08/07/2016
07:01:27
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Activités étrangères en Pravoslavnyy

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Ce topic est ouvert à tous les joueurs possédant un pays validé. Vous pouvez publier ici les RP concernant les activités menées par vos ressortissants en Pravoslavnyy. Ceux-ci vous permettront d’accroître l'influence potentielle de votre pays sur les territoires locaux. Veillez toutefois à ce que vos écrits restent conformes au background développé par le joueur de la Pravoslavnyy, sinon quoi ils pourraient être invalidés.
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Des forces communistes Novaises tentent de fuir en direction du royaume.

Alors que Novyavik parvenais a détruire avec brio les forces communistes et démocratiques sur son territoire, un petit groupe de 4 démocratique et 5 communistes fuit en direction de la frontière avec le royaume des trois Pravoslavnyy. Le petit groupe d'insurgés ce retrouva en montagne, très proche de la démarcation au niveau d'un poste-frontière. Volodimir et Grodoy sont deux communistes, les deux plus hauts placés dans la rébellion qui étaient présents ici.

Grodoy Ces chiens ont des soldats à la frontière, on fait quoi ? On les abats ?

Volodimir Soit plus patient, les abattres reviendrait à leur déclarer la guerre. Nous sommes là pour nous faire passer pour de simples émigrants fuyant la terreur du régime de Novokrat.

Grodoy Très bien je comprend.

Volodimir On y va ?

Grodoy Oui.

Volodimir, Grodoy et les 7 autres cachent leurs armes dans la neige puis marchent vers le poste frontière. les militaires présent leurs demandent :
Des Migrants ??

Volodimir Oui, nous sommes de simples réfugiés qui fuient la terreur du régime novais...

Soldat Papier d'identité, on vous fouille

Le groupe donna ces papiers, il était fouillés et les militaires ne virent rien.


Soldat Très bien, vous passez, je vous envoie un chauffeur pour vous examiner plus en détail.

C'est ainsi que le petit groupe franchi la frontière, des terroristes sont maintenant sur le territoire du royaume.
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À l’attention de Son Excellence, le Roy Klymenko Khosvil,

Dans un monde où les idéaux de grandeur et de fierté nationale se forgent à travers les siècles, il est de notre devoir de protéger, nourrir et étendre la culture qui nous définit et qui fait de notre civilisation une lumière éclatante sur l’échiquier mondial. Depuis des générations, le Tsardom de Navgroka-Sovonograd a su bâtir une identité puissante, forgée dans le feu des luttes et la solidité de ses traditions. Toutefois, nous observons avec une inquiétude grandissante les récentes tentatives d’effacement culturel menées par des forces extérieures dans des régions voisines, notamment au sein des terres de Pravoslavnyy.

Les artistes, écrivains et intellectuels navgrosko ont longtemps été les garants de l’esprit indomptable qui a permis à notre nation de se relever à chaque épreuve. Il est essentiel de préserver cette tradition et de la transmettre au monde entier, en particulier à nos voisins qui, tout en étant porteurs d’une histoire honorable, ne semblent pas saisir la richesse de la diversité culturelle. À cet égard, nous avons pris la décision d’organiser, en collaboration avec des leaders intellectuels, des expositions culturelles, des festivals artistiques, ainsi que des échanges académiques entre nos peuples. Ces initiatives auront non seulement pour objectif d’illustrer la magnificence de notre patrimoine, mais également de favoriser une coopération entre nos deux nations, dans un esprit de respect et d’apprentissage mutuel.

Les peuples de Pravoslavnyy, bien qu’étant proches de nous sur le plan religieux, semblent néanmoins peu enclins à reconnaître pleinement la richesse d’autres traditions orthodoxes. Notre engagement dans l’enrichissement de ces échanges pourrait constituer le premier pas vers une réconciliation culturelle plus profonde. Toutefois, il est clair que certaines factions au sein du Royaume de Pravoslavnyy semblent ne pas accueillir ces efforts avec la même ouverture d’esprit, et certains actes d’agression culturelle ne sont pas à exclure dans un avenir proche. Ces gestes de résistance peuvent déjà se faire sentir à travers des censures et des interdictions tacites de certains éléments de notre culture, pourtant indissociables de notre identité.

Face à ces tentatives de marginalisation, et bien que notre premier instinct soit celui de la diplomatie, il devient de plus en plus difficile de rester indifférents aux menaces qui pèsent sur notre héritage. Dans ce contexte, si la coopération pacifique devait échouer, la protection de notre culture et de nos traditions pourrait nous contraindre à prendre des mesures plus draconiennes. L’histoire nous a appris que le silence et l’indifférence sont parfois les alliés du déclin.

Ainsi, nous appelons à une prise de conscience commune et à une évaluation juste des perspectives d’avenir. Le peuple navgrosko est fier, déterminé et prêt à défendre ses idéaux, comme il l’a toujours fait. Dans les mois à venir, nous n’hésiterons pas à intensifier nos efforts pour ancrer plus profondément notre influence au sein de la région. Toutefois, si les conditions de coopération ne sont pas réunies et si notre culture continue d’être injustement persécutée, il ne fait aucun doute que nous serons prêts à défendre notre place sur cette scène mondiale, par tous les moyens nécessaires.

Cordialement,

Le Tsar Konstantin Federov
Tsardom de Navgroka-Sovonograd
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Le Pravoslavnyy s'attaque à ses petits problèmes

aaaaaaaaaa

Article publié sur internet, contournant la censure grâce aux VPN.

Ultimes révélations : l'habit ne fait pas le moine. Les récentes mesures draconiennes prises par le pouvoir impérial de Pravoslavnyy, notamment le "Premier Décret" selon lequel "si un homme couche avec un homme ou inverse, ils seront punis de mort", révèlent plutôt qu'elles cachent les inclinaisons véritables et douteuses du Tsar de Pravoslvanyy. Cette décision, motivée par le désir de "retourner au christianisme pur", institue l'"abolition des droits des personnes de la communauté LGBT", entre autres mesures destinées à protéger la "sainte nationalité", qui exclue également les "non-croyants", les musulmans, et les "communistes". De cette purge cathartique, il faut en comprendre que le Pravoslavnyy rejette avec la dernière énergie ce qui pourrait ressembler à une déviance par rapport à un idéal. Quel idéal ? Le "Deuxième Décret" en explicite la nature : "la décision prise par la cour de la culture et moi-même est celle de la suppression de notre hymne pour le remplacer". Ah bon. Par quoi ? Par " « La blanche hermine ». Avec ceci, nous avons décidé d’ajouter le français aux langues officielles du pays", déclare le Tsar dans un accès d'originalité, transformant l'identité de l'état pravoslave d'un coup d'un seul. Il publie également une version vidéo du nouveau chant national, sur laquelle on s'extasie de contempler les corps en actions de militaires équipés de gros armements. De ces changements au Pravoslavnyy chacun est libre de son interprétation ; la priorité accordée par le Tsarat de Pravoslavnyy à des préoccupations d'ordre homosexuel est cependant indiscutable. C'est qu'il est difficile de concilier, à l'éloge des armes et de la guerre, une vraie considération pour les valeurs de douceur, de mansuétude et de joie que suppose la vie aux côtés des homosexuels - et des femmes. A force de célébrer l'armée comme raison d'être de l'Etat et la guerre comme pilier de la vie des hommes, on finirait par se poser des questions, et finalement d'en trouver les réponses, au sujet de l'obsession du Tsar pour ce gros pilier. "Pourras-t-elle me pardonner d'avoir préféré ma terre à l'amour qu'elle me donnait ?" se demande la Blanche Hermine chantée par les jeunes militaires trop heureux de retrouver la compagnie de leurs musculeux camarades, et l'ivresse indéchiffrable des combats, de la force et de la violence dans laquelle ils aimeraient se dissoudre. L'inconscient de cette scène est trop fort pour qu'on ne note pas l'obsession pravoslave pour une virilité rêvée, qu'il ne pourra retrouver que dans l'exercice d'une sexualité frustrée et violente qui caractérise le sentiment de guerre. De cette virilité seraient naturellement exclus les homosexuels déclarés, les transgenres à fortiori - incompréhensibles, trop lointains, trop révolutionnaires, trop adversaires naturels du culte de la bite guerrière. Ainsi que les musulmans, et globalement les non-croyants, bref tous ces étrangers que la langue, les croyances, la culture, rend difficilement intégrable à la religion du phallus soldatesque pravoslave. Enfin, sont passées sous silence celles qui représentent ces mères de soldat que l'idéologie nationale assigne à l'attente et au réarmement démographique : les femmes. Eternel, tragique problème, vraiment insoluble, relégué toujours dans les cages dorées de l'admiration et de la sainteté. "Elle aura bien de la peine pour élever les enfants / Elle aura bien de la peine car je m'en vais pour longtemps", chante le soldat pravoslave, désolé vraiment de céder à l'urgence du front, à l'appel de ses camarades, qui lui fait dans le bas-ventre comme une subite envie de pisser. Sa tendresse se réserve pour celle qui s'honore de souffrir pour la famille, pour la patrie, pour cette guerre que se mènent les hommes. Car comment l'amour véritable, celui qui saisis le visage de l'aimée entre deux mains de baisers, pourrait-il être conciliable avec l'idéologie militaire ? Le Pravoslavnyy est un marais où pataugent les pires relents du nationalisme et du culte bestial de la violence. Violence libidineuse contre les étrangers, qu'ils soient de langue, de religion, ou de sexualité. Violence salace contre les déviants, en miroir de la déviance interne qui consiste à adorer le Mâle sans admettre franchement vouloir s'en faire prendre. Violence morbide enfin contre le peuple des femmes et leur silence infini, peuple ignoré du Tsar, pas mentionné une seule fois ; peuple prolétaire des foyers domestiques, peuple un jour sans doute duquel reviendra la lumière au Belograd.
1954
Mandala News

