Avec l'annonce officielle d'une rencontre avec la Fédération de Stérus sur le sol westalien, journalistes comme politiques étaient toute oreille et yeux tendus vers Columbia, capitale fédérale et pour l'espace de quelques heures point culminant de l'Aleucie, alors que deux des nations les plus prometteuses du continent se réunissent au même endroit, sans le cadre très précis que peut représenter l'ASEA. Westalia et Stérus sont des nations indissociables de cette nouvelle alliance, à la fois pays moteurs et sur le devant de la scène, ont les dépeints bien souvent comme les "meilleurs rivaux" dont les visions s'opposent, étant sûrement les membres de l'organisation qui débattent le plus ardemment sur les sujets présentés, voilà peut-être pourquoi ils apparaissent, à eux deux, comme les principaux visages de cette dernière. Pour autant, si certains sujets majeurs les divisent, les relations restent cordiales et le respect reste globalement mutuel. Avec la proposition de cette rencontre, le nouveau gouvernement stérusien souhaite briser le statu quo des relations qu'entretiennent les deux pays depuis bientôt deux ans, non sans peur de mettre un coup de pied dans cette fourmilière dont nul ne sait ce qui en sortira réellement. Chaque délégation possède ses cartes à jouer et cette rencontre, plus que celle de deux pays alliés, pourrait être celle qui aura le plus d'impact sur l'Alliance pour la Sécurité Économique Aleucienne, une sorte d'entente en comité restreint... Du moins, dans l'optique où celle-ci aboutirait à quelque chose. D'un côté, si les deux nations arrivent à s'accorder sur certains sujets et faire preuve de compris en définissant ensemble une ligne directrice précise pour l'ASEA, Westalia et Stérus aurait l'influence suffisante pour imposer celle-ci et donner un puissant souffle à cette dernière. D'un autre côté, certains sujets font tellement l'objet d'opinions contraires, que le retour au statu quo pourrait être à prévoir, au meilleur, une dégradation des relations et de la cohésion de l'alliance, au pire. C'est peut-être pour cela que Columbia va être, l'espace d'un instant, le centre d'intérêt de toute l'Aleucie, tellement l'issue de cette rencontre pourrait avoir des répercussions historiques sur le continent. Tout dépendra des différents acteurs qui se présentent à celle-ci, des intentions encore non-dévoilés et des stratégies diplomatiques de chacun.
A l'aéroport fédéral Stanislas Asfort, une grande piste est dégagée pour permettre l'atterrissage de l'avion consulaire stérusien. Principale porte d'entrée dans le pays, modernisé et élargie au milieu de l'année 2014, il est l'un des symboles de ce que les westaliens appel "l'ouverture sur le monde", soit la sortie de l'ère isolationniste. Depuis cet événement, le nombre de destinations internationales ne cessent de se multiplier, tout autant que les échanges humains avec l'extérieur, qui semblent être devenus chose commune en très peu de temps. A la sortie de son avion, le Consul et sa délégation sont accueillis sur un tapis pourpre stérusien et l'hymne de la Fédération, "Amor patriae", retenti en fond, joué par le chœur de la Garde Républicaine. Entourés d'une rangée de militaires en tenue de cérémonie, ces derniers peuvent voir arriver deux grands hommes âges et un plus petit, visiblement plus jeune, pour le saluer. Le premier homme de grande taille n'est autre que le Président Fédéral Victor Hardenbor, le dirigeant de la Grande République, le second est le Premier Ministre Fédéral Arthur Horvanx, le charismatique chef du gouvernement, et le dernier, plus jeune que ces deux compères, le Ministre Fédéral aux affaires étrangères Henry Takajiwa, également connu comme l'architecte de la diplomatie westalienne. Ces derniers s'expriment en Italien madrerian, la récente nouvelle langue officielle du pays et la plus à même de fluidifier les échanges avec les stérusiens.
Victor Hardenbor : Monsieur le Consul Crisobal Pandoro, c'est un honneur de pouvoir accueillir le dirigeant d'un pays allié tel que la Fédération de Stérus, d'autant plus récemment élu par son peuple. Nous attendions cette rencontre avec impatience et nous espérons que vous pourrez profiter de la beauté et de l'hospitalité de notre pays tout au long de votre séjour.
Henry Takajiwa : J'ai eu l'occasion d'échanger avec plusieurs dignitaires stérusiens et c'est un plaisir de pouvoir rencontrer le nouveau dirigeant de la Fédération, ami de Westalia. Nous avons de nombreux sujets à discuter et je suis persuadé que nous ressortirons plus fort et unis à l'issue de ces échanges, pour le bien de nos peuples et de la puissante alliance que nous formons en Aleucie.
