08/07/2016
00:29:33
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La Réminiscence des troubles - La campagne des frères Agricola

Résurgence de l'AIAN: l'arrivée des frères Agricola



Aller hop hop on va se battre

« Adolfino, réveille-toi. ». En ouvrant les yeux, Adolfo ne voit que la grosse tête de son frère au-dessus de lui. « On arrive bientôt. Tu devrais essuyer ce filet de bave, ça te donne un charme mais c’est déconseillé devant le beau monde. ». Ignacio s’étire dans son siège et regarde par le hublot : il la voit, cette île brumeuse. L’île celtique, l’Achosie du nord est en vue, ou plutôt la Strombolaine, suivant à qui on s’adresse pour la nommer. Les commentaires de son frère l’agacent, pais il n’y prête pas attention : « ça sent la merde, le poisson pourri et la baleine d’ici. Tu ne trouves pas ? Quel trou à rat…C’est bien parce qu’on est obligés d’y aller… » dit-il, ce à quoi Adolfino a cette réponse laconique, mais qui résume à merveille cette mentalité propre à certains sénateurs : « La Strombolaine c’est Velsna, et Velsna c’est la Strombolaine. ».

Deux hommes d’âge mûr, mais qui paraîtraient jeunes au Sénat des Mille, en comparaison de leurs confrères, s’apprêtent à poser le pied sur le tarmac d’une petite piste à l’extérieur de la cité de Velathri. Pourquoi ? Après tout, rares sont les sénateurs à poser le pied sur ce territoire isolé de la Grande République. Et quand ils le font, c’est que la situation l’exige. Les achosiens du nord, même ceux de langue velsnienne, sont des gens méfiants. Ils n’aiment pas que les gens du continent ne se mêlent de leurs affaires. Et pourtant, même eux sont au rendez vous sur cette piste, accompagnés de Michele Petrola, le sénateur-ambassadeur de Velsna auprès des pays de l’île celtique. Les salutations sont cordiales, mais tout aussi laconiques que les conversations que les deux frères ont ensemble. La poigne de Petrola est chaleureuse, mais ferme :
- Excellences sénateurs Agricola, c’est un honneur de vous recevoir ici. J’ose espérer que le voyage s’est bien passé, et que cette nomination subite ne vous a pas mis dans l’embarras. Ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit pareille nomination. D’ailleurs je devrais m’adresser à vous en tant que stratèges-sénateurs désormais…
- En effet – lui répondit Ignacio Agricola, le ton sévère – Non, nous ne sommes pas surpris. Son excellence DiGrassi nous avait déjà informé de son intention il y a de cela plusieurs semaines. Nous ne sommes pas là pour passer des vacances, nous avons conscience. Je vous en prie, sénateur-ambassadeur, ouvrez-nous la marche. Nous avons beaucoup de travail à abattre.

Les frères Agricola. On disait d’eux, ces sénateurs ONDehors, beaucoup de choses au Sénat. Ils faisaient partie de cette nouvelle génération qui s’était distinguée durant la guerre civile pour avoir refusé de ployer le genou devant Dino Scaela. Bien que méfiants de DiGrassi et opposés à lui sur un grand nombre de sujets, ils l’avaient rejoint à son débarquement d’Umbra, attachés à la continuité du système républicain. On les disait insensibles à toute forme de corruption ou de pot de vin, ce qui était rare dans les rangs du Sénar. Ils étaient peu aguerris de la chose militaire, mais avaient la réputation d’être des organisateurs efficaces. Ils s’étaient fait une réputation dans la nouvelle législature en tant que procurateurs de la monnaie, et c’était eux qui avaient organisé les saisies des biens des anciens collaborateurs de Scaela, au moyen de méthodes que l’on pourrait qualifier de peu conventionnelles. Peu aguerris qu’ils étaient, ils le compensaient par une grande curiosité sur un vaste nombre de sujets. Ils s’adressaient à Michele Petrola comme on pose des questions lors d’un interrogatoire :
- Étant un observateur de terrain, que pouvez vous me dire au sujet des activités de l’AIAN ? Quels changements avez-vous pu observer ?
- Des petites choses au premier abord, mais qui en s’accumulant font apparaître une situation des plus délicate, excellence Adolfino. Des signes épars qui forment une immense et inquiétante toile
– leur répondit Petrola, tout en comparaison au monde des arts qu’il apprécie tant – Des rassemblements discrets à l’abri des regards qui se multiplient, des publications de journaux clandestins dont les titres se font de plus en plus nombreux, des troubles à l’ordre public qui éclatent de plus en plus régulièrement. Rien de tout cela n’a l’air coordonné pour l’instant mais je puis vous confirmer une chose : c’est à coup sûr la main de l’AIAN.
- N’avons-nous pas en cœur à nous en débarrasser il y a 20 ans ? – reprit, Adolfino, curieux -
- Certes. Je le croyais également, que cet attentat l’an passé n’était qu’un acte isolé. Mais j’avais tort, nous avions tous tort, et les craintes des sénateurs de Velathri et de Strombola semblent plus fondées que nous aurions pu le penser. C’est pourquoi vous êtes là aujourd’hui.

