Vent qui souffle au sommet des grands pins
Suite de ce RP
Photo de la tente éventrée retrouvée le premier jour des recherchesVal Armand : Le Capitaine Albiez se redressa, s'appuya sur son long piquet fluo utilisé pour rechercher les victimes d'avalanche et jeta de nouveau un œil autour de lui. Toujours la même immensité blanche et bleutée qui agressait les yeux, seulement crevée ça et la des dents noirs des sommets alentours. Quelques mélèzes en contrebas perçaient la neige, la zone de recherche se trouvant à la limite supérieur de l'étage alpin. Voilà près d'un mois qu'ils cherchaient les corps. Le 15 janvier, après avoir fouillé la tente sans rien trouver d'autres que les habits d'au moins sept des randonneurs, il avait signalé la découverte par radio. L'hélicoptère l'avait laissé sur place avec deux collègues et était redescendu chercher des renforts dans la vallée. Et cela faisant maintenant donc plus de quatre semaines que tous les jours, ils étaient entre huit et vingt secouristes et gendarmes à fouiller la montages.
Ils avaient retrouvé les deux premiers corps rapidement, dès le lendemain. Après avoir considérablement élargi la zone de recherches en vain, ils étaient descendus dans le petit bois situé quelques 300 mètres plus bas, si tant est que les quelques mélèzes éparts pouvaient mériter ce nom. Là, au pied d'un arbre, ils avaient retrouvé les deux premiers alpinistes décédés. Les deux hommes étaient, de manière très étrange, en caleçon et en chaussette, prostrés autour des restes d'un petit feu misérable qui n'avait pas du diffuser la moindre chaleur. Les deux corps présentaient des traces de griffures et des plaies sur l'ensemble du corps : sur le torse, sur les bras, sur les jambes. Ces blessures étaient consistantes avec l'idée saugrenue d'avoir essayé de grimper en vitesse au tronc des mélèzes alentours. Le corps de l'homme de gauche, qui avait depuis été identifié comme Zuane Dal Carretto, Velsien de nationalité, présentait de grosses morsures humaines sur ses avant-bras. Le corps de la femme à ses côtés, touriste Icamienne du nom de Mayahuel Quetzloc, ne présentait pas de blessures apparentes, même si l'autopsie avait révélée depuis une fracture du crâne non-mortelle. Les causes de la mort, dans les deux cas, était l'hypothermie sévère. Pas étonnant, durant le blizzard de la nuit de leur disparition, avec le vents, il avait du faire près de -35°C en ressenti. Alors à poils, il y avait peu de chance de s'en tirer.
Trois autres corps avaient été retrouvés environ quinze jours plus tard grâce au redoux. En quadrillant le chemin entre la tente déchirée et le petit feu de camp, trois autres alpinistes avaient été retrouvés sous une quinzaine de centimètres de neige à peine. Probablement pas le résultat d'une avalanche, mais simplement due aux chutes de neige et au vent qui accumulait la neige fraiche des sommets sur le glacier et que la fonte accélérée due au redoux avait permis d'amincir. Ces trois corps aussi étaient également dévêtus : chaussette et caleçon uniquement. Chose étonnante, ils avaient été retrouvés à intervalle régulier entre le bois et la tente - à 800m, 500m et 300m respectivement - et tous semblaient se diriger vers la tente. Eux aussi ne présentaient pas de blessures apparentes, et la cause semblait être de toute évidence une hypothermie sévère également, même si les autopsies n'étaient complète que pour le premier des trois corps retrouvé : l'autre touriste Icamien, époux de la femme retrouvée plus tôt. Compte tenu de la réputation des Icamiens et des marques de morsures observées sur le premier cadavre, les médecins légistes avaient été très attentif à cet aspect des choses, sans pour autant trouver le moindre élément permettant de mettre en cause les Icamiens. Les deux autres morts étaient un autre touriste, le Teylais Henry Woodstrock, ainsi que le premier des trois guides retrouvés, formellement identifiés par ses collègues dans la vallée.
