Posté le : 21 oct. 2024 à 18:59:37
Modifié le : 10 sep. 2025 à 00:41:56
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HISTOIRE
Temps anciens (Préhistoire-1869)
A l'origine, à l'emplacement de l'actuel Chandekolza se trouvait un amoncellement de royaumes, ou du moins d'États, dont les habitants vivaient sans grands contacts avec le reste du monde. Seuls quelques peuples, vivant en amont du fleuve, étaient connus des pêcheurs et agriculteurs locaux qui commerçaient avec.
Le nom donné à la région par ses habitants est malheureusement aujourd'hui oublié des historiens, qui font pourtant tout leur possible pour recouper un maximum d'informations à son sujet. Ces royaumes sont malheureusement peu connus des suites de la très longue occupation par l'Empire Ushong, qui dura sans doute un millénaire si ce n'est plus. Les différents empereurs ushongs n'ont pas cherché à préserver la culture chandekolzane.
Il y a de cela plusieurs siècles, l'Empire Ushong conquit donc le Chandekolza, sans rencontrer de grande difficulté. Aucun État n'avait encore réussi à réunir l'embouchure du fleuve. Le tout était composé de minuscules royaumes plus ou moins reliés les uns aux autres, bien que la monarchie de Saipalbon soit déjà à cette époque la plus puissante. Ces dizaines de petites armées plièrent une à une face aux régiments d'étrangers venus du nord, et acceptèrent leur soumission sans discuter. Le plus long pour les troupes de l'Empire fut plutôt de trouver le moyen de traverser le fleuve, avec ses dizaines de kilomètres de largeur et les mangroves qui l'entourent.
C'est pour cette influence que les ushongs choisirent de mettre les rois de Saipalbon à la tête du nouveau pays unifié par leurs soins, qu'ils ne souhaitaient pas directement gouverner, car formant rapidement leur frontière avec l'Empire Yahudharma, ou du moins ses prédécesseurs que les ushongs ne comptaient pas attaquer, par manque d'intérêt pour une terre séparée de la capitale par un immense fleuve et centaines de kilomètres de routes peu praticables.
C'est donc le Chandekolza qui fut le théâtre des affrontements réguliers entre yahudharmiens et ushongs pendant des siècles, passant à intervalle plus ou moins régulier de l'un à l'autre, sans que cela ne change grand chose à la vie des habitants. C'est également ce qui causa, sur le long terme, la ruine du pays : le passage régulier des armées, dont les soldats ne se gênaient pas pour piller les fermes et saccager les rizières, si ce n'est incendier les villes, empêcha tout développement économique un tant soit peu important.
La haine des Xins vient tout simplement de là : ajoutée au passage régulier de typhons destructeurs et aux inondations qui touchent de temps à autres les rives de ce fleuve capricieux qu'est le Lầylội, cette situation de frontière-passage servant à aller attaquer l'ennemi ne pouvait que conforter les habitants dans leur forte xénophobie.
Révolte (1869-1872)
Avec les évènements qui venaient perturber l'intégrité de l'Empire Ushong vers le milieu du dix-neuvième siècle, le peuple très pauvre du territoire chandekolzan se souleva contre le pouvoir de Beiyfon, qui lui prenait une partie de sa récolte comme impôts alors que la plupart des habitants peinaient déjà à produire assez pour leur famille. Dans les faits, ces impôts étaient largement reversés aux nobles locaux plutôt qu'à ceux du nord, dont les champs suffisaient largement à nourrir tout le monde, voire à exporter vers les provinces impériales en manque.
Les régions plus riches des côtes, bien que n'ayant pas d'aussi gros problèmes de nourriture et étant de culture ushong (et donc beaucoup moins animées de sentiments haineux envers les Xins), ne stoppèrent pas ce soulèvement. Elles l'approuvèrent même, voyant que le pouvoir central faisait face à des débordements intérieurs en d'autres endroits du vaste pays, et participèrent à la révolte dans le but de prendre par la suite le contrôle du nouveau royaume une fois indépendant. Le gouvernement des Xins ne pouvant pas grand chose face à la gigantesque population révoltée s'ajoutant à d'autres problèmes intérieurs, il accepta de donner son indépendance au Chandekolza, ou plutôt ne s'y opposa pas suffisamment. Envoyer des troupes en renfort n'aurait servi qu'à rougir le fleuve du sang de centaines de milliers de personnes, civils comme soldats.
Royaume libre (1872-1877)
Après avoir pris son indépendance, le Chandekolza mit rapidement en place un gouvernement construit autour du Công, un équivalent aux rois eurysiens. Bien que cela ne paraisse pas très différent du fonctionnement sous l'empire, c'est la meilleure solution qui était apparue pour maintenir la cohésion du pays. Les concepts républicains et des autres régimes se passant de noblesse développés en Eurysie depuis un certain temps n'avaient pas encore fait beaucoup de bruit dans cette région du Nazum.
Le premier Công proclamé fut sans grande surprise l'un des meneurs de la révolte qui, de par sa fortune, parvint à obtenir l'approbation des plus grandes familles de la région en plus de celle du peuple qu'il avait déjà. Son règne, bien que court, connut un démarrage prospère. Les conditions de vie des chandekolzans, bien qu'à l'origine extrêmement mauvaises et donc "faciles" à rendre moins pires plutôt que meilleures, s'améliorèrent d'années en années.