Dans un bureau de la base, qui a l’air de ne pas avoir été occupé depuis un très long moment, les trois sénateurs sont autour de cette table en chêne poussiéreuse. D’un grand revers de main, Ignacio Agricola la retire en faisant voler ces particules à la lumière des lampes.
- Je vous remercie de votre franchise, excellence-ambassadeur – enchaina Ignacio à son compère – Nous avons reçu l’assurance de DiGrassi d’avoir carte blanche sur tous les aspects de cette opération. Nous voulons nous assurer que les sénats de Velathri et de Strombola soient au même diapason que nous, vous serez notre courroie de transmission, Michele. Vous avez toute notre confiance pour gérer les aspects médiatiques de cette opération. Nous prenons le reste en charge.
- Cette opération…son excellence DiGrassi vous a fait don de troupes ? Déjà ?
- En effet, voyez vous-même.

Ignacio avança sur la table une fiche avec beaucoup de nombres… Petrola ouvra grand les yeux, écarquillés, illuminés comme des lanternes. Il n’eut qu’une réaction :
- Eh bien…je crois que Velsna n’a jamais levé une telle armée…du moins pas depuis des siècles. Et DiGrassi a bien voulu vous faire don de tout ça ? J’ai du mal à lui demander des nouveaux stylos à l’ambassade d’Achos vous savez…sans parler du Sénat. Une telle levée va nécessiter un vote en haut lieu de ces excellences.
- L’AIAN se réveille en masse, on les tuera en masse.
- assène Adolfino – Ignacio, donne-moi une carte, n’importe laquelle. Ne vous en faites pas pour le Sénat excellence, je pense que l’annonce de l’AIAN à Menkelt aura tôt fait de convaincre nos excellences de l’urgence de la situation.

Le cadet de la fratrie déploie sur la table une carte de l’Achosie du Nord devant son frère et l’ambassadeur Pétrola. Adolfino tapote du doigt sur le fond de carte :
- La couverture du terrain est la clé d’une lutte anti-terroriste efficace. Voyez ça comme des braqueurs dans une banque : leur priorité est de s’assurer qu’il n’y a pas de caméras pour les regarder et les écouter. Notre priorité est que ces caméras restent allumées et entretenues en permanence, qu’il n’y ait aucun angle mort. Nous les ferons courir jusqu’à l’épuisement. Où que l’AIAN puisse se cacher, nous devrons toujours les avoir à l’œil. Et pour cela il faut quadriller le territoire, que ce soit sur le plan administratif ou militaire. Les habitants doivent ressentir le fait que notre cité se soucie d’eux en haut lieu, ainsi que de leur sécurité. Pour cela je recommande que nos troupes soient le moins visibles possible de la part de la population citadine, juste assez pour donner l’illusion que la vie poursuit son cours normalement, sinon ce sera la porte ouverte pour que les 30% d’achosiens vivant dans nos cités rejoignent les terroristes.
En revanche, nous pulluleront dans les campagnes. Il faut nous focaliser sur les éléments suivants :
. Premièrement, la surveillance constante de tous les axes routiers, y compris les axes secondaires. S’il fait mettre des patrouilles sur des sentiers de forêt, nous le ferons et nous aurons carte blanche.
. Ensuite, la reconstruction des cantonnements que nous avons délaissé depuis la fin des troubles. Nous allons en remettre en état une dizaine sur tout le territoire, tous sous le commandement d’un capitano qui aura la charge de la surveillance d’un secteur défini autour de sa base, mais il faut s’assurer que ces patrouilles soient à intervalles irrégulières, sans quoi les terroristes comprendront le dispositif et ses rotations.
. Le bouclage préventif de la frontière achosiennes, qui devra toutefois se faire avec peu de troupes afin de ne pas contrarier nos voisins. Vous savez comme ils sont susceptibles… Nous allons là également remettre en état les checkpoints sur les principaux axes routiers qui passent la frontière. Cela évitera les catastrophes comme celle que nous avons pu connaître l’an dernier.
. Enfin, le bouclage systématique des côtes de l’Achosie du Nord par la Marineria. On m’a d’ores et déjà assuré de la disponibilité de la Classis I pour effectuer des itinéraires de patrouille.
Ignacio, excellence Petrola, qu’est-ce que vous en pensez ?


Son frère se pencha sur la carte, et prit le temps de réfléchir à ses prochains mots. Petrola, lui, paraissait avoir décroché et en était encore à rationaliser toutes les informations qu’il venait de recevoir :
- Tu veux étouffer l’AIAN… c’est astucieux mon frère, mais tu sais qu’il faudra plus que ça pour les débusquer. La meilleure défense, c’est une bonne offensive.
- Je sais, Ignacio, ce n’est là que la première partie du plan : il faut nous déployer, occuper le terrain, sympathiser avec la population. Une fois que l’AIAN sera isolée, nous n’aurons plus qu’à la traquer. Et cette fois il n’y aura pas d’autre manche…


Adolfino, vient tapoter les épaules de son frère et de l’ambassadeur Petrola :
- Mes excellences sénateurs : je peux vous promettre que dans six mois nous serons à nouveau réunis sur la place San Stefano sur le même char, et que nous aurons le droit au même triomphe que celui qu’a eu DiGrassi lorsque les enfants Scaela se sont retrouvés en pleine baignade.

