02/07/2017
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Famille di Marano - Maquignons du Prince

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Présentation de la famille di Marano, maquignons du Prince



Depuis la conquête des Coltori au Xème siècle, la Principauté de Grisolia a trouvé dans cette région un terrain de choix pour l'élevage de chevaux. La famille di Marano a fait fortune au milieu du XVème siècle, pendant la guerre opposant la Principauté à l’Empire kaulthe dans le nord des Coltori. À ce moment, ces maquignons déjà riches et établis fournirent une grande quantité de chevaux à l’armée du Prince. C’est depuis ce moment une très grande fierté pour la famille d’avoir participé à la victoire. Le chef de famille de l’époque, Emilio Marano, maria sa fille à l’un des fils du Prince. Les di Marano se targuent depuis lors d’être une famille de sang princier.

De nos jours, la famille di Marano est toujours fournisseuse officielle de chevaux de l’armée princière et de la police. Les chevaux participant aux grandes cérémonies grisoliennes sont tous issus des élevages de cette famille, tous situés dans les Coltori. Leopardo di Marano, chef de la famille, vit ses 75 ans dans le château familial situé dans les environs de Orta. Sa femme Giulia est très impliquée en politique auprès du gouverneur des Coltori, à qui sa fille Erica est mariée. Paulo, le fils le plus âgé, représente la famille auprès du Prince à Torri. Les deux autres enfants de Leopardo, Bianco et Serena, vivent avec lui dans le château familial.

Blason de la famille di Marano, maquignons du Prince
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La grande course de Varone



Le 10 février 2015


Bianco et Serena attendaient ce jour avec une grande impatience. Enfin, ils allaient partir pour Varone, rejoindre Eva Baraliere, descendante de Marco Baraliere. En effet, un mois plus tôt, elle les avait convié à assister, à ses cotés, à la course la plus importante de l'année.

Ils s'étaient rencontré lors d'une vente aux enchères de matériel équin très prestigieuse. Là-bas, tous trois discutèrent des heures durant, oubliant presque la vente aux enchères. Au moment de se séparer, ils se promirent de reprendre contact.

Bianco et Serena avaient grandit ensemble, en tant que frère et soeur, mais aussi en tant qu'amis. Il n'est pas si aisé, lorsqu'on fait partie d'une des familles les plus influentes du pays, de se faire des amis de confiance. Il est vrai que les cours à domicile ne facilitent pas les choses, mais les deux benjamins avaient trop vu leur grand frère et grande soeur se faire trahir pour répéter la même erreur. Tout cela explique pourquoi aujourd'hui ils sont si proches et complémentaires à la fois, on croirait voir des jumeaux.

Tant la hâte de partir les pressaient, ils se trouvaient déjà dans la limousine, ceinture bouclée et bagages chargés, une heure avant l'heure de départ initialement prévue. Le chauffeur démarra et les voilà arrivés à destination trois heures plus tard. Le véhicule franchit la porte Caio et les déposa devant la Grande Auberge, connue pour accueillir les propriétaires de chevaux depuis le XIIème siècle. Devant la Grande Auberge les attendait Eva Baraliere, toute aussi impatiente qu'eux de les retrouver. Ils s'embrassèrent chaleureusement avant d'entrer dans l'établissement.

Eva Baraliere : "Je suis si heureuse de vous retrouver enfin ! Je ne vous demande pas si vous êtes déjà venus à Varone, mais avez-vous déjà eu l'occasion d'en visiter les coulisses ?"

Bianco di Marano : "Oui nous venons tous les deux ou trois ans participer aux courses de Varone, cependant on ne nous a jamais fait visiter les écuries car c'est interdit pour un participant d'y pénétrer. Je suppose que c'est pour éviter toute tentative de sabotage ?"

Eva Baraliere : "En effet. Mais cette année, même si vous êtes participants, vous pourrez venir avec moi. Nous serons surveillés cependant, et je ne pourrai m'y opposer, les courses de Varone perdraient tout leur prestige si on venait à apprendre qu'il y a eu un sabotage. J'espère que cela ne vous ennuie pas trop ?"

Serena Marano : "Bien sûr que non ! Nous avons déjà la chance de faire partie des rares visiteurs des écuries ! Et puis, que dirait-on de nous si nous refusions la plus stricte surveillance ? Nous éveillerions les soupçons."

Eva Baraliere : "Très bien alors, faisons comme ça. Je vous laisse vous installer tranquillement, vous êtes arrivés en avance, nous avons tout notre temps. À tout à l'heure !"

Ils se saluèrent et Serena se tourna vers Bianco.

Serena Marano : "Dépêchons-nous Bianco, je veux aller voir comment vont nos chevaux."

