27/03/2015
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[Lore] Révolution Brune

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"C'est par la guerre que se forgera la Révolution Mondiale. Le monde doit comprendre que nous ne venons pas en paix. Nous apportons l'épée."


Contexte :

Nous sommes en Novembre 2013, dans les rues de Mistohir et suite à une crise économique de grande ampleur, un Coup d'Etat militaire puis un renversement populaire du pouvoir martial mis en place par le général Rudaviak, l'Estalie a pu enfin se libérer des chaînes du capitalisme et de la tyrannie royale. Pyotr Husak proclame la Fédération des Peuples Estaliens, une fédération semi-décentralisée de communes qui se veulent autogérées sur la plupart des prérogatives traditionnellement accordés aux Etats centralisateurs. Le modèle estalien est porté alors par une morale et une idéologie singulière caractéristique de ce pays qui s'était tant isolé de la scène mondiale, autant d'un point de vue diplomatique que d'un point de vue culturel : l'Anarchisme Renouvelé. Cette idéologie prônait rien de moins que la Révolution mondiale et internationaliste, il reprenait la plupart des codes d'autogestion et d'autonomie de l'anarchisme mais le tout était structuré d'un point de vue politique, économique et social pour faire du pays qui adopte une telle idéologie une véritable machine de guerre. C'était le fondement de l'anarchisme estalien : son militarisme, sa radicalité et en même temps son universalité. L'anarchisme est une idéologie qui transcende les peuples car elle prône la liberté la plus complète des individus et c'est exactement ce qui fait partie intégrante de la nature humain. L'Homme veut être libre, à sa manière en fonction des personnalités, mais il ne supporte pas d'être forcé ou contraint. Seul le contrat social et parfois la coercition le force à rentrer dans le rang, à accepter de se priver de libertés au nom de certains acquis communs. Mais au fond de lui-même, si on lui proposait de se débarrasser de toutes ces contraintes de façon réaliste, ile le ferait sans hésiter. Là où l'anarchisme estalien rajoute sa petite contribution dans l'idéal anarchiste, c'est son adaptation aux peuples. Certains peuples ont des mœurs, des cultures et des religions différentes. L'Etat doit conserver une morale à deux ressorts : une morale religieuse qui laisse entendre qu'elle ne remet pas en question des préceptes religieux locaux ni même l'existence d'un Dieu quelconque, l'Etat ne remet pas en question la culture et son contenu des peuples qu'elle libère et au contraire, elle cherche à les diversifier. Elle ne se contente pas seulement de les laisser exister comme l'Etat libéral, elle encourage la diversité et la différence culturelle car c'est bien ça qui fait la richesse de l'Humanité et qui unira au final les peuples au sein d'une seule et même entité, une entité qui n'a pas besoin de frontières politiques pour se différencier.

C'était le projet estalien et dans le voisin du nord de l'Estalie, la Kartvélie, cette idéologie avait eu un écho. Décembre 2013 fut le début d'une crise migratoire intense entre l'Estalie et la Kartvélie. Les réfugiés venus d'Estalie, pour la plupart des réactionnaires, des opposants au régime ou plus simplement des entrepreneurs, des patrons et d'autres agents économiques qui avaient besoin de la structure capitaliste et libérale pour exercer leur activité, ont fuis en Kartvélie où la libre entreprise leur était permise. La peur rouge affecta plus de 25 000 Estaliens qui prirent la fuite en Kartvélie. Dans le sens inverse, les Kartvéliens se sont à leur tour tournés vers l'Estalie. La Kartvélie, ancien pays communiste, restreignait lourdement le PCK (Parti communiste kartvélien) qui est discriminé politiquement. La liberté d'expression, de presse ou de manifestation des partisans communistes était restreinte et les débats idéologiques publics étaient souvent interrompus par la police kartvélienne. En conséquence, un grand nombre de communistes vont fuir le pays, jusqu'à atteindre une diaspora respectable (la plus élevée d'Estalie numériquement) de 121 000 personnes. L'accueil des réfugiés divaguait en fonction d'où on se trouvait. En Kartvélie, les Estaliens étaient mal vus et mal accueillis, parqués dans des camps de réfugiés et contrôlés par l'armée kartvélienne en permanence (Opération Blu Safety). En Estalie, la politique de terre d'accueil était promue et favorisée envers les étrangers. Les dissidents politiques notamment étaient spécialement protégés par la loi estalienne, l'accès à la citoyenneté estalienne était grandement facilitée et tout était fait pour que les dissidents politiques des pays avoisinants de l'Estalie puissent vivre décemment dans leur nouvelle terre d'accueil, élaborant de leur côté leurs propres révolutions qui mènera à la chute des oligarchies réactionnaires, monarchiques ou capitalistes qui esclavagisent leur pays.

A la crise migratoire, c'est une véritable guerre clandestine qui va se déclencher entre Tbilgorod et Mistohir. Le SRR, les services de renseignements estaliens, vont tout mettre en oeuvre pour affaiblir leur rival kartvélien. Au début présents dans l'objectif d'éliminer physiquement la famille royale estalienne en fuite, la stratégie du SRR va se transformer petit à petit en lutte clandestine entre les deux nations. Des assassinats ciblés contre les groupuscules terroristes d'extrême droite sont mis en place par les membres du SRR, de la propagande est répandue dans les couches sociétales kartvéliennes, l'économie est sabordée, l'armée est corrompue, la jeunesse est influencée et les syndicats sont infiltrés. C'est toute la société kartvélienne qui finit par être prise pour cible par le SRR qui mène un remarquable travail de gangrène social et politique sur la Kartvélie durant toute l'année 2014.

Le déclenchement d'une crise sociale :

