18/08/2016
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Chambre des Négociations [RP Estalie-Kartvélie]

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Emblème officiel de la Chambre des Négociations.


Ici sera référencé tous les débats et les accords signés entre la Fédération des Peuples Estaliens et la Fédération des Communes de Kartvélie. Ces accords et ces débats sont entretenus au sein de la dite Chambre des Négociations qui est une institution bilatérale estalo-kartvélienne composée entre les membres du gouvernement kartvélien et une délégation désignée du gouvernement fédéral estalien afin que les deux parties puissent négocier des accords dans le cadre d'une coopération avancée entre les deux Fédérations, ces deux derniers partageant un grand nombre d'intérêts communs. L'Estalie et la Kartvélie ont étés pendant un bon moment des rivaux politiques, il est désormais temps pour les deux pays frères d'unir leurs forces sous la grande houlette de la Révolution Véritable, seul paradigme respectable en ce monde souillé par le libéralisme et le capitalisme.

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Emblème officiel de la Chambre des Négociations.


Les premières mesures mises en place par le Comité de Reconstruction dans le domaine agricole ont étés d'un grand succès selon la Chambre des Négociations. En effet, d'après les rapports du mois d'avril 2015, il semble que les capacités agricoles kartvéliennes s'est relevé petit à petit à un niveau moins catastrophique qu'il y a deux mois. Si la disette persiste dans certaines communes, il semble que le risque de famine à l'échelle nationale semble bel et bien écartée. Néanmoins, les rapports de la Chambre démontrent en grande partie que ces mesures d'urgence s'avèrent extrêmement coûteuses pour un gouvernement kartvélien financièrement aux abois et les mesures liées au relancement progressif des principales industries stratégiques du pays ont engloutis une grande partie du budget de l'Etat que celui-ci avait pourtant économisé après une sévère coupe budgétaire dans la quasi-totalité de ses postes de dépenses. Il est donc évident que si ces mesures sont efficaces sur le papier, elles ne dureront pas éternellement. Il faut que la Kartvélie puisse dépenser ses capacités budgétaires dans des postes de dépenses qui puissent lui assurer une prospérité économique à plus long terme. Il est donc nécessaire qu'avant toute chose, une partie de la budgétisation kartvélienne destinée à l'agriculture se repose davantage sur les aides estaliennes. La Chambre de Négociations a donc mis en place avec l'accord des deux parties la mise en place d'un traité bilatéral visant à stabiliser le secteur agricole kartvélien que voici :


Traité bilatéral de sécurité alimentaire du 23 Avril 2015 entre la Fédération des Peuples Estaliens et la Fédération des Communes de Kartvélie a écrit :

Préambule :
Dans l’esprit de la solidarité révolutionnaire et pour renforcer les liens économiques, sociaux et politiques entre la Fédération des Peuples Estaliens (ci-après l'Estalie) et la Fédération des Communes de Kartvélie (ci-après la Kartvélie), les deux parties conviennent des dispositions suivantes visant à stabiliser et développer le secteur agricole kartvélien, tout en établissant une coopération mutuellement bénéfique. Ce traité est signé dans un esprit d’amitié, de soutien réciproque et de prospérité commune.

Chapitre I : Mise en place d’un Programme Agricole Conjoint (PAC)

  • Article 1 : Assistance matérielle immédiate

  • L'Estalie s’engage à fournir à la Kartvélie une aide d’urgence sous forme de matériel agricole (tracteurs, outils mécaniques, équipements d'irrigation) produits dans les usines estaliennes, de semences certifiées de qualité pour les cultures de base prioritaires et de produits phytosanitaires essentiels pour protéger les récoltes kartvéliennes.

  • Article 2 : Formation technique

  • L'Estalie enverra des experts agricoles pour former les agriculteurs kartvéliens sur l’utilisation optimale des matériels et techniques modernes, mettre en place des formations aux méthodes d’agriculture moderne et créer des "Unités Pilotes de Coopératives Mixtes" pour montrer l’efficacité des systèmes de production collectifs basés sur les modèles de coopératives agricoles estaliennes.

    Chapitre II : Création d’un Consortium Agricole Estalo-Kartvélien

  • Article 3 : Gestion des terres abandonnées ou sous-utilisées

  • La Kartvélie transfère la gestion des terres agricoles abandonnées à un Consortium Agricole Conjoint supervisé par un comité mixte estalo-kartvélien. Ce comité aura pour mission de maximiser la productivité de ces terres pour répondre aux besoins alimentaires des deux pays et prioriser les cultures stratégiques négociées entre les deux parties.

  • Article 4 : Contrôle logistique et distribution

  • Les infrastructures logistiques (transport, stockage, distribution) du dit Consortium seront modernisées et gérées par des coopératives estaliennes, qui garantiront un accès équitable et efficace aux marchés internes et externes.

    Chapitre III : Réforme Foncière et Organisation Coopérative

  • Article 5 : Banque Foncière

  • Une Banque Foncière sera créée pour gérer les terres inutilisées ou sous-exploitées. Cette institution, sous supervision estalienne, redistribuera ces terres à des collectivités ou exploitants selon les besoins stratégiques de la Kartvélie.

    Chapitre IV : Modernisation et Mécanisation Agricole

  • Article 6 : Fourniture de machines agricoles

  • L'Estalie fournira des machines agricoles modernes (tracteurs, moissonneuses-batteuses, équipements d’irrigation) à la Kartvélie à des prix préférentiels, financés par des crédits alloués via la Banque Foncière.

  • Article 7 : Centres de maintenance et d’entretien

  • L'Estalie construira des centres de maintenance et de formation technique en Kartvélie. Ces centres seront gérés par des techniciens estaliens pour garantir l’entretien des machines et former des techniciens locaux.

    Chapitre V : Crédits Agricoles et Financement

  • Article 8 : Création d’une Banque Agricole Conjointe

  • Une Banque Agricole affiliée à la Banque Populaire estalienne sera créée pour fournir des crédits agricoles aux coopératives et agriculteurs kartvéliens.

  • Article 9 : Conditions des crédits

  • Les crédits seront accordés aux conditions suivantes : achat obligatoire des matériaux et machines via des fournisseurs estaliens ; respect des objectifs de production définis par le Consortium Agricole Conjoint.

    Chapitre VI : Mutualisation des Bénéfices

  • Article 10 : Partage des surplus agricoles

  • L'Estalie s’engage à exporter une partie de ses surplus agricoles vers la Kartvélie à des prix négociés, garantissant un accès préférentiel aux produits de base (blé, maïs, soja).