Après quelques salutations formelles, les différents diplomates et dirigeants des deux nations se prêtent au jeu des photographes qui illustrent ce moment historique. A la suite de ceci, les deux délégations se rendent au convoi sécurisé qui les mènerons jusqu'au Musée de la Révolution. Voyageant principalement dans le centre historique de la capitale, les représentant de la Fédération peuvent profiter de la vue des bâtiments à l'architecture néoclassique surreprésentés et des avenues richement décorées, traces de l'époque d'opulence de la Ier République Westale, et ornées de drapeaux westaliens et stérusiens. Une beauté qui aurait été presque parfaite, si un activiste équipé d'un panneau "Sterus get out!" n'aurait pas gâché la scène, avant d'être rapidement interpellé par des agents en civils. D'une voix rassurante, le Ministre Fédéral Takajiwa rassure de l'exceptionnalité de la chose, bien qu'un peu dans l'embarras. Probablement un militant nationaliste qui a un peu trop pris au cœur les paroles de son leader, qui s'est récemment démarqué pour des propos très hostiles sur la Fédération. Arrivé au Musée, le dirigeant Stérusien a le droit à une visite de la plus prestigieuse collection d'objets historiques de la Grande République, mais également du monde entier, présentée en personne par le Président de l'Association of Westalian Explorers and Archaeologists (AWEA), le groupe d'historiens et d'archéologues le plus connu du pays et jouissant d'une popularité très particulière auprès du public. La plus grande salle couvre la période de la Révolution Westalienne (1811 à 1813), précédée d'une salle parlant de l'exil des métropolitains fuyant la guerre de l’effondrement et de la prise de pouvoir du Roi Edward Ier sur la colonie, devenant de facto un Etat indépendant, avant de se faire renverser par un mouvement républicain au cours de la Révolution. Des salles qui tendent à rappeler que les westaliens ont une forte tendance à la résilience et à leur détermination à atteindre leurs objectifs, souvent envers et contre tous.
L'Opéra Royal (Royal Opera), principal théâtre de la ville de Columbia
A la suite de cette visite fort instructive sur l'histoire du pays, la délégation se dirige vers l'Opéra Royal, à quelques rues du Musée. Centre important de la culture du pays, il est surtout caractérisé par un style architectural dit "Rémien oriental", originaire d'une mouvance assez particulière du néoclassicisme westalien. Si à l'origine ce théâtre fut battit sur Ordre du Roi Edward Ier, il sera incendié au cours de la Révolte de Saint-George (ancien nom de Columbia), avant d'être reconstruit dix ans plus tard sous la forme qu'on lui connait aujourd'hui. Bijou d'architecture, on y joue nombre de pièces classiques du répertoire de la Grande République, mais également des opéras, des concerts, et même des conférences depuis quelques années. C'est un lieu incontournable de la bourgeoisie Columbienne, qui est très souvent au rendez-vous des événements tenus en ce lieu magnifiquement décoré. Après une visite de l'Opéra Royal, le Consul Crisobal Pandoro et sa délégation sont invité à une représentation d'un classique des années 60 westalien : "This land is mine", un chant qui raconte la colonisation de Westalia, une œuvre patriotique et très populaire qui donne à la création du pays une aura presque biblique, dans une logique néo-coloniale encore très appréciée aujourd'hui. Pour la plupart des westaliens, c'est un grand classique de la musique et considéré comme une chanson donnant leurs terres comme celles des westaliens, pas seulement celle des austariens, des nipozams, des madrerians ou des hamajaks, mais celle de tous ces peuples qui forment ensemble Westalia.
Le Palais d'Argent, résidence officielle du Président Fédéral de la Grande République de Westalia
Après un repas composé de spécialités westaliennes, les deux délégations allaient enfin pouvoir entamer les discussions diplomatiques tant attendues par tous. Jusqu'à présent, la visite de certains lieux de la capitale et de certaines œuvres ne semblaient pas totalement dénuée de sens. D'un côté, on rappelle aux stérusiens les éléments en commun avec l'histoire de la Grande République, pour démontrer que ces deux peuples ne sont pas aussi éloigné culturellement que ce que l'on pourrait croire. D'un autre côté, d'autres éléments indiquent clairement de la force d'autonomie et de décision des westaliens, voilà tout un tas de sous-entendus pour mettre en bouche le début de cette rencontre. Réunis autour d'une table, dans une grande pièce du Palais d'Argent, les différents dignitaires des deux nations se font désormais face, n'attendant que de débuter les échanges. Si le Premier Ministre Fédéral fut une personnalité très active dans la matinée et durant le repas, il n'est désormais plus présent, comme le veut le protocole et la constitution, qui le limite aux affaires intérieures du pays, bien qu'ayant le droit de faire une présence honorifique dans l’accueil de représentants étrangers sur le sol de la Grande République.
Victor Hardenbor : Chers amis stérusiens, j'espère que cette matinée et ce repas en Westalia ont pu détendre votre venue sur nos terres. Dans cette ambiance conviviale, il va désormais être temps pour nous tous d'entamer le moment le plus important de cette rencontre, soit les échanges diplomatiques que vous avez demandé à avoir avec notre gouvernement. Si je ne m'avance pas trop, ceux-ci portent principalement sur nos positions diplomatiques, politiques et tout particulièrement sur l'ASEA. J'espère également des sujets plus recentrés sur nos relations bilatérales, mais je vous fais avant tout confiance pour entamer ces échanges. Monsieur le Consul, je vous laisse nous faire part du premier sujet que vous souhaiteriez aborder avec nous.
L'attention est désormais portée sur le dirigeant stérusien et sur quel sujet il souhaitera amener en premier sur le devant de la table avec la délégation westalienne. En face, les regards sont devenus bien plus sérieux que lors de cette précédente matinée bonne enfant. Le contexte est plus sérieux et l'attitude stérusienne pourrait avoir un grand impact, non seulement sur cette rencontre, mais également sur sa réception à l'extérieur de celle-ci.
Le Président Fédéral de la Grande République de Westalia, Victor Hardenbor, et le Ministre fédéral aux affaires étrangères, Henry Takajiwa.