19/12/2014
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Grève générale velsnienne de 2014 (conflit social)

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Grève générale de 2014


"Je pense que le point de rupture entre la classe politique velsnienne et sa population laborieuse, dont les fissures ont été crées par la guerre civile, a été atteint aujourd'hui. Les velsniens veulent être récompensés pour leurs sacrifices. Lorsqu'ils voient des tanskiens avoir quatre semaines de congés pays par an, lorsqu'ils voient même des dictatures comme la Loduarie consacrant les 35 heures, ils se demandent: "Pourquoi pas nous ?". Et comment leur en vouloir ?"
- Antonella D'Angela, journaliste à l'Economiste, 22 octobre 2014


ça en fait du monde


La loi des 47 heures...certains conservateurs et libéraux velsniens se réjouissaient de cette "avancée". Après tout, avant il n'y avait guère de limite de temps de travail. Dans l'esprit de l'élite aristocratique velsnienne, un pas avait été fait à destination des salariés du pays, tel que le programme des Hommes du Patrice l'avait promis. On avait versé des primes à la reconstruction à la fin de la guerre, on avait légalisé les syndicats et le principe de la grève, on avait versé des primes et des cadeaux temporaires aux familles en difficulté. Mais, à bien des égards, c'était là des mesures d'urgence cédées à contrecœur par un pouvoir qui n'avançait pas aussi vite que la société qu'il était censé gouverner. Les idées, parmi la population, n'étaient guère promptes à êtres anesthésiées par des demi-mesures. La loi des 47 heures fut le facteur déclencheur de ce qui allait suivre, mais les revendications des mécontents s'arrêtaient-elles là ? Non, le problème était bien plus global, et si les velsniens s'accordaient pour dire que leur situation n'avait guère beaucoup évolué, que ce soit dans un gouvernement scaelien que dans un gouvernement républicain, ces derniers avaient, selon leurs priorités, des causes différentes de leur détresse.

La plus simple résidait paradoxalement dans la croissance économique extraordinaire que l'économie velsnienne connaissait. En effet, si celle-ci avait explosé, cela ne s'était guère ressentit sur l'évolution du salaire médian des velsniens, qui ressemblait à peu de choses près à l'encéphalogramme plat d'un mourant. Des mesures de redistribution, le gouvernement velsnien n'en connaissait pas, empêtré dans un logiciel politique où ce n'était pas le rôle de l'Etat, malgré l'instauration de taxes symboliques à l'égard des sénateurs. L'impôt sur les sociétés n'existe pas, pas plus qu'il n'existe de système de cotisation, d'impôt d'activité ou même un impôt sur le revenu, pour des velsniens qui n'ont connaissance que de l'impôt par tête. Si celui-ci paraît placer tout le monde sur un pied d'égalité, qu'en est-il de l'équité ? En parallèle, le coût de la vie a augmenté en même temps que le prix de l'immobilier, devant l'explosion du revenu des grands propriétaires qui eux, avaient su profiter de la guerre suivant leur proximité avec le nouveau pouvoir, pour accaparer davantage de terrain revendu au prix fort. Le chômage, arrivé à un plus bas historique, constitue également un problème chronique pour les entreprises velsniennes, organisées en corporations de métiers, qui tentent à tout prix de maintenir le coût du travail artificiellement bas. Là aussi, les derniers mois ont vu une cristallisation parmi les salariés du pays, qui ont peu à peu pris conscience que pour la première fois, le marché du travail semble pencher en leur faveur.

Malgré quelques mesures prises, les consignes gouvernementales en matière de travail ont bien grand mal à circuler dans le milieu de l'entreprise, dont on rappelle que la Grande République se maintient en retrait constant des affaires des corporations de métiers, rassemblées en "conventions sectorielles". Si plusieurs avertissements sur cette situation explosive ont été donnés par des sénateurs du P.E.V, ceux-ci ne semblent pas avoir été pris au sérieux jusqu'au jour fatidique du 22 octobre 2014.

Le déclencheur de la grève n'est rien d'autre que le résultat d'une accumulation de frustration au sein de l'un des épicentres de la politisation ouvrière velsnienne: les ateliers du Groupe automobile Strama, dans la banlieue de Saliera, où une grève locale avait déjà éclatée lors des élections au début de l'année. Strama est l'une des premières entreprises velsniennes a s'être dotée d'un comité d'entreprise composé pour un tiers de salariés de l'entreprise, chose rarissime à Velsna. Plusieurs semaines durant, et sachant le bilan financier de l'entreprise particulièrement bon pour l'année 2014, les salariés du comité ont fait la proposition d'une augmentation générale des salaires des 19 000 employés du site. Refus catégorique de la direction. Les négociations se sont enlisées, sur fond de formation d'un syndicat, chose rendue possible avec la légalisation récente des associations et fraternités de salariés, et sur encouragement de la direction du P.E.V. . A l'annonce de la décision définitive, la contagion du mécontentement s'est progressivement propagée à toutes les chaînes de montage du site. Au milieu de l'après-midi, le site tombe à l'arrêt dans son intégralité. Ce n'est pas la première grève sauvage que connaît le groupe automobile: les signes avant-coureurs, comme les débrayages temporaires, grèves du zèle et autres moyens détournés s'étaient multipliés au fil des mois. Mais c'est la première fois qu'aucune voiture ne sortait plus des chaînes. Loin d'être spontanée, certains groupes d'ouvriers s'étaient semble t-il, entendus à l'avance afin de contacter des "camarades" opérant dans les différents services de fournisseurs d'électricité de la cité de Saliera. Ainsi, malgré les tentatives de la direction de rallier les salariés ne ralliant pas la cause des grévistes, aucune chaîne n'a pu redémarrer le 22 octobre.

Si le contexte social eu été différent, cette contestation n'aurait jamais dépassé les murs des ateliers du groupe automobile, mais ce 22 octobre, les conditions, précédemment citées, semblaient réunies au sein de la majorité du corps social velsnien, pour qu'un évènement inouï dans la cité sur l'eau survienne: le mouvement s'est amplifié. D'usine en usine, de complexe logistique en complexe logistique, les centres de production du pays semblent s'arrêter. Pire, la contestation a rapidement été relayée par une élite intellectuelle acquise à cette cause qui auparavant, n'existait pas. Les laborieux velsniens, possèdent désormais des relais politiques et médiatiques qui peuvent transformer le fait local en fait national. Sénateurs eurycommunistes, libertaires, voire même certains libéraux, semblent déjà vouloir se saisir de ce moment que certains identifient déjà comme inédit. Ce n'est qu'une question de temps pour que le milieu étudiant, dont beaucoup de membres d'associations libertaires formées durant les dernières élections, prenne la cadence. Reste épargné pour le moment l'encadrement des entreprises, certains secteurs peut syndiqués et politisés, ainsi que les services. Mais pour combien de temps ?


Règles: Une grève est en train de prendre de l'ampleur à Velsna et risque de provoquer des transformations radicales de la société suivant son issue. Faites ce qu'il faut pour encourager son étouffement ou sa propagation à toutes les strates de la société. Tentez de mettre en avant des revendications au profit d'autres, ou bien plaidez pour une "convergence des luttes". Chacune de ces tentatives sera jugée en fonctions de deux facteurs: le jet de dés et la pertinence objective de l'action (dépendant du contexte politique actuel du pays). Deux jauges sont instaurées, et sur lesquelles vous pourrez influer: le "rapport de force", qui détermine l'ampleur du ralliement de la population à l'un des deux camps: le gouvernement et ses soutiens (patronat, élite aristocratique sénatoriale) ou l'opposition gréviste et ses soutiens (partis d'opposition, syndicats, associations étudiantes et groupes d’intérêt). La deuxième jauge, la "tension", déterminera l'ampleur de la violence du dit rapport de force.

Revendications actuelles du mouvement:
- Augmentation générale des salaires
- Instauration de deux semaines de congés payés
- Passage aux 40 heures par semaine
- Instauration systématique de comités d'entreprise

Jauge de rapport de force: -1
-10 : fin de la grève/victoire des conservateurs
-5/-9: essoufflement du mouvement/éparpillement
-1/-5: grèves perlées, dispositifs de nuisance inefficaces ou ignorés
0: protestations notables et relais locaux, mouvement de grève continu et soutenu, manifestations régulières,
1/5: manifestations spontanées et/ou importantes, ralliement des petits cadres et ingénieurs, paralysie partielle de certains secteurs de l'économie
5/9: grève générale, paralysie totale de l'économie, manifestations quotidiennes, ralliement des "classes moyennes"
10: fin de la grève/victoire des grévistes

Jauge de tension sociale: 2/11
1: Passivité du gouvernement
2-4: Mesures juridiques contraignantes à l'encontre des grévistes/répression syndicale/heurts sporadiques en manifestation, embauche de casseurs de grève.
5: Enrôlement de services d'ordre et de milices contre les occupations d'usines, violences policières et syndicales notables, blocages
6/8: Violence policière institutionnalisée, charges "non réglementaires", assassinats de syndicalistes, d'employeurs et d'hommes politiques
9/10: Tirs à balles réelles dans la foule
11: La colonne infernale de Carlos Pasqual

Aide au RP:
Entreprises velsniennes et industries touchées par le mouvement social (exemples):
- Les Arsenaux de Velsna (SAV) (construction navale militaire) (Point chaud du mouvement social)
- Les Armureries de la Velsna (SHAV) (armement)
- Chantiers Navals Laurenti Alfonso (construction navale civile, transports, fret naval et ferroviaire) (Point chaud du mouvement social)
- Groupe Automobile Strama (construction automobile) (Point chaud du mouvement social)
- Ateliers du groupe Falieri: (Industrie textile)
- Ateliers du groupe Oliviera: (Industrie du luxe et de haute-couture)
- Groupe Balbo (transport routier)
- Société des gondoliers de Velsna (transport par gondole)

Hauts lieux de contestation étudiante et intellectuelle:
- École des Arts nobles Luca Garini (Point chaud du mouvement social)
- Haute École de Philosophie politique de Velsna
- École de l'Amirauté de la Marineria
- Institut technique d'Umbra
- Salons de madame Paula
- Société des honnêtes archéologues de Velsna

Lieux de pouvoir (exemples):
- Palais du Patrice (siège du pouvoir exécutif et législatif)
- Bureau de l'Arsenal (siège de la Marineria et de l'armée)
- Place San Stefano (lieu de rassemblement habituel des velsniens) (Point chaud du mouvement social)
- Place de l'achosien pendu (lieu de rassemblement secondaire)
- La "Géode" (siège du Parti Eurycommuniste velsnien, situé à Saliera) (Point chaud du mouvement social)
- Cour des justes (plus haute instance juridique du pays)

Evènements récents:
- Grande journée de mobilisation du 31 octobre 2014 (+1 de rapport de force pour les grévistes)
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Velsna libérée a écrit : Lola Rama, 31 octobre 2014

Des slogans et des populations : ce que révèle les pancartes le leurs auteurs



Première semaine de manifestations impressionnantes pour le mouvement pour l’augmentation générale des salaires. Mais peut-on seulement résumer ces démonstrations de force dans les rues de la cité sur l’eau à cette seule revendication. Si la semaine dernière, c’est bien cette cause qui avait été le catalyseur de la contestation, qu’en est-il de ceux qui composent le mouvement ? Sont-ils à l’image de leur revendication. Ou ce mouvement est-il en train de muter au fil des ralliements et des opportunismes ? A en croire l’ampleur des manifestations, nous en sommes en droit de nous poser la question. Est-on en train d’assister à ce que l’on pourrait nommer une « convergence des luttes » entre des groupes sociaux n’ayant à l’origine que peu avoir entre eux, si ce n’est l’expression d’un mécontentement généralisé.

En premier lieu, il serait bon de rappeler le contexte dans lequel se déroule le mouvement. Une économie au beau fixe mais une augmentation des salaires qui ne suit pas, une reconstruction d’après-guerre presque achevée, des timides concessions d’un gouvernement ayant conscience qu’il n’a pas entièrement la main sur le rapport de force entre lui et les oppositions que composent la société… mais y’a-t-il simplement cet aspect salarial à mettre en avant ? Ce n’est pas ce qu’il semble lorsque dans un même cortège, nous pouvons croiser des ouvriers eurycommunistes syndiqués des Arsenaux de Velsna, des étudiants libertaires faisant la promotion d’une université libre de frais et autogérée tout en défendant les diverses luttes LGBT, elles-mêmes plébiscitées par des libéraux qui mettent quant à eux en avant le caractère fondamentalement injuste d’un suffrage censitaire qu’il serait temps d’abolir, de l’avis de la majorité des manifestants. Les oppositions pointent plusieurs pistes, mais qui toutes semblent se porter vers la même direction, à l’opposé de la majorité sénatoriale, qui entend ralentir le plus longtemps possible ces évolutions. 90 000 manifestants, c’est là le résultat ce mercredi dans les rues de Velsna. 300 000 à l’échelle du pays, avec une tendance à la généralisation du mouvement à des secteurs de l’économie très variés. Pour l’heure, quelques cités semblent épargnées en outre-mer, et dont la sociologie et le contexte politique se prête moins à cette explosion : aucun mouvement suivi en Achosie du nord ou à Tavaani pour le moment, ces régions ayant leurs problématiques propres qui occultent une grande partie du débat.
Dans la foule de la cité velsnienne, néanmoins beaucoup de voix différentes dont nous avons décider de dresser le portrait-robot, associé aux pancartes qu’ils arborent. Une expérience sociale que nos équipes ont prit un malin plaisir à faire :
- Natalia, 21 ans, étudiante à l’Institut technique d’Umbra, revendiquée non affiliée à une organisation politique, ancienne mobilisée dans un régiment d’artillerie civique durant la guerre civile. Intitulé de la pancarte : « Relation toxique, définition : j’ai offert un an de ma vie à DiGrassi, il m’a offert 150 florius. ».

