21/02/2015
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Activités étrangères en Azur

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Activités étrangères en Azur

Ce topic est ouvert à tous les joueurs possédant un pays validé. Vous pouvez publier ici les RP concernant les activités menées par vos ressortissants en Azur. Ceux-ci vous permettront d’accroître l'influence potentielle de votre pays sur les territoires locaux. Veillez toutefois à ce que vos écrits restent conformes au background développé par le joueur de l'Azur, sinon quoi ils pourraient être invalidés.
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Qu'est-ce que la Kartvélie ?

La Kartvélie est une nation enclavée en Eurysie centrale, entourée par le Tsardom du Samara, la République Populaire de Transgoskovir, la Sainte-Union des Cités du Sud, la Monarchie parlementaire de Nordfolklande et la Fédération des Peuples Estaliens. La Kartvélie est recouverte à 70 % de forêt, et le pays est entouré au sud par plusieurs chaînes de montagnes. La République de Kartvélie est un État stable économiquement, cependant la géopolitique ambiante met à rude épreuve les institutions kartvéliennes, notamment l'instabilité provoquée par les tensions avec l'Estalie.

La République de Kartvélie est dirigée par la présidente Kathryn Machabeli, présidente de la République et numéro deux du groupe politique "Identitaire", dirigé par le président du groupe Ivan Volkov, surnommé le Loup de Kartvélie. Ivan Volkov est un ancien président de la République de Kartvélie, qui est resté en fonction pendant deux mandats avant de céder sa place à sa successeure, Kathryn Machabeli.

Afin de mieux comprendre et appréhender la République de Kartvélie, nous vous invitons à vous renseigner : Ici
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Annonce du premier ministre de la république populaire de Rosevosky, Helarus Guivenos.
9/11/2014

En tant que Premier ministre de notre glorieuse République populaire, et avec l'approbation de notre honorable et éminent chef, Klaus Annouil, je vous présente une liste de nations qui ont été dévorées par des vices tels que la religion, les croyances et l'impérialisme. Cette liste expose des nations honteusement corrompues par ces fléaux, et il est fortement déconseillé à notre population d'entrer en contact avec des personnes venant de ces pays, ou même de s’y rendre, afin d’éviter toute contamination et d’être entraînés dans l'ignorance. Voici la liste :

La République de Pal Ponantaise, comme l’a dit Monsieur Klaus Annouil, est une nation dont la population s'est laissée corrompre par des cultes et des sectes, les rendant stupides.

La République Fédérative d'Icamie, cette nation et sa population se soumettent à une culture ridicule, marquée par la criminalité et la pauvreté qui gangrènent ce pays immonde. Au lieu de travailler et de servir leur misérable patrie, ils préfèrent prier des dieux qui n'existent pas. Seul le parti UNIDEP a réellement compris le véritable fonctionnement de la politique dans ce pays qui semble perdu.

Le Califat Constitutionnel d'Azur et la Fédération Centrale Démocratique d'Antegrad, deux nations soumises à un islamisme absurde, basé sur des légendes encore plus ridicules.
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Grand bateau, petite responsabilité.

A Rosatoll, la capitale de la république populaire de Rosevosky, l'annonce du gouvernement azurien passe mal. En réponse à la menace ouverte contre la nation et surtout en réponse à la menace d'une future destruction du pays par l'Azur, la république populaire de Rosevosky envoie un navire militaire (un patrouilleur) dans les zones économiques exclusives (ZEE) de l'Azur en guise de menace, un large drapeau Rosevoskien et un drapeau communiste sont brandis sur la navire et des tires à blanc sont effectuées. L'objectifs est de montré à l'Azur que l'armée de la république populaire de Rosevosky est plus puissante et que si une des deux nations doivent être détruit, sa ne seras pas elle.
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Radio Nationale Rosevoskienne
Radio Natsionalic Rosevosky

Bonjour, bonsoir, c'est Vadish Bolaire à la radio et aujourd'hui, ce 20/11/2014, voici les info du jour.