Dans le courant des mois de Novembre et de Décembre, la situation de la Kartvélie n'est pas des plus reluisantes. Sur le plan économique, l'économie kartvélienne stagne et les bilans trimestriels tombés du Ministère de l'Economie et des Finances démontre une stagnation à peu près générale de l'économie kartvélienne. Les causes ? Le sabotage estalien et surtout sa guerre économique déloyale envers la Kartvélie, ainsi qu'une difficulté croissante du gouvernement kartvélien à riposter afin de conserver une certaine compétitivité de son économie par rapport au modèle économique estalien alors en pleine effervescence. L'innovation est en baisse, la population kartvélienne est lassée des scandales de corruption constants des entreprises kartvéliennes dont les fuites d'informations entraîne une baisse de compétitivité, d'innovation et de confiance. Le cours des entreprises kartvéliennes chute ou stagne à peu près dans toutes les grandes bourses mondiales et l'Etat tente désespérément de subventionner la croissance économique par des injections monétaires permanentes. La planche à billets tourne, les taux d'intérêts sont réduits et conséquence de tout cela, l'inflation augmente et dégrade le niveau de vie moyen de la population. Ce niveau de vie se maintient alors sous le bon vouloir des coopératives exportatrices estaliennes : les produits estaliens sont déjà reconnus depuis 2013 comme beaucoup moins chers en moyenne que les produits kartvéliens pour une qualité équivalente. Déjà avantagés d'un point de vue structurel, les prix kartvéliens deviennent stupidement élevés par rapport à leurs concurrents estaliens et la consommation kartvélienne commence alors à dépendre en grande partie de la quantité exportée par l'Estalie. L'activité économique estalienne devient le maillon des sujets de conversation quotidiens : chaque signe de faiblesse de l'économie estalienne est vue comme une catastrophe à venir tandis que sa croissance insolente rassure la population et les marchés kartvéliens. La situation économique entraîne donc un double paradoxe politique et diplomatique pour le gouvernement républicain. Premièrement, politiquement, comment le gouvernement peut conserver sa crédibilité à droite et éviter la gauchisation de l'esprit politique alors qu'il est incapable de combler les lacunes économiques du pays ? Deuxièmement, comment la Kartvélie peut poursuivre sa lutte clandestine avec l'Estalie alors qu'elle dépend entièrement des fluctuations économiques de la production de son voisin méridional ? La sortie de la Kartvélie de l'UEE avait coupé en partie le pays d'une partie des débouchés commerciaux que le pays aurait pu exploiter pour créer une concurrence étrangère contre les Estaliens et le marché offert par le BNE était trop restreint pour pouvoir avoir un impact déterminant sur la situation kartvélienne. Qui aurait pu sauver l'économie kartvélienne ? Le Nordfolklande ? Ils étaient exposés à une problématique similaire. L'économie kartvélienne était condamnée à passer sous la coupe du voisinage, le libéralisme avait rencontré son maître.

Au bilan économique s'ajoutait les mutations politiques dans le pays. La structure de la politique kartvélienne dans la fin de l'année 2014 s'organisait sur une sorte de bicéphalie étrange entre l'establishment politique traditionnel de la République à travers le gouvernement exécutif contrôlé par le Parti Identitaire et l'Assemblée nationale kartvélienne majoritairement orientée à droite de l'échiquier politique. Pourtant, une des conséquences inattendues de la crise migratoire de 2013-2014, ce fut bien l'accumulation de dissidents politiques communistes kartvéliens en Estalie. Cette diaspora, qui participait même à la vie politique estalienne, avait fini par créer sa propre structure politique. D'abord orientée autour du Mouvement Eurysien qui visait à rassembler toutes les diasporas sous un club politique afin de leur donner un poids politique conséquent au Congrès International des Travailleurs, les exilés du PCK se sont réunis entre eux afin de discuter des changements idéologiques et politiques de leur pays, dans un pays étranger qui permettait la libre expression de leurs pensées et de leur philosophie. Ce développement parallèle de la politique de gauche kartvélienne en terre étrangère eut ses conséquences car, à portée de main, le SRR avait une nouvelle arme : des partisans de l'Anarchisme Renouvelé prêts à changer la nature du PCK pour en faire une structure à la fois paramilitaire mais surtout pro-estalienne et husakiste. Et c'est ce qui s'est passé. Les débats idéologiques au sein du PCK exilé ont finis par entraîner avec eux la vieille ligne eurycommuniste du parti, cette ligne étant vue comme la raison pour laquelle le PCK est non seulement réprimée politiquement mais aussi pourquoi le parti a subi un recul politique monstrueux durant les élections kartvéliennes de Novembre 2013. Deux factions réussissent à s'imposer dans le débat idéologique qui déchire le PCK : la faction réformiste (partisane d'un syncrétisme idéologique entre certains apports de l'anarchisme estalien, une conservation de certains dogmes eurycommunistes, bien souvent considérés comme proches idéologiquement du PEV velsnien avec l'établissement d'une démocratie communiste, un centralisme démocratique, un certain souverainisme de gauche) dirigée par Adrian Sokulis ; et une faction radicale dite husakiste (partisane de l'adoption complète de l'husakisme sous une forme adaptée aux réalités kartvéliennes, une adaptation nommée le Kartvéïsme) dirigée par Nikoloz Volka. Dans les faits, si les deux factions dominent largement le PCK en Estalie comme en Kartvélie, la faction radicale est largement avantagée : mieux financée, plus cohérente, avec une base de soutien plus large et disposant déjà de soutiens dans l'industrie de la défense estalienne afin d'armer ses cellules en Kartvélie, les radicaux ont un net avantage sur leurs concurrents réformistes. La faction radicale compte surtout sur le soutien du SRR qui finance, arme et organise en sous-main la faction qui se veut radicalement pro-estalienne et accepte en partie la tutelle estalienne que la faction voit comme naturelle : la Maison de la Révolution guide les pas de leurs enfants. Les réformistes, eux, y préfèrent davantage une relation d'égal à égal avec leurs confrères estaliens, estimant avoir besoin de leur aide dans un premier temps mais souhaitant malgré une indépendance concrète de la Kartvélie face à l'Estalie : deux Révolutions, deux pays, deux alliés.

Cet ensemble de facteurs entraîne la crise politique de Décembre 2013. Les services de renseignements kartvéliens, après une descente dans la capitale dans une réunion du PCK, réussit à mettre la main sur des documents prouvant la réorientation globale du parti en faveur de l'husakisme et arrivent à documenter de manière claire la perte de direction du secrétariat du PCK sur ses troupes qui prennent leurs ordres non plus après de la direction officielle du parti mais auprès du QG exilé du PCK, à Mistohir. Il est prouvé que le PCK est donc passé sous le giron de l'étranger et en peu de temps, le PCK est dissout par la force le 3 Décembre 2014. S'ensuit des manifestations immenses qui mobilisent d'abord 600 000 manifestants dans toutes les grandes villes du pays, dénonçant l'autoritarisme du gouvernement et l'illégalité antidémocratique dont les identitaires font preuve. La situation s'aggrave de jour en jour : le nombre de manifestations augmente chaque jour, les ronds-points sont investis, certaines rues sont barricadés et deviennent inaccessibles pour les forces de l'ordre et à partir du 14 décembre, des premières émeutes éclatent dans les villes méridionales du pays. En réaction, c'est la police antiémeute qui est envoyée pour réprimander les manifestations et rétablir l'ordre public. Les réseaux sociaux exposent au grand jour les bavures policières, accentuant davantage la contestation de masse qui sévit dans le pays. Les manifestations se poursuivent en masse durant le mois de décembre, avec une brève accalmie durant Noël avant de reprendre soudainement le jour suivant.