Cette étudiante a fait la route jusqu’à Velsna pour manifester son mécontentement sur la place San Stefano ce mercredi. Elle se fait discrète dans le
cortège, ne portant que sa pancarte sur elle, aucun autre signe de ralliement distinguable. Interviewée par nos équipes, elle semblait presque se considérer illégitime à participer à une telle journée à côté d’individus ayant « des problèmes bien plus graves que les siens ». La pancarte au slogan imaginatif laisse toutefois apparaitre qu’elle n’est pas habituée à ce genre de démonstration de force. Elle nous a confié toujours être dans l’attente de la prime qu’a promis le gouvernement aux anciens combattants ayant prit le parti de DiGrassi durant la guerre civile, et qui avait été une promesse de campagne des conservateurs. Si le gouvernement a en effet dédommagé les cités des citoyens mobilisés, ces dernières ont dans les faits commis un certain nombre d’oublis. Sur la prime de 9 000 florius à laquelle avait en théorie droit Natalia, celle-ci revendique n’en avoir reçu que 150 dans les faits. Cette situation met en exergue l’important degré de corruption qui pèse dans les échanges entre le gouvernement central velsnien et celui de ses cités. Cette somme est pourtant nécessaire à Natalia pour clôturer sa troisième année d’étude, dans un pays où l’enseignement supérieur se fait entièrement aux frais de ceux qui en attendent un diplôme. Natalia attend également de ses gouvernants l’abolition de la conscription militaire, dont elle a eu une expérience particulièrement difficile nécessitant un soutien psychologique qu’elle estime ne pas avoir eu (elle a perdu deux camarades de promotion lors de la bataille d’Hippo Reggia).


- Guiseppe, 39 ans, manouvrier pour le groupe Laurenti Alfonso, branche fret ferroviaire de du plus grand employeur du pays en nombre de salariés. Encarté au PEV depuis l’âge de seize ans, il est doté d’un degré de conscience politique élevée, ce qui fait de lui un habitué de ces manifestations. Intitulé de la pancarte : « Sortir Visconti, sortir les nantis ! ».

Participant à la journée des barricades du 12 janvier 2014, Guiseppe prend pleinement part à la reconstruction des dommages causés par la guerre civile. Même s’il n’attendait pas grand-chose du gouvernement conservateur récemment élu, il estime que les « réformettes » récentes sont une insulte davantage qu’une compensation pour « ceux qui se sont vraiment sacrifiés pour chasser les scaeliens du pouvoir ». Contremaître de chaine de production d’aiguillages au salaire modeste, il est scandalisé par la stagnation du pouvoir d’achat et des salaires malgré l’enrichissement massif dont le pays a bénéficié ces deux dernières années. Comme toujours, il manifeste pour l’amélioration de l’encadrement de la sécurité au travail, ainsi que pour la baisse horaire du temps de travail, au sein d’une entreprise réputée comme offrant à ses salariés les conditions parmi les plus difficiles du pays.


- Paolo, 26 ans, pigiste pour le Velsna Libérée, politisé et électeur s’estimant au centre-gauche de l’échiquier politique, mais avouant avoir voté pour la liste conservatrice des Hommes du Patrice aux dernières élections, sur base d’un discours « de tempérance et de réconciliation ». Intitulé de la pancarte : « Alerte info : gouvernement de menteurs ».

De condition sociale modeste au vu de la précarité de sa profession, il éprouve une certaine colère, lui aussi, pour la stagnation des salaires, auquel il ajoute ses propres frustrations concernant une loi qui le concerne tout autant : le sénatus-consulte consacrant la légalité du mariage homosexuel à Velsna. Le problème étant que tirant sa nationalité de la cité de Vatluna, et celle-ci n’ayant pas pas accepté les termes de cette loi, il est impossible pour Paolo et son compagnon d’en profiter.


Ces trois profils bien spécifiques ne sont que quelques-uns parmi des dizaines de milliers, qui sont tout autant d’histoires ayant conduit ces gens de conditions et de priorités parfois différentes, mais réunies autour d’un objet de contestation que le gouvernement leur a fait l’erreur de donner. La journée de manifestation, dans son ensemble, a été relativement bon enfant, et les forces de l’ordre se sont tenu à bonne distance des cortèges ayant leurs propres services d’ordre, en particulier les rangs du PEV qui sont réputés particulièrement disciplinés. Les cortèges étudiants et lycéens eux, n’ont pas attiré d’attention particulière, ce qui est rare. Reste les néophytes de la manifestation, les apolitiques et étrangers à toute forme de syndicalisme, et des pratiques de la protestation en général. Eux ont été le plus grand défi des organisateurs à l’encadrement, ce qui est souvent le cas. Le gouvernement communal n’a pas tardé à relayer, quant à lui, les quelques violences sporadiques ayant éclaté en marge de la manifestation, faisant la part belle aux petits commerçants et artisans ayant perdu une journée de revenus, de par ces mouvements. Il semblerait que les conservateurs du gouvernement Visconti aient déjà trouvé leur cheval de bataille : la défense de cette classe de petits propriétaires et entrepreneurs ayant émergé suite à la guerre civile, cette dernière étant un appui non négligeable du pouvoir actuel.

Le mouvement social a déjà réussi à attirer à sa cause des personnalités appréciées des velsniens. Le chanteur folk Emilio Matarella, dont les chansons aux thématiques sociales sont célèbres parmi les habitués des cortèges, ne s’est pas fait prier pour donner de la guitare à la fin du parcours, dans le cadre d’un concert de soutien dont les fonds récoltés reviendront aux salariés des usines en grève. Plus que tout, ces chants fédérateurs sont devenus célèbres dans les camps militaires de la guerre civile, où toute une génération de jeunes conscrits ont partagé ses airs tous plus reconnaissables les uns que les autres. Les revenus de ce concert alimentent déjà les cagnottes des ouvriers de Laurenti Alfonso, de Strama Automobiles et des ateliers du groupe Falieri qui ont ainsi fait pleine recette aujourd’hui.

Que retenir au final de cette journée ? Le succès de cette première mobilisation d’ampleur est au rendez-vous, c’est ce qui peut être affirmé, avec une participation rarement atteinte dans l’Histoire de la cité velsienne. Du côté du gouvernement, on a bien entendu peu communiquer sur les chiffres astronomiques, et la technique de l’autruche et du pourrissement semble de mise. Quelques sénateurs conservateurs en revanche, ont beaucoup moins de tact : « Impressionnant certes, mais nous sommes justement en train de travailler sur les questions desquelles se plaignent ces manifestants. Je ne vois pas vraiment où ces gens veulent en venir. Les réformes arriveront quand elles arriveront », juge l’un d’entre eux.

Pour finir, qu’en est-il de la position de ce journal concernant ces évènements ? Il va sans dire que notre rédaction ne peut rester insensible à la question, d’autant que beaucoup de nos confrères souffrent des mêmes maux qui les ont obligés à participer à cette mobilisation. Ainsi, je voudrais clôturer cet article en jouant cartes sur table avec nos lecteurs. Et pour marquer notre position, je voudrais terminer ce papier en vous partageant les paroles d’une chanson d’Emilio Matarella :

Ce pays est mon pays, ce pays est ton pays
Des plaines de Velsna aux confins d’Achosie
Des déserts de Cerveteri aux sequoias de Nowa-Velsna
Ce pays a été fait pour toi et moi

J’ai marché sur les docks de l’Arsenal
J’ai vu les chaînes humaines depuis ses toits
J’ai vu les barricades des ouvriers en cavale
Ce pays a été fait pour moi et toi

Ce pays est mon pays, ce pays est ton pays
Des plaines de Velsna aux confins d’Achosie
Des déserts de Cerveteri aux sequoias de Nowa-Velsna
Ce pays a été fait pour toi et moi

Le soleil se levait alors que je flânais
Les champs de blé ondoyer et les nuages de poussière rouler
Le brouillard se levait, une voix a commencé à chanter
Ce pays a été fait pour toi et moi

La rédaction du Velsna Libérée s’est engagé à financer la cagnotte des grévistes du groupe automobile Strama.





Effet:
+1 pour les grévistes sur la jauge du rapport de force
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Et voilà qu'ils font grèves maintenant !

Mise en contexte :

L'Union Pour la République - l'UPR, était dans une situation complexe. Alors que le pays est traversé par un mouvement gréviste majeur, qui peut prendre une tournure inquiétante en fonction des actions de chacun des acteurs politiques de la Grande République, le parti est dans une situation complexe face à la situation actuelle. En effet, depuis la création du parti, suite à la mort de Vinola durant la guerre civile, le parti, afin de survivre pour les élections, a joué sur plusieurs tableaux pour assurer sa survie politique. Il a tenté de séduire un électorat de centre-gauche et de centre-droit et de droite, en attaquant frontalement plusieurs fois le chef de file de la faction conservatrice. La campagne menée par Sylvio Sapore a permis au parti politique de survivre à l'élection sénatoriale et de s'en sortir avec soixante-huit députés. Toutefois, la nomination du président du parti politique dans une zone où la connexion internet était fonctionnelle tous les deux mois ne choqua personne, vu la violence de ses propos au regard de Digrassi, mais jeta le trouble sur l'avenir du parti politique.

Le vice-président du parti et sénateur, Lucio Campora, saisit pleinement la complexité de la situation. Peut-on réellement conserver une ligne "centriste" sans Sapore, bien que ce dernier demeure officiellement président ? En réalité, c’est Lucio Campora qui dirige désormais effectivement le parti. Face à la situation actuelle, deux courants s'affrontaient en interne. Une partie des membres et des cadres estiment qu'il est nécessaire de soutenir le mouvement gréviste, afin d'éviter que ce dernier soit accaparé par le P.E.V. Ils pensent que si l'UPR gagne le leadership du mouvement, alors il s'imposera à gauche auprès des classes populaires et des travailleurs et pourra devenir électoralement à la hauteur du P.E.V lors des prochaines élections. Le second courant souhaite faire entrer l'UPR dans le gouvernement. Il estime que les rancœurs nées avec la Digrassi peuvent être surmontées étant donné que ce dernier a eu le dernier mot, avec l'envoi de Sapore dans un endroit digne des enfers. De plus, ceux-ci pourraient s'opposer au gouvernement, dans la limite du raisonnable, tout en étant au gouvernement, et donc permettre d'avoir la lumière médiatique donnée aux membres du gouvernement. Si le gouvernement s'en sortait bien avec les grèves, alors l'UPR, si elle entre au gouvernement, pourrait faire un bond dans les sondages.

L'argument le plus fort de ce courant était d'avoir les moyens de l'État pour s'opposer au P.E.V et aux Loduariens. En outre, on ne prendrait pas l'Union Pour la République dans son gouvernement, alors qu'on a la majorité absolue et le soutien de l'ONDehors, pour démontrer qu'on peut faire une politique de centre-gauche, mais pour montrer à l'électorat conservateur qu'on a enfin pris au sérieux la menace du P.E.V.

Heureusement pour le parti politique, celui-ci avait inscrit dans ses statuts une organisation très orientée vers la démocratie directe. Ainsi, plusieurs motions furent soumises au vote, et les adhérents durent trancher. La première motion qui l'emportait devenait définitive, sans possibilité de second tour. Cela permit au parti d'éviter une division publique quant à la ligne politique à suivre après l'adoption de la motion. Cependant, cela obligerait le parti à se conformer strictement à la politique choisie, qu'elle le conduise vers la gauche velsnienne ou la droite velsnienne, car il n'y avait que deux options. Les motions étaient les suivantes : proposer l'entrée de l'UPR au gouvernement afin de le soutenir face à un mouvement gréviste potentiellement repris par le PEV, ou bien soutenir les grévistes tout en maintenant une opposition au PEV. La motion arrivée en tête est l'entrée de l'UPR au gouvernement avec 53.26 % des voix.


Action(s) :

Aux instances dirigeantes/aux dirigeants, de la faction Digrassi.

Chers membres, Excellences,

Si je prends ma plume afin de vous écrire, c'est parce que les membres et les adhérents du parti politique dont je suis le représentant, l'Union pour la République, souhaitent vous présenter un projet commun, dans le but de tuer dans l'œuf les mouvements grévistes, fleurissant dans notre belle et Grande République. La Grande République est une fois de plus dans un moment charnière, qui représente pour elle un croisement à plusieurs branches. L'une des branches est hélas la victoire des mouvements grévistes, que la victoire soit médiatique, politique gagnant sur les revendications ou médiatique et politique. Mais, je rajouterai que s'il s'agit que de cela, la Grande République y survivra et verra ses travailleurs heureux. Non, le plus à craindre est une victoire des mouvements grévistes dont le principal acteur serait le P.E.V, nous ne pouvons nier son influence dès à présent. Je suis certain que nous estimons, nous tous, cette possibilité très crédible et très certaine, étant donné les récents succès politiques et la dynamique politique du parti politique. Si de tels desseins réussissent pour le P.E.V, alors qu'avons-nous à craindre ?