Les étalons de Serena et Bianco étaient arrivés aux écuries il y a déjà une semaine dans le but de s'habituer à ce nouvel environnement, cela jouera énormément en leur faveur pendant la course.

Après avoir fait vider leurs valises et s'être changés, Bianco et Serena se dirigèrent à la hâte vers les écuries. Ils ne purent cependant pas ignorer la beauté et le charme du village de Varone. En posant son premier pied sur le pavé de la place centrale, Serena s'arrêta un court instant, éblouie par la sérénité de l'endroit. À une semaine et demi de la plus grande course de l'année, le village de Varone était en pleins préparatifs, mais les participants et visiteurs n'étant pas encore tous arrivés, on pouvait encore profiter du charme naturel de la place.

Une fois le village traversé, Bianco et Serena arrivèrent aux écuries où ils retrouvèrent Eva Baraliere. Pendant la visite, ils seront accompagnés et surveillés par deux palefreniers et le directeur des écuries de Varone.

Eva Baraliere : "Alors, prêts pour cette visite ? "

Bianco et Serena di Marano : "Oui !"

Eva Baraliere : "Je vous assure que vous vous en souviendrez"

Les six personnages s'engagèrent alors dans la grande allée en direction des box. D'ici, on apercevait les immenses pâturages dans lesquels évoluent les meilleurs chevaux des Coltori dans l'attente du concours. Un léger brouillard empêchait les di Marano d'identifier leurs purs sangs parmi les petites tâches à quatre pâtes qui parsemaient les champs. Le chemin s'effectua dans le silence, seuls les bruits de pas sur le chemin de gravillons venait troubler le calme de la nature. L'air frais venait caresser les joues de Bianco tandis que sa soeur soufflait dans ses mains pour les réchauffer. Ils arrivaient au bâtiment principal.

Eva Baraliere : "Je suppose que vous voulez saluer vos étalons avant de commencer la visite ?" dit-elle en souriant.

Serena di Marano : "Oui s'il-vous-plait ! Il me tarde de les retrouver et de voir comment ils se sont habitué à l'endroit"

Bianco di Marano : "Je suis sûr qu'ils seront heureux de retrouver des visages familiers."

Ils se rendirent alors vers des box un peu à part. Enfin Serena et Bianco aperçurent leurs étalons. Ils hâtèrent le pas. Ils passèrent environ une demie heure auprès d'eux. Eva Baraliere ne cessa de venter les talents des purs sangs et de sous entendre qu'ils avaient largement les capacités pour obtenir une très bonne place lors du concours. En effet, le concours est très populaire pour une caractéristique assez originale, il se réalise par équipe de deux chevaux. Or, l'étalon de Bianco est excellent en saut et celui de Serena a gagné plusieurs prix pour des concours de vitesse sur courte distance, ils se complètent donc parfaitement.

Les écuries de Varone

Eva Baraliere : "Allons-y maintenant, nous n'allons pas avoir le temps de tout voir avant la nuit autrement."

Serena et Bianco di Marano : "Allons-y!"

Ils parvinrent finalement à tout visiter avant la tombée de la nuit. Eva Baraliere et les di Marano partagèrent ensuite un diner. La semaine qui s'écoula ensuite fut ponctuée de visites d'Eva Baraliere à la Grande Auberge et, inversement, des di Marano dans sa propriété. Les trois propriétaires renforcèrent leurs liens à tel point qu'on eut dit des amis d'enfance.

Le grand jour arriva très rapidement pour les di Marano, d'un village plutôt paisible, la paysage était rapidement devenu beaucoup plus animé au fur et à mesure que les autres propriétaires arrivèrent. Bien sûr, ils reconnurent un grand nombre d'entre aux, mais s'efforcèrent de rester concentrés sur leur objectif. La famille di Marano, maquignions du Prince, se doit de remporter ce concours, comme tous les autres auxquels elle participe. Quel scandale éclaterait si cela n'était pas le cas... Habituellement, les membres de la famille ne se déplacent pas eux même, cependant, Serena et Bianco aiment occasionnellement participer en personne aux évènements. Le concours annuel de Varone était un de ceux-là.

Bianco di Marano : "Papa veut te parler"

Serena di Marano : "Passe-le moi"

Leopardo di Marano, au téléphone : "Allo, Serena ? Alors dis-moi comment tu te sens ?"

Serena di Marano : "C'est mieux, mais je reste préoccupée..."

Leopardo di Marano, au téléphone : "Tu as tout ce qu'il te faut ? Pansements, médicaments ...? Sinon je peux demander à Gio de t'amener le nécessaire."

Serena di Marano : "Non, ne t'inquiète pas, j'ai tout. J'ai seulement peur de faire un faux mouvement et de ne pouvoir réprimer une grimace, je sais que tous les projecteurs seront sur nous."

