11/05/2017
23:13:15
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Camarades ou pas camarades VI - Rencontre UICS-Adélie

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Camarades ou pas camarades VI: l'Adélie


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Vacances loduariennes


"Y'a pas à dire, il fait beau ici...". Un rare moment de détente dans la patrie des travailleurs et du socialisme. C'était là une journée de vacances ordinaires pour le secrétaire du PEV Géorgi Marcos en un mois de mai qui annonçait déjà du soleil. La région de Dolinne, en Loduarie, regroupait tout ce que Marcos attendait d'une retraite printanière: des montagnes dont la neige fond à vue d’œil, des grands lacs au creux des collines où la chaleur vient se loger dés que la belle saison revient... Une belle journée pour se dorer la pilule en relisant les discours des grands auteurs du socialisme eurysien. Car oui, ce n'est pas parce qu'on est en vacances qu'il faut rendre son esprit fainéant, d'où l'attachement du PEV à l'éducation populaire des jeunes par le sport et les activités qui cultivent un esprit militant aiguisé.

Mais ces bons moments finissent toujours par s'évanouir, et les vrais militants n'ont que peu de moments pour eux. Cela vaut pareillement pour le simple adhérent d'une cellule du parti que pour le secrétaire général. Les pionniers du PEV qui font leurs classes en Loduarie sont logés à la même enseigne que le numéro 1 du parti. Un seul détail: le téléphone de ce dernier sonne un peu plus souvent, et c'est parfois le camarade Lorenzo qui est au bout du fil. Ce qui est parfois stressant, convenons-en. Et cela tombe bien, le téléphone vient de sonner.

" Allo ? Ah. mes chers camarades zélandiens. Toujours un plaisir. C'est pour quoi ? Si la machine à café est en panne, il faut frapper dessus trois fois le haut de la machine pour que le gobelet tombe. Combien de fois il faut que je vous le dise ! ...Ah, c'est pas pour ça ? Ah...nos camarades d'Adélie vont bientôt arrivés ? Très bien, j'arrive sous peu."

Le secrétaire général raccroche le téléphone, c'est une nouvelle journée commence, et un nouveau candidat à faire passer sur le grill.


Comme souvent au siège de l'UICS, c'est le velsnien qui arrive devant la petite salle de conférence qui a été attribuée à la délégation d'aujourd'hui. Marcos a à peine le temps de consulter son dossier lorsqu’il voit arriver une femme devant la porte. Il ne la connais pas, et celle-ci ne semble faire partie d'aucune délégation de l'UICS à sa connaissance. Aussi, il en conclu qu'il s'agit de l'adélienne qu'il cherche: "entrez camarade, je vous prie. Vous arrivez pile à l'heure. Des collègues d'autres délégations ne vont pas tarder à arriver."

Ce beau monde s'installe dans cette pièce à la décoration toute loduarienne et brutaliste. Et autant profiter de ce petit moment d'absence en début de rencontre pour aborder les questions les plus simples:
- Je vous souhaite le bienvenue parmi nous, camarade. Mes camarades ne sont pas encore arrivés, mais cela ne veut pas dire que nous devons perdre du temps. Commençons simple voulez vous. En tant qu'organisation internationaliste, il convient de dire que nous prônons toujours un certain syncrétisme parmi nos membres: nous avons ainsi à nos côtés des eurycommunistes, des communalistes, des anarchistes, des socialistes... mais toutes ces grandes familles, malgré leurs différences, sont unies par des buts communs: celui de l'avènement d'une société socialiste devant succéder à toutes les contradictions incarnées par le monde actuel, qui dévore sa propre force de travail afin de s'alimenter. Aussi, vous comprendrez qu'il faille que nous nous assurions que vos objectifs en tant qu’État soit compatible avec le dépassement de l'horizon du capitalisme incarné par les nations océniennes et onédiennes.

