11/05/2017
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Lembaran Negara est le média de presse principal de l'île, il s'agit d'un quotidien généraliste créé en 1992 par l'association de journaliste éponyme qui avait pour objectif de défendre les droits des journalistes après presque un siècle de manques graves à la liberté d'expression à Kinagi. Le journal est plébiscité pour son approche sérieuse du journalisme et son traitement neutre de l'information. Lembaran Negara est généralement le media utilisé par les journalistes étrangers pour se renseigner sur Kinagi. Si le journal appartient toujours à l'association qui l'a créé la plupart des finances du journal viennent de subventions publiques et de la publicité présente sur le journal et sur son site web, même si le journal cherche à la limiter le plus possible.

Polis 24 est un média multi plateformes (presse, site web, radio, info en continue) spécialisé dans l'actualité et l'analyse politique. Le média dispose d'une ligne éditoriale plutôt libérale même si la neutralité politique est globalement respecté et que tous les candidats disposent d'un temps de parole plus ou moins équivalent. Il est la propriété d'Ananias Bukit, le PDG du groupe agricole Kinagian Wheat et proche du GéDé.

Bulan Utara est le principal journal communautaire Vimalais, si il est diffusé dans tous le pays c'est bien le nord qui est sa zone implémentation principale. Il est à la fois publié en vimalais mais également en fujiwan, la diffusion en kinagien a été suspendue en opposition à la politique linguistique du gouvernement. Le journal défend une ligne de droite dure, particulièrement proche des idées de l'AM. Bulan Utara est l'outil principal de diffusion d'une forme de nostalgie et de défense du Régime des Vimalais, il n'est pas rare que d'anciens membres du Régime, incarcérés ou non, soient conviés dans le journal pour s'exprimer et défendre leurs actions passées. Des membres de l'AM y sont interviewé de façon régulières tandis qu'aucun membre du PBB n'a jamais pu s'y exprimer. Le journal est la possession de Kusuma Hung, un milliardaire vimalais d'extrême droite très proche de Lutansieto Kang. Si Bulan Utara a du mal à se faire une place chez les jeunes vimalais il est de loin le média le plus consommé chez les membres de la communauté de plus de 35 ans.

Kippin est un journal autochtone diffusé dans 12 langues aborigènes différentes, en plus du kinagien, et distribué à bas coût dans la quasi intégralité du territoire y compris les zones de jungles. Le journal est étroitement lié au PPB qui s'occupe de son impression et de sa distribution sans être son journal officiel, le mouvement communiste ayant déjà son propre organe de presse interne. Le but de Kippin est d'être un périodique hebdomadaire fait par et pour les aborigènes, ainsi le journal se retrouve souvent à être le relai des revendications politiques et sociales des peuples autochtones notamment en terme de redistribution des terres et de réparations, d'où la proximité avec le PPB qui a très vite saisie l'occasion de s'y rapprocher. Au delà de ce coté revendicatif Kippin est également connu pour être un outil de propagation de la culture et des arts aborigènes, des poèmes et des nouvelles écrits par des auteurs autochtones y sont présentés dans leurs langues originales. Le journal est devenu un élément de pop culture assez reconnu grâce à ses pages colorés et ses couvertures particulièrement vivantes.
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Bulan Utara

Edition du 07/10/2014

Ongko Gang : «L'Alyansang Makabayan doit incarner une nouvelle dynamique»



Alors que les partis politiques commencent à mobiliser leurs adhérents en vu des élections législatives de mars prochain, du coté de l'Alyansang Makabayan on se demande quel figure du parti doit être la tête de liste du mouvement. Pour certaines voix internes c'est la nouvelle étoile montante Ongko Gang, 32 ans, qui doit être intronisé comme membre clé du parti, à la place d'un Lutansieto Kang qui aurait fait son temps. Nous avons rencontré le principal concerné dans sa ville natale de Sugong pour en discuter.

Il y a certainement peu, dans ce monde, de jeune chargé de communication sortis d'université il y a moins de 5 ans, qui ont une importance politique aussi large que celle de Onkgo Cang. Celui qui a étudié les sciences politiques et la communication au Fujiwa pendant plusieurs années est devenu en quelque mois à peine un des cadres de l'AM ainsi qu'une figure reconnue et appréciée chez les adhérents. Il semble être en total contraste avec son mentor politique et président du parti, Lutansieto Kang; il n'a jamais fait l'armée, a remplacé les combinaisons semi-militaires kakis par des costumes et des chemises et accepte volonté de parler le kinagien devant les caméras des télé nationales, mais pourtant c'est bien Kang qui a participé de façon active à faire monter l'organigramme du parti à son jeune rédacteur de fiche jusqu'à le faire advenir au poste clé de chargé de communication.

Comment décririez-vous votre relation politique avec le Président de l'Alyansang Makabayan, Lutansieto Kang ?

Avant d'être un mentor et un supérieur politique, Lutansieto est avant-tout un modèle et une inspiration personnelle et idéologique. C'est lui qui, à mon retour du Fujiwa, m'a convaincu, de par sa présence, ses idées et son expérience de devenir son assistant. Je suis tout à fait conscient que je lui doit mon ascension politique au sein du parti.

Pourtant vous semblez représenter deux personnalités particulièrement différentes.

