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Rencontre Jashuria - Zhonguaï

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Rencontre avec la délégation de la République populaire du Zhōnguaï – 29 Février 2015 – Hall des Ambassadeurs d’Agartha – Troisième République du Jashuria

Les portes du salon d’apparat s’ouvrirent et laissèrent entrer la délégation du Zhonguaï. Niché dans l’une des extensions du Hall des Ambassadeurs, ce pavillon était dédié aux réceptions organisées par les diplomates jashuriens pour leurs invités, et ce, depuis plusieurs générations. La diplomatie jashurienne s’était préparée avec le soin qu’on lui connaissait, afin d’accueillir les représentants d’un régime des plus détestables, mais qui, malgré tout, comptait parmi ses voisins : la République Populaire du Zhonguaï. Pilotée par un Parti unique endoctrinant les enfants dès leur plus jeune âge, la République du Nazum médian n’était clairement pas un régime digne de confiance aux yeux des Jashuriens. Mais les traditions étaient les traditions, et il convenait d’accueillir la délégation du Zhonguaï dans les murs du Hall des Ambassades si une demande d’ouverture d’ambassades était formulée. La République des Deux Océans doutait que ces relations diplomatiques mènent à quoi que ce soit d’intéressant. Les Mochenistes n’étaient pas spécialement des gens connus pour leur ouverture d’esprit, et des générations d’endoctrinement du peuple zhonguaï avaient clairement limité l’intérêt que les Jashuriens pouvaient porter au Zhonguaï.

Les récents évènements avec l’Empire de Belograd constituaient cependant matière à discuter avec le régime communiste. Les Mochenistes jouaient à un jeu dangereux, en augmentant les tensions de manière artificielle avec les Beloslaves de Bay. Le Nazum du médian était déjà assez troublé avec la guerre civile ramchoure pour ne pas en rajouter avec les bisbilles entre des fascistes et des communistes. Ainsi, la volonté du ministère des relations internationales du Zhonguaï de rencontrer la République du Jashuria ne pouvait être motivé que par le souci de s’assurer que le Jashuria n’interviendrait pas dans la guerre qui couvait entre le Belograd et le Zhonguai.

La délégation du Zhonguai n’allait pas être reçue par le Premier Ministre de la Troisième République du Jashuria, mais uniquement par la Quatrième Ambassadrice et son équipe. Le Premier Ministre du Jashuria avait bien des priorités, et rencontrer un régime totalitaire n’en faisait pas parti. Non content de laisser la Quatrième assumer ses fonctions, il envoyait aux Mochenistes un message fort par son absence : la présence d’un Premier Ministre se mérite.

Enveloppée dans un sari blanc et d’un châle bleu, dame Parvati Mathai accueillit la délégation du Zhonguaï avec politesse et leur demanda de s’assoir à l’autre bout de la table tandis que le personnel du Hall des Ambassadeurs plaçait devant eux des rafraîchissements. L’ambiance était froide : les Jashuriens avaient autant envie de recevoir ces hommes que de sauter du haut d’un pont. Mais la politesse les obligeait à accepter une rencontre, comme le voulait le protocole.

« Messieurs, bonjour. Je suis dame Parvati Mathai, Quatrième Ambassadrice du Jashuria. J’aurai le plaisir d’être votre hôte et votre référente pendant toute la durée de ces discussions. Monsieur le Premier Ministre n’étant pas disponible, c’est avec moi que se dérouleront les discussions. Veuillez pardonner la froideur de ces échanges, mais étant donné le contenu de nos discussions futures, nous avons préféré n’appeler ni journalistes, ni communicants. Le contenu de notre discussion restera confidentiel. Maintenant, je vous remercie de bien vouloir exposer vos positions. Dans votre lettre, vous parliez de garantir la stabilité continentale. Je dois vous avouer mon plus profond scepticisme sur la question, mais j’ose espérer que vous saurez me convaincre du contraire. »
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Image du drapeau de la République populaire du Zhōnguaï
中华爱人民共和国国旗的图片



Rencontre officielle :



Mes salutations, je comprends l'occupation de votre Premier Ministre, je me présente monsieur Pan Liuxian, Président de la République populaire du Zhōnguaï. Je comprends tout à fait vos préoccupations concernant la stabilité du continent. Nous vous contactons afin de clarifier nos deux positions. Nous ne souhaitons pas empiéter sur vos plates-bandes, et c'est dans cet objectif que nous souhaitions avoir votre avis concernant nos objectifs qui n'ont, croyez-le, que pour but de stabiliser le continent à long terme.

