Posté le : 11 nov. 2024 à 23:21:25
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La crise diplomatique était au centre de l'attention des services diplomatiques westaliens depuis plus d'un mois. Au fur et à mesure des semaines qui passaient, l'attitude de la Fédération de Sterus se montrait de plus en plus hostile face à la Grande République, si ça ne se lançait pas carrément dans l'insulte gratuite et le dénigrement à l'international. Du côté du gouvernement, jusqu'à présent, les réactions officielles sont restées d'ordre mesurées et essaies de tendre vers une résolution diplomatique du conflit. Pour autant, face à une hostilité stérusienne croissante, le gouvernement se déchire de plus en plus entre deux camps : ceux qui souhaitent éviter une aggravation de la crise et cherchent le dialogue malgré tout, actuellement majoritaire et mené par le Ministre Fédéral aux Affaires étrangères, Henry Takajiwa, et un autre beaucoup plus vif et direct, qui souhaitent prendre une position de force face à Sterus, de "contre-attaque", après plusieurs semaines d'insultes publiques contre Westalia, mené par Alfred Eisendorf, dont la voix gagne de plus en plus de Ministres, de sénateurs et également de citoyen. Le plus à droite des membres du gouvernement, mis à l'écart pour ses décisions et propos sulfureux début 2014, a réussi à faire de cette crise diplomatique un tremplin majestueux pour un grand come-back politique décisif, revenant au centre de l'attention. D'interview sur des chaînes de radio d'informations aux plateaux télévisés, il bénéficie d'une grande médiatisation, malgré sa position de Ministre Fédéral à la Défense. Il faut dire que les graves accusations stérusiennes contre la Grande République sur sa participation au domaine militaire de l'ASEA en avait fait un invité évidant pour répondre aux questions des journalistes, avant de finalement devenir la figure de proue du mouvement anti-Sterus en Westalia. Si ce mouvement n'est pas aussi populaire que son opposé stérusien, soient les anti-Westalia, il gagne en popularité de jour en jour, sans distinction de couleur politique et c'est ce qui inquiète Henry Takajiwa. Si une combinaison d'une opinion populaire contre ce pays couplée à un ralliement de grandes figures politiques viendrait à gagner plus d'influence que lui, alors la position diplomatique de la Grande République suivrait naturellement dans ce sens. Chaque déclaration stérusienne est particulièrement scrutée par les médias westaliens et plus elles vont en hostilité, plus le mouvement contre la Fédération gagne en force. Si le Président Fédéral Victor Hardenbor continu de faire confiance à son "architecte de la diplomatie", il n'en reste pas moins que ce dernier est beaucoup moins aligné sur les positions de ce dernier et qu'il n'aurait pas autant de verrou à faire sauter pour qu'il impose une position beaucoup moins favorable à une résolution dans la douceur.
Antonio Giovichi est ambassadeur en Lermandie depuis bientôt deux ans. Personnalité très active sur le territoire lermandien, il est souvent invité à des réceptions de grandes entreprises locales qui cherchent à favoriser les échanges commerciaux avec Westalia, mais également à l'ouverture d'usines de sociétés westaliennes ou à des événements de commémoration de la guerre contre la Viétie. Il avait déjà été l'invité de quelques plateaux télévisés lermandiens pour s'exprimer sur la question, reconnue très facilement par son fort accent madrerian, mais toujours dans un français lermand très fluide. Il n'était pas exagéré de dire que le poste d'ambassadeur en Lermandie est probablement le plus prestigieux de tous, au sein du réseau d'ambassades de la Grande République, probablement même un tremplin pour intégrer un futur gouvernement dans l'avenir. L'ambassadeur est un proche d'Akito Fujitawa, l'ancien Premier Ministre Fédéral et actuel Ministre Fédéral de la Justice. Du haut de sa quarantaine d'années, il fait partie de cette nouvelle génération prometteuse des conservateurs westaliens, au sein de l'aile modéré pour sa part. Dans un entretien en visioconférence avec le Ministre Fédéral aux affaires étrangères et le Président Fédéral, ce dernier avait reçu une liste plus complète d'informations sur cette crise, suffisamment pour exprimer correctement le point de vue de la Grande République et pour apporter un maximum de réponse au plus vieil ami de Westalia et probablement son meilleur. La position lermandienne allait être extrêmement importante pour l'orientation diplomatique du pays dans cette crise. S'il n'était pas attendu un soutien total, en raison de la neutralité voulu par ses hôtes, un alignement minimum sur un axe de résolution diplomatique et compréhensif de la vague de haine que subit la Grande République était attendu de leur part, en tant qu'allié le plus proche. La Ministre Nicole Johnson avait donc un rôle important dans cet entretien et surtout une capacité de pouvoir obtenir une Westalia coopérative, si les bonnes prises de positions sont faites aujourd'hui...
L'ambassadeur Antonio Giovichi était désormais habitué à ce froid d'hiver lermandien, assez proche de ce que l'on pouvait rencontrer dans l'Etat-Républicain de Dakantia, bien qu'il ne s'y était rendu que très rarement dans sa vie, vue que, sans surprise, il était originaire de Terracristo. Après l'ouverture de la porte, ce dernier salua la Ministre des Affaires étrangères lermandienne d'un ton amical, énergique et toujours dans un accent madrerian :
Antonio Giovichi : Madame Johnson, c'est un plaisir de pouvoir vous revoir, même si nous nous entretenons aujourd'hui autour d'un sujet peu propice à la bonne humeur. J'espère que l'hiver lermandien saura refroidir les braises hostiles, dans toute l'élégance qu'il peut avoir à Bradis cette année.
L'ambassadeur tend sa main en direction de la Ministre, en signe de respect et de salutation, un sourire sur le visage.