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[Teyla & Faustinans] Roulez jeunesse !

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Rencontre diplomatique entre le Royaume de Teyla et la Praefectura Gallia Fausti Nanti
05 mars 2015 - Sghedoni, Vallée de Sghedoni
"Roulez jeunesse !"


Chateau des Pies : Lieu de la rencontre Teyla - Faustinans
Chateau des Pies : Lieu de la rencontre Teyla - Faustinans

Pasqua Buderiòun leva la tête. Il était maintenant bientôt neuf heure et demi, et le soleil de cette fin d'hiver parvenait enfin à dissiper la couche de brume qui enveloppait les alentours depuis le levé du jour. Au bout de quelques instants, elle décerna enfin l'origine du bruit qu'elle entendait depuis maintenant quelques instants : l'aéronef qui amenait en Faustinans la délégation officielle du Royaume de Teyla s'alignait en finale du petit aéroport de Sghedoni, et poserait bientôt ses roues sur le sol de la préfecture. Elle avait craint un moment que l'appareil ne puisse se poser par faute de visibilité : avec un plafond à 0, tout atterrissage était impossible même avec les dernières technologies et il aurait fallu dérouter l'appareil vers un aéroport plus au sud - à Storchi ? - avant de rapatrier l'ensemble de la délégation. Quelle entrée en matière cela aurait été... A n'en pas douter, le choix de Sghedoni en lieu et place de la capitale de Gran-Puèi comme localisation de la rencontre, dont elle était à l'origine, lui aurait explosé à la figure comme un mauvais soufflé. Mais cela ne servait à rien de se faire peur avec un scénario catastrophe, celui-ci n'aurait pas lieu.

Gran-Puèi monopolisait la majorité des rares rencontres internationales du pays. Pasqua désapprouvait cette centralisation et estimait que faire participer d'avantage l'ensemble des vallées, et donc de permettre à un nombre croissant de citoyens de côtoyer des étrangers, quand bien même ces rencontres étaient sujettes à de très strictes protocoles. L'idée sous-jacente était de lutter contre la mentalité des casanières des Faustinans, héritée de siècles de contingences historiques. La ville de Sghedoni, de par sa proximité culturelle et géographique avec la Manche Silice n'était cependant pas un bastion isolationniste comme pouvaient l'être certaines vallées du centre du pays. Elle aurait été considérée, avec moins de 150 000 habitants, comme une vulgaire bourgade de province dans beaucoup d'état mais dans un pays comme la Faustinans où les centres urbains étaient de taille moyenne et la population très diffusément répartie. Elle était même la cinquième agglomération du pays. Surtout, on un mangeait superbement bien. Mais bien que cette particularité soit appréciable lors d'un sommet diplomatique entre personnes d'un certain degré de civilisation, il y avait cependant une autre raison pour laquelle elle avait été choisi pour cette rencontre et pas pour une autre : elle allait être au cœur des débats de cet après-midi.

Plongée dans ses pensées, elle suivi distraitement des yeux l'appareil Teylais se poser sans encombres sur la piste et rouler jusqu'au point désigné par la tour de contrôle. Déjà le Premier Préfet, Tomé Zonzo, et le Préfet du collège des Affaires Etrangères, Edmond Ismaïlia, avaient quitté le petit salon où avait été dressé un petit déjeuner d'accueil pour se rendre au pieds de l'escalier d'où descendait la délégation invitée. Pasqua se dépêcha de leur emboiter le pas afin de les accueillir comme il se devait. Le Premier Patrice accueilli Pierre Lore, le ministre des affaires étrangères Teylais, en bas des quelques marches et ils se serrèrent la main avec entrain devant les quelques appareils photo des services de presse agrémentés. Puis après avoir salué également le Préfet Ismaïla, ils regagnèrent tous en vitesse le salon où avait été dressé le petit déjeuné d'accueil, à l'abris du froid et du bruit, pour poursuivre la discussion initiée sur le tarmac.

Premier Préfet Tomé Zonzo : Comme je vous disais à l'extérieur, je suis, cher Monsieur Lore, enchanté de vous accueillir en préfecture dans cette belle ville de Sghedoni. Il est d'usage d'organiser ces rencontres dans notre capitale fédérale de Gran-Puèi, mais Madame Buderiòun ici présente [Il désigna du plat de la main Pasqua] a insisté pour qu'elle ait lieu ici. Voyez-vous, Sghedoni sera le lieu de départ et d'arrivée de la fameuse course de Mel Mèja, et très probablement le camp de base de l'ensemble des écuries participantes et de leurs membres. Aussi, compte tenu d'un des sujets que nous avons à aborder et qui vous tiens, j'en suis certain, à cœur, il nous a semblé pertinent que vous puissiez ressentir l'atmosphère de lieu où vos concitoyens résiderons.

Préfet des A.E. Edmond Ismaïlia : Ce qui me permet, Monsieur le Ministre, de vous présenter formellement Madame Buderiòun qui sera en charge de la rencontre en ce qui concerne la préfecture. En effet, bien que nous aillons échangé ensemble afin d'organiser ce sommet, je ne serai pas votre interlocuteur principal.
Voyez-vous, la préfecture a un système de fonctionnement un peu particulier pour ce genre de rencontre, comme pour le reste d'ailleurs [rire]. Comme vous le savez, la préfecture fonctionne selon un mode synodique en conseil, ou collège. Or, il est dans les faits très peu pratique d'organiser une rencontre entre tout un collège d'une part, et un ministre et ses proches collaborateurs de l'autre. Croyez-moi, nous avons essayé, et cela ne donne rien de bon. Ainsi, pour chaque rencontre, une personne du collège afférent est désignée comme délégué du collège, via un mandat impératif qui détaille les attentes, les marges de négociations et les lignes rouges du collège pour la rencontre. Et cette personne dispose de toute l'autorité du collège pour passer des accords avec des parties tiers, sous couvert que ces accords respectent les limites du mandat. Le collège n'est bien entendu jamais loin afin de pouvoir l'adapter en fonction de l'évolution de la rencontre, si le besoin s'en fait ressentir.