Ma première demande est donc la suivante: pourriez vous me décrire en premier lieu le système politique que vous vous êtes forgé afin de répondre à ce besoin, comment s'organise l'activité économique en Adélie, quelles sont vos influences politiques, et où vous placeriez vous parmi les grandes familles politiques qui composent notre grand mouvement ?
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Madame Ana Teshë se sentait un peu seule au monde. Le Président était actuellement en Estalie pour tenter de construire une alliance durable. Il fallait dire que la rencontre avec le Rosevosky n'avait pas été aussi fructueuse que prévue... Pour se relever dans ce monde de brutes, l'Adélie devait forger des alliances, des garanties.

En même temps, Mme Teshë considérait cette réunion comme une opportunité personnelle. Bon, il valait mieux garder sa pour elle ; les ambitions personnelles ne sont pas vraiment bien vues en Adélie. Mais elle était tout de même consciente que les mots qui allaient sortir de sa bouche dans les minutes qui suivront auront forcément un impact sur l'avenir du pays. Cela était stressant... mais tellement excitant à la fois.

Et bien, Mr Marcos. Vous ne perdez pas de temps, je vois. Si vous permettez que je me serve un café, je prendrai le plus grand plaisir à répondre à toutes vos interrogations légitimes.

Elle prit deux minutes pour se faire couler un café. Cela valait-il la peine de tester la patience du politicien velsnien ?

Je remercie votre patience. Elle soupire. Bon. Si je dois vraiment entrer dans les détails de tout ce que vous me demandez, j'ai intérêt à me lancer tout de suite. L'Adélie sort actuellement d'une période de transition de neuf ans. Le Président actuel, Mr. Florian Grëshjia, qui en est à son deuxième mandat consécutif, donc depuis 2008, est le membre fondateur du Front de Libération de l'Adélie (FSA). J'en suis moi-même membre. Florian est un grand socialiste utopiste. Je l'admire beaucoup. Bon, il est parfois un peu rêveur mais bon... Il est compliqué de discerner les orientations politiques de tous les membres. Il faut bien comprendre que ce parti n'a pas été créé dans un objectif idéologique. Il s'agissait avant tout de réunir les partisans de la chute de la monarchie tyrannique. De faite, les opposants à ce genre de régime sont majoritairement de gauche... Surtout aujourd'hui. La plupart des partisans qui ne soutiennent pas vraiment le socialiste se sont réunis autour de l'Union Centriste. On peut donc dire que nous sommes un parti socialiste. Qui plus est, nous avons le soutien sans faille du PK (Parti Communiste), même si ils rêveraient de placer l'un des leurs à la tête du pays.

C'est idiot de leur part. En Adélie, le Président ne possède en réalité qu'un pouvoir très limité. Il ne s'occupe à vrai dire que de la diplomatie extérieure, avec une marge de manoeuvre assez faible, et d'une représentation symbolique. La grande majorité du pouvoir est détenue par l'Assemblée nationale. Un ensemble de 600 députés, issus de toute l'Adélie. Le système politique adélien est fait pour empêcher au maximum une personnification du pouvoir. Mais vous devez bien comprendre que durant les dernières années, notre principal objectif n'a pas été d'empêcher l'enrichissement de bourgeois quelconques, mais bel et bien la reconstruction de notre état. Mais c'est en train de se parachever. D'ici cinq ans, tout devrait être comme neuf. Mais nous commençons déjà à mettre en place un véritable état socialiste. Les élections présidentielles se déroulerons l'année prochaine. Même si le FSA ne garde pas le pouvoir, ce sera le PK.

Nous avons été obligé d'appliquer une économie presque communiste pour assurer à tous les citoyens adéliens des revenus vivables. Je ne vais pas vous mentir, mais la majorité des bourgeois... n'ont plus vraiment de tête pour réclamer leurs biens. La révolution a été d'une violence inédite. Mais il est très probable, quelles que soient les résultats de l'année prochaine, que des lois plus restrictives sur les patrons permettent de limiter encore plus leurs champs d'action. Déjà aujourd'hui, chaque employé d'une entreprise privée a un droit de décision, à condition d'avoir six mois d'ancienneté. Ceux-ci sont représentés par... un représentant. Nous faisons le maximum pour que chaque citoyen puisse avoir le maximum de chances de faire sa vie comme il le souhaite, jusqu'en dans la sphère professionnelle.