(Sourire) C'est vrai que nous sommes deux individus qui n'avons pas vécu les mêmes expériences de vies. En réalité je pense qu'on représente les deux phases de notre communauté, d'un coté la génération de nos ainés qui se sont battus pour leurs idées, pour la protection de leur cadre de vie et de leur nation, et la mienne qui a grandi dans un système non-souhaité, imposé par des traités inégaux et qui a parfois tendance à se perdre mais qui doit garder conscience que ce nouveau système nous offre également les armes pour se battre.

Nos styles personnels et politiques ne sont que les reflets de cette différence. Je n'ai jamais eu à prendre les armes pour défendre mon peuple donc je n'ai pas la vision et l'expérience qu'a Lutansieto, mais de l'autre coté il n'a pas été formé politiquement comme je l'ai été, il n'a pas forcément les bons codes et les matrices d'analyse adaptés à un modèle démocratique. Ce qui ne retire rien à son talent idéologique.

Gang médias
Ongko Gang auprès des médias le 3 mai 2014.


Comment l'AM doit aborder les prochaines élections ? Doit-il y avoir un changement de figure de tête.

Je pense que nous devons surtout inspirer un nouvel élan en devenant des acteurs essentiels de la campagne. En 2010, le parti n'avait que deux mois lors des élections, désormais nous avons des rouages, nos membres sont formés politiquement et médiatiquement ils savent comment ils doivent mobiliser, comment ils doivent répondre, quels sont les points du programme à mettre en avant et comment faire en sorte qu'on nous donne la parole, que ce soit sur les canaux communautaires ou nationaux. Nous ne pouvons plus nous permettre de refuser de parler à des media ne parlant que le kinagien ou de manière plus générale de rester dans cette forme de rébellion primaire face au reste du pays, nos adhérents et nos électeurs attendent de nous que nous défendions devant les institutions leurs revendications et leur culture, pas que nous prenions leur vote pour finalement se contenter de faire du performatif tout en laissant une allée à nos ennemis politiques.

Je ne pense pas que changer de tête de liste soit la meilleure stratégie. Lutansieto est un visage connu pour nos électeurs, c'est également une figure importante pour notre communauté, le mettre de coté serait une grave erreur. D'autant plus qu'il a parfaitement intégré la nouvelle stratégie du parti que j'ai cité précédemment. En 2010 nous avions réussi à récolter 41 sièges alors qu'une bonne partie des Vimalais boycottait cette élection et que le parti venait à peine d'être créer, les premiers sondages pour les prochaines élections nous placeraient au coude à coude avec le GéDé et le PPB, ce n'est pas le moment de tout bousculer, nous devons garder une ligne stable. Si il y a des mesures à prendre ce sera après les prochaines élections.

Les sondages placerait l'AM derrière le GéDé chez les Vimalais de moins de 25 ans. Comment expliquer ce phénomène et quelle serait la solution ?

Je parlais de certains errements de nos jeunes générations tout à l'heure, je pense c'en est la parfaite illustration. Je crois que cette partie de notre communauté a été fortement contaminé par une forme d'obsession à vouloir se repentir à tout prix des événements tragiques du début des années 90, que je ne nie pas, mais en oubliant ou en n'ayant pas conscience que ces événements en question sont le fruit de dynamiques historiques complexes causées par la volonté des communistes de prendre le pouvoir de façon violente, ce qui aurait indubitablement mené à la destruction de notre cadre communautaire et à un massacre. Cette manie est le fait de l'instruction publique et du discours officiel qui nie la réalité en ne présentant que les agissements minoritaires de certains soldats sans expliquer le contexte particulièrement instable et précaire dans lequel se trouvait la communauté Vimalaise. C'est pourquoi c'est aussi le rôle de l'AM de défendre la réalité historique... jusqu'à l'Assemblée Nationale si il le faut.

Maintenant je ne pense pas qu'il faille rentrer dans un pessimisme par rapport au futur de nos jeunes générations. Vous savez, quand j'étais étudiant au Fujiwa, mes camarades fujiwans étaient particulièrement similaires à ces jeunes vimalais, ils n'osaient presque pas dire qu'ils étaient fier de leur pays, encore moins brandir leur drapeau et avaient moins de connaissances que moi, le petit étranger kinagien à peine débarqué de l'avion, sur leurs coutumes et leur histoire. Je suis retourné au Fujiwa il y a quelques semaines, ces mêmes étudiants au patriotisme chétif et honteux étaient presque devenus des figures de propagandes nationalistes, participant à des célébration en kimono, fiers de leurs traditions et défendant l'harmonie culturelle du pays. Le contexte social est loin d'être une réalité monolithique, ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera certainement plus demain. A nous de faire en sorte que cela change, l'Alyansang Makabayan doit incarner une nouvelle dynamique permettant la défense de notre culture.

Vous parlez énormément du Fujiwa comme un modèle à suivre. Selon vous quel doit être le rapport entre notre communauté, et Kinagi en général, et le Fujiwa ?

L'histoire de notre communauté et de notre nation est profondément liée à celle du Fujiwa, c'est un fait, ceux qui affirment le contraire sont des révisionnistes. Dès lors deux approches s'imposent, nous pouvons adopter la vision du PBB, des communistes et de leurs amis aborigènes en ressassant continuellement le passé en espérant récolter quelques pauvres réparations inutiles; ou alors nous pouvons avoir, et c'est ce que nous défendons, une approche constructive de nos rapports avec le Fujiwa. Nos nations sont culturellement proches, et cela me fait honnêtement mal de voir des Hufus, proche du GéDé ou du PBB, nier cela, c'est un manque de respect total à la culture de notre ancêtre commun. Il faut que nos pays se rapprochent, nous ne pouvons continuer à entretenir ce faux tabou moral, oui le Fujiwa a colonisé l'île, oui cela a entrainé des événements difficiles pour la communauté aborigènes, doit-on pour autant tourner le dos à une nation sœur ? Je ne pense pas.