Le message est passé. Après que le Califat constitutionnel d'Azur a ouvertement menacé notre grande nation, la République populaire de Rosevosky, le ministère de l'Armée a décidé d'envoyer un patrouilleur dans la zone économique exclusive (ZEE) de l'Azur en guise de représailles à ces menaces. Selon les médias locaux du Califat constitutionnel d'Azur, l'armée azuréenne a "refusé d'engager le feu", montrant que le message est passé et que notre nation a su se montrer forte face à ce pays, qui avait également affirmé que notre armement était vieillissant. Cela a donc prouvé que la marine était parfaitement opérationnelle.
Suite à cet événement, l'image du Calife Kubilay ibn Sayyid a été ternie, tandis que Klaus Annouil, notre grand dirigeant de la Rosevosky, en ressort plus fort et plus populaire. Le navire militaire est reparti de la zone économique exclusive (ZEE) du Califat constitutionnel d'Azur et est arrivé en héros au port de Krosbourg, sous les applaudissements de la foule. Le bateau a été renommé le Bateau rouge Afaréen (en Rosevoskien, Aphareinae krasnaya lodka) et a été ouvert aux visiteurs pendant deux jours, au prix de 90 rubles, pour inciter les jeunes à rejoindre la marine avant qu'il ne soit renvoyé à la base militaire navale de Krosbourg.

Vive la république populaire de Rosevosky, vive le communisme.
da zdravstvuet narodnaya respublika rosevosko, da zdravstvuet communism.
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Le consulat d'Azur à Gurapest

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Ils se tiennent de l’autre côté de la rue, droits comme des crosses de fusil, sans intention de se cacher. Deux d’entre eux fument cigarettes sur cigarettes, un troisième lit un livre, le dernier fait les cent pas sur le carré de trottoir. Tous ont un air jovial, quelque chose de sympathique sous leur épaisse toque, on leur demanderait presque l’heure, si ce n’étaient les poignards à leur ceinture.

Les hussards royaux sont sous les ordres directs des Vol Drek, la Couronne de Polkême. Dans les faits, les missions à la Guerre et à la Sécurité intérieure ont également leur mot à dire. Dans les antichambres frissonnantes du gouvernement polk, quelqu'un quelque part a passé des ordres.

Ils sont là depuis le premier jour, de l’autre côté de la rue, face au consulat. Ils ne souhaitent pas entrer, si on leur propose de venir se réchauffer, de boire quelque chose, ils refusent poliment. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils font ici, ils sourient et répondent avec douceur : « maintien de l’ordre, nous nous assurons que le quartier reste calme. »
Cela n’a pas l’air de beaucoup plaire aux Blêmes. La présence de soldats polk détonne à Gurapest, alors qu’ils sont omniprésents à Port Ponant. La capitale de la Pal ponantaise n’est pas réputée pour son hospitalité envers les étrangers.

- La Polkême vous envoie un message, analyse Apostol Pop. « Ils ont sûrement mal pris que vous contactiez la Pal avant eux. Ils perçoivent votre présence comme une tentative d’ingérence. » sourire entendu.

D’autres fonctionnaires blêmes se montrent plus sévère.

- C’est de la provocation, confie en grommelant l’un d'eux, de l’intimidation. On ne voit jamais ces bâtards à Gurapest en temps normal, ils restent bien cachés dans leur caserne et là une patrouille de quatre en permanence ? C’est du foutage de gueule, ça va mal finir. En tout cas c'est ce qu'ils doivent espérer pour nous le foutre sur le dos.

Le Blême hoche la tête d'un air contrarié.

- Si ça foire avec vous, ça dissuadera les autres pays de tenter l'expérience. Soyez prudents, ils adorent pousser à la faute.

De fait, même sans rien faire, la présence des hussards a quelques effets concrets. La rue se vide, les Blêmes préfèrent faire un détour que de croiser le chemin des soldats. Gurapest si froufroutantes de tissus noirs, semblent dépeuplée dans le quartier.

La nuit, un brasero allumé tient chaud à la relève. Les soldats se relaient toutes les six heures. Ils sont là le soir, la nuit, à l’aube. Ils déjeunent de rations à midi, boivent le thé à dix-huit heure. Ils ne font rien. Ils sont juste là. Et leur présence se suffit à elle-même.
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Les fleurs lui remontent jusqu’au torse, le soleil réchauffe ses cheveux. Il est entre ombre et lumière, même s’il ne s’en rend pas compte.

― Eh Jan !

