25/10/2016
19:50:54
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Conférence quadripartite pour la paix en Ramchourie [Gualintang x Tahorintang x Royaume Constitutionnel de Ramchourie x Zélandia x Reinaume des Perles]

Kota Tua Jakarta
À gauche, l'île de Bantumara ; principale terre de Wanminésie. À droite, l'hôtel de ville de la commune de Wettersêge.

En ce vingt-quatre décembre 2014, la commune de Wettersêge se préparait à accueillir depuis longtemps un grand évènement à son initiative. Cette dernière avait en effet — par le biais de l’État fédéral — proposée la tenue d’une conférence quadripartite entre trois des plus importantes factions de la guerre civile Ramchoure et les Communes-Unies afin de trouver une issue qui mettrait rapidement fin à ladite guerre civile.

Située sur l’île de Bantumara ; la plus importante en taille de la Wanminésie Zélandienne. Wettersêge est la traduction Zélandienne de Tirta Jaya. D’abord capitale du Sultanat du même nom ; puissance de premier plan sur l’île à partir du XVe siècle avant d’intégrer la Fédération et ses communes au XIXe en partie pour se protéger de l'expansionnisme de l’Empire du Viswani. La commune, qui a gardé son nom jusqu’en 1945 où la jurisprudence adopte celui du comptoir Zélandien installé en son sein, perd alors son titre de capitale comme plusieurs autres villes de l’île ; et le Sultanat, comme les autres, est aboli. Le Sultan et sa famille devenant des citoyens égaux à leurs anciens sujets et aux autres citoyens de la Fédération.

Cependant, malgré la dissolution des privilège ; les titres, bien que n’ayant plus aucune valeur légale de jure, le sont toujours de facto. L’actuel prétendant au trône du sultanat ayant encore une certaine influence. C’est d’ailleurs ce dernier, du nom d’Agung Wiratama XVI de Tirta Jaya, habillé de son uniforme militaire cérémoniel et coiffé d’un songkok de cérémonie ; il a été élu afin d’accueillir les délégations Ramchoures, en particulier celle du Royaume Constitutionnel, aux côtés du Secrétaire Général de la Fédération : Siert Bruggink, lui, habillé d’un costume trois pièces aux couleurs de la Zélandia, à savoir costume bleu marine et cravate orange. À leurs côtés se tient Son Excellence Wilhelmine Arendt ; Ambassadeur à Zangian’h représentant les Communes-Unies, et ses lettres de créance. Cette dernière est vêtue d’un tailleur-jupe lui aussi aux couleurs de la Fédération. Derrière ces trois personnages se tiennent divers conseillers, rédacteurs et traducteurs ; en plus des agents de sécurités en costume-cravates noirs et lunettes de soleil teintées.


※ ※

Tout était maintenant prêt. Les quais numéro cinq, six et sept étaient recouverts d’un tapis rouge afin d’accueillir comme il se doit les délégations des trois factions Ramchoures. Autour de chaque tapis se tenait une haie d’honneur formée par des éléments de la Homeguard locale. Le quai numéro cinq doit être accosté par le navire de la délégation du Royaume Constitutionnel de Ramchourie. À son bout se tient le prétendant au Sultanat : Agung Wiratama XVI, dans son uniforme de cérémonie. Les unités formant la haie d’honneur de ce quai-ci sont habillées d’un uniforme militaire de cérémonie traditionnel. Les quais numéro six et sept, eux, sont respectivement réservés aux délégations du Gualintang et du Tahorintang. Les unités de la Homeguard qui les accueillent sont habillées d’un uniforme blanc tropical de cérémonie et les deux factions sont respectivement accueillies par Son Excellence Wilhelmine Arendt pour le Gualintang et le Secrétaire Général des Communes-Unies, Siert Bruggink pour le Tahorintang.

Lorsque les bâtiments battant pavillon Ramchoure accostent et que leur délégation respective en sorte ; la fanfare de la Homeguard joue alors l’hymne de la commune de Wettersêge et ancien hymne du Sultanat de Tirta Jaya.

Un hymne montrant tout le rapport à la mer qu'entretiennent autant les Javanais que les Bataves.

Dans le même temps ; sur le quai numéro neuf accostait un navire civil battant pavillon Wanmirien. Au bout de ce quai attendait une délégation Zélandienne beaucoup plus réduite et discrète. Cette dernière attendait la venue de la délégation de celle qui se faisait appeler la “Reine des Perles” ; associée depuis 2003 des Zélandiens dans l’océan homonyme.

Mais pourquoi un si petit accueil ? Parce que même si les accointances des Zélandiens avec la piraterie, les pirates et les réseaux mafieux en tout genre sont un secret de polichinelle ; il ne fait cependant pas bonne image pour l’État Fédéral de trop s’afficher en la présence de pirates afin d’éviter de trop froisser ses alliés parlementaires et démocrates, surtout depuis l’effondrement de la Merirosvo (= piraterie) en Manche-Blanche. Les pirates Pharosis avaient un État terrien comme base arrière pour se légitimer. Ce n’est pas encore le cas de la piraterie Wanmirienne. Pas officiellement du moins. Peut-être que cette dernière a déjà des terres ? Mais ça ; même les Zélandiens, du moins les officiels de l’État, n’en sont pas au courant…
Mei-Li, la Guerrière

Mei-Li n'avait été qu'époustouflée par son arrivée en ces contrées lointaines de Ramchourie. Cela faisait encore plus bizarre en connaissant le pays qui accueillait cette rencontre : Zélandia. Depuis sa plus tendre enfance dans les tréfonds de l'aristocratie, on lui avait enseigné et apprit la haine du Zélandien. Car, selon les mythes et l'histoire, ce pays aurait déversé le feu et les cendres sur la Ramchourie, la détruisant lentement et brutalement. Ainsi, se trouver sur les terres d'un ennemi que beaucoup qualifiait "d'héréditaire", ne lui plaisait point. Cependant, elle savait qu'il fallait aller au devant des horreurs du passé car cette rencontre allait, selon elle et plusieurs conseillers resté en Muan, jouer un rôle décisif sur l'avenir de la guerre civile.

Ainsi, la voilà. Elle avait été profondément éblouie par la beauté des lieux et la réception splendide de la nation envers la délégation du royaume constitutionnel. Lorsque le navire accosta sur la terre ferme, elle fut alors accueillit par un certain Agung Wiratama XVI, un prétendant au trône du sultanat local de ce qu'elle avait compris. Aussitôt, elle salua son interlocuteur, et le suivit pour arriver à la rencontre finale...


Minh-Aû-Choh

Minh-Aû-Choh avait été étonnamment surpris par la proposition Zélandienne. Historiquement, nombre d'éléments pouvaient attesté de la perfidie des habitants de cette nation, pourtant, la missive semblait, selon lui, n'avoir rien en commun avec les désirs démoniaque d'antan. Il s'était convaincu que les Zélandiens avaient un tout autre but que de satisfaire leur marché de l'opium comme au siècle précédant. Ainsi, il voyait cette rencontre comme un moyen plus de s'attirer les faveurs de la nation que de réellement négocier avec les autres factions.