Maintenant il faut aussi être réaliste et arrêter de se faire des fantaisie, c'est inutile et franchement presque puéril de penser que les Vimalais reviendront un jour sous la coupe du Fujiwa. Nous ne pouvons pas, à chaque fois que notre communauté se retrouve en difficulté, attendre l'aide de notre grand frère qui viendra nous défendre. Si le Fujiwa a donné l'indépendance en 1895 ce n'est pas pour que nous retournions sous leur coupe en pleurant 120 ans plus tard. Il y a un sens à l'histoire. Il faut que notre communauté se prenne en main toute seule, et cela doit être le sens de notre action politique à l'Alyansang Makabayan.

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couverture du journal Polis 24

Edition du 04/12/2014

Élections législatives 2015 : La crainte de la déferlante communiste



À 4 mois seulement des élections législatives le premier sondage réalisé par l'institut Gordia met en lumière une très forte dynamique pour le PPB qui est placé en tête des intentions de votes avec une avance de 4% sur le GéDé. Cette première place lève un sentiment d'inquiétude au sein de la classe politique, particulièrement dans la majorité, où l'on se demande comment lutter contre la montée du parti de Raharjo Sugiarto.
Si les publications des institutions de sondages n’intéressent normalement que très peu en dehors du cercle assez fermé des journalistes et des analystes politiques, il n'en était pas de même pour le rapport hebdomadaire du 3 décembre de l’institut Gordia. On y trouve à l'intérieur le premier sondage concernant directement les intentions de votes aux élections législatives de 2015 réalisé par cette institution reconnue pour sa fiabilité et sa capacité à décortiquer l'opinion publique, Gordia avait ainsi indiquer de façon quasi exacte les résultats des précédentes élections. C'est donc avec une surprise mêlée, en fonction du camps politique, de peur, de joie ou de colère, que les Kinagiens ont pu découvrir ce matin que le PPB est donné premier dans les intentions de votes avec presque 38% de ces dernières pour les élections législatives, devant le Gerakan Demokrasi qui chute à 34% et l'Alyansang Makabyan qui stagne à 20% des votants .

Pour beaucoup au sein du PPB ces résultats marquent la réussite de la transformation du mouvement débutée en 1995 avec l'ouverture de la section politique et la mise en place d'une stratégie électorale tournée vers l'accession au pouvoir de façon démocratique. Ce projet qui était originalement une forme d'atonie révolutionnaire face à la réalité d'un pays et d'un mouvement qui venaient de sortir de presque 40 ans de révoltes, tourne ces dernières années en faveur de du PPB qui arrive avec beaucoup de succès à convaincre et mobiliser les communautés aborigènes et les Hufus les plus précaires, souvent déçus face à l'immobilisme politique de la gouvernance GéDé depuis 2010. Raharjo Suharto, actuel Secrétaire Général de la séction politique et responsable de la stratégie électorale de cette dernière depuis sa création, était présent hier lors d'un rassemblement de militants, il a plaisanté en direction des sections de jeunesses du parti en leur commandant de "préparer la fête" avant d'ajouter que "le Grand Soir n'a jamais été aussi proche".


Raharjo Sugiarto
Raharjo Sugiarto, Secrétaire Général de la section politique du PPB, il est considéré comme l'architecte de la stratégie électorale du parti depuis 1995.

Mais ce sont surtout des réactions de peur qui ont surgit de la classe politique après les publications de ces chiffres. C'est parmi les membres de l'AM que les réactions ont été les plus virulentes. Pour Ongko Kang, il faut que les citoyens kinagiens attachés au respect des valeurs et de la tradition, peu importe leur communauté, fassent front commun, contre "le péril communiste" qui menace la nation, en se mobilisant autour de l'AM. Il paraît évident que le parti utilise ces chiffres pour mobiliser de nouveaux électeurs alors qu'il semblait jusque là en difficulté pour convaincre les non-Vimalais. Kang affirme que le GéDé est le responsable direct de cette montée des communistes, "son manque de volonté à l'action et l'échec successif de ses rares projets politiques ne peuvent que mener les électeurs dans une situation où l'ogre rouge devient une possibilité électorale comme une autre".