Leopardo di Marano, au téléphone : "Tu es consciente de l'enjeu. Je te fais confiance. Bon courage pour demain, on compte tous sur toi."

Il raccroche.

Bianco di Marano : "Alors ?"

Serena di Marano : "Il s'assurait simplement que je n'ai besoin de rien."

Bianco di Marano : "Bon... Tu vas réussir Serena, j'en suis convaincu. Et même si ce n'est pas le cas, ce ne sera pas aussi dramatique que ce que papa laisse entendre. Tout le monde a le droit à l'erreur, même toi ! Et puis dans l'équitation, tout ne dépend pas du cavalier."

Serena di Marano : "J'aimerais te croire. Tu sais très bien que si on apprend que j'ai chuté pendant l'entrainement cela pourrait affecter l'image de la famille entière ! Un di Marano ne chute pas. Je serais la première en un siècle, et la dernière fois, le cheval était fou."

Tous deux se couchèrent, la boule au ventre. La nuit fut courte. Au réveil, Serena avala un oeuf et une barre de céréale avant de se précipiter dehors. En sortant tôt de l'Auberge, se dit-elle, j'éviterai les journalistes.

En effet, les journalistes commencèrent à affluer vers la place aux alentours de huit heure.

Journaliste : "Monsieur di Marano, pourquoi votre soeur n'est-elle pas avec vous ce matin ?"

Bianco di Marano : "Elle est partie plus tôt ce matin, elle préfère attendre le début de la course au calme, auprès des chevaux."

Journaliste : "Est-ce qu'une di Marano serait anxieuse ? Vous pensez que cette course n'est pas gagnée d'avance comme toutes les autres ?"

Bianco di Marano fit comme s'il n'avait pas entendu la question du journaliste et se dirigea vers l'hippodrome où les autres participants se trouvaient déjà, à l'abris des journalistes.

La première épreuve était le saut. Lorsque Bianco fit son apparition sur son pur sang, on sentit un mouvement d'agitation dans la foule, des applaudissements, des cris de joie. Bianco di Marano salua la foule, souriant, puis se positionna sur la ligne de départ.

Coup de pistolet, le chronomètre était lancé, Bianco et son étalon démarrèrent au quart de tour. Il effectua le parcours avec une aisance consternante malgré la difficulté de celui-ci. Son temps ne fut battu par aucun autre participants, les di Marano sont en tête.

Bianco di Marano pendant le concours du village de Varone

Aussitôt son épreuve terminée et son étalon félicité, Bianco di Marano se dépêcha de retrouver sa soeur. Son visage était fermé, elle était concentrée. Il la rassura comme il put, bien qu'il sache que cela ne changerait rien. Enfin, son tour vint.

Elle s'avança aux côtés des autres participants sur la piste, acclamée comme son frère. Elle tentait d'afficher un air serein mais les journalistes ne se laissèrent pas tromper, ils resteraient tous très attentifs pendant toute la durée de la course. Bianco di Marano maudit la si bonne qualité des caméras.

Top départ, Serena di Marano partit comme une flèche, elle était déjà en tête. Jusque là, rien d'anormal, Bianco di Marano eut un premier instant de soulagement. Au deuxième virage, Serena di Marano sentit sa côte craquer, une douleur immense s'empara d'elle, elle ne pouvait plus faire de mouvement. Elle mettait tous ses efforts et toute sa concentration sur son expression faciale. Elle ne devait rien laisser paraître. Troisième virage, plus qu'un quart du chemin à effectuer, elle y était presque. Bianco di Marano vit à travers ses jumelles que quelque chose clochait, mais il applaudit intérieurement sa soeur pour sa grande impassibilité. Il le savait, seul lui pouvait l'avoir remarqué, personne ne connaissait sa soeur comme lui.

Serena di Marano pendant la course du village de Varone

La foule hurla, applaudit, Serena di Marano était arrivée en tête ! Cependant elle ne se redressa pas sur son cheval et sorti très vite de la piste sans saluer personne. Elle cachait son visage pour que les journalistes ne puissent pas la photographier.


Article du Grisolia Oggi sur la grande course de Varone
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Compétition di Marano



Le 13 mars 2016

Un cortège de voiture de presse et de camions équins patientait à l'entrée du domaine di Marano. Cette année, pour la première fois, une compétition sera organisée au sein même du plus grand domaine équestre de Grisolia.

Domaine des di Marano

Quelques mois après la grande course de Varone et les dizaines d'articles de presse au sujet de l'état de santé de Serena di Marano, la benjamine annonça au grand public qu'elle ne pourrait plus concourir. "J'étais stupide de croire que je pouvais monter, ma côte n'étais pas soignée et les médecins m'avaient avertis. Les compétitions, c'est fini pour moi", est la phrase qui a fait le plus couler beaucoup d'encre. Était-ce vraiment sa décision de concourir ? Ou celle de sa famille ? Les Grisoliens restent divisés car ils savent combien le milieu équestre peut-être cruel.

