Courant dans les rues de la ville encombrées de blindés, de fumées d'incendies, de gaz lacrymogènes, de tessons de verre et de départs de feu, le signe de ralliement de la jeunesse en révolte est le glapissement strident et caractéristique du thaelab, le renard de la région. Pendant les événements, Ibrahim, équipé d'un simple appareil photo, relate ce qu'il voit, et distribue ses notes à ses amis de la capitale. D'un simple tract et de quelques photos, al-Fatwawi continue le reportage de l'Histoire ; alors que la police du régime disperse les contestataires, ses écrits implacables se répandent dans la population. La connaissance des faits à Tigranacerte enflamme les milieux estudiantins et déclenche trois ans d'une terrible répression policière, judiciaire et gouvernementale contre les partisans de la liberté. La police se met à sa recherche, sans succès.
Pendant trois ans, il édite depuis Bandarhan, au Faravan, les premières éditions du Cri du Renard, journal dont l'encre est trempée dans le sang des martyrs. Rejoint par d'autres membres de sa génération, rejetant la dictature et embrassant à pleins bras le vent nouveau de liberté qui souffle, il fait l'inventaire des crimes et des malversations de la dictature. La Semaine des Manguiers, pendant laquelle la foule définitivement insurgée contre l'Etat prend le contrôle du Ministère de la Sécurité nationale, voit l'apogée de ce combat pour la démocratie et contre le régime dictatorial.
De son engagement aux côtés des forces démocratiques, Sarghat conserve la vivacité de la plume, l'intransigeance de l'investigation, l'exigence absolue de percer à jour tout ce qui se fait dans le dos et contre le peuple. Vous ne trouverez en Azur aucun journal dont la probité, la rigueur journalistique et l'exemplarité démocratique arrive à la cheville de Sarghat. Cela, nous le devons à nos sept collègues journalistes, emprisonnés pendant les années de la dictature, et à notre collègue Meryem al-Fatwawi, propre soeur d'Ibrahim, fondateur du journal, assassinée par les chiens du Ministère de la Police alors qu'elle enquêtait sur la sordide affaire des forages de pétrole empoisonnant les eaux de la vallée de Danchir.
Pour elle, pour nos martyrs, pour nos lecteurs, pour tous les partisans de la liberté de l'information en Azur et dans le monde, Sarghat continuera à se battre !
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