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Inquiétudes concernant les libertés publiques au Pravoslavnyy – 16/01/2016


De nouvelles inquiétudes apparaissent sur la scène internationale eurysienne à la suite des dernières déclarations de Donchenka Shevshenko, le dirigeant du Tsarat de Pravoslavnyy. Le pays s’était illustré récemment pour sa posture diplomatique agressive et ses actions peu conformes aux libertés publiques. Le coup de grâce a été donné il y a quelques jours avec la promulgation de deux décrets qui viennent mettre un terme à une parenthèse paisible dans l’histoire de ce pays. S’appuyant sur la Bible et les préceptes orthodoxes chrétiens, le Tsarat de Pravoslavnyy a révoqué la tolérance fragile qui régnait au Pravoslavnyy entre l’importante majorité de Chrétiens orthodoxes et les minorités religieuses et les minorités sexuelles.

S’en prenant immédiatement aux individus de confession autre que chrétienne, le Pravoslavnyy s’est engagé dans un grand plan de purge des minorités religieuses et de conversion, faisant fi du droit international en matière de protection des minorités religieuses. Ainsi, c’est pas moins de 1500 personnes qui ont été privées de leur nationalité et conduites manu militari à la frontière, sans personne pour les accueillir. Cette situation dramatique, qui rappelle étrangement les actes du Diambée et du Belograd, s’est poursuivie quelques jours plus tard avec l’arrestation de plus de 5000 personnes accusées d’homosexualité et d’athéisme. Ces personnes ont été condamnées à la peine de mort, comme le prévoit désormais le régime du Pravoslavnyy.

Ces actes inquiètent profondément la communauté internationale, déjà éprouvée par les massacres commis par Moussa Diango au Diambée il y a quelques mois. Ils s’inscrivent dans une logique paranoïaque et fourbe qui mettent à mal les libertés publiques et privées. Devant ces actes d’une barbarie sans nom, la Troisième République du Jashuria ainsi que de nombreuses ONG soucieuses des droits des minorités ont fermement condamné les actes du Pravoslavnyy. Il est à craindre que si le Pravoslavnyy ne cesse pas immédiatement ces vexations à l’encontre des minorités, le pays ne se retrouve totalement isolé sur la scène internationale.


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La chute des libertés au Pravoslavnyy
L'engagement humaniste poëtoscovien

Auteur : La Petite Plume

Dans son "1er décret" et "2e décret", le Tsarat Pravoslavnyy a décidé de criminaliser l'homosexualité, la bisexualité et la transexualité. Ces dernières infractions sont passibles, dans le pays, de la peine de mort. Plus de 5 milliers d'individus ont été arrêtés dans le cadre de cette loi, provoquant la colère internationale.

Quoique la Poëtoscovie se soit toujours inscrite dans la défense des intérêts des populations face à l'autoritarisme de certains États, comme dans le cas du Diambée où la Nation Littéraire avait eu l'occasion de négocier avec les autorités, aboutissant à la condamnation des responsables du génocide, cette fois-ci le Ministère des Relations Internationales n'a pas réagi. En effet, alors que différents pays commençaient à s'insurger des pratiques tout à fait cruelles perpétrées au Pravoslavnyy, l'État poëtoscovien a préféré garder une position neutre afin d'être en mesure de s'imposer comme force essentielle au coeur des négociations.

Toutefois, le Ministère des Relations Internationales n'est pas resté sans rien faire, car il est du devoir de toute puissance qui en a les capacité d'oeuvrer pour la protection des libertés les plus fondamentales. S'agissant d'un grave manquement aux droits essentiels de tout citoyen, la Poëtoscovie s'est alors employée à déployer une stratégie dans l'objectif de convenir à la fois aux autorités locales, à la fois aux exigences humanitaires de toute nation davantage progressiste que ne l'est le régime ultra-nationnalite du Tsarat. Procédant dans la même idée que lors de la fin du conflit opposant la Vélèsie à la Poëtoscovie, cette dernière s'est proposée d'envoyer des avions de ligne chercher les supposés criminels afin de les exfiltrer légalement vers le Nazum. Le Ministre des Relations Internationales a alors proposé cela à son homologue, lui exprimant ses sincères préoccupation quant au respect des droits humains les plus fondamentaux. Les négocitations ne durèrent pas longtemps, et le Tsarat accepta, conscient qu'il en allait de son image sur la scène internationale auprès des autres puissances avec lesquels il devrait bien, un jour ou l'autre, composer.

Alors que nul autre pays n'avait émis d'alternative à l'exécution des supposés criminels du Pravoslavnyy, la stratégie diplomatique poëtoscovienne s'annonce gagnante, puisque le régime a accepté cela, sans doute par peur des représailles d'autres États ayant exprimé leur soutien aux individus accusés. Cette victoire n'est donc pas celle d'Hernani-centre, car elle résulte d'un engagement collectif pour les droits des peuples et contre l'autoritarisme.

Les avions réquisitionnés par la Poëtoscovie pour cet immense déplacement de personnes a constitué un convoi aérienne exceptionnel d'une longueur presque inégalée dans l'histoire de l'aviation civile. Escortés par une dizaine d'avions de chasse de l'Armée de l'air poëtoscovienne, les appareils n'ont connu aucun problème. Bien que l'aviation militaire n'entra pas dans l'espace aérien du Pravoslavnyy, l'embarquement, géré par les autorités locales, ne connut aucune encombre. En 36h, l'ensemble des accusés ont pu regagner Hernani-centre sain et sauf sans incident diplomatique ou militaire quelconque.

