C'était en milieu de journée que l'avion gouvernement adélien avait débuté son approche vers l'aéroport international de Mistohir. Au moins, contrairement à certaines délégations qui choisissaient les saisons les plus rudes du climat estalien pour débarquer dans le pays et ouvrir des pourparlers, les Adéliens avaient eu la chance du beau temps. Cette journée de Mai était particulièrement ensoleillée, le printemps battait son plein, un printemps particulièrement doux, ce qui contraste avec les températures outrageusement basses des hivers estaliens. Les Adéliens ne seront pas dépaysés, du point en partie, à travers ce climat qui s'avère clément en cette journée de pourparlers.
Alors que l'avion débute son atterrissage sur la piste, le convoi fédéral en approche se positionne sur le quai où la tour de contrôle indique à l'avion adélien de se diriger après l'atterrissage. Du convoi sort directement la chef de la diplomatie estalienne, la Commissaire aux Relations Extérieures de la Fédération des Peuples Estaliens, Mme Volkiava. Intermédiaire direct entre la Fédération et les pays extérieurs, devenue une bête noire de la diplomatie autant pour certains étrangers que pour les Estaliens eux-mêmes, la réputation de diplomate de Volkiava avait su se construire petit à petit autour d'une reprise de la diplomatie active et, il faut le dire, interventionniste de l'Estalie après plusieurs décennies de contacts limités avec le monde extérieur, surtout quand la tradition diplomatique estalienne voulait que celle-ci soit gérée en priorité par des militaires. Elle était donc la rupture avec l'ancien temps, ce qui lui valait les louanges ou les insultes autant à l'étranger que dans le débat domestique.
Elle sortit alors de l'un des véhicules, accompagné du délégué en second de la réunion. C'était un protocole désormais bien établi au sein de la Commission, chaque délégation lors de pourparlers avec des nations étrangères devait s'accompagner d'un délégué principal nommé par le Commissaire (y compris la Commissaire elle-même, d'où sa présence aujourd'hui) et d'un délégué en second nommé par le Congrès et si possible membre d'un club différent de celui de la Commissaire. Aujourd'hui, celui qui sera dans les pattes de la Commissaire, ce sera Ivan Hiduyk, un délégué du Congrès, membre de l'ALO et donc en théorie opposant politique à Volkiava qui venait de l'AAR ; il était anciennement secrétaire de Maria Goduski, la déléguée principale de l'Estalie à l'UICS. Il était donc en position, selon le Congrès, pour à la fois soutenir Volkiava dans sa représentation nationale de l'Estalie et de ses intérêts mais également pour tâter le terrain pour l'UICS (même si rien ne lui prélavait d'une telle mission). Mais qu'importe pour elle, Hiduyk n'était pas un diplomate et de son point de vue, était un peu idiot selon elle. Comme les autres, elle pourrait imposer sa personnalité et sa vision des choses dès lors que cela relève de l'intérêt stratégique de la Fédération. Hiduyk soupira en voyant l'avion adélien atterrir :
"On n'accueille pas des communalistes ou des eurycommunistes aujourd'hui, tiens.
- Ils sont socialistes, c'est tolérable dans nos grilles de lecture.
- Cela reste un régime politique de bourgeois à mon sens.
- Chacun sa méthode d'atteindre le socialisme, camarade.
- C'est une démocratie représentative, je les trouve plutôt libéraux. Pour quelqu'un de l'AAR, vous devriez peut-être le savoir. Husak l'a écrit.
- L'idéologie ne fait jamais bon ménage avec la diplomatie, Ivan. Tenez vous face à nos invités ou je vous mettrais un rapport au cul.
- Très bien, très bien..."
L'avion commença à entamer sa descente, ils allaient pouvoir enfin mettre des mots sur l'effet de la présence adélienne avec plus de précision.