04/10/2015
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[DÉBAT] La Grande Question !

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La Grande Question ! ou La Gran Pregunta ! est une émission de télévision présentée par Cirilo Añosinada et spécialisée dans les débats sur l'actualité mondiale et nationale mais surtout sur des sujets de société ou de politique d'importance capitale comme la masse parfaite de sucre dans la recette de la tarte au citron meringuée ou l'influence de la culture de banane en Icamie sur le conflit Mandrarikan.

Souvent accusée de faire l'apologie de l'extrême-droite conservatrice et nationaliste, Cirilo Añosinada étant régulièrement condamné pour injure raciale ou apologie de la croisade Chrétienne contre les peuples infidèles, l'émission n'en reste pas moins un véritable phénomène de société dont les épisodes sont tous suivis par des millions de téléspectateurs à travers toute la Costa Sueñoleja (ou du moins à travers toutes les régions du pays où la population est assez riche pour s'acheter une télévision).
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Cirilo Añosinada : Bonjour, bonsoir à tous chers téléspectateurs et bienvenue dans La Grande Question !, l'émission où l'on répond aux questions que personne ne se pose et pour cette éditions du 9 Mars 2014, un sujet des plus passionnants : Féminisme, La Costa Sueñoleja est-elle misogyne ? Un sujet de merde donc que nous traiterons aujourd'hui en compagnie d'Alano Solar, militant et polémiste d'extrême-droite et auteur du livre Le droit de vote des femmes ou la chute des nations publié en Février dernier et déjà plébiscité par la critique. Bonjour Alano, c'est un plaisir de vous accueillir.

Alano Solar : Bonjour Cirilo, je suis moi aussi très content d'être sur ce plateau, j'adore votre émission vous savez, je suis toutes vos éditions.

Cirilo Añosinada : Je suis flatté, ha ha ! Moi aussi j'adore mon émission, ha ha ! M'enfin bref, je suis également accompagné de madame Inés Delgada, dirigeante du groupuscule féminazi et misandre extrémiste Afrodita. Bonjour madame.

Inés Delgada : Bonjour Cirilo, j'aurais préférée que vous fassiez au moins semblant d'essayer de donner une image un minimum positive de mon mouvement plutôt que de l'atta...

Cirilo Añosinada : Ouais, ouais, on s'en fout. Enfin, dernier invité aujourd’hui et pas des moindres puisqu'il s'agit de Raúl Tesoro, célèbre professeur d'anthropologie et de sociologie à l'université San Adolfo de Cochinilla. Bonjour Raúl, c'est un honneur de vous voir sur ce plateau. Sincèrement.

Raúl Tesoro : Merci bien Cirilo, mais si cela ne vous dérange pas, j'aimerais que nous commencions immédiatement le débat, j'ai une conférence à donner demain.

Cirilo Añosinada : Très bien, très bien. Alors pour commencer je vous proposes d'écouter ce petit reportage sur l'histoire du féminisme en Costa Sueñoleja. Ça vous va ?

La Costa Sueñoleja ayant, de son indépendance en 1715 à la Révolution de 1868, été dirigée par une monarchie absolue ne léguant aucun droit politique au peuple, le sexisme fut à cet époque cantonné au domaine domestique et privé, les hommes étant traditionnellement les chefs de familles. Le féminisme, s'il se développe dès le dix-septième siècle, bien que de façon très marginale la faute à un manque innérant d'éducation et à une longue tradition conservatrice, ne se développera réellement qu'à l'avènement de la Première République Fédérale et donc de la démocratie à la suite du Coup d'État de 1868. L'avènement de la démocratie fit dès ses débuts l'objet de débat concernant la place que les femmes devraient jouer dans celle-ci à commencer par la question du droit de vote. Cependant, la toute jeune République étant dès ses débuts fortement influencée par l'élite économique et religieuses en majorité très conservatrice, les femmes furent immédiatement exclues de la vie politique du pays menant à l'apparition des première organisations féministes du pays.