La Poëtoscovie souffrant d'un nombre trop faible d'habitants, l'arrivée en masse de populations étrangères n'a provoqué aucune objection, même parmi les partis de droite, dont le Parti Lovecraftien. Bien au contraire, il s'agit ici d'une opportunité d'offrir à la Poëtoscovie des perspectives de développement économique et démographique. Quand bien même l'impact d'un tel déplacement de populations serait minime, cette dernière renvoie un signal fort à travers le globe, exprimant la volonté de la Nation Littéraire de demeurer une terre d'accueil pour l'ensemble de ceux qui le souhaitent.

L'intervention diplomatique de la Poëtoscovie s'inscrit pleinement dans la nouvelle politique internationale menée par le Ministre des Relations Internationales, Piotr Vassia, lequel souhaite réformer en profondeur les relations que l'État entrentien avec le reste du monde. Souhaitant un ouverture sur le monde, au delà même des frontières continentales, le pays souhaite s'impliquer dans les luttes à l'échelle planétaire afin de lutter collectivement dans le soucis des grands enjeux contemporains. En outre, la résolution de cette crise avec le Tsarat de Pravoslavnyy acte une présence géographique qui n'a désormais plus de borne pour la diplomatie poëtoscovienne qui se veut prête à relever l'ensemble des défis se présentant aux sociétés libres et démocratiques.


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Enquête Inclusive, présenté par Bernardo do Viladera !


Bertrand se tient dans une grande avenue de Stevograd, avec derrière lui de grand monuments, et s'avance vers la caméra.

" Pravoslanyy, un nom qui ne vous disait peut-être rien jusqu'à encore quelques semaines. Petit tsarat de vingt-sept millions d'habitants est-eurysien, il représente comme beaucoup de pays de la région une terre étonnante au peuple très accueillant et aux mœurs originales.

Pourtant, sous sa façade impériale que vous pouvez derrière moi, se cache un pays dangereux, agressif, intolérant, obscurantisme et confus. Ce soir, vous allez voir les dessous d'un pays qui assimile communisme, transgenrisme et homosexualité à des maladies, et qui pactise avec d'autres états du même calibre pour traiter des "problèmes" de façade sans adresser ses problèmes de fond.
"


Cut vers l'intérieur d'une salle d'attente dans ce que l'on reconnaît être un cabinet médical où se mêlent affiches en cyrillique, portraits du tsar sous divers tenues de cérémonie et affiches de santé publique bilingues encourageant la population, pour être en bonne santé, "à faire 5 actes de patriotisme et de piété par jour".

Docteur Dourakine, spécialiste en "communisme" et en "sexualités déviantes"Docteur Dourakine

Bernardo entre et va à la rencontre d'un homme solidement bâtie, à la barbe abondante, vêtu d'une blouse blanche trop petite, semblant prête à se briser à la moindre respiration trop profonde. Bernardo lui tend la main, mais celui-ci répond en levant le bras droit la main tendu et en faisant claquer les talons de ses chaussures militaires, en énonçant quelque chose dans la langue locale.

" Ca veut dire, "mon coeur va vers vous". C'est un salut traditionnel de ma région. C'est un signe d'amour et de paix. " explique l'homme en blouse blanche dans un français très accentué.

La voix off présente la scène :


" Cet homme est le docteur Dourakine, éminent expert sur ce qui fait un "bon Pravoslave". Il va nous expliquer comment un pays peut en venir à réfléchir comme la Pravoslanyy. "

" Vous voyez ... " fait Dourakine à Bernardo en lui présentant des radios, " Ca, c'est le crâne d'un bon Pravoslave : solide, ferme, mâchoire avenante. Vous pouvez le voir, il est prêt à combattre pour sa nation, à enfanter !.. Ca, par contre, c'est le crâne d'un pizda communiste " il crache par terre, en montrant une radio montrant ... quelque chose avec un petit pois dans une grande cavité noire, " Rien, le vide ! Suka ... Terrible maladie dégénérative, le communisme ... et ça, et ça ... " Il se dirige vers une autre radio, mais Bernardo l'arrête en chemin, curieux :

" Et ça, docteur Dourakine, c'est une autre bon Pravoslave ? Il a même mâchoire, on dirait ... "

Dourakine est hilare :

" Ca ? Aaaah ! Non ! Il se voit que vous n'êtes pas un professionnel, monsieur de Viladera ! C'est une radio de la mâchoire d'un orang-outan du zoo de Stevograd. On leur rend service, de temps en temps ... Oh, attendez, non. C'est bien une radio de Pravoslave... C'est la première que je vous ai montré qui était celle de l'orang-outan ... Aaaah. On peut couper ? "

Cut sur le bureau du docteur Dourakine, derrière lequel il est assis, un pistolet de gros calibre à la main. Sur ledit bureau, une mug à l'effigie du Tsar est rempli de petit drapeaux pravoslaves.

" Nous sommes humains. Nous aidons le genre humain, Bernardo. En Pravoslavnyy, on aime aider, vous voyez. "

" Aherm ... Certes, docteur ... Mais ce pistolet, c'est pour quoi faire ? "

" Pistolet ? Ah-ah ! Non, Bernard, c'est un injecteur intracutan-.. "

" C'est un pistolet kartien de calibre 50. Ils ont le même dans leur police. J'ai fait un reportage là-bas... "

" ... intracutané pour injecter des doses de virilité directement dans le crâne des pédés ... " le docteur Dourakine pose l'arme sur le bureau et s'avance, l'air renfrogné, " écoutez, Bernardo, je vous sens négatif, là. Vous avez quelque chose comme notre beau et grand pays ... ? Vous commencez à parler comme un communiste hystérique ... "


La voix off reprend, après un cut pour montrer les grandes avenues de Stevograd et des boulangeries très fières d'arborer des devantures en français, à côté du drapeau national.

" La situation avec le Docteur Dourakine était en effet tendue. Nous avons préféré mettre fin à l'interview pour aller rencontrer un officiel de Poëtoscovie : le colonel Colucci "

Ambiance musicale du restaurant

Colonel Colucci, des forces armées PoëtoscoviennesColonel Colucci

La scène prend place dans un restaurant traditionnel pravoslave, autour d'un plat de bortsch.

" Colonel, merci d'avoir accepté de nous rencontrer ... "

" C'est tout naturel, mon gars ! Eh, moi, on me demande d'aider, je file des coups de main ! Alors quand c'est des Icamiens en plus ... Vous savez qu'on vous aime bien, hein ? Un pays sympathique, très ouvert ! Très progressiste ! "

" Ah, merci, merci ... Je vais donc commencer par une question, si vous me permettez : de ce que nous avons appris, la République de Poëtoscovie a dépêché des charters pour extrader tous les "criminels" homosexuels et transgenres de Pravoslavnyy vers la Poëtoscovie ... Pourquoi ? "

" Ah ! Bernardo ! T'es pas le premier à me la poser celle-là, et pas le dernier, pour sûr ! " le colonel attaque goulument le bortsch, s'enfile un solide rasade de vin local qui apparaît tanin même à la caméra, avec les résidus laissés sur la paroi du verre, " Pfiou ... Du solide leur truc là. Il attaque !.. Enfin, Oui, du coup : on respecte les cultures et les idées de tout le monde ! On est pas là pour se fâcher avec personne ! Je vous l'ai dit : On est des types cools. Vous savez, la Poëtoscovie, quand elle peut aider, elle aide ! C'est tout simple, hein ! C'est comme avec le Diambée ! Heh ! Au moins, ça leur évite la machette hein ! J'ai pas raison ? "

" Mais ... ce sont des Pravoslaves, déchus de leur nationalité sur des critères arbitraires sur simple décret de ... "

" Ah ben oui, mais c'est pas mon problème, ça ! Moi je vous l'ai dit ! On est là pour être sympa, et surtout rien perturber ! Faut que ça roule ! S'ils vont crever, on les recueille chez nous gratos, en une poignée de mains avec le tsar ! On est là pour aider les nations, je vous dis !.. Enfin, sauf le Jashuria. Des salauds ceux-là. On peut pas leur faire confiance : vous les avez vu, avec leurs cheveux bleus là ? Ils interdisent les missiles intercontinentaux défensifs. Je peux pas faire confiance à des gens qui autorisent les cheveux bleus et qui interdisent les missiles à côté de chez eux. Interdire l'homosexualité, je peux comprendre, mais laisser les cheveux bleus pulluler et empêcher les gens de se foutre sur la gueule, c'est pas civilisé ! "

" Ma femme est jashica et est née à Azur ... "

Le colonel considère Bernardo un temps, sans s'arrêter de manger. Bernardo le fixe. Le colonel se ressert dans la marmite. Il se ressert un verre de vin qu'il finit cul-sec.

