YUTHIPISTA : Les débuts des premières poses des briques
Bidonville de Nahobori-Tcha."Mme Ahinas : la déléguée qui veut transformer Yuthipista"Par notre envoyé spécial à Nahobori-Tcha
Élue il y a moins de six mois, Mme Ahinas, la déléguée de la région de Yuthipista, semble déterminée à faire mentir les habitants d’autres régions, toujours choqués par son discours. Si son arrivée au pouvoir n’a pas été accueillie par tous, son mandat commence à laisser des traces visibles, même dans les quartiers les plus défavorisés, comme le tristement célèbre bidonville de Nahobori-Tcha, connu comme étant le bidonville le plus grand de cette région.
Dès le début de son mandat, elle avait promis de placer les citoyens de Yuthipista au cœur de ses préoccupations et de relever cette économie tant exploitée. Et, contre toute attente, ses promesses prennent vie. Le projet de construction de logements sociaux dans ce quartier marginalisé avance à un rythme surprenant. Là où, il y a encore quelques mois, s'entassaient des abris de fortune, des bâtiments modernes commencent à se dresser. "On y croit, maintenant", confie Amara, mère de trois enfants. "Ce n'est pas que des mots, ça bouge." De plus, les premiers débuts d’un hôpital en plein cœur du bidonville sont en train aussi d’être construits. Les petites cliniques, qui servaient à soigner, sont rachetées par la région et agrandies pour pouvoir accueillir plus de monde. Des maisons de jeunesse, des restaurants pas très loin de ce bidonville se construisent avec l’aide du budget de Yuthipista.
Mais l'action de Mme Ahinas ne se limite pas au logement. Un vaste plan d’éducation a également vu le jour. Dans ces zones délaissées, où la scolarité n’existe plus depuis longtemps alors qu’elle est gratuite pour les hommes, les écoles sont refaites toutes comme neuves et accueillent désormais des centaines d’enfants. Adji, une habitante d’un petit village du Nord, peut pour la première fois emmener sa fille à l’école. L’école lui interdisait cela, mais avec les nouvelles réglementations et le changement de directeur d’école (un pro-Shajit), cela change la donne. L’éducation gratuite et obligatoire à partir de 4 ans est une des mesures phares de la déléguée.
En parallèle, les infrastructures sont un autre chantier colossal. Routes, ponts et réseaux de communication sont en cours de modernisation. À Ora, la ville centre, un nouveau centre médical spécialisé est en construction, destiné à réduire la dépendance envers les hôpitaux des villes voisines. "C’est un pas vers l’indépendance", explique le Dr Mahou, chef de projet.
Cependant, tout n’est pas rose. Le combat pour l’autonomie de Yuthipista vis-à-vis de l’Empire reste au centre des débats. "Ils nous ont volé nos richesses et nous ont laissés dans la misère", avait martelé Mme Ahinas dans son discours. Aujourd'hui encore, ce message résonne, mais les défis politiques et économiques sont immenses. "L’Empire ne nous laissera pas partir si facilement", avertit un analyste local. En effet, pour lui, Yuthipista est une région trop riche et la perdre serait perdre des centaines de milliers de Dhurr.
Malgré tout, les premiers signes de changement sont visibles. Les personnes contre ce mandat restent nombreuses, mais certains commencent à changer d’avis. "Je ne croyais pas en elle", confie Daram, un commerçant de Nahobori-Tcha, qui a bénéficié de l’aide au commerçant des zones marginalisées. "Mais ce qu'elle fait ici, c'est la preuve qu'on peut avancer. Peut-être qu'on peut vraiment être libres un jour."
Mme Ahinas, elle, reste discrète sur ses réussites, se concentrant sur l’action. "Ce n’est que le début", a-t-elle récemment déclaré lors d’une visite dans un chantier. Et si ce début est déjà prometteur, l’avenir de Yuthipista pourrait bien s’écrire sous une lumière nouvelle. Bien sûr… sans l’Empire.
REPORTAGE : les enfants oubliés d'Anaran.
Ville d'Anaran.Anaran, ville de la région de Maqdur, est une ville qui semble suspendue dans le temps, figée entre son passé glorieux et un présent marqué par le chaos des milices locales qui souhaitent régner selon leurs lois. Cette région, annexée par l’Empire de Churaynn après des décennies de résistance, vit aujourd’hui dans l’ombre d’un pouvoir distant et d’un régime local impitoyable. Sa foi chiite en fait une province à part dans l’Empire, qui est majoritairement sunnite. Mais c’est aussi une région pauvre, isolée, et déchirée par des conflits incessants. Les enfants d’Anaran, livrés à eux-mêmes, sont aujourd’hui notre sujet de reportage. Car oui, depuis la guerre civile de 1999, cette région n’a pas su se reconstruire et erre dans cette pauvreté et cette tension religieuse.
Sous le règne de l’Imam Abu Bakr As-Omar, Maqdur est devenu un terrain pour les idéologies radicales. La propagande est présente, ciblant en priorité les plus jeunes qui sont les hommes de demain et qui pourront à leur tour le montrer aux générations futures. Des articles distribués dans les rues jusqu’aux prêches dans les mosquées, chaque message, chaque parole se rapproche de ce que cherche Abu Bakr As-Omar : une région contrôlée par lui.
Des garçons à peine sortis de l’enfance se voient offrir des uniformes, des armes, et une cause. À Anaran, des camps d’entraînement pour enfants-soldats ne se cachent plus. "Ils te promettent que tu deviendras un héros," confie Khaled, 14 ans, qui a réussi à fuir un de ces camps. "Mais une fois là-bas, tu apprends à tuer, pas à vivre."
Les milices contrôlées par Abu Bakr As-Omar diffusent aussi des vidéos montrant des enfants en armes, glorifiant leur combat contre les milices rebelles et les "ennemis de la foi". Ces images servent à alimenter la haine et à convaincre de nouveaux jeunes de rejoindre leurs rangs.
Les écoles sont devenues des lieux d’endoctrinement, où l’histoire de Maqdur est réécrite pour servir la cause du calife. Les enseignants qui osent résister sont arrêtés, ou pire. Dans ces écoles, la science, la philosophie, l’histoire sont supprimées.
L’Empire de Churaynn, autrefois si déterminé à conquérir Maqdur, semble aujourd’hui se désintéresser de son sort. Cette région, perçue comme ingouvernable, est laissée entre les mains de l’Imam Abu Bakr As-Omar, tant que celui-ci ne remet pas directement en question l’autorité impériale.
Les infrastructures sont inexistantes, les routes impraticables, et les rares hôpitaux encore debout manquent de tout. Un médecin local, resté anonyme par crainte des représailles, explique : "Nous n’avons ni médicaments, ni matériel, ni soutien. Nous ne faisons qu’attendre la mort."
Malgré tout, quelques signes d’espoir subsistent. Des réseaux clandestins, formés par des volontaires, tentent d’éduquer les enfants d’Anaran en secret. Des femmes courageuses, souvent veuves de guerre, s’organisent pour protéger les orphelins et dénoncer les abus.