Une deuxième phase de l'histoire du féminisme en Costa Sueñoleja sera la guerre civile de 1911 à 1922 durant laquelle l'appel à la paix ainsi que la participation importante des femmes dans les armées rebelles victorieuses souvent comme infirmières mais également comme combattantes seront des arguments utilisés par les suffragettes, celles-ci parvenant d'ailleurs à obtenir le droit de vote pendant les quelques mois de la très brève période communaliste de 1915 sous la présidence d'Emiliano Zacarias. Malgré quelques avancements en matière de droit des femmes à la fin de la guerre, la Première République Fédérale n'accordera jamais le droit de vote aux femmes et l'établissement de l'Estado Nuevo en 1930, fondamentalement réactionnaire et autoritaire, mettra un coup final aux espoirs des féministes de l'époque, désormais fermement réprimées.

Cependant, la Révolution Rouge, qui débute en 1949 en opposition au régime fasciste et s'achève par l'établissement de la République Populaire en 1954, tire ses soutiens de la part des populations les plus opprimées du territoire parmi lesquelles on compte bien sûr les prolétaires qui constituent le gros des forces communistes mais également les indigènes et les femmes. La République Populaire est ainsi le premier régime stable et durable à garantir l'égalité des sexes et les droits des femmes en leur accordant par exemple le droit de vote ou le droit à l'avortement non seulement pour se conformer aux principes communistes qu'elle suivait mais également pour trouver dans la gente féminine un potentiel de main d'oeuvre jusque là délaissé mais pourtant nécessaire au rétablissement économique du pays. Enfin, la Seconde République Fédérale fondée suite au Coup d'État de 1974 maintient l'égalité constitutionnelle et légale entre les sexes jusqu'à aujourd'hui malgré quelques retours sur les lois communistes notamment concernant l'avortement qui est peu à peu interdit indépendamment dans toutes les entités fédérées entre 1976 et 1981. Enfin, l'explosion de la criminalité en Costa Sueñoleja à partir des années 1980 a également eu des effets drastiques sur la sécurité de tout les résidents du pays, en particulier les femmes avec une recrudescence des féminicides, des viols et du proxénétisme.

Cirilo Añosinada : Zzzzz.. Hein, c'est fini ? C'était vraiment très intéressant. Alors je pense que l'on peut effectivement commencer le débat sans plus tarder. Qu'en est-il aujourd'hui du sexisme selon la loi en Costa Sueñoleja ? Raúl ?

Raúl Tesoro : Et bien je pense qu'à l'heure actuelle, la Costa Sueñoleja peut se considérer comme un pays légalement anti-sexiste. En effet la Constitution Fédérale de 1974 explicite clairement que "L'égalité entre les sexes, les races et les religions est un principe intangible et éternel que la República Federal de Costa Sueñoleja s'attelle à mettre en pratique et à défendre." on ne peut, je pense, pas faire plus clair , la Costa Sueñoleja est constitutionnellement un État résolument anti-sexiste. De même, la loi, si elle peut bien sûr différer selon l'entité fédérée où l'on se trouve, ne peut nullement s'écarter de cette Constitution et donc de ce principe d'égalité des sexes. Les douze entités fédérées qui composent notre République ne peuvent donc pas décréter de lois sexistes ou discriminant les femmes et tendent même à condamner de plus en plus les discriminations faites aux femmes. Le sexisme d'État est par conséquent absolument impossible en Costa Sueñoleja.

Inés Delgada : "Le sexisme d'État est par conséquent impossible en Costa Sueñoleja" ? Vous osez prétendre que notre gouvernement est féministe ? Vous croyez que Solera se soucie réellement de respecter ou non les lois qu'il a écrit ? C'est juste un sale con de narco qui appauvrit son peuple pour son profit personnel. Il s'en fout de ce que les femmes qu'il est censé protéger peuvent subir.

Cirilo Añosinada : Madame, un peu de respect s'il vous plait. Nous ne sommes pas là pour vous écouter chialer sur vos problèmes personnels.