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En janvier 2015, le début de l'année s'annonce mal pour la Kartvélie. La croissance est mauvaise, les rapports économiques deviennent alarmants, la corruption s'expose au grand jour dans tout le monde économique et en quelques semaines, c'est de nombreuses têtes qui tombent dans les médias : journalistes, hommes d'affaires, députés, patrons, maires. C'est une véritable hémorragie qui se déclenche dans l'élite libérale et républicaine de droite kartvélienne, les scandales tombent les uns après les autres, l'exil est privilégié et la contestation même à droite commence à se faire sentir. Après plusieurs semaines d'hiver à manifester contre la dissolution du PCK, les objectifs et les revendications des manifestations s'élargissent au fur à mesure que la situation se dégrade : démission de Machabeli (Présidente de la République), convocation de nouvelles élections, réécriture de la Constitution, désarmement de la police, accords de libre-échange avec l'Estalie, reconnaissance des langues minoritaires. Les revendications sociales et politiques deviennent nombreuses mais tombent dans l'oreille sourde du gouvernement qui refuse d'effectuer la moindre concession. Et pour cause : le gouvernement ne veut pas s'aliéner l'extrême droite, son dernier soutien politique contre la vague rouge, en acceptant les conditions des manifestations réputées à gauche. Ainsi, lorsque la tribune populaire organisée par les manifestants à Tbilgorod sera dispersé par la police le 10 Janvier 2015, le mouvement prend de l'ampleur.

En sous-main, le SRR fait absolument tout pour attiser les tensions sociales et mobilise son réseau clandestin. La jeunesse rejoint les manifestants le lendemain de la tribune, les universités sont bloquées, le système éducatif est paralysé. Les syndicats d'ouvriers sont également mobilisés, le signal de grève est donné aux noyaux durs fidèles aux Estaliens. Rapidement, c'est la majorité de l'économie kartvélienne qui est paralysée : transport ferroviaire, industrie, logistique, transport routier. Les tenants de la société capitaliste s'effondrent comme un château de cartes : les entreprises kartvéliennes, alors déjà mal au point dû à des performances plus que mauvaises depuis plusieurs trimestres, subissent le coup de grâce. Les actionnaires fuient les entreprises kartvéliennes comme la peste, la réinjection de capitaux pour maintenir l'illusion devient impossible et faute de capitaux ou tout simplement d'activité, les entreprises kartvéliennes commencent à faire faillite les unes après les autres. Le système économique délabré entraîne une vague de chômage sans précédent et en peu de temps, l'effet domino s'étend aux chômeurs et aux licenciés qui, faute de travail, cherchent une solution dans la transformation du système économique et politique.

La Révolution Brune :

Ambiance

Le coup de grâce pour la Kartvélie et son gouvernement républicain se déroule le 1er Février 2015. Les émeutes commençant à se rapprocher de plus en plus du centre-ville de Tbilgorod et des bâtiments gouvernementaux principaux, et sous l'impulsion du parti du Réveil Kartvélien allié au gouvernement, le Premier Ministre identitaire décide de faire voter la loi martiale à l'Assemblée nationale kartvélienne. L'annonce du vote sur le situ de l'Assemblée, prévue pour le 3 Février, créait un éclat de colère populaire à la fois chez les manifestants mais aussi auprès de la majorité silencieuse : la loi martiale ? L'armée ? Le gouvernement était réduit à faire appel aux militaires pour se maintenir au pouvoir, comme dans les pires dictatures qui puissent exister en Eurysie. La dernière illusion de démocratie kartvélienne était parti en éclats. Le 2 Février, les manifestations s'accentuent davantage et après une percée des manifestants dans le centre-ville, la police de Tbilgorod est autorisée à faire usage des armes à feu. La journée se transforme rapidement en bain de sang chez les manifestants : 78 morts et 14 blessés sont à déplorer contre quelques blessés légers du côté manifestant. La période entre l'annonce du vote de la loi martiale et son vote effectif, nommée les Sanglantes 48 Heures, voit l'apparition de fusillades dans les rues kartvéliennes. Autant de la part des policiers, faisant usage de leurs armes à feu, mais aussi de la part des rebelles qui commencent enfin à sortir de leur cachette. La faction radicale du PCK avait enfin décidé de passer à l'action sur le plan paramilitaire et avec le soutien matériel estalien, des cellules clandestines armées commencent à prendre forme et à établir un terreau fertile de recrutement parmi la jeunesse d'une part puis au sein du corps contestataire des manifestations, outrée par l'autoritarisme gouvernemental et prêts à envisager la solution armée. Les fusillades éclatent, des échanges de tirs sont à déplorer entre policiers et rebelles, certaines rues deviennent de véritables champs de tirs à ciel ouvert. Au total, ces 48 heures engendrent plusieurs centaines de victimes dans les deux camps, choque l'opinion publique et forcera même la Commission aux Relations Extérieures à menacer le gouvernement républicain d'invasion militaire s'il ne revenait pas sur sa décision.

Le Premier Ministre refuse la demande estalienne et maintient le vote. Au 3 Février, la moitié de l'assemblée boycotte le vote tandis que le reste, fidèles au gouvernement, votent en faveur de la loi martiale. Dans l'heure qui suit, le Premier Ministre informe le général en chef des armées kartvéliennes Husik Dzhugashvili qu'il a désormais la charge d'exercer la force pour maintenir l'ordre public au sein de la République, ayant le droit d'user de tous les moyens à sa disposition pour rétablir l'ordre. Des informations similaires sont envoyées à ses subordonnés mais en peu de temps, l'horreur s'empare du gouvernement quand il se rend compte que l'Estalie a placé ses pions et a miné la réactivité de l'armée kartvélienne. Sur l'ensemble de l'armée kartvélienne, alors composée de 60 000 hommes, seulement un tiers répond à l'appel gouvernemental et s'annonce prête à combattre soit environ 20 000 hommes. Le reste de l'armée kartvélienne refuse explicitement ou ne répond juste pas aux ordres : c'est soit la mutinerie, soit la désertion qui touche les deux tiers restants de l'armée kartvélienne. Les forces spéciales ne répondent plus, les communications radios démontrent qu'un grand nombre d'effectifs situés dans le Saïdan, la partie la plus endurcie de l'armée kartvélienne, ont quittés la région, le 1e Régiment d'Infanterie ne répond plus également. La cavalerie frontalière kartvélienne s'inquiète à son tour, elle signale des mouvements mécanisés et blindés massifs à la frontière, obligeant les troupes loyales du gouvernement à rester à la frontière pour parer à une offensive estalienne. La loi martiale n'est dans les faits pas instaurée, l'armée kartvélienne ne répond juste plus aux ordres. Le 4 Février, l'agonie du système militaire kartvélien se concrétise : le service logistique des unités loyalistes désertent en masse, les communications sont coupées, les voies ferrées menant à Tbilgorod sont coupées, l'armée kartvélienne est paralysée et les avions sont cloués au sol par la disparition des équipes de maintenance ayant quittés leur poste. C'est le moment d'achever Tbilgorod, annonce le SRR à ses agents.