Aujourd'hui, Serena est de nouveau sur le devant de la scène. Les premiers mois après sa blessure ont été très difficiles. Serena a un tempérament fougueux, elle ne veut jamais s'arrêter et aucun obstacle ne la fait reculer, pas même la blessure qui signait la fin de sa carrière. Une fois remise sur pieds, elle s'est adonnée à l'organisation du premier concours équestre au sein du domaine des di Marano. Son propre concours. Elle n'avait envisagé cette possibilité que lorsqu'elle serait trop vieille pour monter à cheval, ce qu'elle ne pensait pas possible avant au moins ses soixante-quinze ans.


Bianco di Marano : "Es-tu prête ?"

Serena di Marano : "Je crois oui. J'ai révisé mon discours hier, toute la journée."

Bianco saisi Serena par les épaules.

Bianco di Marano : "Respire. Tu vas être géniale ! Ils attendent tous de te revoir."

Serena di Marano : "Et que faire s'ils me demandent si j'ai été forcée à concourir à la course de Varone ? Je sais que tout le monde se le demande..."

Bianco di Marano : "Comme on a prévu, tu souris et ignores la question. Cette journée est pour toi, tu as créé une compétition à toi toute seule ! Personne n'a jamais fait ça, encore moins dans le domaine des di Marano. Ce concours restera dans l'Histoire."

Rassurée par son frère, Serena di Marano jeta un dernier coup d'oeil dans son miroir et se dirigea vers la porte de sa chambre.

Une foule de journalistes et participants patientaient depuis déjà bien longtemps devant le grand portail du château des di Marano lorsque Serena fit son apparition. La foule se mit à applaudir tandis que Serena di Marano s'avançait vers la tribune qui l'attendait. Elle sourit, fit quelques signes de la main, et prit la parole.

Serena di Marano : "Bonjour à tous ! Je suis si heureuse que ce jour arrive enfin, j'ai mis tant d'efforts dans la préparation de ce moment. Comme vous le savez, il y a bientôt un an maintenant, j'ai aggravé une blessure déjà présente en concourant lors de la Grande Course de Varone ce qui m'empêche désormais de continuer les compétitions. Aujourd'hui, je voudrais faire passer un message à tous ceux d'entre vous qui se trouvent dans une situation similaire à la mienne. Ne baissez pas les bras, il y a toujours une solution. Je ne vais pas vous le cacher, les premiers mois après l'opération ont été très difficiles. Je ne pouvais pas imaginer une vie dans laquelle je ne monterai pas. Depuis mes deux ans, pas une semaine ne s'est écoulée sans que je monte à cheval et j'ai commencé les compétitions à l'âge de sept ans. Pourtant, je suis maintenant face à vous, pleine de joie de vous présenter mon nouveau projet, la Compétition di Marano !"

Tous applaudirent, Bianco di Marano qui se tenait quelques pas derrières sa soeur, la rejoint. On voyait dans son regard la fierté qu'il ressentait à cet instant, lui qui avait accompagné sa soeur durant toute sa convalescence.

Une fois le discours de Serena di Marano terminé, la foule se dispersa, sachant tous très bien ce qu'ils avaient à faire. Il n'était encore que six heure du matin, mais de grands préparatifs étaient encore à venir. Les cavaliers et entraineurs se dirigeaient vers leurs vans, des journalistes se bousculaient pour essayer d'obtenir une parole de l'organisatrice du concours, tandis que d'autres se précipitaient vers leurs voitures de presse pour être les premiers à pénétrer dans le domaine di Marano une fois le portail ouvert.

À l'instant où la silhouette de Serena disparut dans les communs du château, les grandes portes du domaine s'ouvrirent et les moteurs vrombirent. Les domestiques des di Marano orientèrent les voitures, la presse vers la gauche, où se trouvaient installés pour eux de nombreux barnums ainsi que des tribunes pour qu'ils assistent aux différentes épreuves, et les cavaliers, entraineurs et vans équestres vers la droite où se trouvent les écuries. Tous étaient éblouis par la beauté du lieu, ses grandes étendues, le château somptueux et l'hippodrome qu'ils apercevaient déjà au loin.

Vers huit heures, une heure avant le début des épreuves, les journalistes commençaient déjà à interviewer les cavaliers sur leurs ressentis avant la course.

Un journaliste : Monsieur Salpri, comment vous sentez-vous avant le début de cette course ?