  • Article 11 : Partage des technologies agricoles

  • L'Estalie transmettra des technologies agricoles avancées à la Kartvélie sous forme de brevets technologiques, mais conservera l’exclusivité des innovations stratégiques pour renforcer sa position de leader technologique.

    Chapitre VII : Durée et Révision

  • Article 12 : Durée du Traité

  • Ce traité est conclu pour une durée initiale d'un an, renouvelable par consentement mutuel.

  • Article 13 : Clause de révision

  • Les dispositions de ce traité peuvent être modifiées par accord commun entre les deux parties, en fonction des réalités économiques et sociales.
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    Emblème officiel de la Chambre des Négociations.


    En ce début de matinée du 1er Mai 2015, les délégations estaliennes et kartvéliennes s'étaient à nouveau réunies au sein du bâtiment accueillant la Chambre des Négociations. Si l'importance institutionnelle de la Chambre des Négociations devenait de plus en plus notable au sein de la politique kartvélienne, l'aide estalienne rythmant la vie économique du pays et surtout l'assiette des Kartvéliens en l'occurrence, l'influence que pouvait exercer l'Estalie sur cette chambre était au-delà de toute limite raisonnable, et cette dernière ne cachait même pas l'emprise qu'elle avait sur la Chambre. En effet, rien que le siège de la Chambre était située dans l'Hôtel Holiak, un ancien hôtel luxueux du centre-ville de Mistohir, à quelques rues du Congrès International des Travailleurs, l'appareil législatif de la Fédération des Peuples Estaliens. C'est comme si la Chambre des Négociations était davantage partie prenante de la sphère gouvernementale estalienne qu'une institution kartvélienne dont elle revendiquait la réponse à ses attentes les plus primaires, c'est-à-dire dans l'instant présent, ses attentes économiques.

    Les deux délégations entrent alors dans la salle. D'un côté, le responsable désigné par la Commission aux Relations Extérieures pour la Kartvélie, Igor Jadoska. Igor pouvait sembler être un peu rude au départ et c'est normal : si sa carrière officielle se résume à un rapide passage à l'ambassade estalienne de Lyonnars en tant que secrétaire, son CV officiel cache en vérité un ancien officier du SRR. Après la chute de la République de la Kartvélie, beaucoup d'agents du SRR se retrouvèrent un peu "sans emploi", la majorité des effectifs du service étant affiliés à des missions qui étaient liées de près ou de loin avec l'Opération Collapse. Tandis qu'une partie des effectifs avait été réaffecté dans d'autres pays ou conservés en Kartvélie pour combattre la réaction ambiante qui y proliférait, d'autres comme Jadoska avaient étés réaffectés à la Commission aux Relations Extérieures. Depuis quelques mois, des centres de réflexions au sein du SRR réunissant des dizaines d'officiers du renseignement avaient commencés à commenter la politique étrangère estalienne, s'opposant au mélange soi-disant maladroit d'idéalisme et de pragmatisme de l'actuelle Commissaire et y préférant une politique étrangère plus agressive, plus interventionniste mais aussi pragmatique, à l'image de l'entrisme kah-tanais. Jadoska était de cette trempe-là, il empiétait sur les plates-bandes de la Commission qu'il était sensé servir pour imposer des conditions rudes à ses voisins kartvéliens. Volkiava avait la réelle intention sincère de créer un partenariat solide avec la Kartvélie, Jadoska voyait quant à lui cette nation comme la base-arrière de l'Estalie, celle qui fut puni par son opposition à la Révolution et qui en reçoit désormais les conséquences ; le mépris anti-kartvélien n'était pas anodin pour les membres du SRR, ces gens avaient passés plus d'un an à tuer, assassiner, corrompre et saboter chez les Kartvéliens et la réussite de l'opération révolutionnaire s'est ensuivi d'un sentiment d'orgueil et d'invincibilité qui affecte toute la partie kartvélienne du SRR. Jadoska n'était donc pas là pour rire et sa présence, désormais bien connue des bureaucrates kartvéliens qui lui faisait face, laissait entendre que la délégation kartvélienne allait passer un sale quart d'heure.

    De l'autre côté de la table, son homologue kartvélien, Lazar Chkadua (encore un). Figure plus frêle que son homologue estalien, il avait la tête de l'emploi : un fonctionnaire grand, début de calvitie, mince, qu'on n'aperçoit qu'en costume-cravate et rien d'autre. C'était anciennement un haut fonctionnaire de la République, il était chargé de la gestion des subventions publiques au secteur minier kartvélien de l'époque. En bref, c'était avant tout un comptable plus qu'un fonctionnaire politique, restant là au gré des partis et des administrations successives. En somme, il était l'archétype du fonctionnaire apolitique, servant la fonction publique du mieux qu'il pouvait. C'est cette sincérité dans son parcours professionnel qui avait poussé les révolutionnaires à l'amnistier et lui accorder un poste dans les institutions du nouveau gouvernement. Lazar ne connaissait que trop bien son adversaire : il ne connaissait pas son parcours et se doutait que peu de son ancienne affiliation au SRR mais les faucons de guerre, il ne connaissait que trop bien.

    Jadoska prit alors son dossier en main et l'ouvra en même temps que les quelques experts qui l'accompagnaient. La finance et la monnaie. Voilà des sujets intéressants. Jadoska prit la peine de lire le dossier, même s'il en connaissait déjà un rayon sur la situation monétaire et financière actuelle de la Kartvélie qui relevait du champ de bataille, ni plus ni moins. Il avait déjà des idées en tête.