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Le 5 Février, dans la matinée, les forces spéciales de la SSTG, à la surprise de tous, débarquent dans la capitale de Tbilgorod (dans les faits, l'Armée Rouge estalienne avait prêté ses moyens héliportés aux mutins kartvéliens, conscients de la suppression de l'armée de l'air kartvélienne et de l'absence de DCA dans le pays) et s'emparent des points stratégiques de la capitale. La SSTG, en peu de temps, écrase les forces de police présentes qui se rendent en masse pour la plupart, ne laissant plus que les quelques centaines de militaires loyalistes et de paramilitaires d'extrême droite formés à la hâte après les fusillades des 48 Heures pour défendre le noyau du pouvoir gouvernemental qui est quasiment assiégé. Vers 23 heures, alors les tirs continuent se fuser entre loyalistes et révolutionnaires dans les rues de la capitale, la frontière est franchie par la 2ème Brigade Blindée "Teney" de l'Armée Rouge. Le bombardement de l'artillerie et de l'aviation sur les garnisons loyalistes est féroce et profitant de l'effet de surprise et de la nuit, une percée des blindés estaliens est réalisée au coeur du dispositif de la cavalerie kartvélienne. Incapable de réagir, les armureries étant pour certainement à moitié vides à cause du trafic d'armes illicite au sein de l'armée, une partie des soldats loyalistes ne peuvent même pas s'équiper dans l'immédiat. Vers 3 heures, le 1e Régiment d'Infanterie prend en tenailles les unités de cavalerie loyalistes qui se rendent en masse, le moral ayant été oblitéré sous les obus estaliens et l'encerclement des troupes mutines kartvéliennes. Vers 5 heures, à l'aube, alors les colonnes blindées de 2ème chevauchent les routes kartvéliennes en direction de la capitale sans rencontrer de grande résistance, des avions de largage se dévoilent à l'horizon de la capitale. En peu de temps, ce sont 200 hommes du Groupe RIR des forces spéciales estaliennes qui sont parachutées au-dessus de la capitale. En cinq heures, les forces spéciales kartvéliennes et estaliennes prennent d'assaut le bastion loyaliste au cœur de la capitale. La résistance loyaliste reste féroce. Il faut attendre 11 heures pour que les premiers chars estaliens entrent dans la capitale avec une chevauchée sans interruption. Ces chars n'ont certes presque plus de carburant et ne comptent que quelques obus restants mais leur simple présence fait fuir en partie les paramilitaires, brisent le moral des loyalistes alors coupés de toute communication et croyant alors que le pays est tombé sous le joug estalien en quelques heures. C'est sous les chenilles des blindés estaliens que les dernières barricades des loyalistes se brisent et après quelques combats de couloirs, les bâtiments gouvernementaux tombent entre les mains des révolutionnaires, le drapeau rouge et noir est dressé sur le toit de l'Assemblée nationale tandis que le drapeau républicain est coupé de son cordon en direct. Vers midi, les combats cessent officiellement dans la capitale alors que les troupes estaliennes et kartvéliennes fraternisent avec la population. Le gouvernement kartvélien réussit à fuir in extremis à Apakidz, tout à l'ouest du pays, mais son autorité est si délabrée qu'elle ne s'étend plus nulle part en dehors du centre-ville de la ville occidentale d'un demi-million d'habitants. La République de Kartvélie vient de disparaître.

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Epuration :



"Delta-2, ici Victor-6. Rapport de situation, à vous.
- Victor-6, ici Delta-2. Nous sommes coincés à Grid 3251, bâtiment cible, étage supérieur. Ennemi lourdement armé, positions renforcées, demande de soutien immédiat, à vous !
- Delta-2, tenez vos positions. Echo-4, rapportez votre statut, à vous.
- Victor-6, ici Echo-4. Nous subissons des tirs soutenus depuis Grid 3248, zone d'entrepôt. Bordel, leur mitrailleuse lourde nous cloue au sol, demande d'artillerie ou de fumigènes pour extraction ! Je répète, demande d'urgente d'appui, à vous !

Des explosions et des bruits de tirs automatiques s'entendent à travers la radio, suivis de cris étouffés.
- Victor-6, ici Sierra-3. Observation visuelle confirmée : renforts ennemis en approche par les quartiers ouest de Vardani. Deux véhicules utilitaires armés, position Grid 3270. Je recommande repositionnement immédiat, à vous.
- Reçu, Sierra-3. Delta-2, vous avez un visuel sur les véhicules ? A vous.
- Victor-6 négatif ! Contact direct avec l'ennemi au point d'entrée, on est submergés, besoin de renforts immédiats ! Vlan, baisse toi ! Homme à terre, homme à terre !
- Tenez bon, Delta-2. Echo-4, manoeuvre de contournement sur Grid 3250 pour dégager Delta-2. Sierra-3, identifiez les véhicules ennemis et guidez l'appui aérien. ETA dans trois minutes, tenez vos positions, terminé.
-Victor-6, négatif, on tiendra pas trois minutes. Grenade, couchez-vous !
- Delta-2, répondez, à vous !
- Victor-6, ici Sierra-3. Visuel sur explosion massive dans Grid 3251. Delta-2 est silencieux. Véhicules ennemis en position avancée. Appui aérien doit agir maintenant, à vous.
- Reçu cinq sur cinq, Sierra-3, accélération CAS, feu à volonté sur Grid 3251. Echo-4, préparez-vous pour récupération. Delta-2, si vous recevez, accrochez-vous. Nous venons vous chercher. Out.
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Comme dans certaines grandes villes kartvéliennes, ces Estaliens devaient lutter contre les poches de résistance loyalistes dans des villes comme Vardani. En effet, les suites de la Révolution Brune n'ont pas étés de tout repos que ce soit pour les révolutionnaires kartvéliens ou pour leurs libérateurs estaliens. A la surprise des observateurs estaliens, la Révolution Brune ne prenait pas dans l'immédiat le même tournant que la Révolution de Novembre : le consensus si naturel de l'abolition de la monarchie en Estalie en 2013 n'avait rien à voir avec les aspirations populaires des Kartvéliens en 2015. Force était de constater que contrairement à la Révolution de Novembre, la réaction était là, plus forte que jamais et celle-ci se montrait réticente à partager le même territoire que les révolutionnaires. Après le 5 Février et la chute définitive de la République, l'absence d'autorité gouvernementale avait entraîné l'anarchie sur l'ensemble du territoire kartvélien. A l'ouest et au centre du pays, des seigneurs de guerre et d'autres gouvernements prétendants ont su tirer avantage de ce chaos pour se forger des principautés sur les ruines de la Kartvélie. Néanmoins, pour ce qui était des villes dominées par les révolutionnaires et des territoires rapidement tombés sous la mainmise des groupes paramilitaires fidèles au PCK (et essentiellement aux radicaux) ou des troupes de l'ancienne armée républicaine ralliée à la cause dans le feu de l'action, il restait encore à faire. Ce qui restait de loyalistes qui n'avait pas été oblitéré à la frontière par l'armée estalienne avait pu trouver refuge dans la campagne plus au nord. La guérilla loyaliste restait globalement désorganisée, l'état-major de l'armée ayant rejoint les rangs révolutionnaires ou ayant été coupée avant d'avoir pu réagir efficacement à la Révolution et à l'incursion estalienne sur son sol. Les unités de guérilla des loyalistes étaient donc désorganisées, dirigés par des chefs locaux et des sous-officiers peu destinés au grand commandement. Le népotisme et l'incompétence régnait dans ces milices improvisées mais malgré tout, certains groupes loyalistes doublaient d'ingéniosité pour compromettre le contrôle effectif des révolutionnaires sur le territoire.