Monsieur Salpri : Forcément un peu anxieux, même avec sept années d'expérience dans le métier, on n'est jamais serein avant une compétition. Et puis, nous sommes quand même dans le domaine des di Marano, la grande famille équestre de la Principauté, cela rajoute une pression supplémentaire.

Un journaliste : Qu'est-ce que vous vous dîtes en voyant cet endroit ? En apercevant l'hippodrome ?

Monsieur Salpri : Je pense que c'est un honneur d'être ici, d'avoir été convier à concourir dans ce lieu chargé d'histoire, qui a vu passer des générations et des générations de cavaliers tous plus extraordinaires les uns que les autres, et que je n'égalerai jamais.

Un journaliste : Vous êtes bien modeste, n'oubliez pas que vous êtes le favori pour cette course !

Monsieur Salpri : Je préfère le rester, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver. Répond-il en souriant.


Les cavaliers et leurs chevaux commencèrent à s'échauffer, la première épreuve allait avoir lieu dans une trentaine de minutes. Serena di Marano avait souhaité rendre hommage à toutes les disciplines équestre et bouleverser quelque peu les codes. Tous les participants devront faire face aux mêmes obstacles et le classement serait global, non par discipline. Le concours sera particulièrement long, avec cinq épreuves. D'abord les épreuves d'agilité, avec le dressage et le slalom, puis dans l'après-midi, les épreuves plus physiques avec la course de vitesse, le cross-country et le saut.

Neuf heure avaient sonné à la grande horloge du château, il était temps de commencer l'épreuve de dressage. Le premier candidat s'avança sur la piste. La jument qu'il montait était grande, blanche et élancée, on remarquait déjà l'élégance dont elle faisait preuve rien qu'en pénétrant dans la carrière.

Le premier candidat à l'épreuve de dressage sur sa jument blanche.

La cloche sonna, le couple jument cavalier s'avança, salua, et la présentation commença. Quelques minutes plus tard, l'ensemble des spectateurs applaudirent et la cloche sonna de nouveau pour le couple suivant. Les épreuves de dressage et de slalom durèrent environ quatre heures puis on invita spectateurs, juges, journalistes et cavaliers à se reposer en vue de l'après-midi chargé qui les attendait.

Serena di Marano s'accorda une heure en privé afin de décompresser et d'échanger avec son frère.

Serena di Marano : Je suis éreintée, mais je trouve que la matinée s'est plutôt bien déroulée. Qu'est-ce que tu en penses ?

Bianco di Marano : J'ai beaucoup échangé avec les juges, ils trouvent que l'organisation est super et que tout est très fluide. Tu peux vraiment être fière de toi, il y a eu des prestations incroyables ce matin, elles marqueront l'histoire.

Serena di Marano : Oui j'ai eu le temps d'observer quelques cavaliers ils étaient incroyables ce matin ! J'espère que le reste de la journée va se dérouler de la même manière.

Bianco di Marano : Serena cesse de te tracasser, tu as pensé à tout, tu es prête à tout. Essaye de profiter de la journée. D'accord ?

Serena di Marano : Oui tu as raison, je vais essayer. Mais je ne peux m'empêcher de vouloir tout vérifier.

Bianco di Marano : Retourne dehors, va échanger avec les cavaliers, les juges, les journalistes, ça te changera les idées.

Serena et Bianco di Marano sortirent et visitèrent les écuries. Les entraineurs et cavaliers étaient honorés de leur présence et ne tarirent pas de compliments concernant le lieux et l'organisation. Ils avaient tous hâte d'entendre les résultats de la matinée qui venait de s'écouler. Serena eu le temps de donner quelques interview avant que les épreuves reprennent.

Un journaliste : Bonjour Serena di Marano, tout le monde ici est ébloui par votre domaine équestre et à quel point l'organisation des épreuves a été travaillée, comment avez-vous réussi cet exploit en si peu de temps ? Votre famille vous a-t-elle aidée ?

Serena di Marano : C'est avec plaisir que je vous accueille tous ici, c'est surtout la beauté des présentations de ce matin qui fait briller ce lieu, il ont été très talentueux. vous ne trouvez pas ? Mon frère évidemment m'a beaucoup aidée et soutenue dans la planification de cette journée. Mais je dirai également que l'expérience des concours m'a permis de repérer les points à améliorer et j'ai été heureuse de pouvoir le faire moi même en organisant cette compétition. Mais ne parlons pas trop vite, il reste encore plus de la moitié des épreuves. Dit-elle en souriant.

Un journaliste : Les présentations de ce matin étaient en effet remarquables, mais elles n'égalerons jamais les prouesses que vous avez pu faire dans le passé. Êtes-vous certaine de plus jamais pouvoir monter ? Vous êtes encore jeune, peut-être que l'avenir vous réserve une guérison à laquelle vous ne vous y attendez pas. Ou peut-être que vous préférez ne plus monter car vous craignez de ne plus pouvoir faire aussi bien qu'avant votre chute ?