Du coté de la majorité les déclarations publiques se font rares, seul Sutiono Liu, maire de de Takeraya, a pris la parole publiquement sur les réseaux sociaux avec un message neutre appelant son parti à "prendre la mesure des événements". Le GéDé fait face à une situation de recul au sein de son groupe démographique cible, les Hufus de la classe moyenne, ces derniers n'ont pas forcément appréciés le manque de volonté politique de la majorité, notamment sur les questions "épineuses". Le gouvernement Sitohang a par exemple refusé de se prononcer activement sur le partage des terres, les réparations, la nationalisation des entreprises liées au Régime ou sur les relations avec le Fujiwa, des sujets que le PPB a investi au point d'en faire des chevaux de batailles dans les médias. Le parti espère rattraper son retard sur les communistes via des processus d'alliances, ce n'est désormais plus qu'un secret de polichinelle que le Libba et le GéDé sont en discussion afin de mener une liste commune tandis que plusieurs bruits de couloirs internes estiment que c'est plutôt vers la gauche non-communiste et donc le Kapangyarihan sa Bayan que le parti doit se tourner pour récolter des votes.
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Haut de journal Lembaran Negara
Edition du 11/12/2014

« Nous sommes dans une situation critique » : Enquête au cœur des gangs de Pantali



Alors que le pays prépare doucement la nouvelle année et que les élections législatives prochaines s'invitent dans les discussions du quotidien, une ville semble vivre en décalage avec le reste du pays, Pantali connait depuis plusieurs années une hausse de la criminalité qui se matérialise ces dernières semaines par l'augmentation inquiétante des règlements de comptes, 22 en 19 jours. Au centre de cette violence une lutte intense entre gangs pour le contrôle de la production et de la distribution d'une drogue, le shabu.
Au moins 73 personnes sont mortes à Pantali en 2014 dans des crimes liés au trafic de drogue et aux guerres de gangs, en 2010 ce chiffre était de 10. Cette accélération brutale et rapide des règlements de compte s'explique en grande partie par la montée en puissance des gangs qui se multiplient et grossissent en utilisant la pauvreté endémique de la ville pour attirer de plus en plus de jeunes dans le giron de la criminalité. Parmi ces groupes de criminels, les deux principaux qui se disputent le contrôle de la drogue à Pantali se font appeler « Kanto Laban » et « Kulay Krew », selon le ministère de l'intérieur 75% des meurtres seraient le fait de ces deux gangs.

Nous rencontrons Zachary (Prénom modifié), à peine 18 ans, dans un appartement situé à quelques encablures du bidonville de Toro, le fief de Kulay Krew. Zachary se présente comme un « lieutenant » de ce gang, il nous affirme en être devenu membre à 15 ans « pour combler les dettes de ses parents ». Cagoule sur la tête, pour préserver son identité, il s'adresse à nous dans un kinagien approximatif, il indique ne savoir parler parfaitement que le dialect aborigène d'origine de ses parents et n'avoir été que très sporadiquement à l'école. « Dans cette ville, si on ne lève pas la tête, on ne change pas de situation entre sa naissance et sa mort. Je connais des gens qui sont mort sans jamais avoir quitté leur bidonville. Ici les gangs c'est justement un moyen de refuser cette réalité, personne n'est naïf on sait que ce que l'on fait est moralement grave, mais c'est ça ou la pauvreté, l'ennui et l'oubli ».


Photo gang Pantli
La moyenne d'age dans les gangs dépasse rarement 20 ans.


Zachary nous présente un sachet rempli du nerf de la guerre pour les gangs de Pantali, le shabu. Cette drogue consommée principalement en cristaux est un dérivé de la méthamphétamine qui est coupée lors de sa préparation avec de la caféine afin d'en prolonger l'effet d'euphorie et d'énergie recherché par ses consommateurs. Il est produit localement à l’intérieur des bidonvilles, où la police ose rarement se rendre en intervention, dans des maisons transformées en laboratoires. On y réduit et mélange de l'éphédrine avec d'autres composant chimique comme de l'acétone et du phosphore avant d'y rajouter la caféine. Ces mélanges sont ensuite chauffés pour extraire le shabu. Ce processus est extrêmement dangereux : environ 6 accidents dans des laboratoires ont eu lieu ces 3 dernières, dont 3 qui ont coutés la vie aux « scientifiques » présents dans le bâtiment, notamment à causes d'explosion, les matériaux utilisés étant particulièrement instables.

Le shabu s'est développé à Kinagi dans les années 90 chez les travailleurs de la ferraille comme une « alternative ouvrière » à la méthamphétamine qui, elle, était utilisée largement pendant la guerre civile dans les deux camps afin de rester vigilent lors des longs déplacements dans la jungle. Beaucoup de soldats démobilisés après les accords de paix sont restés addicts à la méthamphétamine et son effet euphorisant et se sont donc tournés vers le shabu moins cher, plus accessible et qui était, à l'époque, plus accepté socialement. L'absence de régulations sur la drogue pendant le début de la période de transition a permis à des entreprises pharmaceutique de produire et de distribuer cette substance, elle était même distribuée par ordonnance par certains médecins. Mais l'évolution des régulations a causée l'interdiction officielle de la méthamphétamine et de tous ses dérivés en 2008 sans qu'aucune procédure d'accompagnement des personnes addicts fut mises en place par les pouvoirs publics. Dès lors les gangs ont saisis cette opportunité pour s'accaparer ce marché.

Si le shabu a des effets moins forts que la méthamphétamine, il reste une drogue particulièrement addictive, causant des overdoses à haute dose et dont toute tentative de sevrage passe par des périodes de manque, de paranoïa et d'insomnies assez intense. Le nombre d'overdose augmente ces dernières années avec le développement de shabu de basses qualités, coupés avec des produits aussi dangereux que du lithium, du fréon ou du benzène. Le shabu consommé en injonction est aussi responsables, à cause d'une hygiène des aiguilles de seringues souvent absente, de problèmes de diffusion du HIV ou autres maladies transmises par les fluides. Les services hospitaliers de Pantali sont très souvent en incapacités de traiter les problèmes médicaux soulevés par la consommation de plus en plus importante du shabu dans les classes les plus pauvres de la ville.