Selon les historiens actuels, cela n'est pas réellement dû au détachement de l'Empire Ushong, qui aidait parfois même à l'approvisionnement de la marche, mais plutôt à la conjugaison d'un "coup de chance météorologique" (aucun gros typhon ni aucune crue majeure ne frappèrent le pays pendant ces cinq années) et de l'effort national des habitants, motivés par l'indépendance toute nouvelle. S'ajoute à cela l'embellissement et l'exagération des conditions de vie de l'époque par les chandekolzans, qui la considéraient encore quelques décennies après comme le seul âge d'or récent qu'avait connu leur pays.
Colonisation eurysienne (1877-1899)
Cette petite prospérité attira bien vite des marchands eurysiens, puis des soldats envoyés par leur nation lointaine pour faire main basse sur le pays. La faiblesse de ses forces armées et l'énorme main d'œuvre avaient fait du Chandekolza une cible toute désignée pour la mise en place d'une nouvelle colonie. Après une rapide avancée des troupes et une capture sans difficultés du Công, le Chandekolza fut officiellement rattaché à l'empire colonial de ce pays d'Eurysie, nommé Velsna.
Après cela, les colons s'accaparèrent bien vite les ressources, compagnies et travailleurs du pays. Des lois défavorisant les nazumis furent promulguées pour y aider, et les locaux perdirent bien vite leurs droits, comme dans la majorité des colonies eurysiennes à travers le monde.
Les Xins, voyant que leur petit voisin du sud n'était plus obsédé par la haine et la propagande dirigée contre eux, s'accommodèrent plutôt bien de la situation, d'autant que cela encourageait leur commerce avec l'Eurysie, déjà aidé par le don de concessions portuaires à d'autres pays tels que Visonza.
On doit à cette période velsnienne la construction de plusieurs bâtiment qui ornent encore la capitale chandekolzane, très reconnaissables par leur style eurysien semblant inapproprié au milieu de toutes les maisons nazumies qui composent les centre-villes.
Seconde révolte (1899-1905)
Les akaltiens, qui venaient seulement quelques décennies avant de s'ouvrir sur le monde et de s'intéresser à ses problèmes, apprirent avec horreur de leurs compagnies commerçantes ce qu'il s'était produit au Chandekolza. Bien que ce ne soit pas un peuple ethniquement proche, l'histoire commune de colonisation toucha l'opinion publique au point que le gouvernement fut pratiquement forcé de proposer son aide à la résistance chandekolzane. De plus, et de manière plus pragmatique, le contexte semblait particulièrement favorable à l'Akaltie pour ensuite en faire un État à mi-chemin entre vassal et allié, ce qu'elle n'avait pas encore dans la région. L'impérialisme akaltien était alors à son plus fort après la réussite de l'installation de la Nouvelle-Kintan, et certains avaient des vues plus ambitieuses que de se limiter à l'Aleucie.
Les troupes coloniales d'occupation n'étaient aussi et surtout pas très puissantes, et seraient faciles à bouter hors d'un pays de taille réduite tel que le Chandekolza. L'inverse aurait rendu toute la chose impensable.
Cela fait, les forces armées des colons, qui étaient depuis l'annexion largement diminuées sur place, ne s'attendaient pas à une attaque venant de l'intérieur aussi bien organisée et armée. Passé la surprise de la première attaque, ils réussirent tout de même à reprendre ou garder le contrôle d'une bonne partie du pays.
Une longue guérilla s'installa donc, dans les jungles et marécages du delta chandekolzan. Les résistants firent vivre l'enfer aux colons, jusqu'à ce que le dernier régiment d'infanterie soit rapatrié en 1905, après près de six ans de combats lourds en coûts humains et destructeurs pour les régions touchées. Cette période ne fut pas sans rappeler les intenses guerres que subissait l'estuaire sous la domination yahudharmo-ushong.
Reconstruction (1905-1915)
Pendant la décennie qui suivit le départ définitif des eurysiens, le Chandekolza ne possédait pas encore de nouveau gouvernement viable. Seules des autorités militaires de transition, soutenues par quelques troupes akaltiennes bien accueillies, avaient été mises en place le temps de la reconstruction du pays.
Grâce à l'opinion publique akaltienne, beaucoup d'entreprises investirent dans le petit État et permirent à son économie de redevenir correcte, bien que largement sous son niveau précolonial et étant toujours maintenue artificiellement. Après avoir clamé sur tous les toits avoir participé à la reconstruction chandekolzane, les firmes d'Akaltie ne firent que peu de choses pour le pays, allant parfois jusqu'à fermer leurs établissements sur place quelques semaines à peine après leur installation étant donné le manque évident de rentabilité dû à l'éloignement. La sous-traitance dans un pays de l'autre bout du monde n'était pas encore monnaie courante au début du vingtième siècle, bien que cela ait un peu commencé à se démocratiser par la suite.
Période contemporaine (1915 à nos jours)
Après la reconstruction de la nation, le Chandekolza retrouva un Công (le fils du premier qui avait pu fuir le pays pendant l'annexion et se réfugier au Sud-Kazum le temps de l'époque coloniale) et intégra la Ligue Anticoloniale mise en place par l'Union des Cités d'Akaltie, aux côtés de l'Uuqtinut et de la Nouvelle-Kintan pour tenter de profiter des avantages économiques et défensifs apportés par celle-ci. Malheureusement, le pays reste aujourd'hui nettement l'un des plus pauvres au monde, avec moins de 100 dollars internationaux de PIB par habitant en 2014.