    "Bien. Bonjour à tous, messieurs les délégués, nous allons pouvoir débuter cette réunion en ce qui concerne la situation financière et monétaire de la Kartvélie. Comme vous le savez sans doute, camarades, la situation du pays est dramatique de ce point de vue. Le lari manque de confiance chez les consommateurs et l'hyperinflation continue de ravager le pays, sans oublier le chaos administratif quant à la gestion monétaire et la spéculation sur les devises extrêmement forte, l'inefficacité des dépenses publiques, le déficit budgétaire de l'Etat, la hausse des prix des biens essentiels, l'instabilité des marchés locaux et de manière plus globale la perte de pouvoir d'achat de la majorité des Kartvéliens. Le tableau dressé est bien triste, camarades.
    - Si je peux me permettre, M.Jadoska, mon gouvernement a établi des mesures d'urgence pour pallier à ces problèmes durant le mois de mars.
    - C'est-à-dire ?
    - Eh bien pour commencer, nous avons mis fin à l'impression monétaire, nous avons introduits un nouveau taux d'échange pour le lari, nous avons gelés les émissions de monnaie pour les six prochains mois et nous avons menés un retrait partiel des billets excédentaires et plafonner la création monétaire à 5% du PIB nominal soit environ 3 milliards de lari. De surcroît, nous avons nationalisés les banques, nous avons mis en place un Trésor Public afin de centraliser et consolider nos ressources nationales en or et en devises étrangères, nous avons établis des quotas de dépôts obligatoires pour les coopératives et redistribués les ressources inutilisées vers les secteurs productifs. De plus, vous dites que nos dépenses publiques sont inefficaces mais nous nous sommes chargés de supprimer les subventions aux entreprises et nous avons tout redistribué vers des secteurs plus stratégiques comme l'alimentation, le transport ou les infrastructures, nous avons mis en place une nouvelle taxe sur la solidarité pour les actifs des anciennes élites et des entreprises expropriées et nous avons débutés une politique de lutte contre l'évasion fiscale, je ne comprends donc pas vraiment votre remarque sur ce point. Nous avons mis en place un comité national de stabilisation des prix et plafonner les prix des biens essentiels avec des marges minimales pour les producteurs et les bourses d'échanges ont étés autorisées à promouvoir le troc pour compléter l'économie monétaire. Enfin, nous avons mis en place des crédits d'urgence sans intérêts pour les coopératives, nous avons indexés temporairement les salaires sur les prix de biens essentiels et redistribués les stocks publics.

    Le fonctionnaire kartvélien gagnait des points, indéniablement mais d'un sourire cynique au coin du visage, Jadoska n'allait pas céder un centimètre à ce gratte-papier.
    - Je dois effectivement prendre en compte que vous avez menés de bonnes mesures d'urgence. Néanmoins, vous savez comme moi que ces mesures sont temporaires, il nous faut une situation qui puisse rester fixe sur le moyen terme afin de construire des bases plus solides à l'économie du pays. De plus, certaines mesures d'urgence laissent à désirer.
    - Je vous demande pardon ?
    - Le remplacement du lari par de nouvelles dénominations n'élimine en aucun cas les causes sous-jacentes de l'inflation, c'est le manque de discipline fiscale et la faiblesse de l'économie productive qu'il faut viser, pas la monnaie, sans oublier que votre retrait de liquidités pourrait entraîner une pénurie de liquidités et ainsi paralyser les échanges locaux. De plus, vous avez nationalisé toutes les banques mais avez-vous pensé à la gestion administrative de celles-ci ?
    - Je...je ne sais pas.
    - Exactement, M.Chkadua, non. D'ailleurs, vous êtes en phase de reconstruction, mettre en place des quotas de dépôts bancaires obligatoires pour les coopératives risque de réduire leur flexibilité financière et donc leur croissance. Plafonner les prix pourrait provoquer des pénuries par ailleurs. De plus, vous ne comptez tout de même pas légaliser le troc indéfiniment ? Il faut bien trouver une solution de rechange un jour ou l'autre, à moins que vous souhaitiez réduire la légitimité du lari et désancrer le lari de l'économie nationale. Sans oublier que vos bourses d'échanges, même si le principe me paraît innovant et plutôt sérieux je n'en doute pas, ouvre la voie aux abus et aux trafics incontrôlés ni plus ni moins. Enfin, même si l'indexation des salaires est un réflexe humain si je puis dire, elle va maintenir la pression inflationniste si votre production ne suit pas la hausse de la demande. Si je peux résumer en des mots plus clairs, messieurs, vos mesures d'urgence ne tiendront pas un mois de plus à mon sens.

    Chkadua soupira, ce sale Estalien n'avait pas vraiment tort mais lui, comme le Comité de Reconstruction, savait que sans aide, ils n'allaient pas s'en sortir. La production redémarre trop lentement et l'économie parallèle a commencé à prendre le relais au nord du pays et autour du Saïdan, effet indésirable de l'ancienne mafia qui pullulait déjà sous la République.
    - Je vois. Dans ce cas, que proposez-vous ?
    - Déjà, premièrement, il me semble déraisonnable de retirer l'indépendance à votre banque centrale comme vous l'avez fait. Je vous propose donc de remettre en place une banque centrale kartvélienne indépendante, la Banque Populaire Kartvélienne. Cela évitera les conflits d'intérêts au sein de votre appareil bancaire. En échange de cette indépendance, la Banque Populaire estalienne se chargera de former les cadres dirigeants et d'envoyer des experts financiers estaliens dans le cadre d'une coopération technique bilatérale entre nos deux nations. Etant donné que vos modèles bancaires étaient déjà en retard sous la République, ils ne sont guère utilisables dans l'instant pour une adaptation à une économie de nature socialiste. Je vous propose donc qu'un programme interbancaire soit mis en place entre nos deux banques centrales afin de standardiser les outils, les protocoles de gestion monétaire et les logiciels pour qu'ils interopérables.

    Chkadua prit un instant pour réfléchir. Jadoska le croyait bête ? Il savait lire entre les lignes. Pour lui, c'était purement et simplement une concession de la souveraineté économique de la Kartvélie, la banque centrale ne serait plus qu'une vulgaire extension de la Banque Populaire estalienne. Néanmoins, Chkadua avait travaillé avec la banque centrale kartvélienne pendant des années et connaissait l'état de délabrement actuel de la banque qui était largement inefficace dans nombre de domaines.
    - Soit, admettons que nous acceptions cela, en quoi ça nous avancerait ?
    - Je n'ai pas fini, camarade. Cela devra faciliter la deuxième phase de la stabilisation monétaire : je vous propose de fixer le taux d'échange à un taux rigide par rapport à l'unitas. En indexant le cours du lari sur notre monnaie, bien plus stable, nous rétablirons ainsi une confiance partielle dans la monnaie kartvélienne et cela mènera à une stabilisation immédiate du lari.
    - Au dépend de la souveraineté monétaire...
    - On ne peut être souverain de son pays avec une économie aussi peu productive que la vôtre.
    - Certes.
    - En échange, l'Estalie s'engagera à vous fournir un crédit généreux de 6 milliards d'unitas, de quoi largement compenser votre déficit budgétaire actuel et de financer vos nouvelles politiques de reconstruction.
    - En unitas ?
    - Evidemment, votre monnaie n'inspire plus aucune confiance, l'Estalie n'a pas assez de devises étrangères en lari pour libeller nos crédits en lari. Vous devrez donc vous contenter de l'unitas. Nous vous proposerons par ailleurs un financement de 600 millions d'unitas supplémentaires afin de superviser la mise en place de registres d'échanges monétaires pour vos coopératives ?
    - Pourquoi faire ?
    - Lutter contre l'évasion fiscale, bien entendu. Votre recensement était une première étape mais certaines coopératives peuvent se montrer récalcitrantes.