Mais les quatre derniers corps restaient introuvables, plus d'un mois après leur disparition et près de 20 jours après la découverte des 5 premiers. Le capitaine craignaient qu'ils aient disparus dans une crevasse du glacier, et que les corps ne soient rendus par la montagne que dans vingt, cinquante ou cent ans. Après tout, deux ou trois fois par décennies, les glaciers du coin recrachaient un alpiniste disparu depuis plusieurs dizaines d'années, conservé dans la glace pendant toutes ces décennies. L'évènement fascinait les locaux, qui y voyait un geste de la montagne envers les proches des disparus punis pour leur orgueil. La montagne prenait et la montagne donnait. C'était tout de même particulièrement frustrant pour le capitaine, parce qu'en l'état, l'enquête préliminaire ne donnait rien et ces découvertes franchement saugrenues commençaient à agiter l'imagination locale tandis qu'en haut lieu, on le pressait pour avoir des résultats : l'évènement ne faisait pas une bonne pub au tourisme blanc de la préfecture. Alors qu'il réfléchissait à comment orienter l'enquête, un de ses hommes le héla :
Secouriste : Capitaine ! Capitaine ! On en a un de plus !
Le capitaine Albiez poussa un soupir de soulagement, et descendit rapidement vers l'homme qui l'avait appelé. Il avait émergé d'une ravine encaissée où de la neige s'était accumulée. On entendait couler de l'eau de fonte au fond, et on voyait d'ailleurs surgir un torrent plus bas dans la combe. On était à environ 300m du bois, et qui était déjà lui à près de 1000m du camp. Mais qu'est-ce que ces gens faisaient aussi loin ?
Capitaine Albiez : Bravo les gars ! Alors, dites moi ce qu'on a.
Secouriste : : Un homme d'environ cinquante ans. Je doute que la cause soit l'hypothermie comme les autres en revanche. Regardez, il a le cou à angle droit avec la nuque brisée et le crâne complètement déformé.
Le corps n'était effectivement pas beau à voir. Sa tête faisait un angle tout sauf naturel avec le reste du corps, tandis que le crâne avait l'air enfoncé au niveau de l'occiput. Cet homme était mort d'une mort violente, et les coups avaient été assené avec une très grande force. Possiblement surhumaine, car il n'avait jamais vu un crâne aussi fortement enfoncé par la force d'un homme dans toutes ses années dans la gendarmerie. Le cadavre semblait être celui d'un autre guide, puisque celui-ci, pour une fois, n'était pas dévêtu et portait la veste des guides de haute montagne locaux. Le capitaine ordonna de poursuivre les recherches dans le secteur alors qu'il appelait l'hélicoptère pour procéder à l'évacuation du machabé. Si cela se passait comme les deux fois précédentes, avec un peu de chance, d'autres corps seraient dans le coin.
Ayant rameuté les autres secouristes qui parsemaient la montagnes, ils trouvèrent et dégagèrent un autre corps au cours de l'après-midi. Retour à la normal, ou plutôt l'anormal avec celui-là, qui était en caleçon comme les autres. En revanche, les causes de la mort semblaient toutes aussi violentes et ne pas être l'hypothermie, puisqu'il avait la cage thoracique complètement enfoncé. Le pauvre homme devait avoir la quasi-totalité des côtes brisées et enfoncées et les organes internes totalement broyés. La mort avait du être pénible. Puis, la nuit étant tombée, les équipe regagnèrent la vallée et ne reprirent leur recherche qu'au petit jour le lendemain. Ce fut le dernier jour de fouilles, car les deux derniers cadavres furent découvert. Ils gisaient dans le fond de la ravine, a moitié immergé dans le petit torrent de fonte. Il s'agissait du troisième guide et la Wanmirienne Dewi Ratna, dernière femme de l'expédition. Cela impliquait donc que l'homme à la poitrine enfoncée était son époux, Rajesh Ratna. Les causes de la mort étaient la aussi potentiellement atroces : les deux corps avaient les orbites oculaires vides, et madame Ratna avait également vu sa langue être arrachée. Les corps avaient également l'air sérieusement cabossés : l'un avait une jambe brisée à angle droit au niveau du fémur gauche tandis que l'autre avait lui aussi le côté gauche du torse enfoncé jusqu'à la colonne vertébrale.
Capitaine Albiez : Ben mes aïeux, ils sont tombés sur le Yeti ou quoi, ces pauvre gens ?