Quelqu’un agite le bras en contre-bas du champ, deux adolescents se rapprochent, un garçon et une fille. Jan les connaît, ils ont un rendez-vous informel tous les après-midi après l’école. Gurapest a quelque chose du camp de nomade des anciennes époques, les rues s’ouvrent sur la steppe sans transition : un moment le pavé sous les pieds puis soudain l’herbe haute et rapidement on en a jusqu’au genoux, jusqu’à la ceinture, parfois jusqu’au cou. Les alentours de Gurapest sont boueux d’être trop fréquentés, les sabots des chevaux écrasent la steppe et l’aplatissent. Au nord et au sud un train s’élance tout fumant vers la Polkême et vers la mer et Port Ponant. Il faut s’éloigner un peu, marcher, la plupart des gens préfèrent l’herbe rase pour s’éloigner des faubourgs de la capitale, la steppe est comme une immense prairie rocailleuse exposée au soleil. Pas les adolescents. Comme les conspirateurs, les traîtres et les assassins, ils préfèrent la discrétion des herbes hautes. Ils frappent durement du pied le sol pour effrayer les aspics et se glissent dans l’immensité herbeuse qui se referme sur eux. La steppe est vide et regorge de cachette.

― Eh Jan !

Jan les salue à son tour, les laisse venir à lui.

― Tu gardes pas les chevaux aujourd’hui ? demanda la fille.
― C’est vrai que tu traînes avec les Azuréens ?

Jan fronce les sourcils. Il aurait aimé pouvoir se vanter de ça sans que le secret ne s’évente pour autant. Il a visiblement perdu la main dessus.

― Qui c’est qui vous a dit ça ?
― Efi, il l’a raconté à Ivi qui me l’a dit.

Jan foudroie Ivona du regard. Ivi est le surnom qu’ils lui donnent, comme Efi est celui d’Eftemie. Un bande de potes mais Efi parle trop, il n’était pas censé le répéter. Jan ne sait pas s’il est embêté que la rumeur cour, ou que son ami lui ait volé le privilège de la raconter lui-même.

― C’est vrai, conclue-t-il d’un air crâne. « Mais vous ne devez pas en parler à d’autres personnes. »
Ivi hoche la tête d’un air entendu. Bien sûr il peut leur faire confiance. Le garçon semble plus embêté.
― Je crois qu’Efi en a parlé Alin aussi, tu sais qu’ils se disent tout.
Merde.
― Vous êtes cons je vais avoir des emmerdes à cause de vous, râle Jan.
― Alors c’est vrai ? Mais tu parles azurétruc toi ?
― Ils parlent blême, enfin ils essayent, ça se voit qu’ils comprennent pas tout.
Nouveau hochement de tête entendu. Il faut être Blême pour parler blême, ou être une sorte de savant. La fille reprend : « Vous avez fait quoi ?
― Il voulait voir la Sary’ il a posé pas mal de questions sur le coin. Je pense que c’est un archéologue. »

La profession d’archéologue prend un sens différent en Pal ponantaise. Elle est prestigieuse, et dangereuse. Il y a une omerta sur les secrets du passé parce que ce qu’on tire du sol ne correspond pas toujours au grand récit de l’histoire de Blême et rajoute de la complexité aux choses. Il arrive également que tout se corrobore, et c’est alors plus inquiétant encore. On le sait, vous le savez, tout le monde le sait, les archéologues sont souvent des agents du Grand-Duc. Les Azuréens eux-mêmes pourraient n'être qu'une couverture pour une ambitieuse mission d’infiltration de la Pal ponantaise. Après tout, personne ici n’est jamais allé en Azur, alors ? Ce pays n’existe que sur les cartes de géographie, pour ce qu’on en sait, il pourrait avoir disparu depuis des siècles, ou être une pure invention du Grand-Duché. Bien pratique, une fausse nation tout entière pour justifier des ambassades, des passeports, des entrées. Tout en Pal est suspect, la réalité nous glisse entre les doigts, le complot de Blême est omniprésent et sur cette toile gigantesque, nous ne pouvons que marcher avec prudence, pour tenter de ne pas finir englué.

― Un archéologue ? Mais t’as pas dit qu’il avait genre vingt ans ?
Décidément Efi parle trop.
― Vingt ou trente je sais pas, balaye Jan. « En tout cas c’était pas un vieux. Mais il y a des vieux c’est sûr, certains les ont vu avec Apostol Pop quand ils ont visité le parlement inutile.
― C’est vrai, confirme la fille. Il y a même eu des photos dans le journal, il y en a qui ressemble à un mage polk sauf qu’il est plus bronzé. »

Voilà qui complique les choses. Et si les Azuréens étaient une création de la Polkême ? Un test de fidélité pour la Pal après l’assassinat du Régent Senear ? Et si tout cela n’était qu’un grand coup monté pour accuser les parlementaires de trahison ?