    Chkadua se leva quelques instants, l'air impassible.
    - Merci de ces propositions, M.Jadoska. Si vous le permettez, j'ai besoin d'en discuter avec mes collègues si cela ne vous dérange pas afin que nous puissions examiner et réfléchir plus en détails de vos propositions.
    - Prenez votre temps, camarade. Vous reviendrez vite vers nous, j'en suis sûr.
    "

    La délégation kartvélienne quitta la salle, la moitié d'entre eux pâles comme des squelettes. Les intentions estaliennes semblaient se confirmer petit à petit pour la plupart d'entre eux. Chkadua se tourna vers son second, l'air tout aussi inquiet que ses collègues.

    "Qu'en pensez-vous, M.Chkadua ?
    - J'en pense que c'est du colonialisme pur et dur. Qu'ils sont beaux, nos libérateurs.
    - Nous devons refuser leur proposition.
    - Vous êtes fou, camarade ? 6 milliards, plus 600 millions à la clé. Ils nous colonisent peut-être mais pensez à nos compatriotes. C'est six milliards qui vont leur bénéficier. Je dois admettre que leur proposition est scandaleuse et du temps de la République, ça ne serait jamais passé. Mais notre nation subit une des plus graves crises de son histoire.
    - Vous préférez donc vendre votre âme au diable ?
    - Je vends la banque centrale, certes. Mais avons-nous le choix ?
    - Nous pouvons nous débrouiller seuls.
    - M.Jadoska n'avait pas tort, vous savez.
    - Je vous demande pardon ?
    - J'ai du mal à l'admettre mais ce chien d'Estalien a raison : nos mesures d'urgence ne tiendront pas la route plus de quelques mois, si ce n'est moins. Il nous faut de la stabilité. Et il nous offre une porte de sortie. Une porte empoisonnée d'avance, certes, mais nous sommes au pied du mur. C'est soit ça, soit la chute économique. Et la guerre civile avec. Je ne suis pas un franc révolutionnaire mais je préfère la tutelle estalienne au terrorisme de la Rache.
    - Merde...vous avez peut-être raison.
    - C'est bien ça le problème. Ils ont bien choisi leur moment.
    "
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    Emblème officiel de la Chambre des Négociations.


    Après plusieurs concertations conjointes entre la Kartvélie et l'Estalie au sein de la Chambre des Négociations, il a été constaté que la relance industrielle kartvélienne avait connu un semi-succès. En effet, d'après les chiffres récupérés par la Chambre des Négociations, l'industrie kartvélienne nouvellement nationalisée et ayant élaboré des principes de mutualisation de ses moyens de production afin de faire face à la pénurie générale de matières premières et d'outils industriels sophistiqués, a réussi l'exploit de réaugmenter la production industrielle de +14% depuis que les décrets d'urgence ont étés contresignés par le Comité de Reconstruction. Néanmoins, depuis le début du mois de mai, une stagnation se fait sentir au sein de l'industrie kartvélienne. La cause ? Le manque d'accès aux matières premières qui restaient déjà mal exploitées sous la République : ce symptôme hérité de la période républicaine semble continuer d'infecter la Fédération des Communes de Kartvélie et le développement de son tissu industriel. En conséquence, l'Estalie s'est portée garante, en échange de quelques concessions, afin de reprendre en main le secteur minier kartvélien et assurer à l'industrie kartvélienne les biens miniers nécessaires à la poursuite de ses activités économiques principales et l'approvisionnement de ses chaînes de valeurs. Ainsi fut signé le 8 mai 2015 à Mistohir le traité suivant à la Chambre des Négociations :


    Traité bilatéral de sécurisation des ressources minières du 8 Mai 2015 entre la Fédération des Peuples Estaliens et la Fédération des Communes de Kartvélie a écrit :



    Préambule

    Conscientes des opportunités économiques et stratégiques découlant de la coopération bilatérale, la Fédération des Peuples Estaliens (ci-après dénommée "Estalie") et la Fédération des Communes de Kartvélie (ci-après dénommée "Kartvélie"), dans un esprit de partenariat et de développement mutuel, conviennent des termes suivants en vue de l’exploitation des ressources minières du territoire kartvélien. Ce traité vise à établir un cadre pérenne pour l’accès aux ressources minières de la Kartvélie, dans le respect des besoins de développement économique des deux nations.

    Article 1 : Objectifs et Principes Généraux

    1.1 La Fédération des Peuples Estaliens se voit octroyer, de manière exclusive et perpétuelle, le droit d'exploiter les ressources minières de la Kartvélie, incluant mais non limité aux minerais rares, métaux précieux, charbon, et autres ressources stratégiques identifiées comme nécessaires pour le développement industriel et technologique des deux pays.

    1.2 L’exploitation et la gestion des ressources seront réalisées selon des standards techniques, environnementaux et économiques, établis par la Fédération des Peuples Estaliens, en collaboration étroite avec les autorités kartvéliennes compétentes.

    1.3 Les parties conviennent que ce partenariat favorisera une répartition équitable des bénéfices générés par l’exploitation des ressources, tout en permettant une gestion optimale de ces ressources en fonction des besoins stratégiques des deux nations.

    Article 2 : Exploitation Minérale

    2.1 La Fédération des Peuples Estaliens est autorisée à établir des infrastructures d’exploitation minière sur le sol kartvélien, incluant des mines souterraines, des carrières à ciel ouvert, ainsi que des usines de traitement des ressources. Ces infrastructures seront sous la gestion directe des coopératives minières estaliennes ou des consortiums mixtes réunissant des coopératives estaliennes et kartvéliennes, suivant les termes de l’accord.

    2.2 La Fédération des Peuples Estaliens mettra en œuvre des technologies de pointe adaptées aux conditions géographiques et environnementales de la Kartvélie. Les autorités locales participeront à la mise en place de ces technologies sous la supervision technique et logistique des experts estaliens.

    2.3 Les travailleurs kartvéliens seront formés selon les meilleures pratiques industrielles, avec la possibilité d’améliorer leurs compétences et d’intégrer progressivement des rôles à responsabilités dans les processus de gestion des ressources.

    Article 3 : Partage des Ressources et Revenus

    3.1 En contrepartie de l’exploitation des ressources, la Fédération des Peuples Estaliens s’engage à verser à la Kartvélie une part des revenus générés par l’exploitation des ressources, dont le montant sera défini par les autorités estaliennes en consultation avec les responsables kartvéliens.