Nous avons à craindre d'une révolution sur le modèle de la journée des barricades, que nous avons observée à la fin de la guerre civile. En outre, si les dirigeants du parti s'estiment en dynamique positive et représentent un pourcentage suffisant de la population pour lancer une révolution, il n'y a aucun doute que les instances du parti politique n'hésiteront pas. Si les grèves réussissent, sous l'action du P.E.V, il est certain que les membres et les instances du parti politique croient que les conditions seront réunies. Si le "grand soir" échoue, le P.E.V restera comme un mouvement politique majeur de la vie politique de la Grande République, pouvant forcer la dissolution du Sénat, c'est là, je crains, le scénario qu'ils privilégieront, s'ils ne choisissent pas la voie de la révolution. L'avènement d'une élection, après une victoire majeure du P.E.V, provoquerait, bien entendu, une victoire du P.E.V, soit en ayant la majorité absolue ou relative.

Ainsi, alors que les discussions ont déjà eu lieu pour la formation d'un gouvernement, aboutissant sur un gouvernement Faction Digrassienne - ONDehors, je vous propose d'élargir le gouvernement en intégrant l'Union Pour la République, dont nous réclamons uniquement un poste au sein du gouvernement. Le gouvernement a entrepris des réformes qui correspondent aux volontés politiques de notre parti politique, dont nous avons voté la plupart, allant dans le bon sens, selon notre propre conviction et analyse de la situation. L'élargissement du gouvernement ou la création d'un gouvernement Faction Digrassienne - UPR aurait pour bienfait une cohérence politique, qui balayerait les critiques d'un revers de la main, sur ce point précis. De plus, comme vous le savez, une partie de notre électorat peut être classifiée de "Social-démocrate" ou encore "Social-libérale". Dans la situation actuelle, cela représenterait un avantage important pour parler aux grévistes, qui seraient plus à même d'écouter un gouvernement comportant un parti politique de centre-gauche, représenté par soixante-huit sénateurs.

Il est évident qu'avec notre parti entrant au gouvernement, nous voudrons mener des politiques de centre-gauche, en concertation avec tous les partis et les factions qui soutiennent le gouvernement, bien entendu. Cela représente une occasion unique pour tenter d'inverser la dynamique politique du P.E.V. Il est certain que si nous menons une politique de centre-gauche favorable aux classes populaires, celles-ci soutiendront le gouvernement et non plus le P.E.V, essoufflant le mouvement gréviste par les actions qu'entreprendra le gouvernement et l'essoufflement de la dynamique pour le P.E.V. Nous avons, je crois, là une occasion unique et je crois la dernière, pour éviter une victoire de P.E.V politique.

Bien à vous.


Fait a Velsna,
le 08.11.2014
Semer le trouble :

.


"Je vous dis que je le connais pas !
- Ta gueule et réponds à la question : où était ce flic au moment des faits ?! Il était dans ton unité ?!
- Je sais pas, je connais même pas son nom !
"

Pour Matteo, ça faisait maintenant huit heures qu'il avait passé dans cette salle d'interrogatoire insalubre d'un des postes de la police civique d'Umbra. Les menottes avaient finis par devenir réellement inconfortables et il avait une grande hâte de se dégourdir les jambes, lui qui était vissé au cul sur une chaise en bois relativement inconfortable, le genre de chaises qu'on ne confie qu'aux écoles publiques des populaces les plus pauvres de Loduarie sans doute. Choix artistique douteux de la part des policiers qui avaient l'air tout aussi épuisés que lui. Ils avaient la chance de pouvoir se déplacer librement certes, mais leur incompréhension de la situation met leurs nerfs à vif, surtout quand la plupart d'entre eux craignent le retour mécontent de leur hiérarchie lorsque celle-ci apprendra que l'enquête n'avance pas d'un iota. Un des policiers, fatigué et rageant de n'obtenir aucune information de Matteo, pourtant témoin de la scène, le frappa en plein visage avant d'être maitrisé par son collègue :

"Putain, ça sert à rien de le protéger ! Tu te mettras encore plus dans la merde !
- Je suis pas votre homme, j'ai aucune info sur ce qui s'est passé !
- Sergent, calmez-vous nom de Dieu !
"

Son collègue tente de rappeler à l'ordre le mauvais flic mais il semble que la lassitude ait eu raison de son jugement rationnel. Le sergent quitta, furieux, la salle d'interrogatoire. Le dernier flic sur place soupira, visiblement exaspéré à la fois par la réaction de son collègue et par l'absence de pistes que pouvait donner ce "témoin" que l'on avait visiblement pris pour complice et envoyé en garde à vue.


Il faut dire que la situation dans laquelle la police civique d'Umbra est impliquée n'est pas chose courante, compte tenu de la tension sociale actuelle. En effet, le 8 Novembre dernier, alors qu'une manifestation étudiante avait à nouveau lieu dans l'Institut Technique d'Umbra comme c'était le cas depuis un bon moment maintenant, il semblait qu'un des policiers qui était chargé de contenir la foule aurait dégainé sa matraque et au beau milieu de la foule, aurait frappé une jeune femme au visage. La scène horrifia les étudiants et fut même filmée avant d'être diffusée sur les réseaux sociaux. Résultats des courses : la jeune femme, une certaine Giulia, a été atrocement tabassée et défigurée à vie. Son visage après les opérations s'est rapidement propagée aussi sur les réseaux sociaux, la jeune étudiante fut érigée rapidement en martyr par une foule étudiante hystérique demandant le jugement du policier et dénonçant la brutalité policière contre la jeunesse veslnienne. Et le flic en question ? Eh bien, on en sait rien. Ses collègues, ou plutôt les officiers, avaient ordonnés au reste de la troupe de se mettre en attente et le policier en lui-même se fraya un chemin à travers la foule en menaçant avec son arme de service avant que des grenades lacrymogènes soient lâchés au milieu de la foule. La fumée permit visiblement au policier de s'enfuir. La police civique n'a pas retrouvé l'identité du dit policier : son identifiant collé à son uniforme était un faux et son visage était cagoulé comme la plupart des policiers civiques lors de cette manifestation. Quant aux lacrymogènes, la police indique clairement qu'elle n'a jamais donné l'ordre de tirer des lacrymogènes sur les étudiants et indique que ces tirs provenaient certainement d'un tiers. En tout cas, l'effet de cet événement ne fait qu'attiser la haine et la tension sociale latente dans la société velsnienne et particulièrement à Umbra où la jeunesse s'insurge face à cette exaction tout bonnement injustifiée et injustifiable. L'effet des réseaux sociaux a permis à l'ensemble de la République de voir les images, rapidement censurées par l'Etat, choquantes du tabassage de Giulia. En revanche, ce que le gouvernement velsnien et certainement pas les policiers d'Umbra ne savent pas encore, c'est que ce type d'événements risquent de devenir chose courante.

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Chose courante car comme on s'y attend à Mistohir, ces actes sont évidemment provoqués délibérément et les décisions liées sont prises dans le siège du SRR. Le SRR avait fini par prendre conscience de l'importance de la grève générale à Velsna, considérant cet événement comme une chance de consolider l'emprise du PEV sur Velsna. La chute du régime oligarchique était l'objectif idéologique principal de la politique ouest-eurysienne estalienne, la chute de la première puissance économique eurysienne sous les coups de la justice socialiste serait non seulement une grande victoire pour la cause du socialisme mais permettrait à l'UICS de renforcer ses rangs. Bien sûr, les divisions restaient vivaces sur cette intention au sein même du SRR : certains estimaient le PEV trop proches de la Loduarie, à la limite du simple pion, et estimaient qu'une Velsna sous domination eurycommuniste renforcerait la Loduarie dans le jeu d'équilibre encore très bancal entre Lyonnars et le reste de l'UICS. Il y avait donc des opinions divergentes mais le SRR avait conclu que la chute du régime oligarchique constituait la première étape, quoi qu'il arrive ensuite. Par la suite, le SRR a laissé une porte d'ouverture sur le futur velsnien : accrocher au PEV, renforcer les communalistes du CCC, fonder un parti husakiste au coeur de la politique velsnienne. Les idées fusent à cet instant présent mais l'idée générale était là : le socialisme devait s'étendre. Or, est-ce que cette grève allait aboutir à quelque chose de sérieux ? En soit, les revendications actuelles de la population velsnienne sont de l'ordre principalement économique, ce sont des manifestations presque anodines pour des revendications assez banales. Les revendications ne vont pas aussi loin que l'on le souhaiterait. En revanche, ce climat de tension social sous-jacente dans la société velsnienne est une parfaite occasion pour extrémiser, pour radicaliser et pour corrompre la doxa politique ambiante. Saper la confiance dans les institutions est souvent la première des règles quand on organise un soulèvement quelconque. La République doit donc perdre sa crédibilité pour que l'opposition puisse rivaliser avec l'establishment politique et économique velsnien, généralement soutenu par un monde financier, marchand et économique puissant et un soutien d'arrière-cour des puissances capitalistes qui veulent éviter à tout prix l'arrivée du PEV au pouvoir.

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Il fallait donc mettre de l'huile sur le feu, c'était actuellement la seule conviction du SRR, pour au mieux accroître la puissance du PEV et le faire arriver au pouvoir par les urnes, au pire provoquer un soulèvement armé en cas de trop forte résistance des conservateurs. Evidemment, le SRR sait d'avance qu'elle ne peut pas formellement compter sur le PEV lui-même : rares seraient les députés du PEV à risquer d'être déclarés criminels pour sédition contre l'Etat parce que le Slave du coin leur a proposé de mettre leur propre pays à feu et à sang. Il est donc évident qu'on ne peut pas compter sur eux pour le moment. On dit bien ici pour le moment : le PEV sera forcé de se joindre à la force des choses dès lors que la situation aura pris de l'ampleur mais pour le moment, c'est une grève de tout ce qui a de plus banal, en dehors de sa durée. Pas de quoi s'extasier et distribuer des fusils d'assaut comme des p'tits pains donc.

Bien entendu, pour accomplir ce but, les Estaliens ne partent pas de rien, ils peuvent se baser sur le réseau de corruption qui avait été déjà construit en partie durant l'été dernier lorsque l'Estalie récupéra des armes en signe de cadeau de bienvenue par le PEV. L'opération avait été un succès, malgré quelques péripéties, et de ce fait, les Estaliens ont déjà une base de données assez solide sur qui corrompre, qui soudoyer et qui contacter en cas de besoin. Il y avait donc trois pistes d'adhérents potentiels au projet du SRR : les corrompus, les communalistes et les criminels. Les corrompus, jusqu'à là, c'est assez simple : on sécurise la loyauté de postes importants avec des billets verts et on surveille, on fidélise. Les méthodes estaliennes en ce qui concerne la corruption ne changent pas d'un poil : on repère la cible, on analyse la propension de l'individu à accepter un pot-de-vin, on fidélise par la protection et des avantages en nature et surtout on surveille les canaux de communication. Le tout par un contact généralement anonyme, le corrompu ne sait que rarement pour qui il travaille réellement. Tant qu'il reçoit son bénéfice, il ne pose pas de questions. Au moins, ça a le bénéfice d'être simple à établir, surtout pour les Estaliens qui sont maintenant rôdés par ces méthodes. La deuxième piste, ce sont les communalistes : grands orphelins de la tentative kah-tanaise d'apporter son propre modèle aux dernières élections, les communalistes ont eu, sous les directives kah-tanaises, la désagréable surprise de l'élitisation de leur mouvement. Des intellectuels, des universitaires, des artistes. Voilà ce qu'était l'électorat communaliste à Velsna, loin de la masse ouvrière soutenant fermement le PEV. Peut-être était-ce pour cela que c'est le PEV qui est arrivé en tête et pas le CCC ? En tout cas, il était évident que finir parmi les derniers en liste électorale a été une désillusion pour certains communalistes qui ont peut-être compris pour certains que le communalisme doit revenir sur des bases populaires et prolétaires, une vision partagée en Estalie. Le but n'est pas forcément de les convaincre idéologiquement que le modèle kah-tanais n'est pas le bon, la promotion du modèle estalien se fera plus tard, en temps voulu. Le but est de simplement attiser la désillusion de l'électorat communaliste, et plus précisément de ses éléments les plus radicaux, afin d'en faire des outils du SRR. Il faut pouvoir négocier avec la frange radicale du CCC (certainement minoritaires mais nous n'avons besoin que de quelques centaines de personnes tout au mieux) et leur proposer notre financement, notre soutien humain et technique et une solution d'exil et d'amnistie en Estalie en cas de soucis. Le but est d'instrumentaliser cette petite frange radicale déçue des élections de 2014 pour pouvoir en faire nos propres partisans, non pas d'un point de vue idéologique mais au niveau opérationnel. Il n'est pas sage pour les opérations menées d'envoyer nos propres agents sur place pour les opérations de terrain qui sont dangereuses et où sont déployés des pions sacrifiables là où un agent estalien lourdement entraîné est difficilement sacrifiable.