Par ailleurs, il avait cru comprendre que les autres délégations ramchoures à venir étaient celles du Tahorintang et du Royaume Constitutionnel. Pour Minh-Aû-Choh, le Tahorintang avait du potentiel, et pouvait facilement s'unir au Gualintang, car de nombreux éléments portent au même but : la liberté et les droits de l'homme. Cette petite partie de leurs ambitions, bien que ridicule quand on compare l'intégralité de leurs positions, avait suffit à faire croire au Président Temporaire du Gualintang qu'il avait une chance de gagner la faveur, en plus de Zélandia, du "Man-Tah", ou le guide, chez les Tahoranistes.
Il y avait enfin, une femme. Au départ, Minh-Aû-Choh trouva cela intéressant. Rares sont les personnalités féminines à avoir parcourues l'histoire ramchoure, ainsi, il semblait plus fasciné que terrifié à l'idée de rencontrer une personnalité du genre opposé au sien, surtout dans le contexte actuel ramchoure. Cependant, une autre infirmation l'avait profondément... troublé. Il s'avérait, selon ses informateurs, que la "Reine-Guerrière", n'était autre que Dame Mei-Li, ancienne compagne du huitième seigneur de Guerre Ramchoure : Yuan Zao. Après avoir appris cette information, il avait très vite changer d'avis sur ce personnage original. En effet, sa haine du régime central touchait tout, y compris même l'entourage des anciens seigneurs de guerre. Ainsi, trouver des compromis avec des dirigeants de factions... détestables allait être compliqué à tenir pour Minh-Aû-Choh.

Finalement, il atteint le quai où, à son extrémité, se tenait Wilhelmine Arendt, l'homme zélandien qui devait l'accueillir. Souriant, il descendit du navire, et suivit son interlocuteur...


le Man-Tah, Tchang Nam-Kah

L'invitation de Zélandia n'avait été qu'une étrange surprise pour Nam-Kah et ses conseillers. En effet, le Tahorintang pouvait apparaitre dans la région comme faible, et une nation aussi puissante qui considérait les tahoranistes à égal avec les soutiens du Gualintang paraissait fou, si ce n'est insensé. Cependant, ce sentiment d'étonnement laissa vite place à la joie et aux festivités. Ainsi, Zélandia, grande nation maritime largement influente dans la région, reconnaissait le régime rouge ? C'était tout simplement fantastique.

Ainsi, le Man-Tah en personne se mit en route pour atteindre la destination. Avec lui, seulement, se tenait évidemment son plus fidèle et grand ami Shi-Lu. Il avait fait serment de suivre le guide partout où il allait. Cependant, son aide allait être bien précieuse, car il savait manier les mots et tourner, au moins un temps sois peu, la situation à son avantage, en témoigne la mise en place de la propagande tahoraniste qui a merveilleusement bien fonctionné dans l'est de la Ramchourie.

Ainsi, ils allaient rencontrer une certaine Mei-Li, ancienne compagne du regretté seigneur de guerre Yuan Zao, qui semblait disposer d'une force redoutable grâce au soutien du seigneur de Muan, l'un des seuls à disposer d'armes modernes en comparaison aux autres factions parfois munies d'armes rudimentaires ou datant d'il y a trois siècles.
Enfin, ils allaient voir le Président Temporaire du Gualintang, un certain Minh-Aû-Choh. Celui-ci semblait être plutôt favorable aux tahoranistes, car de nombreux points les unissaient. Il n'était pas impossible, selon Tchang Nam-Kah, que des accords concerts soient mis en place entre les deux factions, bien que dans les faits, un certain gouffre les séparent...

Finalement, après avoir remis toutes les informations au claire dans sa tête, il débarqua sur le quai, et, confiant, se dirigea vers Siert Bruggink et le suivit vers le lieu de la rencontre...
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Sur le navire - le Lebah (Abeille) d'Aasmi Tawon -, on abaissait le pavillon wanmirien que l'on battait jusque-là pour hisser celui du Reinaume du Zijian. On avait jusqu'ici choisi de se faire passer pour un navire civil de commerçants, mais à l'approche du port, on révélait le but de ce voyage : la conférence quadripartite concernant la situation ramchoure. Enfin, l'on n'était pas des velsniens : on venait quand même avec des présents, et des marchandises à vendre à un prix raisonnable. On ne ratait jamais une occasion de commercer.

On orienta la direction en fonction des instructions données par les Zélandiens via la radio, jusqu'à arriver au quai numéro 9. A terre les attendait un petit comité. Logique. Qui aurait offert une arrivée en grande pompe à des pirates, des contrebandiers ? Personne, et sûrement pas Aasmi.

Le navire accosta, et la délégation wanmiro-zijiannaise descendit sur le ponton en pierre. Celle-ci comportait trois membres, exclusivement féminins :
  • La plus importante de tous, et pourtant la plus discrète : Elena Alienov, fille d'Ambre Alienov (dirigeante du CHAT, aka Eza Ière Masagaesa, aka la Reine des Perles). Aujourd'hui, la jeune femme de dix-neuf ans portait le nom de Shi Feng, un nom d'emprunt censé garantir son anonymat, et par là-même, sa sécurité. Son visage aux traits pharois était couvert d'un voile noire de facture transblême, destiné à la masquer encore plus et à empêcher qu'on puisse la reconnaître. Aujourd'hui, elle ne serait qu'une servante en apparence, et l'on dirait qu'elle ne pouvait enlever le voile à cause de problème de peau.
  • Arrivait en deuxième Aasmi Tawon, co-représentante officielle du Reinaume du Zijian et de la Reine des Perles dans cette rencontre. La femme excentrique qu'on l'on avait connu durant la conquête du Zijian était désormais redevenue la froide businesswoman (autrement dit, contrebandière) qu'on connaissait autrefois. Elle portait, de façon assez classique, sa tenue de marine, qu'elle avait pour une fois fait l'effort de soigner. Au moins n'était-elle pas sortie de la cabine qu'elle partageait avec Eza cinq minutes avant l'arrivée, et avait-elle en conséquence eu le temps de soigner son apparence.
  • Tout aussi importante, Ilyana "Rose Noire" venait en troisième. Celle-ci était une grande stratège militaire qui avait beaucoup contribué à la victoire rapide des forces pirates au Zijian. Elle était ici aujourd'hui en tant que co-représentante de la Reine des Perles, à l'instar d'Aasmi Tawon, et afin d'offrir un avis en ce qui concernait le domaine militaire, primordial dans cette rencontre. Toute vêtue d'une tenue militaire noire, elle respirait la froideur et la rigueur militaire. On disait qu'elle avait été formée dans une armée de la péninsule albienne, avant de devenir pirate. Mais, au fond, on en savait trop rien, et on préférait ne pas savoir. Certaines choses méritent d'être tues.