Il finit par reprendre avec une question :


" ... Ah, ouais, les barbus avec des nappes sur la tête, je vois ! Il est rigolo leur chef, là, et il doit bien bouffer le salaud !.. "

Bernardo jauge son interlocuteur une seconde, avant de jeter un regard consterné à la caméra.


Le spectateur peut reconnaître après le cut les rues beaucoup plus ensoleillées d'Esperança Perigosa, la première favela d'Icamie, célèbre pour ses nombreuses diaspora étrangères et sa culture vibrante, en particulier gastronomique. Bernardo marche aux côtés d'une patrouille de la Polícia Militar fédérale.

On peut apercevoir entre les baraques de tôles et les masures de petites échoppes dans une grande variété de langues, allant du Listonien au Teylais, en passant par une myriade de langues plus obscures comme les dialectes Diambéens. On peut également apercevoir de nombreux drapeaux étrangers, souvent d'ethnies minoritaires déplacées par leur gouvernement, ou bien d'anciens régimes démocratiques remplacés par des gouvernements autoritaires.

La patrouille passe à côté d'un terrain d'ulama où s'affronte une équipe diambéenne et une équipe beloslave, chacune reconnaissable au drapeau flottant de leur côté respectif du terrain. Plus loin, la musique d'une fête improvisée résonne, sur un autre terrain où une centaine de locaux dansent corps contre corps, sous le regard attentif d'une poignée de femmes et d'hommes armés de fusils d'assaut, en maillots sportifs ou en maillots de bain, avec des sangles maintenant des chargeurs et des pistolets à portée de main ; la patrouille militaire et les gangs se jaugent, mais aucun ne fait de mouvement agressif vers l'autre.

La voix off s'exprime :


" Nous sommes de retour en Icamie, à Esperança Perigosa. Une terre de risques ... Et une terre d'accueil et d'opportunités pour de très nombreux réfugiés venant du monde entier. Ils y troquent l'oppression aveugle dans lesquels leurs pays ont sombré pour l'Icamie : un pays dangereux, mais une nation ouverte à toutes les cultures.

Nous sommes avec le capitaine Nascimento, de la Police Militaire de la République Fédérative d'Icamie. Nous marchons dans la favela en route vers le "quartier" de la "Petite Stevograd" : l'enclave pravoslave qui vient d'éclore à la faveur de l'irruption des réfugiés LGBTs qui ont refusé la déportation.
"

Capitaine NascimentoCapitaine Nascimento, de la Police Militaire Fédérale Icamienne

" Comme vous pouvez le voir, Bernardo, c'est toujours la même histoire : A chaque fois qu'un trou à rat en Eurysie a une élection et fait passer un clown au pouvoir, Esperança Perigosa grossit. Et quand ce n'est pas Esperança Perigosa, c'est dans les bas-fonds de Rio Formosa ou d'Ibishima qu'ils finissent. Pensez bien : ils n'essayent pas Akakor ou Akahim, c'est trop bizarre pour eux ; ils sont nombreux à craindre de finir dans une assiette. On a beau leur expliquer, ils sont persuadés que s'ils tombent sur une femme avec des plumes dans les cheveux ou des peintures sur le visage, ils vont se faire bouffer ... Remarquez, entre les escadrons de la mort chez eux et les gangs ici, je comprends qu'ils préfèrent venir. Au moins, ici, c'est prévisible.

Je pourrais dire que le problème vient du gouvernement ou de la capitale, parce qu'à la capitale, ils se gardent bien de les accueillir aussi ... Mais la vérité, c'est que le monde va mal : l'Eurysie de l'Est, c'est un clapier. Une fange. Un bordel sans nom : Y'a trois révolution et cinq nouveaux régimes par mois, qui s'effondrent aussi sec. Ces clowns font passer le Sénat Fédéral pour une assemblée sérieuse ! C'est dingue !

Au point où on est, à part une occupation complète de l'Eurysie de l'Est pour les civiliser, j'ai plus d'idées ...
"

Le capitaine Nascimento s'arrête, et pointe du doigt une devanture.

" Ah, tiens, là-bas, c'est le restaurant "Mort à Shevshenko". C'est une cantine tenue en coopérative par des communistes et des militants LGBT pravoslaves. Très très bonne adresse. Et la déco est sympa. Ils ont même une réplique du tsar empalé qui suinte du Punch en fontaine. C'est pittoresque. "


Bernard marche vers la caméra, dans les rues de la capitale icamienne.

" Comme vous avez pu le voir, la situation en Pravoslasnyy est préoccupante, et les actions de petits états dans ces régions en apparence sans importances ont des conséquences géopolitiques énormes à l'autre bout du monde.

La question se pose donc : Comment en est-on arrivé à une situation où l'Icamie, notre nation fabuleuse certes, mais imparfaite ... En est venue à apparaître pour les réfugiés du monde entier comme un phare ? Dans quel monde vit-on, pour que la vie dangereuse et incertaine d'une favela soit préférable au fait de rester dans son propre pays, fut-il sous un régime autoritaire ?

C'était Bernardo do Viladera, à la prochaine !
"
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10/02/2016, Ambassade Kartienne en Pravoslavnyy
La Réforme du Cercle des Six, grand tournant politique, international et diplomatique majeur pour le Saint Empire de Karty. C'est ainsi que le monde a été divisé en six territoires par les Kartiens, les continents en outre, hormis l'Eurysie qui compte Ouest et Est. Une grande personnalité nommé Grand Ambassadeur est à la tête de chaque secteur, représentant donc le Tsarat d'Eurysie centrale là où il se trouve. C'est le cas d'Ivan Vanaï en Eurysie de l'Est, le quotidien de chaque membre du Cercle des Six étant plus ou moins le même. Rythmé par les changements de pays réguliers, en effet les ambassadeurs vont et viennent dans chaque état de leur secteur, changeant de localisation environ tous les mois dans les diverses ambassades que possède Karty. En ce moment, son Excellence Vanaï était en Pravoslavnyy, un état à première vue similaire à la vue du titre de Tsarat.

Ah ! La Pravoslavnyy, un joyeux pays où la culture slave et les fêtes oniriques se mêlent à la déportation ! Quel enthousiasme, que dis-je, quelle chance ! Le Grand Ambassadeur Ivan Vanaï était en ce moment dans cet état barbare digne du Moyen-Âge, trônant sur son siège en griffonnant ces quelques mots au Tsar dudit pays. Cette missive abordait notamment le fait prépondérant que massacrer sa population n'était pas une bonne chose, d'une évidence enfantine en somme. LA réponse ne se fit guère attendre, lue dans l'heure par le représentant Kartien qui appelait subséquemment son assistante.


Grand Ambassadeur du secteur Est-Eurysien, Ivan Vanaï

Grand Ambassadeur Ivan Vanaï: Eh bien ! On dirait que les pravoslaves essayent de détourner le sujet sur Karty, c'est pitoyable ! Irina ?
Secrétaire Irina: Да ?
Grand Ambassadeur Ivan Vanaï: Contactez le Kremlin je vous prie, c'est assez urgent.