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Pour les criminels, l'affaire est plus délicate. Evidemment, Velsna, par les luttes politiques intestines incessantes, son oligarchie aux méthodes douteuses et la structure de son administration civile et policière favorise naturellement le développement de réseaux criminels clandestins. De ce fait, le crime organisé existe à Velsna et mieux que ça, il se développe grâce à la corruption, au trafic très important d'armes pendant et après la guerre civile et bien d'autres facteurs qui contribuent à des trafics liés à des organisations criminelles. De ce fait, pour trouver les plus fidèles des serviteurs de l'Estalie, on ne doit pas nécessairement le trouver dans notre giron politique (et pour cause, le modèle estalien de l'Anarchisme Renouvelé a encore du mal à s'exporter par rapport à l'eurycommunisme, le loduarisme ou le communalisme à la kah-tanaise) mais dans les bas-fonds des sociétés capitalistes. C'est là qu'on trouve les plus fervents opposants au régime politique, non pas car il existe un projet politique quelconque derrière, mais parce qu'un criminel réfléchit en bénéfices, délaissant l'éthique et la morale pour s'accaparer du butin. Un criminel comprend de ce fait que l'affaiblissement de l'Etat est un excellent moyen pour lui de faire du profit. C'est là la différence entre l'homme d'affaires véreux et le criminel : le criminel n'a pas besoin de l'Etat alors que le chef d'entreprise en a besoin car sans droit, pas de marché. Convaincre par le portefeuille est d'une relative simplicité pour certains sans scrupule mais le SRR ne s'arrête pas là : développant progressivement son réseau, le SRR se chargera de faire infiltrer les différents groupes criminels velsniens par des agents locaux qui devront obtenir des informations précieuses sur les activités de ces groupes et être à l'origine de la création de nouvelles factions qui doivent favoriser l'agenda estalien : en bref, saboter les structures étatiques. Dès lors que cet état d'esprit est acquis, alors les agents à la solde de l'Estalie n'ont plus qu'à se jouer des rivalités internes, manipuler les alliances et s'appuyer sur le financement estalien pour faire du groupe criminel un simple réseau fantoche du SRR. Cela passe par ailleurs par le contrôle du marché noir : l'Estalie utilisera les postes corrompus qu'elle avait obtenu dans l'administration portuaire durant l'été dernier pour favoriser ou défavoriser le passage de produits illicites à Velsna. L'Estalie étant superbement positionné en Eurysie centrale, d'où part la majorité des réseaux de trafics d'armes du continent, envoyer nos propres agents pour pister et prendre le contrôle de ces réseaux criminels basés à l'étranger en usant des mêmes tactiques sera là aussi un jeu d'enfant. Le but est de simplement tenir en main la source de revenus principale de ces groupes afin d'obtenir un pouvoir de négociation supplémentaire et affaiblir les groupes rivaux en cas de problème interne. Diviser pour mieux régner en somme.


On en revient alors à notre affaire de Giulia à Umbra. Ici, sans que la police d'Umbra le sache, un des criminels avait reçu l'ordre de se déguiser sous un uniforme de policier factice et de s'incruster dans les rangs de la police dans l'agitation de la manifestation puis de précisément tabasser Giulia qui était, comble du hasard, la fille d'un membre d'un groupe de criminels rivaux à celui qui orchestra cet épouvantable tabassage de rue. Les lacrymogènes, quant à elles, furent tirées par des agents locaux armés de lance-grenades à lacrymogènes fraîchement fournis par le SRR par la voie illégale (on change pas une équipe qui gagne). Et ça, c'est que le début.
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Grève générale velsnienne: Rapport d'activité (HRP: arbitrage actions)



La proposition de l'UPR



Le conseil

"Je rêve ou ils nous ont appelé "faction DiGrassi ? Même pas un "A ces excellences sénateurs du Conseil Communal de la Grande République ? Ces jeunes loups fraichement élu ont les dents longues, mais bien peu de manières...Et depuis quand le Maître de l'Arsenal représente t-il l'intégralité de ce gouvernement ? Cela fait des semaines qu'il n'est pas rentré de Rasken...bref...parlons de cette lettre". Dans la salle du Conseil Communal du Palais des Patrices, il n'y avait que la voix du très honorable Sénateur Paolo Forel, Maître des évergètes de la Grande République, qui raisonnait dans ces murs garnis de peintures baroques. Les Maîtres du Conseil et le Patrice se passaient la lettre de main en mains, les uns restant silencieux, les autres s'esclaffant à plein poumons. Si le message était audacieux, il avait le mérite de semer un soupçon de doute chez certains d'entre eux. Un seul membre du conseil n'avait encore pipé mot: la Patrice Valeria Visconti. Cela faisait désormais neuf mois qu'elle endossait cette responsabilité que beaucoup pensent symboliques, mais qui à l’intérieur de ces murs a pour fonction d'arbitrer les différends entre les membres du Conseil. C'est également le Patrice qui fait au Sénat la proposition de la constitution d'un gouvernement. De pouvoir, Visconti n'en a certes pas d'autre. Mais dans la situation présente, celle qui fait bien souvent office de juge de touche se retrouve arbitre avec le sifflet entre les mains. Le Patrice Dandolo avait échoué dans cette mission, charge à elle de ne pas répéter ces erreurs, d'autant que depuis le début des évènements DiGrassi, le Maître de l'Arsenal, était toujours à Rasken.

En attendant, elle laissait la parole aux autres acteurs de cette pièce de théâtre chargée en rebondissements, en jérémiades et en scandales. La Maîtresse des jugements Marisa Adriano faisait ainsi remarqué un point d'accord entre les auteurs de cette lettre et le gouvernement Visconti:
- Excellences. Sauf votre respect, permettez moi de vois faire remarquer que ce courrier vise tout de même juste en plusieurs points, et je pourrais même parler de points de convergence: oui, certes la situation est pour l'instant globalement calme, mais le PEV entend tirer profit de la situation d'une manière ou d'une autre. Je ne suis pas sûre que la stratégie du pourrissement peut fonctionner, même s'il est encore trop tôt pour le dire.

A contrario des propos de sa compère, le Maître de la Garde, et accessoirement responsable des forces de police velsniennes, ne se fait pas prier de tenir des propos beaucoup plus catégoriques, avec son accent typique d'Achosie du nord:

Carlos Pasqual dans la place

- Mais vous êtes complètement hystérique, excellence Adriano. La situation est totalement sous contrôle à l'heure actuelle. Il n'y a rien du tout, AUCUN commencement d'insurrection, et la seule manière dont les communistes peuvent montrer un tant soi peu de pouvoir en ce moment, c'est en désertant les bancs du Sénat. Mais après c'est pas comme si ils y étaient utiles d'habitude. Nous allons traiter ces manifestations comme nous avons traiter toutes les autres: avec de la compréhension et du dialogue...comme en Achosie du nord dans les années 80, quand des chenapans se sont mis là bas, à faire exploser quelques poubelles. Vous voulez mater la grève ? Eh bien, je peux le faire en quelques heures si vous m'en donner les moyens, excellence Visconti. Céder à une chantage, que ce soit des grévistes ou des libéraux, cela n’empêchera pas d'autres chantages. Au contraire, si les grévistes voient que nous ne répliquons pas lorsqu'ils occupent des usines, comment voulez vous que l'on considère avec révérence nos excellences du Sénat ? Nous devons utiliser tous les moyens que la loi velsnienne nous donne afin de régler ce problème, avisSSe aux amateurs...
- Il suffit.


Avec une certaine surprise, les membres du conseil entendirent l'interruption de la Patrice Visconti et firent silence, se tournant vers elle pur entendre l'un de ces rares avis:
- Excellence Adriano, excellence Pasqual, reprenons notre souffle, et réfléchissons ensemble à la situation. Vous avez raison, excellence Pasqual, ce libéral exagère à mon sens et dramatise la situation à outrance. Mais cela ne signifie pas que son excellence Adriano a tort. Nous ne savons pas de quoi demain est fait, et il est évident que le PEV va surfer sur le mouvement. La proposition de ce sénateur est bien trop gourmande en effet, mais notre intérêt ne serait-il pas de segmenter ce dernier afin de lui faire perdre de la vigueur, qu'il s’essouffle et se disperse plus vite ? Non, nous ne devons pas faire entrer cette...excellence au gouvernement, nous n'en avons pas l’intérêt, et aussitôt celui-ci sera parmi nous qu'il se mettra en avant et sera médiatisé. Autant faire entrer un loup dans la bergerie tout de suite. Nous 'n’avons pas besoin de cela. En revanche, en échange d'une concession de notre part, ne pourrions proposer aux sénateurs "jaunes" un soutien sans participation au gouvernement ? Cela démobilisera une partie des manifestants, sûrement, en plus d'avoir obtenu quelques miettes. Une concession sur la mise en place d'un salaire minimum par exemple. Qui est pour ?

Dans la salle, les mains, parfois hésitantes, se lèvent. Elles sont deux, puis trois, puis quatre, avant d'arriver à cinq, le seuil majoritaire fatidique. Carlos Pasqual se retranche dans son siège, l'air renfrogné et peu satisfait du résultat.


Effet: le Gouvernement Visconti propose à l'UPR un soutien sans participation gouvernementale en échange d'une concession sur la mise en place d'un salaire minimum à Velsna. Attention, la décision suivante affectera potentiellement les deux jauges de cet évènement de conflit social.




Semer le trouble


On peut aller bien loin à Velsna, pourvu que l'on est capable de glisser un billet à chaque péage. C'est là un adage auquel les estaliens à l'initiative d'une discrète série de troubles semblent avoir adhérer. Les forces de l'ordre de la cité sur l'eau ont toujours eu la main quelque peu alourdie par de pareilles transactions, et il n'y a aucun secret là dedans. Simplement, les estaliens semblaient avoir utiliser l'une des caractéristiques du système contre lui, grimpant au gré des échanges douteux progressivement dans le dispositif policier de la cité d'Umbra, bien connue pour ses mouvements sociaux, en plus d'être une cité où le PEV fait des scores électoraux particulièrement importants. Le terreau idéal d'un mouvement de masse.

Non content de vouloir semer la panique parmi les rangs des manifestants de l'Institut technique, les espions d'Eurysie centrale sont bien ambitieux: vouloir détacher le CCC de son influence kah-tanaise, et plus audacieux encore, le PEV de son influence lorduariste... Ce qui est sûr, c'est que les étudiants de l'Institut technique d'Umbra se souviendront longtemps du tabassage en règle qui a eu lieu devant leurs yeux. Peut-être est-ce là suffisant pour calmer queques "brûleurs de poubelle aux cheveux longs", pour citer Carlos Pasqual. Ou bien peut-être est-ce l'effet opposé qui va se produire; une onde de choc, une profonde indignation de la part du reste de la cité. C'est vers ce deuxième scénario que semble se diriger cette pièce tragique, car très rapidement les suites de cette altercation, filmée par de nombreux témoins, va faire enfler une incroyable bulle médiatique et susciter une profonde empathie d'une opinion publique velsnienne pourtant habituellement insensibilisée au concept de violence politique. Peut-être était-ce la fois de trop, car nous ne pouvons que constater que le mouvement a prit une tournure plus énergique ces derniers jours, à défaut de rassembler davantage. Le gouvernement, lui aussi, a cessé avec son attitude passive qu'il a eu depuis le début de la mobilisation. Lentement mais sûrement, des pressions commençaient à s'exercer sur les manifestants, tout d'abord par des cordons de sécurité toujours plus importants, mais également par des moyens plus insidieux, comme les menaces de mort à l'encontre des responsables syndicaux et les intimidations dont le but est de décourager la mobilisation.

Cette mission d'agitation réussie, qu'en était-il de cette opération bien plus ambitieuse: faciliter la circulation de divers trafics de Velsna vers l'Estalie et forger un réseau politique large allant du CCC au PEV. Dans un premier temps, il semblerait que les renseignements estaliens aient visé juste: il est facile, non seulement de faire entrer, mais également de faire sortir un flux commercial clandestin qui existe par ailleurs déjà. Ainsi, comme d'autres avant eux, les estaliens n'ont eu qu'à s'intégrer dans un système parallèle qui existe déjà, et qui a permis l'opération de perturbation de la manifestation de l'Institut technique d'Umbra. Bien entendu, cette préexistence des circuits de trafics n'est pas sans poser des problèmes. Le SRR a bien eu à nouer des contacts avec des paramètres que ceux-ci ne peuvent que partiellement maîtriser. Et plus le nombre de contacts nécessaire à une mission est grand, et plus grand est le risque de désagréables surprises. Et il se trouve que les services du SRR, si ceux-ci ont échappé à l'attention de la Segreda velsnienne, n'ont pas laissé indifférents une autre entité, bien plus encline à garder le silence pour le moment. Il n'est pas beaucoup de monde qui puisse garder le secret de sa présence à Velsna sans alerter ce que l'ont appelle la "Corragiosi", le milieu organisé et extrêmement codifié de la cité sur l'eau. Désormais, les estaliens seraient sous surveillance constante d'individus qui ne s’embarrassent pas du fait de devoir faire prisonnier des espions, mais qui s'en débarrassent volontiers dans le canal San Stefano. Pour le moment, l'heure est à l'observation silencieuse.

Les tentatives de radicalisation du CCC sont elles, moins heureuses que les entreprises de montrée en gamme de la violence politique. Pour cause, l'influence du Grans Kah dans le corps décisionnaire de ce mouvement paraît trop important, et demandera sans doute un plus grand développement.