Les trois hommes sortirent de la pièce, laissant cette note sur la table. Les premiers effectifs déployés en Achosie du Nord d’ici à quelques jours :


La "Grande armée des frères Agricola", premier déploiement en Achosie du nord :

Trois grandes tribunes de 10 000 hommes chacune, divisée en 10 régiments de 1000 hommes déployés comme suit:

Infanterie :
30 000 soldats professionnels (ALI 10: 7 000, ALI 9: 12 000, ALI 8: 8 000, Ali 7: 3 000)
900 mitrailleuses lourdes de niveau 7 et 1 500 lvl 6,
1000 mortiers légers de niveau 7
1000 lance-roquettes de niveau 7
500 lance-missiles antichar de niveau 5, 400 lvl 6
1000 lance-missiles antichar de niveau 7

Transport et véhicules de combat :
100 véhicules blindés léger de niveau 10
100 transports de troupe de niveau 10
100 véhicules de combat d'infanterie de niveau 10
40 chars d'assaut de niveau 4
40 chars légers de niveau 4

Artillerie :
50 canons tractés de niveau 5
50 mortiers tractés de niveau 5
30 lance roquettes multiples de niveau 4

Logistique :
110 camions de transport de niveau 2
200 camions citernes de niveau 6

Génie :
10 bulldozers de niveau 10
3 pont-mobile de niveau 8
10 chars de dépannage niveau 10

Commandement :
35 véhicules de transmission radio de niveau 6
5 véhicules radar de niveau 10

Avions et transport aérien :

Une cinquantaine d'avions de chasse de divers niveaux (sera explicité en cas de problème)
3 drones de niveau 5 (redéploiement depuis Raskenà


Renforts à venir en cas de problème...
La Campagne des frères Agricola: Faire la guerre chez les velsniens



Paysage typique d'Achosie du nord


30 000 soldats. C’est là un chiffre qui n’avait pas été atteint depuis le XVIIIème siècle dans le cadre d’une levée militaire velsnienne. Parmi les rangs du Sénat, on avait conscience de la gravité historique de la décision, et les oppositions s’étaient empressées d’exprimer leur opposition au projet. Peine perdue avec une majorité qui estimait nécessaire de rappeler aux strombolains leur appartenance à la Grande République, et comme pour montrer que la cité sur l’eau se souciait de leur sort, ces derniers ayant lancé plusieurs appels à l’aide au cours de l’année 2013 et 2014. Car il faut rappeler que la fidélité des cités libres qui constituent l’unité de base de l’administration républicaine repose en grande partie sur la capacité du gouvernement velsnien à défendre les uns, et à intimider les autres. Les impôts contre la protection, ce sont les termes du rapport entre les cités et la capitale, un rapport de force qui repose sur une forme d’hégémonie, et qui résume bien la violence intrinsèque au régime politique en vigueur depuis le IXème siècle. En échange de quoi, les cités libres ont toutes les latitudes du monde pour exercer leur autonomie, dans le respect de « la liberté des cités velsniennes » tel qu’elle a été proclamée, sans quoi ce rapport de force se muerait en tyrannie, terme fourre-tout redouté par tous les politiciens du pays.

Ils viennent des quatre coins de la République, les conscrits commencent à affluer en Achosie du nord : ils sont d’Umbra , de Vatluna, Nowa Velsna, Tercera, Tarquina…on recense même un petit contingent ayant fait le trajet depuis l’île de Tavaani pour atterrir dans cet endroit froid et où la population locale les observait avec méfiance. On ne demandait à ces soldats conscrits rien de moins que d’abandonner tous leurs projets à court terme, leurs familles et leurs vies jusqu’à ce que leurs cités effectuent la rotation annuelle qui les ramènerait chez eux…ou lorsque cette campagne touchera à son but. Le tout en échange d’une promesse de bons salaires et de primes de la part du sénateur assumant le commandement de l’armée. Tout le monde se devait de faire des sacrifices, y compris le stratège Adolfino Agricola. Celui-ci avait épousé Imilce, une femme issue d’un milieu notable d’Achosie du nord. Celle-ci avait fait le chemin aux côtés de son mari dans l’espoir d’y intégrer le corps diplomatique de la Grande Tribune dont Adolfino avait assumé le commandement, peut-être dans l’espoir de peser sur les décisions et les relations qu’entretiendrait le chef de guerre nouvellement nommé avec les élites achosophones de la région. Aussi, il lui avait demandé de refaire ses valises immédiatement au prétexte de sa protection.

Celui-ci l’avait surpris un jour en train de préparer ses affaires pour le départ, se glissant derrière elle avec un air faussement navré :
- Tu es prête, Imilce ?
- Ça avance…comme tu peux le constater.

Elle avait cette expression de reproche qui indiquait le désir de ne pas s’encombrer d’explications, ce qu’Adolfino fit l’erreur de commettre :
- Bien. Tu seras plus en sécurité à Velsna, Imilce.
- Ma sécurité…tu sais très bien que c’est faux. Je ne risque rien ici.
– lui répondit-elle avant que son regard ne devienne plus noir encore – Ne me prends pas pour une idiote, tu prends en otage ton épouse achosienne, c’est une façon de t’assurer que mes compatriotes ne rejoindront pas l’AIAN.
- La guerre a ses lois, c’est comme ça.
- Alors cesse de prétendre que c’est pour ma sécurité !
– lui cria t-elle -
Imilce avait raison. Proposer des formations et des études gratuites pour les enfants de l’élite notable achosophone, des perspectives qui les encouragent à partir travailler à Velsna…telles étaient les méthodes détournées et « douces » de s’assurer que les citoyens influents de cette communauté ne se révoltent pas, et retenir leurs proches à la capitale, là où des pressions pourront s’exercer plus efficacement sur eux. Depuis la fin de la première guerre de l’AIAN, le mariage au sein des élites velsniennes et achosiennes avait également cette fonction, et c’est ainsi qu’Adolfino et Imilce s’étaient retrouvés à partager un lit.

