Posté le : 07 sep. 2025 à 18:40:49
Modifié le : 07 sep. 2025 à 18:41:45
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L'effet de la nouvelle était terrible. Maoia connue un effet de fuite rarement vu. Dernière ville de paix avant la guerre en Villas. Dernier port de plaisance où venaient des soldats enrôlés, apeurés, peu entraînés et déjà prêts à désertés, et d'où repartaient des contingents correctement empilés et parfaitement ordonnés de cercueils accompagnés d'une garde funéraire d'infirmes et de traumatisés à vie dont personne ne pourrait s'occuper. Maoia avait prit cette semaine là une toute une autre tournure. Les navires partaient pour Tafanu, remplis d'une horde de civils qui quittaient tout en ne partant avec rien. Un sac, parfois une valise était autorisée, mais rien de plus. Sur le port de Maoia jonchait des centaines de sacs et de bagages abandonnés à la hâte. Dans la nuit volait avec le vent des photos de familles, des petits mots d'amours, de simples journaux et carnets de notes, laissez là dans un départ incertain. Des vieillards erraient dans le quartier, laissé à leur propre sort, on préférait les jeunes en âges, les enfants et les femmes, eux ne pourraient partir qu'en dernier, si cela était bien possible. L'ancien, figure vénérable de la famille maoti avait tout perdu. Son aura, son statut, sa famille. Dans la fuite folle d'une population civile craintive et d'un gouvernement dépassé, on ne pouvait plus s'occuper d'eux. Les soldats ne les laissaient pas monter. Ils ralentissaient l'embarquement, demandez des sièges ou des lits dont les navires étaient désormais dépourvus. Il faillait des médicaments, parfois des médecins à bord pour cette traversée. On avait don arrêté, et ils restaient là, à quai. Ils fouillaient dans les bagages, ceux de leurs familles ou d'autres inconnus. le port de Maoia était devenu la plus grande brocante à ciel ouvert du pays, peut être même de l'océan. Le troc avait abolit la suprématie de la monnaie. On échangeait si l'on pouvait, ou alors on arrachait, on volait, on prenait de force ou par le gré de l'abandon. Tee-shirts, chemises, pantalons, shorts, chaussures, paires de lunettes, sacoches et parfois quelques pièces d'électroniques utilisable ou non, des frigos vidés progressivement envahis de mouches. La valeur n'était plus qu'abstraite. Elle était un trait de volonté, un semblant de force ou d'énergie restante. Elle baissait si l'objet appartenait à un malade. La nuit, dans le noir et l'inconnu, elle augmentait considérablement. On ne sait pas ce que l'on vole, alors l'importance y est forcément plus grande. Le cours de la bourse explose pour ne chuter qu'au petit matin, les paris de la nuit on portés leurs fruits, ou pas. L'Etat délaissait volontairement s'occuper du port et de la brocante géante qui s'y installait. Au petit matin, des navires accostaient à nouveau. Le nombre n'était pas connu d'avance, il était un autre pari. la foule reprenait le pavé, se l'appropriait à nouveau pour décrocher un précieux billet gagné à coup de savate, de coudes, de pieds ou d'objets contendants mais discrets. Au navire reparti, le marché reprenait ses aises.
Les militaires s'étaient retirés de la plupart de la ville. Ils restaient là haut, sur les hauteurs, protégeant encore les quartiers riches, la mairie et d'autres bâtiments. La ville perdait peu à peu le contrôle sur tout. En journée, parfois, des véhicules descendaient des hauteurs de la villa Iara, siège local des forces loyalistes. Elles descendaient en trombe, sans s'occuper de la circulation ou des gens marchant sur la route. Une poignée d'hommes en shorts, manches remontés, la plupart non casqués mais toujours armés. Ils s'accrochaient aux harnais de ces véhicules presque décapotable que l'on avait décapoté. Sans prévenir, la voiture se garait au bord d'un immeuble. Les hommes descendaient en sautant, fusil en main, rentraient en trombe dans l'immeuble. Des cris, des sons, parfois des tirs, un, peut être plusieurs, puis le groupe redescendait de l'immeuble accompagné d'un nouveau compagnon. Souvent en bon état, parfois en sang, rarement inanimé. Le moteur toujours tournant, chauffant dans la chaleur quotidienne de cette ville portuaire, la voiture repartait et s'en allait là haut, villa Iara. Elle était inaccessible aux communs des mortels. Depuis la nouvelle, elle s'était retrouvée sous le feu des projecteurs de son activité. Deux catégories de personnes y ont accès : les militaires, ils en gèrent la place, du haut de ce petit balcon à la tanskienne, bâtit dans un beau marbre blanc qui donnait vu sur la ville qui s'étendait en bas, et les rouges, les infidèles, les traitres, les mauvais vilasiens, ou les vilasiens tout court, tout soupçon vous menait ici. Ici, les autres répondaient aux questions des militaires qui obtiennent toujours des réponses. Vraies ou fausses, elles sont obtenues. La véracité n'a pas d'importance, seule l'existence de la réponse compte. A son arrivée, prononcée rapidement sous l'effet de la peur, ou écrite la main broyée la bouche incapable de s'exprimer, une nouvelle voiture descendait en ville et répétait le même ballet infini. La méthode était nouvelle.