Résultat: succès limité
Facteurs de réussite:
- Le post suit bien le déroulement des évènements récents du pays velsnien (+)
- Le degré du corruption du système politique et économique de la Grande République facilite les actions clandestines. (+)
- La police velsnienne a déjà des antécédents de violence politique (+)
- L'Estalie a des antécédents de trafic à Velsna (+)
- Le CCC et le PEV sont des formations politiques relativement disciplinées où l'entrisme est chose complexe (-)
- L'Institut technique d'Umbra n'est ni un établissement très politisé, ni un point chaud du conflit social (-)
- Les velsniens sont globalement indifférents au phénomène de violence politique et policière (-)

Effets:
- +1 de jauge de violence politique (opération d'infiltration de la police d'Umbra réussie)
- Aucun effet concernant la jauge de rapport de force (la scène de violence ne semble pas avoir émue les indécis, et a surtout radicalisé les manifestants déjà acquis aux revendications sociales des grévistes)
- La mafia velsnienne (la Coraggiosi) a identifié quelques agents, sans pour l'instant rapprocher ces profils du SRR.

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Un bouleversement politique ?

Illustration des débats

Messieurs, s'exclama Lucio Campora, le vice-président du parti, sa voix résonnant dans la pièce, alors que son poing frappait la table avec une force non calculée. Le choc et le bruit qui en sortirent se propagèrent dans la pièce comme le tonnerre et immédiatement un silence s'installa dans la pièce. Tous les visages se tournèrent soudainement en sa direction, face aux gestes démontrant toute l'autorité et la colère du vice-président. Face à l'absence du Président Sylvio Sapora, exilé par le gouvernement sur une terre lointaine, il avait à sa charge le parti politique. La fonction de chef n'était pas une mince affaire pour cet homme de trente-neuf ans. Bien qu'élu sénateur, il devait affirmer son autorité et sa légitimité face à un état-major qui remettait sans cesse en cause son autorité parce que Lucio Campora, selon les membres du parti politique, avait le plus grand défaut. Il n'était pas élu, il avait eu la charge de diriger le parti, car dans une dernière lettre avant son départ, Sylvio Sapora l'avait adoubé. Ce manque d'autorité, il le vit à l'instant, lorsque deux membres du parti, les plus éminents membres du parti politique, se sont insultés sur la ligne politique à adopter, une scène qui s'est passée sous ses yeux, et sous le regard d'un étranger prénommé Louis De Charlerie.

La colère qui montait dans la salle n'était pas seulement due à l'affrontement de deux visions politiques, à l'affrontement de deux courants majeurs à une heure cruciale pour la Grande République, elle était aussi le résultat de la présence de Louis De Charlerie, qui par sa simple présence, tendait tous les membres du parti, même Lucio Campora. Lucio Campora n'était pas tendu par la présence propre de l'étranger, il reconnaissait en lui des talents inégalés, qui avaient permis de sauver le parti même si la promesse des quatre-vingts sièges n'avait pas été tenue, il avait tout de même réussi l'exploit de faire élire soixante-huit députés au niveau national, mais tout le monde dans la pièce n'était pas de cet avis et Lucio Campora le savait. Il vit les regards discrets de ses partenaires, mais remplis d'interrogation et parfois de haine pointer sur Louis. Ces regards trahissaient le malaise général depuis l'apparition de Louis, il allait devoir s'expliquer devant ses troupes et sa seule légitimité, il la devait à un homme absent, à un fantôme.

Ne vous a-t-on jamais appris la bienséance ? Nous ne sommes pas ici au Sénat de notre Grande République, où les cris règnent en maîtres. Sa main s'éloigna de la table, mais son regard défia individuellement chaque membre présent dans la salle de réunion. L'instant d'asseoir son autorité sur le parti semblait être venu pour Lucio Campora. Il sentit le moment opportun pour démarrer un monologue, afin de redonner de la cohésion au groupe, qu'il vit divisé.

Gardez vos comportements animaux pour cet hémicycle, je vous prie. Mes amis, je comprends les tensions qui grandissent dans le pays à cause de ce mouvement gréviste. Je sais que ces tensions ont des répercussions directes sur notre parti. Mais chers amis, n'oubliez pas les sacrifices qui ont été faits pour nous ! Non, n'oubliez pas ce cher et tendre Vinola, qui aurait sûrement ri de la situation, s'estimant au-dessus des querelles qui nous traversent. Cependant, je peux vous dire qu'il aurait été fier de ce qu'il aurait vu. Il aurait vu un parti qui a foi en la démocratie. Voyez-vous, nos débats montrent que nous avons la fibre démocratique, que nous avons adopté en notre sein un fonctionnement démocratique à l'opposé de l'ancien système des factions. Les mesures adoptées, que dis-je, les réformes adoptées montrent que nous avons une influence sur la scène politique et que le gouvernement sait pertinemment que le P.E.V est une menace, bien qu'il ne souhaite pas l'avouer en public, mais avec nous en soutien, il n'aura plus le choix. Il devra nommer la menace.

Vous avez raison,
dit Ulysse Lucio, vous avez raison, nous avons accompli le rêve de Vinola, nous avons un parti dont les statuts respectent sa volonté. Du moins, devrais-je dire une partie de sa volonté. La Grande République, malgré les réformes entreprises, ne change en rien la nature du régime, qui n'est point démocratique. Une nation qui fait payer un impôt sur le droit de vote, sur l'importance de son vote, n'est pas un régime qu'on peut qualifier de démocratique. Pouvons-nous soutenir un gouvernement sans y participer et, je dois le dire, sans grande concession ? La menace du P.E.V est réelle, mais justement, le gouvernement ne semble pas avoir pris conscience de cette menace au regard des concessions qu'il va faire. Si nous attendons que le gouvernement se rate, car il va se rater, nous aurions une plus grande marge de négociation pour entrer au gouvernement et ainsi influencer sa politique. Vous allez me dire que cela équivaut à jouer avec le feu mais [...]

Ainsi le débat dura plusieurs heures. Après un vote de tous les représentants des fédérations, le soutien au gouvernement sans participation gagna avec 55.23 % des voix.


Communiqué de l'Union Pour la République :


Objet : L'Union Pour la République apporte son soutien au gouvernement de la Grande République, tout en gardant sa liberté et son indépendance.
Date : 24/11/2014


Chers Citoyens et Adhérents,

L'Union Pour la République apporte son soutien au gouvernement gouvernant la Grande République. La période de trouble actuelle, marquée par des tensions politiques et sociales, oblige l'ensemble des partis politiques et des sénateurs à s'engager dans un dialogue nécessaire et constructif afin de favoriser la cohésion nationale afin que toutes les parties soient écoutées. Fidèle à sa volonté d'union et de cohésion nationale, les sénateurs de l'Union Pour la République appellent le gouvernement à recevoir tous les partis et formations politiques, en dehors du P.E.V au regard de sa volonté de provoquer une nouvelle guerre civile, pour informer de la situation actuelle toutes les composantes de la vie politique et représentant chacun des Velsniens.

Nous aurons pour mission première de porter une loi sur l'instauration d'un salaire minimum, pour que dorénavant chaque travailleur et salarié puisse subvenir aux besoins les plus vitaux et les plus élémentaires. La mise en place d'un salaire minimum renforcera le rapport de force entre salarié et employeurs, du côté des salariés, un élément essentiel pour le progrès social et la protection du salarié face à son employeur. Les sénateurs auront à cœur de défendre l'abolition du cens électoral, le renforcement de la démocratie représentative et parlementaire pour une meilleure représentation des citoyens et une meilleure prise en compte des volontés du peuple, au sein du Sénat. L'Union Pour la République défendra au Sénat la mise en place d'une progressivité de l'impôt sur le revenu plus forte, une réforme des conventions de secteurs d'entreprise et défendra la liberté d'entreprendre, une liberté fondamentale.

Les événements récents survenant dans les pays de la sphère culturelle d'Eurysie du Nord démontrent que l'organisation terroriste AIAN représente toujours une menace pour la Grande République et ses citoyens. La mission d'un gouvernement et des sénateurs est de protéger ses citoyens et la Grande République dans son ensemble. L'Union Pour le Peuple soutient les actions entreprises par le gouvernement et le gouverneur local en Achosie du Nord.

Vive la Démocratie, Vive la Grande République !

Effet : L'Union Pour la République, soutien le gouvernement au Sénat, sans participer au gouvernement. Les membres du parti, estiment avoir une certaine liberté de parole étant donné la situation actuelle. Cette liberté aura pour but de faire pencher la politique du gouvernement en défaveur du P.E.V et de la Loduarie.
Aux ignorants de gouverner les monde,
Ils sont bien plus intelligents.

Il n'est qu'un homme dans une foule. Anonyme, exactement comme les autres. Pourtant, aujourd'hui, l'espace d'un instant, d'une seconde dans un univers infini, il sera spécial. Rien qu'en montant sur un banc, au milieu d'une foule, unie pour protester.
Ce n'est qu'un homme sans rien, et pourtant, cet homme provoquera des événements et changera des choses d'une plus grande ampleur qu'il n'a jamais pu le faire.

Camarades !
Il y a seulement quelques, des choses ont changé. Des gens ont révélé leur vrai visage. Tout un groupe politique s'est enfin révélé. Camarades, le groupe vinoliste, l'Union Pour la République, vient de passer dans le camp du gouvernement. Sans prévenir, ce groupe, qui se targuait de représenter les plus modérés d'entre nous, a ignoblement trahi la cause. Nous aurions dû nous y attendre. Un groupe descendant de l'un des instigateurs de la guerre fratricide qui a tué tant d'entre nous pour la richesse et la gloire des grands n'aurait pas pu emprunter une autre voie. Mais la trahison est grande, camarades, surtout quand on sait qu'elle est purement politique. Car voyez vous, camarades, l'UPR a peur. Peur de nous, le peuple révolté, peur du Parti Eurycommuniste Velsnien, notre plus grand allié dans notre actuel combat, celui qui est prêt à agir pour nous offrir ce que nous voulons. Et eux, que veulent-ils nous offrir ? La "liberté d'entreprendre" ! Le putain de capitalisme pur ! Un salaire minimum, alors que nous demandons une réduction de notre temps de travail ! Que nous demandons un travail pour tous pour faire face au chômage ! Que nous demandons le rabais du coût de la vie !
Oh, oui, ils sont prêt à nous offrir des choses... Mais rien de ce que nous demandons. Nous ne devons nous laisser avoir.
Comment pouvons avoir confiance en un parti qui en insulte un autre pour lui lécher le cul par la suite ? L'UPR n'était-elle pas contre DiGrassi et son gouvernement ? Pourquoi est elle avec eux maintenant ?

Parce que ce sont des traîtres ! Oui, des traîtres ! En agissant de la sorte, ils nous trahissent nous, mais également leur base électorale. Celle qu'ils ont attiré avec des mensonges. Mon message est désormais pour ceux qui ont voté pour l'UPR. Vous aussi, vous êtes nos camarades. Vous êtes peut-être plus riches, moins extrémistes, mais vous restez plus proches de nous que de l'élite du gouvernement. Alors, manifestez vous. Montrez vous ! Votre parti vous a trahi ! Rejoignez nous, nous saurons défendre votre cause ! La vraie gauche sortira unie de cette grève ! Camarades, rejoignez nous, le mouvement ne doit pas faiblir et il ne faiblira pas !
Cette grève s'arrêtera quand nous aurons obtenu ce que nous demandons !

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Grève générale velsnienne: Rapport d'activité (HRP: arbitrage actions)



La proposition de l'UPR et les harangues du PEV


L'hiver était doux derrière les vitraux baroques du Palais des Patrices. Les couloirs du Sénat étaient quelque peu clairsemés depuis que les parlementaires du PEV avaient prit la décision de ne plus y siéger jusqu'à la satisfaction des revendications des grévistes. "Tant mieux" disaient certains, et dans l'opposition, lorsque le chat n'est pas là, les souris se mettent à danser, plus encore lorsque le garde-manger n'est plus gardé. Après tout, à quoi cela sert-il de rester dans une opposition de principe ? Pourquoi ne pas revêtir les mêmes vêtements que son adversaire, se faire accepté de lui. Ce choix s'est présenté aux sénateurs libéraux, et on eu tôt fait de franchir le pas. Après tout, beaucoup de ces sénateurs n'étaient pas étranger aux institutions qu'ils convoitaient, et parmi ceux-ci on pouvait en trouver qui exerçaient déjà des magistratures dont les conservateurs avaient bien voulu leur faire grâce. Un des édiles du Sénat était ainsi issu de leurs rangs, tout comme l'un des tribuns du peuple. Il s'agissait de magistrature la plus mineure dans le cursus honorum velsnien certes, mais qui donnait à son détenteur, un certain Lucio Campora, le rôle de consultant des doléances des différentes oppositions.

Un jeune sénateur, de grandes ambitions. On connait la musique. Il y a encore quelques semaines, il aurait été difficile pour les sénateurs conservateurs d'associer un visage à ce nom qui semblait sortir d'on ne sait où. Mais après une semaine de mouvement social (HRP: j'ai choisi de rétracter la temporalité pour les besoins de cet arc), il se déroula un bien étrange spectacle dans la "salle pourpre", une annexe du Sénat connue pour voir se dérouler les réunions du Comité électoral avant chaque élection.