En dehors de Tbilgorod, les grandes villes sous contrôle révolutionnaire comme Vardani, Arashvili ou Askhurdia étaient en proie à une véritable guerre civile interne. Rapidement, dès le 6, le centre-ville et plusieurs quartiers populaires de Vardani sont pris par les restes d'une compagnie du 1e Régiment de Chasseurs Kartvéliens. Leurs dépôts ayant étés bombardés durant la percée estalienne par l'Armée de l'Air Rouge, ces derniers ne disposaient plus que de quelques véhicules utilitaires, des véhicules civils et quelques mitrailleuses lourdes et de bien trop rares lance-roquettes, seul salut de leur âme face aux blindés estaliens. Immédiatement après la prise des points stratégiques de la ville, les loyalistes ont dressés des barricades dans toute la ville et ont commencés à échanger des tirs soutenus avec les paramilitaires radicaux du PCK. Rapidement, les cellules armées du PCK ne faisant clairement pas le poids face aux soldats endurcis de l'ancienne armée kartvélienne, celles-ci lancent un appel au secours aux Estaliens. Le lendemain, la 2ème Brigade Blindée quitte Tbilgorod (qui est bien le seul endroit où la Révolution semble s'être implanté avec succès sans résistance ultérieure) pour Vardani. Sur la route entre les deux villes, les convois blindés estaliens sont pris en embuscade par quelques miliciens d'extrême droite. Le blindage Cobham des chars sauve ces derniers des quelques roquettes tirées à leur encontre et la rase campagne permet aux chars de déployer leur puissance de feu grâce aux indications de la reconnaissance qui écrase sans mal la poignée de miliciens qui ont stoppés l'avancée de la brigade. Le 8, les premiers contingents de la brigade entrent dans la ville. Soutenus par les transports de troupes et leur blindage, les fantassins estaliens avancent par échelon dans les rues de la ville sous les coups de feu réguliers des loyalistes. Si les Estaliens reprennent un à un les quartiers loyalistes au prix de pertes légères, les loyalistes réussissent à effectuer plusieurs coups de mains et à contre-attaquer sur plusieurs points lorsque les Estaliens commencent à investir le centre-ville, ce qui force les troupes au sol à demander le soutien de l'artillerie. La 2ème Escadre d'Attaque doit faire des heures supplémentaires pour appuyer les troupes au sol et raser certains bâtiments faute de pouvoir les prendre sans pertes. Vardani ne sera pacifiée que le 11 Février et continura même après la victoire estalienne dans la ville à subir régulièrement des fusillades contre les unités de l'armée kartvélienne sensés maintenir l'ordre après le passage estalien. En effet, la 2ème Brigade doit intervenir le 12 contre une insurrection similaire de membres de la Rache à Arashvili, obligeant les Estaliens à employer des bombes à charge pénétrante sur des bâtiments emblématiques de la ville afin d'en déloger les terroristes de la Rache (au moins, l'industrie de la défense estalienne sera contente de savoir que leurs bombes fonctionnent à merveille). Il faudra attendre le 14 pour que les terroristes de la Rache fuient la ville, profitant d'un assaut nocturne qui leur sera coûteux en hommes par ailleurs, pour se volatiliser dans la campagne environnante. Le jour même, le centre-ville d'Askhurdia tombe entre les mains d'une coalition hétéroclite d'anciens militaires kartvéliens, de terroristes kartvéliens de la Rache et de façon plus surprenante des derniers débris de ce qui était le FLS (Front de Libération Skoviliosnovite), cette organisation terroriste estalienne conservatrice établie au lendemain de la Révolution de Novembre et qui avait provoqué un attentat meurtrier à Mistohir provoquant la mort de près de 900 personnes. Les débris du FLS, largement minés par les purges post-Révolution et par la traque persistante du SRR, s'étaient donc réfugiés en Kartvélie, leur nouvelle terre d'accueil contre l'anarchisme qui émanait dans leur nation. Cette fois-ci, la récupération de la ville était donc plus délicate : le FLS, aussi affaibli qu'il était, connaissait assez bien les tactiques de leurs confrères et étaient donc en capacité de conseiller activement les loyalistes et les extrémistes kartvéliens dont l'objectif restait commun : expulser les Estaliens et les révolutionnaires du sol sacré de la Patrie. Le 15, lorsque les premiers éléments combinés de la 2ème Brigade Blindée "Teney" et la 3ème Brigade Mécanisée "Krovi" entrent dans les faubourgs de la ville, les équipes de l'avant-garde sont pris pour cible par des EEI. Les véhicules estaliens, pour la plupart mal équipés contre les explosifs artisanaux, sont immobilisés et en peu de temps, c'est la panique dans l'infanterie estalienne. Les terroristes en profitent pour mener de larges embuscades à l'arme lourde sur les fantassins démunis de couverture. L'avant-garde estalienne est donc tout bonnement écrasée et forcée de reculer. En réaction, l'aviation et surtout l'artillerie estalienne vont sévèrement bombarder la ville pendant deux jours consécutifs entre le 15 et le 17 avant que les chars estaliens tentent de mener une nouvelle percée au sein du dispositif adverse.