Serena di Marano : Les médecins sont formels, j'ai gâché toutes mes chances de remonter un jour en concourant à l Grande course de Varone, maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai beaucoup à faire.

Sur ces mots, Serena di Marano s'éloigna rapidement, malgré les mille questions que lui criaient encore les journalistes. "Pour qui se prend-il, celui là, d'insinuer des choses pareil ?" se dit-elle. Mais cette phrase du journaliste était loin de quitter son esprit.


La compétition repris en début d'après-midi avec l'épreuve de la course de vitesse.

Les cavaliers et leurs chevaux prêts au départ.

La piste était incroyablement grande et tous les cavaliers allaient pouvoir courir en même temps. Une première. Ils se tenaient tous prêts au départ, on pouvait apercevoir de loin leurs tenues colorés qui ne laissaient pas soupçonner le stress qui régnait sur la piste. Les chevaux étaient très nerveux, ne tenaient pas en place, les jockeys peinaient parfois à rester sur leurs montures. Puis d'un coup le coup de feu fut lancé, les barrières s'ouvrirent et vingt chevaux démarrèrent à toute allure. C'était impressionnant, on sentait le sol vibrer sous nos pieds, le public était presque aussi nerveux que les montures.

Les chevaux qui s'élancent au retentissement du coup de feu signalant le départ.

Les chevaux devaient effectuer le tour de la piste trois fois. Au bout du premier tour, aucun cavalier ne s'était distingué du lot, on aurait dit qu'ils une masse indivisible, comment faisaient-ils pour ne pas se bousculer ?

C'est au deuxième tour qu'une jockey parvint à se distinguer du groupe d'à peine un mètre lorsque le jockey Salpri la doubla au commencement du dernier tour. Le public était fou, quel retournement de situation ! Lui qui était le favori pour la course de vitesse avait passé les deux premiers tours à l'arrière du groupe, tous avaient perdu espoir en lui. Mais le voilà qui doublait l'entièreté de ses concurrents et qui fonçait vers la ligne d'arrivée ! Lorsqu'il la franchit, on crut à un mouvement de panique tant les spectateurs hurlaient, les journalistes s'étonnaient et les entraineurs grondaient. Ce moment restera gravé à jamais dans l'histoire de l'équitation, car Monsieur Salpri venait de battre un record du monde de vitesse avec sa jument Latri.

Une fois la foule apaisée, les journalistes calmés et les cavaliers retournés aux écuries, on annonça le début de la deuxième épreuve, l'épreuve de saut.

Mademoiselle Devro qui passe le deuxième obstacle de l'épreuve avec une assurance remarquable

La première cavalière s'avança, très sûre d'elle. C'était Mademoiselle Devro, une des plus jeunes championne de saut des Coltori. Les journalistes étaient tous très attentifs. La compétition di Marano, en plus d'être un évènement historique, était également l'occasion pour les entraineurs de repérer les meilleurs cavaliers et cavalières et de, peut-être, leur proposer de les entraîner pour l'année suivante. L'objectif de Mademoiselle Devro était osé, mais atteignable pour une cavalière de son envergure. Elle souhaitait se faire repérer et obtenir une proposition d'entraînement par le meilleur dans sa catégorie, Georgio Faio, l'entraineur des meilleurs cavaliers pour le saut d'obstacle depuis des générations.

C'est sur son alezan favori, avec qui elle monte depuis maintenant cinq années, qu'elle s'élança vers le premier obstacle. Elle le passa avec brio. Tous applaudirent. Elle se dirigea vers le second, d'une barre plus haute, qu'elle sauta également avec beaucoup d'aisance et d'élégance, elle était vraiment talentueuse. Vint maintenant l'obstacle le plus redouté, l'oxer. Il consiste en deux rangées de barres à sauter simultanément, cela demande donc au cavalier et à sa monture plus de puissance et de dextérité que pour un obstacle classique. Habituellement, les cavaliers ralentissent leur monture pour reprendre leur souffle et se concentrer tant cet obstacle est complexe et dangereux, une chute est vite arrivée et à se niveau de compétition elle peut être fatale, tant pour la carrière que pour la vie du cavalier et de sa monture. Mais au tournant, Mademoiselle Devro ne ralentit pas, elle accéléra, ce qui teint tout le monde en haleine. Son cheval s'approchait à grande vitesse de l'obstacle, allait-elle réussir ? Si tel était le cas, elle battrait le record du monde à coup sûr !

