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Nebrownia News

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n° 7 739
16/05/2015


Quasiment un mois après le coup d'État qui a vu la destitution du dictateur Clinton Kellem et son accession au pouvoir, la Générale de Brigade Matilda Emerson nous a reçu dans le palais présidentiel pour une interview.

Nebrownia News : Tout d’abord merci de nous recevoir, Générale. Jusqu’ici vous avez refusé toutes les demandes d’interview, pourquoi cela ?

Gen. Matilda Emerson : La charge de travail, principalement. Pendant ce mois, j’ai demandé au personnel du gouvernement de rassembler toutes les informations sur la situation actuelle du pays, sans fioritures, juste les faits.

NN : Et donc ? Quels sont les résultats ?

Gen. ME: Honnêtement ? Vraiment pas fameux. Nous avons certes quelques entreprises qui se portent bien, comme notre production de carburant de synthèse à partir de charbon, ou nos motoristes, qui fournissent les moteurs de notre matériel ferroviaire… mais l’état global des lieux est assez calamiteux. Nous avons clairement plusieurs trains de retard en matière industrielle, Kellem a voulu mettre l’accent sur la quantité plutôt que la qualité et nous en payons le prix maintenant, avec des grandes usines qui peinent à remplir les commandes et à les livrer à temps, une logistique également à la traîne… et militairement ce n’est pas mieux, nos soldats se battent avec un matériel dépassé, nos systèmes d’arme valent encore quelque chose et nous permettraient de nous défendre face à la Vietie, par exemple. Mais un conflit contre un état à l’armée légèrement plus moderne ne nous laisserait guère d’illusion sur l’issue du conflit.

NN : C’est si mauvais que ça ?

Gen. ME : Je vais être franche avec vous. En l’état actuel des choses, en cas de conflit, on ne pourrait VRAIMENT compter que sur deux brigades, soit 10 000 hommes environ. Notre aviation est à peine en capacité de ralentir un potentiel ennemi, et son taux de disponibilité sur du matériel obsolète avoisine les 19%, donc autant dire qu’elle n’existe plus, notre marine… eh bien… Elle prend l’eau elle aussi, au sens propre. Nos marins n’ont pour ainsi dire pas reçu leur part du budget depuis 1982, lorsque la Vietie a attaqué nos ports. Kellem leur a fait payer cher leur incapacité à empêcher cet assaut, et a rendu notre marine encore plus obsolète qu’elle ne l’était à l’époque, tous les navires dont nous disposons sont impropres à la navigation, et tellement vétustes que leurs équipages ne dorment même plus à bord. Donc oui, la situation du pays n’est pas reluisante.

NN : Vous évoquiez le train… Est-il aussi en déliquescence ? Clinton Kellem apportait beaucoup d’importance à l’entreprise nationale.

Gen. ME : C’est peut-être le seul secteur de la logistique nationale qui se porte bien, malgré une corruption assez phénoménale qu’il nous faudra combattre. Nous avons reçu des rapports de la direction de la SNCF faisant état de soupçons de vols, détournement de matériel et de fonds ayant entraîné un retard et un surcoût phénoménal autour du projet d’électrification du réseau national. En gros, des proches de Kellem se seraient gavés sur le dos de la SNCF, une enquête à été ouverte dès la réception des rapports de l’entreprise, et nous avons déjà des pistes.

NN : y a-t-il d’autres secteurs touchés par cette corruption ?

Gen. ME : c’est certain. Nous avons eu du mal à obtenir certaines informations, et nombre de données reçues nous ont semblé falsifiées.

NN : Autant pour les données brutes sans fioritures.

Gen. ME : Et même avec des rapports qui embellissent leurs résultats, vous voyez ma conclusion… Oui, le travail ne fait que commencer, et un sérieux écrémage s’impose.

NN : A propos d’écrémage, qu’en est-il des anciens soutiens à Kellem ?

Gen. ME : Pour le moment, ils sont sages. L’homme fort des fidèles du dictateur est l’ancien généralissime Serge Cuvilier, qui a fui assez tôt lors du coup d'État. Pour l’heure il se cache, mais nous savons qu’il ne fait pas l’unanimité au sein des quelques soutiens de Kellem, et il est fort probable qu’une résistance efficace ne voit pas le jour tant qu’ils n’auront pas régler leurs affaires en interne.

NN : vous ne craignez pas que vos propos ne leur indiquent la voie à suivre ?

Gen. ME : Les seules voies qui s’offrent à eux, quelle que puisse être leur décision sont : la reddition, l’exil ou l’affrontement. Et pour le moment, je doute qu’ils aient les capacités, ou le courage, de choisir la troisième option.

NN : Envisagez vous la possibilité d’une guerre civile ?

Gen. ME : On ne peut totalement repousser l’éventualité d’une telle chose, mais je doute fort que cela puisse évoluer en leur faveur. De nombreuses révoltes ont éclaté avant le coup d’Etat, toutes réprimées dans le sang. Ils n’ont pas assuré leur suprématie, ils se sont juste créés de nouveaux ennemis, qui ne manqueront pas de leur mettre des bâtons dans les roues s’ils essayent de monter une insurrection. En partant de cette information, cela signifierait qu’ils auraient trois fronts à régler : l’ennemi intérieur à leur propre faction, la population qui a de grandes chances d’être contre eux, et nous… En toute objectivité, ils n’ont aucune chance.

NN : Et s’ils recevaient une aide extérieure ?

Gen. ME : de qui ? Kellem s’est pour ainsi dire coupé du monde, et nos voisins proches m’ont assuré de leur non ingérence dans nos affaires d’état. Je ne vois pas un pays accorder son soutien à une cause perdue d’avance.

NN : La Vietie peut-être ?

Gen. ME : Un régime communiste qui soutiendrai les vestiges d’un régime anti-communiste ? Le monde peut être un beau merdier, mais je ne pense pas qu’on en soit au stade où les opposés s’attirent…

NN : Le monde, justement. Vous avez fait part, lors de votre discours le soir du coup d'État, de votre volonté de rouvrir le pays au monde. Qu’en est-il actuellement ?

Gen. ME : C’est en cours, nous avons déjà reçu des demandes d'octroi d'ambassades, et avons reçu des autorisation d’en ouvrir. Au vu de la tâche qui est la mienne, et comme j’entends écrire les missives officielles personnellement, les débuts sont timides en matière de diplomatie, mais nous n’avons que des succès jusqu’ici. Nous avons même renoué contact avec la Clovanie, tout le monde se souvient comment le dictateur avait renvoyé les diplomates clovaniens avec pertes et fracas. Et bien ils ont accepté de renouer un dialogue amical, la réponse de leur diplomatie augurait un futur où le passé ne compterait que peu. La Lermandie a renouvelé son amical soutien, peut-être avec un peu plus de chaleur que pendant l’ère Kellem… bref, nous revenons petit à petit sur la scène internationale.

NN : C’est déjà une grande avancée en regard de la situation passée.

Gen. ME : il faut s’en féliciter, en effet, mais ne pas se dire que tout est joué. Une relation amicale entre nations, ça s'entretient. Pour l’heure, comme nous n’avons pas encore terminé de régler les problèmes inhérents à la diplomatie, et au vu de la tâche énorme qu’il reste encore à abattre, il est exclu pour moi de me déplacer pour des entrevues diplomatiques. Mais dès que je pourrai déléguer une bonne partie de mon travail, si je suis encore au pouvoir, il me faudra me déplacer pour rencontrer nos partenaires diplomatiques.

NN : Vous dites “si je suis encore au pouvoir”. Vous craignez de ne plus l’être prochainement ?

Gen. ME : Craindre ? Je l’espère oui, cela signifiera que mon époux et les membres de “l’étude du conseil de transition” ont trouvé un système qu’ils estiment viable pour notre nation, et qu’ils auront commencé à le mettre en place. Je l’ai dit lors du discours, je ne suis là que pour assurer l’intérim, faire tourner la boutique, et pourquoi pas, l’orienter dans la bonne direction. Mon rôle, c’est poser des bases saines pour la vraie administration qui gouvernera Nebrownia, dans un futur proche, je l’espère.

NN : On a plus l’habitude de personnes aimant le pouvoir que de personnes cherchant à le fuir.