Le 18, l'état-major estalien comprend qu'il ne pourra pas reprendre la ville aussi aisément que les villes précédentes et allait devoir progresser plus méthodiquement si elle souhaitait reprendre la ville avec le moins de pertes possibles. Rapidement, la ville est divisée en secteurs de déploiement entre les deux brigades, celles-ci menant des assauts conjoints entre l'ouest et l'est de la ville afin de prendre en tenailles les forces terroristes et affaiblir leur capacité de réaction aux offensives des colonnes mécanisées estaliennes ; l'état-major commence à faire usage des unités du génie en créant des brèches dans les pâtés de maisons à l'explosif afin de contourner les barricades et les défenses ennemies et d'y faire passer des hommes et des véhicules chenillés. Dans la nuit du 17 au 18, plusieurs escouades du RIR sont déployées par voie héliportée dans le centre-ville et s'emparent rapidement de l'ancienne mairie qui sert alors de centre de commandement et de cache d'armes principale des terroristes. Les gradés y sont éliminés et la mairie est rasée à l'explosif de destruction par le RIR qui s'exfiltre peu après sous les tirs ennemis, la réaction terroriste ayant été bloquée par le bombardement de l'aviation qui bombarda les intersections proches avec des bombes à guidage infrarouge afin de bloquer les véhicules tandis que l'artillerie a utilisé des obus fumigènes autour de la zone de déploiement des opérateurs afin de les couvrir des tirs ennemis. Peu après dans la journée du 18, les Estaliens prennent la place David II, la principale place publique de la ville, après qu'une bombe de l'aviation ait touché la cache d'armes située dans le réseau de tranchées improvisées des terroristes en plein cœur, l'explosion désoriente les défenseurs et en tue plusieurs, ce qui permet aux équipes d'infanterie estaliennes de monter à l'assaut et de prendre la place avec des pertes minimes. Néanmoins, malgré ces revers et la désorganisation qui s'ensuit dans les rangs terroristes, la résistance reste féroce : les tireurs embusqués profitent des ruelles étroites pour immobiliser les unités à pied estaliennes qui subissent des pertes et sont forcées de reculer et d'attendre le soutien lourd pour avancer. Le 19, de petits groupes du FLS réussissent à passer à travers le dispositif de l'Armée Rouge et prennent en embuscade un convoi logistique dans les faubourgs de la ville. Malgré un soutien de l'aviation, les membres du convoi sont forcées d'abandonner le matériel sur place et de se replier, le matériel étant ensuite détruit par l'artillerie qui rase la zone. Le 20, le centre-ville est atteint par les forces estaliennes qui encerclent les derniers bâtiments publics aux mains des terroristes. Dans la nuit du 20 au 21, ce qui reste des forces terroristes tentent une percée à l'est contre la 2ème Brigade qui est certes surprise initialement mais qui se ressaisit, emploie toutes ses réserves et après un combat bref mais sanglant, écrase la tentative terroriste de briser l'encerclement. Les combats s'achèvent vers midi lorsque les survivants sont massacrés dans la bâtiment central des finances publiques, dernier bastion ennemi qui sera impitoyablement bombardé jusqu'à ses fondations.

Les combats pour récupérer les zones urbaines kartvéliennes n'a pas été de tout repos pour l'Armée Rouge ni pour leurs alliés du PCK, on comptabilisait en effet au moins une centaine de morts du côté estalien ainsi qu'environ 200 blessés, la quasi-totalité de ces pertes ayant étés subies après le 5 Février. Les combats démontrent que l'Armée Rouge, si elle n'a eu aucun mal à écraser l'armée loyaliste en rase campagne, manque encore d'expérience en ce qui concerne le combat urbain. Les EEI ont particulièrement désorganisés les assauts estaliens dû à des véhicules blindés (support principal des fantassins au combat) peu adaptés à résister à ces explosifs artisanaux (on constate notamment une perforation récurrente du plancher des véhicules visiblement pas assez épais). Les combats en eux-mêmes ont au fond étés peu meurtriers pour l'infanterie, ce sont vraiment les explosifs qui ont étés la première source de mortalité. L'appui intensif de l'artillerie ou de l'aviation démontrent aussi les lacunes des assauts méthodiques de l'infanterie et des véhicules légers. Enfin, le manque d'adaptabilité stratégique a conduit à une faible réactivité, entraînant des pertes inutiles, notamment dans les unités d'avant-garde. Les pertes kartvéliennes du PCK restent lourdes de leur côté : au moins 200 morts et 300 blessés selon les estimations. Les loyalistes et les terroristes ont perdus plusieurs centaines d'hommes d'après les estimations estaliennes, au-delà de 500 morts dans leurs rangs. Enfin, on compte 135 civils tués au cours des opérations, plusieurs centaines de blessés et plusieurs milliers de sinistrés.

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Si les villes ont pu être reprises, les combats ne s'arrêteront pas pour autant. La plupart des survivants de ces affrontements ont pu se volatiliser dans la campagne et rejoindre le Saïdan, ce massif montagneux situé dans la partie méridionale de la Kartvélie et qui était déjà sujet d'affrontements armés violents entre l'armée républicaine et la Rache avant la Révolution. Maintenant que l'Estalie doit prendre les affaires militaires locales en main pour pacifier le pays, elle va devoir faire ce que la Kartvélie avait dû gérer en son temps : s'engager dans le bourbier du Saïdan.

Un gouvernement populaire :

Tandis que les Estaliens mènent la pacification militaire des villes et que les grandes villes kartvéliennes sont sujets à des affrontements militaires intenses, on ne reste pas inactifs à la capitale, désormais sécurisée. En effet, maintenant que le gouvernement kartvélien s'était effondré et la République avec, il était temps de forger l'avenir. Ainsi, Nikoloz Volka tenta dans un premier temps de suivre le même déroulement que Husak, le Président de l'Estalie, en 2013 en cherchant à dissoudre le PCK afin de pouvoir créer une structure politique anarchiste qui serait indépendante des stigmates du parti en lui-même et ainsi éviter le factionnalisme du parti dans la création de la future Fédération. Cependant, le contexte n'était pas le même et si le PPE estalien avait pu être dissout après de vives négociations, le PCK n'allait pas se dissoudre aussi facilement. A part Volka, les radicaux (certes majoritaires) et ses soutiens du Mouvement Eurysien en Estalie, le reste du PCK refusait la dissolution du parti. Le secrétariat général, dirigé par Ramaz Nemsadze,, refusait tout bonnement de participer à la dissolution du parti ; les réformistes dirigés par Adrian Sokulis menaçaient de prendre les armes si le parti était dissout. Seule structure de pouvoir cohérent, même si miné par le factionnalisme ambiant entre conservateurs, radicaux et réformistes, le PCK survivait tant bien que mal.

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A partir du 9 Février, Volka annonce à l'ancienne Assemblée nationale la constitution d'un gouvernement provisoire, le gouvernement de l'Assemblée (surnommée ainsi par son siège située à l'Assemblée nationale). Or, rapidement, le gouvernement de l'Assemblée est dénoncé par Sokulis qui pointe l'absence complète de représentation politique au sein de ce gouvernement : c'est un comite exécutif qui a de facto tous les pouvoirs et qui est composé exclusivement de radicaux. En réaction, Sokulis forme un contre-gouvernement le 11 Février à l'Opéra National de Kartvélie, surnommé le gouvernement de l'Opéra ; les conservateurs restent spectateurs de la scène, incapables de s'opposer au bipatrisme entre les deux gouvernements. Rapidement, les deux milices des deux gouvernements s'affrontent dans les rues de Tbilgorod et des échanges de tirs s'effectuent entre Kartvéliens dans les rues de la capitale. Le pays est à deux doigts de frôler la guerre civile. Finalement, le 13, après que les affrontements engendrent une centaine de morts des deux côtés, l'armée kartvélienne réagit sous les pressions du gouvernement estalien et force les deux milices à se désarmer. La situation réussit à se désescalader et la Commission aux Relations Extérieures estalien réussit à mettre en place des négociations bilatérales entre les deux gouvernements le 15. Un accord est trouvé le lendemain entre les deux parties : le PCK est dissout, un gouvernement provisoire bipartisan est mis en place représentant à égalité radicaux et réformistes, les deux parties se mettent d'accord pour la mise en place d'un pays sous structure fédérale.