Chancelier Yaromir Ernaï: Ici le Chancelier Ernaï, j'écoute ?
Grand Ambassadeur Ivan Vanaï: Oui Yaromir ? C'est moi Ivan, je t'appelle de l'ambassade Pravoslave. Le gouvernement dudit pays nous a répondu et il semblerait qu'ils ont plutôt mal pris notre missive et nous ont même provoqué en retour.
Chancelier Yaromir Ernaï: Provoqué dis-tu ?
Grand Ambassadeur Ivan Vanaï: C'est exact, ils accusent entre autres nos diplomates d'incompétents pour deux raisons. Tout d'abord, nous avons remplacer le mot ONI par BNI, cela n'est pas bien grave. Ensuite, le Tsar déclare que la peine de mort sur les LGBT était déjà active bien avant que nous commençons ce 'rapprochement', qualifiant ainsi nos diplomates d'ignorants qui ne font pas leur travail.
Chancelier Yaromir Ernaï: Mhm, je vois. Quoi d'autre ?
Grand Ambassadeur Ivan Vanaï: Ils disent que le sort des LGBT est mérité et je cite "si des pressions n'avaient pas eu lieu, nous aurions effectué la mission de notre grand seigneur de punir ces hérétiques par la mort". Enfin, ils ont noté notre absence à l'ONI.
Chancelier Yaromir Ernaï: Bien, ils veulent jouer alors on va jouer. Le Front Populaire Kartien avait demandé la rupture de tout lien avec la Pravoslavnyy ? Ce sera chose faite. Toi et les autres, quittez sur l'heure l'ambassade et désertez là, on verra pour l'ambassade pravoslave sur notre sol. Je m'occupe de leur rédiger une missive de réponse, Da Vay !
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La poussière, vieille comme les idéologies enterrées, dansait dans les rares rais de lumière obliques qui traversaient la lucarne crasseuse du grenier. En bas, la Place vivait sa vie banale et réglementée, un va-et-vient de pas pressés et de véhicules officiels dont les reflets glissaient sur les pavés humides. L'homme qui s'y était installé, un certain M. Artois selon le bail froissé et oublié dans une poche intérieure, n'avait que faire de ce ballet citadin. Ses yeux, et l'instrument qu'il tenait devant eux, étaient fixés ailleurs.

On l'appelait, dans les cercles discrets où ces choses ont des noms, l'ornithologue. Non pas qu'il s'intéressât aux volatiles, mais sa patience était celle du guetteur perché, son attention celle du naturaliste cataloguant une espèce rare et dangereuse. Ses jumelles, un modèle lourd en laiton terni qui avait sans doute observé d'autres empires s'élever et chuter, étaient étonnamment performantes. Elles zoomaient non pas sur les fenêtres dorées de la Cour Royale elle-même – une curiosité vulgaire et inutile – mais sur les artères moins nobles qui l'alimentaient : une grille de service au nord, là où les camions de livraison marquaient une pause réglementaire ; le coin de la rue où les berlines noires et anonymes ralentissaient avant de s'engouffrer sous une arche de pierre.

L'ornithologue ne cherchait pas le Tsar. Le Tsar était une abstraction, un contenu précieux dans une boîte complexe. Lui étudiait la boîte. Dans un petit carnet relié de cuir usé, au papier légèrement jauni, il consignait ses observations d'une écriture fine et serrée, presque illisible pour un œil non averti. 07:12, Garde montante, 4 hommes, puis un code que lui seul comprenait. Convoi service, 2 véhicules, identification plaque, un autre code. Changement protocole entrée Nord, vérification secondaire durée 1 min 15 sec. Heure après heure, jour après jour, la routine se dessinait, aussi prévisible et répétitive que le goutte-à-goutte d'une fuite dans un tunnel oublié sous la ville.

Il notait les hésitations infimes d'un garde, l'arrivée ponctuelle d'un fournisseur particulier, la fréquence des patrouilles municipales dans le périmètre extérieur. Des détails minuscules, des grains de sable qui, patiemment accumulés, finiraient par former une dune, puis une carte.

Parfois, le soir, il quittait son perchoir poussiéreux, échangeant ses vêtements ternes contre d'autres, tout aussi anonymes. On aurait pu le voir flâner à la Bibliothèque Municipale, glisser distraitement une note – pas plus grande qu'un timbre, pliée selon un code obsolète – entre les pages d'un traité oublié sur l'élevage des vers à soie. Le lendemain, le livre serait toujours là, mais la note aurait disparu, absorbée par le réseau discret de la Firme.

Le soleil déclinait sur les toits de Stevograd, peignant la pierre grise de la Cour Royale d'une lumière orangée et trompeuse. L'ornithologue rangea ses jumelles dans leur étui doublé de velours fatigué. Il ne ressentait ni impatience ni ennui. Juste la calme satisfaction du travailleur appliqué, de celui qui sait que chaque détail noté, chaque seconde observée, est une pierre ajoutée à l'édifice invisible. La boîte avait ses rythmes. Il suffisait d'écouter assez longtemps pour en comprendre la musique.
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Diplomatie de la canonnière





a

Cela faisait plusieurs semaines que le gouvernement de Pravoslavnyy donnait lieu à un spectacle d'instabilité pour le moins déconcertant. Persécutions répétées contre les chrétiens de confession catholique, pogroms de LGBT... Pour le gouvernement velsnien, Pravoslavnyy n'est que l'un de ces nombreux pays d'Eurysie de l'est au système politique aussi obscure qu'étrange. Dans un autre monde, où ce pays aurait occupé une région peu stratégique ou enclavée, Velsna n'aurait probablement jamais portée attention à cette affaire interne à ce pays. En soi...toutes ces réformes internes radicales étaient hors de la portée de l’intérêt des sénateurs velsniens, qui n'étaient que peu concernés par ces problématiques. Démocratie ou dictature, tour le monde a un prix, et le capital peut se dégager aussi bien de la pire des autocraties loduaristes que de la démocratie libérale la plus imbue d'elle même, en passant par les régimes fascistes et autre idéologie faite pour les individus qui n'arrivent pas à se défaire des grandes évolutions sociétales du XXIème siècle. Non décidément...débattre de ce genre de choses n'était pas la tasse de thé du Sénat velsnien, ou du moins, de sa majorité parlementaire. CEPENDANT...le Pravoslavnyy était dans une situation géographique qui ne permettait à quiconque de l'ignorer. La Manche blanche borde le littoral nord du pays, à proximité du canal de la cité dodécaliote d'Adria à l'ouest, et du détroit de Drovolski à l'ouest. La quasi totalité du trafic maritime velsnien a destination du Nazum passe par cette route, qui est certainement la plus importante voie commerciale de la cité, bien avant la route de l'Aleucie ou même de la Leucytalée. Et d’expérience, pour l'Amirraglia Sofia Pedretti de la Classis III, postée dans le détroit de Drovolski, il n'est que d'une question de temps pour que les saillies rocambolesques de ce pays ne provoquent des remous. Or, l'instabilité est l'ennemie du commerce, et la perturbation des activités propres à ce secteur est probablement ce qui irrite le plus les représentants de la cité-état, profondément dépendante du commerce international au vu de son marché intérieur limité.

C'est dans ce contexte qu'un beau matin du 9 juin 2016, les habitants de la ville portuaire de Bellevue ont pu assister au spectacle pour le moins inquiétant d'une flotille poindre à l'horizon. Il ne faisait aucun doute que le commandement pravoslave l'avait repéré. Mais au vu de l'absence notable de véritable marine de guerre nationale, ou encore d'aviation digne de ce nom, l'Amirraglia Pedretti s'était sentie l'audace de laisser voir à toute la population le spectacle du porte-avion de l'une des flottilles de la Classis III "Fortuna patres" (à une distance respectable tout de même). Certes, les pravoslaves pourraient déployer des mines marines, mais c'était peut-être là une solution dont la sénatrice quarantenaire estimait que ceux ci n'utiliseraient pas.