Gen. ME : Je ne cherche pas à le fuir. J’ai une responsabilité dans les évènements, un rôle qui nécessite de prendre les rennes pendant que des gens plus aptes à le faire que moi réfléchissent aux nouveaux rouages de notre nation. Ce rôle, je ne l’aime pas du tout. Je préfère celui qui était le mien avant, je n’ai jamais envisagé d’aller plus haut dans la hiérarchie, ce rôle m’éloigne de ma famille. Mais ce rôle est le mien, et je l’assumerai jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’il ne soit plus utile à la nation.

NN : Du coup, quels sont vos objectifs pour parvenir à poser des bases saines ?

Gen. ME : Des réformes, et beaucoup, beaucoup de travail. Nous devons donner un coup de jeune à notre industrie vieillissante, redonner un coup de boost à notre armée moribonde en commandant du nouveau matériel et en renforçant l’entraînement de nos professionnels, relancer les services scientifiques sur d’autres recherches que la production d’énergie… Trouver les bonnes personnes à mettre aux différents conseils aussi, toutes les personnes auxquelles j’ai proposé un poste n’ont pas encore répondu, ou l’ont fait de manière négative. Je ne les en blâme pas, je préfère quelqu’un qui dit “non, je n’en suis pas capable” à quelqu’un qui dit “oui” et plante tout.

NN : Nos conseils sont tous sans tête pour le moment ?!!

Gen. ME : Oui, les Conseillers ont quasiment tous tenté de fuir lors du coup d'État, et nombre d’entre eux sont soupçonnés de corruption. Tous attendent en résidence surveillée les résultats des enquêtes, mais au vu des résultats de leurs mandats, ils seront de toute façon interdit d’exercice.

NN : Mais... comment fonctionne le pays alors ?

Gen. ME : Pour le moment les administrations se suffisent, mais il est de plus en plus urgent pour moi de trouver des individus compétents pour prendre en charge les conseils. Les deux seuls que je puisse un tant soit peu gérer sont le Grand État Major et la partie logistique du Conseil de l’Industrie, de la production et du commerce. Mais la gouvernance m’accapare déjà tellement que je ne peux pas leur accorder le temps qu’ils méritent.

NN : voulez vous profiter de cette tribune pour passer un message ?

Gen. ME : (rit) En d’autres circonstances, j’aurai accepté, mais j’ai déjà trop de travail pour m’en rajouter en lisant CV et lettres de motivations pour le poste de conseiller. J’escompte bien avoir des réponses positives à quelques propositions que j’ai envoyées.

NN : Et si vous n’en avez pas ?

Gen. ME : Il me faudra peut-être me résoudre à en nommer certains, que ça leur plaise ou non. Cela reviendrait à faire comme un dictateur, mais je n’aurai pas le choix, je ne peux supporter le poids de la gestion et du redressement de Nebrownia seule, il me faut une équipe compétente.

NN : Avez-vous un profil type ?

Gen. ME : Compétent dans son domaine, patriote, travailleur et intègre serait l’idéal. Il ne faut pas compter ses heures, donc une certaine endurance est requise aussi…

NN : Eh bien il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter bonne chance, nous sommes arrivés au bout de ces 15 minutes, et je devine que vous avez encore beaucoup de travail.

Gen. ME : En effet, mais cette petite interview m’a fait du bien… en parler m’a permis d’éclairer quelque peu mes plans d’actions. Je ne l'aurai pas soupçonné

NN : Peut-être vous serait-il profitable de renouveler l’expérience ?

Gen. ME : (rit) Peut-être, en effet, nous verrons bien.

NN : Merci de nous avoir reçu en tout cas, et bon courage, Générale.

Gen. ME : Merci, bonne continuation à vous aussi
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journal papier

n° 7 761
16/06/2015


Elle rampe, la Rumeur !!!!


Un mois après notre précédente visite, nous revoilà au Palais Présidentiel. Cela n’a échappé à personne, car les réseaux sociaux en ont largement fait par, mais d’étranges rumeurs circulaient autour de celui-ci, d’énormes vitres ayant été aperçues, etc. Nos reporters ont réussi à obtenir un rendez-vous exclusif avec le couple Emerson, une interview plus personnelle avant celle plus officielle obtenue avec la Générale de Brigade.

Nebrownia News : Merci de nous recevoir un mois après notre précédente venue !

Gen. Matilda Emerson : (avec un petit rire) songez-vous à mensualiser ces petites interviews ?
Noroît Emerson : Ne te plains pas, pour moi c’était quotidien
Gen.ME : Oui mais c’est ton métier d’être sous les feux de la rampe.
NE : Certes…
Gen. ME : Donc, quel est l’objet de votre venue ?
NN : vous êtes sans doute au courant des rumeurs qui courent autour du Palais présidentiel sur les réseaux sociaux ?

Gen. ME : Non…
NE : Oui, rumeurs de travaux de grandes baies vitrées… (il rit) Eh bien, pour une fois que ces rumeurs sont fondées…

NN : Donc il y a bien eu des travaux ici ?

Gen. ME : Oui, pour permettre à de nouveaux locataires de vivre ici, malgré la différence de climat…

NN : De nouveaux locataires ?

NE : (rit de nouveau) oui, un cadeau plutôt inattendu

NN : Un cadeau ?

Gen. ME : oui, venez, nous allons vous montrer (Le couple Emerson se lève et nous entraîne dans le bureau présidentiel. Là se trouve un gigantesque vivarium derrière le bureau présidentiel. Noroît Emerson entre et en ressort avec un serpent.)

Angus
NE : Voici Angus, un boa insulaire mâle de Yukanaslavie… Lilly, sa compagne, doit être mieux cachée que lui

NN : (notre reporter rapporte avoir eu un bref malaise en apercevant le reptile à travers son objectif lors de la prise de photo) Un serpent ?

Gen. ME : Oui, un cadeau diplomatique de Yukanaslavie, une espèce rare et endémique, principalement arboricole.

NN : C’est… pour le moins original comme cadeau diplomatique, ne trouvez vous pas ?

Gen. ME : Ce n’est pas exactement innocent, nous contribuons ainsi à la sauvegarde de l’espèce. Lilly sera locatrice permanente ici pour au moins dix ans, Angus ne devrait pas rester ici plus de trois à cinq ans. Les femelles ont une durée de vie sensiblement plus longue que les mâles, de ce qu’on nous a appris, les couples de serpents sont unis jusqu’à la mort d’un des membres du couple, une femelle peut ainsi avoir jusqu’à trois compagnons au cours de sa vie. (Noroît Emerson pose le serpent sur le bureau de sa femme. Le reptile rampe immédiatement en direction de cette dernière).

NN : Sont-ils déjà attachés à vous ?

Gen. ME : (rit) non, je ne pense pas. Angus se dirige simplement vers la zone de chaleur la plus proche, ce sont des animaux qui sont exothermes, ils ont besoin de source de chaleur externe pour avoir de l’énergie. (Le serpent se glisse dans sa manche) Ils ont le chic pour la trouver dans des endroits quelque peu inhabituels (La Générale glisse la main dans son treillis et en sort le reptile qui s’enroule autour de sa main. Elle le tend à son époux qui retourne dans le vivarium et y repose le serpent) Ce sont des animaux splendides… Il paraît que certains peuvent dépasser les 2m, mais il est peu probable que Lilly et Angus atteignent ces tailles.

NN : Pourquoi ?

Gen. ME : Parce que la taille d’un serpent dépend de beaucoup de facteurs, et si nous faisons notre possible pour que l'acclimatation de Lilly et Angus à leur nouvel environnement se passe au mieux, il est possible que tous les voyants ne soient pas au vert, y compris pour ce qui est de la reproduction.

NN : Pensez vous que vos serpents se reproduiront ?

NE : C’est une possibilité qui a été évoquée. En tel cas, nous contacterons les spécialistes de ces animaux, et ils seront chargés de renvoyer chez eux tous les petits une fois leurs œufs éclos. Il y aura sans doute des arrangements entre les Zoos Yukanaslaves et les nôtres pour savoir s’il n’y aurait pas moyen d’en conserver quelques uns sur notre territoire, mais je crois que les zoologues de là bas essaient autant que possible de tout faire pour pouvoir réintroduire dans leur environnement les petits de cette espèce nés en captivité.
Gen. ME : (rit encore) et puis je ne suis pas convaincue que tout le monde apprécierai d’être observé par des reptiles pendant qu’il travaille.