    3.2 Une partie des compensations pourra être versée en nature, sous forme de produits manufacturés, de technologies, de matières premières extraites ou d’infrastructures, afin de soutenir le développement économique et industriel de la Kartvélie selon ses priorités.

    Article 4 : Sécurisation des Sites et Stratégies de Coopération

    4.1 La Fédération des Peuples Estaliens se réserve le droit d’établir des mesures de sécurité et de protection pour garantir le bon déroulement des opérations d’exploitation minière, ce qui inclut la mise en place de forces de sécurité spéciales pour la protection des infrastructures ainsi que l'occupation des sites d'extraction par des unités de l'Armée Rouge.

    4.2 En cas de perturbations majeures des activités d’exploitation minière, la Fédération des Peuples Estaliens pourra déployer des moyens nécessaires pour maintenir la stabilité des opérations. Ce soutien pourra inclure des coopérations diplomatiques ou des moyens techniques spécifiques.

    Article 5 : Infrastructures et Logistique

    5.1 La Fédération des Peuples Estaliens est autorisée à développer les infrastructures nécessaires pour soutenir l’exploitation des ressources, incluant des routes, des voies ferrées et autres infrastructures logistiques vitales pour l’acheminement des ressources extraites vers les zones de transformation et d’exportation.

    5.2 Ces infrastructures seront gérées par des entreprises publiques sous contrôle de la Fédération des Peuples Estaliens, garantissant ainsi l’efficacité des chaînes d’approvisionnement et la fluidité des échanges commerciaux.

    Article 6 : Durée et Révisions

    6.1 Le présent traité est conclu pour une durée de dix ans, avec la possibilité pour chaque partie de le réévaluer à intervalles réguliers. La révision des termes pourra être initiée par l’une ou l’autre des parties, dans le respect des engagements pris et des intérêts stratégiques communs.

    6.2 Les parties conviennent que toute modification substantielle du cadre d’exploitation ou des termes financiers sera discutée de manière bilatérale, avec l’objectif d’ajuster l’accord en fonction des évolutions économiques et stratégiques des deux nations.
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    Emblème officiel de la Chambre des Négociations.


    Normalisation logistique et matérielle de l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie :

    Négociations conjointes entre l'Armée Rouge et l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie.
    Rapport analytique du déroulé des négociations de normalisation technique des normes matérielles et logistiques entre les représentants de l'Armée Rouge (Estalie) et l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie (Kartvélie) sous l'arbitrage de la Chambre des Négociations.

    Sur la nécessité d'une interopérabilité organique :

    Parmi les domaines les plus critiques identifiés dans la construction de la nouvelle Fédération des Communes de Kartvélie, l'organisation militaire de la nouvelle Armée Révolutionnaire de Kartvélie joue un rôle particulièrement important, notamment dans le domaine logistique. La persistance de foyers réactionnaires dans le Saïdan, sur le territoire kartvélien, et l'incapacité des forces kartvéliennes à faire face aux trafics illégaux qui se servent de ses moyens de transport et de logistique exigent une réponse militaire à la fois rapide, cohérente et systémique. Or, l'état actuel de l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie soulève de lourdes préoccupations quant à sa capacité à remplir efficacement cette mission, autant dans l'exercice de sa mission de stabilisation interne que dans le cadre de ses opérations conjointes avec les unités de l'Armée Rouge dans le Saïdan.

    Depuis la chute de la République et la refondation de l'armée kartvélienne sur ses nouvelles bases révolutionnaires, l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie s'est vue confier une mission double : assurer la stabilisation interne du territoire et incarner le bras armé de la souveraineté populaire. Toutefois, la structure de l'institution reste profondément marquée par l'héritage de l'armée républicaine, tant dans son organisation que dans ses pratiques matérielles. Un déficit de doctrine unifiée, une gestion erratique et douteuse des flux logistiques, l'absence de standardisation du matériel (à la suite de l'effondrement total du complexe militaro-industriel après la Révolution Brune) et une faible coordination inter-unités compromettent la réactivité et la résilience des forces. Cette situation génère une dépendance accrue des troupes kartvéliennes aux soutiens ponctuels estaliens, dans des conditions souvent peu compatibles avec l'exigence d'efficacité opérationnelle des conflits modernes.

    Face à cet état de fait, la Chambre des Négociations établit dans ce rapport les fondements d'un processus de normalisation logistique et matérielle des forces armées kartvéliennes, sous le regard et le débat conjoint des représentants de l'Armée Rouge et de l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie. Ce processus, fondé sur les standards éprouvés de l'Armée Rouge, vise à garantir une interopérabilité organique entre forces kartvéliennes et unités estaliennes, notamment celles qui sont actuellement déployées dans le Saïdan. Il s'agit moins d'une intégration formelle que d'un alignement structurel, apte à préserver la souveraineté militaire kartvélienne tout en assurant l'efficacité de la lutte contre les foyers réactionnaires.


    I/ Un appareil militaire instable : l'état des lieux de l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie.
    .

    1.1 - Héritage structurel et fragmentation interne :

    La recomposition de l'appareil militaire kartvélien à la suite de l'effondrement de la République n'a pu se faire qu'en récupérant, dans l'urgence et sous contrainte, une partie significative des structures, des personnels et des habitudes de l'ancienne armée républicaine. Si cette solution pragmatique a permis d'éviter un effondrement sécuritaire total, elle n'en a pas moins inscrit dans le corps de l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie (ARK) une série de contradictions qui freinent l'émergence d'une force fiable, idéologiquement alignée, et pleinement coordonnable avec les contingents estaliens présents sur le sol kartvélien.

    En premier lieu, la composition humaine de l'ARK reste marquée par une discontinuité idéologique flagrante. Les contingents fidèles à la ligne révolutionnaire, selon le SRR, sont en vérité beaucoup moins nombreux que l'on pensait à l'origine, ils sont souvent mal encadrés et cantonnés à des fonctions secondaires. A l'inverse, l'ARK a réintégré un certain nombre d'officiers supérieurs issus de l'ancienne armée républicaine (parfois réintégrés sans enquête approfondie) et bien que l'état-major soit effectivement idéologiquement aligné, un certain nombre d'officiers sur le terrain conservent des réflexes hiérarchiques, stratégiques et politiques en contradiction avec le nouveau régime. Il est avéré que certains cadres intermédiaires de l'ARK, tout en affichant une loyauté de façade, maintiennent des réseaux personnels liés aux anciennes structures oligarchiques de l'Etat républicain voire entretiennent des canaux de communication avec des éléments actifs de la Rache. Par ailleurs, les mécanismes de commandement peinent à se stabiliser. Faute d'unification doctrinale claire, les chaînes de décision demeurent opaques, parasitées par des logiques clientélistes locales où les affectations et promotions se font davantage par proximité politique que par mérite opérationnel. Cette tendance à la personnalisation du commandement, couplée à l'absence de culture commune entre les différentes unités de l'ARK, aboutit à un fonctionnement désorganisé où la coordination interunités s'avère imprévisible et largement contingente à la personnalité des officiers locaux.