Inés Delgada : Mes problèmes personnels ? Mes problèmes sont ceux de plus de vingt-deux millions de femmes et de filles en Costa Sueñoleja et de plusieurs milliards d'autres femmes et d'autres filles dans le monde. Nos lois ne sont même pas respectées par ceux qui les écrivent, les autorités chargées de les faire appliquer sont complètement corrompues. Vous dites que les femmes sont légalement égales aux hommes ? Vous dites que l'État est anti-sexiste ? Alors comment expliquez vous qu'il n'y ait pratiquement aucune femme au gouvernement ? Que sur douze entités fédérées, aucune n'a autorisée l'avortement en 2015 ?

Alano Solar : Ben voyons. Voilà qu'elle nous ressort l'argumentaire de l'avortement. Mais évidemment que l'avortement est une mauvaise chose, ce n'est rien d'autre qu'un infanticide et ça c'est pas moi qui l'dit, hein, voilà. Vous n'avez pas le droit de tuer des enfants, c'est du pur bon sens hein, enfin, voilà, mais ça j'le dis dans mon livre. L'avortement ça va à l'encontre de nos valeurs chrétiennes, hein, c'est un complot judéo-maçonnique pour détruire nos vrais valeurs et ça c'est vérifiable. Vous êtes complètement hystérique madame.

Inés Delgada : Mais vous êtes odieux ! L'avortement n'a rien à voir avec la religion ou un complot international, c'est un droit et même une liberté fondamentale qui devrait être offert à toutes les femmes. C'est une question de liberté.

Cirilo Añosinada : S'il vous plait madame, restez respectueuse. Nous sommes entre gens sages et éduqués, un peu de calme. Bon, puisque vous aimez vous exciter sur ce genre de sujet pourtant inintéressant et puisque vous appréciez beaucoup balancer des arguments aléatoires sans queue ni tête, je vous propose de revenir au fondement de notre débat de ce soir : Est-ce que la société Sueñoleja est sexiste ? Pour répondre à cette question, nous avons interrogé dix-milles hommes Sueñolejos. Les résultats sont sans appels : 53% pensent que les femmes devraient avoir moins de pouvoir que les hommes et 73% considèrent que la société Sueñoleja est globalement sexiste. Raúl, selon vous, comment se manifeste le sexisme en Costa Sueñoleja ?

Raúl Tesoro : Si les femmes ont légalement les mêmes droits que les hommes, le sexisme en Costa Sueñoleja se manifeste avant tout, outre les préjugés et les remarques désobligeantes à l'égard des femmes, par une véritable inégalité d'accès à l'emploi du justement à ces préjugés. On voit par exemple une véritable fracture salariale entre homme et femme y compris à poste et temps de travail comparables, environ 10% d'écart tout de même dans le secteur privé qui représentent une part écrasante de l'emploi en Costa Sueñoleja. On note également une plus grande difficulté des femmes à accéder à certains emplois traditionnellement masculin comme des travaux physiques ou des postes à responsabilité et, à l'inverse, une plus grande propension de femmes dans les emplois plus précaires ou associés aux tâches féminines comme l'enseignement ou le social. Ces inégalités d'accès à l'emploi et de salaire sont également très importants dans le public pourtant plus apte à respecter la constitution puisqu'il dépend intégralement du gouvernement. On peut également remarquer comme nous l'a rappelée Madame Delgada tout à l'heure, que notre Gouvernement est aujourd'hui composé en grande majorité d'hommes, environ 70%, et les quelques femmes ministres sont cantonnées à des ministères jugés peu importants ou traditionnellement féminins comme l'éducation, le familial ou le social. Il y'a donc un véritable problème d'égalité des emplois entre les hommes et les femmes.

Alano Solar : Et c'est très bien comme ça, hein voilà, moi j'ose le dire. Parce que moi j'ai fait un véritable travail de recherche et je peux vous dire qu'il y'a des différences indéniables entre les hommes et les femmes, hein voilà, et je peux vous affirmer que les femmes sont en moyenne plus petites que les hommes et que les muscles des mâles se développent beaucoup plus facilement et ça c'est pas moi qui le dit c'est vérifiable, hein. Donc à partir du moment où on trouve des différences physiques naturellement aussi importantes, il me parait normal de juger que les capacités des femmes ne soient pas adaptées à certains emplois, hein voilà, c'est marqué dans mon livre.