NN : J’en fais partie je l’avoue

Gen. ME : Oh… je suis désolée, nous n’avons pas pensé à vous demander si vous étiez Ophiophobe. J’avais pensé faire la deuxième interview dans le bureau, comme la dernière fois…

NN : Tant que je ne vois pas vos nouveaux pensionnaires, nous pouvons le faire ici si vous le souhaitez…

Gen ME : Et bien allons-y

(Pour avoir la suite de cette Interview exclusive, veuillez vous rendre en page 3, Actualités politiques.)

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Actualités Politiques
Page 3
En marge d’une intervention qu’elle souhaite faire à l’Assemblée des Sages, dont la plupart étaient des soutiens du précédent gouvernement et plus de la moitié ont fui lors du coup d’état, la Générale Emerson, leader temporaire de notre nation, a souhaité profiter d’une demande d’interview sur un autre sujet (voir notre page 1) pour aborder des sujets un peu plus politiques. Après avoir eu quelques sueurs froides en voyant les nouveaux locataires du Palais Présidentiel, notre reporter a pu s’entretenir plus en avant sur ce que la Générale envisage pour le futur du pays.

Nebrownia News : Générale, lors de notre précédent passage, vous disiez être enlisée dans la tâche qui était la vôtre… qu’en est-il un mois après ?

Gen. Matilda Emerson : Nous avons avancé, et bien avancé, même si la tâche face à nous est toujours immense. La situation économique, si elle est toujours préoccupante, n’est plus aussi catastrophique. Dès la réouverture des frontières, nombre de Nebrowniens se sont, d’eux mêmes, rués sur la voie de la modernisation de leurs entreprises et/ou Matériels. Des initiatives se créent, tous les jours, pour tirer parti de manière judicieuse de cette liberté nouvelle.

NN : Avez vous entendu parler de cette entreprise qui récupère tous les posters, affiches, livres, images et autres de Kellem pour en faire du papier toilette ?

Gen. ME : (rit) Oui, nous sommes clients chez eux, La société Lanata est l’exemple même de la réutilisation de notre passé récent pour un futur plus confortable.

NN : Une manière singulière de joindre l’utile à l’agréable

Gen.ME : (rit) en effet !

NN : Et donc, quels sujets voulez-vous que nous abordions ?

Gen. ME : Les conseils tout d’abord.

NN : Avez-vous trouvé quelqu’un pour chacun d’entre eux ?

Gen. ME : En effet, j’ai eu la grande joie d’avoir de nombreuses réponses, certaines négatives mais me proposant quelqu’un de compétent en remplacement. Pour un poste, j’ai nommé d’office quelqu’un.

NN : Quel poste ? Et qui y avez vous nommé ?

Gen. ME : Le Grand Etat Major, j’y ai nommé Nadège Bousquet.

NN : Ce n’est pas surprenant en soi, mais pouvez-vous nous dire pourquoi vous l’avez nommé à ce poste ?

Gen. ME : pour plusieurs raisons. La première, c’est que, contrairement à son prédécesseur, elle est méticuleuse et consciente que la quantité ne fait pas tout. Nous avons besoin de revoir nos doctrines d’entraînement, nos besoins en dotation de matériel, il nous faut aussi revoir le format de notre armée afin de répondre au mieux aux défis qui nous attendent, sans pour autant tout sacrifier dans le processus. Deuxièmement, c’est une experte en logistique, elle sait qu’une armée sans ravitaillement est une armée au mieux immobile, au pire inutile. Ses contacts au sein de la SNCF devraient permettre une amélioration sensible en termes de déploiement, pour éviter le désastre de l’exercice de novembre 2008, mais aussi de ravitaillement. Elle dispose aussi de solides contacts au sein des grandes industries du pays, et des armées des pays voisins que sont la Lermandie et Westalia. De nombreuses possibilités s’offrent à nous avec elle à ce poste.

NN : ne risque-t-elle pas d'hypothéquer l’indépendance militaire de notre pays ?

Gen. ME : Aucun risque de ce côté. Nous achèterons, évidemment, du matériel à nos voisin, mais nous ne nous baserons pas principalement dessus, nos industries seront nos principaux fournisseurs

NN : Vous avez dit que notre armée avait plusieurs trains de retard la dernière fois

Gen. ME : Non, que le PAYS avait plusieurs trains de retard, mais c’est hélas vrai aussi pour notre armée. Nous avons fait jour une gestion quasi criminelle du matériel de notre armée, certains matériels confiés à nos soldats étant tout simplement trop vétustes pour servir. C’en est à se demander si Cuvilier avait un cerveau fonctionnel. Nous avons retrouvé dans ses archives une quantité faramineuse de rapports d’officiers à ce sujet, et même de son Ordonnance, Nadège Bousquet. Aucun ne semble avoir été pris en compte, comme s'il voulait que notre armée se délite…

NN : pensez vous vraiment que c’était le cas ?

Gen. ME : aucune idée… Toujours est-il que remettre de l’ordre dans le désastre qu’était sa gestion militaire va être long et fastidieux. Nadège va avoir une lourde tâche.

NN : Maintenant que vous le dites, n’est-elle pas la première femme à atteindre ce poste ?

Gen. ME : Oui, elle marche sur les pas de Bui‘hiir Noya, la légendaire Reine Guerrière. (Elle sourit) Je ne suis pas convaincue qu’elle goûte la comparaison ceci dit…

NN : Pourquoi donc ?

Gen. ME : Aussi curieux que cela puisse vous paraître, elle est plutôt pacifiste.

NN : Une pacifiste à la tête de l’armée ? N’est-ce pas… curieux ?

Gen. ME : je ne vois pas en quoi… Qui vis Pacem, para bellum, et se renforcer en vue d’assurer une paix stable n’est pas une ineptie, surtout vu le monde actuel.

NN : Nous allons donc vers un renforcement de nos organes militaires ?

Gen. ME : Absolument. Nous allons améliorer le niveau de compétence de nos troupes, travailler aussi à l’amélioration du matériel de notre armée, nous créer un noyau dur de professionnels aguerris.

NN : Et concernant le service militaire obligatoire ?

Gen. ME : Il est maintenu. J’aimerai le rendre condition sine qua non pour toute entrée dans la vie politique, mais c’est une question qui devra être abordée par l”étude du conseil de transition”.

NN : Je présume que vous ne savez rien des avancées de ce côté ?

Gen. ME : j’en sais assez pour vous dire qu’ils travaillent beaucoup et se donnent des cheveux blancs pour trouver la meilleure option possible en matière de gouvernement.

NN : Et donc, à propos de gouvernement, qui avez-vous choisi et pourquoi ?

Gen. ME : (rit) Quel conseil vous intéresse le plus ?

NN : Le Conseil de la culture d'État pour commencer

Gen. ME : Il est vrai que cela vous concerne directement. A ma grande déception, Marion Rourkhe a décliné mon offre de prendre ce poste. Elle m’a conseillé en revanche Madeleine Madisson, qui était une de ses plus proches collaboratrices avant son arrestation. Cette dernière a accepté de prendre le poste, à condition que Marion soit son aide. J’ignore quel est leur passé à ces deux là, mais visiblement, dans la sphère professionnelle, une est indispensable à l’autre. Elles m’ont déjà fait part de leur volonté de diviser le conseil, mais elles doivent encore travailler dessus pour savoir si créer des sous-sections ne serait finalement pas plus judicieux…

NN : Elles ont déjà des idées ? Quand sont-elles censées prendre leurs fonctions ?

Gen. ME : Elles sont au travail depuis la semaine dernière, mais avaient visiblement déjà des projets en tête.

NN : cela vous soulage d’un poids du coup.

Gen. ME : Pas vraiment, en fait. N’ayant que peu de connaissances dans le domaine, je me suis abstenue d’y toucher… sauf pour y chercher des informations, et encore. Ils ont leur propre jargon, leur propre système d’information et de renseignement, mais ce n’est pas à vous que j’apprendrai que les médias sont un état dans l’état, n’est-ce pas ?

NN : Vraiment ? Et concernant le Conseil de l’Industrie, de la production et du commerce ?

Gen. ME : À mon grand soulagement, Ernest Reyes a accepté de prendre la tête de ce conseil, il a mis du temps à se décider.

NN : C’est pourtant un de vos proches, non ?

Gen. ME : Il est surtout très lié à mon époux, et peut-être est-ce une des raisons qui l’a fait longtemps hésiter…

NN : Peur du conflit d’intérêt ?

Gen. ME : d’une certaine façon… Je ne peux pas lui en vouloir, il n’aspirait pas à plus que de reprendre l’entreprise familiale. Et je lui offre la solution sur un plateau d’arsenic d’une certaine façon.