Les premiers jours au camp militaire étaient consacrés à l’accueil et l’affectation des premières troupes arrivées sur place. Si la plupart des soldats avaient déjà effectué leur service militaire obligatoire de deux ans, certains d’entre eux avaient été appelés alors qu’ils étaient en pleine formation. Ils et elles ont tous entre 20 et 35 ans, sont ouvriers, ingénieurs, agriculteurs, comptables, étudiants…un condensé de la société velsnienne répartis dans quelques camps militaires éparpillés à travers l’Achosie du nord.

Adolfino, Ignacio et le sénateur Petrola multiplient les réunions sur des sujets divers, car Adolfino n’est pas simplement un stratège, mais a également reçu des compétences liées à l’administration civile dûe à sa nouvelle position de gouverneur militaire de Velathri et de Strombola. Ce faisant, les magistrats du Sénat local devait désormais lui rendre compte de leurs activités dans la région : des procurateurs de la monnaie demandant l’émission de nouvelles monnaies, dont certaines portent l’effigie des frères Agricola, aux requêtes de particuliers au sujet de conflits cadastraux entre agriculteurs achosophones. Ce n’était pas une vulgaire opération militaire, une cohorte de fonctionnaires orbitait désormais autour des deux frères. Ignacio avait hérité de l’aspect civil, l’ambassadeur Petrola de la communication et des relations avec les deux cités libres d’Achosie du nord…et Adolfino se consacrait entièrement à la préparation de la première vague de patrouilles qui débutera d’ici quelques jours.

Très rapidement, Petrola a soulevé le problème du coût financier de l’opération, évaluant les besoins colossaux d’une telle armée. Une inquiétude se profilait : combien de temps est-ce que les sénateurs seraient prêts à financer de tels efforts de leur poche sans la moindre perspective de gain proche. Ce à quoi Adolfino assura ses compères que les fonds seraient illimités : quoi qu’il en coûte, la lutte contre l’AIAN allait au-delà du simple souci de l’équilibre des comptes de la République. Les trois hommes furent confirmés dans leurs espérance lorsqu’un Procurateur de la monnaie sénatoriale confirma cette position : cette opération allait s’inscrire dans une durée inédite.

Lors de la réunion du 26 novembre, à peine arrivés, les trois sénateurs s’affairèrent à leur tâche principale, essayant d’estimer à quelles positions les hommes d’éventuels hommes de l’AIAN seraient le plus susceptibles d’occuper.
- Connaissant un peu la région, je puis vous affirmer que si terroristes il y a, ils seraient plus enclins à se cacher sur la côte de l’espérance, à l’ouest. Le relief est escarpé et permet de disposer d’un grand nombre de cachettes, en plus d’échapper à la surveillance aérienne. – indiqua Petrola –
- Cela m’étonnerait que les terroristes fassent la même erreur qu’en 90, c’est-à-dire croire que ces massifs et ces collines sont imprenables. Ce sont des barbares, mais ils sont loin d’être idiots. – lui répondit immédiatement Adolfino – M’est d’avis qu’ils tenteront à tout prix d’évoluer le plus près possible des populations civiles, quitte à en dévoyer certains dans la complicité. Vous voulez tuer l’AIAN ? Eh bien, il faut réduire à néant le soutien populaire qu’il peut susciter. Et lorsqu’une bombe explose, et seulement dans ces cas-là, il faut nous montrer présents. Nous serons les chevaliers blancs des populations achosophones, quoi que l’AIAN ne dise ou ne fasse. La carotte et le bâton, mes excellences. Nous donnerons à l’AIAN des avantages, de l’argent, débloquerons des fonds de développement. Dans le même temps, le bâton : nous avons déjà des listes de suspects et d’anciens sympathisants de l’AIAN. En cas d’activité notable, nous procéderons à une arrestation préventive et immédiate de tous les noms inscrits sur cette liste. Toute mise en scène de de ces arrestations ou du processus judiciaire est à exclure, l’invisibilisation du malheur est toujours plus efficace que la démonstration. Nous ne voulons pas de martyrs, nous voulons des criminels.
- Mais, mon excellence Agricola – intervient Petrola, hésitant – La liste contient 3 000 noms…
- Alors nous en arrêterons 3 000. – lui répondit-on, laconique – Et j’irai plus loin : les terroristes doivent comprendre qu’ils ne peuvent être en sécurité nulle part. Que ce soit sur le territoire velsnien ou à l’étranger. Nous devons frapper partout. L’administration achosienne a émis il y a peu une liste restreinte de terroristes s’étant réfugié à l’étranger. Nous pourrions commencer par là. L’un d’entre eux est en Rimaurie, je pensais à lui pour notre premier coup de filet.