Inés Delgada : C'est absurde, on ne juge pas une personne sur son phénotype mais sur ses compétences. Si des femmes postulent à un emploi c'est très certainement qu'elles pensent avoir les compétences pour et que ces compétences peuvent facilement être prouvées par des diplômes. Car s'il existe effectivement des différences physiques incontestables entre les hommes et les femmes, ces différences ne sont que des moyennes et il n'est pas rare qu'une femme soit plus qualifiée qu'un homme sur un travail physique. D'autant plus que dans notre économie actuelle ultra-mécanisée et automatisée, les capacités physiques ne sont plus un facteur déterminant pour de nombreux emplois dans lesquels ces dernières sont compensées par l'utilisation de machines, il ne reste donc plus qu'à savoir comment les utiliser et donc à faire fonctionner son cerveau qui est naturellement le même chez tout le monde, homme comme femme, à l'exception peut-être du votre dont le développement a du s'arrêter au stade pré-fœtal.

Alano Solar : Étrange, vous dites que tout le monde possède le même cerveau, homme ou femme, mais continuez de prétendre que le sexisme et les violences sexistes ne sont causées que par les pulsions et la violence naturelles des hommes, enfin voilà, je voulais juste le faire remarquer.

Inés Delgada : Je n'ai jamais dit cela. Cependant, il est clair que les femmes sont encore aujourd'hui massivement victimes de violences sexistes, bien plus en Costa Sueñoleja que dans le reste du monde du fait non seulement d'une longue tradition réactionnaire et conservatrice mais aussi du fait de la passivité des autorités qui n'agissent que rarement face à ces crimes jugés anecdotiques tant les crimes violents de tout type sont nombreux dans notre pays. On vit dans un état criminel et rongé par la criminalité, rien d'étonnant alors à ce que des crimes ciblant spécifiquement une communauté déjà oppressée soit parfaitement ignorés, on retrouve le même schéma avec les crimes contre les minorités natives. Vous avez déjà entendu parler des chiffres hallucinants concernant les féminicides en Costa Sueñoleja ? On parle de plusieurs centaines par an, sans compter tout les autres crimes qui touchent exclusivement les femmes et sont encore plus importants.

Alano Solar : Rooh... Mais vous oubliez que tout ces crimes dont vous parlez... sont des crimes justement, hein, on l'oublie souvent. Ces actes sont illégaux et condamnés, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse de plus, hein ? Qu'on noie les garçons à la naissance comme des Woko-Akaltiens ? C'est ça que vous proposez ? Parce que vous avez l'air de croire que tout ces crimes sont exclusivement causés par des hommes pour des motifs sexistes. Comment vous pouvez savoir qu'un féminicide est un féminicide et pas un homicide sur une femme comme les hommes en subissent tout autant voire plus ? Vous lisez dans la tête des assassins ? Il y'a bien plus de raisons qui pousse un homme à tuer qu'une simple haine des femmes, enfin voilà ça me semblait important de le dire et j'pense que c'est vérifiable.

Cirilo Añosinada : Très bien, je pense qu'on va pouvoir passer à la suite : Pourquoi la société Sueñoleja est-elle à ce point sexiste quand la majorité de ses voisins prônent une vision égalitariste des liens sociaux hommes/femmes ? Raúl, vous avez étudié le sujet il me semble.

Raúl Tesoro : Oui j'ai effectivement, en tant qu'anthropologue et sociologue de renommée internationale, étudié avec intention les causes de l'ancrage du sexisme mais aussi d'autres formes de discriminations raciales ou religieuses dans la société Sueñoleja. On peut ainsi remarquer un fort attachement à la culture traditionnelle et au conservatisme depuis les tout débuts, la Costa Sueñoleja étant à l'origine une colonie Guadamos devenue indépendante dès 1715 sous l'impulsion de l'élite aristocratique et religieuse locale, conduisant à la formation d'un petit Royaume réactionnaire et fortement catholique et élaborant une population Eurydescendante elle aussi fermement réactionnaire et catholique, sentiment accentué par le besoin de s'identifier face aux puissants empires coloniaux principalement Eurysiens et aux peuples autochtones encore épargnés par la civilisation, la Costa Sueñoleja étant l'un des tout premiers états non-natifs d'Aleucie. Ce conservatisme peut également s'expliquer peut-être plus simplement par l'importance de la pauvreté qui a toujours conduit à un très faible niveau d'éducation jusqu'à aujourd'hui. La majorité de la population n'étant pas éduquée, elle ne pouvait que peu concevoir les principes progressistes qui se développaient chez ses voisins et considérait l'inégalité sexuelle comme une normalité objective d'ailleurs encouragée par les élites aristocratiques puis industrielles et les autorités religieuses très conservatrices.