Premier Préfet Tomé Zonzo : Et en l'occurrence, le collège a estimé que Madame Buderiòun était la personne la plus compétente et la plus à même de pouvoir répondre à vos interrogation de par son parcours personnel et ses domaines de compétence. Nous avons cependant tenus à venir vous accueillir en personne, le Préfet Ismaïlia et moi afin de nous assurer que vous ne preniez pas ombrage de cette évolution, qui ne signifie en aucun cas que nous considérons cette rencontre comme accessoire et n'est en rien un manque de respect. Bien au contraire, le respect de ce protocole vous assure de toute l'importance que nous accordons à cette rencontre et à ses enjeux.

Sénatrice Pasqua Buderiòun , déléguée du collège des A.E. : Je suis également enchantée de faire votre connaissance, Monsieur le Ministre. Je puis vous assurer de ma volonté la plus absolue de faire de cette rencontre un succès pour nos deux gouvernements, afin de répondre à l'ensemble de vos interrogations et demandes légitimes, et faire en sorte d'établir les bases d'un partenariat équilibré, respectueux et profitable.
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Résidence Faure
Résidence Faure

- Bien merci d'être venu encore une fois à cette réunion. Je sais que nous avons parlé de la situation de nombreuses fois avec le Faustinans, mais il me semble qu'un point vingt-quatre heures avant la rencontre est une bonne idée, une nécessité même. Le Premier ministre, qui dominait la discussion, était assis dans un des fauteuils confortables du salon d'Or. C'était la deuxième fois en deux semaines qu'il convoquait une réunion au salon d'Or sur le Prince Lucas Courvoisier. Un signe que le sujet inquiète au sein du gouvernement de Sa Majesté. Les enjeux sont majeurs par la présence de Son Altesse Royale et les volontés de Sa Majesté pour protéger son fils Lucas Courvoisier. Il se redressa dans son fauteuil et fixa du regard son ministre des Affaires Étrangères qui allait l'accompagner au Faustinans. Je devrais même pas dire présence, mais participation à une course d'endurance. C'est largement plus véridique dit comme cela, bien que seul le Prince paraisse se satisfaire de la situation. Pierre, faites-nous un rapport sur la situation, s'il vous plaît !

Pierre Lore était assis en face du Premier ministre, une situation qui ajoutait une pression supplémentaire au ministre, qui trouvait déjà la situation avec le Prince inquiétante. Il amena le lourd dossier qu'il avait mis sur ses genoux à la hauteur de ses yeux, puis d'un geste délicat et lent, il ouvrit le dossier. Après avoir ouvert le dossier, il scruta la salle et posa ses yeux sur chaque personne présente dans la salle, comme pour les avertir que ses paroles n'allaient guère être réconfortantes à entendre.

- Bien sûr ! dit-il d'une voix assurée, puis il prit une grande inspiration et commença un monologue. Comme nous le savons tous, le Prince Courvoisier Lucas souhaite participer à la course mythique de Mel Mèja. Cette participation est inquiétante, bien que nous sachions tous l'amour de Son Altesse Royale pour le sport automobile, parce que plusieurs de nos experts estiment que les conditions de sécurité ne sont pas réunies malgré les récents changements de la part de la direction de course. En outre, il sera impossible de couvrir l'entièreté du circuit par des équipes de sécurité ou que sais-je. Ma collègue de l'Intérieur en saura vous en dire plus à ce sujet. Mais la sécurité sur la piste n'est pour le moins pas garantie non plus. Les véhicules, bien que modernes, ne respecteront pas tous les standards de sécurité modernes auxquels on peut s'attendre. Il est bien entendu que le véhicule de Son Altesse Royale respectera ces standards. Mais un incident est vite arrivé après un affrontement avec un adversaire ou encore une perte de contrôle. Là où je veux en venir, c'est que les abords de la piste n'auront pas les caractéristiques de sécurité demandées à un circuit automobile. Pas de tech pro ou autre.

Il y a peu, les autorités du Faustinans, par la voie de leur équivalent de ministère des Affaires Étrangères, ont envoyé une missive à mon cabinet. La missive respectueuse sous-entend que les autorités de la nation mentionnée auparavant s'inquiètent aussi de la présence du Prince. Il releva les yeux de ses notes pour regarder ses interlocuteurs.
Le Premier ministre n'affichait aucune expression, on ne pouvait pas en dire autant de Yasmine Laval, ministre de l'Intérieur, qui était visiblement inquiète. Ils souhaitent discuter de la sécurité autour du Prince et sûrement discuter des protocoles autour de sa personne. Chose positive, ils ont évoqué leurs volontés de discuter d'autres sujets et souhaitent vraisemblablement un rapprochement avec le Royaume.

- Donc c'est bon signe, fit le Premier ministre en souriant à ses ministres et ses conseillers. Nous avons à en tenir à leur programme et rester poli et ça le fera ?

- Ce n'est pas aussi simple, Angel, répondit Yasmine. L'une des rares proches d'Angel Rojas qui pouvait interpeller le Premier ministre via son nom au sein de cette assemblée. Elle renifla pour reprendre : C'est bon signe comme tu le dis. Mais ils voudront à coup sûr assurer la protection du Prince eux-mêmes. C'est une occasion pour eux de montrer au monde qu'ils peuvent accueillir un événement international et des personnalités internationales. Toutes nos demandes de participation pourront être vues comme un affront et un non-respect de leur souveraineté nationale. Il sera important, très important, que nos demandes soient formulées de la meilleure des manières. Ils prendront mal nos demandes quant à la présence d'équipes de sécurité et médicales teylaises, on va jouer avec le feu, je pense. Plus important encore, nous ne devons pas laisser le sentiment que nous imposons nos demandes, mais qu'elles peuvent être refusées.

- Je rejoins ma collègue, répondit instinctivement Pierre Lore. Il remit ses notes sur ses genoux. Notre premier sujet sera "l'imposition". S'ils voient que nous tentons d'imposer nos forces de sécurité et médicales, alors nous aurons un refus catégorique devant nous. Toutefois, si nous usons de patience et de coopération, alors nous pourrons obtenir des concessions. Ils n'ont aucune raison de se mettre à dos la deuxième puissance du continent, mais ont toutes les raisons, si nous tentons d'imposer nos volontés, de revoir leurs volontés de rapprochement avec nous. Certains vous diront d'être ferme tout en étant conciliant. Je vous dirais d'être compréhensif et dans l'écoute. Si eux ne le sont pas alors que nous le sommes, ils seront en tort.