Shabu saisie
Saisie de plusieurs kilos de shabu à Takeraya en mars 2014


Si des gangs produisant du shabu sont également présents à Takeraya ou dans d'autres centres urbains de Kinagi, leurs concentration à Pantali s'explique par la démographie et l'histoire de la ville. Pantali est la seule grande ville de l'île à être à majorité aborigène, cette spécificité est due au fait qu'il ne s'agit pas explicitement d'une communauté urbaine en soi, définie par une cohérence urbaine, mais d'un amoncellement de bidonvilles crées aux fil des diverses expulsions des communautés aborigènes à cause de la guerre ou de la déforestation agricole. Pantali s'est donc crée sur la destruction des liens sociaux parfois centenaires qui régissaient ces communautés au profit d'une socialisation nouvelle centrée autour de la pauvreté, du manque d'emploi et des réalités de la société kinagienne lors du régime des Vimalais.

Les différents plan d'urbanisme menés par la République ou par les élus locaux, principalement issus du PPB, ont souvent réussis à réduire la pauvreté absolue qui régnait dans la ville mais n'ont pas permis de faire advenir une situation correcte dans les bidonvilles les plus pauvres. Le chômage moyen de la ville est trois fois plus élevé que dans le reste du pays, et le manque d'infrastructures et de services publics empêchent les protocoles sociaux de se mettre en place de façon efficace. L'urbanisme de la ville, chaotique, est également particulièrement favorable à l'installation de gangs avec des bidonvilles séparés, faciles à défendre de l’intérieur et avec de nombreux culs-de-sacs et rues labyrinthiques. Dès lors Pantali était un terreau de criminalité, une bombe à retardement.

Selon le sociologue Elijah Siadari, spécialisé dans les questions de criminalités, il est nécessaire de lancer un plan rapide de lutte contre les gangs via une politique à la fois policière et sociale. « Nous sommes dans une situation critique, si nous laissons les gangs s'installer dans le temps, ils finiront par devenir des acteurs importants dans la socialisation à Pantali à la place de l’État. Un enfant pauvre n'ira pas vers les services sociaux pour manger mais vers les gangs qui lui offrirons du pain en échange d'une appartenance aux gangs » « Il faut très vite couper les têtes de l’hydre en enfermant les chefs de gangs et les suturer avec des politiques sociales efficaces ». Selon nos informations l’exportation du shubu reste minime, cette drogue étant particulièrement liée à Kinagi, mais il n'est pas impossible que les gangs souhaitent, dans le futur, étendre leurs marchés en se lançant à l'étranger.

La situation de Pantali s'annonce déjà comme un des thèmes centraux de la campagne législatives. Le PPB qui a remporté les dernières élections municipales dans la ville déclare que c'est le manque de moyens accordés aux politiques sociales locales couplé à un manque de réponse du gouvernement « qui a laissé les bandes criminelles s'installer sans bouger le moindre doigt ». Pour l'AM la priorité doit être de donner plus de moyens aux forces de l'ordre de la ville et de les faire suppléer, à Pantali, par l'armée. Lutsiano Kang a été condamnés à payer une amande non-divulguée en 2012 pour avoir fait un lien entre la criminalité forte de la ville et son taux d'habitants aborigènes.
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couverture du journal Polis 24

Edition du 07/02/2015

Élections législatives 2015 : Il faut sauver le soldat GéDé !


Alors que les sondages électoraux en vu des prochaines élections législatives, qui auront lieu dans un mois et demi, s'enchainent, les résultats de la majorité inquiètent jusqu'au plus sommet de l’État. Les questionnements entourant la liste électorale menée par le Premier ministre, Zephaniah Sitohang se font de plus pressants et de plus en plus bruyant au sein de son parti, le GéDé doit-il changer de stratégie à moins de 2 mois du scrutin ou le parti doit-il assumer une politique de rupture avec son propre gouvernement, plus impopulaire que jamais ?


La chute ne semble jamais s’arrêter pour le GéDé : donné au coude à coude avec le PBB au début de la campagne, le parti libéral-démocrate se retrouve maintenant plus proche du Kapangyarihan sa Bayan de Philemon Sinabutar, que des communistes qui ne cessent, sondages après sondages, de se rapprocher de la majorité absolue. Les libéraux semblent de moins en moins capable de retenir les Hufus des classes populaires de se tourner vers la gauche, que ce soit le PBB ou le KSB, alors que le gouvernement Sitohang, élu en grande partie grâce à cet électorat, n'a pas été en mesure de briser l'immobilité sociale et les inégalités économiques héritées du Régime. Beaucoup, parmi les électeurs reprochent au GéDé de ne pas avoir tenu ses promesses et d'avoir été trop mou pendant les 5 ans où il a été au pouvoir avec un parlement qui lui permettait pourtant de faire passer des réformes assez simplement.