― Apostol Pop sait ce qu’il fait, déclare Jan. « Et le gars que j’ai escorté n’avait pas du tout l’accent polk.
― Escorté, comment t’y vas, ricane le garçon.
― Bin oui ! Tu crois que c’est facile de se repérer sur la steppe ? Mais toi tu montes pas à cheval alors t’en sais rien du tout.
― Bien sûr que je monte à cheval, répond l’autre en rougissant. Et puis Saryzyn c’est pas si loin.
― N’empêche que tes parents tiennent épicerie, Jan lui est palefrenier, rétorque Ivi.
― Facile deux heures à cheval quand même, renchérit Jan l’air satisfait.
― Ouais bin fais gaffe aussi, si les Polk savent que tu fais de l’escorte t’auras des emmerdes.
― Ou les Transblêmes. »

Jan grimace. Il l’a su au moment où l’Azuréen lui a proposé de le rémunérer contre cette petite virée à Saryzyn. Honnêtement, Jan l’aurait même fait pour rien du tout. Pas tous les jours qu’on rencontre un étranger à Gurapest, et lui demander à lui, de l’aide, quelle histoire. N’empêche qu’il a su. Il a su en hochant la tête, il a su en ouvrant la paume pour récupérer les pièces et il a su en enfourchant son cheval, que tout ça c’était peut-être le début des emmerdes, que c’était pas pour rien que les étrangers étaient rares si profond en Pal ponantaise, mais tout en le sachant, il n’avait même pas su tenir sa langue.

Il haussa les épaules, d’un air de ceux qui n’ont pas peur.

― On verra bien. Déjà arrêtez d’en parler à tout le monde ça m’évitera peut-être de finir en haut d’un pal.
― Ou d’être recruté par le Grand-Duc, répond le garçon du tac-au-tac.
― Attention à tes miroirs en allant te coucher ce soir, Jan, vérifie bien que c’est ton reflet qui est dedans.

Et tous trois rient d’un rire blanc.
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― Jan ? Jan ça va ?!

Les draps étaient trempés de sueur et il avait mal à la gorge, il se rendit compte qu’il avait crié.

― Ça va, répondit-il d’une voix enrouée.
― Tu es sûr ? Tu as fait un cauchemar ?

De l’autre côté de la porte sa mère s’inquiétait. A seize ans, il avait depuis longtemps obtenu le droit d’y poser un verrou, sinon nul doute qu’elle l’aurait ouverte à la volée pour venir le prendre dans ses bras. D’une certaine manière, il regretta le verrou.

― Mais laisse le, grommela derrière le battant une voix masculine. « Tu ne vas pas lui mettre une veilleuse non plus ??
― Marku, retourne te coucher. »

Sa mère n’appelait son père par son prénom que lorsqu’elle était contrariée.

― Je vais me gêner tiens. Dis-lui de se rendormir vite fait, on a un arrivage de chevaux demain matin.

Aucune lumière ne perçait à travers les carreaux de la fenêtre de la chambre. L’éclairage public avait bien existé un jour à Gurapest, mais des sociétés secrètes – ou des jeunes alcoolisés – tendaient à briser les ampoules et depuis une dizaine d’année la mairie avait renoncé à remplacer les lampadaires définitivement éteins. Plusieurs groupes politiques avaient argumenté que cela garantissait l’anonymat des déplacements nocturnes et on n’avait pas trouvé grand monde pour s’y opposer. A Gurapest, les sorties de nuit était une part importante de la vie sociale et militante, et personne ni à gauche ni à droite n’était prêt à assumer de mettre ses partisans en danger en les exposant à la lumière artificielle. Résultat, une bonne partie des rues étaient noires, seulement éclairées certaines nuits par la lune ou, si on avait de la chance, l’éclairage provenant des maisons qui filtrait à travers les fenêtres. Jan avisa son réveil, il était deux heures et demi du matin. Pour l’éclairage, c’était foutu.

― Tu veux un verre d’eau ? Ou du thé ?
― Non ça ira… merci.

Il se souvenait très nettement de son rêve. Depuis quelques jours ses songes étaient peuplés d’individus masqués, en longs habits noires. Ils murmuraient dans les coins de ses yeux sans que Jan ne comprenne ce qu’ils disaient mais dès qu’il tournait la tête, les ombres s’effaçaient.

― En fait, je veux bien un verre d’eau, croassa-t-il.
― Oh mon bijou…

Et il entendit les pas de sa mère s’éloigner dans le couloir. Sa chemise de nuit était trempée et lui collait à la peau. Il avait aussi les cheveux plaqués sur le front et les tempes.