Toutes trois, sitôt descendues, rejoignirent la délégation zélandienne qui les attendait, et se laissèrent mener jusqu'au lieu de la rencontre proprement dite. Aujourd'hui, de grandes choses allaient se décider. De cela, Shi était sûre. D'ailleurs, elle allait avoir un rôle à jouer là-dedans, puisqu'on lui avait demandé de rejoindre aussi vite que possible la reine-guerrière Mei-Li pour discuter avec elle en privé avant la rencontre. Mais pour l'instant, laissons ces gentilshommes zélandiens nous guider dans les rues de la commune de Wettersêge...
Pour les trois délégations ; le déplacement dans la commune allait être le même.

D’abord montée dans les voitures dont les capots étaient ornés de petits drapeaux des trois factions puis, le convoi se dirigea vers l’un des quais du grand canal de la commune ; construit sous le Sultanat de Tirta Jaya, les œuvres d’ingénierie que sont les canaux sont le point commun entre les cultures de l’île de Bantumara et Zélandienne. Du quai, les délégations embarqueront chacune sur une péniche qui les emmènera jusqu’à l’hôtel de ville de la commune, situé dans le district de Kota Tua(vieille ville) Wettersêge et lieu de la conférence ; passant aussi sous le seul pont-levis encore en activité de toute la Fédération.

Arrivés sur place ; les Ramchoures sont invités à prendre place dans la salle de conférence de l’hôtel de ville — qui servait initialement aux réunions du Directoire local de la Seelân Overseas Trade Company ou S.O.T.C. — remplie de buffets composés de petits fours locaux, de canapés (les apéritifs, pas le meuble !) Zélandiens, de whisky Caratradais et enfin de champagne Teylais. Il fallait dire les termes ; l’Assemblée de Conseil de la commune avaient mis les petits plats dans les grands pour cette conférence.

Un temps est laissé à tout un chacun pour se placer, discuter, goûter aux mets présents et dignes des soirées du siècle précédent ou encore se rendre aux cabinets avant le début de la conférence. Puis cette dernière est ouverte par le Secrétaire Général des Communes-Unies : Siert Bruggink.


※ ※

Mark Rutte présente les excuses officielles des Pays-Bas sur l'esclavage
Siert Bruggink : [Dernier] Secrétaire Général de la Fédération des Communes Zélandiennes lors de l'introduction de la conférence.

Chers camarades-citoyens et invités Ramchoures et Zijianais. [en direction de Mei-Li] Votre Majesté. [en direction des guides du Gualintang et du Tahorintang] Vos Excellences représentants vos États respectifs.

Je commencerai cette introduction par remercier les citoyens de Wettersêge ; ceux s’étant réunis à l’Assemblée de Conseil qui a décidé d’organiser cette conférence portant sur la Paix, mais aussi la stabilité et la prospérité de Ramchourie.

En effet, la Paix est chose importante. C’est un objectif sur le long terme que recherche chaque être humain ici-bas. mais, paradoxalement, c’est aussi un objectif sur le court terme concernant la Ramchourie. Instaurer la Paix oui, pour diminuer la souffrance des Ramchoures, et après ? Sans régime stable et démocratique ; les luttes intestines continuerons et les gouvernants resteront toujours plus éloignés des préoccupations de leurs administrés, continueront de les utiliser comme chair à canon dans leurs luttes de pouvoir et d’influence. Sans prospérité ; le mécontentement continuera de gronder et le régime restera instable.

Ainsi, cette conférence tournera autour de trois axes :

— Comment instaurer la Paix ?
— Comment donner aux Ramchoures un régime stable et démocratique ; où chacun pourra vivre en paix sans aucune distinction que ce soit ?
— Comment faire de la Ramchourie une terre prospère, avec un État prospère, attirant les investissements et de meilleures conditions aux Ramchoures ?

Cette introduction étant faite ; je vais m’arrêter de monopoliser la conversation et vais laisser la parole à nos invités Ramchoures : les plus à même ici de savoir quelles solutions trouver à ces trois axes.

Je vous laisse la parole
Minh-Aû-Choh

Les points qu'appuyaient le secrétaire général avait, intérieurement, fait comprendre au président temporaire du Gualintang la réalité de cette conférence : créer le plus rapidement un état prospère dans le but de l'ouvrir au libéralisme, et donc permettre l'implantation d'industries étrangères. Fondamentalement, Minh-Aû-Choh n'était pas contre, cependant il voyait dans les questions posées un moyen de faire probablement de la Ramchourie un pays proche de Zélandia, et donc, un grand partenaire.

Cependant, il ne préta pas trop de détails à ses questionnements, et commença en premier à présenter son avis sur le sujet :

"Cher secrétaire général, je vous remercie de m'avoir mandaté en ces lieux pour pouvoir nous exprimer et trouver des compromis sur la situation tragique de notre pays.

Selon moi, la Ramchourie en vue de la situation actuelle, ne peut prendre un état sous forme de monarchie élective comme cela a été depuis des décennies. Cela impliquerait forcément une caste nouvelle qui s'approprierait le pouvoir, comme les eunuques actuels qui règnent sur Zangian'h. L'idée même d'une monarchie n'est pas adéquate pour notre pays. Dans notre longue histoire, nos souverains, surtout les derniers, ont rarement eu un fin de règne qui s'est réglé par la mort naturelle de ceux-ci. Ainsi, les ramchoures ne peuvent pas être sous la direction d'un souverain.

Ma proposition, qui je pense pourrait plaire à notre peuple, est un modèle basé sur une République Fédérale. Je m'entend par là qu'il y aurait un président à la tête de plusieurs régions autonomes, ce qui permettrait une plus grande autonomie des minorités, comme les Wans ou d'autres. Egalement elle permettrait que le pouvoir soit bien plus centralisé et donc, unifié. L'enjeu sera de détruire la corruption qui touche de nombreuses institutions dans le pays, et qui pourrait mener au basculement d'un tel projet de régime.

Pour revenir en ce qui concerne la première question, il me semble pertinent, pour le moment, de former une coalition. Je m'entend par là que nos forces, c'est à dire celles du Gualintang, du Tahorintang et du Royaume Constitutionnel, pourraient s'unir en évitant toutes batailles entre nos forces, tout en s'étendant en ramchourie afin d'éviter plus de morts. Ne nous faisons pas d'illusions. Dans tous les cas il y aura des victimes. Cependant, nous coaliser nous permettrait d'en faire une multitude en moins, et, ce faisant, d'unifier bien plus rapidement le pays. Après cela, nous pourrions nous retrouver afin d'enfin régler le procédure de paix, et, potentiellement, d'accepter le modèle politique que j'ai proposé plus tôt. Il reste à mon avis l'unique moyen de contenter nos parties.

Je pense avoir répondu suffisamment à la deuxième question.