À l'approche de l'obstacle, ni elle, ni son alezan ne montrèrent signe de crainte, on aurait dit qu'il s'agissait d'un jeu d'enfant. L'alezan s'élança, Mademoiselle Devro ne perdit pas l'équilibre, la première barre était passée, ne manquait plus que la deuxième, légèrement plus haute. Les sabots avant de son étalon était déjà sur le sol quand un grand bruit se fit entendre. Tout fut très rapide, on retrouva Mademoiselle Devro plusieurs mètre devant sa monture, qui elle gisait sur le flanc au pied de l'obstacle. La dernière cheville de son étalon avait frotté la barre et l'avait déséquilibré. Une seule faute, aussi infime soit-elle, était fatale à cette vitesse. La foule tressaillit, un grand silence s'empara des spectateurs. Les journalistes, face à leurs caméras, semblaient parler en accéléré pour commenter la scène qui venait de se dérouler sous leurs yeux. L'équipe de soin se précipita vers Mademoiselle Devro et son alezan, toujours au sol.

Serena di Marano : Mon Dieu Bianco, que vais-je faire ? La première compétition que j'organise et une jeune femme paralysée à vie, un étalon à abattre ! Tout est de ma faute, c'est moi qui les ait tués, je n'aurais jamais dû me mettre à une place qui n'est pas la mienne, je suis incapable de résister à une telle catastrophe !

Bianco di Marano : Serena calme toi on va t'entendre ! Arrête de dire des bêtises, tu n'y es pour rien elle a été complètement imprudente ! Et puis on ne sais encore rien, peut être qu'elle sera seulement blessée légèrement. Elle est sortie par elle même de la carrière, de même pour l'alezan, c'est déjà bon signe qu'on n'ait pas vu de brancards !

Serena di Marano : S'il lui arrive quoi-que-ce-soit, je m'en voudrai toujours.

Bianco di Marano : Serena, c'est le jeu. L'équitation n'est pas un sport sans risques, comme n'importe quel sport d'ailleurs. Elle aurait pu se blesser dans n'importe quelle autre compétition. Et puis, tu l'as vu comme moi. Elle a volontairement pris des risques inconsidérés, tout cela pour impressionner les juges et les entraîneurs... Sa blessure et celle de sa jument sont son entière responsabilité.

Une vingtaine de minutes plus tard, alors que la compétition avait été temporairement arrêtée dans l'attente d'un verdict du médecin et du vétérinaire, on vit Mademoiselle Devro reparaitre sur son étalon. Plus de peur que de mal, le couple cavalier étalon s'en sortait avec quelques égratignures seulement, alors qu'ils avaient frôlé la mort quelques minutes pus tôt. Tous applaudirent chaleureusement leur retour et furent soulagés, la compétition pouvait reprendre.

Une fois que les autres candidats eurent tous fini l'épreuve de saut, on accorda au public ainsi qu'aux cavaliers une pause de quarante-cinq minutes avant l'épreuve de cross-country. Serena di Marano se rapprocha à nouveau de la presse. Le saut avait échauffé les étalons, la deuxième épreuve allait les dynamiser un peu plus en vue de la dernière épreuve de la journée : la course de vitesse. Au fur et à mesure que la journée avançait, les chevaux et leurs cavaliers allaient accumuler de la fatigue, ce qui rendra impensable d'observer un record de temps. Cependant, la compétition di Marano n'a pas été conçue pour cela, au contraire, Serena di Marano voulait mettre en avant l'endurance dont peut faire preuve un étalon.

Serena di Marano : J'ai toujours trouvé que l'endurance des chevaux n'était pas suffisamment mise en avant, quand on va à un concours, c'est toujours pour observer un même étalon sur une seule discipline. L'idée de ma compétition, ce n'est pas du tout de viser le maximum de record de vitesse ou de saut. Au contraire, il sera intéressant de comparer les temps entre les compétitions di Marano pour comparer l'endurance des uns et des autres. Enfin, on verra si les cavaliers de cette année se représentent l'année prochaine !

L'épreuve de cross-country fut annoncée au micro et les spectateurs se dirigèrent vers l’hippodrome. Un petit quart d'heure après, ils étaient prêts à assister à la quatrième épreuve. Cette épreuve avait deux favoris, Monsieur Pozza et Monsieur Lamzo, deux champions de cross-country qu'aucune épreuve n'avait encore réussi à distinguer. Mais avec trois épreuves dans les pattes, tous étaient impatients de constater lequel ferait le plus preuve d'endurance.

