Commissariat à l'énergie
Camarades commissaires provisoires,
Dans le cadre de cet audit, j’entends mettre en place les premières pierres de la reconstruction du pays. Il ne faut pas s’y tromper : j’admire la détermination et l’honnêteté de mes confrères des autres commissariats. Leur jugement est juste, et ceux-ci ont dressé un bilan que j’estime correcte de l’état dans lequel se trouvent les secteurs de l’économie dont ils ont la charge. Cependant, j’insiste sur le fait que les choses doivent être faites dans l’ordre. Inutile de dire que la réindustrialisation est une priorité, autant que la relance du secteur agricole. Mais comme le dit l’adage des eurycommunistes : « Il ne faut pas prendre les choses à rebours ». Nous voulons faire redémarrer les filières métallurgiques, textiles, les chaînes d’assemblage des automobiles et tout le reste, ce qui est une belle profession de foi…mais en premier lieu, j’enjoints mes camarades à considérer l’aspect de l’alimentation en énergie du pays, dont une bonne évaluation des besoins et une gestion rigoureuse est primordiale. J’entends ainsi faire le constat de départ duquel nous devons partir afin de répondre à toutes nos interrogations.
I) Anciens cadres et institutions dédiées à l’énergie : quel avenir pour les collaborateurs ?
Avant même d’évoquer l’état des infrastructures, il convient d’énoncer les changements à prévoir dans l’organigramme et la chaîne de communication, du gouvernement aux exécutants. L’énergie étant un secteur clé, il est inutile de dire que l’ancien régime a massivement investit son appareil encadrant et les plus hauts échelons de son administration. La question d’une purge du personnel responsable doit donc être au centre de notre premier dilemme : dans quelle mesure devons-nous nous passer des individus qui connaissent le lieux l’état actuel du secteur ? Il va sans dire qu’une purge complète des effectifs provoquerait l’effondrement complet de notre réseau, déjà mal en point comme nous allons l’observer. Aussi, j’entends émettre un premier avis auprès de mes camarades qui seraient intéressés à cette idée : un exemple doit être fait de la direction de l’énergie translave il est vrai, mais en revanche, je déconseille fortement la purge du corps des ingénieurs et l’encadrement de terrain, car ce personnel pourvoit à lui seul au fonctionnement de nos infrastructures. Ainsi, il ne faudrait ajouter à la procédure judiciaire en devenir des anciens collaborateurs du régime que cette liste réduite comprenant toutes les directions des institutions du secteur de l’énergie.
Qui dit purge dit également remplacement, qu’il est absolument nécessaire d’assurer. Sur ce sujet, je pense qu’il n’y a guère beaucoup de choix qui s’offrent à nous, mais nous ne sommes pas pour autant démunis. Nos partenaires loduariens pourraient nous faire don de formateurs, en particulier dans le secteur du nucléaire. Il en va de même pour nos voisins de Drovolski, qui ont d’ores et déjà massivement investi dans le secteur. La réorganisation de l’industrie nucléaire me paraît donc à portée de main, même si nous le verrons, nous partons d’un brouillon extrêmement confus. Nous devrons pour quelques années nous reposer sur ce personnel étranger afin de former nos propres éléments, à l’instar de beaucoup de secteurs de notre économie pour être honnête.
En revanche, nos besoins en personnel encadrant dans le secteur gazier et pétrolier pourrait être plus complexe. En effet, aucun pays partenaire de la DCT n’est un extracteur notable de gaz naturel ou de pétrole, et il nous faudra trouver donc des nouveaux associés afin de répondre à notre demande. Je propose ainsi de poursuivre le dialogue avec la Fédération des peuples estaliens que nous avons débuté. C’est là notre meilleure piste.
Au sujet de la structure du secteur de l’énergie en elle-même, je demande le feu vert du Comité central et du collège des commissaires afin de procéder à la réorganisation systématique de toutes les entités précédentes issues de l’ancien régime, dans l’optique d’appliquer des principes économiques plus sains que sont ceux du loduarisme à notre production énergétique. Cela pourrait également constituer une bonne méthode afin de faire le tri parmi le personnel dans l’implication que ses différents membres ont pu avoir eu avec les scentistes. Je propose ainsi la création de la Direction générale de l’énergie, qui sera elle-même subdivisée en plusieurs directions consacrées chacune aux différentes formes d’exploitation que nous possédons.