Pour ce qui concerne la troisième, la réponse me parait évident : une modernisation qui se concentre en une industrialisation améliorée. En effet, vous n'êtes pas sans savoir que la Ramchourie est un pays ayant un retard sur le monde de deux siècles si l'on veut être réaliste, mais d'un siècle si l'on souhaite redresser un peu notre image. Ainsi, nous calquer en partie sur le modèle occidental me parait être la meilleure solution. De plus, une telle évolution attirerait les marchés qui n'hésiteraient pas à se joindre à cette nouvelle opportunité. "


Il se rassit après, attendant les retours de ses interlocuteurs...


le Man-Tah, Tchang Nam-Kah

Tchang Nam-Kah écouta attentivement les dires du président du Gualintang. Il savait que cet homme pouvait beaucoup se rapprocher du Tahorintang, car, au delà de l'aspect idéologique, nombres d'aspects se retrouvaient dans les désirs des deux camps. Entre un état centralisé mais tout de même en partie fédéralisé, avec une forme de démocratie par l'élection d'un président, une autonomie partielle des régions... tout était là pour permettre une bonne entente entre les deux factions.
Du côté Tahoraniste, on voyait assez mal le Royaume Constitutionnel. Bien que l'idée de base était intéressante, à savoir créer un royaume soumit à une constitution, sa dirigeante actuelle, bien qu'étant une femme, repoussait par son lien avec la seigneurie élective, car elle a été la femme du 8e seigneur de guerre Zuan Yao. Ce rappel à l'ancien régime instable et tyrannique avait largement repoussé les habitants du tahorintang d'une possible alliance avec le Royaume Constitutionnel.
Cependant, l'idée proposée par Minh-Aû-Choh intéressa fortement le Man-Tah. Ainsi, après l'expression de l'interlocuteur, il se dit :

"Cher camarade ramchoure,
Je dois bien avouer que votre proposition, sur bien des points, pourrait en effet se révéler intéressante pour la Ramchourie. Votre hypothèse sur la création d'une république Fédérale nous attire profondément en votre faveur. Cependant, certains détails mériteront d'être détaillés en temps voulu.

Votre autre proposition, celle de fonder une Coalition, nous attire bien plus. En effet, nous unifier en un bloc empêcherait que nos factions tombent face à d'autres, et permettrait, comme vous l'avez si bien dit, de ne pas provoquer plus de massacres. Ainsi, je me tiens en faveur de votre proposition. Nous pensons particulièrement à la menace de la Confédération du Nord, et l'Empire de Ramchourie, qui pourraient nous menacer s'ils venaient à devenir trop dangereux. Ainsi, il me parait pertinent de procéder à une solidarité militaire entre nos factions."


Il s'assit alors. Son discours n'était pas très long, mais méritait d'être clair. Il attendit alors, de son côté, les autres réponses des membres présents...


Mei-Li, la Guerrière

Mei-Li avait écouté avec attention chacune des interventions. Jusque là, elle avait compris de manière pertinente qu'elle n'était pas la bienvenue, à cause de sa filiation avec un seigneur de guerre, qui rappelait donc l'ancien régime qui a plongé la Ramchourie dans des décennies de chaos. Cependant, elle voyait en la proposition de coalition l'intérêt que portait les deux factions aux armes et à la puissance du Royaume Constitutionnel. Le régime de la faction ne leur allait pas, mais les armes si.
Pour revenir sur la proposition d'un état fédéré, Mei-Li était fondamentalement contre. Un tel régime provoquerai irrémédiablement des corruptions, des coups d'états, des sécessions, voir des dictatures à l'image de celle de Kam Ada au Zijian pendant plusieurs mois. Ainsi, il fallait unifier le peuple autour d'un souverain, tout en limitant ses pouvoirs par une constitution.
La coalition l'intéressait aussi, car cela éviterait plus de sang versé, mais elle ne se faisait pas d'illusions, comme tous les membres présents.
Ainsi, elle parla enfin pour dire :

"Pour en venir à votre proposition de régime fédéral, monsieur Minh-Aû-Choh, je me permet de vous faire prendre conscience des dangers d'un tel régime. Pensez vous une seule seconde que, premièrement, l'homme qui deviendra président sera prêt à rendre ses pouvoirs à la fin de son mandat ? Non. Tout ce que cette personne fera, ce sera étendre son mandat, puis créer un régime totalitaire à l'image des pires que le monde ait connu. Seule une figure puissante, cependant limitée par une constitution, peu former une union de la Ramchourie. Quand vous entendez Monarchie, vous pensez automatiquement à un régime tyrannique, répresseur et dangereux. Cependant, ce n'est pas le cas. Si le souverain à des pouvoirs limités, que le peuple peut élire des représentants dans une assemblée, alors jamais une situation critique n'arrivera. Nous n'avons qu'à observer de grandes puissances mondiales qui sont, pour une bonne partie d'entres elles, des monarchies parlementaires ou constitutionnelles.

Pour venir ensuite sur votre proposition de Coalition, il me parait évident, en venant ici, que nous devrions créer une aide commune. En effet, avec les nombreuses menaces dites précédemment, il est évident que nous devons nous unir afin de les repousser et de réunifier le plus rapidement le pays, bien malheureusement, par la voie de la guerre. Mes forces, s'il le faut, pourront vous soutenir sur des points difficiles à tenir sur vos fronts, je m'en tiendrais garante. Les armées de Muan sont fortes, les récentes conquêtes réalisées par mes soldats le prouvent, alors le Royaume Constitutionnel peut se permettre de soutenir vos forces en cas de difficultés."


Après avoir dit cette phrase, elle se rassit, attendant la réaction des autres membres de la rencontre. Bizarrement, elle trouvait que les questions posées par le secrétaire général n'avaient pas été toutes répondues. Lui qui voulait guider la séance, cela semblait foutu.
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Aasmi Tawon était enfoncée dans son siège, le dos voûté et à la limite d'être avachie. Si elle n'avait pas le tête dans la main, ou les pieds sur la table, c'était uniquement parce que sa voisine - Ilyana "Rose Noire" - avait menacé de couler sa flotte si elle ne se tenait pas correctement durant cette conférence. Il n'empêche qu'Aasmi, que la guerre de conquête du Zijian avait certes assagie, mais pas préparée pour ce genre de réunions barbantes, s'ennuyait ferme. Et elle n'était ici que depuis moins d'une heure, c'était dire.

Pourtant, tout se passait bien. De ce qu'Elena leur avait rapporté de sa "rencontre" avec Mei-Li, le Royaume Constitutionnel était maintenant de leur côté, et la ramchoure était confiante dans leur capacité à convaincre les représentants du Gualintang et du Tahorintang de les rejoindre. Ils n'avaient donc qu'à exposer leur modèle politique pour que tous s'y rallient... a priori. Mais surtout, ce "y'a qu'à faut qu'on" impliquait... qu'il fallait prendre la parole. Épreuve qu'Aasmi détestait entre toutes, et qu'elle aurait bien laissé à Ilyana, si cette dernière ne lui avait pas lancé un regard noir lui intimant de s'en charger.

"Soit, pensa-t-elle, allons-y."

Elle se redressa, repoussa la table pour s'en écarter, puis se leva. Elle se tourna vers les représentants de chaque faction, leur adressant un discret - mais visible - hochement de tête en guise de salut, à l'image des traditions des marins de la région.