Selon le politologue Victor Larosa, le parti paye sa volonté de ne pas se remettre en question et de ne pas avoir lâché Sitohang. Le GéDé aurait été trop sûr de lui en ne prenant pas en compte les signaux d'alertes qui montraient le désamour que certaines catégories sociales clés (Hufus des classes populaires, Aborigènes citadins notamment) affichaient pour leur tête de liste qui représente pour elles l’immobilisme de la classe politique face aux enjeux sociaux qui minent le pays. Les libéraux ont sur-estimés leur attractivité face à un PBB qui, lui, dispose d'une dynamique forte portée en grande partie par son programme de rupture. Larosa commente : « Le GéDé a causé sa propre défaite, il a perdu tout son dynamisme qui l'avait rendu populaire au sortir de la guerre civile. » « Vous ne pouvez pas faire une campagne électorale avec comme seule volonté politique de dire "c'est nous ou les communistes", parce que ce qui caractérisent ces derniers c'est justement leur capacité à mobiliser et à développer des idées et des points de programmes. Le GéDé fait campagne en hurlant sur les toits la crainte que devrait susciter la montée au pouvoir du PBB tandis que ces derniers proposent et théorise un modèle de société qui dispose de points particulièrement attrayant pour une bonne majorité de la population. Les voteurs préféreront toujours et donneront plus d'importance à un discours politique complet plutôt qu'à des hurlements désespérés au loup, et ce même si il y a vraiment un loup qui rôde dans les parages. »

Du coté des militants du parti de la majorité, les sondages successifs font l’effet de chocs de plus en plus violent alors que l'écart se creuse entre les anciens mouvements alliés de la guerre civile. On retrouve également chez nombre d'entre eux une forme de colère face à la direction nationale du parti qui semble faire la sourde oreille et ne pas regarder l'évidence dans les yeux. Une jeune militante, étudiante de 22 ans, nous déclare de façon anonyme : « Je ne comprend pas la stratégie du parti, on nous envoie tracter sur le terrain avec un programme flou. Aucun élément de langage de communication global nous a été fourni, quand les gens, sur le terrain, nous expliquent qu'ils ont été particulièrement déçus du gouvernement on ne peut rien leur répondre d'autre que "ce sera différent cette fois" alors qu'ils voient bien que la liste électorale est pratiquement la même qu'il y a 5 ans et que Sitohang est toujours la figure que l'on met en avant. On a l'impression que les cadres sont dans une forme d'hallucination ou de déni global en pensant franchement qu'il suffit de remettre les mêmes personnes pour reproduire les chiffres des dernières élections. Je suis dégouté, j'hésite à ne pas voter pour le GéDé aux prochaines élections, histoire de faire bouger les choses dans le parti et de forcer un renouvellement des cadres. »

Chez les cadres le constat semble être justement à l'apathie et au manque de consensus et de vision commune, la dernière défaite stratégique en date, les échecs des négociations avec le Libba pour former une liste commune, a été le dernier clou dans le cercueil d'une campagne dont chaque virage semble avoir été pris de la mauvaise façon. L'aile gauche du parti, majoritaire chez les militants mais minoritaires dans les hautes-sphères, ne cesse de demander la modification, en urgence, de la liste électorale, ce qui est possible jusqu'au 20 février, afin d'écarter les personnalités les plus impopulaires pour les remplacer par d'autres membres du parti, n'ayant, cette fois, pas participer au gouvernement. Ce sont donc deux visions stratégiques qui s'affrontent au sein même du parti: celle, majoritaire chez les cadres, qui ne cesse de défendre le bilan du gouvernement et qui souhaite inscrire la campagne électorale dans sa continuité et ceux pour qui le gouvernement a été un échec qui doit être suivi par un changement de ligne, vers une gauche qui ne cesse de monter en puissance.

Afina Samson
Afina Samson, l'espoir pour le GéDé ?

Parmi ceux qui demandent un changement de la liste électorale, une figure semble faire majorité pour être la successeure de Zephaniah Sitohang, celle d'Afina Samson. Cette professeure en droit à l'Université de Takeraya est une spécialiste de la lutte contre la corruption et une féministe convaincue, deux caractéristiques qui sont appréciés au sein de l'électorat, surtout chez les jeunes, catégorie qui a, selon les sondages, le plus migré vers le PBB depuis 2010. Mais son choix tient surtout au fait qu'elle a été l'une des seules à critiquer ouvertement le gouvernement ces dernières années, notamment sur les questions de transparences et de politiques sociales. Un de ses partisans nous témoigne, toujours anonymement, « Honnêtement je ne pense pas qu'elle nous permettra de revenir dans les sondages, c'est trop tard il aurait fallu faire ça beaucoup plus tôt, par contre si elle nous permet de reprendre des voix à la gauche pour les empêcher d'obtenir la majorité absolue alors je pense qu'il faut absolument saisir l'occasion. C'est également important de préparer l'après élection dès maintenant, on ne sait pas de quoi sera fait l'avenir si le PPB gagne, je pense qu'il vaux mieux que notre parti ai au moins une image correcte auprès de la population, ça pourrait nous sauver de certaines choses. »

Selon nos informations, la prochaine réunion de cadres du GéDé devrait avoir lieu le 13 février, ce serait apparemment celle-ci qui devrait fixer la liste électorale définitive qui sera présentée aux électeurs. La plupart des politologues pensent personnellement que peu ou pas de changements devraient avoir lieu, mais aucun n'osent affirmer définitivement que ce sera le cas, un retournement de situation est toujours possible alors que la pression des militants (et le risque de scission) se fait de plus en plus sentir.