Concernant la colonie de Bay, nous tenons à souligner que les premières montées des tensions n'ont pas été provoquées par notre nation mais bien par la leur. Au vu de cette montée, nous avons dû mobiliser l'armée afin de garantir la protection contre toute atteinte à notre intégrité territoriale, notamment due au déploiement incompréhensible de leur armée à notre frontière. Dans l'objectif de stopper définitivement les tensions, nous souhaiterions envisager une décolonisation de la colonie de la manière la plus pacifique possible. Nous ne pouvons laisser cet État déstabiliser non seulement notre nation mais aussi le continent tout entier.

Ensuite, nous souhaiterions connaître votre avis concernant la guerre civile Ramchoure. Comme vous le savez peut-être, nous hébergeons un des leaders de cette guerre civile qui souhaite instaurer une République populaire de Ramchourie. Nous soutiendrons sa démarche du fait de notre proximité idéologique, mais nous souhaitions tout de même prendre en compte votre avis sur cette guerre civile.

Enfin, nous souhaiterions connaître votre position concernant l'augmentation de la piraterie dans notre océan, notamment due au renversement du pouvoir communiste au Zijan, transformant le pays en République pirate déstabilisant notre région et le monde tout entier.



Troisième République du Jashuria.
République populaire du Zhōnguaï - 中华人民共和国.
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L’ambassadrice haussa un sourcil, visiblement surprise par les propos du Président de la République Populaire du Zhonguaï. L’homme venait de déballer toutes ses cartes sans même qu’elle n’ait à manœuvrer pour voir sa main. Ce n’était pas la marque d’un éminent stratège. Cet homme allait se faire dévorer tout cru à l’international s’il s’aventurait dans un congrès. En fait, à bien y réfléchir, elle avait devant elle un imprudent et un inconséquent. Il n’était pas étonnant que les choses s’enveniment avec le Tsar de Belograd. Elle comprenait désormais mieux ce dont parlaient les rapports officiels transmis par l’ambassade au sujet de l’Empire de Belograd et de la République Populaire du Zhonguaï.

« Et qu’est-ce qui vous fait croire que nous vous laisserons décoloniser le Belograd, envahir la Ramchourie et piller le Zijian, monsieur le président ? »

Elle n’avait pas exposé la position officielle du Jashuria, mais elle était curieuse de savoir à quel prix le Président du Zhonguaï était prêt à donner pour que les forces armées du Jashuria ne viennent pas chatouiller ses propres troupes dans la minute où l’armée de la révolution populaire poserait le pied sur un sol étranger. Il était clair qu’en l’état, et sans grandes contreparties, il était hors de question que le Jashuria promette quoi que ce soit au Zhonguaï. Le pays n’était pas en position de négocier quoi que ce soit, n’ayant aucun levier contre le Jashuria et étant perçu comme le principal promoteur une idéologie mortifère aux yeux des Jashuriens.

« Le Belograd aboie, mais ne mord pas. La Ramchourie s’occupe de ses propres affaires et le Zijian vient à peine de sortir d’une phase compliquée de sa propre histoire. Ne pensez-vous pas être le principal porteur de chaos dans cette situation ?