Je dirais que notre pays est socialiste. Vous savez, avant la guerre, j'étais une servante au service du roi Eldo. En réalité, j'étais prêtresse. Le roi Eldo se considérait comme un dieu. J'étais censé lui offrir des libations et... enfin bref, tout ça pour vous dire que j'ai suffisamment connu la soumission pour ne pas vouloir la voir s'imposer à mes concitoyens. Florian Grëshjia, et il ne serait pas content que je vous le dise, mais était un garde royal à Kazresh. C'est lui-même qui a assassiné le roi Eldo. Bien sûr, il veut pas que ça se sache, mais... bon, là n'est pas le propos. Je m'égare. Nous ne nous identifions pas comme anarchistes, ni même comme communistes. Notre régime n'a rien avoir avec le culte de la personnalité dont bénéficie le général Lorenzo.

Je me doute que notre situation assez instable et assez précaire ne prête pas aux engagements. Mais n'est-ce pas là, la première valeur du socialisme, que l'entraide ?


Ana était assez contente de son discours. Bon, son café était froid. Il aurait été irrespectueux, pensait-elle, d'en faire couler un autre.
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Géorgi Marcos ne pipa mot de la présentation, prenant ses notes tout en levant par intermittence les yeux vers son interlocutrice, acquiesçant parfois avec un grand sourire pour quelques instants plus tard adopter la posture d'un homme concentré. Il attendit la fin de son exposé pour reposer ses notes et son stylo. Il se versa à son tour un verre de café dans son gobelet:
- Ne vous en faites pas. Il n'y a pas de chrono. Vous pouvez prendre votre temps...

C'était un exposé relativement complet. Il est important pour nous d'avoir une bonne vision d'ensemble de la réalité géopolitique dans laquelle l'Adélie évolue. C'est là une forme de gouvernement assez curieuse que nous avons là. Nous n'avons en effet pas beaucoup de gouvernements de coalition au sein de notre organisation. Mais cela ne constitue pas une gêne pour nous, loin de là.

Du point de vue idéologique, vous pourrez vous retrouver aisément avec un certain nombre de nations ou formations politiques représentées dans l'UICS. N'ayez crainte, c'est davantage un entretien posé et détendu qu'un interrogatoire. Nous avons mis en place ce genre d'entrevue en raison de la fragilité du socle idéologique de certains candidats, ou en raison de l'incompatibilité observée chez d'autres. Sur ce point, j'ai le plaisir de vous annoncer que vous n'êtes concernée par aucun de ces deux cas. Nous avons affaire, j'ai l'impression, à un régime en train de se construire, en quête de stabilité, et favorisant un socialisme démocratique dont nous avons déjà quelques représentants parmi nous.

Si je comprends bien votre propos, votre pays vient donc de sortir d'un système féodal ? Vous évoquez un roi, un clergé... Je suis curieux sur les raisons de l’émergence de votre mouvement dans un cadre si atypique. Pourriez vous m'en dire plus ?


Autre question qui m'intéresse. Maintenant que nous nous sommes assurés de la solidité de bases politiques de votre part, je suis curieux de connaître les attentes que vous auriez de notre organisation en tant que futur membre. Nous avons à notre disposition un certain nombre d'outils qui peuvent vous aider: forum de discussion où vous pourrez exposer vos théories au commentaire et à la critique, organe d'aide au développement économique ou service de presse et de communication pour vous assister dans vos efforts dans le cadre de vos politiques internationales, par exemple. Afin d'encadrer des opérations d'aide humanitaire, nous faisons vivre également l'organe des casques rouges...bref, ce qui m'intéresse également est d'avoir connaissance des "outils" dont vous voudriez faire usage, ou auxquels vous souhaiteriez contribuer.