NN : Vous en veut-il ?

Gen. ME : Je ne pense pas. C’est avant tout un patriote, et il a les compétences requises pour reprendre ce conseil en main. Il m’a annoncé sa volonté de prendre officiellement ses fonctions lundi prochain.

NN : Savez-vous quelles seront ses décisions phares ?

Gen. ME : Aucune idée. Une de ses premières sera de dissocier la sous-section aux affaires étrangères de son service, je pense.

NN : Comment-ça ?

Gen. ME : Avec notre ré-ouverture au monde, la charge de travail liée aux affaires étrangères va considérablement augmenter, confier une telle charge à une sous-section serait totalement stupide.

NN : Nous verrions donc la création d’un nouveau Conseil ?

Gen. ME : sûrement, oui. Cela me facilitera grandement la tâche, je ne vous le cache pas…

NN : à ce sujet, une rumeur circule sur les réseaux sociaux du pays…

Gen. ME : une de plus ? Quelle est-elle ?

NN : Vous enverriez un grand Brownie à chaque missive diplomatique ?

Gen. ME : (soupire) C’est exact, une lubie de mon époux. Vous savez le symbole que ce gâteau représente pour notre nation, n’est-ce pas ? Noroît entend bien la propager de par le monde, ce message de paix et de fraternité symbolisé par ce gâteau que l’on prend plaisir à partager. Il appelle ça “le Brownie Diplomatique”.

NN : (rit) Il est vrai qu’il a pour ce gâteau une espèce de délire quasiment religieux

Gen. ME : je ne vous le fais pas dire…

NN : Et quels sont les retours ?

Gen. ME : Étrangement positifs. Angus et Lilly sont une réponse de sympathie sans doute immédiatement liés au brownie diplomatique…

NN : Réponse des plus étranges à mes yeux… Oh mon dieu… l'un d'eux vous regarde sur la branche là…

Lilly
Photo prise par notre reporter juste à ce moment de l’interview, malgré son dégoût

Gen. ME : Ah !! Voici Lilly… Il est possible qu’elle ai été là tout du long… Souhaitez-vous que nous nous déplacions pour continuer l’interview ?

NN : Non, j’arriverai à passer outre, je pense…

Gen. ME : Comme vous voulez… où en étions nous ?

NN : Vous évoquiez le Conseil de l’Industrie, de la Production et du Commerce.

Gen. ME : Ah oui, et la possible séparation de la sous section aux affaires étrangères pour en faire un conseil à part entière…

NN : Vous n’avez vraiment aucune idée de ce que monsieur Reyes va faire ?

Gen. ME : sûrement la même chose que tous ceux qui ont accepté les postes que je leur proposait : ils vont faire un état des lieux et voir ce dont ils disposent à l’heure actuelle, pour mieux axer leur directives.

NN : N’est-ce pas ce que vous avez fait, déjà ?

Gen. ME : Oui, mais je n’ai pas leurs compétences, ils vont sûrement demander des choses plus pointues que celles que j’ai demandé moi. Ernest sait déjà quelle serait la direction générale, à savoir la modernisation de notre industrie. Comment le faire, c’est son domaine et il a toute ma confiance pour ce faire.

NN : Passons à présent au Conseil juridique et législatif

Gen. ME : j’ai demandé au doyen de la chaire de droit de la faculté de droit de Kellembury, Maître Nang Krosa, s’il acceptait de prendre ce poste. Il a accepté.

NN : Il fait partie des Joha Tsad, si je ne m’abuse. Il serait donc le premier Joha Tsad à un poste de Conseiller depuis 35 ans.

Gen. ME : Maintenant que vous l’évoquez, c’est vrai que nous n’avions pas eu de nos concitoyens natifs à des postes élevés depuis un moment.

NN : Ce n’est pas pour cet aspect symbolique que vous l’avez choisi ?

Gen. ME : Tous les conseillers ont été choisis pour leur compétences. Peu m’importe l’appartenance à telle ou telle ethnie, nous sommes tous citoyennes et citoyens de Nebrownia. Je ne regarde que les compétences, présentement.

NN : Sujet sensible ?

Gen. ME : Je n’ai jamais cautionné les multiples tentatives de stigmatisation des natifs par divers conseillers, et c’est sans doute la seule chose que je peux décemment reconnaître à Clinton Kellem, lui non plus ne les a jamais cautionnées. C’est aussi pour cela que je conserve le service militaire obligatoire, il est le creuset de la citoyenneté Nebrownienne, tous ensemble, tous unis en un seul peuple.

NN : L’unité comme cheval de bataille ?

Gen. ME : L’unité devrait être normale… seuls les imbéciles et les étroits d’esprits peuvent arguer que les Joha Tsad ne sont pas des citoyens à part entière. Et fort heureusement, au sein de la population, ils sont extrêmement rares.

NN : et donc, quelles seront les directives du nouveau Conseiller Juridique et Législatif ?

Gen. ME : Revoir toutes les lois passées durant les 35 ans de l'ère Kellem, les modifier, voire les supprimer purement et simplement. Ce n’est pas une mince affaire, de ce que j’ai cru comprendre, mais il a l’avantage d’avoir commencé sa carrière sous la dernière république, il sait ce qui a changé, il a le recul et l’expérience nécessaire pour agir.

NN : C’est ce qui va le plus impacter la vie des citoyens, non ?

Gen. ME : C’est exact… mais c’est une étape nécessaire. Je pense aussi qu’il sera régulièrement sollicité par l'Étude du Conseil de Transition de Nebrownia. Raison supplémentaire pour placer quelqu’un de compétent à ce poste.

NN : Et pour finir, qui avez-vous choisi pour le Conseil Scientifique ?

Gen. ME : Xibi Shayuart, docteur en ingénierie mécanique. J’ai reçu sa lettre d’acceptation hier matin, juste avant votre demande d’interview.

NN : Shayuart ? Elle a été au coeur d’un scandale il y a deux ans, si ma mémoire est bonne, car elle avait traité les sages de “phallocrates rétrogrades”

Gen. ME : Peut-on lui donner tort ? Les sages ont soutenu la mise en place des lois visant à réduire notre place, à nous les femmes, dans la société…

NN : En effet, elle a été visionnaire sur ce coup là… Mais pourquoi elle ?

Gen. ME : Parce qu’elle m’a envoyé, cinq heures après la fin du coup d’Etat, un dossier de trois-cents pages sur comment il faudrait modifier la recherche au sein de notre pays. Elle basait son analyse sur une vingtaine de discussions qu’elle semblait avoir eu avec des camarades chercheurs dans d’autres domaines, en recensant les points communs, les points de divergence, etc.

NN : Trois cent pages ? La recherche va si mal ?

Gen. ME : Nous ne le voyons pas car nous ne sommes pas du sérail, mais la recherche scientifique coûte cher, trop cher pour certains, mais ce n’est pas eux qui s’acharnent à trouver des solutions aux problèmes que pose continuellement la société moderne.

NN : Et quels sont ses ordres ?

Gen. ME : Appliquer ce qu’elle m’a dit dans son dossier de trois cent pages.

NN : Qu’y avait-il dans ce dossier ?

Gen. ME : Certaines choses que je dois passer sous silence, mais si vous voulez de plus amples informations, je vous enjoins d'aller les lui demander.

NN : Ce sera sans doute l’objet d’une autre interview, en effet… Et Pourquoi avez-vous demandé une réunion avec le conseil des sages ?

Gen. ME : Vous le saurez quand j’irai les voir, je ne peux pas vous donner de plus amples informations à ce sujet, désolée.

NN : Et bien je n’ai pas d’autres questions à vous poser… Vous aviez évoqué la possibilité d’une mensualisation de ces interviews, étiez-vous sérieuse ?

Gen. ME : (rit) à moitié seulement, mais oui, la précédente m’avait fait du bien, mentalement… je pense que celle-ci aussi. Et puis elle permet de montrer aux citoyens que nous travaillons bel et bien pour eux !