Une autre cause pourrait également être la crainte des hommes d'être remplacés par les femmes dans les milieux politiques et économiques. En effet, des femmes éduquées et égales aux hommes signifie également plus d'employés dans un pays qui compte encore aujourd'hui un taux de chômage extrêmement élevé. Les hommes craignent donc qu'en faisant entrer massivement les femmes dans la vie active, celles-ci s’accapareraient les quelques emplois vacants augmentant d'autant plus le chômage et la pauvreté. Sur le plan politique, les hommes peuvent également craindre de voir les femmes prendre le pouvoir ce qui, ils croient, conduirait inévitablement à un renversement complet de la ligne politique de l'État et donc à une crise sociale. Cet argumentaire, s'il pouvait être considéré avec sérieux il y'a quatre-vingt ans quand les femmes étaient explicitement exclues de la vie politique, doit cependant aujourd'hui être relativisé, les femmes ont le droit de vote depuis 1954 et rien n'indique que leurs choix ne soient pas libres.

Enfin, une dernière explication pourrait être la crainte du matriarcat et notamment de la vision qu'ont les Sueñoleos du matriarcat, c'est à dire avant tout du matriarcat Icamien. La prépondérance historique des sociétés patriarcales par rapport aux sociétés matriarcales nous laisse nous questionner quant à la supériorité du patriarcat, celui-ci ayant mené à la fondation d'immenses empires tandis que le matriarcat, car il a bien sûr existé et il existe encore des sociétés matriarcales dominées par les femmes, n'a que rarement permit à ces sociétés en question de dépasser le stade tribal.

Alano Solar : Oui, il suffit de voir les Icamiens, hein, ce peuple de dégénérés qui s'entretuent et se mangent entre eux dans des rituels sataniques et polythéistes et pratiquent la zoophilie en masse, hein voilà, c'est pas moi qui le dit c'est vérifiable. Les Sueñolejos craignent donc de voir émerger une société matriarcale en Costa Sueñoleja qui les ramènerait à un état barbare préhistorique comme les Icamo-Akaltiens qui vivent encore dans des grottes et des maisons confectionnées avec de la chair humaine et de la fiente d'oiseau, voilà je le dis. Je suis d'accord avec vous sur ce point monsieur Tesoro.

En revanche j'aurais aimé que vous fassiez le lien entre l'émancipation des femmes et la dictature gauchiasse de 1954-1974 qui a été la première à défendre l'égalité des sexes pour forcer les femmes à travailler dans les usines et les champs pour la gloire du prolétariat, hein voilà, moi j'ose le dire parce que j'ai fait un véritable travail d'analyse moi. Preuve que le féminisme n'est qu'un complot islamo-blochevique visant à renverser nos valeurs libérales et chrétiennes, faut l'savoir ça.

Inés Delgada : Encore une fois vous mélangez tout monsieur Solar, le féminisme n'est pas intrinsèquement lié au communisme, à la dictature ou à l'esclavage. Vous établissez des liens là où il y'en a pas. Vous faites de la propagande masculinistes et réactionnaires en vous basant sur des données erronées, des corrélations frauduleuses et un argumentaire biaisé. Je ne comprends même pas pourquoi vous avez été autorisé à venir sur ce plateau déblatérer vos conneries fascistes.

Cirilo Añosinada : Bon, et sinon, comment pensez vous pouvoir améliorer la cause des femmes en Costa Sueñoleja ?