"Vos Excellences, Votre Majesté, bonjour.

Nous sommes ici, je ne vous apprends rien, pour débattre de la possibilité d'une paix en Ramchourie. Une paix que, tous, nous espérons la plus rapide possible. Au vu de ce qui vient d'être évoqué par chacun de vous, une solution - évidente s'il en est - semble se dessiner. Cette solution, je suis certain que vous y pensiez déjà tous avant de venir, et particulièrement nos amis zélandiens que je remercie de nous avoir invité autour de cette table
(elle leur adressa un signe de tête), et que ces premières minutes de conférence vous ont confirmé cette impression. Il vous faut vous allier, il nous faut nous allier.

Tous ici, son Excellence Minh-Aû-Choh le premier, mais également son Excellence Tchang Nam-Kah et Sa Majesté Mei-Li, ont évoqué l'idée d'une coalition. Il est évident qu'il s'agit là d'un premier pas, d'une première avancée. Cette première avancée nous permettrait, dans un premier temps et j'insiste là-dessus, d'unir nos forces afin de remporter plus facilement la victoire dans ce conflit. Une victoire qui, si elle est facilitée, sera également moins meurtrière - à une condition, et c'est bien là que je veux en venir. Cette condition, vos Excellences, votre Majesté, vous la connaissez déjà, sans vraiment oser y penser ou la formuler. Cette condition, c'est que nous ayons déjà prévu l'Après. L'après-guerre, l'après victoire. Une coalition, c'est bien, certes, et cela serait déjà un grand pas. Mais combien de coalitions se sont-elles effondrées sitôt la guerre finie, plongeant leurs acteurs dans un conflit ô combien plus sanglant, car elles n'ont pas prévu la suite ? Combien de coalitions se sont-elles effondrées, leurs membres se retournant les uns contre les autres une fois leurs intérêts communs disparus ? Combien de coalitions se sont-elles effondrées ? Et combien de morts ces effondrements ont-ils provoqués ?

Trop, bien trop. Et là est justement ce à quoi je veux en venir. Nous ne devons pas nous contenter de trouver un compromis pour la guerre, nous devons trouver un compromis pour la Ramchourie dans son ensemble. Ce compromis, il se jouera sur le régime politique que prendra le futur gouvernement. Chacun de vous a, ici, déjà commencé à le faire, afin de légitimer son pouvoir. Le Gualintang et le Tahorintang disposent chacun d'un parlement, bien qu'il ne soit pas toujours élu démocratiquement mais cela ne saurait tarder, je n'en doute pas
(elle insista sur ces mots et lança un coup d'oeil discret vers Minh-Aû-Choh), tandis que le Royaume Constitutionnel s'est doté d'une Constitution, une véritable révolution pour le pays. Et bien il faut aller plus loin ; il nous faut aujourd'hui renoncer à l'idée d'imposer un modèle unique. Nous l'avons dit : personne ici ne peut espérer remporter cette guerre fratricide sans cette alliance que nous essayons d'instaurer. Mais personne, je dis bien personne, ne pourra imposer son modèle si cette alliance se crée, car cela reviendrait à la nier, et à accepter que, dès la fin de la guerre, il faille en recommencer une nouvelle contre les alliés d'hier.

Le Zijian est donc ici en tant que conseiller, et pour vous prouver une chose. Vous prouver que cette alliance de long terme entre républicains, socialistes, et royalistes, loin d'être impossible et impensable, est en réalité la meilleure solution que nous ne puissions jamais trouver. Ma patrie, le Zijian, a fait face aux mêmes difficultés que vous, avec une opposition entre les mêmes types de faction. Et pourtant, nous avons trouvé un compromis, et aujourd'hui, le Zijian vit en paix. Mieux que ça : il se relève. Tout ça pour vous dire qu'il est nécessaire de définir en ce jour la forme que prendra le futur gouvernement, et, que ce nouveau gouvernement doit être un royaume
(elle se tourna vers Mei-Li), constitutionnel et démocratique (elle se tourna vers Minh-Aû-Choh), et qui prendrait soin de son peuple via des mesures sociales (elle se tourna enfin vers Tchang Nam-Kah). Ainsi, et par ce modèle de compromis uniquement, nous parviendrons à garantir la paix et la stabilité à long terme de la Ramchourie."

Elle les salua tous une dernière fois, puis se rassit.
Minh-Aû-Choh

Minh-Aû-Choh, intérieurement, brulait. Comment cette femme pouvait donc autant insuffler le régime que devrait choisir la Ramchourie ? Quelle était sa légitimité à proposer un régime pour une nation qui a même, ironiquement, dominé le sien, c'est à dire le Zijian ? Cette prétention ne plaisait guère au Président Temporaire du Gualintang. Et si certains l'apprenaient, nombreux seraient ceux à s'opposer à cette proposition.

Ce que semblait oublier cette "Aasmi Tawon", c'était un point pourtant... fondamental. Elle comptait donc créer un royaume ? En plaçant, à sa tête, la femme d'un souverain qui a fait perduré un régime tyrannique et instable ? Et elle croyait que le peuple l'accepterait ?

Il ignorait si c'était de la pure stratégie afin de faire en sorte qu'il provoque une crise diplomatique, ou bien simplement une naïveté profonde. Lui, il avait vu de ses propres yeux, du bas de l'échelle, les miséreux et la tyrannie d'un régime monarchique décadent laissant les seigneurs procéder aux exactions les plus terribles.
Lui, il avait vu. Et elle, non. Pourtant, c'était cette dame qui se permettait d'induire quel régime il faudrait pour cette nation ? Alors qu'elle n'était tout simplement pas sur le terrain ? Quelle ironie...

Il voyait clair dans son jeu. Le Zijian était redevenu une sorte de monarchie, ainsi, en créer une en Ramchourie lui permettrait de s'assurer soit d'un allié fort dans la région, soit d'un vassal dans le pire des cas. C'était assez visible, et il ne fallait pas avoir fait de la politique pour le comprendre. Chacun avait ses enjeux, ses missions, ses buts. Et pour le Zijian, cela impliquait la mise sur un trône bancal d'une ancienne compagne d'un seigneur de guerre détesté par une partie de la population.

Egalement, il se disait bien qu'est ce que penserait les nobles locaux en apprenant la mise en place d'un royaume, de ce qu'il en comprenait, centralisé. S'il s'avérait que Minh-Aû-Choh avait raison, alors après la création d'un tel régime, il ne faudra pas attendre longtemps avant que des nobles se rebellent pour revendiquer leurs anciens territoires.

Ainsi, il répondit à la proposition de l'homologue Zijiannaise, d'une voix claire et ferme :

"Excusez de dire ces paroles, mais je vous trouve bien sûre de vous, votre excellence.