Plan du cross-country di Marano

Monsieur Pozza, originaire de Ieri, avait grandi dans les Coltori. Après avoir constaté son talent avec l'équitation dans la Province de Ieri, ses parents ont décidé de déménager pour donner toutes ses chances à leur fils. Les allers-retours incessants entre les Coltori et Ieri pour les compétitions d'équitation rendait la vie de leur fils surchargée, surtout qu'il n'était encore qu'en primaire et que ses parents tenaient absolument à ce qu'il passe au moins son baccalauréat. Il avait enchainé les victoires toute son adolescence et voulait aujourd'hui se comparer aux plus grands du haut de ses dix-neuf ans. Aujourd'hui il portait sa tenue fétiche : rouge au rayures jaunes. Monsieur Lamzo, lui, était le fils du Grand Lamzo, connu dans le monde équestre pour ses nombreux records du monde. À ce jour, Monsieur Lamzo n'avait pas autant brillé que son paternel, mais il restait très bon cavalier et talonnait les meilleurs dans de nombreuses disciplines. Son domaine de prédilection est le cross-country où il ne cède pas la victoire à son rival de toujours : Monsieur Pazzo. Aujourd'hui, il concourrait en tenue verte et blanche, couleurs du Grand Lamzo.

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Au coup de départ, on les vit tous deux s'élancer à l'avant du groupe avec une énergie surprenante. Le public avait à peine eu le temps de cligner de l'oeil qu'ils avait déjà franchi la première haie et le premier oxer. Ils s'avançaient maintenant vers le fence irlandais, redouté par beaucoup de cavalier. Cet obstacle est particulièrement repoussant pour les chevaux. Animaux craintifs par nature, cet obstacle imposant ne laissait pas de droit à l'erreur, contrairement aux obstacles classiques où la barre tombait si elle était frôlée par le cheval, ici l'étalon risque de graves blessures en cas de raté.

Ils approchaient tous deux à une vitesse surprenante et très serrés l'un à l'autre. Lequel allait faire un écart pour leur permettre de sauter ? S'ils restaient ainsi ils risquent de perdre l'équilibre pendant le saut et ce seraient nos deux champions qui se retrouveraient à terre, au troisième obstacle de l'épreuve seulement. Dix mètres, cinq mètres, deux mètres et les montures était toujours collées l'une à l'autre ! Tout le monde retenait son souffle... mais enfin Monsieur Pozza fit un écart et les montures sautèrent d'un même mouvement avec un mètre entre elles. Rapidement, l'écart se creusa entre les deux cavaliers car en faisant ce mouvement de coté, Monsieur Pozza avait perdu de la vitesse.

Un cavalier franchissant le troisième obstacle du cross-country di Marano : un fence irlandais.

Ce n'est qu'à l'approche de l'obstacle du piano que Monsieur Lamzo se fit rattrapé par son rival. Ils se talonnèrent tout le reste de l'épreuve, en passant par le gué, la fosse et l'open ditch. Les commentateurs TV n'en croyaient pas leurs yeux, la course entière se résumait aux deux concurrents Pozza et Lamzo que tout le monde rêvait de voir départagés, le nombre de spectateurs du direct ne faisait que grimper. Une course comme celle là attire tous le monde, même les non connaisseurs, tous prenaient partie pour l'un ou l'autre des jeunes hommes.

Obstacle du piano dans l'épreuve de cross-country di Marano - Obstacle du gué dans l'épreuve de cross-country di Marano

La fin du parcours consistait en une ligne droite barrée de deux haies simples, c'était le moment du sprint final. Au dernier virage, c'est Monsieur Lamzo qui le pris de l'intérieur, gagnant ainsi quelques mètres sur son rival. Les cavaliers se rapprochaient des tribunes, ils commencèrent à entendre de plus en plus distinctement leurs noms dans la bouche des centaines de spectateurs et à se rendre compte de leur agitation. Jusque là, ils étaient restés très concentrés, comme si la course n'était qu'entre eux et que personne n'y assistait. À présent, la pression était telle qu'aucun des deux champions n'arrivait à garder les idées claires, les chevaux savaient ce qu'ils avaient à faire, ce sera uniquement la vitesse des étalons sur ces derniers mètres qui fera la différence.

Monsieur Lamzo et Monsieur Pozza sur la dernière ligne droite du cross-country de la Compétition di Marano

Ils allaient si vite qu'on distinguait à peine les jambes des étalons. Le public hurlait, les journalistes les mitraillaient avec leurs appareils, les juges écarquillaient les yeux pour ne pas en rater une miette, Serena et Bianco di Marano retenaient leurs souffles. Enfin la dernière haie franchie, Monsieur Lamzo toujours avec quelques deux mètres d'avance sur son concurrent fit l'erreur, par vanité, de se retourner pour le regarder au moment de franchir la ligne d'arrivée. C'est à cet instant que le cheval de Monsieur Pozza accéléra de plus belle profitant de la faiblesse de son adversaire, le doublant d'un sabot à l'arrivée, remportant ainsi la victoire de cette longue épreuve ayant tenu le monde équestre en haleine.

Monsieur Pozza vainqueur du cross-country de la Compétition di Marano

à continuer

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