Le Véritable Prix de la Poudre Blanche24 Décembre 2014- Par Manuel Ojos, qui préfère regarder la vérité en face plutôt que de la sniffer.
La cocaïne serait-elle le fossoyeur de notre République? Cessons les illusions. On nous vend l'image d'un Caribeña paisible, fruit d'une révolution libératrice ayant chassé les oligarques oppresseurs. Une belle histoire, certes. Mais la réalité ? Elle frappe à notre porte chaque jour. Oui, la révolution a peut-être chassé les tyrans d'hier. Mais aujourd'hui, notre peuple suffoque. Les hôpitaux tombent en ruine, les paysans s'épuisent dans des champs ingrats, et la faim rôde dans nos provinces. Seule Maravilla, vitrine artificielle de notre paradis socialiste, maintient encore l'illusion d'une prospérité festive et colorée.
La vérité est plus sombre. Pendant que nous nous débattons pour survivre loin des boulevards de la capitale, un poison bien plus pernicieux gangrène notre société : le trafic de cocaïne atteint des proportions alarmantes, infiltrant chaque strate de notre République. Ce n'est plus une simple menace. C'est une réalité qui dévore notre tissu social, transformant le rêve révolutionnaire en cauchemar quotidien. Le commerce de la mort ne se cache plus. Dans nos rues, le ballet des dealers et des consommateurs se joue désormais à visage découvert. Plus besoin d'obscurité ni de ruelles sombres : le trafic s'étale au grand jour, narguant nos institutions. Seuls les laboratoires de production maintiennent encore une façade de clandestinité, dissimulés dans les profondeurs de nos jungles. La Sarbasa et la Selva Loca sont devenues les sanctuaires des cartels, leurs dédales végétaux offrant une protection naturelle contre les tentatives - bien timides - de nos forces de l’ordre.
Car ne nous leurrons pas : malgré l'arsenal législatif interdisant formellement la production, la distribution et la consommation de cocaïne, la Guardia semble impuissante - ou indifférente - face à cette marée blanche. La loi? Un simple bout de papier face à la réalité du terrain. Le cancer s'étend. Alta, notre porte du nord, Viento Verde au cœur du pays, et Puerto Soledad dans le sud : nos grandes villes tombent une à une sous la coupe des gangs. Ces organisations criminelles ne se contentent plus de survivre dans l'ombre - elles prospèrent, s'étendent, s’imposent.
Suivons l'argent sale. L'économie parallèle générée par le trafic de cocaïne ne cesse de gonfler, attirant dans son sillage une clientèle de plus en plus diversifiée. Face à cette manne financière, l'inaction des autorités pose question. Une inaction qui ressemble de plus en plus à une complicité organisée. Osons le dire : la passivité de la Guardia n'est pas le fruit du hasard. Nos investigations suggèrent l'existence d'un vaste réseau d'infiltration au sein même de nos forces de l'ordre. Des uniformes qui servent de couverture à des informateurs, des passeurs, voire des distributeurs directs. La frontière entre gardiens de l'ordre et servants du chaos s'efface chaque jour davantage.
Plus troublant encore : nos sources pointent vers les plus hautes sphères du pouvoir. Certains législateurs, ces mêmes individus qui votent nos lois anti-drogue, pourraient être les architectes occultes de cet empire criminel. Protection des cartels contre rétribution substantielle : le mécanisme est aussi simple qu’efficace.
À l'échelle nationale, le tableau est glaçant. Les cartels se livrent une guerre territoriale sans merci, chacun tentant d'établir son monopole sur des zones d'influence toujours plus vastes. Des quartiers aux provinces entières, la carte du trafic se redessine dans le sang. Mais nos investigations révèlent une ambition plus vaste encore. La cocaïne caribeña lorgne désormais au-delà de nos frontières. Le Grand-Kah et le Duché de Sylva représentent des marchés lucratifs que les cartels comptent bien conquérir. L'absence quasi totale de contrôles douaniers le long de nos frontières - une faille béante dans notre sécurité nationale - facilite la mise en place de réseaux d'exportation sophistiqués.
Ces révélations ne sont que la partie émergée de l'iceberg. El Observador s'engage à poursuivre son enquête en profondeur. Dans nos prochaines éditions, nous lèverons le voile sur les noms des protagonistes, décortiquerons leurs réseaux et exposerons leurs méthodes opératoires. Notre pays mérite de connaître la vérité, aussi dérangeante soit-elle...[La corruption ne connaît pas de frontières idéologiques. Elle se nourrit simplement de l'appât du gain et du pouvoir.]