Ignacio s’avança vers Adolfino avec ce regard qu’il arbore souvent lorsque celui-ci parvient à l’impressionner :
- On peut commencer par ça…mais…c’est tout ? Je te connais trop bien, mon frère, il y a autre chose qu’une chasse aux terroristes et des distributions d’aumônes à des achosiens en quête de reconnaissance. Tu sais pertinemment que tout ça, ce ne sont que des solutions temporaires, et que le poison reviendra. Qu’est-ce que tu as en tête ?
- Dis-moi mon frère, t’as mangé quoi ce matin ? Tu es étrangement lucide et perspicace.
– lui répondit Adolfino, étonnamment léger – Tu as raison. Le problème de l’AIAN est concomitant de deux facteurs : le degré de mécontentement des populations locales et l’existence de la République d’Achos qui donne espoir aux revendications d’indépendance des barbares. Si nous ne pouvons pas nous permettre de régler dans l’immédiat le deuxième problème, nous pouvons le neutraliser en désinfectant la plaie. Les traces resteront, mais la plaie ne sera plus enflammée et douloureuse. Nous devons non seulement rallier les populations locales, mais également rendre légitime une autre forme de surveillance, beaucoup plus durable. Mon frère, tu ne t’es pas demandé pourquoi j’avais eu l’autorisation de lever et d’armer autant de soldats…cela m’étonne.
- Eclaire ta pensée, et arrête de tourner autour du pot, Adolfino.
- Tous les hommes que nous avons mobilisés ne rentrerons pas au pays, Ignacio.
- Comment ça ?
- J’ai l’intention de faire don à tout soldat de mon armée, en fonction de son mérite, de parcelles que nous aurons exproprier à tout soutien avéré de terroristes de l’AIAN. Pour ceux qui en expriment la volonté, je promets qu’ils deviendront des propriétaires prospères. Et je pense que personne ne nous en voudra si les propriétés saisies seront ceux des seuls anciens soutiens de l’AIAN. Or, il se trouve que nous avons besoin de relais efficaces et durables de notre influence dans ces endroits, ce sera plus efficace qu’une armée en cantonnement permanent en tout cas.
- Je dois bien admettre mon frère…tu t’es surpassé. DiGrassi serait fier. Mais ne prends pas la grosse tête, ce n’est que du papier pour l’instant.
- Certes. Mais ce n’est pas en restant plantés devant moi que nous y arriverons. Aller mon frère, en route. Excellence Petrola, vous avez toute la communication qui vous attend. Abreuvez donc Quotidia de nos exploits.



Effets :
- Le Sénateur-stratège Adolfino Agricola devient gouverneur militaire de Strombola et de Velathri à la demande des magistrats locaux, et ses fonctionnaires assument désormais la gestion des prélèvements fiscaux, du maintien de l’ordre et de la justice locale.
- L’armée velsnienne débute la reconstruction ou la remise en état des cantonnements velsniens présents sur le territoire de l’Achosie du nord lors de la période des troubles de l’AIAN (1970-1997).
- L’armée velsnienne assume désormais l’entretien et la construction des infrastructures civiles d’Achosie du nord, ainsi qu'une campagne de prévention et de mise en confiance auprès de la population locale.
- L’armée velsnienne débute son mode opératoire de patrouille systématique du territoire d’Achosie du nord.
- Adolfino et Ignacio commencent à réfléchir à la possibilité de recréer un système de colonie militaire en expropriant les éventuels sympathisants de l’AIAN et en les redistribuant aux soldats de la Grande Tribune d’Agricola.
- Le gouvernement velsnien débute une traque des terroristes de l’AIAN à l’international.
drapeau AIAN


Lettre Ouverte aux Excellences Agricola, malédictions de l'Île Celtes



Messieurs,

Avez-vous peur ? Pensez-vous qu'il soit approprié de dilapider l'argent du Sénat velsnien dans des opérations militaires sur un territoire d'à peine 2 500 km² ? En tout cas, cela nous flatte que vous pensiez autant à nous !

Plus sérieusement, si vous pensez que vos petites manœuvres militaires vont nous affoler, vous vous mettez le doigt dans l'œil jusqu'au coude ! Et soyez prévenus, nous vous rendrons chaque coup. Vous vous préparez comme pour une guerre, et si c'est une guerre que vous voulez, vous l'aurez ! Ne vous fiez pas à nos effectifs réduits : partout où vous serez, nous serons là. Que ce soit en Achosie, sur toute l'île celte, ou même à Velsna. Vous ne connaissez pas l'ampleur de nos forces, et vous ne voulez pas le savoir.

Voulez-vous vraiment revivre les traumatismes des années 80 ? Est-ce cela que vous souhaitez ? Je ne pense pas que la population velsnienne veuille vivre à nouveau dans la terreur et l'angoisse. Mais si c'est ce que vous voulez, nous serons présents, et dans des proportions bien pires qu'auparavant. Aucun Velsnien ne sera en sécurité tant que vous resterez sur cette île, vous voilà prévenus : math o fochyn Velsnian da i'r lladd-dy.

Un message maintenant aux populations achosiennes opprimées : vous n'êtes pas seuls. L'occupation s'intensifie, l'armée velsnienne fera maintenant partie de votre quotidien, mais vous ne devez pas vous laisser abattre. Battez-vous envers et contre tout, cette île est la vôtre, vous êtes les enfants d'Erwys Gwyndel, vous êtes de fiers Celtes. Agissez comme tels !