De là, la situation s'améliore quelque peu d'un point de vue politique. Certes sous la contrainte estalienne (et sous la menace d'un Coup d'Etat militaire de l'armée kartvélienne qui commence à perdre patience face aux tergiversations politiques), ce gouvernement se réunit en Comité Exécutif d'Etat qui proclame le 17 Février la Fédération des Communes de Kartvélie dans une déclaration bilatérale en direct à l'Assemblée nationale. L'autogestion des communes es soutenue et rapidement, la population kartvélienne s'organise elle-même sous forme de communes autogérées, le Comité Exécutif d'Etat autorisant l'autogestion totale des communes le temps que le gouvernement central puisse organiser correctement les structures fédérales. Dans la foulée de la déclaration de la Fédération, trois institutions voient le jour. La première, c'est le Comité de Reconstruction qui regroupe dans les faits l'ensemble des fonctionnaires publics de l'ancien gouvernement qui n'ont pas fuis (et qui ont rapidement étés amnistiés par le Comité Exécutif) et qui constitue la pierre angulaire de la reconstruction du pays, c'est ce comité qui gère provisoirement l'ensemble des structures étatiques d'avant la Révolution et cherche à les réemployer afin de les adapter à la société socialiste qui sera mise en place en Kartvélie. La deuxième institution est le Conseil de la Reconstruction, cette fois-ci une réunion gouvernementale exclusivement estalienne qui a été imposé par Mistohir afin de guider les instances kartvéliennes afin de reconstruire rapidement le pays et s'assurer que les institutions kartvéliennes puissent fonctionner (officieusement, ce Conseil dirige de facto les institutions actuelles, son pouvoir d'imposition de ses "recommandations" équivaut à la capacité de l'armée estalienne ou du SRR à réprimer ce qui ne va pas dans son sens). Enfin, on retrouve la Chambre des Négociations, une réunion bilatérale entre exécutants du gouvernement kartvélien et ceux du gouvernement estalien, rattaché donc au Conseil de la Reconstruction, et qui est chargé d'établir les accords bilatéraux de coopération entre les deux nations afin que l'Estalie puisse soutenir matériellement la reconstruction et puisse favoriser la coopération sur tous les aspects politiques avec son voisin nouvellement acquis à la Révolution.
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Une technocratie en démocratie :

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Cela faisait plus d'une semaine que les derniers nuages de fumée provoqués par la Révolution Brune avaient pu retomber au sol et que les dernières victimes malheureuses du factionnalisme entre les anciennes factions du PCK étaient tombés dans les rues de la capitale et malgré l'intervention conjointe de l'armée estalienne et kartvélienne pour forcer le monde politique au compromis, la situation n'avançait qu'assez peu dans les faits. Le Comité Exécutif d'Etat, pourtant l'organe exécutif quasi-suprême de la Fédération en ces temps de crise, était tout bonnement impuissant du fait de l'opposition interne au sein du Comité. Dans la semaine qui a suivi la formation du comité par les réformistes et les radicaux, si un plan de redécoupage des communes de la Fédération avait pu enfin être dessiné (même si les frontières de ces communes étaient en grande partie reprises sur les frontières des circonscriptions déjà présentes sous la République), les mesures du comité s'arrêtent là. Rien que sur la nature même du régime, le comité n'arrive à trouver aucun accord acceptable. Le rôle du Président se veut symbolique chez les radicaux tandis que les réformistes préconisent un rôle présidentiel plus centralisateur et nommant le chef du gouvernement exécutif. Les radicaux veulent décentraliser le modèle législatif en créant des assemblées communales sur le même modèle que les assemblées communales estaliennes là où les réformistes veulent former une seule et même assemblée nationale avec un député par commune. Les radicaux veulent la mise en place d'un règlement constitutionnel facilement modulable sur le modèle de l'OMT estalien là où les réformistes veulent établir une Constitution. Les radicaux veulent décentraliser le commandement militaire et former une armée beaucoup plus communale entretenues par les communes et dirigées par des officiers fédéraux là où les réformistes souhaitent une armée unitaire commandée exclusivement par l'Etat fédéral. Les radicaux veulent une police citoyenne communale là où les réformistes souhaitent une police uniquement fédérale et centralisée sous le contrôle d'un seul et même ministère. Même sur le simple fonctionnement du gouvernement, entre le modèle ministériel et le modèle commissionnaire, les deux factions ne sont pas d'accord.

Cela faisait presque une semaine que les deux factions se tordaient dans le débat public et force est de constater que la lassitude du grand public d'une part mais surtout les craintes de nouveaux affrontements entre les deux factions oblige d'autres acteurs à sortir de leur droit de réserve pour débloquer la situation. En effet, suite à un rapport du Conseil de la Reconstruction, celui-ci a estimé que le blocage politique actuellement en place dans l'exécutif kartvélien risquait à terme de provoquer ni plus ni moins que la guerre civile entre radicaux et réformistes, le Conseil statuant que selon des sources dans plusieurs communes autogérées que des milices autant radicales que réformistes se sont déjà formées en prévision de ce futur affrontement entre les deux forces politiques, avec un net avantage chez les radicaux malgré tout qui disposent du prestige de la Révolution, du soutien en armes du secteur de la défense estalien et de l'encadrement des agents kartvéliens du SRR. En conclusion, le rapport estime que le plus habile serait de confier temporairement les pouvoirs au Comité de Reconstruction sous la forme d'un gouvernement technocratique et sous la supervision du Conseil de la Reconstruction en sous-main pour s'assurer de la bonne gestion de ce remaniement. Ce rapport, initialement destiné uniquement à la Commission aux Relations Extérieures, a été volontairement exposé à une fuite par le SRR qui a clandestinement fait diffuser le rapport du Conseil aux médias estaliens et kartvéliens. La réaction du public ne s'est pas fait attendre : dès le 24 Février, des manifestations massives éclatent dans tout le pays, demandant explicitement la délégation des pouvoirs du Comité Exécutif d'Etat au Comité de la Reconstruction.