De même, du point de vue géopolitique, je suis curieux de savoir ce que vous comptez tirer de votre adhésion. Avez-vous des voisins peu fréquentables ? Belliqueux ou réactionnaires ?
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Et bien si vous voulez que je m'attèle à un petit cours d'histoire, soit. En 1965, la dynastie des Tolshir, qui régnait depuis 1819, est renversé par l'assassinat de ses derniers membres. C'est alors que la dernière dynastie royale adélienne voit le jour assez soudainement : les Bëshir.
Tout se gâte en 1988 avec l'accession d'Alban Bëshir. Vous avez vécu cette époque ; je ne sais pas vraiment si on parlait beaucoup de l'Adélie à l'internationale. Mais vous avez sans doute entendu des échos de son règne de terreur. Son règne avait déjà vu les germes de la future rébellion. Et généralement, les rébellions contre le royalisme sont rarement de droite. Les rebelles, ou ce qui s'en apparentait à cette époque, étaient très inspirés par les idées socialistes, voire communistes. Le règne des Bëshir était très marqué par la hiérarchisation sociale. Les ouvriers et les paysans, donc la majorité des habitants, n'étaient rien. Vous pouvez aisément comprendre leur attrait pour un régime qui se voulait plus égalitaire.
Ca n'a fait qu'empirer avec l'accession au trône de son fils, Eldo. Ce fût encore pire. Eldo construisit des temples en son honneur et ne tarda pas à interdire toutes religions et croyances. Peu après, il se fit élever officiellement au rang de dieu.

Je suppose qu'il n'est pas difficile de comprendre comment une rébellion socialiste a pu éclater dans ce contexte. Oh, bien sûr, tous les opposants n'étaient pas forcément de gauche. Mais déjà, la guerre civile a vu l'extermination presque totale de tous les bourgeois et nobles. Et la plupart de ceux qui ne croyaient pas aux idées socialistes étaient écartés, voire pire. Je ne vais pas vous mentir, la naissance de la démocratie socialiste adélienne ne s'est pas faite dans la douceur. J'ai vu de mes propres yeux un rebelle sceptique sur les idées communistes d'un autre se faire arracher les yeux. Je n'en reste pas une socialiste convaincue.

Il a fallu batailler becs et ongles pour ne voir l'instauration d'une dictature communiste. Oh, on le raconte pas dans les livres ça. Mais beaucoup de communistes ont vu la mort à la fin de la guerre civile ; sans vouloir vexer nos hôtes, peu d'entre nous voulaient finir dans un régime semblable à celui de la Loduarie.

Nous cherchons, somme toute, la sécurité par l'alliance. Nous cachons bien notre jeu, mais, même si ça reste peu probable, l'ombre d'une éventuelle guerre civile plane sur mon pays. Les partisans de la dictature pure et dure sont encore présents, tandis que les royalistes ne sont pas tous anéantis non plus. Une place au sein de votre organisation pourrait être une garantie pour nous. Elle légitimerait notre place. Elle permettrait de montrer au peuple adélien que c'est la démocratie socialiste qui a permis la meilleure intégration possible sur la scène internationale. Ca affaiblirait considérablement les forces anti-démocratiques.

Et oui, la situation régionale n'est pas pour nous aider. Nous avons reçu récemment les Rosevoskyens à Cité-Rouge. Je ferais fi de mon sentiment par rapport à leur désintéressement notoire... Mais leurs manoeuvres avec la Polkême nous inquiètent. La Polkême nous inquiète ! Ils essayent déjà de nous enrôler dans leurs jeux stupides avec le Rosevosky. C'est pour ça que le Président est actuellement en Estalie. Heureusement, le Novigrad se fait peu interventionniste ces derniers temps...
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Une fois de plus, Maria Goduski était arrivée en retard. Bon, qui pouvait s'en étonner après tout ? Les Estaliens, et surtout elle en l'occurrence, n'étaient pas reconnus pour leur sens de la ponctualité aux réunions de l'organisation. Et pour cause, si elle était arrivée à l'heure au siège de l'UICS, elle avait omis un fait légèrement important : c'était quelle salle déjà ? Les réunions n'étaient pas fréquentes à l'UICS en soit, c'était pas difficile de trouver l'unique salle où on bossait dans tout le bâtiment. Mais pour trouver le panneau d'affichage, c'était limite plus difficile de trouver le panneau en question que la salle, surtout que la numérotation des salles en Loduarie était...bizarre. Ils savaient compter au moins ? Faisant fi d'aller à expliquer à ses homologues loduariens que 19 suivait 20 et qu'on passait pas de la salle 19 à 21 comme ça, elle se démerda pour trouver la salle de réunion.