NN : Je pense que personne, au sein de la population, ne doute de cela, générale… Je vais profiter de l'absence de vos deux pensionnaires de mon champ de vision pour prendre congé. Au mois prochain, générale (rires)
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n° 7 777
09/07/2015


Les sages ne l'étaient pas...
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La Générale Emerson l’avait évoqué, elle a rendu visite au Conseil des sages hier, visite très officielle durant laquelle elle a dissout l’actuel conseil dans un discours qui a laissé les quelques membres présents pantois. Ils ont été sommés de quitter le bâtiment où siège cette assemblée et tous les bureaux des membres y travaillant dans les secondes suivant la fin du discours de l’actuelle dirigeante du pays, surveillés par des militaires sous ses ordres directs. Interviewée juste après, la commandante du détachement en charge de surveiller cette évacuation a expliqué cette action plutôt autoritaire aux relents de l’ancien régime : “l’idée de base de ce Conseil des Sages, initialement présentée comme une forme de contre-pouvoir, a trop longtemps été dévoyée par Kellem et ses sbires. Toujours à faire semblant de débattre des projets de lois, simuler des prises de bec, etc. Nebrownia n’a pas besoin de pantins à ce poste, mais bien d’une réelle force de réflexion et de contre-pouvoir. De plus, bien que la grande majorité aient fui lors du coup d'État, nos renseignements montrent que certains des membres restants sont en contact avec ceux qui se cachent, leur transmettant des informations.” Alors que ses hommes somment un ancien sage à sortir du complexe, elle poursuit, “Des élections seront organisées prochainement pour remplir de nouveau cet organisme, que la générale juge essentiel, de vrais patriotes œuvrant réellement pour le pays. Des consignes ont déjà été envoyées aux gouverneurs de districts en ce sens, afin de permettre la mise en place rapide de ces élections. Du coup, je profite de cette tribune” elle se tourne alors vers notre reporter, “Si vous êtes patriote, que vous pensez savoir comment défendre les intérêts de la nation, et surtout, que vous n’avez pas peur de travailler, peu importe vos origines, votre statut, votre physique, votre sexe : PRESENTEZ VOUS !!! Aidez-nous à redresser Nebrownia !!” Sur ces mots, elle rejoint ses soldats et quitte le bâtiment.

Analyse de la rédaction : Malgré un caractère très proche de ce dont aurait été capable la tristement renommée PP, l’action “coup de poing” menée par la Générale Emerson hier au conseil de sages semble s'aligner avec la politique qu’elle mène depuis son accession au pouvoir. Motivée davantage par une recherche d’efficacité que par l’établissement d’un quelconque pouvoir personnel, elle cherche à rassembler la population derrière elle et son leitmotiv de “redresser” la nation. Toujours aussi dans l’optique, semble-t-il, de poser des bases saines au prochain gouvernement qui sera décidé par l’étude du Conseil de Transition, dont aucune information ne semble fuiter. Malgré la neutralité qui est la politique fondatrice et directrice de notre journal, nous joignons nos demandes à celles de la Générale : une chance est donnée à quiconque pense avoir les capacités de défendre les intérêts du pays. Une ère nouvelle attend des idées nouvelles, alors présentez-vous !!

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Maman les p’tits bateaux, qui rouillent sur l’eau…
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Suite à la première interview de la Générale Emerson, où elle avait évoqué l’état pitoyable de la Marine de Nebrownia, nous avons décidé d’enquêter. Et force est de reconnaître que l'ère Kellem y a laissé une marque des plus déplorables.

Notre équipe a passé une semaine à parcourir trois des bases principales de la Marine Nebrownienne, et partout le même constat : aucun navire n’est apte à prendre la mer. “On loue les services de nos marins à des navires de pêche pour maintenir un certain niveau d’entraînement en mer” déplore l‘Amiral Demartin, commandant en chef de l’ensemble des forces navales et Aéronavales, “Nos marins sont plus des pêcheurs que des soldats.” Alors que nous lui demandons les raisons qui font que la Marine est à ce point délabrée, l’Amiral répond, désabusé. “Kellem nous a reproché notre incapacité à stopper les assauts navals de la Vietie en 1982, avant qu’ils ne touchent terre. Mais nous attendions ces troupes plus au sud, or ils ont attaqué au Nord, nos renseignements étaient erronés et la surprise de l’attaque ennemie a joué à plein. Nos troupes ont résisté suffisamment pour permettre le renfort des troupes régulières avant l’établissement d’une trop solide tête de pont par les troupes adverses, la Marine n’est pas en faute ici, c’est le renseignement qui l’est… D’ailleurs, dès que nos navires se sont confrontés aux Viètes, nous les avons laminés…” Nous passons devant des casernements de tailles diverses, portant les noms des bateaux dont les superstructures commencent à tomber à cause de la rouille. “Nous avons tout juste assez de budget pour permettre l’entretien des coques et des moteurs, le reste…” il montre la superstructure d’un destroyer à portée de vue : les antennes, pliées et rongées pendent dans l’eau, le bunker qui abritait autrefois l’hélicoptère est à présent ouvert aux quatre vents et ne protège plus rien, la passerelle est tellement rouillée que la dernière personne s’y étant risquée est morte après avoir traversé quatre étages de planchers dévorés par l’oxydation. “Nos navires sont tellement abîmés que même au ferraillage, ils ne valent plus rien” reprend l’Amiral, “la Marine Marchande se porte bien mieux que nous, car elle avait une utilité aux yeux de Kellem.

Nous posons alors à l’Amiral l’épineuse question qui nous brûle les lèvres : la Marine Nebrownienne est-elle en mesure d’effectuer sa mission de protection des eaux territoriales ? Avec un profond soupir, l’Amiral répond, en fermant les yeux : “Non. Nos navires ne sont pas en état de prendre la mer, faute de fonds nécessaires à leur entretien durant l'ère Kellem. Depuis l’arrivée au pouvoir de la Générale Emerson, nous recommençons enfin à toucher un budget plus conséquent, ce qui nous a permis de rénover les bâtiments de casernements ainsi que l’équipement de nos services administratifs. Nous avons aussi pu passer commande de nouveaux bâtiments, mais pour le moment, il ne s’agit que de navires civils dont nous avons renforcés les coques et que nous avons équipés de matériels antiaériens et antichars, mais les futurs vrais navires de combats ne sont encore qu’au stade de l’ébauche. Nous avons d’abord dû définir la priorité à accorder concernant les constructions, puis les conceptions… Forcément cela prendra du temps car nous partons, pour ainsi dire, de zéro.” L’autre question qui nous vient est : au final, que commande l’Amiral ? “Pour le moment ?” il a un rire désabusé, “je commande plusieurs milliers d’apprentis marins-pêcheurs et deux milles mécaniciens et électriciens d’un très bon niveau.” Et les Fusiliers-Marins ? “Ils sont aux ordres des Généraux… Kellem a privé la Marine de tous ses moyens, même notre aviation n’est plus sous notre contrôle, les quelques avions encore capables de patrouiller sur les eaux rendent compte au Grand État-Major qui nous transmet les informations… quand il y pense. Mais cela va changer, Emerson a une très bonne vision de ce que doit être la défense du pays. Elle n’est pas issue de la branche navale, cependant nos dernières conversations m’ont laissé voir qu’elle comprenait parfaitement nos besoins. C’est vraiment dommage qu’elle n’envisage pas de prendre un poste au GEM quand elle ne sera plus à la tête de l'État.” Nous lui demandons pourquoi, il répond, avec un large sourire, “Comme je vous l’ai dit, elle a une bonne compréhension des besoins de notre marine. Et les quelques contacts que j’ai dans la branche aérienne m’ont indiqué qu’elle semblait avoir aussi une assez bonne vision des besoins de leur secteur. Si ces impressions sont confirmées, elle pourrait transformer Nebrownia en puissance régionale voire même mondiale.” Et quand nous lui demandons ce qu’il pense de la nomination de Nadège Bousquet à la tête du Grand État-Major, il répond “Je ne connaît la Générale - elle a obtenu ce grade grâce à sa nomination à son poste actuel - Bousquet que de réputation, mais sa nomination à ce poste en ce moment est une preuve de plus de la compréhension globale de la Générale Emerson : notre armée a besoin de se reconstruire après des décennies de déliquescence, la logistique va être un élément fondamental de cette reconstruction. Repenser l’armement et l’équipement de nos soldats, le produire, l’acheminer, l’entretenir, tout cela demande, non seulement une bonne compréhension des besoins des troupes mais également un bon niveau logistique, et c’est le domaine de prédilection de la Générale Bousquet. Si les Générales continuent sur leur lancée, Nebrownia est entre de bonnes mains, j’en suis convaincu. Notre Marine renaîtra de ses cendres !” C'est donc sur cette note optimiste que nous avons conclu cette interview.