- Je comprends où vous voulez en venir. Je pense qu'on pourra y parvenir à nous deux, Pierre. Quant à l'équipe médicale et de force de sécurité teylaise que veut absolument Sa Majesté pour assurer la protection de son fils, la moins importante est l'équipe médicale. Le niveau des médecins et de la maîtrise de la médecine ne me paraît pas en retard vis-à-vis du Royaume. De toute façon, ils enverront les meilleurs médecins et chirurgiens en cas d'incident. Quant aux forces de sécurité [...].


Chateau des Pies : Lieu de la rencontre Teyla - Faustinans
Chateau des Pies : Lieu de la rencontre Teyla - Faustinans

Angel Rojas descendit de l'avion en premier. Le Premier ministre a la préséance sur le ministre des Affaires Étrangères lors des visites d'État officielles. C'est une petite délégation qui accompagna les deux personnages d'État. On y retrouve des députés de la majorité et de l'opposition ainsi que quelques artistes bi-nationaux, afin d'espérer que cela rapproche les deux nations. Toutefois, la diplomatie teylaise n'a pas jugé bon de ramener une grosse délégation, le plus gros de la délégation était composé de conseillers gouvernementaux. Néanmoins, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères restèrent seuls lors du dîner avec la délégation faustinanne. Ils ne voulaient pas se montrer pressants vis-à-vis du Premier Préfet ou encore malpolis. Ils estimaient pouvoir gagner la confiance des hommes et des femmes présents autour de cette table.

À la première remarque et révélation du Préfet, Lore s'exclama :

"Oh, je vois mieux, donc mieux pourquoi le cabinet du Collège des Affaires Étrangères de la Préfecture de Faustinans a insisté auprès du mien pour que cette rencontre ait lieu ici. Enfin insister, pardonnez-moi, je grossis le trait, comme nous en avons l'habitude au Royaume de Teyla." Lors des présentations, Angel Rojas et Pierre Lore se présentèrent tous les deux à l'oral chacun leur tour, et le Premier ministre tenait à serrer la main de toutes les personnes autour de la table, contrairement à Pierre Lore, qui voyait cela comme une corvée inutile.

"Oh, je vous crois, Votre Excellence. J'ai moi-même du mal à réunir mes ministres qui ont parfois un emploi du temps plus chargé que le mien, alors croyez-moi que je vois, crois sur vos propos de réunion entre les collèges et les ministres," dit le Premier ministre sur un ton blagueur. [b]"Nous aussi, nous ferons tout notre possible pour que cette rencontre soit une réussite pour nos deux nations, et pas seulement sur la participation de Son Altesse Royale le Prince Lucas Courvoisier. Nous avons nombre de sujets à évoquer, me semble-t-il. Mais quoi qu'il en soit, nous respecterons toutes les décisions qui découleront de cette rencontre."
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Une Nettuno Biancamanica gouvernementale
Une Nettuno Biancamanica gouvernementale, utilisée pour les déplacements officiels

Les présentations informelles prirent fin en même temps que la collection de viennoiseries disséminées sur les tables du salon d'honneur de l'aéroport. Tous montèrent dans une demi-douzaine de Nettuno Biancamanica qui filèrent alors sous escorte de la gendarmerie vers le lieux de la rencontre : l'ancien château des Pies, depuis réaffecté à une utilisation sociale plus adaptée que simplement héberger, et encore même pas durant l'été, une famille d'une vingtaine d'aristocrates sur près de 3 000m² de plancher. Pasqua se garda cependant bien d'évoquer avec son homologue ce qu'elle, et une majorité de ses concitoyens, pensaient de la monarchie comme système et des institutions associées à l'instar de la noblesse. Il ne s'agissait pas, d'une part, de blesser de quelque manière que ce soit leurs invités. Et d'autre part, ils n'étaient pas là pour débattre des mérites et limitations inhérentes à chaque modèle d'organisation politique. Pasqua considérait que les monarchies, qui avaient pu avoir une pertinence dans le passé, n'étaient plus que des archaïsmes. Archaïsmes charmants dans le cas du Teyla puisque le pays, à tous les égards, avait largement dépassé les limitations de sa noblesse qu'il conservait selon elle pour son attachement historique, où, plus prosaïquement, son côté esthétique. Mais ça n'était pas le cas de tous ses voisins Eurysiens, et elle déplorait que le côté glamour des royautés démocratiques banalise la violence des régimes monarchiques plus durs, arcboutés sur la préservation de leurs privilèges de classe.

Moins d'un quart d'heure plus tard, les berlines noires s'immobilisèrent devant la vaste rocca de briques rouges. Les délégations, après avoir gravies les quelques degrés de pierre qui les menaient à l'entrée puis serrée de nouveau un poignée de mains à l'attention d'une presse en émoi face à cette première visite internationale depuis longtemps, pénétrèrent alors dans le lieu qui allait héberger leur discussion pour les heures à venir.

L'ensemble des personnes conviées pénétrèrent alors dans une vaste salle richement décorée et dotée en particulier d'un superbe plafond orné, et qui avait été au XVIIème siècle conçue comme une salle de balle. Une fois assises autour d'une vaste table ronde installée pour l'occasion, les discussions purent reprendre leur cours, de manière formelle cette fois-ci.

Sénatrice Pasqua Buderiòun, déléguée du collège des A.E. : Monsieur le Premier Ministre, monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs, je vous souhaite donc officiellement la bienvenue en préfecture. Je vous remercie chaleureusement d'avoir rendu possible la tenue de ces discussions fort attendues, et que je vous propose d'ouvrir dès à présent.