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Haut de journal Lembaran Negara
Edition du 20/05/2015

PPB au pouvoir : Les départs s'accélèrent



La victoire du PPB aux élections législatives et leur promesse de mettre fin à la République pousse le pays dans une certaine incertitude. Plusieurs milliers de personnes, dans leur quasi intégralité vimalaises, auraient déjà quittés le pays, principalement vers le Fujiwa. La plupart évoquent, comme raison au départ, des risques certains pour leur sécurité. Certaine personnalités influentes de la communauté Vimalaise, comme le milliardaire Kusuma Hung, propriétaire du journal Bulan Utara et de la ligue de sport de combat UFL, auraient également fait leurs valises

Dans les quartiers Vimalais de Sugong certaines rues donnent, depuis 2 semaines, une impression de vide et d'abandon. Ici la victoire du PPB aux élections législatives du début de mois n'ont pas été célébrés, comme ce fut le cas à Takeraya ou Pantali, elles ont, au contraire, soulevé un vent d'inquiétude particulièrement important dans ces zones qui n'ont voté qu'à 8% pour les communistes. Ici tout le monde à en mémoire les déclarations provocantes, datant de plusieurs années, de certains hauts membres du parti qui appelaient à se « venger des massacres la guerre civile » ou « à faire payer les Vimalais » pour le Régime; et pas grand monde ne croit réellement à l'apaisement communautaire qui a été promis par Sugiarto, ni aux paroles de conciliation qu'il a tenu durant son discours de victoire.

Utari Yin, 68 ans, habitante du quartier vimalais de l'est de Sugong, retraitée et mariée avec un vétéran des forces armées du Régime pendant la guerre civile affirme « penser sérieusement à quitter le pays, avant qu'il ne soit trop tard ». Elle craint particulièrement que son mari puisse voir la grâce collective dont il a bénéficié en vertu des accords de Takeraya être supprimée et qu'il soit soumis à une enquête et à procès, même si elle affirme « qu'il n'a personnellement rien à se reprocher » . Le PBB a en effet promis que de nouveaux procès sur les crimes de la guerre civile auraient lieux et que certaines grâces attribués « trop vite » au moment des processus de paix lors de la période transitoire pourraient ne pas être reconduites sous le nouveau régime politique.

Cette volonté pensive de vouloir partir avant la prise officielle du pouvoir du PBB, la semaine prochaine, est partagée par de nombreux habitants du quartier, même si beaucoup d'entre-eux tempèrent cette idée en affirmant qu'il n'y pense que vaguement et qu'ils souhaitent, malgré tout, rester sur place. Cependant, selon nos informations, plusieurs milliers de Vimalais auraient déjà quitté le territoire, principalement en direction du Fujiwa, pour s’éloigner provisoirement ou alors pour s'installer définitivement dans ce pays. Ce phénomène est observable à l'aéroport de Takeraya où les 10 vols quotidien entre la capitale et les différents aéroports fujiwans sont tous complets et ce pour plusieurs semaines. En plus des habituels travailleurs, touristes et étudiants se rendant dans le pays du manga, les personnels de bords de cette ligne nous indiquent qu'ils observent de plus en plus des voyageurs avec de très larges valises, n'ayant acheté que des allers simples et qui affirment qu'ils partent pour longtemps.


queue à l'aéroport de Takeraya
Queues importantes à l'aéroport de Takeraya aux enregistrement en direction du Fujiwa. Images amateurs.

Sur les réseaux sociaux, ceux qui s'auto-revendiquent en tant que « Leavers » endossent un mouvement d'émigration vers le Fujiwa pour « se protéger » ou « faire face à la catastrophe qui arrive ». Dans ces groupes on retrouve différents profils, certains liés à la guerre civile, d'autres se définissant comme des opposants politiques mais la plupart semblent être des propriétaires terriens et/ou des patrons qui craignent des expropriations violentes, des violences syndicales et la confiscation étatique de leurs biens. Ainsi ils déclarent avoir déplacé leurs comptes bancaires vers des banques fujiwanes et emporté avec eux leurs biens de valeurs.

Selon nos informations plusieurs personnalités influentes auraient elles-aussi quittés le pays. Cela semble être le cas du milliardaire vimalais Kusuma Hung qui serait parti au Fujiwa le lendemain des résultats des élections. Le propriétaire du média d'extrême droite Bulan Utara et du projet de ligue compétitive internationale de MMA UFL aurait eu vent de futur actions menées par le PPB contre lui et aurait décidé préventivement de partir. Les communistes auraient notamment voulu le faire juger pour son financement de l'AM et les liens qu'il entretient avec Lutsiano Kang. Nous ne sommes pas en mesure de dire où se trouve ce dernier, ni Ongko Gang, l'autre figure principale du parti d'extrême droite vimalais, mais il est probable, connaissant leurs liens historiques avec le pays, qu'ils se soient également rendus au Fujiwa, d'autant plus que le nouveau régime en place dans le pays saurait probablement leur être favorable.

De son coté, Ananias Bukit, plus grande fortune de l'île, PDG de Kinagian Wheat, la coopérative qui a reçu le juteux marché de l'exploitation des terres confisqués après les accords de paix et proche historique du GéDé, a fait savoir via un communiqué de son avocat qu'il souhaitait rester à Kinagi et qu'il était ouvert à un entretien avec Sugiarto. Selon notre enquête il serait prêt à céder volontairement Kinagian Wheat à l’État en échange de garantie de sécurité pour lui et sa famille et d'une protection de ses biens personnels. Ni le PPB, ni Sugiarto n'ont répondu à ce communiqué.

