
Les 140 000 habitants de Cité-Rouge n'étaient plus habitués à fêter un joyeux événement. Pour toutes ces personnes meurtries par la guerre civile, la venue de diplomates étrangers ne pouvaient signifier qu'une chose : un retour possible à la normale, à la vraie liberté. C'est dans cette ville, qui n'est que la quinzième plus grande ville du pays, que débuta la révolution, ce qui lui a valu son statut de capitales. C'est aussi celle dont les habitants ont le plus perdu de membres familiaux et de biens.
Le gouvernement avait choisi la salle de réception du Musée de la Révolution, ouvert il y a tout juste trois mois, pour accueillir les Rosevoskyens. La salle, décorée pour l'occasion, contenait une grande table ovale, avec une dizaine de chaises à ses pourtours.
Quant à la ville, elle fut parée de drapeaux adéliens et rosevoskyens. Les voisins communistes étaient vus comme des alliés. Il avait fallu presque guerroyer avec la mairie de la plus grande ville, Fushjendija, et ses deux millions d'habitants, pour que la rencontre se fasse à la capitale. Le président avait assuré que cela ferait meilleur effet, que cela ne serait pas toujours comme ça.
Le président qui, d'ailleurs, est présent à cette réunion, accompagné de la Ministre de la Diplomatie Extérieure, Ana Teshë.
Lorsque les voitures arborant les drapeaux rosevoskyens apparurent, tout était déjà en place. Sauf le président. Il n'avait jamais eu à réaliser un tel exercice. Il espérait que ce manque d'expérience en la matière ne lui porterait pas préjudice. Il reçut un texto d'Ana, lui demandant de se hâter de descendre les marches pour accueillir comme il se doit les représentants étrangers.
Bien le bonjour chers voisins !, dit-il avec le souffle coupé. J'espère que votre passage dans Cité-Rouge vous a charmé ! Bon, petite photo pour les journalistes...
Il se retourna, la main dans le dos de son homologue, qui n'avait pas réussi à piper mot. Les journalistes obtinrent ce qu'ils voulurent, et les diplomates rentrèrent dans le bâtiment.
Une fois à l'abri des caméras, Florian Grëshjia s'excusa :
Je vous prie de bien vouloir excuser mes manières. Les journalistes me stressent. De l'eau ? Du vin ?