Avant toute chose, je voudrais revenir sur une demande que vous avez faites lors des discussions visant à organiser cette rencontre. Comme j'aimerais que ces échanges ne soient pas couverts par l'ombre d'une triste affaire, je souhaite résoudre un point concernant le malheureux fait divers ayant coûté la vie à deux ressortissants Teylais en montagne au début de l'hiver, et pour lequel le collège et l'ensemble des citoyens Faustinans vous adressent leurs plus sincères condoléances. Le collège a prit bonne note du souhaits des familles, véhiculé par vos service, de pourvoir organiser la rapatriement des dépouilles des victimes au plus tôt. Nous avons bien conscience de la nécessité pour que ces familles puissent entamer leur deuil de leur restituer le corps des défunts afin d'organiser les cérémonies d'inhumation. Malheureusement, ceci ne peut pas encore avoir lieu à l'instant où nous nous parlons, les circonstances très troublantes ayant entrainé une enquête judiciaire poussée, la justice n'a pas autorisé, à date, la remise des corps puisque des examens autopsiques supplémentaires peuvent encore être requis dans ce cadre. Après une requête de nos services, le parquet en charge de l'affaire nous a confirmé qu'il remettrait au soin de vos services consulaires le sort du corps des défunts dès la publication du rapport d'enquête, publication qui devrait avoir lieu sous une quinzaine de jours nous a-t-on confirmé. La justice étant parfaitement indépendante du pouvoir politique, il n'est malheureusement pas grand chose de plus que nous puissions faire présentement, et je vous prie de bien vouloir présenter aux familles nos excuses pour ce délai toutefois nécessaire afin de faire toute la lumière sur les évènements, lumière qui je n'en doute pas sera nécessaire à ce même deuil. Le collège s'engage néanmoins à vous porter toute l'assistance nécessaire dès que la remise des corps pourra être organisée.

Bien. Cette malheureuse affaire maintenant traitée en attendant la publication du parquet, je vous proposer de rentrer dans le vif des sujets qui vont nous occuper ce jour. En collaboration avec vos services durant la préparation de cette visite d'Etat, nous avons établi l'ordre du jour prévisionnel suivant :
  • Echanges autour de la visite de Son Altesse Royale le Prince Lucas Courvoisier en préfecture dans le cadre de sa participation à la course automobile des Mel Mèja.
  • Echanges autour d'un éventuel renforcement de relations entre le Royaume de Teyla et la Préfecture de Faustinans : culturelles, économiques, humaines.
  • Echanges autour des points de friction clef du continent et des positions relatives des deux Etats.
L'ordre du jour convient-il toujours à la partie Teylaise ? Ou bien souhaitez-vous l'amender avec l'ajout ou le retrait d'un sujet. Nous aurons le temps, je pense, de traiter un point supplémentaire au besoin.
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Photo du Premier ministre du Royaume de Teyla, Angel Rojas, prise lors d'une conférence sur l'avenir de l'économie du Royaume de Teyla au salon "Teyla 2035" a Gèvre, en présence de nombreuses personnalités du monde économique.
Premier ministre, Angel Rojas


Le Premier ministre Angel Rojas et le Ministre des Affaires Étrangères teylais Pierre Lore s'assirent après leurs probables futurs partenaires du Faustinans. L'architecture plaisait assurément à Pierre Lore, contrairement à Angel Rojas qui aimait beaucoup plus les hauts buildings de la capitale teylaise. Il faut dire que l'architecture est complexe. Il ne peut y avoir d'architecture teylaise sans contraste, car c'était là l'âme teylaise dans la construction. Toutefois, les Teylais avaient un amour particulier pour le modernisme et la verdure. La capitale, Manticore, n'était pas connue comme la ville ayant le plus d'hectares de parc par rapport au nombre d'habitants pour rien. Toutefois, les deux hommes d'État ne sont pas là pour parler dorure et statues, ils auraient préféré.

En outre, s'ils sont présents en ces lieux, c'est pour discuter en premier lieu de la participation de Lucas Courvoisier à la course d'endurance qui allait se passer au Faustinans. Une affaire compliquée pour les deux parties, qui allaient devoir manier avec délicatesse la couronne teylaise. Catherine III n'est pas une femme qui se laisse faire sur certains sujets, le sujet de la famille était celui-là. Le Premier ministre le savait trop bien depuis qu'il avait pris sous son aile Lucas Courvoisier. Le fils tenait de la mère sur ce sujet, mais il ne dit rien aux autres membres du gouvernement et encore moins aux étrangers pour éviter de les inquiéter encore plus que nécessaire. La situation était, sans doute, déjà assez stressante pour toutes les personnes se retrouvant autour de cette table.

Assis à la table, Pierre Lore étala soigneusement ses stylos, gommes et effaceurs, chacun aligné avec une précision chirurgicale, comme s’il se trouvait dans une prestigieuse école de la capitale. Chaque objet était parfaitement à sa place, les couleurs des stylos formaient des familles unies, tandis que leurs tailles étaient strictement alignées entre elles. Cette scène dans laquelle on pouvait voir un retour à l'enfance sur les bancs de l'école contrastait avec les enjeux qui régnaient en maître dans la pièce. Angel Rojas, qui l’observait avec des yeux remplis d'étonnement et d'interrogation, finit par secouer la tête, abasourdi par ce qu’il venait de voir. L'habitude qu'il venait d'observer expliquait pourquoi tant de ministres et interlocuteurs étrangers avaient tant de mal à cerner Pierre Lore. Était-il un stratège usant de stratagèmes absurdes pour déstabiliser ses interlocuteurs ou était-il un personnage envahi de troubles obsessionnels ? Angel connaissait la réponse. Son ministre n'était pas un stratège hors pair, mais un homme envahi par des manies qu'il ne pouvait repousser, son garde du corps ayant toujours une bouteille de gel hydroalcoolique à portée de main au cas où. Un sourire s'afficha sur le visage de Pierre Lore lorsqu'il eut fini de ranger son matériel. Attrapant un stylo avec sa main gauche, il déclara en regardant l'assemblée :

Pierre Lore :
"Votre Excellence, Pasqua Buderiòun, je vous remercie pour cette présentation de l'ordre du jour intervenant durant cette rencontre diplomatique entre le Royaume de Teyla et la Praefectura Praetorio Gallia Fausti Nanti. Au regard des éléments que vous portez à ma connaissance et à la connaissance du Premier ministre de Sa Majesté, nous comprenons que le délai de rapatriement doit être allongé et nous n'insisterons pas plus." Angel Rojas acquiesça d'un signe de la tête puis fit signe à son ministre de continuer. Si l'affaire prend une tournure judiciaire, toutefois, nous aimerions être informés de la poursuite de l'enquête dans la limite du cadre légal de nos deux nations, bien entendu. Si vous n'y voyez aucune objection, j'aimerais que, dorénavant, les échanges ayant lieu sur cette affaire soient réalisés en joignant dans la discussion le ministère de l'Intérieur du Royaume de Teyla. Mon ministère s'occupera d'informer les familles des victimes. La raison doit-elle être gardée secrète, si j'ose dire, pour l'instant ?