Analyse de la rédaction : C’est un amiral désabusé sur le niveau actuel de ses forces, mais confiant en l’avenir qui nous a donc accordé une interview. Nos lecteurs n’auront pas manqué de noter qu’il plaçait de grands espoirs dans la compréhension des besoins de l’armée des Générales Emerson et Bousquet. Certains pourront penser à la manœuvre d’un lèche botte, mais il est très compliqué d’exprimer à l’écrit le ressenti d’une interview. Or, nos reporters ont affirmé avec force qu’il avait donné l’impression de vraiment croire en l’avenir de Nebrownia… avant d’ajouter “on ne pourra pas faire pire que ce qu’on a déjà, de toute façon”, ce qui permet néanmoins de relativiser. L’avenir nous dira si l’Amiral avait raison d’être optimiste, nous laissons bien évidemment à nos lecteurs leur jugement.
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n° 7 782
16/07/2015


Un mois après notre précédente interview, nous avons de nouveau proposé à la Générale Emerson, plus sur le ton de la boutade que sérieusement, une nouvelle interview. S’est-elle prise au jeu ? Toujours est-il qu’elle a accepté, ayant un peu de temps avant une réunion avec le Grand Etat Major. En raison des nouveaux locataires présents lors de la précédente interview, c’est un autre reporter qui s’est présenté, lui ne souffrant pas d’Ophiophobie.

Nebrownia News : Générale, merci de nous accueillir de nouveau… Pouvons- nous dire que ce petit rituel d’interview mensuelle commence à être officiel ?

Générale Matilda Emerson : (rire) Et pourquoi pas ? Cela permet aux citoyens de Nebrownia de voir et comprendre ce que nous faisons, et comme ils vont bientôt devoir sélectionner leurs représentants au Conseil des Sages, autant qu’ils en sachent le maximum, n’est-ce pas ?

NN : Justement, puisque nous en parlons, cette action coup de poing au conseil des sages, il y a une semaine, a fait couler beaucoup d’encre car elle avait des relents de Police Politique…

Gen. ME : J’en suis consciente, mon époux me l’a fait remarquer le soir même. Mais nous n’avions plus le luxe de prendre des gants. Ce conseil des sages, ou du moins ce qu’il en restait, était un nid d’informateurs pour les partisans de Kellem.

NN : En a-t-il encore beaucoup ?

Gen. ME : d’une manière générale, tous ceux qui ont profité de ses largesses. Mais il apparaît à présent un autre portrait, plus sombre.

NN : un autre portrait ? Que voulez-vous dire ?

Gen. ME : Vous vous souvenez que j’avais évoqué, dans la précédente interview, la gestion quasi criminelle de Cuvilier de l’armée ?

NN : En effet, vous l’aviez évoqué.

Gen. ME : Et bien de récentes découvertes nous ont permis de mettre le doigt sur un fait assez perturbant. Ce n’est pas Kellem qui était la racine même des revendications lancées sur tout le pourtour du Golfe Cardinal… C’était Cuvilier qui le lui avait suggéré.

NN : Kellem n’était donc qu’un pantin ?

Gen. ME : Oui et non. Cuvilier est aussi à l’origine des nombreuses tentatives d’établissement de lois anti-natives, Kellem les a toutes rejetées sans préavis. Kellem a imposé des sanctions économiques à la Marine Nebrownienne, et les a maintenue contre l’avis de Cuvilier. Il était manipulé, c’est un fait, mais il n’est pas innocent.

NN : Et donc, l’ancien Généralissime a sciemment poussé Kellem à aggraver les tensions sur le pourtour du Golfe Cardinal ? Dans quel but ?

Gen. ME : Nous avons plusieurs pistes concernant le but final recherché. Et ce en raison de plusieurs facteurs.

NN : Pouvez-vous nous en faire part ?

Gen. ME : Oh, il suffit juste d’analyser les informations dont nous disposons. (elle lève un doigt) Nous savons qu’il a poussé Kellem à aggraver les tensions dans le Golfe Cardinal, (elle lève un doigt supplémentaire) qu’il a géré l’armée comme un enfant de trois ans rangerait sa chambre, au point que certains de nos soldats avaient des armes plus vieilles que leurs parents, (encore un doigt supplémentaire levé) nous savons qu’il n’a jamais accepté les exercices conjoints proposés par la Lermandie et Westalia, et qu’il avait l’air franchement hostile à leur endroit, au point de les désigner comme adversaires dans de nombreux exercices militaires, et finalement (un nouveau doigt supplémentaire) nous savons maintenant qu’il a poussé à la nomination à des postes stratégiques nombre d’amis et de proches, dont certains ont été arrêtés il y a peu. Ajoutez à cela que c’est un membre de “Vietie Renaissance” -nous l’avons découvert la semaine dernière en terminant d’analyser tous ses documents administratifs- et vous avez une image de l’objectif final recherché.

NN : Autant l’objectif de déstabilisation de la région et du pays et de prise du pouvoir me semble assez évident, autant j’ai l’impression que ce n’est pas tout…

Gen. ME : Et vous avez raison. En aggravant la situation dans le pays ET la région, il se serait présenté comme seul garant de l’équilibre et de l’apaisement aux yeux des pays riverains après avoir destitué Kellem et pris le pouvoir, et il y a fort à parier que les nations riveraines l'auraient reconnu comme tel. Comment aurait-il destitué Kellem reste un mystère, mais nous pensons qu’il l’aurait destitué à plus ou moins longue échéance. Le reste n’est que pure spéculation, mais au vu des données dont nous disposons, nous pouvons envisager ce qui suit : une fois son pouvoir bien établis, il aurait sûrement ressuscité la Vietie et commencé des manœuvres pour attaquer la Lermandie et Westalia.

NN : Vraiment ? Pourquoi ces deux pays ?

Gen. ME : Le roman national Vietique présentait toujours les territoires Lermandiens comme lui revenant de droit. La Lermandie était donc leur ennemi héréditaire depuis l’indépendance de la Vietie. Quant à Westalia, elle est l'alliée de la Lermandie, et l’a aidé massivement durant la guerre de 82-84.

NN : Tout comme nous, c’est grâce à ça que nous avons pu établir notre continuité territoriale.

Gen. ME : C’est exact. Au vu de notre implication dans cette guerre, les patriotes Vietiques nous considèrent comme ceux ayant asséné un coup de poignard dans le dos de leur pays. Nous aurions été la première cible du retour de la Vietie.

NN : Est-ce un scénario crédible ?

Gen. ME : Honnêtement ? Dans l’idée oui, dans les faits… Je doute que l’Armée de Nebrownia aurait pu vaincre l’alliance de la Lermandie et Westalia, Cuvilier se berçait d’illusion de ce côté.

NN : Pourquoi ?

Gen. ME : Parce que Nebrownia, en 1982, n’avait pas connu de guerres depuis presque un siècle et demi. Et que se retourner contre nos alliés dans la dernière en date n’aurait pas été du goût de nombre de nos soldats, il y a fort à parier que des unités entières se seraient rendues sans combattre, ou même auraient purement et simplement rejoint les contingents Lermandiens et/ou Westaliens. Ajoutez à ça la déliquescence de l’état du matériel et vous avez un scénario où les plans de Cuvilier sombrent au moment où il mettrait en route son plan de malade mégalomane.

NN : Nous constatons quelques mouvements du côté des Hamjak, chez nos voisins Lermandiens et Westaliens. Pensez vous qu’ils sont liés à la volonté de déstabilisation de la région de l’ancien généralissime ? Après tout, la Vietie avait été à l'origine de leurs actions en 1980, ayant entraîné la guerre deux ans plus tard

Gen. ME : Nous n’en savons rien. Nos services de renseignements sont en train de compiler toutes les informations dont nous disposons en ce moment même, pour les envoyer aux gouvernements Lermandiens et Westaliens, au cas où tout serait lié.

NN : Comment pensez-vous qu’ils vont réagir ?

Gen. ME : aucune idée. Enfin si, j’en ai quelques unes, mais je ne les divulgerai pas ici, vous comprenez.

NN : Absolument, le devoir de réserve.

Gen. ME : d’une certaine façon, oui.

NN : Puisque nous sommes dans le sujet, il circule des rumeurs concernant un remaniement des services secrets sur les réseaux sociaux. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Gen. ME : (rires) Encore une question à laquelle je ne peux pas répondre, navrée. Déjà parce que, comme vous l’avez dit, il s’agit d’un remaniement, et que la situation du Renseignement n’était pas meilleure que celle de l’armée, et ensuite, à cause du devoir de réserve.