Le gouvernement pravoslave n'eut certainement pas le temps de réagir que l'Amirraglia fit part d'un message, à la fois concis et emprunt d'une verve caractéristique des usages de la rhétorique sénatoriale:

"Gens du pays gris de Pravoslavnyy,

Depuis l'autre côté de la mer, j'entends les effronteries du Tsarat. Partout où je suis et où je vogue, aussi loin à l'est que Mesolvarde, et aussi loin à l'ouest que Velsna, j'entends les indignations que votre existence sous entend. On me dit et rapporte des choses qui ferait rougir jusqu'au dernier des achosiens: on chasse, on vilipende, on martyrise des gens de la croix, tout comme on maltraite les gens de l'arc en ciel. Ce n'est pas sans lassitude ni irritation que le Sénat des Mille de la Grande République m'a fait la demande d'enquêter sur ce fatras dont vous êtes responsables, et qui pourrait bien avoir des conséquences sur le commerce du détroit au vu de votre situation. Il n'est pas du rôle des honorables excellences du Sénat des Mille de vous punir ou de vous rappeler à l'ordre, il est de leur rôle de vous aider...

Chaque instant passé loin de notre patrie et de nos préoccupations est une horreur sans nom, et il m'arrangerait d'arranger cette situation rapidement, et que votre patrie ne fasse plus parler autant d'elle, au point où je doive me boucher les oreilles jusqu'au plus profond des mines d'uranium de Mesolvarde pour ne pas entendre contes de ses "exploits". Ainsi, je vous présente mes demandes, que je vous conseille en plus haut lieu d'accepter, et qui pourraient déboucher sur une issue heureuse à nous tous, dans la paix du Sénat:

- La sénatrice et Amirraglia Sofia Pedretti de la Classis III "Fortuna patres" exige la tenue d'une rencontre entre elle et des représentants du Tsarat de Pravoslavnyy, d'où il sera question:
. L'arrêt formel des persécutions du gouvernement prravoslave à l'égard des communautés catholiques et LGBT. Cette position ne sera pas négociable.
. L'ouverture des ports prravoslaves au commerce velsnien (position négociable).

Bien entendu, il sera de votre envie de nous parler de tout autre sujet qui pourrait porter prospérité et profits à nos deux parties. Il est bien entendu vivement conseillé de votre part d'accepter notre offre, qui sera la seule que vous aurez.

Soussigné la sénatrice et Amirraglia de la Classis III "Fortuna patres", Sofia Pedretti"



déploiement de la Classis III dans les eaux territoriales du pays a écrit :
- Un porte avion niveau 2, avec une quarantaine d'appareils de combat à son bord
- Un porte hélicoptère niveau 5, avec une quarantaine d'appareils à son bord
- Trois patrouilleurs niveau 10
- Deux corvettes niveau 9
- Deux corvettes niveau 8
- Deux frégates niveau 7
- Un destroyeur niveau 5
- Un sous marin d'attaque niveau 9
- Un remorqueur niveau 8
- Un pétrolier ravitailleur niveau 9
- Un dragueur de mines niveau 9
- Un dragueur de mines niveau 2
- Deux transporteurs de chalands avec des forces indéterminées à leur bord.
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Déclaration officielle
***
SITUATION INTERNATIONALE :
Soutien à l'Empire du Nord & Inquiétudes quant aux actions du Pravoslavnyy


Cette déclaration officielle est donnée, dans sa version écrite, aux autorités étrangères concernées et demeure publiquement consultable en ligne, sur le site internet du Ministère des Relations Internationales de la République de Poëtoscovie.


Retrouvez ci-dessous la déclaration prononcée par Monsieur le Ministre des Relations Internationales, Piotr Vassia.


Mesdames, Messieurs,

Estimée population de l'Empire du Nord,

Estimées minorités de Pravoslavnyy,

Estimées familles des victimes, et avec elles leurs proches et l'ensemble des personnes que les récents événements ont pu heurter.


En premier lieu, je souhaite exprimer, au nom de la République de Poëtoscovie, ma sincère tristesse quant aux événements ayant touché l'Empire du Nord. Je présente alors, premier diplomatique poëtoscovien, mes condoléances aux familles, aux proches et à la population des victimes. En tout, la Poëtoscovie est prête à aider l'Empire du Nord afin de lui apporter un soutien financier, diplomatique ou militaire qui semble aujourd'hui indispensable pour montrer la cohésion internationale entre les États du globe, sans considération de leur localisation ni de leur proximité idéologique.

La Poëtoscovie, par diverses tentatives, s'est illustrée toujours comme défenseure d'un respect strict du droit international. Le respect territorial s'y inscrit pleinement comme norme relevant d'une conventionnalité que chaque puissance admet dans un souci de stabilité géopolitique. Le fait d'outrepasser de tels fondamentaux n'est alors pas une atteinte à l'un des États, mais à l'ensemble de la communauté internationale. Je souhaite alors dire, avec la plus grande fermeté, que la République de Poëtoscovie condamne fermement les frappes balistiques orchestrées par Carnavale sur le sol de l'Empire du Nord.

Si des mesures, telles que des déclarations diplomatiques communes, des sanctions économiques internationales ou des interventions militaires, devaient voir le jour, la République de Poëtoscovie empruntera alors pleinement le chemin de la défense du droit international ainsi que de tous les peuples.



En second lieu, la Poëtoscovie souhaite exprimer sa sincère préoccupation au Pravoslavnyy, lesquelles se veulent de plus en plus hostiles. Par le passé, la Poëtoscovie fut à l'origine d'un pont aérien entre cette puissance étrangère et le territoire national, permettant aux membres des communautés minoritaires le souhaitant – quoique la presse jashurienne parle abusivement de "déportation" et de "collaboration" – de se rendre en lieu sûr. Nous n'avions alors qu'entamé un dialogue sur un pied d'égalité et permettant de répondre aux grands enjeux du moment.

Nous pensions que la bienveillance diplomatique nous préserverait d'un tel déclin dans le respect des droits humains et diplomatiques les plus fondamentaux. Avec une stupeur que je ne saurais caractériser, nous observons alors le Pravoslavnyy ne pas faire profil bas, mais bien brandir son régime dictatorial comme immonde étendard d'une hostilité géopolitique notable. Abandonnant la pédagogie pour des rapports plus en phase avec la situation actuelle, nous sommons les autorités du Pravoslavnyy de cesser toute provocation et d'entretenir un dialogue avec la République de Poëtoscovie incessamment. Nous prions un représentant de cet État de bien vouloir se présenter sous 24h auprès de Monsieur le Ministre des Relations Internationales.

En outre, nous souhaitons que l'État du Pravoslavnyy ouvre un dossier au Tribunal International où les véritables responsables des drames humanitaires seraient jugés par l'ensemble de la communauté internationale. Nous tenons également à ce que les autorités du Pravoslavnyy puissent confirmer qu'aucun diplomate étranger ne sera retenu sur le territoire du Pravoslavnyy, ni qu'aucun ne subira des atteintes à sa sécurité ou à sa vie.

Nous invitons le Pravoslavnyy au bon sens et à la coopération avec les puissances étrangères ayant un discours allant dans le même sens que le nôtre. Nous saluons en outre les initiatives prometteuses portées par la Grande République de Velsna, la République Fédérale de Tanska, le Royaume de Caratrad et le Jashuria, tant en matière de dialogue que de condamnation.


Recevez, frères et soeurs victimes de la situation internationale de ces derniers temps, l'expression de toute l'affection venue de la Nation Littéraire.
Monsieur Piotr Vassia,
Ministre des Relations Internationales,
République de Poëtoscovie.