Le Mochenisme n’était clairement pas une idéologie de paix et d’amour au sein du Nazum. Les membres de cette idéologie avaient durant tellement longtemps justifié les massacres au nom de leur lutte qu’il était impossible, sauf pour les plus aveugles, de se leurrer sur les buts des dirigeants du Zhonguaï. La diffusion du Mochenisme, par tous les moyens possibles, finissait immanquablement par l’extermination de tous ceux qui refusaient de se soumettre. Une fois que les militaires du Zhonguaï en auraient fini avec le Zijian, le Belograd et la Ramchourie, ils s’en prendraient invariablement au Xin, au Grand Ling, puis menacerait la totalité du Nazum … au nom de la paix et de la stabilité. Quel programme ! Le Jashuria ne pouvait pas permettre à un tel régime de faire son trou dans la région, au risque qu’il ne soit impossible à terme, de l’expurger autrement que par la force et le sang.
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Non, je ne pense pas. Le Ramchoure se porte au plus mal, des milliers de gens meurent et personne ne fait rien pour stopper cela. Le Belograd menace et commet des crimes contre l'humanité et personne ne fait rien. Le Zijan pille nos navires, mais nous ne ripostons pas. Non, madame, nous ne sommes pas un facteur de trouble, mais un facteur de paix. Le seul crime que nous ayons commis est d'avoir accueilli 3 millions d'individus exilés de force de la tyrannique colonie de Bay. Non, nous ne sommes point le désordre. La Ramchourie crie à notre nation de venir à l'aide. Non, nous ne sommes toujours pas le désordre. Nous n'attaquerons pas le Zijan et ne l'avons jamais insinué.

L'unique demande que nous avons à vous faire est de connaître vos positions concernant ces trois États perturbateurs : l'un qui menace notre frontière et notre stabilité, l'autre qui menace d'une nouvelle exode de masse dans l'ensemble du continent, et le dernier qui menace le commerce international. Et c'est nous que vous considérez comme fauteurs de trouble ? Je ne pense pas.


Laissant un blanc pesant dans la pièce, regardant droit dans les yeux l'ambassadrice.
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L’ambassadrice se mit à rire. Autour d’elle, ses assistants maintenaient un calme olympien, mais un observateur entrainé pouvait facilement y voir la lueur de l’amusement. Le président était un piètre joueur de poker. Il venait d’abattre toutes ses cartes et n’avait même pas un as dans sa manche.

« Monsieur Pan, permettez-moi de clarifier quelque chose quand vous discutez avec nous. Vos assistants ne vous ont peut-être pas mis au courant, mais nous nous fichons éperdument de vos arguments moraux. La morale, en politique, c’est bon pour les caméras et les biographies. Vous-même êtes le fruit d’une histoire violente, maquillée grossièrement sous le vernis de la lutte du prolétariat, mais au fond, nous parlons toujours de la même chose : de pouvoir, de la manière dont l’exercer. Alors je vous en prie, gardez vos sermons pour vos biographes. Nous sommes ici entre gens sérieux. »

Parvati Mathai goûta le thé qu’on venait de lui servir et posa son regard sur le jardin extérieur. A cette période de l’année, on faisait la part belle aux cerisiers. C’était une belle saison que l’hiver jashurien. Elle reposa sa tasse dans la coupelle et posa ses coudes sur la table avant de poser sa tête entre ses doigts, l’air amusé.

« Nous vous remercions d’avoir exposé vos positions quant au sujet de vos différents voisins. Je n’aurai qu’une seule question pour vous : comment comptez-vous agir pour régler la situation ? »

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Très bonne question, très chère homologue.

Laissant esquisser un sourire.

Je crois pouvoir dire qu’agir ne serait pas le bon terme, mais plutôt réagir. Certes, pour vous, les mots n’ont pas l’air d’avoir une importance que pour les caméras, mais pas pour moi. Je prends très au sérieux la sécurité de mon peuple et du continent. Nous agirons, je le répète, de manière à ne pas marcher sur vos plates-bandes. Nous ne souhaitons en aucun cas avoir des tensions avec votre grande nation. Telle est la raison de notre visite : connaître vos limites dans notre réaction à ces États voyous et/ou dangereux. Alors, je vous retourne la question : comment comptez-vous agir pour retrouver une paix dans la région, ou du moins, quelles sont les limites que le Jashuria souhaite que le Zhōnguaï ne dépasse pas dans sa réaction à l’instabilité plus que dangereuse ?