Alano Solar : Et bien je pense qu'il n'est de toute façon pas nécessaire d'améliorer les conditions du sexe faible, hein, il me semble en effet normal que les hommes doivent dominer la société pour éviter un effondrement vers l'anarchie et la barbarie comme en Icamie ou, pire, vers le communisme.

Inés Delgada : Ta gueule, facho ! Évidemment qu'il est du devoir des nations civilisées d'assurer l'égalité pour tous et pour cela il faut tout d'abord éduquer le peuples dès l'enfance à l'importance de l'égalité et du respect du consentement et du droit d'autrui. Il faut également que l'État se démocratise, soutienne ouvertement ces initiatives de sensibilisation à l'égalité hommes/femmes et applique enfin une véritable justice ferme et impartiale et non pas corrompue comme aujourd'hui. Il y'a plein de moyens de lutter contre les discriminations en tout genre et pourtant aucun n'est pleinement utilisé aujourd'hui.

Inés Delgada : Pfiou, et bah voilà qu'elle insulte, on aura tout vu.

Cirilo Añosinada : Fermez vos gueules, s'il vous plait. Bon, au vu des tensions que l'on peut ressentir, je pense qu'il va falloir conclure cette émission au plus vite avant que certains invités ne s'entretuent ce qui, admettons le, augmenterait très certainement l'audimat mais risquerait aussi de nous attirer quelques ennuis juridiques.

Ainsi, on pourra dire que cette discussion pleine de réflexions toutes plus intelligentes les unes que les autres n'aura pas manqué de nous éclairer quant aux terribles réalités de notre pays. En effet, la Costa Sueñoleja, pourtant un exemple de civilisation en Aleucie du sud, peine encore, malgré ses efforts affirmés, à garantir une parfaite harmonie entre le sexe fort et le sexe faible. C'est malheureux.

Mais bref, c'est la fin de cette émission, bonne soirée à vous chers téléspectateurs et on se retrouve la semaine prochaine pour un tout nouveau débat des plus passionnants : les Akaltiens méritent-ils de vivre ?
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Cirilo Añosinada : Bonjour, bonsoir à tous chers téléspectateurs et bienvenue dans La Grande Question !, l'émission où on n'apprend rien et où on perd son temps pour enrichir des producteurs de télévision et pour cette édition du trente Mai nous allons tenter, avec notre équipe de chroniqueurs d'élite, de répondre à une question de la plus haute importance : Icama-Chan est-il une menace pour la Costa Sueñoleja, pour la démocratie et pour la liberté ? Pour répondre à cette question d'importance capitale pour la sûreté de notre nation et de toute notre civilisation, je serais une fois encore accompagné d'Alano Solar, qui a récemment publié Icamiaba, fille de Satan, un livre que nous ne pouvons que vous recommander.

Alano Solar : Merci de m'accueillir une fois de plus Cirilo, c'est toujours un plaisir de discuter avec d'autres connaisseurs de mon niveau.

Cirilo Añosinada : Plaisir partagé, Alano, plaisir partagé. Mais ce n'est pas tout, je serais également bien sûr accompagné du très renommé consultant géopolitologue et spécialiste en conflits Alfonso Masar, bonjour Alfonso.

Alfonso Masar : Bonjour Cirilo.

Cirilo Añosinada : Enfin, chers auditeurs, merci d'accueillir le seul, l'unique Claudio Paño.

Claudio Paño : Merci à tous, merci Cirilo.

Cirilo Añosinada : Alors Claudio, racontez nous. Qui êtes vous ?

Claudio Paño : Eh bien, je suis anthropologue, issu de la célèbre et reconnue Université San Adolfo de Cochinilla mais je me suis surtout fait un nom en devenant le premier et, malgré ma très grande humilité, mon honnêteté sans pareil me force à l'avouer, le plus grand spécialiste de la culture web Icamienne de toute la Costa Sueñoleja voire du monde. J'ai ainsi vécu une vingtaine d'années en Icamie où j'ai étudié le comportement et la culture des sauvages locaux en m'intéressant notamment à leurs réseaux sociaux, dont le plus célèbre est sans contestation Icama-Chan, et l'utilisation qu'ils en font.

