Anslav. Et c’est sans compter les bâtiments officiels et ceux qui ont pu échapper à notre comptage officiel. L’expropriation d’anciens proches du régime au profit du peuple constitue une autre piste.
Ces logements formeraient ainsi la première catégorie de ce qui pourra être inscrit dans notre ambitieux programme : ce que j’ai appelé « les propriétés communes ».
Le sujet du bâti existant abordé, il convient de constater que celui-ci reste largement insuffisant afin de garantir à tous un accès au logement décent. Nos architectes ont d’ores et déjà proposé la solution très utilitariste de nos amis loduariens, à savoir l’imitation du système du logement collectif lorenzien, fondé sur la création de zones résidentielles à haute densité en zone périurbaine, le tout desservi par un réseau de transport particulièrement dense devant compenser l’absence notable d’automobiles au sein de beaucoup de familles translaves. Il a déjà été convenu d’un standard en termes de nombre d’étages et de superficie des appartements auprès de notre corps architecte, auquel participent notamment des ingénieurs venus de Loduarie. En zone rurale et petite localité urbaine peu densément peuplée, il est ainsi conseillé que la plupart des barres d’immeubles ne fassent pas plus de cinq étages, au risque de s’exposer à une sous-occupation des lieux. Dans les agglomérations à forte densité, des barres d’immeubles de douze étages sont envisageables. Non content d’être de simples logements de masse, ceux-ci sont, d’après nos confrères loduariens, particulièrement aisés de construction ne nécessitant pas de main d’œuvre hautement qualifiée, ce qui renforce notre conviction. En effet, le processus de construction, court qui plus est, peut se résumer à la construction d’une fondation devant accueillir une armature de béton, laquelle serait constituée d’une multitude de cellules préfabriquées, les unes placées à côté, au-dessus et en dessous des autres. Nos ingénieurs lui ont déjà donné le facétieux sobriquet de « Laurenzhaus », contraction facétieuse du nom du secrétaire général de la Loduarie. La construction de plusieurs centaines d’entre eux est déjà à l’étude, et si le Comité Central nous en donne les moyens, plusieurs centaines d’autres seront mis en route avec votre autorisation. Il faudra également faire la distinction entre les barres temporaires, qui ne sont là que pour pallier au manque provisoire de logements, et les logements définitifs. Nous sommes sur la bonne voie, camarades.
Très fraternellement,
Camarade Betar Shongu, Commissaire provisoire au développement de la société socialiste,
30 septembre 2014