L'ordre du jour convient parfaitement au Royaume, Votre Excellence.
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Photo de la Sénatrice Pasqua Buderiòun, déléguée du collège des A.E.
Pasqua Buderiòun



Sénatrice Pasqua Buderiòun, déléguée du collège des A.E. : Monsieur, le ministre, il est le protocole en de pareilles circonstances qu'une enquête de police judiciaire soit menée afin de faire la lumière justement sur les circonstances du décès de ces personnes. Pour autant, en l'état actuel des choses, il n'est aucunement certain que des poursuites judiciaires ou civiles soient menées par le parquet à l'issue de l'enquête. Il est tout à fait possible, au contraire, que l'enquête de police conclue, comme souvent lors des décès en montagne, à un accident inhérent à la dangerosité de l'activité et classe l'affaire sans suite. C'est tout l'objet de l'enquête, menée par le département de la justice, que d'estimer les suites à donner à cette affaire. Si jamais l'affaire devait prendre une tournure judiciaire au sens propre du terme, à savoir avec une mise en examen d'une partie, je ne manquerai pas de faire savoir au collège adéquat le besoin de se coordonner avec vos services.

Bien, puisque l'ordre du jour convient aux deux parties, je vous propose d'embrayer directement sur le premier point de celui-ci : l'accueil de Son Altesse Royale le prince Lucas Courvoisier.

Avant toute chose, je voudrais clarifier la position du gouvernement préfectoral vis à vis de cette compétition et de son organisation. J'ai en effet lu par voie de presse un certain nombre d'affirmations plus ou moins véridiques, et je tiens donc à clarifier certains éléments afin de traiter le sujet en toute connaissance de cause : La course des Mel Mèja est un évènement privé. Comme pour tout évènement privé, le ressort de ce qui s'y déroule est de la responsabilité de l'organisme en charge de l'organisation de l'évènement et des participants à ce même évènement, du moment que ces deux parties respectent les lois Faustinanti. En préfecture, nous croyons fermement au principe de responsabilité individuelle. C'est même quelque chose d'essentiel dans notre façon de concevoir la vie en société : l'état, qu'il soit municipal ou fédéral, n'a pas à adopter une attitude paternaliste envers ses citoyens qui restent libres de leurs actes et de leurs décisions du moment qu'elles ne nuisent pas à autrui.

Ainsi, dans le cas présent, beaucoup jugent cette course démesurément dangereuse. C'est par exemple également mon cas. Pour autant, l'organisation respecte l'ensemble des législations préfectorales vis à vis des véhicules à moteur et des mesures de sécurité inhérente à ce genre d'épreuve. Il ressort de la responsabilité des écuries d'engager des engins potentiellement non parfaitement adaptés à la difficulté de l'épreuve, et de la responsabilité individuelle des pilotes que d'accepter de se glisser dans le cockpit de ces engins. En aucun cas, et d'aucune manière, il n'est possible ou souhaitable pour le gouvernement préfectoral que d'empiéter sur ces libertés et d'endosser ces responsabilités.

Les responsabilité des gouvernements municipaux et du gouvernement fédéral ne sont cependant pas nulles. Elles sont même doubles : D'une part apporter tous les moyens nécessaire au maintien de l'ordre public, en déployant des forces du maintien de l'ordre afin de canaliser et sécuriser les espaces dédiés aux spectateurs. Et d'autre part, mettre à disposition des organisateurs de cet évènement, comme pour tout autre évènement, des moyens de secours cohérents avec les activités proposées. Ainsi, un plan sanitaire a été développé conjointement avec l'organisation de la course afin de mettre à disposition des moyens de transports médicalisés, des moyens de lutte anti-incendie et des moyens médicaux tout au long du tracé.

Cependant, dans le cadre qui nous préoccupe, il ne s'agit pas seulement des responsabilité du gouvernement vis à vis de tous les participants à la course, mais bien des responsabilités spécifiques quant à Son Altesse Royal le prince Lucas. Etant une personnalité politique publique, sa présence sur le sol préfectoral engendrera un certain nombre d'ajustement du fonctionnement des forces de police afin de s'assurer d'une part de sa sécurité et d'autre part de la tranquillité des lieux qu'il fréquentera. Pour autant, sa présence en Faustinans relevant d'un caractère privé et non pas d'un cadre diplomatique, il ne sera pas possible de mobiliser pour l'occasion les forces de l'ordre ou les services de sécurité intérieur comme s'il s'agissait d'une visite d'Etat. En effet, le mandat citoyen donné au gouvernement concernant ce genre de visite est très claire : il n'est pas possible pour l'état d'engendrer des frais déraisonnables pour toute visite ne relevant pas des fonctions inhérentes de l'état. Or, cette participation à une manifestation sportive ne se fait pas, sauf erreur de ma part, dans le cadre d'un engagement officiel du gouvernement Teylais mais bien celui d'une écurie privée. Ainsi, les moyens de police seront réorganisés pour tenir compte de sa présence et faire en sorte que rien de fâcheux ne se produise, mais ils ne seront pas décuplés pour autant faute de mandat populaire pour le faire.

Maintenant que j'ai exposé ce qu'il en est des responsabilités du gouvernement préfectoral et ce qu'il en sera durant l'épreuve, quelles sont les demandes et les interrogations du Royaume concernant l'accompagnement de son Prince ?


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Photo du Premier ministre du Royaume de Teyla, Angel Rojas, prise lors d'une conférence sur l'avenir de l'économie du Royaume de Teyla au salon "Teyla 2035" a Gèvre, en présence de nombreuses personnalités du monde économique.
Premier ministre, Angel Rojas


Pierre Lore, Ministre des Affaires Étrangères : J'avais compris la situation, mais merci de votre précision. Ma demande est formelle et une forme de politesse concernant le secret. De plus, je ne suis pas tout à fait au courant des procédures au sein de votre nation, je dois l'avouer, bien que cela me coûte. J'ai fait un long travail de recherche, bien que je m'attendais à une telle possibilité qu'une autopsie soit nécessaire, voire une autopsie approfondie. Mais nous ne pouvons être au courant de tout. Toutefois, nous vous remercions pour votre réponse sur ce sujet et pour votre coopération. C'est un geste qui est apprécié par le Royaume tout entier.