NN : Bien… du coup je vais passer à la suite de mes questions : Quelles ont été les progression de ce dernier mois ? Avez-vous des informations concernant l’étude du Conseil de Transition ?

Gen. ME : J’en ai oui. Comme vous le savez, décider d’une nouvelle structure gouvernementale n’est pas une mince affaire, et les débats sont nombreux. D’autant plus que, une majorité considérant qu’il leur fallait être plus nombreux pour y réfléchir de la bonne manière, ils ont décidé de faire venir d’autres intervenants, certains ponctuels pour expliquer des points de détails, d’autres de manière plus régulière. Il y a donc autant de point de vue que de participants, et faire la synthèse de tout ce qui y est débattu est une tâche ardue.

NN : Votre époux y siège, n’est-ce pas ?

Gen. ME : Il est un des membres fondateurs, oui.

NN : De nombreuses voies se font entendre, craignant que cet état de fait ne dure trop longtemps, et ne serve au final qu’à mettre une Dynastie Emerson aux commandes de Nebrownia.

Gen. ME : des craintes tout à fait légitimes, après tout, nous avons destitué un dictateur mégalomane, ce n’est pas pour en avoir un autre sur le trône, n’est-ce pas ? Je ne dirais pas à ces gens d’être rassuré, car nous avons besoin de personnes comme eux, sans pour autant virer au complotisme. Actuellement, j’assure le pouvoir comme pourrait le faire un dictateur éclairé, si vous me passez l’expression. Les personnes à la tête des différents conseils sont des gens à qui j’ai proposé le poste qu’ils occupent présentement, pour la plupart, il est logique que certains pensent que j’ai nommé des gens qui étaient dans mes petits papiers, n’est-ce pas ?

NN : Est-ce le cas ?

Gen. ME : Non. Certains, comme Ernest Reyes et Nadège Bousquet, sont en effet des gens que je côtoyais régulièrement avant le coup d'État, Ernest est un proche de mon époux, et je croisais toujours Nadège lorsque j’étais convoquée aux réunions du GEM. J’ai proposé les postes qu’ils occupent à ces personnes pour leurs compétences en la matière. Tous se sont mis au travail dès que possible et certains m’ont déjà proposé des plans d’action, bien que j’estime ne pas vraiment avoir voix au chapitre. Grâce à ça, ceci-dit, je peux voir les directions prises. Nous sommes une équipe, et le fait qu’ils communiquent déjà prouve qu’ils l’ont pleinement intégré. J’ai confiance en l’avenir.

NN : (regarde l’heure) je crois que nous arrivons hélas au terme du temps qui m’était alloué, vous avez ensuite une réunion avec le GEM, m’avez vous dit ?

Gen. ME : En effet.

NN : Quels sont les ordres du jour, si vous pouvez en parler ?

Gen. ME : Nous avons enfin fini l’état des lieux définitif, nous en verrons donc le compte rendu. Les différentes Armes ont également réfléchi plus en avant à leurs besoins, en termes d’organisation, d’équipement, de financement… Cela risque d’être une réunion animée, mais elle sera riche en enseignement, j’en suis convaincue.

NN : Et bien bonne chance et à dans un mois, Générale Emerson.

Gen. ME : (rires) à dans un mois en effet.
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n° 7 809
17/08/2015


Un mois après notre précédente entrevue, la Générale Emerson a de nouveau accordé une interview à notre journal, pour ce qui semble devenir, de fait, un espèce de rituel mensuel. Nebrownia News et sa rédaction se permettent d’exprimer ici sa reconnaissance pour la confiance accordée par l’actuelle tête de l'État.

Nebrownia News : Générale, bonjour

Gen. Matilda Emerson : Bonjour. L’intervieweuse habituelle n’est pas là aujourd’hui ?

NN : En effet, elle est souffrante. Elle a fait son possible pour venir, malgré son Ophiophobie, elle apprécie visiblement les échanges que vous avez eu jusqu’ici, mais ses malaises se sont multipliés, elle a préféré prendre sa journée.

Gen. ME : Je veillerai à lui souhaiter prompt rétablissement alors. J’espère qu’Angus et Lily ne vous dérangeront pas trop (elle désigne les deux serpents, semblant endormis sur les branches de l’arbre présent dans leur vivarium).

NN : Rassurez-vous, ma phobie concerne davantage les arthropodes que les reptiles. Bien… Depuis que vous nous accordez ces interviews, notre rédaction reçoit de plus en plus de questions qui vous sont destinées, et leur nombre augmente avec notre lectorat.

Gen. ME : (elle rit) Je présume que cette séance sera donc consacrée aux réponses à ces questions ?

NN : Sauf si vous avez quelques déclarations à faire… concernant les élections à venir par exemple ? Nous voterons ce week-end.

Gen. ME : Que dire sur les élections à venir ? Premièrement, je suis ravie qu’autant de nos concitoyens se soient présentés pour représenter les leurs au Conseil des Sages. Je n’ai pas eu le temps de lire toutes les présentations des candidats, mais la diversité des profils m'a ravie. Il y a de tout, des médecins, des cheminots, des ouvriers de l’industrie, des ingénieurs, des agriculteurs, des chercheurs… ils pourront aborder de manière concrète, grâce à leurs expériences, les problèmes et les lois qui leurs seront proposés. J’ai hâte de voir le résultat des votes, j’ai confiance en nos concitoyens pour choisir au mieux leurs représentants.

NN : ne craignez-vous pas que le conseil des sages représente un contre pouvoir trop puissant pour ce que vous considérez comme la voie à suivre pour Nebrownia ?

Gen. ME : Non, je ne le crains pas. Au contraire même. Voyez-vous, je vois notre pays sous le prisme de ma formation, de mon éducation. Mais tout le monde n’a pas la même, les problèmes que je vois ne sont pas ceux de tous, et je ne vois pas ceux d’un cheminot par exemple. J’ai beau être à la tête de l’Etat, je n’ai pas la science infuse, c’est pourquoi j’ai besoin d’une équipe pour m’aider dans ma tâche. J’ai des conseillers, mais j’ai aussi besoin des représentants du peuple pour m’aider à voir les choses par leur prisme, c’est la raison d’être des sages de mon point de vue. Ils ne sont pas un contre pouvoir, ils sont une aide supplémentaire pour faire avancer Nebrownia dans la bonne direction. C’est peut-être ce qui fait de moi un très mauvais exemple de dictateur, ne croyez vous pas ?

NN : C’est peut-être pour ça que nous n’avons reçu que très peu de lettres réclamant votre démission.

Gen. ME : (lève un sourcil, visiblement amusée) comme si ma démission était quelque chose que vous pouviez obtenir juste en demandant de la sorte.

NN : je pense que bon nombre de nos lecteurs ont bien compris que vous conserviez ce poste par patriotisme plus que par intérêt.

Gen. ME : Tant qu’une autre solution n'aura pas été trouvée, je resterai ici… mais bref…

NN : Est-ce que les choses avancent comme vous le souhaitez ?

Gen. ME : non, bien sûr que non. (elle rit) Mais tous les problèmes du pays ne peuvent pas se régler du jour au lendemain, et d’un claquement de doigt. Il faut travailler, et un pays a plus d’inertie qu’un bateau… Nous avançons, c’est une évidence, dans la bonne direction, je le crois… mais nous avons encore beaucoup de travail pour redresser la situation.

NN : Comme au niveau de notre armée, par exemple ?

Gen. ME : Absolument.

NN : Pouvez vous nous donner quelques détails à ce sujet ? Vous avez eu une réunion avec le GEM il y a un mois, durant laquelle vous aviez dit devoir aborder la réorganisation et la montée en puissance de nos forces armées…

Gen. ME : En effet.

NN : Et qu’en est-il ?

Gen. ME : Je suis, hélas, dans l’obligation de taire certaines informations, mais dans l’ensemble, les chefs des différentes branches de notre armée semblent tous confiants dans l’avenir, ils ont des idées qu’il faudra tester, des axes de progression… de nombreuses suggestions ont été faites et discutées… Je pense que l’équipe dont nous disposons actuellement est une très bonne équipe, avec eux, nous allons sortir l’armée de Nebrownia de son statut actuel d’armée de papier. L’échéance est, bien évidemment, de l’ordre du moyen-long terme, mais nous y parviendrons.

