
A le fenêtre de la salle de réception aux décorations baroques de la renaissance velsnienne, Christiano Dangelo attend ses homologues et invités , pensif. Il ne pensait pas que ce serait à lui que reviendrait le rôle de représenter le groupe Strama à cette assemblée, mais force est de constater que la direction du groupe automobile fait toute confiance au président de son département sportif, et ne tient à interférer avec les affaires de la Scuderia Strama. Dangelo a a obtenu ce qu'il voulait: les pleins pouvoirs sur ce qui se passera en piste et dans les usines de l'écurie et sur la piste. Mais cet avantage ne vient pas sans un contrecoup: si la saison de la Scuderia est ratée, il n'y aura qu'un seul fautif: lui. Dangelo en a conscience, mais il n'y a pas de prix à aller chercher Steiner sur la piste. Quant au gouvernement velsnien, dont les partenaires étrangers venus à cette réunion noteront peut-être sa totale absence de cette assemblée, l'explication est à chercher dans la volonté de ce dernier de maintenir l'image d'une nation solidement marquée par le minarchisme dans beaucoup de domaines de la vie publique. Ces excellences du Sénat, si certaines sont actionnaires du groupe Strama, ne percoivent tout simplement pas la pertinence que le gouvernement communal pourrait tirer de se mêler d'activités qui dépassent largement ses compétences régaliennes traditionnelles.

Christiano Dangelo et les secrétaires qui l'entourent font une dernière fois le tour de table. Le team principal se rend alors compte aux étiquettes mentionnant le nom des invités, que l'on a mis le velsnien juste en face de ses homologues raskenois. Il se penche vers l'une de ses compères, avec un léger sentiment d'exaspération:
- Valentina. Déplace moi les raskenois en bout de table s'il te plait. J'ai pas envie de me retrouver deux heures dans le blanc des yeux avec ces connards. Mets les teylais à la place, ça fera l'affaire. Mets les raskenois en face des icamiens tiens.
Pour Dangelo et ses homologues, cette réunion allait s'annoncer d'une extrême importance: la définition de règles strictes du championnat est une chose hautement politique, autant que sportive, et ce dernier estimait qu'il ne maquait pas de talent dans ces deux domaines. Dangelo avait déjà la liste de ses lignes rouges concernant la composition des carburants, qui si ils n'étaient pas standardisés, allaient sans doute favoriser Steiner, qui irait sans doute contacter Apex Énergie pour lui procurer un avantage technique de ce côté. Il fallait également se méfier des teylais, dont le manager Antoine Habitboule avait un contact privilégié avec son gouvernement, ce dont la Scuderia Strama était moins pourvue. Du côté de la Scuderia Cavallino, forte de nombreux admirateurs à Velsna, il ne fallait pas non plus négliger son poids, et il est probable au vu de la personne de "l'ingegnere de Faustinans", que celui-ci tablerait sur un règlement relativement laxiste et ouvert à l'innovation technique. Dernière inconnue: Feng, dont Dangelo avait ouïe dire que son PDG avait été pris à partie le directeur de Strama sur des sujets dont il ne s'était guère renseigné plus que cela.
Tout semblait prêt pour accueillir tous les acteurs de cette petite pièce de théâtre dont les velsniens se promenant en bas dans les ruelles et sur les canaux n'avaient pas conscience. Au compte goutte, les invités arrivèrent et prirent place dans cet environnement prompt aux empoignades et aux arrangements en sous-main. Serrage de main pour tout le monde au programme, et cordialité affichée. Dangelo jeta un regard chargé d'amertume et d'envie au représentant raskenois, avant de changer complètement de visage et de débuter cette session:
- Messieurs, je vous souhaite la bienvenue au siège de la Fédération velsnienne de l'automobile. Vous pouvez prendre place. Nous avons beaucoup à discuter, considérez que nous en avons pour la journée. Café et autres réconforts sont à votre disposition.
Il se saisit de son dossier déjà ouvert sur son pupitre et commence à énumérer les points sur lesquels le règlement va devoir être clarifié:
- Je vous propose de débuter cette réunion par une entente autour des aspects les plus techniques du règlement, à savoir la nature de ce que nous voulons faire rouler sur le piste. Après quoi, nous pourrons clôturer la journée par l'établissement du règlement sportif. Tout d'abord, la composition des blocs moteurs, la question l'électrique, de l'hybride et de la limitation de puissance. A la suite de quoi, nous pourrons évoquer la question du chassis et de l'aéro.
Je commencerai donc par dire que du côté du Strama, nous ne voyons pas de problème à laisser toute latitude aux motoristes concernant leur architecture moteur, aussi, je suis favorable à l'autorisation des blocs moteurs suivants: V6, V8, V12, Flat 12, en autorisant les constructeurs à y expérimenter une alimentation hybride, optionnelle bien entendu au vu des coûts prohibitifs que cela peut engendrer chez les motoristes n'ayant pas développé cette technologie. Concernant l'électrique, je n'y suis en revanche pas favorable. A cela, j'ajouterai qu'il faut cependant établir une limitation de puissance de ces moteurs au vu de la débauche dont nous avons été témoin à l'occasion des Mel Méjà. Je table sur une limite légale de 1000 chevaux. A cela j'ajouterai la nécessité d'instaurer l'usage d'une composition carburant standardisée. Le but de ce sport est d'être une vitrine technologique pour les motoristes et nos marques respectives, pas de fausser artificiellement la compétition par la suralimentation.
Il faut également que nous fassiez part de vos pensées en ce qui concerne l'obligation ou non du turbo. A titre personnel, je pars du principe que cela constitue un avantage tel que cela devrait être tout simplement obligatoire. J'apprécie la beauté de l'atmo, mais il faut savoir reconnaître les avantages indéniables du turbocompressé, que la plupart des écuries, de toute manière, devront adopter pour être compétitives. Que pensez vous de tout cela ?