À Hernani-centre, le 12 juin 2016.
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Au nord, là où le détroit s'élargit et fait place à l'immensité des mers du nord, battait des pavillons tanskiens et caratradais. Naviguant à plus de 200 nautiques de Bellevue, bien éloigné de celle-ci et des navires Velsniens, une dizaines de navires avaient pris place dans l'attente des informations émanant du commandement. Le chemin par les mers froides, aux matinées brumeuses et aux soirées régulièrement agitées n'avait duré que quelques jours. Le temps pour les tanskiens et les caratradais de se retrouver là-bas. Les habitudes entre les deux marines étaient nombreuses. Elles étaient huilés par des siècles d'affrontements et d'alliances brisées qui depuis donnait cette relation singulière. Si jamais un Tanskien ne dira du bien d'un Caratradais en public, la même attitude étant attendu des compères, en coulisses, les deux diplomaties, les deux gouvernements et surtout les deux forces armées travaillaient main dans la main, tenues par des engagements diplomatiques solides et le poids écrasant du sentiment de l'histoire commune du meilleur ennemi devenu l'un des meilleurs amis.

A bord des navires, et en particulier du TMAS Laif Erøksin, tout avait été préparé dans l'improvisation la plus complète. Le bâtiment, quittant le port d'Anapol en Translavie aux côtés des navires caratradais avait été aménagé en cours de route pour pouvoir accueillir autant de civils que possibles. Plusieurs hélicoptères avaient effectués des allers-retours directement en mer aidés par des petits avions ravitailleurs, pour apporter vivre et matériel médical sur le navire tandis que l'on préparait déjà plusieurs cellules médicales à bord. De l'autre coté, le porte-hélicoptères TMS Havlø avait pris la mer depuis le port du même nom, rejoint par son escorte, et avait lui aussi poursuivit de nombreuses rotations pendant les deux premiers jours en mers directement avec le continent, la encore bénéficiant de la logistique tanskienne qui œuvrait régulièrement dans le bricolage le plus complet. Il ne frôlait pas l'amateurisme mais témoignait de l'étonnante agilité d'une armée certes administrée mais aux moyens limités.

Le déclenchement des opérations humanitaires n'avait rien de nouveau non plus. De Saint-Marquise aux deux opérations de Kønstantinopolis, le départ dans l'urgence d'une flotte aux quartes coins du monde était devenu non pas une habitude mais un savoir faire. La déportation de milliers de civils avait aisément justifié un tel départ. Les pales d'hélicoptères aux moteurs à réactions de la poignée d'avions à décollage vertical du navire amiral. Les cellules médicales, les centaines de lits alignés méthodiquement et les stocks de nourritures et de matériel. Les marins en tenue de combat, encagoulés de leur tenue ignifugée par mesure de sécurité. Les radars allumés portant définitivement un œil attentif vers le sud. Tout était prêt à agir, dans l'immédiat.


Déploiement tansko-caratradais au nord a écrit :
  • TMS Halvø, porte-hélicoptères niveau 5, une trentaine d'appareils à bord
  • HMS Baedd Du, transporteur de chalands de débarquement niveau 3, 8 chalands de débarquement niveau 3
  • TMS Førdeild, frégate niveau 5
  • HMS Aurora, frégate niveau 3
  • TMS Ihmisoikeudet, corvette niveau 9
  • HMS Brilland, corvette niveau 1
  • HMS Dauntless, corvette niveau 1
  • TMS Håøya, dragueur de mines niveau 7
  • RFA Edliw, pétrolier-ravitailleur niveau 2
  • TMAS Laif Erøksin, cargo niveau 6
  • RFA Ailleen, cargo niveau 4
  • 8 hélicoptère moyens embarqués niveau 7 du 815 NAS (CAR)
  • 4 hélicoptères moyens embarqués (hors porte-hélicoptères) niveau 9 (TAN)
image de la flotte tansko-caratradaise
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Manticore, le 14 juin 2016
Manticore
Tribunal Judicaire de Manticore


DETAILS
Référence : RT-2025/001.
Objet : Mandat d'arrêt contre Donchenka Shevshenko.

________________

1. Le 14 juin 2016, le tribunal, à la majorité, a délivré un mandat d'arrêt contre M. Donchenka Shevshenko.

2. Le Premier procureur du Royaume de Teyla a demandé à une juridiction teylaise de statuer sur l'émission d'un mandat d'arrêt à l'encontre de M. Donchenka Shevshenko à la suite de plusieurs crimes, selon la législation teylaise, présumés faits par M. Donchenka Shevshenko.

3. Les éléments portés par le Premier procureur tendent à démontrer l'implication présumée de M. Donchenka Shevshenko dans l’organisation et la supervision de déportations massives contre des minorités du pays et la population civile. L'implication présumée de M. Donchenka Shevshenko à l'organisation de discriminations systémiques et étatiques envers les minorités du pays, y compris les LGBTSQ+, les communautés religieuses considérées comme dissidentes par le régime en place. Les éléments apportés par le Premier procureur tendent à démontrer l'implication présumée de M. Donchenka Shevshenko en tant que chef d'État.

4. En vertu des Droits Fondamentaux et Universels de l'Homme, faisant partie du bloc de constitutionnalité teylais, le Premier procureur a souligné l'implication présumée de M. Donchenka Shevshenko dans la poursuite d'une politique ne respectant pas les Droits Humains La dignité humaine ne semble pas être respectée et l'implication présumée de M. Donchenka Shevshenko tend à démontrer qu'il a participé à ce non-respect de la dignité humaine.

5. En vertu de la législation teylaise, le Tribunal Judicaire de Manticore s'estime compétent pour statuer sur la demande de mandat d'arrêt émis par le Premier procureur contre M. Donchenka Shevshenko, notant le caractère international de la demande du Premier procureur. Dans ce contexte, le Tribunal Judiciaire de Manticore a jugé nécessaire de délivrer un mandat d'arrêt international à l'encontre de M. Donchenka Shevshenko afin de garantir son jugement devant les autorités compétentes.

6. En vertu de l'absence de juridiction internationale compétente permettant de juger les crimes présumés de M. Donchenka Shevshenko et en vertu de la législation teylaise, le Tribunal Judiciaire de Manticore s'estime compétent pour juger les crimes présumés de M. Donchenka Shevshenko.
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Et à la suite de ceci,

L'air sentait le papier vieilli, le cuir craquelé et une pointe indéfinissable d'épice oubliée – peut-être du clou de girofle, ou quelque chose de plus exotique et moins recommandable. La pièce était une sorte de chartrier privé, niché derrière une boutique de taxidermiste dont la vitrine exhibait un hibou grand-duc perpétuellement étonné. Des rouleaux de parchemins et de cartes s'empilaient sur des étagères de bois sombre, côtoyant des globes terrestres aux continents fantaisistes.

Au centre, une immense table d'acajou, lustrée par des décennies de secrets et de plans murmurés, était couverte d'un amalgame étrange. Une carte de Stevograd datant, au juger par les noms de rues disparus, de l'époque du Premier Royaume, était déroulée. Par-dessus, des calques plus modernes et des photocopies granuleuses – désignées comme des plans d'architecte présumés de la Cour Royale – étaient alignés avec une précision quasi chirurgicale. Ici et là, des zones étaient cerclées d'encre rouge délavée.

Mr. Klein, une cigarette fine coincée entre ses lèvres, pointait une baguette d'ébène vers un carrefour précis sur la carte ancienne. Mme. Breen, assise en face, polissait silencieusement une petite pièce métallique avec un chiffon doux, ses yeux suivant le mouvement de la baguette. D'autres silhouettes, ombres silencieuses dans la faible lumière dispensée par une lampe à abat-jour de soie verte, se tenaient légèrement en retrait.

Sur la table, des jetons – certains en ivoire jauni représentant des sentinelles stylisées, d'autres, des disques de bakélite noire pour les véhicules, et quelques figurines étranges en étain pour l'équipe d'intervention – étaient disposés sur les plans.