Si je devais commencer quelque part, c'est tout d'abord ma stupéfaction à entendre, selon vous, notre victoire prochaine. Vous vous avancez bien vite. Pour le moment, rien ne nous dit que nous deviendrons les factions les plus importantes du pays, et qu'il est idéal de déjà préparer l'après guerre. Cette vision peut vous paraitre défaitiste, pourtant elle est uniquement réaliste. Avec le début de l'explosion du conflit, rien ne nous dit pas que certaines factions émergeront, et que celles ci pourraient nous nuire à tel point que nous n'en ressortissions vivants.

Pour le moment, le plus important est de discuter de cette coalition qui est bien un projet qui me tient à cœur. Je comprend votre peur de voir une telle coalition, après une potentielle victoire, s'effondrer aussitôt. Cependant, il n'est pas idiot de comprendre que nous ne nous battrons pas ensemble. Nos pensées sont proches, et nos volontés également. Il suffirait uniquement de procéder à une rencontre après le pays enfin réunifié par les forces de notre coalition, soutenues par des partenaires extérieurs
( se tourne vers le représentant de Zélandia ). Pour le moment, le plus important est d'uniquement concrétiser cette potentielle alliance afin de pouvoir garantir d'une stabilité à nos futures frontières.

Cependant, j'aimerais apporter ma critique sur votre proposition de régime pour l'après guerre comme vous dites. Sur ce point, je me pose bien des questions sur votre investissement sur la question Ramchoure... Savez vous au moins comment et qui voulez vous aidez à faire monter sur le trône ?

Je ne parle pas là d'un problème de genre, car là n'est pas la question. Quand je dis que cela peut poser problème, j'aimerais vous faire réaliser une dure réalité : que pensez vous qu'il arrivera, lorsque la femme d'un ancien seigneur de guerre, détesté par tous, qui a décidé de faire perdurer un système tyrannique et oppresseur, montera sur le trône ?

A votre grand dame, je vous dirais la guerre civile. Cela peut paraitre tragique, mais pourtant le simple fait que votre altesse Mei-Li soit reliée à un seigneur de guerre n'engendrerait que plus de chaos qu'autre chose. De plus, la réinstauration d'un régime monarchique ne serait que faire perduré, sous une autre forme, un régime qui est largement impopulaire parmi les peuples.

De plus, que pensez vous qu'il arrivera lorsque les seigneurs perdront toutes leurs possessions, dans le cas d'un régime monarchique théoriquement centralisé pour permettre de la stabilité ? Inévitablement des révoltes. Et, dans le pire des cas, une guerre civile. Je me pose donc la question de votre implication non pas sur le fonctionnement politique visible de la Ramchourie, mais sur son fonctionnement interne, et local.

De plus, je trouve très ironiquement de comparer la situation du Zijian à celle de la Ramchourie. Car elles n'ont rien en commun mis à part une réunification ou une forme de coalition entre des idées socialistes, démocrates et monarchistes. Les populations ne sont pas les mêmes, leurs histoires aussi, tout comme leurs pensées, alors comment vous pouvez prétendre faire des liens avec une situation, qui, très logiquement, ne fonctionnerait pas ?

De plus, une assemblée ne permettrait pas une démocratisation du pays. En effet, qui ne vous dit pas qu'un jour, un souverain trop prétentieux tentera de s'emparer du pouvoir total et détruira les organes démocratiques du pays par sa seule volonté ? Nombre d'exemples sont présents pour confirmer mes dires, et généralement, la suite de ces évènements ne sont pas très bonnes.

Ainsi, parler de l'après guerre me parait totalement inutile, surtout dans notre situation actuelle, à l'heure des premiers affrontements. De plus, exprimer votre désir de soutenir votre allié pour mettre un place un régime qui ne convient qu'à une membre de cette potentielle coalition me parait très osé. La seule question que nous devons nous poser pour le moment est la suivante : quelle forme doit prendre cette coalition, qui est très largement soutenue, et comment doit on faire coopérer nos forces afin de reprendre le pays le plus rapidement possible ?


Après ce discours, il partit se rassoir, attendant la réponse de ses confrères, en particulier la dénommée Aasmi...
Aasmi, après avoir entendu la prise de parole de Minh-Aû-Choh, était éberluée. C'en était presque si elle n'avait pas la mâchoire tombante, tant elle hallucinait devant ce que ses yeux et oreilles lui rapportaient. "Incroyable. On lui propose un régime démocratique sur un plateau d'argent, à lui qui ici a le régime le moins démocratique de tous, et il trouve encore le moyen de nous dire que nous sommes de vilains impérialistes qui voulons reprendre le pouvoir des mains du peuple ? Non mais il se prend pour qui !?"

Elle s'apprêtait à reprendre la parole, quand Elyana lui posa la main sur le bras, lui indiquant par là qu'elle allait gérer la situation. "Et bien soit. Elle parle mieux que moi." La sombre capitaine se leva donc pour répondre au dirigeant ramchoure. Pour ceux ici présents qui la connaissaient (ce qui était peu probable mais tout de même envisageable, la capitaine se faisant discrète sur ses prises et n'étant que peu connue en dehors du milieu de la pègre), son intervention devaient d'ores et déjà leur provoquer des sueurs froides. Pour les autres... et bien, ils n'allaient pas tarder à découvrir un personnage suffisamment effrayant pour qu'ils ne puissent plus dormir sur leurs deux oreilles avec moins d'une vingtaine de gardes.

"Si vous me le permettez, Excellence, je répondrai en lieu et place de ma compatriote. Pas un mot plus haut que l'autre, pas une trace d'émotion quelconque. Mais une froideur... La température semblait avoir chuté d'une dizaine de degrés dans la salle rien qu'en l'entendant parler.

En ce qui concerne notre victoire prochaine, vous avez certainement raison, ma partenaire ici présente s'est probablement laissée emporter par l'émotion. Il est vrai qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Je suis d'ailleurs ici en tant que stratège, afin de déterminer quel serait la meilleure stratégie à adopter pour vaincre nos ennemis communs sans subir de pertes trop faramineuses.

Pour autant, il me semble que vous cédez également trop vite à vos sentiments, et en oubliez les faits. Nous sommes ici en tant que représentantes d'un peuple que vous avez opprimé durant des années, des décennies, des siècles même. Nous sommes ici en tant que victimes, votre excellence, de votre barbarie. Et pourtant, nous ne sommes pas là à vous reprocher quoi que ce soit, nous ne réclamons pas vengeance, loin de là, nous sommes là pour vous apporter notre soutien, notre aide. Alors lorsque vous affirmez que nous ne sommes ici que pour "soutenir une allié pour mettre un place un régime qui ne convient qu'à une membre de cette potentielle coalition", permettez-moi de vous dire que vous vous mettez le doigt dans l’œil jusqu'au cubitus. Non seulement vous êtes dans l'erreur, car si nous ne soutenions réellement que le Royaume constitutionnel, nous nous serions contenté de le soutenir sur le terrain et nous ne serions pas ici même en train de vous rappeler les faits, mais en plus de vous voiler la face, vous êtes insultant.