II) Etat du parc nucléaire de Translavye : l’illusion scientiste
Comme beaucoup parmi nous le savons, pour ceux qui sont restés au pays durant l’ancien régime, le secteur de l’énergie a eu une importance particulière pour les scientistes, et a eu une place importante dans la propagande d’état. Pour cause, le secteur est le lieu d’innovations technologiques notables et d’une concurrence importante à l’international. Les scientistes se vantaient donc de posséder le réseau e plus efficient du continent, avec des installations modernes de pointe, des expériences sur la fusion nucléaire et l’alimentation des véhicules par hydrogène. Nous nous souvenons bien entendu tous de ces affiches de propagande vantant « le pouvoir de l’atome ». Ma curiosité quant à l’état réel du réseau électrique était donc de mise lorsque j’ai pris mon poste de commissaire provisoire à l’énergie.
Voici mon constat, après ces premières semaines d’audit : la situation est loin, très loin de ce qui a été décrit par les scientistes. Nous commencerons par l’Industrie nucléaire, car il s’agissait de l’une des vitrines du régime, et sa situation nous aidera à comprendre les écarts multiples des scientistes, et le caractère totalement hors sol qu’a prit la direction de l’économie translave. La propagande scientiste ainsi que les documents officiels décrivaient un parc nucléaire de trente réacteurs, répartis en une dizaine de sites à travers le pays. La DCT en a récupéré 22, et notre direction en a débuté l’évaluation. Premier doute de ma part dans le cadre de cette enquête : le nombre de réacteurs bien trop élevé, dans la théorie, au vu des besoins réels de la Translavye, sachant que le pays n’a jamais été un exportateur d’électricité, et que les archives n’en font pas mention. Nous aurions pu nous dire qu’il s’agissait de réacteurs basse puissance, ce qui aurait rendu l’observation plus juste. Mais ce n’est pas la cas, puisqu’il est confirmé que l’intégralité du parc nucléaire est composé de réacteurs de type RBMK d’une puissance moyenne de 1000 MW chacun. Cela implique en premier lieu que le secteur est en état de surproduction théorique permanente depuis un certain nombre d’années. Du moins c’est là en théorie, car dans les faits il semblerait également que le niveau d’expertise supposé des actuels cadres du parc nucléaire aient été bien surestimés par le régime précédent. On suppose que le favoritisme et la corruption, à l’image des autres secteurs de l’économie sondés par mes camarades confrères au Commissariat, a pu être omniprésent, suffisamment pour affecter le rendu de production sur le long terme. Dans le cas de cinq de ces réacteurs, la supercherie va plus loin encore, puisqu’il apparaît que ces derniers n’ont simplement jamais été opérationnels.
Dans un second temps, il nous est permis de constater la vétusté du parc nucléaire en plus des conséquences néfastes d’un recrutement par cooptation au sein du pouvoir en place. En effet, après évaluation, il a été confirmé qu’aucun des 22 réacteurs situés sur le territoire de la DCT ne sont actuellement aux normes en vigueurs en Eurysie occidentale ou même en orient eurysien. Le système des barres de force renforcées au graphite est considéré comme particulièrement dépassé et dangereux d’un point de vue sécuritaire. L’inexpérience constatée de certaines équipes aux protocoles de sécurité en vigueur laisse également craindre une défaillance humaine pouvant mener à un incident grave.
Pour conclure concernant le parc nucléaire, nous ne pouvons-nous permettre de le conserver dans un tel état défaillance qui est là d’ordre systémique, à la fois dans son organisation humaine et dans son équipement daté. Mais nous sommes également dans la connaissance de la précarité de notre situation sur le plan économique et financier. Ces réacteurs doivent être démantelés sur le long terme, et vont disparaître. Mais le renouvellement complet d’un parc nucléaire est un processus long, et surtout, extrêmement couteux. Dans ce cadre de reconstruction il est ainsi impossible dans l’état actuel de nous passer de l’intégralité du parc. Cependant, nous pouvons tenir un début de piste visant à améliorer la productivité et la sécurité du dit parc. En premier lieu, plutôt que d’ouvrir de nouveaux EPR, nous pourrions tenter une remise à niveau complète du système de sécurité de certains réacteurs. Le système d’arrêt d’urgence de nos modèles actuels est jugé beaucoup trop long à l’exécution par exemple. De même, il n’existe pas d’enceinte de confinement efficace à nos modèles. Et ce n’est là que quelques aspects des problèmes qui se présentent à nous, et qui sont particulièrement nombreux. Nous devons encore évaluer les coûts d’une telle réfection, et s’il ne serait pas tout simplement moins couteux de faire l’acquisition de réacteurs à faible puissance des loduariens, estaliens ou de Drovolski.
En ce qui concerne le secteur pétrolier, je laisse ce sujet à mes camarades du commissariat à la production et à l’Industrie qui ont déjà rendu un rapport relativement édifiant de la situation, tout aussi précaire que concernant le parc nucléaire. Quant au secteur de l’exploitation gazière, je m’engage à rendre un autre rapport sous peu qui y est exclusivement consacré.
Très fraternellement,
Votre camarade commissaire provisoire à l'énergie, Sergei Conchu.