Angel Rojas, Premier ministre de Sa Majesté : Vos Excellences, je tiens à confirmer les propos du Ministre des Affaires Étrangères teylaise. Le Royaume de Teyla vous remercie pour votre pleine et entière coopération sur ce dossier qui est important à nos yeux, mais aussi aux vôtres, j'en suis certain.

Nous avons la même vision de la société, je crois, Votre Excellence. Au Royaume de Teyla, nous croyons fermement à la responsabilité individuelle et à l’importance de l’individu en tant que personne indépendante et heureuse dans la société civile dans laquelle nous vivons tous. Il n'est pas rare, dans notre royaume, de voir des initiatives citoyennes fleurir dans chaque aspect de la société. Cette vision est encore plus ancrée dans le domaine économique au Royaume de Teyla, bien qu'il y ait des exceptions, comme la distribution de l'eau. Toutefois, nous savons par avance que cet événement, que nous attendons tous, est un événement privé et n'est pas directement lié aux autorités de la Praefectura Praetorio Gallia Fausti Nanti. Nous comprenons donc qu'il convient uniquement aux participants, pilotes comme écuries, de s'assurer de la sécurité des engins, tant que ces derniers respectent les règles établies dans un souci d'équité par les organisateurs. Nous ne contreviendrons jamais à la liberté de chacun, tout d'abord parce que nous croyons fortement en la liberté au Royaume, ce sont là nos convictions, mais aussi parce qu'il serait inconvenant de le faire.

Concernant l'exposition brillante que vous portez devant nous tous, Excellence, sur le statut qu'aura Son Altesse Royale le Prince Lucas Courvoisier, le gouvernement de Sa Majesté vous rejoint. Pour répondre à votre question, le gouvernement de Sa Majesté envisage deux scénarios pour la participation de Son Altesse Royale Lucas Courvoisier, Prince de Gèvres. Le second scénario bénéficie pour l'instant de la préférence du gouvernement de Sa Majesté. Cependant, commençons par examiner le premier scénario.

Conscients de l'importance qu'implique la participation de Son Altesse Royale, nous souhaitons formuler une demande spécifique concernant le dispositif de sécurité. Les grands événements sportifs, par leur nature, attirent l'attention et permettent un afflux de touristes étrangers important, ce qui nécessite des mesures de sécurité renforcées. Je parle uniquement de sécurité via les forces de police, entendez-moi bien. Le renforcement de ces dispositifs de sécurité, assuré par des forces privées et/ou publiques, est en partie assuré par des forces de sécurité étrangères à la nation accueillant l'événement. Ainsi, nous pourrions imaginer qu'une force de sécurité teylaise accompagne Son Altesse Royale durant son séjour, sans contrevenir à la souveraineté nationale de la Praefectura Praetorio Gallia Fausti Nanti. Bien entendu, si nous retenons cette proposition qui devra être discutée plus en profondeur, le Royaume de Teyla souhaite participer financièrement au financement du dispositif de sécurité, si nous avions l'accord de la Praefectura Praetorio Gallia Fausti Nanti.

Le second scénario aurait pour argument de permettre le déploiement de sécurité d'une visite d'État officielle, car cela en serait une. Quoi qu'il arrive, le gouvernement de Sa Majesté aimerait proposer à la Praefectura Praetorio Gallia Fausti Nanti une visite d'État officielle de Sa Majesté Catherine III durant la course, la durée de séjour devant être mise à la discussion, bien évidemment. Cette visite pourrait être utilisée afin d'inclure Son Altesse Lucas Courvoisier dans la délégation du Royaume de Teyla et ainsi, il aurait accès à un dispositif de sécurité plus qu'important que prévu. Toutefois, nous comprenons si cette option est rejetée, parce que, tout d'abord, elle a un coût budgétaire, bien que, si la visite d'État ait lieu, ce coût aura lieu. En second lieu, il n'est pas évidant d'ajouter Son Altesse Royale dans la délégation teylaise pour diverses raisons protoclaires.
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Photo de la Sénatrice Pasqua Buderiòun, déléguée du collège des A.E.
Pasqua Buderiòun

La Sénatrice, qui n'était pas joueuse de poker pour un sous, marqua une légère surprise à l'annonce du scénario. Un léger redressement de la tête et les pupilles qui se dilatèrent imperceptiblement. L'idée de conjuguer à la course une visite d'Etat officielle de Catherine III n'avait pas été envisagée par le collège avant l'arrivée de la délégation Teylaise, et Pasqua n'avait donc pas de mandat spécifique quant à cette question. Elle allait devoir demander une courte suspension de la réunion. Les membres du collège, qui la suivait en distancielle grâce à des outils numériques, étaient très certainement déjà en train de débattre de la question, et arrêter une décision ne leur prendrait guère de temps.

Sénatrice Pasqua Buderiòun, déléguée du collège des A.E. : Monsieur le Premier Ministre, monsieur le ministre, je vous remercie d'exposer clairement vos demandes et vos attentes, cela va nous permettre de les traiter de la manière la plus efficace.

Le premier scénario me semble tout à fait jouable, à condition toutefois d'intégrer le dispositif dans le paradigme de la legislation préfectorale. Nous n'avons pas coutume de solliciter une aide étrangère pour participer à la sécurisation d'un évènement, qu'il soit sportif, culturel, économique ou autre. Par ailleurs, les Mel Mèja n'étant pas un évènement de l'ordre de la coupe du monde de football, nous ne sommes pas confronté à des limites en matière d'équipements ou de ressources humaines à même de nous contraindre de faire appel à des forces extérieurs. Cependant, il est tout à fait possible qu'une force de sécurité dédiée à la sécurité du Prince de Gèvres puisse tout de même l'accompagner. Cette force devra simplement respecter la legislation en vigueur s'appliquant aux forces de sécurité privées. Si ma mémoire ne me joue pas de mauvais tour, la legislation stipule que les individus devront être accrédité avant leur arrivée sur le sol Faustinanti par le collège de la sécurité intérieur - je ne manquerai pas de faire le lien entre vos services et ce collège au besoin - et que leur armement se limitera à une arme de poing et cinquante cartouches par personne. Par ailleurs, ces personnes ne pourront bénéficier en aucun cas d'une éventuelle immunité diplomatique et seront responsables de leurs actions. Si par malheur, ils devaient faire usage de la force dans une quelconque situation, il reviendra à la justice locale de trancher sur la légitimité de cet usage. Usage qui reste tout à fait autorisé en cas de légitime défense ou d'impérieuse nécessité, et je suis certain que vos hommes dument entrainés sauront adapter leur réaction à la situation.