Vous êtes insultant car vous sous-entendez que nous ne sommes ici que pour nos propres intérêts, quand nous pensons au bien des Ramchoures. Vous êtes insultant car vous mettez volontairement à distance dans vos propos le peuple zijiannais, en disant qu'il n'a rien à voir ou à faire avec le peuple ramchoure, ce qui est nier l'évidence de notre histoire commune ; une histoire commune qui ne vous valorise pas d'ailleurs, car les oppresseurs ont été ramchoures et non zijiannais. Vous êtes insultant enfin, car vous sous-entendez que les rois et reines ne sont que de vils despotes cherchant à opprimer le peuple. Cette phrase est d'ailleurs une double insulte à elle seule, puisqu'elle nie par deux fois l'histoire. Elle nie les exactions commises par votre peuple sur le notre, en nous faisant passer pour les méchants de l'histoire, et elle nie les efforts de Sa Majesté Mei-Li ici présente pour démocratiser son pays, ainsi que ceux entrepris par son mari Yuan Zao avant elle qui, loin du tyran que vous nous dépeignez, avait entrepris de réelles mesures sociales - à commencer par reconnaître les femmes comme des êtres vivants à part entière, monsieur, ce que vous ne faites pas dans votre prétendue démocratie où elles ne disposent pas du droit de vote. Si la guerre civile a débuté, ce n'est pas parce qu'il était détesté - et son régime avec lui - mais parce qu'il a été renversé par des eunuques se vautrant dans la luxure qui, eux, étaient réellement haïs du peuple.

Vous vous posez en défenseur des droits humains, en défenseur de la démocratie, mais cela n'est qu'une mascarade pour qui connaît l'histoire, la vraie, et non celle que vous modifiez dans vos livres d'histoire."


De toute son intervention, jamais elle n'avait haussé le ton, jamais elle n'avait laissé transparaître une quelconque émotion. Ses mots étaient durs, oui, et son ton hivernal au point qu'on l'aurait cru revenue d'outre-tombe, mais on ne pourrait lui reprocher d'avoir perdu son sang-froid. Elle se tourna enfin vers les autres délégations.

"Je souhaiterais par ailleurs connaître la position de son Excellence le Man-Tah, ainsi que de Sa Majesté, sur la question. Le Gualintang n'est pas toute la Ramchourie, loin s'en faut, et d'autres peuvent également avoir une opinion, qu'il serait bon d'exposer."

Si rien n'avait été dit explicitement, le sous-entendu était clair : le Gualintang n'était pas considéré comme particulièrement démocratique - eut égard à son parti unique, à son absence d'élections, et à son "universalisme" uniquement masculin - contrairement aux autres factions. Il n'avait donc pas à faire de quelconques reproches aux autres, et l'on attendait en l'état qu'il se taise.
le Man-Tah, Tchang Nam-Kah

La situation était, pour Tchang Nam-Kah, tournée au vinaigre. Les réflexions faites par le chef du Gualintang semblait profondément toucher la délégation Zijiannaise, et la situation pouvait clairement empirer. De ce fait, il fallait calmer un peu le jeu, car autrement il serait vite impossible d'éviter un scandale diplomatique.
Ainsi, le Man-Tah prit la parole, d'une voix calme et apaisante :

"Chers camarades, je crois que nous nous trompons d'ennemis.
Si nous commençons déjà à nous égorger avant même que nous n'ayons fait une seule démarche commune, comment pouvez vous espérer que nous gagnerons ?
Ainsi, j'aimerais que nous nous recentrons sur les points fondamentaux de cette rencontre. Cependant, je sais que chacun d'entre vous souhaitez avoir l'avis de chacun sur les questions qui ont été posées, alors, avant de passer à la suite, laissez moi donner mon humble avis.

Chères membres de la délégation Zijiannaise, nous sommes certains que votre ambition n'est pas de profiter de cette situation pour mener les terribles atrocités qu'autrefois notre peuple de Ramchourie a fait sur le Zijian. Nous comprenons votre désir de soutenir les efforts de réunifications, pour enfin apaiser les tensions qui régissent nos nations depuis des millénaires. Par ailleurs, je tenais, bien que ma faction reste bien minoritaire, à excuser les Ramchoures pour les atrocités que nous nous sommes permis autrefois au Zijian. Cela va paraitre bien peu, mais je ne peux, en l'état actuel, nous excuser de manière plus symbolique.
J'entend certains qui me diront que je me rabaisse à plus puissants
- il fixe alors Minh-Aû-Choh - Cependant je pense qu'il est important que l'on arrête ce jeu de compétition qui, à la fin de toute chose, nous détruira et nous plongera plus dans des conflits inutiles que nous permettre de créer des liens solides et forts pour créer un avenir meilleur pour la région.

Aussi, j'aimerais parler d'un projet qui me tiens particulièrement à cœur. En effet, vous n'êtes pas sans savoir que la Ramchourie était elle-même un territoire de l'Empire Ushongs des Xins. Ceux-ci, je le crains, pourraient tenter d'envahir le pays pour s'emparer de nouveau de ce qu'ils considèrent comme "leurs territoires légitimes". De ce fait, je propose la création d'un pacte défensif entre chaque membres de cette rencontre. Avec ce traité, si les Xins nous envahissent, nous pourrions bien plus facilement répliquer et éviter un triste sort qui serait un retour brutal en arrière, avec un gouvernement bien plus despotique que le précédant.

Pour revenir à la question d'un régime stable pour la Ramchourie, j'aimerais vous expliquer mon point de vue.
Je ne nierais jamais les efforts qui sont fait de la part de son Altesse Mei-Li pour faire du Royaume Constitutionnel un paradis et, je l'espère, un lieu paisible pour le peuple Ramchoure. Cependant, j'aimerais ajouter des précisions quant à la naissance d'un régime monarchiste sur les terres Ramchoures.

Je pense, en toute sincérité, qu'un monarque sur un trône et constitution, ainsi qu'une assemblée, ne seraient pas suffisant pour éviter, comme l'a indiquer mon camarade du Gualintang, un retour d'un tyran qui ne cherche que le malheur du peuple. Permettez, chères membres de la délégation Zijainnaise, d'exposer une forme de régime qui, dans ce cas uniquement, conviendrait je pense à bon nombre de membres ici.

En premier lieu, je dirais qu'un souverain, ou une souveraine, pourrait exister. Cependant, pas dans la même forme que vous avez proposé. En effet, pour moi, il faudrait faire en sorte, premièrement, qu'un roi ne puisse contrôler que l'aspect diplomatique de la Ramchourie. En effet, j'estime qu'il serait plus intéressant de créer un poste de "Main de sa Majesté", une sorte de Premier Ministre, comme on le voit dans bon nombre de pays dans le monde, afin de gérer ce domaine du pouvoir, l'exécutif. Ce nouveau membre serait cependant élu par le roi, ce qui permettrait d'éviter que le roi, ou la reine, ne serve finalement à rien dans cette forme de pouvoir. De plus, sous cette forme, il n'y a peu de risques qu'un Tyran apparaisse, puisque le pouvoir sera très fortement réduit.