Pourquoi donc ces deux groupes de sénateurs se font face autour de cette table, un dossier posé entre les deux rangées de coudes ? Bonne question. Il semblerait que d'un jour à l'autre, l'opposition soit devenue soutien. La proposition des libéraux fut audacieuse, mais de manière surprenante, elle fut suivie d'une contre-proposition du Conseil Communal, qui n'en avait pas forcément besoin au fut de la majorité absolue dont ils disposaient déjà au Sénat. Ironiquement, ce fut l'un des plus féroces critiques de cette ouverture, Carlos Pasqual, le Maître de la Garde (HRP: équivalent intérieur français) qui signa ce document de coalition avec ses confrères de l'opposition. Le texte de loi prévu, celui portant sur la satisfaction partielle des demandes des manifestants, fixait l'institution d'un salaire minimum. Cependant, celui-ci était encore loin des revendications de hausses salariales du mouvement social. Il fallait bien comprendre que la plupart des parlementaires de la majorité étaient eux-même détenteurs de titres et d'entreprises, et étaient relativement frileux devant la perspective d'une augmentation générale des salaires qui constituerait une gêne notable pour eux.

Malgré tout, la signature est posée et la poignée de main est scellée entre les deux hommes. Etait-ce le bon choix ? Car si les deux parties se sont entendues pour signer le document, c'est avant tout parce que ces derniers étaient tous deux persuadés d'en tirer quelque chose, d'avoir gagné. En un sens, en ce qui concerne le Conseil Communal, il s'agissait de fragmenter le mouvement en acceptant une concession parmi toutes celles qu'il faudrait faire si le mouvement se prolonge avec une telle intensité. Mission en partie réussie, puisque l'entrée des libéraux dans un soutien sans participation sonne comme un coup de tonnerre chez ses électeurs et sympathisants qui foulent le pavé dans les cortèges. Cette décision provoque ainsi une certaine confusion, même si l'UPR n'a jamais appelé formellement à rejoindre le mouvement. Si la majorité de l'appareil de l'UPR a fait part de son acceptation et est rentrée dans le rang, que faire pour les libéraux n'ayant pas leur compte ? Ceux qui ont entendu et échanger avec d'autres franges de la société civile et partisane. Ceux-là se sentent bien entendu trahit par les responsables politiques dans lesquels il avaient placé leur confiance, et il est difficile de savoir s'ils ne vont pas, dans un futur proche, se tourner vers d'autres offres politiques.

Cependant, outre cette petite victoire du gouvernement sur le mouvement et la confusion qui règne désormais au sein des franges militantes, le visage du sénateur Campora est désormais reconnaissable par tous, et même si ce n'est pas tout à fait le cas dans les faits, on l'associe désormais à un faiseur de rois dont la parole porte au Sénat. Sur le court-terme, cet accord a donc des airs de victoire pour les sénateurs libéraux, mais qui potentiellement, pourrait couper l'UPR d'une partie de son électorat si cet accord s'avère être une forme de vassalisation à l'égard des conservateurs.

Qu’en est-il des réactions au sein du mouvement social. Inutile de dire que les autres composantes de l'opposition ont été scandalisées par ce qui est considéré comme un retournement de veste honteux, au sein d'un front partisan et syndical qui jusque là était parfaitement homogène. Si les syndicalistes, sociaux-démocrates et communalistes n'ont pas hésité à crier à la trahison, c'est sans aucun doute le PEV qui a tiré les boulets les plus rouges, et en a tiré un certain capital sympathie parmi les manifestants qui ne sont pas forcément dans la ligne eurycommuniste. Le PEV paraît néanmoins impuissant, malgré l'ardeur de ses dirigeants et de ses militants, à combler le trou béant laissé par la désertion des cortèges par une partie des libéraux. Si le parti est doté un ancrage massif, les grévistes commencent petit à petit à perdre de l'appui parmi les catégories sociales où celui-ci est faiblement implanté: les classes moyennes et les cols bleus.


Résultat: succès sur le court-terme pour les libéraux, désagréments prévisibles sur le long terme si certaines actions ne sont pas effectuées
Facteurs de réussite:
- L'électorat libéral est le plus modéré sur ses positions vis à vis des revendications des manifestants, ce qui facilite l'acceptation de la décision de l'appareil par les militants (+)
- La décision des libéraux brise un front d'opposition alors unifié (+)
- L'UPR est une formation minoritaire dans l'opposition, dont l'influence n'est pas des plus importantes dans les décisions collectives que prend le mouvement social (-)


Effets:
- +2 de jauge de rapport de force en faveur du gouvernement (le front d'opposition est fragmenté et les libéraux changent de camp)
- La popularité et la visibilité du Sénateur Lucio Campora augmente sensiblement, et sa voix porte désormais davantage au Sénat.
- Une majorité de l'électorat libéral déserte les cortèges, mais l'UPR subit des critiques de la part de ses membres les plus proches de la social démocratie.
- Avec la sortie de l'UPR du front d'opposition, la mainmise du PEV sur le mouvement social augmente.
- Le CCC, les sociaux démocrates et le PEV restent soutiens du mouvement social, et réprouvent la décision de l'UPR

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Derrière la grève générale : le duel à distance entre Matteo DiGrassi et Géorgi Marcos



Les jours se suivent et se ressemblent dans la cité sur l’eau. Le mouvement occupe toujours des usines et des facultés, occupées le matin par les grévistes, délogés par la garde civique l’après-midi, et réoccupés le soir. Les revendications sont toujours les mêmes malgré la désertion d’une partie du cortège libéral et la concession de l’institution du salaire minimum mensuel par le Conseil Communal, avalisée par le Sénat. Les caisses de grève se vident pour être de nouveau alimentées le lendemain par des donateurs plus ou moins importants. On aurait pu croire à un épuisement progressif du mouvement contestation, et c’est ce qui dans une moindre mesure s’est pour le moins passé. Mais incontestablement, ce dernier fait preuve d’une grande résilience qui étonne chaque jour les commentateurs de la vie politique velsnienne. C’est la course à qui économisera le plus ses forces dans la durée entre les coûts d’un pays en partie à l’arrêt et le rythme auquel sont dilapidées les caisses de grève. Mais au-delà de l’aspect financier de ce rapport de force, il y a aussi l’apport symboliques des caractères et des audaces personnelles. Dés le premier jour, c’est ainsi que Géorgi Marcos a choisi son camp, en accord naturel avec ses convictions : celui de la concession vis-à-vis des grévistes. Le très médiatique secrétaire ne s’en est sans doute pas rendu compte en premier lieu, mais ce dernier, sans même le vouloir, a engagé sa formation politique dans un bras de fer d’une rare intensité avec un personnage certainement aussi résilient que lui.

En effet, bien qu’il soit des plus discrets depuis son retrait d’un certain nombre de portefeuilles et son déploiement à Rasken dans le cadre de la défense des intérêts commerciaux de la cité, il ne nous est pas permis d’ignorer le poids politique important dont bénéficie toujours Matteo DiGrassi au sein du Conseil Communal et au Sénat. Et sur un grand nombre d’aspects, on peut affirmer sans détour que la volonté de résilience vis-à-vis des revendications tient avant tout à deux caractères au sein du Conseil Communal : lui, qui en soit n’est pas tant affecté dans son capital politique en cas de victoire du mouvement social, et le Sénateur Carlos Pasqual qui lui en revanche, s’investit corps et âme dans l’étouffement du mouvement, et dont la carrière politique va sans doute se jouer dans les prochaines semaines, voire les prochains jours. En face d’eux, il y a cet ancien ouvrier des usines automobiles Strama qui a réussi à cristalliser autour de lui une galaxie de mécontentent dont beaucoup ne sont pas forcément des électeurs du PEV. Le retrait des libéraux du mouvement a recentré le PEV, malgré l’affaiblissement des manifestations, au centre de la contestation. Et désormais, on peut dire que pour Marcos, ce n’est plus simplement une bataille pour les salaires, les droits du travail et les droits syndicaux qui s’engage, mais un duel visant à légitimer le PEV comme la seule force d’opposition capable d’obtenir quelque chose d’un gouvernement retranché sur ses positions. Bien entendu, il faut également compter avec les autres acteurs du mouvement social comme els syndicats et les association/groupes d’intérêts particuliers. Mais il faut se rappeler que ces syndicats sont des créations récentes et parfois embryonnaires dont l’existence a été avalisée il y a quelques mois à peine, et que ses responsables sont bien souvent également membres du PEV, parfois même sont-ils des membres du Comité central du parti.

Nous voici donc dans cette bataille d’égos interposée, et l’issue du mouvement pourrait bien faire de l’un un héros et de l’autre, le mauvais côté de l’Histoire…
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L'art de contrôler un mouvement social

Illustration des débats

Dans la petite salle de réunion de l’Union Pour la République, au cœur du siège du parti, un calme pesant s'était installé. La salle étroite absorbait mal les sons, les rendant plus lourds, presque assourdissants. Le siège du parti de l'Union Pour la République donnait l'image d'un parti pauvre, sans le sou, et c'était bien et bel et bien le cas. Sapore, bien que riche, n'était pas de ces fous qui engageaient via leur fortune personnelle pour se donner un avenir politique. Il est de ceux qui décollent les timbres sur les lettres postales, cherchant des économies même lorsque sa fortune personnelle lui épargnait ce genre de préoccupations. Ce défaut, il l'avait transformé en atout lors de la campagne électorale grâce à Louis de Charlerie. Le programme de l'Union Pour la République était un programme coûteux en argent public, des dépenses inédites pour l'État et la Grande République. Il disait à qui voulait l'entendre : "Regardez comment je gère mon argent. Je vous promets que ces dépenses supplémentaires ne feront pas de notre Grande République un État ruiné."

Mais Lucio Campora n’était pas Sylvio Sapore. Il ne possédait ni la fortune personnelle de Sylvio ni la haine que ce dernier nourrissait chaque jour envers Digrassi. Lucio Campora comprenait qu'on pouvait qu'haïr un homme qui avait envoyé son frère mourir à sa place au sénat et qui, pour s'assurer le pouvoir, avait laissé un allié s'enfoncer sur les lances de ses ennemis, même si cet ennemi commun était capable des pires crimes. Lucio pensa que le manque de considération pour le cadavre de Scaela n'était ni plus ni moins qu'une tentative de Digrassi d'expier ses péchés et ses crimes, une façon pour l'homme de dire qu'il avait vengé son frère et son ami. Alors que les cliquetis répétitifs de son stylo augmentaient en rythme et trahissaient un stress, Lucio dut reconnaître que Digrassi était un homme politique habile qui, en un sens, avait le caractère d'un homme d'État. Un stratège tant sur le champ de bataille militaire qu'économique et politique. Cela faisait de lui un adversaire redoutable, qui avait réussi à garder sa majorité absolue.

Depuis que Lucio suivait la politique Velsnienne, celle-ci avait vécu de grands bouleversements. Une guerre civile ne se fait pas sans laisser des marques. Elle avait changé sur bien des aspects, et ces derniers jours, contre toute attente, le mouvement politique de Lucio Campora avait peut-être institué une dynamique favorable à son mouvement et défavorable aux grévistes, à la gauche "radicale". Il n'était pour autant pas dupe de la situation, il savait que les sympathisants et l'électorat de centre-gauche de son parti politique étaient mécontents du ralliement du parti au gouvernement. Heureusement pour Lucio et l'UPR, la contre-attaque du PEV et les arguments employés par le parti n'étaient pas convaincants auprès du grand public, semble-t-il. Les arguments touchaient les convaincus, l'âge d'or du P.E.V était-il déjà fini, pensa Lucio ? Le jeu auquel jouait Lucio était plus que dangereux, il devait montrer qu'il était dans l'opposition auprès des électeurs mais soutien du gouvernement auprès de la Faction Digrassi.

Pour parvenir à ses fins, Lucio Campora avait lancé plusieurs projets majeurs. Pour démontrer auprès de ses électeurs que le choix de l'UPR était le bon, Lucio et le gouvernement devaient éviter que le mouvement social s'étende à d'autres lieux de contestation. Une telle expansion risquerait d'amplifier la contestation et de donner l'impression, aux yeux de l'opinion publique, que le mouvement gagne chaque jour en ampleur. Le gouvernement serait dans une posture délicate et la position de Lucio en interne serait de plus en plus remise en question, alors qu'il venait de gagner un sursis auprès de ces opposants internes face à la demi-victoire obtenue. Plus encore, si le parti pouvait par ses actions faire taire un lieu de contestation, alors le mouvement serait vu comme en recul, et aurait de plus en plus de mal pour gagner des revendications, et satisfaire les volontés électorales du P.E.V. Contrairement au gouvernement, l'UPR n'avait pas les forces de sécurité pour lui, mais avait les étudiants. En outre, contrairement aux ouvriers, les étudiants étaient plus sensibles à l'UPR, cela n'était pas l'amour fou non plus, mais c'était un atout à utiliser.