Cirilo Añosinada : Moui, très intéressant. Mais bref, passons à la suite. Si nous sommes réunis aujourd'hui, c'est pour déterminer si oui ou non Icama-Chan et ses clones sont une menace pour la Costa Sueñoleja. En effet, Icama-Chan, forum web "déjanté" très populaire en Icamie depuis maintenant plusieurs années, a inspiré de très nombreux clones à travers le monde : Jashury-chan au Jashuria, Zee-Chan en Zélandia et, surtout et plus inquiétant, Yukana-Chan en Yukanaslavie et Akal-xan en Akaltie, deux États voisins du notre donc mais surtout majoritairement indigènes et donc par nature hostiles. Que doit-on penser de cette expansion territoriale d'Icama-Chan, car il s'agit bien là d'une expansion territoriale ? Claudio ?

Claudio Paño : Effectivement, Icama-Chan est évidemment dans une logique d'expansion voire d'invasion, cela peut notamment se voir avec les liens évident que le forum entretient avec ses clones à travers le monde. On pourrait citer la collaboration entre Icama-Chan et son clone Jashurien lors de la Crise des missiles de Jib-Outhi afin de livrer de l'aide humanitaire aux soldats Rimauriens ou encore le simple fait que Zee-Chan ait été créé en partie par des vétérans d'Icama-Chan. L'Icamie, par le biais de son forum phare, est donc dans une logique d'influence, ou plus exactement de corruption de la jeunesse dans des pays parfois très lointains afin de s'y implanter et d'y diffuser leur culture nauséabonde, matriarcale et polythéiste.

Cirilo Añosinada : Mais ces deux États sont géographiquement très éloignés de notre pays. En quoi une expansion d'Icama-Chan au Jashuria ou au Zélandia pourrait être une menace pour la Costa Sueñoleja ?

Claudio Paño : J'y venais justement. N'oubliez pas qu'Icama-Chan possède également des clones en Akaltie et en Yukanaslavie qui, nous l'avons déjà dit, sont non seulement peuplés majoritairement d'indigènes, et donc sont par nature culturellement proches de l'Icamie et hostiles à notre pays, et sont tous frontaliers de la Costa Sueñoleja mais surtout, ne pas l'oublier, sont tous de très proches alliés. En résumé, Icama-Chan et ses alliés s'implantent dans des pays déjà culturellement et politiquement proches mais aussi frontaliers et hostiles envers notre peuple et notre nation de cœur. Coïncidence ? Je ne crois pas.

Cirilo Añosinada : Que voulez vous dire ?

Alano Solar : Cela me semble évident. Icama-Chan est un outil d'espionnage militaire et de propagande créé par le gouvernement Icamien pour s'assurer du soutien des populations alliées et de leurs gouvernements par la propagande, rappelez vous les mensonges sur la soit-disante petitesse des organes reproducteurs masculins de nos fiers et virils compatriotes, de permettre le partage d'informations sensibles et d'espionner notre pays en tentant d'y créer une branche de leur forum pour que nos propres concitoyens y publient des données confidentielles. Et tout cela pourquoi ?

Cirilo Añosinada : Pourquoi ?

Alano Solar : Pour préparer une invasion militaire ET informatique à grande échelle de la Costa Sueñoleja. Icama-Chan contrôle totalement les principaux gouvernements natifs d'Aleucie pour les mener vers une guerre totale contre notre pays et détruire notre culture catholique eury-descendante. C'est évident ! Icama-Chan est au centre de ce complot judéo-bolchevique mondial qui menace la Costa Sueñoleja et dont je n'ai eu de cesse de parler depuis plusieurs années déjà !

Cirilo Añosinada : Mais quel est le lien entre Icama-Chan et ce complot judéo-bolchevique dont vous parlez ? Je ne comprends pas.

Alano Solar : Ça saute aux yeux ! Qui a créé Icama-Chan ?

Cirilo Añosinada : Eh bien, il me semble que personne ne le sait, que la personne derrière le forum est restée complètement anonyme-

Alano Solar : Maxime Che Fang, exactement !