    Enfin, cette fragmentation interne est accentuée par un double déficit de confiance : d'une part, de la population envers une armée perçue comme l'héritière déguisée de l'ancien appareil républicain (couplé au désarmement et à l'intégration des milices ainsi que les exactions commises par les soldats) ; d'autre part, de l'Armée Rouge estalienne envers une force partenaire dont la fidélité idéologique, l'efficacité opérationnelle et l'intégrité logistique restent très variables. C'est dans ce contexte qu'émerge la nécessité, non pas d'une substitution pure et simple des structures, mais d'une transformation en profondeur des bases organisationnelles de l'ARK, ce à quoi répond la démarche de normalisation logistique et matérielle initiée par la Chambre des Négociations.

    1.2 - Incohérences doctrinales et absence de standardisation :

    Le diagnostic posé par les missions conjointes de l'Armée Rouge et des délégués techniques de la Chambre des Négociations ainsi que l'aide technique des rapports du SRR met en lumière un obstacle majeur à la coordination opérationnelle entre forces estaliennes et kartvéliennes : l'extrême hétérogénéité doctrinale et matérielle de l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie. Ce morcellement n'est pas seulement un vestige du passé républicain, il est activement reproduit au quotidien dans les unités, sapant les tentatives d'harmonisation et entravant la constitution d'une force réellement fonctionnelle. L'ARK, dans sa tentative précipitée de reconstruction post-régime, s'est structurée autour d'un amalgame doctrinal instable, où coexistent sans synthèse aucune hiérarchisation des éléments disparates issus de traditions militaires souvent étrangères. On observe notamment l'importation de principes de manoeuvre issus du modèle loduarien (attaque en profondeur, structure centralisée rigide), entremêlés à des procédures estaliennes approximatives (gestion modulaire des unités, doctrines d'engagement par objectifs), le tout sur un fond d'aspirations kartvéliennes inabouties, souvent plus symboliques qu'opérationnelles. Le résultat est un brouillage stratégique : les troupes reçoivent des ordres dont les logiques implicites sont contradictoires, tandis que les états-majors improvisent des synthèses fragiles entre modèles incompatibles.

    Cette incohérence doctrinale se traduit sur le terrain, dans le Saïdan, par une absence quasi-totale de procédures communes interunités. Chaque brigade ou bataillon applique ses propres règles d'engagement, de communication, de logistique ou de traitement des blessés, selon les formations reçues (souvent en dehors de tout cadre national) ou selon les affinités personnelles des officiers avec des manuels tactiques étrangers. Il n'est pas rare que deux unités kartvéliennes opérant dans la même zone n'utilisent pas les mêmes code radio, n'aient pas les mêmes délais de transmission ou n'emploient pas la même terminologie pour désigner un objectif ou une manoeuvre. Cette situation rend toute coordination externe illusoire, voire contre-productive, les forces estaliennes devant souvent traduire, adapter ou même improviser les procédures sur le moment, au risque de pertes humaines et matérielles évitables.

    Enfin, le parc matériel de l'ARK reflète et accentue cette désorganisation. Les équipements en service proviennent de sources multiples : anciens stocks républicains dégradés, donations estaliennes non homogénéisées, approvisionnements informels via des réseaux transfrontaliers, etc. Cette diversité n'est pas une richesse : elle se traduit par l'absence de pièces détachées standard, une incompatibilité systématique des munitions, des écarts de performance majeurs entre unités, et un effondrement de la maintenance. La chaîne logistique kartvélienne, déjà sous-dimensionnée, se voit paralysée par l'impossibilité de rationaliser les flux : il faut prévoir dix types de filtres à huile, cinq calibres pour une même fonction tactique et adapter en permanence les circuits de distribution. C'est dans ctette complexité fragmentaire que s'enracine l'urgence d'une normalisation imposée : non comme une imposition autoritaire mais comme une condition minimale d'existence pour toute armée prétendant opérer de manière autonome et cohérente au sein d'un espace militaire révolutionnaire commun entre l'Estalie et la Kartvélie.

    1.3 - Failles logistiques et dépendances extérieures :

    L'architecture logistique de l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie, héritée pour l'essentiel d'un appareil étatique en voie de désintégration lors de la Révolution Brune, souffre de failles systémiques majeures qui compromettent son efficacité opérationnelle à court terme et rendent toute perspective d'autonomie illusoire à moyen terme. Cette structure, pensée dans l'urgence et dans un contexte de quasi-guerre civile, repose sur des chaînes d'approvisionnement disjointes, des procédures opaques et une dépendance critique aux apports matériels extérieurs, en particulier ceux de l'Estalie.

    Les chaînes d'approvisionnement actuelles, à défaut d'avoir été reconstruites sur des bases unifiées, fonctionnent comme des circuits parallèles cloisonnés, souvent issus d'initiatives locales et non coordonnées. Les commandements régionaux, dans l'incapacité de s'en remettre à une autorité centrale fonctionnelle, ont mis en place leurs propres réseaux de soutien logistique (certains via des coopératives sympathisantes, d'autres à travers des arrangements plus ambigus avec des réseaux frontaliers d'anciens contrebandiers recyclés). Cette informalité de fait, si elle a pu dans un premier temps suppléer à la carence de structures étatiques, s'est rapidement muée en facteur de désorganisation chronique. Les circuits d'acheminement se chevauchent, s'ignorent ou se parasitent, générant des doublons, des goulets d'étranglement et des pertes de charge considérables. Par ailleurs, la gestion des dépôts et des flux logistiques reste profondément non centralisée. Aucun inventaire unifié n'est actuellement disponible, et les rares tentatives de recensement menées par les techniciens de la Chambre des Négociations se sont heurtées à une opacité structurelle, nourrie à la fois par l'absence d'outils numériques intégrés, le cloisonnement administratif, et une méfiance persistante des officiers locaux vis-à-vis des observateurs extérieurs. Cette fragmentation se traduit par l'incapacité de l'ARK à anticiper ou prioriser ses besoins : certains bataillons sont suréquipés en munitions obsolètes, d'autres manquent de rations, de carburant ou d'uniformes de base. L'absence de doctrine commune en matière de stockage, de rotation et de distribution aggrave encore les déséquilibres et alimente un système de troc interne qui désinstitutionnalise un peu plus l'effort de guerre dans le Saïdan. Enfin, et surtout, l'ARK reste aujourd'hui entièrement tributaire des livraisons régulières de l'Estalie, sans qu'aucun plan d'autonomisation n'ait été élaboré à ce jour. Qu'il s'agisse d'armement, de pièces détachées, de véhicules ou même de composants électroniques, la quasi-totalité des matériels stratégiques est importée. Cette dépendance totale crée un effet de double verrouillage : d'une part, l'Estalie se trouve contrainte de maintenir un pont logistique coûteux et vulnérable à toute interruption (notamment dans le Saïdan) ; d'autre part, l'ARK développe une culture d'assistanat structurel, incapable d'anticiper la pérennité de ses ressources et d'élaborer une doctrine logistique propre.