Et que jamais Velsna n'oublie :

NOUS SOMMES TOUJOURS LÀ, ENVERS ET CONTRE TOUT.


logo AIAN
La campagne des frères Agricola, phase II: bouclage des eaux territoriales velsniennes et début effectif des patrouilles

(HRP: cette action prend place après l'épisode de l'incident du sous-marin loduarien et sa tentative de repêche par les velsniens


Comme prévu par le Stratège Afolfino Agricola, le début du mois de décembre, en dehors de la mésaventure raskenoise ayant causé une baisse des effectifs mis à disposition du commandement de la Grande Tribune velsnienne en Achosie du Nord, se caractérise par le déploiement des 10 000 hommes de la "Grande armée d'Agricole" sur tout le territoire d'Achosie du nord, en particulier dans les zones rurales et reculées ayant été marquée par la première période des troubles.

Au vu de la faible superficie de l'Achosie du nord, la diminution par trois des effectifs engagés n'est pas considéré par le Sénat des Mille et le commandement militaire comme une gêne particulière dans l'exercice de sa mission (HRP: évoqué sur le post précédent). Mais ces excellences de Velsna ne sauraient se satisfaire d'une simple hausse de la présence militaire dans cette zone sensible. Il s'agit d'étouffer purement et simplement tous les accès envisageables au territoire d'Achosie du nord par la contrebande d'armes et d'explosifs, en plus d'opérer une mission de prévention anti-AIAN à l'égard des locaux (dans le cadre du grand plan de réinvestissement financier et politique dans la province de Strombolaine).

Ce faisant, ce 6 décembre 2014 débute la seconde phase de l'étouffement des éventuels trafics. Après avoir remis en état les cantonnements visant à contrôler plus efficacement la frontière de la République d'Achos, la Marineria a mis sur pied la Classis IV "Marella" sous le commandement de l'Amiragglio éponyme. Constituée de navires légers et calibrés pour les eaux peu profondes, cette armada aura la tâche de procéder à l'inspection systématique des cargaisons des navires affrétant en Achosie du Nord, déceler les marchandises suspectes et procéder à l'interrogatoire de ses achemineurs. Toutes les eaux territoriales velsniennes d'Achosie du nord sont concernées par cet ordre de mission, que ce soit la façade orientale ou occidentale de la presqu'île, et il est formellement déconseillé à toute flotte étrangère de stationner dans les dites eaux.

Les effectifs sont mobilisés comme suit:
Classis IV "Marella", effectifs a écrit :
- 2 patrouilleurs niv 7
- 1 sous-marin d'attaque niv 5
- 3 vedettes niv 8
- 2 vedettes niv 6
- 9 vedettes niv 5
- 8 vedettes niv 4
- 4 vedettes niv 3
- une vedette niv 2

Soutien aérien:
- 16 avions de chasse niv1
La campagne des frères Agricola: la prise en main de la justice


Collines sans fin, sombres vallons et forêts d'épineux là où la roche n'est pas à nu. L'Achosie du Nord, malgré les progrès des années récentes, malgré le désenclavement du territoire...cette terre est restée la source de mystères et de fantasme. Des kilomètres et des kilomètres sans ville ou village, des terres arables peu nombreuses, où l'élevage prévaut encore sur les exploitations de blé, d'orge et de lin... Cet endroit est une terre de géants qui rappelle aux velsniens de la métropole y faisant halte, l'immensité du monde qui les entoure. Leur cité n'est finalement pas grand chose, un petit point au delà d'un horizon brumeux, impossible à distinguer. Les habitants qui ne vivent pas sur les côtes sont rares. Contrôler les rives n'a jamais été un problème: cela fait bien longtemps que les populations sui y vivent ont adopté les manières de vivre des cités de Strombola et de Velathri, qui sont les seules agglomérations excédant les 50 000 habitants dans la région. Ces deux cités y diffusent depuis 800, que ce soit par le commerce, la culture et la politique, une manière d'être et d'observer le monde, radicalement différente de ce à quoi sont encore habituées certaines population du centre du territoire, où les communications ont toujours été plus difficiles, et où la "velsianisation", ce processus d’assimilation s'étendant sur des siècles, est restée limitée. Cette assimilation, il a toujours été drôle de constater qu'elle n'avait jamais été motivée par une politique précise, par une volonté affichée... Elle s'était faite au fil du temps, par la perspective d'avantages matériels: l'accès à l’administration de la cité, à la justice, aux autorités compétentes de manière générale... La citoyenneté n'a jamais été une affaire de nation ou d'ethnie, mais de statut social. L'Achosie du Nord est un écosystème sur lequel Velsna maintient une emprise aussi indirecte que ténue, garantie par son union politique dont elle dispose avec les deux cités-libres de la région, sans compter cette appartenance à une culture politique commune et à des habitus semblables.