Le second scénario, en revanche, nous prend un peu de cours, je dois bien l'avouer. Nous n'avions pas envisagé la possibilité d'une visite de Son Altesse Royale Catherine III, et par conséquent, je ne dispose pas à l'instant T du mandat, et donc de la légitimité de mon gouvernement pour répondre à cette demande. Je vous prie donc de bien vouloir accepter petite pause dans notre réunion afin que je puisse prendre connaissance de la décision de mon collège quant à cette proposition. Cela vous fournira également, je n'en doute pas, l'occasion de faire également un point sur ce que je viens d'exposer.


La sénatrice quitta donc la pièce afin de se rendre dans une salle de réunion adjacente où une installation de visioconférence lui permettait d'échanger avec l'ensemble des membres du collège qui suivait le déroulement de la rencontre. Moins d'une dizaine de minutes plus tard, elle était de retour.

Sénatrice Pasqua Buderiòun, déléguée du collège des A.E. : Messieurs, nous pouvons reprendre. La seconde proposition a également reçu l'assentiment du collège. La question budgétaire ne sera pas un problème compte tenu du caractère officiel de la visite, qui sera donc financée sur les deniers du gouvernement préfectoral. Non, les questionnement relèvent plutôt de la temporalité de la visite : il est de l'avis du collège qu'une visite de S.A.R. Catherine III uniquement durant la durée de la course serait vue comme... Hmmm... Comment dire ? Pas nécessairement très positive par les citoyens des Vallées Fortunées. Le collège craint que l'image renvoyé soit celle d'une mère venant assister à la course de son fils et daignant accorder un peu de son temps aux questions diplomatiques tant qu'être là. Les régimes monarchiques n'ont, je le crains, pas nécessairement une excellente image dans l'opinion public, et nous devons nous assurer de présenter le tout sous son meilleur jour et d'éviter tout risque de perception d'irrespect afin promouvoir un rapprochement entre nos deux états. A notre sens, il faudrait que la visite démarre avant ou termine après la course, de manière d'une part à disjoindre clairement les deux évènements aux yeux du public, et d'autre part afin de ne pas générer un stress trop important sur nos services de sécurité en les contraignant à gérer d'une part le protocole d'une visite en même temps que les risques afférant à la course.

Ainsi, il serait idéal, je pense, que la visite ait lieu la semaine précédent la course, lors de l'arrivée de l'écurie Courvoisier et de ses pilotes. Cela permet de se focaliser sur le travail diplomatique et ainsi laisser S.A.R. le Prince travailler "tranquillement" dans sa bulle son avant course pendant que sa mère focalise la lumière. Puis, dans une inversion des rôles, la course prendra le relais comme évènement médiatique, ce qui permettra à S.A.R. Catherine III de pouvoir profiter de la course de son fils en tant que spectatrice, débarrassée des contraintes protocolaires de la semaine précédente. Et de notre côté, cela permettra de justifier le maintien du dispositif de sécurité idoine.

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Photo du Premier ministre du Royaume de Teyla, Angel Rojas, prise lors d'une conférence sur l'avenir de l'économie du Royaume de Teyla au salon "Teyla 2035" a Gèvre, en présence de nombreuses personnalités du monde économique.
Premier ministre, Angel Rojas


Angel Rojas vit la légère surprise apparaître sur le visage de la Sénatrice Pasqua Buderiòun, tandis que Pierre Lore n'avait rien remarqué. Pierre Lore était en train de boire la fin de son verre d'eau tandis que le Premier ministre ne dit rien qui trahissait qu'il avait vu la surprise de la Sénatrice. "Ce serait de très mauvais goût", pensa-t-il, en observant d'un œil attentif le déroulement de la réunion qui, jusqu'à présent, se déroulait sans accroc. Il ne fallait pas rompre l'équilibre de ces échanges cordiaux qui pouvaient aboutir sous peu sur un accord commun, du moins, l'espérait-il. Ce dossier pesait sur les épaules de chacun, on le ressentait dans les mots qui pesaient chacun avant chaque prise de parole. Personne ne voulait paraître méprisant, hautain ou dominant la conversation, le sujet. Quoi qu'il advienne, c'était au tour des représentants du Royaume de Teyla de répondre à leurs interlocuteurs. Le Premier ministre, sur un ton neutre, répondit :

Angel Rojas, Premier ministre de Sa Majesté : Concernant le premier scénario que le Royaume a exposé, en outre le ministère de l'Intérieur, dirigé par l'Honorable ministre Yasmine Lavale, coopérera entièrement avec les autorités de la Praefectura Praetorio Gallia Fausti Nanti. Nos services se chargeront de faire une présélection d'hommes et de femmes pouvant participer à ce détachement. Il reviendra aux services de nos deux nations de faire les sélections finales, si cela vous convient. À titre personnel, cela me semble être une méthode permettant de satisfaire les deux parties présentes autour de cette table. Bien entendu, les restrictions sur les armes à feu et plus largement les équipements sont tout à fait raisonnables et compréhensibles. Je vous renvoie vers le ministère de l'Intérieur et le ministère des Affaires Étrangères, afin d'envoyer la liste des restrictions, le déroulement du séjour, etc. Bien sûr, mon gouvernement préfère toujours le deuxième scénario proposé, qui me semble une solution pas parfaite, je l'entends, mais permettant de respecter les cadres législatifs de nos deux nations tout en permettant de se rapprocher diplomatiquement, du moins c'est le vœu du Royaume de Teyla.