"Bonjour, mesdames, messieurs. Navré de mon retard."

Entrant de façon précipitée vers la fin de l'exposé historique de la ministre adélienne, elle récupéra le compte-rendu du greffier et le lit en s'installant aux côtés de son homologue du PEV, visiblement le seul à travailler dans l'ensemble du bâtiment. Alors elle avait raté quoi ? Bon, un exposé d'histoire, une brève description politique et économique du pays. Oui, le b.a.-ba qu'une déléguée à l'UICS est sensée exposer en présentation de son pays. On lui avait dit au téléphone quelque chose à propos de cette réunion d'ailleurs : ah oui, la rencontre adélienne en Estalie. Leur président était en train de discuter avec cette chère Commissaire aux Relations Extérieures. Bon, dans ce cas, valait-il mieux ne pas se répéter et se charger de l'idéologie seulement. Les questions géopolitiques devaient être traitées par sa supérieure. Elle regarda le compte-rendu et ne put s'empêcher d'esquisser un sourire : tacler la personnification de Lorenzo devant le PEV, fallait oser. Pour le reste, bon, elle resta indifférente : c'était de la social-démocratie, rien de moins. Certes, la révolution avait été violente et avait visiblement éclairci les rangs de la bourgeoisie mais avec la reconstruction du pays, rien n'indiquait qu'une nouvelle ne prendrait pas la place de l'ancienne. Le système adélien conservait des tâches d'ombre.

"Si je peux me permettre, est-il possible d'approfondir un peu plus quant à votre système politique ? En effet, votre système politique est une démocratie représentative, je le constate bien, mais existe-t-il des contre-pouvoirs institutionnels ? Le peuple a-t-il des moyens concrets pour exprimer son accord ou son désaccord sur les lois votées par exemple ? La justice est-elle indépendante ?

Néanmoins, je constate que malgré quelques zones d'ombre, votre nation reste à l'heure actuelle la plus proche dans la région de la qualification de démocratie, en dehors de la DCT. La Polkême est une monarchie dominée par l'aristocratie, la Sitadie ou la Translavie du sud sont des régimes bourgeois où règnent l'exploitation du capital, le Novigrad tente de renouer avec son passé impérialiste et colonialiste. Et pour le Rosevosky, on a en face de nous une nomenclature corrompue, autoritaire et militariste qu'il me semble indéfendable de qualifier de communiste ou encore moins de socialiste. Je dois pas être la seule en Estalie à le penser mais le Rosevosky ne vaut à mes yeux pas mieux que la Polkême ou la Théodosine plus au sud. C'est du pareil au même. Il est donc rassurant qu'au milieu de ce cirque, on trouve au moins un îlot de démocratie en plein milieu.
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Oh, veuillez m'excuser pour mes imprécisions. Les décisions de l'Assemblée nationale sont encadrées par le Conseil Constitutionnel, bien évidemment. Mais je comprends que cela puisse bien faible en termes de contre-pouvoirs. Mais il y a 600 députés à l'Assemblée nationale, élus tous les quatre ans avec impossibilité de faire un nouveau mandat.
Je dois préciser que nous nous sommes énormément battus pour l'instauration d'une démocratie. Mais il y a des limites. Dans dix ans, quand le pays se sera complètement reconstruit, nous aurons le temps, pleinement, de se consacrer à la démocratisation pleine et entière du régime. Aujourd'hui, nous préférons mettre la priorité sur l'accès intégral au logement pour mes concitoyens, ainsi que sur tous les services. Il est donc vrai que les députés possèdent un grand pouvoir. Mais ils restent démocratiquement élus par le peuple, et aucun député n'a la possibilité de personnifier un tant soit peu le pouvoir.

Quant au système judiciaire, il s'agit là d'une instance à part. Il doit bien évidemment se plier aux lois et à la constitution ; mais il est complètement indépendant.