    Face à cette situation, la Chambre des Négociations considère comme prioritaire l'élaboration d'un plan progressif de normalisation logistique et de montée en compétence locale, sans quoi aucune convergence tactique réelle ne pourra advenir entre les forces armées kartvéliennes et leurs homologues estaliennes.


    II/ Une réponse systémique : principes de la normalisation estalienne.

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    2.1 - Standardisation du matériel et des nomenclatures :

    L'unification des capacités opérationnelles entre les forces armées kartvéliennes et l'Armée Rouge estalienne exige une standardisation rigoureuse du matériel des nomenclatures. Ce processus, au-delà de sa portée strictement technique, revêt une fonction politique majeure : il s'agit d'instaurer une interopérabilité de fait, qui transforme une alliance tactique conjoncturelle dans le Saïdan en une alliance stratégique permanente. La Chambre des Négociations, forte de son arbitrage bilatéral entre les deux armées, a ainsi engagé un processus de mise en conformité accélérée du parc matériel kartvélien aux standards de l'Estalie.

    La première étape de cette refonte logistique repose sur l'imposition d'un catalogue de matériel unique, le "Catalogue d'Interopérabilité Unifiée" (CIU) structuré autour des familles d'équipements déjà utilisées par l'Armée Rouge. Ce catalogue, subdivisé par catégories fonctionnelles (armement individuel, véhicules tactiques, systèmes de transmissions, équipements de génie, etc.), vise à éliminer progressivement la diversité hétérogène issue des anciennes dotations ; qu'elle proviennent des surplus de l'ancienne armée républicaine, de dons extérieurs ou d'achats clandestins réalisés par des factions locales. A terme, seules les références validées par la Commission Technique Mixte (CTM) placée sous la double autorité de l'état-major de l'Armée Rouge estalienne et du Conseil à la Défense Nationale de la Fédération des Communes de Kartvélie, pourront faire l'objet de commandes ou de déploiements.

    La question des calibres et des munitions constitue un enjeu tout aussi central de cette normalisation. Actuellement, l'ARK utilise simultanément des armes chambrées en cinq standards différents, générant une complexité logistique intenable et une multiplication des risques d'erreurs de distribution. Le CIU impose la transition vers deux calibres : le 6,8mmx43mm SPC-GP Imperia pour l'armement individuel (fusils d'assaut) et le 12,5x99mm (norme estalienne) pour les armes collectives. Une politique d'échange et de rachat des armes non conformes sera également lancée, accompagnée d'un programme de recyclage partiel dans les entreprises publiques de la défense kartvéliens, sous supervision estalienne. En parallèle, une harmonisation des véhicules est menée, avec pour priorité la mise hors service des plateformes non standardisées ou incompatibles avec les systèmes de maintenance et de ravitaillement estaliens. Les véhicules estaliens déjà en service dans l'Armée Rouge deviendront le socle de la mobilité tactique kartvélienne tandis que les anciens blindés de conception kartvélienne ou étrangère seront progressivement désarmés et réaffectés à des fonctions statiques ou pédagogiques. L'objectif n'est pas tant de forcer l'uniformité esthétique que d'assurer la disponibilité des pièces, la compatibilité des munitions et l'intégration des véhicules en service dans l'ARK dans les réseaux logistiques de l'Armée Rouge.

    Enfin, une réforme profonde des systèmes de communication et de désignation sera mise en place. Chaque unité kartvélienne sera tenue d'utiliser des stations ARCOM-5, spécialement conçues par l'industrie de la défense estalienne pour être compatibles avec les réseaux cryptés estaliens, et ces unités devront de ce fait se conformer au lexique opérationnel estalien. La toponymie militaire, les sigles d'unité, les codes d'identifiication radio sont alignés sur les formats en vigueur dans l'Armée Rouge et formulés par l'Académie Militaire Révolutionnaire de Mistohir, ce qui permet une coordination en temps réel et l'intégration des forces kartvéliennes dans les opérations et les exercices conjoints. Une formation des cadres kartvéliens à ces protocoles sera mise en place dans les académies militaires restructurées de la Kartvélie. Par cette standardisation, l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie perd certes une partie de sa souveraineté technique mais elle gagne en cohérence, en efficacité et en crédibilité et surtout, elle devient lisible et utilisable pour l'Armée Rouge, dans une perspective à moyen terme de commandement intégré.

    2.2 - Réorganisation des circuits logistiques :

    L'inefficience chronique des circuits logistiques kartvéliens, héritée d'une administration républicaine fragmentée et minée par le clientélisme militaire, constitue un frein majeur à l'efficacité opérationnelle conjointe. La Chambre des Négociations, saisie par l'état-major de l'Armée Rouge à la suite de plusieurs ruptures critiques d'approvisionnement de son allié kartvélien dans les combats du Saïdan, a adopté une doctrine de réorganisation logistique fondée sur la centralisation des flux et l'automatisation des inventaires, dans le but de créer une chaîne d'approvisionnement robuste, fluide et réplicable sur l'ensemble du territoire kartvélien.