Presque un an après après la mise en place du dispositif de sécurité fait à la demande de Strombola et Velathri, l'heure est au bilan. Qu'en est-il donc de ces 10 000 hommes, parfois des troupes conscrites provenant des diverses cités libres de la Grande République. La froideur du climat a t-elle eu raison de cette nations de civils en armes qu'est Velsna ? Dans les collines, les choses ont toujours été plus complexes que dans les villes, et le contact parfois difficile. Mais le temps a fait son œuvre: sur le plan strictement stratégique en matière de garnison, la Grande Tribune des frères Agricola a rempli ses objectifs les plus simples, par la restauration de discrètes garnisons dans les contreforts des collines, par la mise en place de patrouilles aux croisements des routes et dans les sentiers de montagne... D'opération armée, elle n'en a que le nom à première vue, puisque la politique y a une place plus importante que les armes. En premier lieu, les frères Agricola, ces sénateurs jumeaux à qui l'on avait confié la conduite des opérations, et qui venaient d'être renouvelés de leur commandement ces derniers jours, avaient rapidement compris que la coercition était une méthode appartenant à la Guerre de l'AIAN. Monter la population velsnienne des côtes contre celle des collines était au mieux, une vision improductive de la situation, et ne mènerait qu'au renforcement de la popularité de l'AIAN. Non, il fallait flatter les égos, réchauffer les cœurs. L'avantage dont disposaient les frères Agricola résidait dans le fait qu'ils avaient conscience du caractère conservateur des sociétés velsniennes et achosiennes. Elles avaient peut-être davantage de points communs que l'on ne voulait le croire.

L'appartenance à des petites structures politiques et familiales, la mise en exergue des intérêts personnels et particuliers, l'absence de réel pôle urbain centralisateur rendait la mission des frères Agricole étrangement familière: Velsna était ainsi faite également. En premier lieu, et c'était bête à rappeler, il convenait de rallier à soi les cités de Strombola et de Velathri, dont les populations velsianophones composaient pour 70% de la population d'Achosie du Nord. Car même langue et même culture ne signifiait pas que l'adhésion était assurée. Ces derniers avaient beau avoir effectué des appels du pied à Velsna en vue de cette intervention, il restait que les troupes qui avaient débarqué étaient tout aussi étrangères que possibles pour les insulaires, qui en 800 ans, avaient développé des codes, des parlers et des intérêts sensiblement différents. Les velsniens étaient ces continentaux lointains à qui l'on devait un impôt en échange d'armes chaque année. Et bien qu'il y eu une appartenance commune, Strombola et Velathri n'étaient pas sur la même longueur d'onde en ce qui concernait la manière de traiter le problème de l'AIAN. Là où les frères Agricole y voyaient de la politique et de la diplomatie, les strombolains y voyaient l'exaltation de la faiblesse. Les sénateurs Agricola concevaient les dons d'argent et les offrandes comme un prérequis nécessaire afin de maintenir le contact avec les populations des collines et des villages, ce que les strombolains concevaient eux comme un acte relevant de la faiblesse. Il fallait mater les achosiens, non les cajoler, ce à quoi les velsniens ne répondaient en rien pour eux. Si bien que finalement, les achosophones de le région n'ont, pendant les premières semaines, pas été le plus gros problème de la Grande Tribune d'Agricola, mais les sénateurs de la cité de Strombola, qui s'imaginaient diriger une guerre comme on la menait deux décennies en arrière.

Un moment marquant cette profonde différence de conception de cette opération fut sans conteste la première réunion que les frères Agricola avaient demandé avec le gouvernement communal de cette cité, suite à un épisode de violence que l'on avait rapporté entre deux groupes d'exploitants agricoles pour une simple histoire de conflit cadastral: l'un composé de velsnianophones, et l'autre d'achosophones, et se concluant par le passage à tabac de deux d'entre eux. La cour de justice de la cité strombolaine a été relativement hâtive et rapide dans son jugement, et comme souvent, il a été déclaré un non lieu pour les velsianophones. Ayant appris la nouvelle, les officiers de la Grande Tribune ont convoqué les magistrats ayant pris cette décision, ainsi que le Maître de la Garde de Strombola, en leur propre palais de justice. A peine entrés, ceux ci ont été confrontés à une réalité: Adolfo Agricola n'avait pas l'air de faire de différence de traitement entre ces deux populations. Sur la table devant lui était posé un simple bâton de bois rigide. Assis dans sa chaise, Adolfino Agricola le fit claquer sur la table, prononçant ces mots au Maître de la Garde locale:

"Strombolains, est-ce ainsi que vous gouvernez votre patrie ? C'est par votre volonté que nous sommes venus à votre aide. Vous nous avez quémandé notre justice, vous avez prié une Grande Tribune de se déployer dans votre pays, car vous êtes incapables d'accomplir vos simples devoirs de citoyens d'une ville libre, incapables de vous livrer une justice honnête, incapables de contrôler vos propres terres. Vous nous dites de votre voix, que les achosophones sont un problème, qu'ils sont la lie de l'humanité. Mais regardez la façon dont vous vous faites justice, voyez ce bâton. Cet outil barbare, c'est celui là même avec lequel l'un de vos citoyens a battu un achosophone de VOTRE cité, l'un des hommes qui est supposé être votre frère dans le droit. Et ce pour une simple broutille, pour quelques mètres de clôture arrachées. La faute des citoyens en cause était avérée, sa culpabilité était prouvée, et vous avez préféré fermer vos yeux, par un réflexe tribal digne d'un pays sauvage vous avez préféré l'homme qui parle votre langue. Que vous le vouliez ou non, strombolains, vous et les achosophones êtes des frères dans le droit: vous partagez le vote, vous partagez vos champs et vos récoltes, vous vous partagez ce pays et vous mourrez dans les mêmes régiments. Si vous êtes incapables de faire justice, alors c'est la cité de Velsna qui la fera pour vous. Donnez moi votre citoyen fautif, il s'agit désormais de mon affaire."