De temps à autres, depuis le balcon, on pouvait apercevoir une nouvelle colonne noire s'élevant dans le ciel. De là haut, le son de l'explosion se faisait rarement entendre. En contrebas, il venait de faire sauter quelques fenêtres, d'abimer des façades, de soulever une terrasse, d'aménager un petit commerce, et de tuer quelques soldats ou civils qui ne plaisaient plus. Les explosions se faisaient d'abord sur une base hebdomadaire, puis le colis apporté par journal se faisait plus quotidien. Matinal, ou couche-tard, il ne prévenait pas mais l'information se répandait ensuite en ville comme une trainée de poudres "le café de Pepaate a sauté". Le port ne recevait aucun colis. Accord tacite ou choix stratégique, aucune explosion n'y eu jamais lieu, on laissait partir les gens dans une paix toute relative. Maoia se vidait de ses habitants. Chaque jour des véhicules arrivaient aussi du reste de l'île. Des voitures, des cars, des piétons. Les véhicules régulièrement marqués de traces de balles ou de sang. Ils étaient abandonnés prêt du port, donnant un garage à ciel ouvert à celles et ceux qui ne pouvaient se satisfaire de la brocante du port. Celui qui restait devenait riche, en quelque sorte. La voiture pouvait se changer toute les semaines, les tenues aussi. Les autres partaient, fuyaient l'île et la guerre par Maoia. L'idée que les forces doivent partir aussi germa un temps puis plus rien. Un ministre la mentionna en conférence à la capitale, il fut démissionnaire dans la journée, reçu une enquête de la police dans la semaine pour corruption. Après un mois et un procès d'une célérité rare, il prenait pour 11 années et perdait deux de ses biens. Curieusement, après cela, plus aucun ministre n'évoqua l'idée que l'armée pouvait se retirer. Le trafic maritime se résumait ainsi : les navires débarquaient des soldats, rembarquaient des cadavres, des infirmes et des civils.
Il y a un mois, un petit camp à seulement 13 kilomètres de Maoia fut attaqué, 126 soldats, arrivés la veille furent tués ou enlevés dans une attaque surprise qui n'aurait pas du arriver. Elle dura un quart d'heure tout au plus. Des dizaines de militants y trouvèrent la mort. Les assaillants blessés laissés sur place n'ont jamais été constitués prisonniers. Plusieurs soldats furent retrouvés, morts de fatigue, de faim ou exécutés le long d'une route partant vers le nord. La nouvelle arriva le lendemain par un jeune des campagnes qui déposa un journal devant un café d'officier. Dans l'après-midi, le journal explosa tuant 11 officiers. Le soir même, les premiers civils quittaient la ville. Les colis explosifs, les voitures balais vers la villa s'instaurèrent. L'armée prit un autre tournant ailleurs sur l'île. Les rapports à la presse se firent plus rare. Les images des camps ennemis prit n'étaient plus publiques. Le gouvernement ne connaissait plus de règle.
Pertes du conflit de Villas et Tafanu
Forces de Défense de Maoti Iara
137 soldats professionnels (nombre inconnus entre morts et disparus)
137 ALI niveau 8
8 mitrailleuses lourdes niveau 5
11 mortiers légers niveau 3
4 camions niveau 4
Milice de Libération de Maoti Iara
98 conscrits (nombre inconnus entre morts et disparus)
98 ALI lvl 6
4 mitrailleuses lourde niveau 5
5 lance-roquettes niveau 4