Et concernant le peuple, il n'y a que de rares exemples de manifestations populaires qui n'a pas vu son objectif être atteint. Dernièrement, une volonté de l'Assemblée nationale d'imposer une loi restreignant les droits des agriculteurs (je ne développerai pas plus, ce n'est pas le sujet), a provoqué de violentes manifestations de plusieurs journées, et cette loi n'est jamais passée. Qui plus est, une loi promulguée par l'Assemblée n'est effective qu'un mois plus tard, laissant largement le temps aux citoyens de s'exprimer.

Il est vrai que l'environnement régional n'est pas extraordinaire. Je voulais vous demander votre avis sur nos voisins Rosevoskyens, je suis servie. Pourriez-vous m'en dire plus ?
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Alors que Géorgi Marcos avait écouté, captivé le récit de l’émergence des différentes factions socialistes d'Adélie, l'évocation du nom de Rosevosky, Marcos eu un léger tilt. Un tilt qu'il n'avait pas même eu lorsque leurs invités avaient esquissé une critique du loduarisme, qui est pourtant le courant dominant présent dans les rangs du PEV velsnien:
- C'est un récit poignant que vous nous faites de tous ces grands bouleversements, camarade. Malheureusement, beaucoup de processus révolutionnaires ne sont pas sans amener une dose de violence dans leur sillage, qui est souvent le fruit du blocage systématique du sens de l'Histoire par des forces réactionnaires. Regrettables mais parfois nécessaires. Je vous remercie de toutes ces précisions, cela conforte grandement votre dossier à mes yeux.

J'aimerais toutefois emmètre quelques commentaires sur la situation régionale à laquelle votre nation est confrontée. L'Eurysie de l'est est en effet une affaire complexe, mais à laquelle l'UICS a déjà été confrontée. Nous avons déjà par une fois arbitrer un différend entre Rsevosky et leurs voisins de la Polkême, au sujet d'une affaire de pals exhibés à la frontière et d'une clôture de 50km que les rosevoskiens entendaient ériger le long de leur frontière respective. Nous avons réussi à calmer cette affaire, mais nous nous doutons bien que les troubles reprendront bien assez tôt. La Polkême est donc en effet, à surveiller, et nous nous engageons déjà à le faire. Aussi, votre concours dans la région pourra être précieux, et vous pourrez compter sur le soutien de nos camarades loduariens et estaliens, qui sont très présents sous vos latitudes.

Toutefois, nous aimerions nous attarder sur le sujet du Rosevosky, et vous donner quelques précisions sur les rapports que nous entretenons avec ce pays. A ce jour, ces derniers nous ont adressé une demande d'adhésion à l'UICS, tout comme vous. Néanmoins, contrairement à vous, j'estime à titre personnel que leur dossier est beaucoup moins solide que le vôtre. Non pas qu'ils ne pourront jamais entrer dans l'UICS, mais nous constatons jour après jour la faiblesse de cette nation, à la fois sur le plan d'un corpus d'idées anémiques que l'on ne saurait qualifier de socialiste, mais également dans la forme même de son gouvernement, et ses derniers agissements en date. Ces derniers ne vous l'auront peu-être pas dit, mais ils n'ont pas été des plus malins dans le cadre du rapport conflictuel qu'ils ont avec la Polkême. Cela dit, vous êtes tout à fait en droit d'entretenir auprès d'eux les relations de votre convenance. Considérez cela comme un constat que nous avons fait de ce gouvernement, et qui ne me paraît pas l'addition idéale que recherche notre organisation. Contrairement à vous. Nous partageons donc les réserves de notre camarade estalien à ce sujet.


Marcos referma son cernet de notes sur lequel il s'était acharné durant toute la durée de l'entretien. Il ne semblait plus avoir de questions, ce qu'il fit savoir.

Camarade. Libre à mes camarades de vous adresser des questions supplémentaires, mais en ce qui me concerne, j'en ai fini. Je vous remercie de votre patience. Pour moi, il est clair que l'UICS a tout à gagner à faire de l'Adélie le tout nouveau membre de notre organisation. Nous partageons des buts similaires et les mêmes luttes, bien que vous apprendrez bien assez tôt que l'UICS est en réalité constitué d'une mosaïque de familles politiques avec lesquelles vous aurez des débats aussi houleux à certains moments, que fédérateurs à d'autres. Comme l'a dit l'autre: pas tous le même maillot, mais la même passion.
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Evidemment, elle ne s'attendait pas à ce que la réunion soit longue et pour cause, l'Adélie respectait le cahier des charges de l'UICS grosso merdo. Elle n'allait pas chipoter, elle devait rejoindre l'avis de son camarade velsnien in fine de toute façon, il n'y avait aucune raison géopolitique ou idéologique qui devait pousser l'Estalie à repousser l'Adélie mais bien au contraire à l'admettre dans le bras de l'organisation. Elle ferma son dossier, un sourire au coin.