« Notre homme confirme la fenêtre de latence accrue au Portail Nord entre 04:17 et 04:23, lors du changement d'équipe C vers D, » dit Klein, sa voix calme contrastant avec la tension palpable. « Une coïncidence charmante, que l'on retrouve trois mardis sur quatre. Statistique ou habitude ? Peu importe, cela constitue notre Première Porte. » Il déplaça un jeton en étain représentant un homme en pardessus.

Un écran discret, encastré dans une horloge grand-père arrêtée depuis longtemps, clignota, affichant une série de chiffres et de symboles cryptiques – les dernières transmissions codées. Un autre, plus petit, montrait en boucle le flux vidéo granuleux d'une caméra de surveillance publique située à plusieurs rues de là, témoin silencieux du passage régulier de véhicules sans importance.

« La contingence "Pluie Battante", » intervint une voix rauque depuis l'ombre, « ralentit le trafic sur l'Avenue Impériale de 7%. Vérifié lors de l'averse du 18. Cela modifie la synchronisation pour la Seconde Porte. »

« Noté, mon cher et délicieux ami, » répondit Klein sans se retourner. « La météo, hélas, échappe même à notre planification minutieuse. Nous nous adapterons. L'essentiel réside ici... » Sa baguette tapota doucement une zone des plans marquée "Accès Fournisseurs". « D'après les relevés thermiques indirects et les schémas de câblage récupérés via nos amis électriciens, la surveillance électronique présente une faille cyclique. Une cécité de, disons, quatre-vingt-dix secondes. Juste assez pour une valse rapide. »

Mme. Breen leva les yeux de sa pièce métallique. « "Valse rapide" ? » Elle fronça les sourcils. « Klein, l'itinéraire de sortie reste le point faible. Les égouts ? »

Klein eut un sourire mince, presque invisible. « Les égouts sont pour les rats et les romans-feuilletons, ma chère Breen. Nous privilégierons le retour à l'envoyeur d’un véhicule de service identique. Un échange discret lors d'une pause programmée. » Il désigna deux jetons de bakélite noire côte à côte près d'une sortie secondaire. « Simple, élégant et, surtout, invisible si l'horlogerie est parfaite. »

Il écrasa sa cigarette dans un lourd cendrier en cristal taillé. « Le timing est tout. Les observations de l'ornithologue nous donnent le rythme. Les plans, la chorégraphie. À nous de jouer la partition sans fausse note. Des questions ? Des doutes à verbaliser avant que le rideau ne se lève ? »

Le silence s'installa, rompu seulement par le léger cliquetis de Mme. Breen qui remettait la pièce métallique polie dans sa mallette. La décision semblait prise. La boîte allait être ouverte.
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Et à la suite de ceci,

L'entrepôt sentait l'huile froide, la poussière de métal et le caoutchouc sec. Autrefois, il avait dû abriter des pièces détachées pour des machines agricoles ; maintenant, sous la lumière blafarde de néons fatigués qui grésillaient comme des insectes piégés, il servait un dessein plus précis et infiniment plus discret. Des établis couverts de feutre sombre alignaient des outils étrangement modifiés : des pinces aux becs anormalement fins, des appareils d'écoute ressemblant à des prothèses auditives, et des seringues hypodermiques au design curieusement ornementé.

Au centre de l'espace, près d'une caisse ouverte révélant des uniformes de service pravoslaves impeccablement contrefaits (jusqu'à l'usure subtile sur les coudes), Mr. Klein et Mme. Breen examinaient un objet posé sur un tréteau : une sorte de lance-grappin pneumatique, compact, dont le mécanisme avait été ajusté pour un silence presque surnaturel.

« L'aiguille est prête, » annonça une voix douce provenant d'un homme qui ajustait délicatement le mécanisme avec une clé minuscule. C'était un technicien, dont les doigts, longs et pâles, semblaient aussi à l'aise avec la micro-mécanique qu'avec l'art délicat de déverrouiller ce qui ne voulait pas l'être. « Silencieuse comme un soupir. Portée utile de quinze mètres, adhérence garantie sur pierre ou métal, même humide. »

Non loin, une femme aux cheveux couleur corbeau comparait des échantillons de maquillage à une photographie granuleuse – sans doute l'un des gardes d’un des portails du palais. Sa spécialité était l'effacement, la capacité de fondre un visage dans un autre, de créer des doubles éphémères juste assez convaincants pour passer un contrôle ou deux.

Mme. Breen prit l'aiguille, la soupesa. Ses doigts explorèrent la détente avec une familiarité experte. Elle ne dit rien, mais un léger haussement de sourcil indiqua son approbation. Elle la reposa délicatement. Klein, pendant ce temps, consultait son assistant personnel, dont l'écran affichait des lignes de texte ambrées sur fond noir. Il soupira, une volute de fumée s'échappant de ses lèvres.

« Les choses se compliquent, comme prévu, » dit-il sans lever les yeux. « Les Velsniens jouent les maîtres d'école canonniers au large de Bellevue. Une flotte ostentatoire. L'Amirraglia Pedretti exige des discussions et la fin des "effronteries" locales. Une posture, bien sûr, mais leurs dents sont visibles.
– Perturbant notre couloir maritime, » constata Mme. Breen, plus à elle-même qu'à Klein.
– Précisément. Et pour ajouter au chœur, les Poètoscoviens exigent une comparution diplomatique sous vingt-quatre heures et agitent le spectre de cette tentative de Tribunal International. Pendant ce temps, nos amis Tanskaniens et Caratradais font de l'humanitaire armé au nord – une opération d'évacuation qui pourrait devenir autre chose très vite. Et pour couronner le tout, » il leva enfin les yeux, un sourire froid aux lèvres, « le Tribunal de Manticore, à Teyla, a émis un mandat d'arrêt international contre notre Cible. Charmant. »

Le technicien s'arrêta de travailler. La prothésiste leva un instant les yeux de ses fards.

« Est-ce que cela change la donne ? » demanda le premier, sa voix toujours douce mais avec une pointe d'agacement.

« Cela complique la donne, » corrigea Klein. « La sécurité autour de la Cour Royale sera sans doute renforcée, plus nerveuse. Ils craindront une intervention étrangère, pas nécessairement nous. »

Mme. Breen sourit.

« Le bruit extérieur pourrait couvrir nos pas... »
– Ou attirer une lumière indésirable, » compléta son collègue. « La fenêtre pour l'extraction via le retour à l'envoyeur" se rétrécit. Les points de contrôle seront plus tatillons.
– Donc ? » insista Mme. Breen, replaçant un outil dans sa mallette avec un clic net.
–  Donc, l'élément de surprise devient primordial. Et notre sortie doit être encore plus discrète. L'option "souterrain non répertorié", envisagée en contingence Z, devient plus probable. Il nous faut quelqu’un ayant une connaissance des plans cadastraux alternatifs de Stevograd. »

Il désigna les uniformes. « Ceux-ci devront suffire pour l'approche. L'exfiltration, cependant nécessitera peut-être plus d'imagination. » Il tapa quelques commandes sur son assistant. « Les communications seront brouillées localement, comme prévu. Mais nous devons considérer la possibilité d'une surveillance électronique étrangère accrue dans la zone. »

Mme. Breen hocha la tête, un bref mouvement sec. Elle ouvrit à nouveau sa mallette et en sortit une seconde pièce métallique, commençant à l'assembler à la première avec une concentration absolue. L'objet prenait lentement forme, quelque chose de fonctionnel, de compact et de visiblement capable d'infliger un silence très permanent.

« L'essentiel demeure, » conclut Klein, observant Breen avec une appréciation clinique. « La Cible reste à la Cour Royale. Le rythme du lieu, bien que perturbé par ces désagréments, devrait reprendre. Il nous faudra juste être plus vifs. Et considérablement plus silencieux. »

L'air de l'entrepôt semblait vibrer légèrement, comme une corde d'instrument étrange tendue à son point de rupture.
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