NN : Je suppose que nous n’en saurons guère plus ?

Gen. ME : en effet… mais vous en constaterez sans aucun doute les effets prochainement.

NN : Nous garderons les yeux ouverts, alors. Nous allons donc passer aux questions les plus fréquemment posées, si ça ne vous dérange pas.

Gen. ME : Faites donc, je suis curieuse.

NN : Bien… Nous avons donc de nombreuses questions autour des taxes et impôts… avez vous prévu une prochaine variation ?

Gen. ME : En effet… les taxes de certains produits vont augmenter, celles sur d’autres drastiquement baisser, voire disparaître. Concernant les impôts, aucune variation pour le moment, en raison de la corruption du précédent régime, nous ignorons l’impact réel de l’actuel niveau d’imposition sur notre économie. Nous en saurons plus d’ici un an et déciderons alors quoi faire.

NN : Voilà qui ne va pas réjouir nombre de nos concitoyens…

Gen. ME : Je sais… mais je ne suis pas là pour faire plaisir, je suis là pour remettre le pays sur les rails. Selon l’actuel conseiller de l’Industrie, de la production et du commerce, la tendance générale serait plutôt vers une légère baisse des impôts. Mais, pour des raisons environnementales et de santé, les taxes sur certains produits vont augmenter.

NN : Pouvez-vous nous donner des exemples de produits qui seront davantage taxés ?

Gen. ME : Le tabac et l’alcool… l’un plus que l’autre, certes, mais ces deux produits seront davantage taxés. Les engrais chimiques aussi seront plus lourdement taxés… mais dans le domaine, la politique lancée par Kellem commence à permettre de se passer de ce genre de produits.

NN : Ah, oui… ce que de nombreuses personnes ont appelé “la politique du lombric” : Les citoyens sont encouragés à faire leur propre compost et à le vendre. Avez-vous des chiffres ?

Gen. ME : Lors de sa mise en place, en 1998, cette politique a commencé très faiblement. De mémoire, moins de 2% de la population suivait cette politique. Mais rapidement, les propositions d’achat et les prix se sont envolés, le rendement d’un bon compost était aussi bon que celui avec un engrais chimique, voire même parfois supérieur, avec en plus l'avantage de ne pas épuiser les sols. De plus en plus de personnes s’y sont mises, et ainsi, presque 20 ans après le début de cette politique, presque la moitié de la population de Nebrownia dispose actuellement d’un composteur. Mais tous ne proposent pas leur compost à la vente, ce qui fait que les prix restent stables.

NN : Et la demande de ce genre de produits ?

Gen. ME : Elle stagnait depuis cinq ans, mais avec l’augmentation des taxes sur les engrais chimiques, les agriculteurs vont choisir la voie la plus sage, et la moins chère.

NN : Voilà qui risque de ne pas leur plaire… vous aurez peut-être à subir leur reproches.

Gen. ME : Sur le court terme, sans aucun doute, oui, mais je vois aussi le long terme. Une de nos scientifiques nous a expliqué qu’un sol trop fréquemment traité aux engrais chimiques retient moins bien l’eau et est plus prompt aux glissements de terrains. Les cultures nécessiteront moins d’eau pour un rendement égal. Bien évidemment, les effets ne se feront pas sentir tout de suite, mais sur le long terme.

NN : L’avenir nous le dira… sinon, De nombreuses personnes réclament aussi un procès rapide de tous les membres du gouvernement de l’ère Kellem, voire même leur exécution pure et simple.

Gen. ME : Je comprends le profond ressentiment de ceux qui ont perdu un être cher à cause de ces gens, mais un procès rapide et une exécution toute aussi rapide serait une erreur… ça serait nous rabaisser à leur niveau, et nous valons mieux que ça. Ils auront tous un procès, quand nous les aurons tous trouvés… ou que nous aurons la preuve du décès de ceux qui ne sont pas encore enfermés. Procès expéditifs et exécutions sommaires étaient les méthodes de la PP… mais elles ne sont pas les nôtres. Il faudra attendre encore avant que le procès ait lieu.

NN : J’ai peur que ce numéro ne plaise pas du tout à nos lecteurs, Générale.

Gen. ME : Je n’ai aucune raison de leur cacher cela. Les procès seront payés par l’argent du contribuable… je pense que les citoyens préfèreront payer pour un ou deux très gros procès plutôt que pour une cinquantaine de petits.

NN : En effet… Nous avons aussi énormément de demandes concernant l'étude du Conseil de transition…

Gen. ME : Je n’en fais pas partie, si les gens ont des questions à ce sujet, ils peuvent prendre contact avec mon époux. Je sais juste qu’ils travaillent, bien que leurs travaux prennent un tournant beaucoup plus… comment dire… scolaire ?

NN : Que voulez-vous dire ?

Gen. ME : Ils demandent de plus en plus à des spécialistes en sémantique, politique, philosophie etc. de les rejoindre. Je sais qu’ils ont toujours pour objectif de donner à Nebrownia un type de gouvernement nous permettant d’éviter un second Kellem, mais je n’ai aucune idée de la méthodologie qu’ils utilisent présentement.

NN : Pour rester dans le même sujet, certains nous demandent de vous convaincre de rester en poste définitivement…

Gen. ME : (rit) C’est absolument hors de question ! Je ne suis pas une politique, encore moins une cheffe d'État dans l’âme. Je ne suis pas à ce poste par plaisir ou ambition, mais parce que, en tant qu’en partie responsable du coup d’etat, j’ai un devoir supplémentaire envers mon pays, et j’ai bien l’intention de m’en acquitter.

NN : C’est ce que la rédaction répond systématiquement, mais les questions reviennent…

Gen. ME : Les gens m’idéalisent car ils m’estiment comme celle ayant mis Kellem à bas. Mais je n’étais pas seule dans l’affaire. La bienfaitrice de Nebrownia, ou que sais-je, ce n’est pas moi… je ne suis même pas le symbole de ce coup d’Etat. Qu’ils s’y fassent, je ne resterai pas au pouvoir éternellement !

NN : Sur un autre sujet, à présent… De nombreux lecteurs demandent ce qu’il en est des relations internationales.

Gen. ME : Nous avons un retard très important en la matière, mais notre sous division est littéralement débordée, n’étant pas conçue pour un pays ouvert au monde. Nos prises de contact ou de maintiens de contacts avec nos voisins se font extrêmement lentement. Nous devons affronter plusieurs problèmes de front. Premièrement, la méfiance que l’ère Kellem et le coup d’état qui l’a destitué ont généré pour nos voisins, deuxièmement, la restructuration et agrandissement indispensable de notre service de relations internationales, qui impacte terriblement ses capacités à traiter les échanges, troisièmement, sa modernisation, nombre de machines à écrires étaient encore en service courant lors de notre prise de pouvoir, quatrièmement, la disponibilité de nos représentants. Au vu de la charge de travail et de notre nombre, nous ne pouvons être partout. Mais une fois les problèmes internes réglés, nous accélèrerons le processus.

NN : Nous avons déjà de solides contacts, non ?

Gen. ME : Oui, même s’ils se comptent sur les doigts d’une main, mais c’est un début. Nos voisins Lermandiens comptent parmi eux. Je devrais prochainement aller les rencontrer, si mon emploi du temps me le permet.

NN : Bien, voilà qui conclut les questions les plus fréquentes que nos lecteurs nous envoient. Qu’en avez vous pensé ?

Gen. ME : ma foi, c’était assez intéressant, une autre façon de savoir ce qui inquiète vraiment nos concitoyens, n’est-ce pas ? Même si nombre de leurs espoirs risquent d’être déçus.

NN : Si les personnes du monde politique étaient parfaites, je pense que les journalistes s'ennuieraient, n’est-ce pas ?

Gen. ME : (rit) après tout, nous servons de défouloir… c’est une utilité en soi.

NN : Je vais vous laisser… quel est votre programme de la journée ?

Gen. ME : Réunion avec le Conseiller de l’Industrie, de la production et du commerce, il aurait plusieurs propositions à me faire…

NN : Quelques informations à partager ?

Gen. ME : Aucune, il n’a pas détaillé ses idées au téléphone.

NN : Un prochain scoop pour notre journal, peut-être ?

Gen. ME : (rit encore) Peut-être pas, au fond. Nous verrons bien ce qu’il en est.

NN : Dans ce cas, au mois prochain ?

Gen. ME : Au mois Prochain, oui.
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