Plan du girodyne proposé par l'Ingeniere Rosatelli pour révolutionner le transport aérien de courte distance.Aéroplanes Etienne RomanoGiuseppe Gabrielli jeta un dernier coup d'œil aux plans de l'appareil qu'ils avaient commencé à concevoir. Puis, il les roula en boule et les lança dans la corbeille à papier à une dizaine de mètres de là. En plein dans le mil.
Ing. Mandriolo : 3 points.
Dott. Gabriello : Ah vous êtes là Salvatore ?
Ing. Mandriolo : Pourrais-je savoir ce qu'à fait mon design pour mériter un tel sort ?
Dott. Gabriello : Il a qu'il n'est pas magique, voilà tout...
Ing. Mandriolo : Je ne vous savais mysticiste et versé dans les arts occultes, dottore.
Dott. Gabriello : Je ne le suis pas. Ou plutôt, je ne l'étais pas mais il va falloir que je m'y mette parce que je vois pas réellement d'autres solutions...
Ing. Mandriolo : J'en conclue que les réunions avec les municipalités donneuses d'ordre ne se sont pas passées comme prévues ?
Dott. Gabriello : Certains veulent le beurre, d'autre le cul de la crémière et les derniers l'accord du mari. Et comme ils nous laissent l'argent du beurre, on est censé trouver une solution miracle. Mais je ne vois pas comment. Les délégués des municipalités comme Barailler, Tristan-de-Soubadou ou Mourlane veulent un appareil pouvant transporter au minimum du minimum 75 personnes, pouvant voyager à 500 kilomètres par heure, et avec une autonomie supérieur à 1 500 kilomètres, sans quoi ils coupent les fonds. Ils sont de toute façon tenus par le mandat impératif de leur base citoyenne, donc on ne peut pas y faire grand chose. Mais pour réussir à faire décoller un tel avion, il faut une piste d'au moins 1 300 mètres. Et même avec votre innovation de section annulaire, ça ne passe pas sur les terrains merdiques nichés en fond de vallée.
Ing. Mandriolo : Je vois...
L'Ingeniere Mandriolo semblait hésitant, comme s'il voulait dire quelque chose de plus mais n'osait pas franchir le pas. Le dottore Gabrielli s'en était aperçu, et l'incita à se mettre à table :Dott. Gabriello : Si vous avez une idée de génie, c'est le moment Salvatore.
Ing. Mandriolo : Aehmmm... Et bien, c'est que sur mon temps libre, j'ai conçu le design d'un autre appareil. Quelque chose de radicalement différent. Réellement novateur. Je ne suis pas encore certain que son industrialisation soit possible. Mais sur le papier, il coche l'ensemble des cases, et plus encore.
Dott. Gabriello : Faites-moi voir, au mieux c'est brillant, et au pire je tente un nouveau 3 points et je me reconverti dans le basket-ball.
Les deux hommes si dirigèrent alors vers le bureau de Salvatore Mandriolo. L'Ingeniere sorti de sous une pile de feuille un plan dissimulé aux regards indiscrets. Était couché sur le papier le dessin d'un nouveau type d'appareil, vieux comme l'aviation et pourtant tout à fait révolutionnaire à plus d'un titre.Ing. Mandriolo : C'est un girodyne, mais sous stéroïde. Comme vous n'êtes pas sans l'avoir remarqué, pour répondre à l'appel d'offre contradictoire qui nous a échu, il faudrait que nous puissions combiner les performances d'un avion de ligne régional à turbopropulseurs et un hélicoptère. Or, il se trouve que le concept du girodyne colle globalement avec cette attente. Pour rappel, dans le cas d'un girodyne, la portance est assurée en majorité par la voilure tournante, et non pas par les ailes fixes. Cela a l'avantage de faire des appareils très surs qui peuvent planer jusqu'au sol en cas de pépin.
Dott. Gabriello : Je suis familier avec le concept de girodyne, oui. Mais je ne vois pas en quoi il solutionne notre problème : la voilure tournante elle-même n'est pas motorisée, ce sont les deux turbopropulseurs qui motorisent l'appareil, et qui créent le vent relatif nécessaire à faire se mouvoir la voilure. Il faudra tout de même une piste, et même encore plus longue que dans le cas d'un appareil classique.
Ing. Mandriolo : Sauf si la voilure est motorisée.
Dott. Gabriello : Ajouter des turbines pour lever une telle machine ? Mais elles devraient être surpuissantes, et leur poids bouffera une part substantielle de la charge utile. Regardez les performances d'un hélicoptère, ça n'est pas en le rendant obèse que ça va les arranger.
Ing. Mandriolo : En effet. Sauf si cette motorisation n'est pas additionnelle, mais celle déjà existante. Toute la finesse et, si je puis dire, le génie de cette solution est sa simplicité. Regardez ici le plan. Les pales du rotor sont creuses, afin que les turbopropulseurs puissent au décollage y comprimer un mélange d'air et de carburant qui est ensuite brulé en sorti des pales par un moteur fusée miniature. Chaque moteur alimente une paire de pale opposées, et le couple produit permet alors à l'appareil de s'élever en vol stationnaire comme un hélicoptère. Une fois l'altitude de décollage atteinte, un passage progressif de la puissance depuis les pâles vers les hélices classiques se fait, et dès 200km/h, on peut couper l'allumage et faire voler la machine comme un girodyne classique. Une paire de moteur vous donne à la fois un hélicoptère et un girodyne, afin d'utiliser leurs avantages respectifs dans leurs domaines de vols respectifs, sans les inconvénients.
Le Dottore Gabrielli regardait le plan en détail. Le défi technologique était immense, à n'en pas douter. Mais sur le papier, les mathématiques se tenaient. Non seulement cela réglait son problème, mais cela ouvrait également de nouvelles perspectives immenses : marchés de l'armement, marché du transport aérien point à point en centres urbains, et tant d'autres. Mettre au point la machine n'allait pas être une mince affaire, mais le jeu en valait la chandelle. Vraiment. C'était là inventer un nouveau mode de transport aérien.