Nikoloz Volka, lassé par l'embourbement politique du Comité Exécutif d'Etat et sachant fort bien que la population est juste lassée par l'instabilité politique chronique et demande donc de la sécurité et de la stabilité avant de demander de la démocratie, décide de récupérer le mouvement et fraternise avec le mouvement contestataire de masse dans les villes kartvéliennes. Les réformistes, défavorables initialement à un gouvernement technocratique qu'ils estiment purement antidémocratiques, sont obligés de céder sous la pression de Volka qui exige la mise en place d'un référendum qui devra légitimer la gouvernance du Comité de la Reconstruction temporairement. Le référendum, organisé le 26 Février, est favorable à cette délégation des pouvoirs à 88% avec un taux d'abstention particulièrement bas, ce qui est assez étonnant compte tenu de la situation économique et politique désastreuse du pays. Le 27, le Comité de la Reconstruction est officiellement désignée comme le nouvel organe exécutif suprême du gouvernement de la Fédération, établissant de fait un gouvernement technocratique composé en grande majorité de hauts fonctionnaires de l'ancienne République, la plupart amnistiés dans le cadre de la création du dit comité. Cependant, les craintes politiques quant à l'honnêteté de ces anciens fonctionnaires républicains et donc possiblement contre-révolutionnaires força le Comité, sous la pression estalienne, à accepter que Volka soit nommé le lendemain en tant que Président du Comité, jouant simplement le garde-fou de la Fédération dans les décisions du comité en obtenant un droit de véto sur les décisions qui seraient jugées comme contre-révolutionnaires ou ne symbolisant pas le caractère révolutionnaire kartvélien.

Les défis immenses du Comité :

La Révolution Brune a paralysé en grande partie les infrastructures industrielles et logistiques du pays. Les usines, les chemins de fer, les centrales électriques et les infrastructures de manière générale ont étés endommagées durant les grandes grèves de Janvier et Février et les combats urbains dans les grandes villes suite à la chute de la République n'a pas arrangé la situation. En conséquence, la production industrielle kartvélienne a chuté de façon catastrophique ce qui a entraîné à sa suite une pénurie de biens essentiels. De ce fait, la Kartvélie est devenue très dépendante des importations estaliennes, la Kartvélie a un déficit commercial élevé et l'Estalie est forcée de subventionner les achats kartvéliens pour éviter la faillite immédiate des finances publiques kartvéliennes. Des pénuries chroniques de biens de consommation et de produits manufacturés sont à déplorer dans tout le secteur industriel, l'industrie ne peut plus effectuer son activité économique, faute d'outils et de capital pour relancer l'activité malgré la fin des grèves et le retour supposé des ouvriers au travail. Cette baisse d'activité, couplée à la disparition quasi-immédiate de la plupart des entreprises privées kartvéliennes après une Révolution qui se veut collectiviste et qui abolira donc à terme la propriété privée sur les moyens de production, le chômage de masse s'est installée en Kartvélie : près de 39% de la population active, majoritairement urbaine, se retrouve au chômage. L'agriculture devient la seule voie de salut pour les chômeurs kartvéliens : le manque d'outils mécaniques dans le secteur agricole a mené à un besoin accru en main d'oeuvre pour compenser l'absence de mécanisation déjà structurelle de l'agriculture kartvélienne. L'exode urbain vide donc de plus en plus les villes, faute d'opportunités économiques pour ses habitants. L'autogestion a mené par ailleurs à la collectivisation forcée et désorganisée dans la plupart des communes kartvéliennes. La production agricole a donc considérablement baissé de façon dramatique. Les anciennes élites terriennes ont étés expropriées mais les nouvelles coopératives qui ont succédés aux grandes exploitations de l'industrie agro-alimentaire sont pour la plupart inefficace faute de travailleurs agricoles bien formés et d'un manque évident d'équipements agricoles. En conséquence, certaines communes ont étés touchés par des famines localisées dues à la désorganisation des systèmes de distribution alimentaire, certaines communes ont dû abandonner le modèle des coopératives du fait de l'insatisfaction des paysans sur place et la Kartvélie survit au niveau alimentaire grâce aux aides alimentaires d'urgence organisées par les coopératives agricoles estaliennes. La Révolution a aussi entraîné un isolement économique important pour la Kartvélie. Tout d'abord, la perte de trois quarts du territoire a forcément mené à la rupture des lignes d'approvisionnement du commerce extérieur, les infrastructures actuelles sont coupées en deux pour certaines et sont connectées littéralement à rien, les lignes ferroviaires passant à l'ouest par exemple se dirigent vers des gares désaffectées ou contrôlées par des seigneurs de guerre ayant pris le contrôle des régions occidentales après la chute de la République. La plupart des partenaires commerciaux traditionnels de la Kartvélie, généralement des entreprises privées d'Eurysie centrale issus de pays capitalistes comme la Tcharnovie ou des pays de l'UEE ont simplement rompus leurs relations avec la nouvelle Fédération et la capacité d'exportation actuelle de la Kartvélie est inexistante du fait de l'effondrement de l'agriculture et de l'industrie. De ce fait, la balance commerciale kartvélienne est non seulement déficitaire mais elle s'aggrave de jour en jour au fur à mesure que la monnaie nationale kartvélienne, le lari, se dévalue. De ce fait, la Kartvélie repose l'intégralité de ses importations envers l'Estalie qui lui apporte toutes les importations critiques nécessaires (machines, carburant, médicaments, etc.). Le tout entraîne un cercle vicieux de pauvreté permanente et une érosion du pouvoir d'achat dû à l'impossibilité de financer des investissements par les revenus de l'exportation. Dès le 5 Février, le gouvernement avait tenté de massivement imprimer de la monnaie afin de relancer l'économie mais cette politique a surtout conduit à une hyperinflation galopante. Le lari est non seulement dévalué et affaibli mais surtout, il ne présente plus aucune confiance auprès des investisseurs étrangers comme nationaux et encore moins auprès des consommateurs eux-mêmes. Résultat : l'utilisation du troc mais aussi et surtout de l'unitas estalien se fait de plus en plus fréquente ce qui entraîne pour le gouvernement une instabilité économique croissante du fait de l'incapacité de planifier une quelconque politique économique utilisant le lari comme moyen de financement. La fermeture d'usines, l'effondrement des infrastructures et la désorganisation des secteurs économiques ont laissé des millions de Kartvéliens sans emploi. La surpopulation rurale se fait grandissante tandis que les cerveaux et le personnel qualifié fuit en Estalie, entraînant une baisse générale de la productivité exacerbée par le manque de main d'oeuvre qualifiée pour redresser la production.

Les défis économiques du Comité sont immenses et même si le Comité dispose de la légitimité démocratique du référendum de fin Février, les résultats du Comité devront être rapides pour le mois de Mars suivant, sinon il est probable que l'instabilité chronique de la politique post-révolutionnaire puisse définitivement mener le pays à la guerre civile.
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