Le Premier ministre et Pierre Lore excusèrent la Sénatrice qui devait s'absenter pour des raisons tout à fait compréhensibles, bien que les deux hommes d'État trouvaient cela étonnant comme fonctionnement. En soi, le régime politique du Royaume de Teyla, tout en étant un régime parlementaire, permettait une souplesse dans les attributions et les missions du gouvernement de Sa Majesté à l'étranger. Il y avait un accord tacite entre le Parlement et le Gouvernement lorsque ce dernier avait la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Le Gouvernement avait carte blanche lors des négociations, discussions avec des nations étrangères tant que les députés étaient tenus au courant de la teneur des débats, dans la limite du possible, et tout accord écrit devait passer par un vote à l'Assemblée nationale. Durant la dizaine de minutes sans la présence de la Sénatrice, Angel Rojas se lança dans une longue tirade de trois minutes concernant la liberté dans la société, en espérant une réponse des invités.

Nous parlions de liberté dans nos réponses au début de la conversation sur le sujet de la présence de Son Altesse Royale. De mon point de vue, la liberté est un élément essentiel de la société teylaise. Le courant libéral prend racine dans la guerre civile qui commença en mille huit cent quarante-huit et prit fin en mille huit cent soixante-six. L'affaiblissement de la Couronne et des conflits religieux qui ne pouvaient être résolus par l'autorité royale ont amené à la guerre civile lorsque le Roi Philippe XVI mourut, laissant la place à un jeune roi de seize ans en la personne de Raymond VI. Un réel débat naquit dans le pays sur la place de la Royauté et du politique dans la vie des citoyens. Devaient-ils être omniprésents ou devaient-ils être en retrait ? Je grossis le trait, mais dans les grandes lignes, c'est ça. Étonnamment, Raymond VI représente une branche du mouvement libéral teylais et a grandement contribué à le diffuser de manière conséquente au Royaume, bien que ce souverain ait toujours eu des envies d'absolutisme, comme plusieurs événements le prouvent. L'événement le plus marquant est sûrement lorsqu'il a réuni, à Manticore, tous les représentants des corps civils et militaires et leur a forcé la main pour qu'ils adoptent la constitution voulue par Raymond VI.

Le Parlement s'est ainsi constitué en deux courants majeurs. Certains historiens estiment que le Parlement était plutôt divisé en trois courants majeurs, mais voyaient cela comme le début des partis politiques modernes ou plutôt les factions politiques velsniennes, cette comparaison me paraît plus juste. Les finances de l'État étaient dans une situation de quasi-faillite, les villes et les campagnes souffraient de maladies, de famine et autres maux. Les années durant, les morts n'étaient pas forcément enterrés dans les bonnes conditions, laissant les maladies se répandre. Les armées teylaises de chaque camp et étrangères pillaient pour se nourrir. Le premier courant était de laisser une liberté économique aux acteurs nationaux et internationaux afin de laisser les finances de l'État se reconstituer face à la situation plus que dangereuse, tout en allant voir nos partenaires internationaux dans le but d'obtenir des crédits. Nous remercions encore les banques zélandiennes ! Le second courant voulait utiliser les crédits étrangers dans le but de relancer la consommation. Vous savez, à l'époque, les classes aisées consommaient, ce qui donnait du travail aux classes populaires, mettre en place des normes au niveau des logements, etc. Il y a eu une vraie conscience de la misère des classes populaires, mais pour une fois cette conscience n'était pas due uniquement à la religion. Bien sûr, il y avait un catholicisme social, mais cela n'était pas le fond du mouvement.

Dans notre histoire moderne, le mouvement libéral a connu son apogée sous le mandat de Pierre Lacombe, plus de quatorze années au pouvoir dans les années quatre-vingt, ça influence un pays forcément. Étonnamment, chaque parti politique a confirmé son acceptation du libéralisme sociétal. Donc les libertés fondamentales, etc. Pierre Lacombe n'était pas seulement favorable à un libéralisme sociétal, social, mais aussi à un libéralisme économique important qui régit encore l'économie du Royaume de Teyla, bien que des réformes aient été faites entre-temps, afin d'adapter les lois à notre époque. Il est encore présent médiatiquement, il a eu une influence importante. Pour vous dire, mon parti politique, le Mouvement Royaliste et d'Union, et ma famille politique, la gauche royaliste, se sont convertis en partie au libéralisme économique. Bien évidemment, pas aussi fortement que celui de Pierre Lacombe, qui était seulement brutal pour toutes les classes sociales, de mon avis. Ainsi, cela m'a fait plaisir lorsque vous avez dévoilé la conception de la liberté individuelle au sein de la Préfecture, parce que nous nous retrouvons des points communs majeurs, bien évidemment différents par nature, étant donné que nos cultures sont différentes. Peut-être est-ce une preuve que je fais preuve d'un certain conservatisme, mais il est important que des nations aient des points communs, bien que j'estime que les relations internationales sont aussi influencées par les relations personnelles entre les acteurs. Je comprends dans ces acteurs les multinationales, ONG, etc, bien entendu.

Au retour de la Sénatrice et après avoir écouté attentivement la Sénatrice Pasqua Buderiòun, le Premier ministre répondit sur un ton un peu moins neutre qu'à l’accoutumée, ajoutant un ton joyeux à sa réponse. En outre, la réponse plaisait à Angel Rojas, qui pensait que le Faustinans allait refuser le second scénario.

Angel Rojas, Premier ministre de Sa Majesté : Évidemment, le Gouvernement et Sa Majesté voient dans l'organisation d'une visite d'État officielle le caractère long d'une telle rencontre, à savoir que la visite de Sa Majesté n'intervienne pas uniquement durant la course d'endurance. Comme vous l'avez souligné, cet aspect risque d'être mal vu auprès de votre opinion publique et, à vrai dire, la nôtre aussi. Les déplacements de Sa Majesté sont assurés financièrement par un budget voté par le Parlement, un tel déplacement serait mal vu par les oppositions républicaines. Le plan que vous proposez convient au Royaume de Teyla. De plus, si vous estimez que cela ne sera pas suffisant pour satisfaire les opinions publiques, nous pourrions feindre un blocage mineur durant les négociations, sur les sujets à l'ordre du jour durant la visite de Sa Majesté, afin de justifier le fait que Sa Majesté doit rester sur le territoire ou alors que Son Altesse Royale Lucas Courvoisier s'occupe de la continuité diplomatique à travers la représentation du Royaume et à travers un membre de la famille royale. Si cela peut vous rassurer, Son Altesse Royale le Prince a participé à la rencontre diplomatique et visite d'État au sein de la Fédération de Stérus.
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