― Merde mais je suis con ou quoi… ?

Ça faisait une semaine. Une semaine qu’il avait chevauché vers Saryzyn en compagnie de l’archéologue azuréen. Si pendant la journée l’expédition relevait du haut fait et attirait sur lui la curiosité et l’admiration de ses copains, force était de reconnaître que la nuit avait une autre allure. A mesure que le soleil se couchait et qu’il s’isolait dans sa chambre, les bruits anodins devenaient inquiétants. Un grattement lui arrachait un frisson, le bruit du vent le faisait sursauter. Tout ça était irrationnel, bien sûr, mais la Pal était pleine de mystères et ce qui touchait aux étrangers touchait aussi à l’étrange, et là où il y avait de l’étrange, le Grand-Duc n’était jamais loin.
Son aura assombrissait tout le pays, qu’on savait parcouru de ses partisans. Des gens de tous les jours, amis, familles, pouvaient en secret mener une double vie et auprès d’autels impies, dissimulés aux yeux du reste du monde, prêter allégeance à Ion de Blême. On disait qu’en prononçant certains mots, en sacrifiant certaines choses, il se mettait à voir par vos yeux et alors le seul moyen de lui échapper était de les fermer, aussi fort que possible, ou de se les crever. Il arrivait parfois de croiser un aveugle, dans les ruelles de Gurapest, torchon sale serré autour du visage. Son infirmité était-elle accidentelle, ou volontaire ? Les agents du Grand-Duc aveuglaient disait-on certaines de leurs victimes, pour renforcer la légende. Tout ça était faux, tout ça était un mythe, un conte pour effrayer les naïfs. N’empêche qu’une fois la nuit tombée, dans l’obscurité de sa chambre, Jan n’était pas rassuré.

― Jan ?
Il sursauta.
― Oui.
― Je t’ai mis le verre d’eau devant ta porte tu feras attention en ouvrant d’accord mon chéri ?
― Merci maman.
― … allez essaye de dormir. Ton père a raison, vous avez du travail demain.

Du travail… il aimait bien les chevaux, oui, mais tous les samedi et tous les dimanches, c’était un peu trop parfois. Il fallait gagner sa croûte bien sûr, donner un coup de main, on ne roulait pas sur l’or. Beaucoup de ses amis travaillaient aussi avec leurs parents, ou même pas, histoire de ramener quelques sous. La Pal vivait chichement, la Polkême prélevait l’impôt mais c’était surtout l’absence de véritable industrie et de ressources naturelles qui gardait le pays dans la pauvreté. Sa seule véritable richesse lui venait du commerce, et les Polk avaient fait main basse sur Port Ponant.

Jan avisa son matelas et ses draps, humides, avec dégoût. La sueur avait commencé à refroidir et il n’avait pas très envie de s’y allonger de nouveau. Il retira sa chemise de nuit et, prudemment, posa un pied hors de son lit, puis le deuxième. Il aurait pu allumer la lumière – bien que son père voulait qu’ils économisent l’électricité – mais l’idée d’être visible depuis la rue lui déplut. Il y avait eu de sales histoires à l’école, des créatures qui erraient dans l’obscurité des rues, à l’affût d’un signe de vie. A tâton, il chercha la porte, trouva la poignée puis le verrou, le fit pivoter, ouvrit.

― AAH !!!

Dans l’embrasure de la porte se tenait sa mère. Elle n’avait pas bougé du palier et le fixait d’un air tendre, son visage se découpant quasi invisible dans l’obscurité du couloir.

― Putain Jan tu fais chier ! grommela son père d’une voix endormi.

Il avait fait un bond en arrière, le cœur battant.

― Ça va mon chéri ?
― Mais tu m’as fais super peur !!

Sans rien dire, sa mère repoussa le battant de la porte et pénétra dans la chambre qu’elle avisa d’un œil curieux.

― Oui ça va… j’allais juste boire et me recoucher…
― Il ne s’est rien passé d’étrange cette semaine ?

Jan fronça les sourcils. Il n’aimait pas ce qui était en train de se passer, quoi que cela puisse être. Sa mère s’exprimait d’un ton trop doux, trop compréhensif, et le prendre par surprise ainsi en restant cachée derrière sa porte, il avait l’impression d’avoir été pris en embuscade.