Il apparaitrait, selon nos estimations, qu'à peu près 6.500 personnes auraient déjà quittés Kinagi, un chiffre qui pourrait monter à 10.000 d'ici l'entrée au pouvoir du PBB, la semaine prochaine.

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couverture du journal Polis 24

Edition du 03/06/2015

Nouvelle Constituante et Régime d'Exception : L'opposition dénonce un «coup d’état législatif»



La séance parlementaire d'ouverture de la nouvelle législature a été marquée par de nombreuses tensions et par la mise en place de mesures d'exceptions qui confèrent à la majorité et à son gouvernement des pouvoirs importants, notamment dans le but de protéger une nouvelle Constituante. L'opposition dénonce unanimement un coup d'état et une entrave grave au respect de la Constitution de la République.

Qu'elle qu'en soit l'issue il ne fait aucun doute que la séance parlementaire du premier juin restera dans les pages de l'histoire de notre pays. Si elle avait commencé normalement avec la nomination, très peu surprenante, de Ruharjo Sugiarto en tant que Premier Ministre, les deux mesures qui ont suivis ont, elles, été sources de surprise et de consternation dans les bancs de l'opposition, à l'exception notable de ceux de l'AM dont la plupart des députés sont en exil et dont le parti à appeler à une politique de la chaise vide pour marquer son opposition à la prise de pouvoir des communistes. La première de ces mesures vise à mettre en place une nouvelle Constituante dans le but de faire advenir un nouveaux texte constitutionnel, si il s'agissait d'une promesse de campagne du PPB, le timing ainsi que la procédure accélérée, pour éviter les amendements de l'opposition, ont surpris ces derniers qui n'ont eu que quelques dizaines de minutes de débats pour faire parvenir leur mécontentement et leurs arguments sur la dangerosité et l’inconstitutionnalité de cette mesure.

Mais c'est la troisième loi, de par son irrespect revendiqué de la Constitution, qui a provoqué la furie d'une opposition déjà déboussolée par le vote précédant. La majorité a décidé de faire voter une mesure de Régime d'Exception en faveur de son propre gouvernement, ce dernier se voit confier le rôle de "Gouvernement Transitoire" et se voit également attribuer les pouvoirs exécutifs, retirés au Président, pour protéger la Constituante et gérer les affaires publiques, ainsi que le droit de gouverner par arrêté, et ce jusqu'à la fin du processus de changement constitutionnel ou jusqu'à une décision de l'Assemblée Nationale.

Shadrach Lubis, député du GéDé a dénoncé, à la sortie de la séance « un coup d’état législatif inacceptable et un manquement grave à la Constitution qui restera dans l'histoire de notre pays comme un marqueur du recul de la démocratie ». Ongko Gang, porte-parole de l'AM, réfugié au Fujiwa, a commenté l’événement sur les réseaux sociaux en déclarant que « Même si je ne serai pas celui qui pleurera sur les cendres de cette faible République, il ne faut pas perdre à l'esprit que ce à quoi nous assistons n'est rien d'autre qu'un coup d'état communiste contre la stabilité et le bon fonctionnement de notre pays ». L'opposition annonce déposer dans les prochains jours une motion de censure contre ce gouvernement, une opération surtout symbolique, la majorité contrôlant, avec le départ de l'AM, plus des 2/3 des sièges de l’hémicycle.

Parlement Kinagien
L'Assemblée Nationale, avec la fuite de l'AM, est entièrement entre les mains du PPB.

Nanyagurrie Marrawa, députée PPB et secrétaire générale des sections Aborigènes du parti a tenue à répondre aux critiques en affirmant que «La volonté populaire, clairement exprimée lors du scrutin législatif de mai, de changement de Constitution doit être respectée. On ne peut pas arguer que le processus d'écriture et de mise en place d'une nouvelle Constitution doit se faire dans le respect et dans le cadre de celle que l'on cherche justement à évincer, cela ne fait aucun sens. Le processus de la Constituante est par nature démocratique puisqu'il se termine par un plébiscite, les oppositions, même celles qui ont fui à l'étranger, sont libres de faire campagne pour appeler nos concitoyens à voter non au référendum constitutionnel, si ce dernier l'emporte, le gouvernement démissionnera et de nouvelles élections législatives seront organisées, comme c'est l'usage ».

Hier, Ruharjo Sugiarto a rencontré Zephaniah Angkat, le chef des armées, signe clair que cette dernière accepte sans aucun problème les mesures de ralliement des pouvoirs exécutifs au Gouvernement Transitoire. Les liens entre l'armée et le PBB sont connus et d'ailleurs peu cachés, 6 des 8 généraux fondateurs des Forces Armées Kinagiennes étaient, lors de sa création après le Traité de Takeraya, des membres du parti ayant participé à la guerre civile au coté de la guérilla. Les soldats, en écrasante majorité Hufu, sont historiquement, avec les paysans et les Aborigène, un des groupes sociaux qui vote le plus pour le PPB. L'armée prêtera donc très certainement allégeance au nouveau gouvernement, d'autant plus que ce dernier promet une modernisation des équipements et une augmentation substantielle du budget de la défense.

Plusieurs autres réformes de tailles pourraient être prises dans les prochains jours, les bruits de couloirs de l'Assemblée laissent entendre que le légalisation de l'homosexualité et de l'avortement, doublée d'une grâce collective des individus condamné pour ces "délits" pourrait avoir lieu prochainement. Il s'agissait encore ici d'une promesse de campagne du PPB.
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