11/05/2017
16:10:00
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Je dors chez toi ce soir, en Drovolski !

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JE DORS CHEZ TOI CE SOIR, EN DROVOLSKI !


L'embarcation d'Anton Matsimenko voguait depuis déjà près d'une journée. Parti des côtes de la République Translavique où s'était posé l'avion du reporter hotsalien, la navire approchait peu à peu de sa destination. Cela se sentait à mesure que l'air devenait de plus en plus opaque. Réveillé par le commandant de bord alors qu'il dormait sur le pont, Anton Matsimenko se précipita vers le bastingage et pencha sa tête au-dessus de la mer avant de laisser l'écume engloutir tout le contenu de son estomac, qui venait de jaillir par sa bouche. Il détestait les trajets en bateau, leur préférant de loin l'avion, mais c'était malheureusement le moyen de transport de prédilection pour aller là où il se rendait.

« Ça va, Monsieur Matsimenko ?

- Ça va aller, ça va aller... C'est beaucoup mieux dehors que dedans... Ah... Je ne sais pas ce qui m'arrive... J'ai l'impression d'avoir les yeux qui brûlent, pas vous ? Et ma gorge, elle me fait si mal... Si je suis malade, il va falloir que j'annule tout, fait chier...

- Ne vous en faîtes pas, Monsieur, vous n'avez sûrement rien. C'est juste que l'on est bientôt arrivés en Drovolski. L'air commence à devenir dangereux à partir d'ici, il faut mettre nos masques.

Le commandant de bord tendit un masque à gaz à Anton Matsimenko, qui le passa autour de sa tête.

- Ah, vous avez raison, ça va tout de suite beaucoup mieux.

- N'est-ce pas ? Il faudra le garder en permanence pendant tout le temps que vous passerez là-bas.

Anton Matsimenko passa le restant du trajet la tête penchée au-dessus de la mer à contempler les vagues, anticipant un éventuel nouveau vomissement. Il ne ratait pas grand chose du paysage, l'air étant tellement opaque que l'on ne distinguait rien à plus de quelques mètres au-delà de la proue du navire. Heureusement que la lumière intense provenant d'un phare lointain permettait tout de même de savoir quand ralentir pour atteindre le rivage en toute sécurité. Une fois l'embarcation arrimée au port de Benodïle, Anton Matsimenko fut tout heureux de mettre enfin le pied à terre, sur le quai. Ça y est, il était enfin en Drovolski !


Anton Matsimenko, héros de l'émission hotsalienne Je dors chez toi ce soir
Anton Matsimenko
Créateur et héros de l'émission Je dors chez toi ce soir


Petit rappel des règles
Comme dans toute émission de Je dors chez toi ce soir, le joueur du pays d'accueil a la charge d'occuper le rôle de MJ en décrivant l'environnement qui se trouve autour d'Anton Matsimenko, en créant et en interprétant les personnages qu'il rencontre, ainsi qu'en exposant les conséquences de ses actions. C'est ainsi qu'il peut décrire son pays du point de vue des personnes qui s'y trouvent et délivrer un aperçu de la mentalité des gens qui y vivent.

La seule règle à respecter est qu'Anton Matsimenko ne doit ni mourir, ni être grièvement blessé au cours de son séjour. Si ses caméras de tournage sont perdues ou détruites, il rentrera chez lui et l'émission s'arrêtera.
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Anton Matsimenko arrive sur le quai de Benodïle. Un épais brouillard enveloppe la ville, si dense qu’elle disparaît dans les fumées industrielles. À ses côtés, des mineurs semblent attendre quelque chose avec une impatience palpable. Un signal grave retentit. Soudain, un immense drapeau lumineux s’affiche dans la brume, suivi d’une annonce diffusée en plusieurs langues :

"Avis aux voyageurs : le bateau n°56 a accosté. Nous vous prions de sortir de l’embarcation au prochain signal sonore. Avertissement : ne parlez pas aux marins velsniens, vérifiez la cartouche de votre masque, et enregistrez-vous immédiatement au guichet."

Un autre signal retentit. Comme des automates, les Mesolvardiens se dirigent vers le bureau des entrées, brandissant leurs titres de travail. Après un rapide scan de leur carte et une photo prise sur le vif, ils s’élancent presque en courant vers la gare. Anton, resté derrière ce défilé mécanique, arrive bon dernier au guichet.

"Qu’est-ce que je viens de voir ? Et qu’est-ce que je dois vous donner ?", demande-t-il.

"Votre titre de travail, s’il vous plaît."

"Je suis touriste, pas un travailleur."

"Un quoi ?", réplique l’employé des douanes, visiblement déconcerté. Un interprète assermenté est alors appelé en urgence. Il arrive au bout de quelques minutes, souriant jusqu’aux oreilles.

"Bonjour monsieur, je suis honoré de rencontrer un touriste. Avez-vous votre visa ? Nous allons vous orienter vers les portes réservées aux ressortissants étrangers. Exceptionnel ! Je dirai cela à ma femme : aujourd’hui, j’ai rencontré un étranger et j’ai pu lui parler !"

Accompagnant cette déclaration d’un petit rire satisfait, l’interprète insère le visa dans une fente. Une musique patriotique jaillit soudainement :
"Bienvenue au Drovolski, ce pays radieux pour des vacances heureuses ! Profitez d’un cadre idéal et respectez les conditions préalables de votre visa. Trois règles sont à suivre :

Ne critiquez jamais la politique écologique du Drovolski.
Ne contredisez jamais la police politique.
N’incitez pas nos unités de production humaine à la propagande. La liberté de pensée est une affliction qu’il nous est trop difficile de guérir."

Sur ces mots, Anton Matsimenko sort enfin du port.

Les rues sont grises, recouvertes de poussière et baignées dans une fumée d’une toxicité évidente. Autour de lui, des écriteaux indéchiffrables pour tout non-Mesolvardien. Non loin, une file compacte se forme sous ce qui semble être un arrêt de trolleybus. Deux bus arrivent, et une voix monotone résonne. Bien qu’il ne comprenne pas tout, Anton saisit les informations essentielles :
"Lignes A et B opérantes : A à destination du centre-ville, B à destination de la Maison du Peuple. Indice de pollution : 78. Veuillez prendre votre parapluie contre les pluies acides de catégorie 4 et utiliser une cartouche de masque n°6. Risque de tempête toxique élevé."

Choix : Ligne A ou Ligne B ? Anton hésite devant les deux bus. L’un, à destination du centre-ville, promet l’accès à des commerces et lieux publics. L’autre, en direction de la Maison du Peuple, intrigue par son nom, laissant présager un lieu emblématique, peut-être lié au fonctionnement de ce régime autoritaire.
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