― Non non… répondit-il d’un ton méfiant. Il ne s’était pas vanté auprès de ses parents de son escapade avec l’Azuréen. Sans aucun doute auraient-ils désapprouvé. Seuls ses amis étaient au courant. Normalement. « Pourquoi ?
― Tu as l’air perturbé depuis quelques jours. Tu ne manges pas grand-chose et maintenant tu fais des cauchemars…
― Je sais pas… c’est l’école. »

Il aurait bien aimé que sa mère ressorte de la chambre maintenant, mais elle fit un pas de plus à l’intérieur et tâta le matelas d’un air soucieux.

― Je vais changer tes draps, ils sont trempés.
― Non mais ça ira, t’inquiète.
Il devenait urgent qu’elle s’en aille à présent.
― Pourquoi Jan ?
― Pourquoi quoi ?
― Pourquoi Jan ?

Le jeune homme ressentit une sueur froide dans son dos. Le ton de sa mère était étrange… et sa voix déformée.

― Maman ?

― Pourquoi Jan ? Pourquoi as-tu accompagné cet homme ?
Il voulut crier, fit deux pas en arrière, se cogna contre le rebord de son lit. A la place du visage de sa mère, un tissu noir dissimulait ses traits et elle parlait maintenant avec la terrible voix altérée des vocalisateurs transblêmes.

― Pourquoi lui as-tu révélé nos secrets ?
Il se mit à hurler.

― Jan ? Jan ça va ?!

Il secoua la tête. Il était de nouveau dans son lit, ses draps trempés de sueur, sa gorge enrouée. La chambre était vide, de l’autre côté de la porte, le verrou fermé, sa mère tapotait contre le battant avec inquiétude.

― Je… je crois que j’ai fait un cauchemar…
― Putain Jan tu fais chier ! grogna son père d’une voix endormie.
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Ils sont là

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Il n’y a pas que la Polkême à être jalouse de la Pal. Un autre sire, plus sinistre que les Vol Drek, regarde avec attention les manigances d’Azur. On le dit immortel, capable de choses impossibles. Rien n’est vrai. Rien n’est faux. Mais dans le doute, heureusement qu’une mer vous sépare.


Amatrice d’apparitions imprévisibles, la Transblêmie pénétrait le Califat par la petite porte. Elle était là pourtant, depuis peu de temps, depuis que les Azuréens avaient posé leur consulat en Pal ponantaise. Un homme naïf, peut-être un peu désespéré, tombe dans un piège. Il reçoit un message sur le net : une jolie jeune femme désire le rencontrer. Lui ? voilà qui est inattendu. La Transblêmie transforme le réel, le désespoir le peut aussi. C’est improbable mais c’est heureux, alors l’homme y croit. Trop longtemps qu’il est célibataire, un mariage bancal, engagé trop jeune, l'a laissé sur le carreau. Niveau sentiment, ce n'est pas terrible, au point d'en perdre l'habitude. Alors quand on s'intéresse soudain à lui, il n'hésite pas tant que ça et s’engage dans un étrange ballet virtuel, message après message. On se tourne autour, mais pas trop longtemps, on a passé l’âge. La jeune femme désire quelque chose de sérieux, elle le trouve attirant, elle aimerait le rencontrer. Lui aussi, mais ils habitent loin l’un de l’autre. Peu importe, il peut se montrer patient.

Les Polk et les Blêmes savent qu’il faut se méfier des hasards. Que ce qui est étrange devrait rester étranger. Tout petits déjà on leur parle de ce qui se trame de l’autre côté de la mer. Les Azuréens, eux, n’ont pas encore le réflexe de se méfier. Ils apprendront.

Les jours s’enfilent comme des perles, l’habitude s’installe et déjà il a du mal à trouver le sommeil sans avoir dit « bonne nuit » à cette femme qu’il n’a jamais vu mais qui l’aime et qu’il aime. Ils s’échangent des mots doux, plaisantent. C’est fou comme ils sont compatibles. C’en est presque improbable. Elle, elle n’est pas contrariante. Quand elle le taquine, elle sait se faire pardonner. Elle l’écoute. Elle dit qu’il a raison. L’homme est heureux. Pour la première fois depuis très longtemps il se sent compris. Des idées s’imposent, il se projette, les mois passent. Un. Puis deux. La frustration augmente, l’espoir aussi. Quelque chose de terrible se prépare. L’homme n’en sait rien.

De l’autre côté de la mer, de sinistres rouages viennent de s’activer. Le Grand-Duché tourne son regard vers l’Afarée. Il n'y a pas encore mis pied. Cela viendra. Pour le moment, il a pénétré une boîte mail. Un téléphone portable. Une caboche. Ou peut-être deux ? Qui sait.
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