Une après-midi, alors que le soleil donnait de sa chaleur au Globe, Lucio Campora et une dizaine de militants et d'étudiants acquis à la cause de l'UPR se rendirent à l'École des Arts nobles Luca Garini, le seul lieu étudiant et intellectuel occupé. La démarche était simple : tracter auprès des étudiants prenant part à l'occupation et au mouvement social dans l'espoir que l'occupation s'arrête. En plus de la dizaine d'étudiants, Lucio Campora avait invité trois sénateurs du sénat de la cité, n'étant pas de l'UPR, pour montrer à ses électeurs que l'UPR souhaite toujours unir les Velsniens et n'abandonne pas ses promesses de campagne. Lucio espérait que sa récente montée en popularité dans les cercles politiques serait suffisante pour attirer des membres d'autres partis politiques, et ainsi montrer que le P.E.V est seul dans son action et violent quand les autres partis discutent pour un monde meilleur. Voilà l'image que devait renvoyer cette visite. Plus encore, cette démarche devait montrer son indépendance vis-à-vis du gouvernement, en mettant en avant une méthode autre que celle du gouvernement. Dans un communiqué, les sénateurs de l'UPR avaient sommé le gouvernement de recevoir les leaders des forces politiques et syndicaux. Le gouvernement ne l'avait point fait, alors Lucio allait le faire. Pour marquer encore plus fortement la différence avec le gouvernement et satisfaire l'électorat de centre-gauche, ses mots allaient soutenir les étudiants manifestants tout en appelant au bon sens et à des demandes raisonnables. Lucio savait bien, qu'en soutenant de peu les manifestants, il serait plus compliqué de les faire déloger le campus, mais il devait tenter.

Illustration d'étudiant

Que pouvait-on dire de cette visite à l'école d'art d'un membre éminent de l'UPR ? Lucio se souvenait de l'interview d'une étudiante qui s'appelait Natalia, par un média velsnien. Il avait dit aux étudiants qu'il avait devant lui : "Cette guerre civile a provoqué des plaies encore ouvertes, que nous n'avons toujours pas su recoudre. Je suis devant vous, pour vous dire, que je me battrai personnellement, comme nous l'avons fait sur l'instauration d'un salaire minimum, pour que les primes soient versées et dans les meilleurs délais. En tant que soutien du gouvernement, je trouve cela irrespectueux envers les électeurs, que le parti ne respecte pas ses promesses de campagne. Il est de mon devoir de m'assurer que les primes soient versées, parce que nous connaissons tous un proche, un parent ou même un ami étudiant, qui s'est enrôlé. Et parce que ces hommes courageux pensaient servir notre nation, quel que soit le camp choisi, il est essentiel que les primes soient égales pour tous les soldats et versées à chacun sans distinction de camp ni de parti pris."

Il répétait à l'envie : "Nous avons obtenu une victoire pour votre mouvement, que je soutiens. Nous avons obtenu le salaire minimum. C'est une avancée majeure, vous pouvez désormais vous projeter dans l'avenir et être assurés de subvenir à vos besoins les plus vitaux. Est-ce suffisant ? D'évidence, la réponse est non. Mais chers camarades, il est temps que la lutte se fasse au sénat et non dans la rue, qui deviendra violente par les actions du P.E.V, qui souhaite une nouvelle journée des barricades, une nouvelle guerre civile. Si parmi vous se trouvent des soldats ayant servi pendant la guerre civile, je vous prie de raconter les horreurs de la guerre, cette perte immense que nous ressentons lorsque nous perdons un proche au front. Parlez des divisions que cela crée dans les familles, des séparations parfois irréparables qui enferment une famille dans la tristesse plutôt que dans le bonheur, pourtant essentiel à nos vies. Après les témoignages, rappelez-vous, tout en pensant à votre famille, les êtres que vous aimez, que le P.E.V est à l'origine de la journée des barricades et que cela montre que le parti souhaite uniquement la guerre et la mort !" Par ces paroles, qui seront répétées sur les plateaux télé sur le PEV et la volonté du mouvement de bordéliser la rue, Lucio espérait faire naître un mouvement de soldats témoignant des horreurs de la guerre, pour que l'attention médiatique se penche sur ce mouvement et du mouvement social, mais aussi pour que les manifestants fuient le mouvement par crainte du P.E.V.

Pour répondre aux critiques du P.E.V il disait aux étudiants : "On dit de nous que nous avons trahi. Si nous avions effectivement trahi, je ne serais pas devant vous, à débattre et me féliciter que nous avons obtenu le salaire minimum. Le P.E.V a obtenu quoi ? Quelle mesure a-t-il obtenu ? Il n'a rien obtenu, car il n'a aucun levier politique à sa disposition. Il ne sait pas manier nos institutions, qui lui sont étrangères. Regardez ce parti, j'ai dit que je soutenais votre mouvement, mais pourtant il dit de moi que je suis un traître. En faisant cela, cherche-t-il vraiment à défendre le mouvement social et vos causes ? Si tel est le cas, il n'aurait rien dit pour que nous soyons le plus nombreux à défendre vos droits au sénat et dans les institutions de la république. Il ne cherche pas à vous défendre, mais à défendre ses privilèges. Venez avec nous, nous avons montré que nous obtenons des droits, contrairement au P.E.V."

Effets/tentatives :
  • L'UPR tente de déloger pacifiquement et par le dialogue les étudiants qui occupent l'école d'art. Il profite de cet évènement pour marquer son indépendance vis-à-vis du gouvernement auprès de l'opinion.
  • Le parti UPR fait monter la pression dans les médias, sur le gouvernement, pour que celui-ci verse les pensions promises aux soldats lors de la campagne électorale.
Gorafisation de Velsna :

.


"A mort la direction, ils refusent l'insertion ! A mort la direction, ils refusent l'insertion !
Un des hommes assis dans la salle soupira, visiblement exaspéré par les cris de colère des grévistes situés en contre-bas de l'immeuble.
- Plus les jours passent, moins ils se réinventent.
- Qu'est qu'ils nous veulent encore ?
"

On était en plein dans le conseil d'administration de l'entreprise Strama. L'entreprise où le mouvement gréviste avait démarré alors. Le conseil d'administration avait eu des sueurs froides au départ lorsqu'ils entendirent que la grève qu'ils subissaient avait non seulement eu une portée nationale mais qu'elle était désormais instrumentalisée politiquement. Du problème interne de l'entreprise, c'est devenu une épidémie qui dépassait de loin les fonctions du conseil. Pourtant, ils étaient là, enfin pour ceux qui ont pris la peine de venir, cherchant une solution afin de calmer la situation. Les chiffres du trimestre vont être irrémédiablement mauvais, les actionnaires vont rapidement gueuler et c'est pas vraiment le moment. Depuis le début de la grève, la valeur des actions de l'entreprise perd de la valeur, la confiance s'érode déjà suffisamment comme ça. Strama attend visiblement le Messie, pour ne pas dire le gouvernement, pour sortir de cette situation épouvantable. Et maintenant que la situation était déjà fortement compliquée, ils devaient maintenant se coltiner les manifestants devant le siège social de l'entreprise.

"A mort la direction, ils refusent l'insertion ! A mort la direction, ils refusent l'insertion !
- Ils ont pas mal à la gorge à force de gueuler ?
- BORDEL DE MERDE !

Un des membres du conseil, scrutant son téléphone, se leva en panique. Son voisin, ayant perdu au moins la moitié de son audition, jacassa de frustration.
- Quoi encore ?!
- J'avais pas vu sur les réseaux mais ça se déchaîne sur nous !
- Comme d'habitude quoi, pourquoi t'en fais toute une histoire ?
- Bah regarde en tendances, abruti !

Son voisin sortit son téléphone et scruta les réseaux sociaux avant de lire un article partagé plusieurs millions de fois sur les réseaux sociaux.
- "Le Plan de Strama : un comité d'entreprise...sans ouvriers" C'est quoi ça encore ?
- "Selon des documents fuités ce week-end de l'entreprise, le conseil d'administration aurait décidé d'élaborer la mise en place d'un comité d'entreprise qui ne comprendrait que des membres soigneusement choisis par le conseil et qui serait uniquement composé de représentants syndicaux sous faux drapeau afin de calmer les contestations actuelles tout en conservant le pouvoir de direction sur l'entreprise." Ok, putain, ôtez moi d'un doute mais on a parlé de ça quand ?
- Ah parce qu'on en a parlé ?
- Ce sont des documents fuités, ça peut pas venir de nulle part !
- Pourtant j'ai pas souvenir qu'on en ait parlé.
- Les gars, ça se déchaîne aussi sur la concurrence.
- Comment ça ?
- Falieri, Oliviera, Balbo, Laurenti Alfonso. Il y a que des histoires sales qui circulent en ce moment.
- C'est des trolls ?
- J'en sais rien mais ça a l'air sérieux.
"


Pour le conseil d'administration, c'était évidemment une mauvaise surprise. Une très mauvaise même. Des cibles directes de la nouvelle offensive du SRR, encore. En effet, après l'instrumentalisation de bavures policières afin d'attiser la colère des foules, même si cette violence semble avoir été un succès assez limité, le SRR cherchait désormais à décrédibiliser le camp adverse. Le camp adverse, il se composait de deux acteurs majeurs dans cette affaire : le monde politique (en autre, on pouvait compter les DiGrassiens, évidemment, mais également les libéraux de l'UPR qui avaient alors fait défection du front d'opposition dans une perspective d'affaiblir toujours plus le PEV) et le monde économique. Si ces deux mondes étaient, dans une certaine mesure, liés à Velsna (les sénateurs étant pour la plupart eux-mêmes détenteurs de grandes entreprises), la vision de l'opinion publique sur ces deux acteurs ne l'était pas forcément. Il faut nuancer les choses : l'entreprise ne sera pas jugée de la même manière que le parti politique, car par définition, le parti politique est jugé sur sa ligne idéologique et ses prises de position alors qu'une entreprise cherche à rester strictement apolitique pour garder une certaine image de marque. Ne pas prendre position, c'est le mot d'ordre en or de tout bon entrepreneur qui veut s'éviter les rouages de la politique en plus des aspects classiques de la micro-économie. En bref, mener un discrédit sur le monde politique n'est pas la même affaire que discréditer le monde économique. Le terreau de la destruction de l'autorité des entreprises sur leurs salariés est aujourd'hui fertile : les Velsniens ont globalement peu confiance envers leurs entreprises, conscients que le but de la plupart d'entre elles est de faire du profit avant de subvenir aux besoins de leur collaborateurs, et que l'interlocuteur principal de l'entreprise reste l'actionnaire, pas l'ouvrier. Les Velsniens ne seraient que peu sensibles à une critique idéologique de ces acteurs, les Velsniens le savent déjà mais en même temps, c'est ces entreprises qui leur remplit le frigo malgré les injustices. C'est pour ça qu'il faut toucher la corde sensible qu'est la prise de position. Ce totem d'immunité doit être brisé, contre le gré des entreprises, pour attiser la colère des foules et d'immoraliser les comportements des entreprises. Qu'on dise qu'une entreprise cherche à faire du profit, ça ne fera que bouger que peu de personnes. Par contre, faire dire que les entreprises vont aggraver les conditions des travailleurs et prendre position pour certains partis de l'establishment actuel, ça fait davantage parler, on s'en indignera davantage. Attiser la haine des foules, c'est donc jouer sur le vieux mythe du Capital Sauvage, du complotisme. Les hommes d'affaires contrôleraient secrètement le pouvoir et chercheraient à manipuler la politique à leur profit, leur profit étant de rythme avec l'exploitation incontrôlée des travailleurs. Avec ce genre de théories, on fait un double ricochet : on attise la haine contre les hommes d'affaires, le monde économico-financier velsnien et on décrédibilise en même temps les partis de l'establishment, que ce soit l'UPR ou les Hommes du Patrice, qui ne sont que des pantins gardant jalousement leur pouvoir. On renforce enfin déjà dans un sens le discours actuel du PEV de ce fait, on lui donne de nouveaux arguments de taille et on focalise ce parti comme la réunion de l'opposition, la droite velsnienne se transformant dès lors en fraude politique et morale aux yeux de l'opinion publique. Au moins, l'avantage avec Velsna, c'est que ces théories du complot ne seraient pas complètement infondées, compte tenu de l'étroit lien entre la détention du capital et la présence de ces mêmes détenteurs du capital au Sénat.

Le deuxième acteur à cibler reste évidemment le monde politique. La décrédibilisation du SRR de la droite velsnienne étant déjà énoncée, notre décrédibilisation doit porter sur un objectif spécifique : discréditer le Patrice, saborder la stratégie de retournement de veste de l'UPR, affirmer le PEV dans son rôle d'opposition et faire émerger le CCC. Voilà les objectifs à court-terme du SRR sur le plan politique. Ils sont simples mais leur application demande bien entendu de la stratégie et une planification méticuleuse de la stratégie estalienne. Bref, c'est notre domaine tout craché.