    Le cœur de cette réforme repose sur l'instauration de nœuds de ravitaillement régionaux, véritables plateformes logistiques à vocation interarmées, pensées selon les modèles éprouvés de l'Académie Militaire Révolutionnaire de Mistohir. Ces noeuds, au nombre de sept dans leur phase initiale, seront établis à proximité des grands axes ferroviaires et fluviaux sécurisés et disposeront d'une triple capacité : entreposage modulable, maintenance de premier niveau et redistribution par secteur. En supprimant la logique de micro-dépôts dépendants de chaînes d'approvisionnement disparates et souvent redondantes, ces centres permettent une consolidation des stocks, une rationalisation des transports et une réduction significative des pertes par détournement ou dégradation. En parallèle, la Chambre des Négociations va imposer la généralisation d'un système de gestion automatisée des stocks, basé sur la suite logicielle ERP déjà déployée par le CLF et le CMAR en Estalie. Chaque unité kartvélienne a désormais l'obligation d'enregistrer ses dotations, demandes et consommations dans ce système, ce qui permet une traçabilité en temps réel, une allocation fondée sur des données consolidées et un contrôle centralisé qui sera assuré par l'Unité de Coordination Logistique (UCL) rattachée au Conseil de la Défense Nationale et à l'état-major de l'Armée Rouge. Ce dispositif permet également d'identifier les ruptures récurrentes, les anomalies comptables et les situations de surdotation, facilitant les audits croisés entre les état-majors. Afin d'assurer l'interface entre ces structures modernisées et les unités de terrain, l'UCL sera également chargée de planifier, superviser et évaluer l'ensemble des opérations de ravitaillement conjointes entre l'ARK et l'Armée Rouge. Son rôle dépasse ici celui de la simple coordination : c'est un organe d'acculturation logistique chargé de diffuser et de faire respecter les standards estaliens dans l'ensemble du réseau militaire kartvélien. Sa présence dans chaque nœud régional est obligatoire et elle dispose d'un droit de regard sur tous les mouvements de stocks stratégiques.

    2.3 - Formation, encadrement et certifications :

    Toute réforme logistique, aussi structurée soit-elle, ne saurait produire d'effets durables sans un effort massif de formation et de supervision humaine. La Chambre des Négociations, consciente que la faiblesse des savoir-faire kartvéliens constitue l'un des principaux freins l'autonomisation opérationnelle, va acter la nécessité de reconstruire un corps logistique compétent, capable de comprendre, appliquer et faire évoluer les normes de coordination imposées par l'Armée Rouge. Ce processus passe par trois leviers indissociables : l'encadrement quotidien, la certification des compétences et l'évaluation permanente des performances.

    Dès les premières phases du redéploiement de l'ARK, la Chambre va ordonner la création d'un corps d'instructeurs estaliens spécialisés, regroupant des experts du CLF et du CMAR, des ingénieurs logistiques et des officiers logisticiens. Ces instructeurs seront organisés autour d'une brigade d'appui logistique et sera dispersé dans chaque unité kartvélienne. Leur rôle n'est pas uniquement de dispenser un savoir théorique : ils doivent s'insérer dans les chaînes de commandement logistiques locales, intervenir dans la planification des opérations et disposeront d'un droit de véto sur toute manoeuvre considérée comme dérogatoire aux standards estaliens. Parallèlement, un programme de certification logistique conjoint sera mis en place, codirigé par l'Académie Militaire Révolutionnaire de Mistohir et le Conseil de la Défense Nationale du gouvernement fédéral kartvélien. Ce programme, structuré autour de trois niveaux de compétence (opérateur, coordinateur, stratège) repose sur une série d'épreuves pratiques, de simulations d'urgence et de contrôles continus. Seuls les cadres titulaires du second niveau pourront accéder à des responsabilités régionales ; l'accès au niveau supérieur est conditionné à une affectation conjointe dans l'UCL ou à une mission liée aux combats dans le Saïdan. La certification est conçue à la fois comme une marque d'excellence militaire et politique, un vecteur de promotion sociale dans le nouvel appareil militaire kartvélien, et un filtre objectif dans une armée encore en proie à l'affairisme et au népotisme.

    Enfin, la mise en place d'une évaluation régulière des unités logistiques parachève le dispositif. Tous les deux mois, une commission mixte (composée de représentants de la Chambre des Négociations, de l'Armée Rouge, de l'ARK et d'observateurs désignés par le gouvernement fédéral kartvélien) procèderont à des audits opérationnels intégraux de chaque unité de logistique. Cette inspection ne se limite pas à la vérification des inventaires ou des taux de disponibilité, elle inclut aussi des tests de réactivité, des diagnostics de fluidité des chaînes de ravitaillement ainsi qu'une appréciation du moral moyen des cadres de soutien. Les résultats sont ensuite transmis directement au Conseil de la Défense Nationale pour réallocation éventuelle des moyens et déclenchement de sanctions administratives ou de mesures de redressement accéléré.


    Conséquences dans le Saïdan :

  • Coopération estalo-kartvélienne (+1) : la coordination entre les forces armées kartvéliennes et estaliennes s'améliorent sur le plan logistique et opérationnel, l'utilisation d'une toponymie conjointe et l'intégration des codes logistiques estaliens par l'ARK facilite la coordination d'opérations communes.

  • Conséquence sur l'Armée Révolutionnaire de Kartvélie :

  • Traffics illégaux au sein de l'armée (drogues, armes, êtres humains, etc.) (-1) : l'utilisation d'outils numériques, la surveillance et la réorganisation du réseau logistique dans des noeuds logistiques régionaux centralisés rend beaucoup plus difficile le trafic de biens militaires par les militaires et rend tout détournement de ces biens visible par les logisticiens. Néanmoins, le trafic de drogue et d'êtres humains reste inchangé.

  • Influence des jeunes/anciens officiers (-1) : la formation de nouveaux cadres logisticiens par l'Académie Militaire Révolutionnaire permet de limoger une partie de l'ancienne administration logistique héritée de l'armée républicaine et de les remplacer par de nouveaux cadres formés par l'Estalie.

  • Corruption dans l'armée (-1) : la surveillance de plus en plus importante et la présence de plus en plus récurrente d'organes de surveillance du gouvernement fédéral et de l'Armée Rouge obligent les officiers récalcitrants à diminuer leurs activités de corruption ; la non-disponibilité des armes pour les trafics illégaux enlève une partie des moyens de rémunération des officiers via des activités de corruption.

  • Menace d'un Coup d'Etat militaire (colère militaire) (+1) : les officiers et les militaires sont furieux du fait que les mesures de la Chambre des Négociations touche directement les réseaux illicites, activité très lucrative pour les officiers et les troupes et qui compense la maigre solde des soldats kartvéliens ; et de part l'ingérence de plus en plus massive d'étrangers dans la structure militaire kartvélienne.

  • Progression des réformes militaires : +10%.
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