Regardant d'un air sérieux l'ambassadrice.
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L’ambassadrice fit courir son doigt sur le rebord de la tasse de thé, d’un air ennuyé. Il n’était jamais bon d’ennuyer les Jashuriens, surtout quand ils faisaient l’effort de vous recevoir.

« Monsieur Pan, je crains que vous ne vous mépreniez sur la situation. Vous n’êtes pas devant les représentants de votre Parti, mais devant l’ambassadrice d’un pays étranger qui vous reçoit par pure courtoisie. Je suis votre hôte, et vous êtes mon invité. De ce fait, le protocole veut que vous répondiez à mes questions. En n’y répondant pas, vous donnez raison à vos détracteurs et ne construisez aucune relation de confiance avec vos interlocuteurs. Je vous le demande donc à nouveau : par quels moyens comptez-vous assurer la stabilité de la région ? »

Elle n’avait pas élevé la voix, se contentant de reprendre une gorgée de thé en affichant un air profondément ennuyé. Le Président de la République Populaire du Zhonguaï n’était pas au fait du protocole diplomatique élémentaire. Non seulement, il venait réclamer des réponses à des personnes qui ne lui en devaient aucune, mais en plus, il arrivait les mains vides. Comment le Jashuria pouvait-il croire à la bonne foi des Mochenistes si ceux-ci se dérobaient et ne jouaient pas la transparence avec eux ? Le président avait-il la moindre idée de sa situation diplomatique ? Parvati Mathai était d’une nature moins patiente que la Première Ambassadrice et la situation politique au Nazum était un équilibre subtil qui nécessitait un doigté particulier pour être exploitée à bon escient. La franchise – ou la brutalité - dont elle faisait preuve n’avait qu’un but : voir ce que les Mochenistes avaient dans le ventre. Et pour l’instant, le président qu’elle avait en face d’elle était un mou qui se contentait de quémander des réponses en espérant ne pas être corrigé par des petites brutes à la sortie de la cour de récréation. Si ses circonvolutions incessantes marchaient avec les membres de son Parti, cela ne prenait pas avec la Quatrième Ambassadrice. Malheur à celui qui demande, mais n’a rien à offrir.

« Je vous encourage vivement à répondre à ma question. La confiance se construit dans la transparence. »
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La Quatrième Ambassadrice pouffa de rire dans le salon, tandis que le président était raccompagné comme un malpropre à l’entrée du Hall des Ambassadeurs. Cet homme était décidément complètement à côté de la plaque en matière de diplomatie. Il venait d’exposer à la Troisième République du Jashuria qu’il comptait s’occuper du Zijian, de la Ramchourie et du Belograd … totalement gratuitement, sans contrepartie. L’ambassadrice n’avait eu qu’à attendre qu’il se livre et s’empale sur le premier obstacle. Non seulement, le président du Zhonguaï pensait pouvoir convaincre les Jashuriens en arrivant les mains vides, mais en plus, il venait de repartir sans avoir rien obtenu de leur part. De leur côté, les Jashuriens avaient accès à des informations de première main : les élites du Zhonguai entendaient s’occuper de la région par des moyens peu sympathiques. Il ne restait plus qu’à prévenir la Sérénité afin qu’elle puisse observer et rapporter tout mouvement suspect des agents du Zhonguai dans la région.

Elle finit son thé et s’assit dans le fauteuil, son regard se perdant dans les jardins. Il était temps d’envoyer une série de missives au Zijian et en Ramchourie pour activer quelques réseaux d’alliés. Il était hors de question que les Zhong se mettent à rendre la région encore plus instable. Isolés sur la scène internationale, ils n’en restaient pas moins une épine qu’il fallait extirper rapidement du Nazum pour avoir la paix. L’idéologie Mocheniste était un véritable fléau qui n’avait aucune visée humaniste. A cela, elle ne s’éloignait que peu de l’idéologie du Ruban Ecarlate. Et les dieux savaient que les Jashuriens feraient tout pour couper le mal à la racine.
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