Sueurs froides d'Internet :

Afin de décrédibiliser les entreprises en elles-mêmes, l'Estalie peut être sûr d'une chose, c'est qu'elle sait déjà comment faire. Certes, les entreprises velsniennes sont plus grosses, ont plus de moyens et sont donc moins prompts au chantage mais elles ne sont pas intouchables pour autant. Le SRR ainsi que le GRDE ont déjà passés plusieurs mois à saborder l'économie kartvélienne et les effets que les Estaliens ont laissés aux entrepreneurs kartvéliens leur a donné une bonne raison de craindre le sabotage économique estalien. La guerre économique, c'est donc déjà une affaire de famille pour le SRR et ce que les entrepreneurs kartvéliens avaient subis, les Velsniens prendraient double portion. Mieux encore pour les membres du SRR, il était certain que c'était le moment idéal pour les Estaliens de frapper. En effet, pour la plupart des entreprises touchées, la grève impactait une large portion des collaborateurs de l'entreprise, il était donc certain que le service de sécurité informatique de ces entreprises soit amoindrie, voire soit complètement inexistante. De ce fait, il était possible non seulement de pirater les serveurs de ces entreprises et donc de récolter de solides données sensibles contre elles mais également de faire chanter les cadres supérieurs de ces entreprises avec les dossiers compromettants qu'ils auraient stockés au fond de leurs poches. Ici, ce ne serait que plus simple encore dans le monde aristocratique velsnien où politique et économie se mêlent dans un méli-mélo étrange : les connexions politiques seraient révélées au grand jour et sans doute que cela mettra en conflit d'intérêt la plupart des sénateurs. En plus du piratage informatique à distance, le SRR va évidemment effectuer des descentes pour le coup bien réelles dans les villas et maisons de luxes de certains hommes d'affaires. Les membres des conseils d'administration sont particulièrement visés. Le but est simple : utiliser le GI ou plus simplement des criminels dont les réseaux ont étés précédemment infiltrés pour mener des cambriolages dans les habitations de ces cibles afin d'en tirer des documents sensibles. Ici, à peu près tout l'arsenal informatique du SRR est mis à l'emploi à distance ou sous forme de clé USB auprès des opérateurs et des agents locaux à la solde du SRR : le système Anya s'assure de géolocaliser de façon permanente les cibles afin de les traquer, les mettre sur écoute et suivre leur moindre fait et geste qui sera instantanément partagé sur les réseaux en cas de bavure ; le système Ange assurera l'accès complet aux appareils informatiques personnels sans laisser aucune trace derrière et le système BMEL sera utilisé certainement en complément afin de faciliter l'infiltration des réseaux informatiques des grandes entreprises velsniennes par l'utilisation de données biométriques volées aux cadres supérieurs ciblés. En plus des agents locaux et du GI qui effectueront les cambriolages physiques des habitations ciblées, les opérations se feront à plus long terme sous la direction du SETR, spécialisé dans la filiatures, les cambriolages et la mise sur écoute des cibles. Etant donné que le cadre d'action du SRR et surtout de la grève reste globalement localisée à la Velsna continentale eurysienne, le SETR établira une cellule d'écoute à long terme dans les grandes villes de Velsna (donc Velsna elle-même, Vatluna, Umbra et Saliera) afin de mettre à long terme les personnalités économiques de ces villes où se concentre la direction de la majorité du monde économique velsnien, pour ne pas dire la quasi-totalité.

Le SETR supervise dès lors les opérations de récolte des informations sensibles des hommes d'affaires velsniens et des hommes politiques de l'opposition, UPR et Hommes du Patrice pour la plupart mais aussi de temps en temps quelques membres du CCC et du PEV que le SRR jugerait encombrant dans la poussée de l'influence estalienne et husakiste dans l'agenda politique de Mistohir. Des dispositifs MitM sont mis en place autour des domiciles ciblés par des faux points d'accès Wi-Fi, du ARP Spoofing (en envoyant des fausses informations ARP (Address Resolution Protocol) aux appareils connectés, on peut associer l'adresse MAC de l'attaquant à l'adresse IP de l'appareil ciblé) ou du DNS Spoofing (en manipulant les requêtes DNS pour rediriger les utilisateurs vers un site Web contrôlé par l'attaquant au lieu de l'adresse souhaitée) afin de pouvoir capturer le trafic des canaux de communication, en analyser le contenu (ça peut être des conversations à distance mais également des mots de passe, des messages privés ou des informations financières) mais également modifier les données, permettant d'inclure notamment des faux messages ou de supprimer certaines informations, ce qui permet de complètement changer le discours d'une cible. Les lignes fixes seront également mises sur écoute avec la mise à disposition de tapping analogique afin d'enregistrer les conversations téléphoniques. En plus des malwares et des spywares installés par les équipes de cambriolages du GI et des agents locaux, le SETR mettra discrètement en place dans les alentours des domiciles des IMSI catchers imitant le comportement des tours de téléphonie mobile afin de forcer les téléphones des cibles à se connecter et ainsi intercepter l'ensemble de leurs données. En bref, rien n'échappera au SETR qui sera donc chargé de surveiller à long terme les personnalités économiques et politiques velsniennes (même si on évitera le cambriolage direct chez les hommes de pouvoir les mieux protégés comme DiGrassi, ce qui n'empêche pas le GI d'interférer chez les sénateurs de son parti). Chaque cellule du SETR sera accompagné par une équipe de soutien du GI qui sera chargé de protéger physiquement ces cellules, elles-mêmes dispersées en sous-unités regroupant un à deux membres du SETR en son sein comme un maillage se tissant autour des domiciles ciblés afin que la neutralisation d'une sous-unité puisse alerter le reste du réseau d'opérations de contre-espionnage adverse. Dans le cas malencontreux d'une perte d'une de ces unités, le GI est chargé de rallier la localisation de l'unité disparue et d'y éliminer l'ensemble des témoins, à la fois pour se venger certainement mais surtout pour conserver le plus longtemps la couverture estalienne sur le sol velsnien.

Pourquoi le SETR poserait néanmoins ses valises à Velsna de manière à établir une opération à long terme sur place ? La raison est assez simple : la désinformation, c'est de la redondance. Vous ne devez jamais être à court de nouvelles fake news, vous devez en permanence en propager de nouvelles, en inondant sur tous les sujets possibles afin d'impacter le plus grand nombre et toucher autant de sensibilités que possible. En somme, c'est une marée de fausses informations qui doit se déchaîner mais pour cela, on ne peut pas juste se contenter de l'imagination même importante des pirates informatiques, il faut aussi trouver du concret. Si la décrédibilisation usera avec souhait de toutes les informations sensibles des hommes d'affaires et des hommes politiques contre eux, les fausses informations doivent s'y mêler afin de provoquer le dégoût complet de l'opinion publique et toucher directement à la morale de la population. La question ne doit plus être : suis-je pro-gréviste ou anti-gréviste ? Non, la question se doit de se transformer dans l'opinion publique en : est-il moralement acceptable que j'adhère à un tel système politique et économique ? Dès lors que les Velsniens se poseront ce type de questions, soutenir la grève sera d'ordre presque naturel. Les vieux régimes comme celui de Velsna reposent leur légitimité sur la morale et la tradition qu'elles sont censées protéger et servir, quitte à utiliser des moyens coercitifs violents pour conserver cette morale. C'est exactement ce genre de posture sociétale qui fait émerger des opinion autrement indésirables comme les Optimates et les rend moralement acceptables dans la société velsnienne. Ainsi, quand la morale du régime en place est questionnée, c'est le régime en lui-même qui est remis en question. Les revendications de la grève seraient minimes à ce moment-là et ferait non seulement pencher l'opinion publique dans le sens des grévistes mais ébranlerait purement et simplement l'establishment en lui-même qui subirait une grave crise de légitimité. Si c'est moralement inacceptable d'accepter les DiGrassiens au pouvoir, qu'est ce qu'on attend pour les dégager du pouvoir ? C'est ce travail long et fastidieux que le SETR va devoir se taper tout au long du mouvement social de grève générale et sûrement même après, peu importe l'issue de celle-ci d'ailleurs. Chaque information récoltée est exploitée, analysée, envoyée au centre du SETR à Mistohir et renvoyée sous forme de rapport pour pouvoir déformer cette information, la sortir de son contexte et lui faire dire le discours que le SRR veut bien lui donner.

Le reste du processus de désinformation est d'une simplicité enfantine. Le SRR peut utiliser plusieurs options de subversion mais en utilisera principalement deux : la propagation par les réseaux sociaux et la propagation par le média alternatif. Les réseaux sociaux sont le havre de paix de la désinformation et il est assez facile de propager de fausses informations si une stratégie est non seulement institutionalisée mais aussi mise en exercice par des moyens illégaux. De ce fait, en utilisant des bots notamment, les informations récoltées par le SETR et le SRR de manière plus générale sera spammée en longueur sur tous les réseaux sociaux. Les méthodes utilisant le biais cognitif et le sensationnalisme seront employés, que ce soit l'utilisation de titres ou d'images sensationnalistes ou polémiques, l'utilisation d'influenceurs qu'ils soient fictifs ou réels (avec évidemment un bon billet dans la poche ou des prises d'otages pures et simples / il est à noter que selon la plupart des études, la propagation des fake news les plus influentes se fait dans 70% des cas à travers des figures influentes des réseaux sociaux). Surtout, le SRR va pirater l'algorithme de recommandation des sites des réseaux sociaux afin de mettre en avant les hashtags et les références aux fausses informations diffusées par le SRR lui-même afin de tourner le débat public autour de ces tendances. Les fausses informations doivent se succéder de façon journalière de façon régulière et graduée. Les premières fausses informations seront légères et anodines puis plus les opérations avanceront, plus les informations seront sensibles voire choquantes et ce, chaque jour. Le but, c'est de ne pas laisser le temps à l'opinion publique de comprendre ce qui se passe, de ne lui laisser aucun recul sur les informations qu'elle ingère. Chaque jour devient pire que le précédent, on exaspère le Velsnien moyen et on lui donne un sentiment de dégradation de la situation et on lui fait appréhender par la graduation. L'escalade crescendo fait partie des techniques de manipulation mentale les plus basiques qui puissent exister. De même pour la tactique du pourrissement, les fausses informations circulant peuvent aussi proposer et mettre en avant des solutions aux problèmes exposés dans ces dites fake news, généralement des solutions qui vont dans le sens de la grève, du PEV, du CCC et certainement de l'agenda politique estalien lui-même. En bref, on met le PEV dans une position messianique sur l'échiquier politique tandis qu'on arrose les autres partis de désinformation afin de les discréditer. La deuxième méthode, c'est l'utilisation de médias alternatifs. Plus tardivement, l'établissement de médias alternatifs contrôlés en sous-main par le SRR doivent être mis en place en coopération ou non avec des agents à la solde de l'Estalie (en bref, chez les très très rares husakistes que peuple ce pays). Ces médias doivent être le récepteur de tous les déçus de la première phase : ces médias se voudront citoyens et indépendants, cherchant la "vérité" de façon aussi humble qu'il soit, cherchant à "réinformer" le public et à contredire l'establishment médiatique qui serait soi-disant corrompu. Une fois attirés dans le giron du journalisme indépendant fomenté du SRR, on cherche ici surtout à consolider l'acquis de mauvaises informations acquis par les citoyens velsniens dû à la campagne de désinformation. Cette consolidation doit, à terme, permettre aux journalistes citoyens de concurrencer les groupes médiatiques en terme d'audiences. Le SRR s'assurera de conserver certains dossiers sensibles en réserve afin de le fournir plus tard aux journalistes indépendants afin que ces derniers puissent ajouter du crédit à leur opposition au système médiatique par des preuves matérielles concrètes afin de renforcer leur crédibilité. On est sur de la malveillance maximale.

En parallèle de ces informations, nous poursuivrons les méthodes d'accroissement des tensions en mélangeant les méthodes déjà utilisées au début du mouvement (l'utilisation d'agents pour créer des faits divers graves telle que la bavure policière omniprésente) et celles que nous venons de mentionner afin de radicaliser la réaction de la foule aux opérations de maintien de l'ordre de la police civique déjà fort mal disciplinée par nature. De surcroît, chaque action politique concrète des parlementaires conservateurs et libéraux devra être rapidement contrée par une phase offensive de fausses informations circulant sur ces derniers. Faire preuve de rhétorique peut s'avérer être une bonne chose mais l'accompagner de preuves, même falsifiées, rend toute rhétorique inutile quand il s'agit de corrompre parfois de simples phrases du discours politique :

"Sapore nous a demandé de regarder comment il gère son argent pour nous promettre une exemplarité similaire aux finances publiques. J'ose espérer qu'il ajoute la case : trafic d'enfants, dans la comptabilité nationale."

Faire passer le président de l'UPR pour un pédophile en partageant les postes de dépense falsifiés de pseudo-trafics d'enfants en Afarée ? Pas mal, mais j'ai mieux.

"Est-ce que c'est l'OND qui a demandé à Lucio d'être aussi virulent sur le PEV à Luca Garini ?"

L'homme fort de l'UPR accusé, screen à l'appui, des liasses de billets que lui a généreusement fourni l'OND en échange de sa trahison de la grève. Ah, là, on est sur de l'ingérence étrangère, ça va cliquer ! En tout cas, les Velsniens cliqueront. Il suffira de faire passer les Hommes du Patrice pour des achosophiles et c'est le jackpot. Sur le plan politique, il suffira par la suite d'attiser les tensions déjà existantes dans les partis visés, notamment en coupant le cordon entre les libéraux et les sociaux-démocrates qui composent l'UPR, mais aussi les Hommes du Patrice lui-même en révélant les exactions commises et les complots entre sénateurs du même parti afin de provoquer la discorde politique chez les DiGrassiens. Si tu entends dans les couloirs que ton collègue sénatorial trempe lui aussi dans du trafic d'organes et qu'il a été cramé en public, tu finiras par t'en éloigner, pas envie de se mouiller. C'est ainsi qu'on monte progressivement les échelons. D'abord des grandes entreprises velsniennes immobilisées par les grèves, on tape dans le politique et c'est du monde économique qu'on remonte à la politique et qu'on attaque par un autre angle d'attaque plus indirect mais plus parlant et créant un vecteur multiplicateur qui dépasse le spectre politique puisque remettre en question l'économie ou son fonctionnement, c'est remettre en question tout le corps social qui en dépend. Et dans une république censitaire comme Velsna, c'est juste magnifique, tout s'enchaîne.
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