Cirilo Añosinada : Je sais que c'est une théorie assez populaire mais il me semble que ce n'est peut-être pas suffisant pour émettre des accusati-

Alano Solar : C'est elle, c'est obligé ! Et c'est aussi elle qui truque les élections pour mettre un parti anti-traditionnel au pouvoir grâce à ses machines pour compter les voix, j'sais pas comment ça s'appelle ! Et puis vous ne me ferez pas croire que ce nom n'est pas à consonance Ivérienne !

Cirilo Añosinada : Je ne trouve pas mais si vous le dites...

Alfonso Masar : Allons Monsieur Solar, avec tout le respect que je vous dois et que j'ai pour vous je pense que vous allez beaucoup trop loin dans vos suspicions ! Je pense au contraire que nous n'avons rien à craindre d'Icama-Chan et que ce n'est qu'un simple site weeb destiné exclusivement aux jeunes prépubères qui préfèrent passer leurs journées sur des forums de roleplay plutôt que d'aller dehors se chercher une vie. En revanche, nous ne pouvons nier le fait que les États pro-natifs que sont effectivement l'Icamie, l'Akaltie et la Yukanaslavie sans oublier, dans une moindre mesure, l'Everia ou même la toute jeune Etznabie qui, bien que beaucoup moins menaçantes à notre encontre soit par manque de volonté pour la première soit par manque de moyen pour la seconde, restent géographiquement assez proche pour nous menacer à l'avenir, restent un danger pour notre pays sans que cela n'ai le moindre rapport avec la présence d'Icama-Chan dans ces pays.

On pourrait néanmoins supposer qu'Icama-Chan, au vu de son patriotisme évident, de son soutien assumé aux communautés natives Aleuciennes matriarcales et surtout de son hostilité virulente envers la Costa Sueñoleja, pourrait potentiellement servir de moteur de propagande pour effectivement fédérer les peuples natifs de ces pays précis mais aussi des autres États Aleuciens ou non dotés de minorités natives ou pro-natives voire pour pousser les indigènes Sueñolejos et les groupuscules indigénistes locaux ou nationaux à soutenir l'invasion qui serait de leur point de vue perçue comme une libération.

Ainsi, je conclurai que non, Icama-Chan n'est pas, comme vous l'avez suggéré Monsieur Solar, au centre d'un complot international visant à exporter la culture Icamienne à travers le monde et à détruire notre pays. Icama-Chan ne menace pas la Costa Sueñoleja et n'a pas le pouvoir de mener une invasion MAIS il pourrait, dans le cas d'une invasion effective dont il ne sera bien sûr pas à l'origine, servir de moteur de propagande à notre encontre tant lui et ses clones sont populaires chez nos ennemis.

Cirilo Añosinada : Ouf, voilà qui est rassurant. Mais dites moi, messieurs, que faut-il penser de la récente auto-proclamation d'Icama-Chan comme un État indépendant et de l'élection de Gaspard Ducarton, Président du Dolimouse, à sa tête ?

Alano Solar : Une preuve de plus de la volonté hégémonique d'Icama-Chan. Le forum ne se satisfait plus de dominer l'espace virtuelle, il veut conquérir l'espace réel. D'abord un État, ensuite un Empire.

Claudio Paño : Vous en faites trop. Je pense que nous avons là affaire à ce que l'on pourrait appeler du "trolling", c'est une façon de se moquer gentiment du Dolimouse en s'appropriant son Chef d'État qui n'est je vous le rappelle qu'une planche de carton peinte que ce pays que l'on pourrait qualifier de mentalement ravagé avait tenté de faire passer pour un Président respectable afin de se donner une image légale, constitutionnelle et démocratique. Rien de bien méchant si vous voulez mon avis.

Cirilo Añosinada : Oui, cela me parait plus sage de raisonner ainsi. En conclusion, nous pourrons donc dire qu'Icama-Chan n'est pour l'heure aucunement une menace pour la Costa Sueñoleja malgré son hostilité revendiquée mais qu'il pourrait néanmoins servir de moteur de propagande et de fédération nationale dans le cas d'un conflit ouvert et conventionnel entre notre pays et l'un des États indigénistes dans lequel il est notamment implanté. En somme, Icama-Chan n'est pas un ennemi, c'est une arme par destination.
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