Il ne fallu guère de temps pour lui ramener l'individu, qui confessa sa version des évènements. Les officiers velsniens prirent également soin d'y convoquer les parties lésées, en présence des magistrats achosophones locaux. Tout à tout, Adolfino Agricola interrogea tour à tour les deux hommes, commençant par le strombolain velsianophone, tout en mettant en évidence le bâton posé sur la table:
- Citoyen San Ciro. Reconnais tu ce bout de bois ?
- Non, excellence sénateur. Le devrais-je ? Je n'ai rien à me reprocher, ces excellences de la cour m'ont lavé de tout.
- Ton acquittement par une justice défaillante ne m'intéresse en rien. Mon autorité prévaut sur ces excellences de la cour m'est donné par mon rang de gouverneur militaire et sénateur des Mille de Velsna. Je suis le droit d'appel invoqué par ce citoyen que tu as battu, considère donc que la justice de ta cité est nulle et non avenue. Réponds moi avec justesse: combien de coups as tu donné au citoyen qui se tient à tes côtés ? J'ai déjà lu le dossier d'enquête, aussi je connais déjà la réponse, mais je veux l'entendre de toi.
- Je ne me souviens plus, excellence sénateur.
- répondit-il, le regard fixé au sol, incapable de faire face à Agricola -

Devant l'absence de réponse, Adolfino Agricola se tourne vers la partie lésée:
- Citoyen MacDougal. Combien de coups t'as donné le citoyen San Ciro ?
- Tout est allé vite, excellence. Je n'ai pas compté, mais peut-être...dix coups...
- lui répondit-il, légèrement confus -
- Citoyen Dougal, c'est toi qui est le plus proche de la réponse. Il t'a donné huit coups. Je te remercie de ton honnêteté. Je te propose deux solutions pour régler ce différent, citoyen. Tu peux recevoir le fruit de l'amende du citoyen fautif ici présent, comme demandé par ton avocat à ton premier procès...ou tu peux obtenir réparation autrement.

Le sénateur prend la petite matraque de bois et la tend à la partie lésée:
- Tu peux prélever toi-même ta justice, par huit coups du même bâton avec lequel le citoyen San Ciro t'a battu. Tu peux prendre l'un ou l'autre, mais pas les deux. Décide toi, citoyen.

Pendant un instant, l'achosophone hésita. Une sensation de flottement s'empara de la pièce: les magistrats strombolains étaient médusés devant cette situation, certains avaient l'air comme paralysés. Cette scène n'était pas seulement une humiliation pour le citoyen San Ciro, c'était là un message adressé aux élites dirigeantes de la cité de Strombola: à compter de ce jour, il n'y aurait plus de traitement de faveur entre citoyens achosophones et velsianophones, et tous auraient à s’accommoder de la même justice: celle du gouverneur militaire de la Grande Tribune d'Achosie du Nord. Après des instants bien trop longs, MacDougal pointa timidement la matraque du doigt:
- Je vais choisir le bâton, excellence.

A peine les mots prononcés, le sénateur Agricola esquissa un geste de main:
- Gardes. Saisissez vous de cet homme, et mettez le à nu devant ces excellences magistrats.

Alors qu'Agricola était occupé à s'étirer avec le bâton, les hommes armés vinrent arracher la chemise de l'homme par le force, lui intiment de joindre les mains sur une table, face aux magistrats, dos à Agricola. Le sénateur s'approcha de MacDougal. A nouveau il lui tendit le bâton:
- Dois-le faire ? Ou veux tu prendre ta justice par toi-même.
- Par moi-même,
- lui répondit l'achosophone -.

Ce fut long: un coup, deux coups, trois coups... Au quatrième, le coupable fondit en larmes, et implora qu'il arrête, ce à quoi Agricola répondit par ces quelques mots:
- Ce n'est pas à moi qu'il faut demander la pitié. Implore la à celui que tu as lésé.

L'homme s’exécuta, et essoufflé, il demanda à MacDougal de lui pardonner...et ce dernier s'arrêta au quatrième coup, qu'il donna plus fort que les autres, comme pour lui donner une signification.
- Redonnez une chemise à cet homme, excellences magistrats. Quant à toi, MacDougal. Rentre chez toi et dis à ta famille que tu a été réparé. Que personne ne te touche, toi et tes concitoyens. Et si tu as une plainte, adresse toi directement à l'administration de ma grande tribune.

Agricola attendit que les deux hommes fussent sortis de la pièce avant d'achever son dessein. Le regard sombre, inflexible, tant et si bien qu'il poussait celui des plus anciens de ce conseil vers le bas, il leur intima ces mots:
- A compter d'aujourd'hui, je devrai être avisé de toutes les décisions judiciaires de votre cité qui relève d'une cour correctionnelle ou d'assise. Cessez de bâcler vos enquêtes, accomplissez votre office envers vos citoyens, qu'ils soient de la patrie de Velsna ou de celle d'Achos, et peut-être ne serait-je pas obliger de revenir vous infliger pareil spectacle...La fête est terminée en Strombolaine.
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