Pour ce qui concerne l'Assemblée, je pense qu'il faudrait faire en sorte qu'elle puisse adopter une forme de loi qui permettrait de faire renverser la "Main de sa Majesté", et, je pense que cela est bien plus important, le monarque ou la monarque directement. Cela va vous faire très certainement peur chers invités du royaume constitutionnel, mais j'estime que cela éviterait de voir arriver un tyran tout en conservant un minimum de système monarchique. Cette forme de régime est pour le moment bien floue, je le conçois, mais elle apporte une base à un système, je pense, qui à terme pourrait fonctionner. "
Les Zélandiens considéraient présentement que chacune des délégations avaient assez exposé ses idées et ébauches de réponses aux interrogations introduites au début de cette conférence par le Secrétaire-Général pour pouvoir à leur tour prendre la parole.

Après que ce dernier a quelque peu calmé le jeu à la suite du Man-Tah tel le maître de conférence qu'il était pour le moment ; ce fut le Dr. Wilhelmina Koenen, ou plutôt Willem Koenen depuis son coming-out qui se leva. Doctorant en Histoire moderne, mais aussi en sciences politiques à la suite d'un double-cursus réussit avec brio à l'Université Autogérée de Blankenvoorde et ses Faculté d'Histoire et des Sciences politiques et Sociales ; il ne faut pas oublier que cet événement reste une conférence et que en tant que telle, il ne s'agit pas d'une rencontre diplomatique entres politiciens et diplomates. Ainsi, il n'était pas étonnant de voir parmi les invités Zélandiens(entendre par là la citoyenneté) des têtes pensantes du milieu universitaire des Communes-Unies, toutes doctorantes pour la plupart et ayant passé au moins une partie de leurs études dans les universités du Grand-Kah. Bien qu'il aurait largement pu défendre la position de l'une des trois factions, le Secrétaire-Général Siert Bruggink, avocat dans le civil, préféra laisser l'un de ses Camarades-Citoyens sous le feu des projecteurs.

Ainsi, la tête blonde coiffée d'une raie partant vers la droite et habillée d'un tailleur „pour homme” bleu marine — Willem ne voulait pas encore passer à l'étape de la transition médicale et préfère porter des cheveux courts et des vêtements à première vue masculins — commença son exposé comme suit, après être monté sur l'estrade et avoir rapproché le micro du pupitre.

« — Votre Majesté [à l'adresse de Mei-Li], vos Excellences, chers Camarades-Citoyens.

Pour ceux d'entres vous qui ne me connaissez pas encore, je suis LE Docteur Willem Koenen. Certains connaissent peut-être déjà ce nom s'ils ont suivi ou bien participé à la conférence universitaire organisée à Blankenvoorde par la Camarade-Citoyenne Kah-Tanaise Actée Iccauhtli — et accessoirement Commissaire aux Affaires Extérieures de l'un de nos plus grands alliés — puisque cette dernière était accompagnée par le Doctorant Hendriks Koenen : mon frère cadet.

Je commencerai cet exposé en répondant à la première interrogation introduite à savoir comment instaurer la paix et ensuite, je répondrai aux deux questions suivantes d'un seul lancé, comme ces dernières ont toutes deux la même finalité : un État stable qui assure le Bien commun et la Justice sociale aux Citoyens Ramchoures.


Ainsi commençons. Comment instaurer la paix en Ramchourie ? Cette question sera en théorie assez rapide à traiter puisqu'à vos dires, honorables membres de vos délégations respectives, vous semblez tous partager une même solution : à savoir celle d'une coalition entre les factions du Gualintang, du Tahorintang et du Royaume Constitutionnel. Mais quel type de coalition ? Militaire soit une union dans le cadre d'un conflit — que l'on pourra définir plus tard ? Oui, ça paraît logique. Mais me concernant, je suis politologue et non stratège. C'est donc d'une coalition politique que je vais vous parler, vos Excellences.

J'entends par coalition politique une union de plusieurs parties ou factions ayant des idées similaires en vue de réaliser des actions communes ou de former un groupe, parlementaire ou gouvernemental.

J'en viens au second sujet de cette conférence et en particulier sa première partie soit : Comment donner aux Ramchoures un régime stable et démocratique ? Vos trois factions partagent des idées communes. Libertas et* Fortuna, Droits humains, Justice sociale, droits des minorités ; ainsi, en plus d'une coalition militaire, vous pourriez former une coalition politique afin de vous mettre d'accord sur des actions communes de quelques natures que ce soient à appliquer indépendamment au sein des territoires que vous contrôlez respectivement.

Dans un monde dans lequel cette coalition sort vainqueur de cette guerre civile ; l'idée est que cette dernière soit à l'origine d'un État que je qualifierai de triumvirale. J'entend par là un État dans lequel chaque poste important est présidé par un membre de vos trois factions et la fusion de ces dernières en un seul État.

Cette idée pourrait se traduire en une monarchie — ou Royaume (WINK WINK) — constitutionnelle dont le chef de l'État sera Sa Majesté Mei-Li et ses descendant ou tout héritier qu'elle aura choisi. Le souverain aura un rôle symbolique pour unir la Ramchourie et les Ramchoures de tous les horizons, mais aussi le rôle de représentants de l'État à l'étranger. Une idée serait que la diplomatie lui soit dévolue ainsi que la nomination des Ambassadeurs Ramchoures puisque voix du représentant de l'État à l'international. Concernant le pouvoir exécutif et son gestionnaire, le Premier Ministre du souverain pourra être nommé par ce dernier MAIS parmi les membres du Gualintang. Ce dernier aura la charge de former un gouvernement qui sera à fortiori républicain, mais qui donnera une „bonne” image aux Ramchoures qui pourront y voir des contrepouvoirs à leur souverain.

Enfin, toute démocratie qui se respecte se doit d'avoir un pouvoir législatif indépendant et fort. C'est là le moment d'imaginer un Parlement, mono, bicaméral ou plus, dont les représentants sont élus au suffrage universel MIXTE afin de voter ou non les lois et tous documents rédigés ou signés par le gouvernement (= pouvoir exécutif). Le ou les présidents de ce Parlement — ou ses chambres — seront alors nommés là encore par le souverain MAIS cette fois-ci parmi les membres du Tahorintang. Leur•s rôle•s sera de présider les séances de ce(tte)s assemblée•s en réorientant les débats ou bien en agissant tel un maître de conférence au besoin. Le Man-Tah a prouvé qu'il en avait les qualités aujourd'hui.

Concernant le dernier sujet de cette conférence à savoir : Comment faire de la Ramchourie une terre prospère, avec un État prospère, attirant les investissements et de meilleures conditions aux Ramchoures ? Je proposerai un Wolwêzenssteat ou Welfare state selon le terme Kentois afin d'assurer à tous et en particulier aux plus nécessiteux de quoi subvenir à leurs besoins.

Merci de votre attention. »


*Locution Latine : le [t] se prononce aussi.
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