Posté le : 07 déc. 2024 à 19:15:43
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. . . . .La délégation tanskienne était venue conséquente, organisée, parfaitement administrée. Aucun rôle inutile, aucun supplétif artificiel, le juste nécessaire d'une affaire devenue courante. La gestion des territoires libérés, comme on l'avait désormais appelé, suivait un cours lent mais certain sans que son chemin ne soit définit. L'objectif était flou et l'on entretenait constamment ce brouillard final. On obstruait volontairement l'extrémité de ce tunnel pour une raison aisée, personne ne savait réellement comment cela se terminait. Unique marqueur qui guidait l'action fédéral, unique information permanente, le départ voulu des forces tanskiennes restait une constante jamais altérée ni modifiée. Le reste n'était pas gravé mais toujours imaginé. Les forces tanskiennes partiraient quand le travail sera achevé et la paix rétablie. C'est sans réelle lettre de mission, mais plutôt doté de quelques intentions, que le cortège tanskien se rendait aux négociations.
A sa tête, Asmus Sørensen, administrateur-exécutif de l'Administration temporaire de Libération. Il régnait sur un domaine informel, sur un statut temporaire dont on avait bâti des montagnes permanentes de protocoles. Son œuvre, comme il la considérait, oscillait comme un pendule, du devoir d'être éphémère à la nécessité de gouverner. Tanska ne savait fonctionner autrement que par cette série de règlements et de directives. Le vide se comblait par la paperasse et le papier. Et, avec la défaite des forces fascistes, ce dernier était immense. Non sans quelques sentiments qui pouvait rappeler la Création, les administrateurs avaient conçus un appareil imprévu aux réalités bien réelles. La démocratie nait par les libertés et demeure par les lois. Vieille expression devenue dicton de l'Administration. Pour tout Tanskien, les premières, fragiles, ne pouvaient que subsister par les secondes et ces dernières ne pouvait être qu'ordonnance, décision, administration.
Après Sørensen, une série de hauts fonctionnaires de cette administration temporaire l'accompagnait, tous sur des domaines spécifiques allant des droits humains à la défense en passant par l'élémentaire éducation de l'enfant. C'était une forme d'Etat parallèle qui rentrait dans cette demeure. Tanska sans être Tanska. Seul rattachement à la pleine réalité de la Fédération, l'ambassadeur de Tanska en Caratrad était aussi des négociations. Fonctionnaire âgé mais expérimenté, il était un habitué de la logique caratradaise et de certaines négociations onédiennes. Pour lui comme pour d'autres au sein de l'Appareil, les négociations pourraient s'avérer plus complexe avec les partenaires qu'avec le Valkoïnenland en lui-même. La division pouvait arriver et ils pourraient s'y engouffrer. Il ne la souhaitait pas mais il la craignait. Rares étaient les Tanskiens qui n'avaient pas une certaine idée de leur action et de la réalité de cet appareil d'Etat temporaire de libération. L'Administration avait une essence qu'elle comprenait d'elle-même. En comblant un vide, elle ne pouvait concevoir de finalement se retirer sans certitude. Il eut été inutile de le leur indiquer, ils l'avaient tous déjà intégrés.