"Pour moi aussi, la question de votre adhésion au sein de l'organisation ne se pose même plus et je suis heureuse, tout autant que mon collègue, de vous dire que nous sommes tout à fait convaincus par votre candidature et nous sommes prêts à soutenir à tous égards votre intégration à l'UICS. Néanmoins, compte tenu de la nature géopolitique de votre région, j'aurais une dernière question qui, je pense, ne sera pas à l'ordre du jour de mes compères à Mistohir donc je vous la pose ici : quelle posture l'Adélie prendra sur sa politique militaire ? Dans une région aussi instable que la vôtre, j'ose espérer que l'Adélie dispose d'une ligne politique claire sur le plan militaire, surtout compte tenu des quelques...erreurs de son voisin rosevoskien et de l'évidente méfiance de votre voisin polk au nord. J'aimerais seulement m'assurer que l'UICS intègre une nation consciente des enjeux géopolitiques de sa région et qui sera donc en mesure de conseiller de toute l'expertise qu'elle dispose pour assister la cause socialiste le moment venu."
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Ana s'était attendu à une telle question. Il aurait été stupide de ne pas la poser.

L'Adélie conçoit actuellement son développement économique dans le chemin de la neutralité. Nous pensons qu'il vaut mieux ne pas trop interférer avec les affaires de nos voisins. Nous ne pourrions pas faire grand-chose en réalité.
Cependant, nous ne sommes pas complètement dénués de sens, nous savons que ce genre de rivalités peut exploser à tout moment. Nous prévoyons, dans nos futurs budgets, une part relativement importante aux dépenses militaires, dans un objectif purement défensif. Mais nous devons reconnaître, malgré leurs errements quotidiens, que les Rosevoskyens ont eu la gentillesse de retirer les deux tiers de leurs effectifs militaires frontaliers. Cela n'est nullement un gage de tranquillité, mais nous n'irons pas tâter le diable en postant des effectifs militaires trop importantes à nos frontières.

On va dire qu'actuellement, nous préférons observer, et développer des réseaux, dans l'avenir, d'accords défensifs avec d'autres nations soucieuses de la stabilité régionale. Mais avant tout, nous avons à coeur de ne pas transformer l'Adélie en une dictature militaire ou un champ de bataille.
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Maria Goduski nota la réponse de la déléguée adélienne. Son regard restait impassible pendant un long instant puis elle se mit à afficher un sourire en coin. Elle fit signe à son camarade velsnien qu'elle en avait fini de son côté avec les questions.

"Je vous remercie pour vos précieuses réponses, Madame Teshë. Je n'ai plus de questions personnellement. Pour ma part, l'Estalie se prononce favorable à votre adhésion à l'organisation. Ce sera tout pour moi."
Le secrétaire général du PEV attendit le verdict de ses confrères anarchistes avant de se lever de sa chaise, et de tendre sa main à son homologue adélien. Les félicitations furent rapides, mais chaleureuses:
- Camarades: bienvenue parmi nous. Soyez libres de vous approprier les lieux. Une permanence vous sera accordée ici, comme à chaque délégation, d'où vous pourrez organiser votre travail à l'UICS. Je vous encourage également à consulter les différents programmes de l'UICS afin d'y contribuer ou d'en bénéficier à votre demande. Nous vous invitons également à déposer vos propositions auprès du Conseil Suprême de l'Union afin d'améliorer le fonctionnement de notre organisation au quotidien. Vous noterez que nous avons récemment ouvert des bureaux (hrp: la section vide) à destination des différents groupes parlementaires du conseil suprême, pour que vous puissiez mieux planifier ces propositions avec vos camarades de groupe.


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